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LES MONDES DE L ARCHITECTE

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LES MONDES

DE L’ARCHITECTE

Sophie JACQUEMIN

Christine SCHAUT . Jean-Didier BERGILEZ Sous la direction de :

LES MONDES DE L’ARCHITECTE

Sophie JACQUEMIN

Christine SCHAUT . Jean-Didier BERGILEZ Sous la direction de :

Faculté La Cambre - Horta - ULB 2016-2017

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LES MONDES DE L’ARCHITECTE

Sophie JACQUEMIN

Deuxième année du grade de master en architecture Sous la direction de :

Christine SCHAUT et Jean-Didier BERGILEZ Faculté d’Architecture La Cambre-Horta-ULB Année académique 2016-2017

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Je remercie mes promoteurs Christine Schaut et Jean- Didier Bergilez pour la confiance qu’ils m’ont

accordée. Je remercie également Mathilde et Dorian pour leur aide précieuse.

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Je remercie mes promoteurs Christine Schaut et Jean- Didier Bergilez pour la confiance qu’ils m’ont

accordée.

Je remercie également Mathilde et Dorian pour leur aide précieuse.

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SOMMAIRE

INTRODUCTION

MÉTHODOLOGIE ET RÉFLEXIVITÉ . Méthodologie

. Présentation de l’échantillon . Limites et réflexivité

CHAPITRE I

L’INDÉTERMINATION

D’UNE IDENTITÉ PROFESSIONNELLE

I / LA DISSOLUTION DU MODÈLE

PROFESSIONNEL TRADITIONNEL DE L’ARCHITECTE . Les menaces pesant sur les professions

. Le cas de la profession d’architecte libéral - La spécialisation des tâches

- La régulation de la qualité « normes et certifications » - La rigidification du processus collectif de conception . La « déprofessionalisation »

du modèle traditionnel de l’architecte

II / LES DYNAMIQUES PROFESSIONNELLES . Les « architectes maitres d’œuvre »

. Les « architectes inscrits dans le triangle d’or » . Les « architectes indépendants du triangle d’or »

III / UN DILEMME IDENTITAIRE

p. 9

p. 14 p. 14 p. 15 p. 21

p. 24

p. 27 p. 27 p. 28

p. 32 p. 33

p. 35 p. 39 p. 44 p. 46

(8)

IV / DES DÉBATS SUR LA CONSTITUTION DU CORPS PROFESSIONNEL

. Préserver la profession

. Redéfinir la profession et promouvoir son ouverture

CHAPITRE II

CONSTRUCTION ET DÉCONSTRUCTION DE CONCEPTIONS DU MÉTIER D’ARCHITECTE

I / LE DÉSENCHANTEMENT POST-DIPLÔME . L’image de « l’architecte-artiste »

. Le stage, un évènement révélateur du désenchantement . Le décalage vécu par les architectes libéraux

II / LES ARCHITECTES FACE AUX RÉALITÉS ÉCONOMIQUES . La formation d’architecte, un cursus socialement reconnu

. La situation économique des architectes . Une passion versus un métier

. Des professions à risques

III / LES MONDES SOCIAUX DE L’ARCHITECTURE

. Architecte créateur, Architecte homme d’affaires, Architecte de service - L’architecte créateur

- L’architecte-homme d’affaires - L’architecte de service

. Architecte concepteur, Architecte constructeur, Architecte administrateur . Les principales procédures de socialisation

p. 52 p. 52 p. 57

p. 63

p. 65 p. 66 p. 68 p. 71

p. 74 p. 74 p. 75 p. 79 p. 83

p. 86 p. 87

p. 93 p. 96

(9)

CHAPITRE III

DES IDENTITÉS PROFESSIONNELLES SINGULIÈRES

I / LA MULTI-ACTIVITÉS DES ARCHITECTES

. La multi-activité : un mode d’action . Activités principales et activités secondaires . Activités plurielles

II / LES ARCHITECTES, AUTEURS DE LEUR PARCOURS

. Des carrières inter-sectorielles . Des carrières intra-sectorielles . Les formations complémentaires, les outils de redéfinition des carrières

III / LA RÉSURGENCE DE L’HOMME DE SYNTHÈSE

CONCLUSION BIBLIOGRAPHIE

ANNEXES

. Guide d’entretien

. Tableau récapitulatif des donnés réunis

p. 101

p. 103

p. 104 p. 107 p. 109

p. 116

p. 118 p. 123

p. 129

p. 133

p. 137 p. 143 p. 147 p. 148 p. 154

(10)
(11)

INTRODUCTION

Ce travail de fin d’études souhaite porter son attention sur ce que nous appellerons « les mondes de l’architecte », au sens ou nous porterons notre regard sur la pluralité des groupes professionnels investis par les architectes. Il s’inscrit dans la continuité des travaux menés depuis trois années par l’option Architecture et Sciences Humaines de l’école La Cambre-Horta-ULB. Dix espaces professionnels y ont été investigués par les étudiants, sur base d’une dizaine d’entretiens semi-directifs : les architectes exerçant dans des petites à moyennes agences de deux à quinze personnes ; les architectes-administrateurs ; les architectes membres d’un collectif d’architectes ; les architectes enseignants ; les architectes mandataires à l’Ordre des architectes ; les architectes d’une agence membre de l’association G30 ; les architectes humanitaires ou sociaux-conseils, associés à une voie sociale ; les architectes-immobilier, dirigés vers des métier du champ de l’économie de la construction ; les architectes-artistes, réorientés vers un métier lié au domaine culturel ; les architectes artisans ou constructeurs, dirigés vers le domaine de l’artisanat et de la construction.

(12)

Quel regard porter sur les architectes aujourd’hui ? En nous appuyant sur les nombreux travaux sociologiques réalisés en la matière par F. Champy , G. Tapie , ou encore O. Chadoin , un même 1 2 3 constat se dessine, celui de l’hétérogénéité et de la segmentation de cette population, masquées derrière une unité fictive, celle de la profession d’architecte et de son modèle dominant, l’architecte libéral traditionnel. Or ce dernier tend à disparaitre et nous assistons d’une part à l’éclatement de la mission globale de l’architecte chef d’orchestre en missions partielles, mais également à la multiplication des espaces professionnels. En effet, les architectes diplômés sont nombreux à rejoindre les administrations publiques, les associations, l’enseignement, à s’investir dans le domaine de la culture, de l’économie de la construction, de l’artisanat, etc. Au sein même de la profession libérale, les rôles se spécialisent avec l’apparition des figures d’architecte-concepteur, d’architecte-programmateur ou encore d’architecte-urbaniste. Des nouvelles pratiques qui tendent à diversifier toujours plus les commandes, les compétences, les outils, les savoirs et les savoir-faire. Et cela au point qu’il deviendrait délicat de distinguer l’identité, le contour de ce groupe professionnel.

Sur base de ces constats, F. Champy caractérise la profession 4 de menacée. Les architectes seraient incapables de positionner leurs pratiques selon des savoirs et savoir-faire clairement identifiables, et perdraient ainsi, leur rôle de chef d’orchestre pour celui d’un simple technicien. Plutôt que d’évoquer le risque de perte d’identité, G.

Tapie , propose de parler de mutation de la profession. Cette dernière 5 fonctionnerait aujourd’hui sur une production collective et négociée aux dépens de l’ancien modèle hiérarchique et où les fonctions de conception du projet architecturales ne sont plus les seules

CHAMPY F., Nouvelle théorie sociologique des professions, le lien social, 2011.

1

TAPIE G., Les architectes : mutations d’une profession, L’Harmattan, 2000.

2

CHADOIN O., Être architecte : Les vertus de l’indétermination, Pulim, 2013.

3

CHAMPY F., Nouvelle théorie sociologique des professions, le lien social, 2011.

4

TAPIE G., Les architectes : mutations d’une profession, L’Harmattan, 2000.

5

(13)

alternatives offertes à l’architecte. Olivier Chadoin , quant à lui, 6 révèle les capacités d’adaptation des architectes aux évolutions. Selon cet auteur, l’indétermination liée au titre d’architecte serait considérée comme «   vertueuse   » au sens où elle permettrait ces 7 repositionnements et adaptations constantes. L’architecte serait ainsi engagé à toujours redéfinir la nature de ses compétences et de son identité pour faire sa place dans cette nouvelle division du travail.

L’hypothèse que nous tenterons de développer ici, sur base de la matière recueillie par les étudiants, est de montrer que malgré les processus de spécialisation et de diversification du champ architectural, les frontières entre ces spécialisations, et d’une manière plus générale entre les différents mondes de l’architecte, apparaissent finalement poreuses. En effet, loin de s’articuler comme une série d’activités professionnelles indépendantes les unes des autres, les mondes de l’architectes correspondent davantage à une constellation de fonctions et de tâches parmi lesquelles l’architecte à la possibilité soit de se démultiplier professionnellement, soit de ce concentrer sur l’une d’entre elles.

Le mémoire se présente en plusieurs parties : une partie introductive détaillera la méthodologie employée ainsi que l’échantillon d’enquête composé des dix espaces professionnels investigués. Nous reviendrons également sur les limites auxquelles ce travail se trouve confronté.

Le chapitre premier aura pour objet d’étudier la situation actuelle de la profession d’architecte. Il s’agit dans un premier temps de saisir les évolutions du travail de l’architecte libéral. Pour ce faire,

CHADOIN O., Être architecte : Les vertus de l’indétermination, Pulim, 2013.

6

Ibid.,p 360.

7

(14)

un détour sera effectué du côté de la sociologie des professions. Nous y développerons les processus à l’origine de l’éclatement du rôle de l’architecte traditionnel en différentes missions, et de la multiplication de dynamiques professionnelles. Nous aborderons ensuite la question identitaire de l’architecte face à ces évolutions, qui rend compte de l’éventail de prises de positions auxquelles la profession est confrontée. Nous clôturerons cette première partie par les débats au sein du corps professionnel, visant à imposer une définition de la pratique architecturale, de son rôle et de son territoire d’intervention.

Le second chapitre cherchera à montrer les raisons pour lesquelles les professionnels investissent ces différents métiers de l’architecture. Nous rendrons compte des réactions des différents groupes professionnels face aux réalités sociales de la profession libérale. Tout d’abord, nous nous intéresserons au décalage entre l’imaginaire de l’architecte-artiste, entretenu par les études, et son application dans la pratique libérale. Puis nous évoquerons également la situation socio-économique de l’architecte, ainsi que la difficulté d’y faire sa place. Pour finir, nous montrerons que les différents positionnements professionnels ne résultent pas seulement de la difficulté des réalités sociales de l’architecte, mais qu’ils sont également le produit de choix particuliers et de conceptions plurielles sur la pratique.

Les conclusions auxquelles aboutit ce chapitre seront ensuite nuancées et relativisées dans le troisième. Si il apparait possible de discerner certaines tendances en fonction des différents groupes professionnels, l’analyse des trajectoires professionnelles des architectes révèle leur capacité de multiplier les activités. Nous verrons les moyens de mise en œuvre de cette dernière, à la fois par le cumul d’activités dans une même période et dans une ligne temporelle. Nous montrerons comment les frontières entre ces espaces professionnels apparaissent poreuses. En définitive, alors que

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la profession est entrée dans un processus de spécialisation et de diversification, l’architecte, homme de synthèse, resurgit par un cumul judicieux d’activités issues de ces processus.


(16)

MÉTHODOLOGIE ET RÉFLEXIVITÉ

I / MÉTHODOLOGIE

Ce travail de fin d’études s’inscrit dans la continuité de l’Option Architecture et Sciences Humaines menée à la Cambre - Horta - ULB de 2013 à 2016 par les professeurs Jean-Didier Bergilez, Jean-Louis Genard et Christine Schaut. L’objectif était de rendre compte de la diversité des espaces professionnels investis par les architectes, et de comprendre comment ces différentes positions configurent les pratiques et les conceptions des architectes eux- mêmes. Pour se faire, dix groupes de trois à quatre étudiants ont été constitués sur une durée d’un semestre afin de mener à bien ce projet.

Chacun de ces groupes était chargé de l’étude d’un espace professionnel spécifique. L’approche qualitative de l’entretien semi- directif fut privilégiée pour cette enquête, à l’aide d’un guide d’entretien structuré autour des thématiques suivantes : description du métier et de ses pratiques ; parcours scolaire / formation ; trajectoire professionnelle ; description de l’organisation /structure dans laquelle prend place leur travail actuel ; nature des rapports avec ces « autres »

(17)

; focus sur les organes de représentation/de régulation/de lobbying ; conception du métier et de la discipline dans une perspective diachronique et un approfondissement (voir annexe p143).

Afin de réaliser ce travail de fin d’année, je me suis appuyée sur l’ensemble des entretiens réalisés par les étudiants, ainsi que sur plusieurs lectures théoriques. Ma démarche méthodologique repose donc sur l’articulation entre des données empiriques, constituées majoritairement d’entretiens qualitatifs, avec des lectures sociologiques portant sur la profession d’architecte.

II / PRÉSENTATION DE L’ÉCHANTILLON

LES ARCHITECTES LIBÉRAUX :

Onze architectes libéraux furent interviewés par les étudiants, sept hommes et quatre femmes d’une moyenne d’âge d’environ quarante ans. Dans un but de cadrer la recherche, tous travaillent dans des agences ne dépassant pas la quinzaine de personnes. Cinq d’entre eux sont gérants de leurs agences, trois sont associés, deux sont collaborateurs et une stagiaire est également présente dans l’échantillon . 8

LES ARCHITECTES ADMINISTRATEURS :

L’échantillon des huit architectes administrateurs interrogés se voulait le plus large possible dans la représentation des postes qu’un architecte peut occuper dans la fonction publique. Il est composé de

BIGONNET M., C. DARVES-BORNOZ, C. PIGEOLET, F. WATTIER, L’architecte Chef d’orchestre est-il en

8

voie de disparition ?, Option Architecture et Science humaine, La Cambre-Horta-ULB, 2014-2015.

(18)

cinq femmes et de trois hommes d’une moyenne d’âge d’environ quarante ans . 9

Les étudiants ont catégorisé cet échantillon en trois pratiques distinctes :

-

Trois d’entre eux sont des architectes qui définissent les politiques :

«  ils s’occupent de la coordination entre les architectes du pouvoir organisateur et le pouvoir organisateur lui-même, gèrent les concours d’architecture et d’infrastructures publiques, régissent les services de rénovation urbaine et de logement, l’inspection régionale des logements, et veillent à la médiation et à la diffusion de la culture architecturale » . 10

-

Trois autres sont des professionnels qui gèrent les formalités administratives. « Ceux-ci sont chargés d’accorder les permis d’urbanisme et de lotir, ils enquêtent sur l’état de salubrité des logements, aident les habitants à aménager les espaces en respectant les règles, mettent en conformité les bâtiments publics du CPAS (centre public d’action sociale)

» . 11

-

Et enfin, les deux derniers exercent une pratique de chef de projet,

«  une activité qui se rapproche de celle de l’indépendant. En pratique, certains se tournent vers l’élaboration de projets d’équipement public.

D’autres sont en charge de la création des contrats de quartiers » . 12

LES ARCHITECTES SOCIAUX-CONSEILS/HUMANITAIRES :

L’échantillon des architectes sociaux-conseils et humanitaires est composé de neuf personnes interrogées, dont six hommes et trois femmes, d’une moyenne d’âge d’environ quarante-cinq ans . 13

-

Trois des personnes interrogées sont des architectes humanitaires, « ils interviennent principalement dans des situations d’urgence, issues d’une catastrophe, où il est impératif de reconstruire des habitats dans les plus

L. COORNARERT L., C. LAKHLEF, A. TRIBEL, M. URBAIN, l’architecte fonctionnaire, un métier assumé,

9

Option Architecture et Science humaine, La Cambre-Horta-ULB, 2014-2015.

Ibid.

10

Ibid.

11

Ibid.

12

BOUDART J., M. GALAND, P. LEPOUTRE, H. NEJMAN, T. WERY, Architecte social, architecte ?, Option

13

Architecture et Science humaine, La Cambre-Horta-ULB, 2014-2015.

(19)

brefs délais. Ils exercent alors au sein d’organisations internationales regroupant médecins, urbanistes et autres professions nécessaires au soutien de ces populations » . 14

-

Les six autres sont des architectes sociaux-conseils, ils interviennent dans des situations similaires. « Ils ont également affaire à des personnes défavorisées mais ici, ce sont soit des personnes confrontées à des problèmes d’argent et d’accès au logement, au confort minimum ; soit des personnes manquant d’informations pour la rénovation de leur maison. Les architectes conseil travaillent au sein d’associations sociales en tant que salariés ou même bénévoles » . 15

LES ARCHITECTES-ARTISTES :

Huit architectes s’étant dirigés dans le domaine culturel furent interviewés par les étudiants, sept hommes et une femme. On retrouve dans cet échantillon un programmateur culturel, un dirigeant d’un bureau de design, un artiste indépendant, un co-fondateur d’une marque de vêtement, un peintre-musicien, un co-fondateur d’un bureau d’animation en 3D et deux travaillant dans un bureau de danse et scénographie. Deux d’entre eux exercent également la pratique d’architecte libéral et un troisième l’envisage .16

LES ARCHITECTES-IMMOBILIER :

L’échantillon de huit personnes interviewées a permis de mettre en évidence des métiers couvrant quatre domaines de l’économie de l’architecture. Ces domaines sont l’expertise, la

Ibid.

14

Ibid.

15

LIZCANO P., L. BERTOMEU, M. VICENTE, M. FERREIRA, Dynamique de la pratique architecturale :

16

L’ouverture du champ vers d’autres domaines, Option Architecture et Science humaine, La Cambre-Horta-ULB, 2014-2015.

(20)

gestion financière, la promotion immobilière et enfin le marché de la maison clef sur porte .17

-

Deux sont experts, l’un en immobilier et en développements régionaux, et le deuxième est un expert PEB.

-

Trois project managers, ils ont communément associés à des gestionnaires de projet, ils ont pour charge de le mener dans son entièreté c’est-à-dire de sa planification, son exécution, son achèvement jusqu’à sa commercialisation.

-

Deux architectes clef sur porte, ils tirent cette appellation de leur rôle de collaborateurs d’entreprises de clef sur porte. Ils sont chargés des dessins et suivis de chantier des projets développés par ces sociétés.

-

Le dernier est gestionnaire de parc immobilier, cet architecte attaché au parc immobilier de la Commission européenne est avant tout chargé de la gestion des permis d’urbanisme des bâtiments environnant la Commission.

LES ARCHITECTES ENSEIGNANTS :

Douze enseignants en architecture ont été interrogés, parmi ces derniers, neufs hommes et trois femmes. Cinq d’entre eux exercent cette profession à temps plein au sein d'une faculté/école, les sept autres sont employés à temps partiel et sont, pour la plupart, architectes libéraux en parallèle. Nous précisons notamment que neuf des douze professeurs sont employés par la Faculté d'Architecture La Cambre-Horta-ULB. Le reste du panel provient d'écoles secondaires ou supérieures qui proposent des cours en lien avec l’architecture . 18

GAUIN T., N. LOUAGIE, C. RENNESON, D. STAREVA, Pour une poignée de pouvoir ?, Option

17

Architecture et Science humaine, La Cambre-Horta-ULB, 2014-2015.

GASCHARD A., N. HAVELANGE, M. PETERLINI, J. VAN SAET, La vision critique des architectes

18

enseignants : Revirement, Décalage, Adaptation, Option Architecture et Science humaine, La Cambre-Horta-ULB, 2014-2015.

(21)

LES ARCHITECTE MANDATAIRES À L’ORDRE DES ARCHITECTES :

Un ordre professionnel correspond à une assemblée élue démocratiquement, défini comme un organisme regroupant, sur un territoire donné, l’ensemble des membres d’une même profession et assure une forme de régulation de la profession en question . 19

«  Présenter un mandat à l’un des conseils provinciaux de l’ordre des architectes nécessite d’une part d’être membre de l’organisation, d’avoir été inscrit depuis au moins une année à ce même conseil mais également d’être âgé de plus de trente et de moins de soixante-cinq ans » . 20

Les dix interviewés sont mandataires de la section francophone de l’ordre des architectes, ils sont donc représentants de la région Wallonne et Bruxelles-Capitale. Ils sont composés de sept hommes et de trois femmes avec une moyenne d’âge de cinquante-cinq ans environ. En parallèle de leur mandat à l’ordre, ils sont six à être associés d’un bureau d’architectes, deux sont architectes indépendants pratiquant à leur compte, l’un est architecte fonctionnaire, et le dernier est juriste . 21

LES ARCHITECTES ARTISANS/CONSTRUCTEURS :

Neuf architectes s’étant dirigés dans le domaine de l’artisanat ou de la construction furent interviewés par les étudiants, dont sept hommes et trois femmes. On retrouve dans cet échantillon un rocailleur, deux charpentiers, une décoratrice d’intérieur, un employé dans une entreprise de parachèvement, une employée dans une entreprise de préfabriqué, un chocolatier et deux constructeurs d’installation en bois . 22

PUECH C, M. PUECH, L. SALVANT, Mandataire à l’Ordre des Architectes, Option Architecture et Science

19

humaine, La Cambre-Horta-ULB, 2015-2016.

Ibid.

20

Ibid.

21

SÜER Z., A. NECTU, M. HEUSCHLING, L. DESMENEZ, Architectes, vers un retour aux sources ? Du savoir

22

au faire, Option Architecture et Science humaine, La Cambre-Horta-ULB, 2015-2016.

(22)

LES ARCHITECTES LIBÉRAUX

D’UN BUREAU MEMBRE DE L’ASSOCIATION G30

Estimant leur profession mal défendue par l'Ordre, certains grands bureaux se sont alors unis et ont créé une association sans but lucratif nommée le G30 . «  Ce regroupement, aujourd'hui composé de 23 trente-huit bureaux importants belges, dit étudier les mesures qu'il juge utiles pour ses membres et pour la pratique de leur activité d'architecte dans tous les domaines : économique, juridique, financier, fiscal et environnemental, et il promeut l'adoption de ces mesures auprès des autorités et organismes pertinents » . 24

Neuf architectes associés dans ces bureaux ont été interrogés, dont sept hommes et deux femmes d’une moyenne d’âge d’environ cinquante ans. Deux catégories ont été identifiées : cinq personnes sont des associés de bureaux moyens (quinze à vingt personnes) et les quatre autres sont associés de grands bureaux (supérieurs à soixante personnes) . 25

LES ARCHITECTES MEMBRES D’UN COLLECTIF D’ARCHITECTES :

Tout en restant dans le champ architectural, les collectifs d’architectes se différencient par leurs pratiques alternatives croisant les codes de l’action artistique et de la manifestation politique. Les projets, à caractère éphémère ou durable, prennent la forme de micro-architecture, d’aménagements dans l’espace public mais également des projets liés au domaine culturel tels que des projets d’expositions, des publications, des évènements, etc . 26

BUSER S., D. GHERMAN, J. LACHAPELLE-FROGET, J. VONGSAVATH, Le G30, profitable aux grands

23

bureaux ?, Option Architecture et Science humaine, La Cambre-Horta-ULB, 2015-2016.

Ibid.

24

Ibid.

25

BECHEMIN A., S. JACQUEMIN, T. REVOUY, Les collectifs : Quelle influence pour l’architecture ?, Option

26

Architecture et Science humaine, La Cambre-Horta-ULB, 2015-2016.

(23)

L’échantillon est composé de dix membres de collectifs d’architectes, dont sept hommes et trois femmes d’une moyenne d’âge de trente-cinq ans environ. Deux d’entre eux sont des collectifs français ayant à plusieurs reprises intervenu sur le territoire belge. Huit d’entre eux sont constitués en ASBL, deux en associations de fait et le dernier, dont la pratique est proche de la pratique libérale, en coopérative . 27

III / LIMITES ET RÉFLEXIVITÉ

Dans un dernier temps, il convient d’effectuer un retour réflexif sur ce travail. Cela passe par une réflexion sur la pertinence de nos matériaux empiriques et sur notre propre rapport à ces derniers.

Tout d’abord, Il est important d’avoir conscience que cette enquête s’appuie, comme nous l’avons expliqué auparavant, sur un corpus d’entretiens effectués par des étudiants en architecture, et non par des sociologues professionnels. De plus, chaque groupe d’étudiants a été chargé d’étudier un espace professionnel sur une base peu exhaustive de dix entretiens. L’échantillon sur lequel repose les analyses de ce mémoire reste donc relativement faible. Afin de l’objectiver, il serait nécessaire de poursuivre ce travail d’une approche plus quantitative.

Un autre écueil de notre enquête réside dans le caractère restreint et inégal de nos matériaux empiriques. En effet, sur la centaine d’entretiens réalisés, nous n’en détenons que soixante-quatre et ces derniers ne sont pas également répartis entre les différents espaces professionnels. Si nous possédons, par exemple, un nombre important d’entretiens portant sur les collectifs d’architectes, nous n’en avons

Ibid.

27

(24)

rassemblé que deux parmi les architectes-immobilier. De la même manière la qualité des retranscriptions diffère d’un groupe à l’autre. En effet, si la grande majorité des groupes d’étude disposait de retranscriptions partielles de qualité, nous ne bénéficions que de résumés d’entretiens et de prises de notes partielles pour le groupe des architectes artisans-constructeurs. Enfin, nous nous sommes appuyés ici sur les articles et analyses réalisés au préalable par les étudiants investis de l’enquête. Ces articles comportent donc des filtres singuliers dans la mesure où ils répondent à des orientations et problématiques propres à chaque groupe de travail. De ce fait, nous proposons par ce travail un second filtre d’analyse (voir le tableau récapitulatif des documents réunis p 153).

De plus, les guides d’entretien étaient évolutifs, puisque plusieurs thématiques ont été ajoutées à nos guides au cours de la seconde année d’option, telles que  : les organes de représentation / de régulation / de lobbying, la parité hommes-femmes, ou les questions liées à la vision de l’avenir professionnel, à l’organisation interne des structures professionnelles, etc. Ces thématiques n’avaient donc pas été abordées dans le cadre des travaux de l’année 2014-2015, ce qui amène donc à l’impératif de rester prudent quant à la façon dont nous avons analysé et lié les entretiens de 2014 avec ceux de 2016.

Une autre limite méthodologique concerne le fait que les entretiens, s’étant déroulés à un instant T de la vie personnelle et professionnelle des interlocuteurs, cela peut les amener à ajuster leur discours pour rendre cohérent certains choix. Ce danger méthodologique est notamment mis en évidence par Pierre Bourdieu dans son article « L’illusion biographique ». En effet, il démontre que les individus se prêtant à l’exercice biographique, c’est-à-dire au récit de leur vie, sont nécessairement animés par la recherche d’une logique biographique. Il est donc nécessaire de relativiser les propos recueillis et de rompre avec la cohérence apparente des discours de nos enquêtés . 28

BOURDIEU P., L’illusion biographique, 1986.

28

(25)
(26)

L’INDÉTERMINATION D’UNE IDENTITÉ PROFESSIONNELLE

CHAPITRE I

(27)

L’INDÉTERMINATION D’UNE IDENTITÉ PROFESSIONNELLE

CHAPITRE I

(28)

De nombreux auteurs mettent en lumière les divers espaces professionnels investis par les architectes, au point que l’on ne parlerait plus de la profession mais bien des métiers, au pluriel, de l’architecture.

Cependant, l’image de l’architecte que l’on se fait communément est celle du modèle traditionnel libéral : architecte indépendant exerçant en agence, artiste, chef d’orchestre de la construction depuis sa conception à sa réalisation. Ce modèle traditionnel est rendu dominant dans l’imaginaire collectif de par sa visibilité dans la presse architecturale, la présence des « starchitectes » mais également de l’Ordre des architectes et la loi 39 dont ce modèle professionnel est sous-jacent. Un modèle qui ne résiste que  difficilement à la réalité actuelle. À la figure de l’architecte libéral, on compte une multitude de métiers de l’architecture, les architectes diplômés étant nombreux à investir d’autres fonctions, nouvelles ou anciennes. Au statut libéral s’ajoute les statuts de salariés.

Quant aux images de l’architecte artiste et chef d’orchestre, elles tendent à se fragiliser sous les pressions croissantes du sous-système économique sur le champ de la construction, laissant place à une figure davantage gestionnaire. J.-L. Genard et J. le Maire observent ainsi le fait que « l’autonomie du champ de l’architecte telle qu’elle pouvait encore être pensée avant la seconde guerre mondiale n’est en effet plus de mise aujourd’hui » . Si l’exercice de la profession ne peut plus être le modèle 29 traditionnel, de nouvelles dynamiques prennent place. Les architectes cherchent à s’adapter, à se reconstruire et à repenser la profession dans un environnement encore indéfini, dans lequel les questions liées à l’identité professionnelle et au territoire d’intervention apparaissent confuses.

GENARD J.-L., J. LE MAIRE,  L’artiste et le manager. Analyse de la loi 39 dans le contexte d’une sociologie des

29

professions.

(29)

I / LA DISSOLUTION DU MODÈLE PROFESSIONNEL TRADITIONNEL DE L’ARCHITECTE

La profession d’architecte traditionnel libéral connait des évolutions notables depuis ces dernières années, entrainant des modifications importantes dans les modes de travail. Cette partie introductive a ainsi pour but d’en expliciter les contours. Pour cela, un détour sera effectué du côté de la sociologie des professions. Ce phénomène n’est en effet pas spécifique aux architectes, il affecte d’une manière générale les professions et groupes professionnels. Nous n’exposerons ici que les logiques principales des pressions qui pèsent sur les professions depuis ces dernières années, ce sujet n’étant pas le propos de ce travail. Il nous permettra cependant de mieux appréhender les évolutions que connait le modèle architectural traditionnel que sont :

«  la spécialisation des tâches  » , «  la régulation de la qualité  normes et 30 certifications » et « la rigidification du processus de conception » . 31 32

LES MENACES PESANT SUR LES PROFESSIONS

Selon C. Dubar, les professions apparaissent comme menacées depuis le début du XXème siècle, sous l’effet de l’offensive néo-libérale et de la globalisation économique. Les professions analysées par le courant économique libéral, comme des groupes défendant des intérêts corporatistes iraient, de ce fait, à l’encontre de principes majeurs de leur doctrine, que sont la libre concurrence sur le marché et l’égalité démocratique des citoyens. Autrement dit, elles seraient accusées, de par le monopole de leur activité, de la fermeture de leur marché et de l’interdiction de publicité, d’augmenter les revenus de certains de leurs membres au-delà du nécessaire ; ou encore, de par l’absence de concurrence, elles n’encourageraient pas aux recherches sur l’innovation et les progrès techniques. Ainsi, des économistes s’inscrivants dans ce

CHAMPY F., Nouvelle théorie sociologique des professions, le lien social, 2011, p 219.

30

Ibid., p 225.

31

Ibid. , p 231.

32

(30)

mouvement tels que M. Friedman et S. Kuznets proposaient, dans le but de défendre les intérêts des clients, de supprimer les monopoles d’exercice et de soumettre les professions au lois antitrust . 33

Selon les auteurs, ces critiques conduisent à identifier deux principales évolutions qui ont fragilisées les professions : 34

-

Dans un premier temps, les professions, considérées comme trop coûteuses, doivent renforcer l’efficacité économique de leurs activités.

Des principes de management d’entreprises privées sont alors introduits en vue d’évaluer l’activité des professionnels, afin de rendre des comptes sur l’efficacité de leurs dépenses, sur leurs délais, ou encore de travailler sur la qualité de leurs services.

-

Dans un deuxième temps, ils évoquent le fait que les professions soient devenues « suspectes », en raison du recul de la confiance à leur égard. Cela est dû aux nombreux abus des professionnels, qui ont soigné leurs propres intérêts, alors même que « la doxa économique a fait du marché et de ses outils, comme la concurrence, la transparence ou les prix, des critères de jugement légitime » . 35

Ces évolutions des conditions de travail des professionnels auraient pour conséquence une diminution de leur autonomie et de leur capacité à s’autocontrôler. Certains professionnels perdraient ainsi leur pouvoir au profit d’autres acteurs professionnels, plusieurs exemples y sont cités comme celui des psychiatres, des magistrats, parmi d’autres.

Nous développerons ici le cas des architectes libéraux.

LE CAS DE LA PROFESSION D’ARCHITECTE LIBÉRAL

Pour le cas des architectes libéraux, il faut ajouter aux deux évolutions décrites précédemment, que sont la perte de confiance dans le modèle professionnel et la pression de rentabilité, une complexification

DUBAR C., P. TRIPIER, V. BOUSSARD, Sociologie des professions, Armand Colin, 2015.

33

Ibid.

34

Ibid., p 274.

35

(31)

croissante des modes de construction. Ces évolutions appliquées à la situation française favorisent, selon F. Champy, « les interférences d’autres acteurs ; la lourdeur des enjeux économiques renforce la contrainte économique pesant sur le projet ; la haute technicité des constructions engendre une division technique importante du travail ; le caractère public de l’architecture justifie potentiellement l’intervention de tous, effectivement observé avec le développement de la démocratie participative autour de projets d’architecture et d’urbanisme  » . Il identifie ainsi trois processus 36 intrinsèquement liés qui interviennent sur la pratique des architectes :

«  la spécialisation des tâches  » , «  la régulation de la qualité ‟normes et 37 certifications”  » et «  la rigidification du processus collectif de 38 conception  » . Les situations française et belge comportant des 39 similitudes, nous nous appuierons sur ces mécanismes identifiés par F.

Champy pour illustrer l’évolution du modèle traditionnel belge.

. La spécialisation des tâches40

Le monde de la construction connait depuis les années 1970 une rationalisation de son processus de construction, pour d’une part répondre à sa constante complexification, et d’autre part accentuer sa rentabilité et son efficacité. Les acteurs se multiplient et les rôles se spécialisent. Alors qu’ils ont longtemps assuré un rôle important dans la maitrise d’œuvre, de la conception du projet à sa réalisation, les architectes libéraux se voient de plus en plus assignés à une mission spécifique, celle de la conception dans la plus grande majorité des cas. À ses côtés, les acteurs se multiplient, et l’architecte perd petit à petit son rôle de chef d’orchestre pour rentrer dans un fonctionnement de  co- production. Un système dans lequel sa position tend à s’affaiblir par rapport à celle de ses interlocuteurs.

CHAMPY F., Nouvelle théorie sociologique des professions, le lien social, 2011, p 218.

36

Ibid., p 219.

37

Ibid., p 225.

38

Ibid., p 231.

39

Ibid., p 219.

40

(32)

Le monde de la construction est caractérisé par le triptyque : maitrise d’ouvrage / maitrise d’œuvre / entreprise, correspondant aux missions de commande, conception et réalisation. Si ce triptyque persiste, il s’est néanmoins largement complexifié par l’apparition de ces nombreux acteurs. L’assistance à la maitrise d’ouvrage s’est constituée de plusieurs métiers, tels que par exemple les programmateurs, ou des économistes de la construction. La maitrise d’œuvre s’est elle aussi complexifiée afin de répondre aux nouvelles exigences de durabilité, d’économie ou d’usage. Le projet nécessite, dorénavant, des compétences que l’architecte ne peut maitriser seul. Ainsi une inter-professionnalité prend place dans le processus de conception, où au rôle de l’architecte se joignent les nouvelles compétences des designers, urbanistes, sociologues, juristes, usagers, etc. Ces derniers assurent également une garantie d’expertise au maitre d’ouvrage, selon F. Champy, c’est en effet parce que l’architecte est souvent suspecté de « manquer de compétences ou de rigueur que le recours aux services d’autres professionnels est devenu systématique  » . Si la présence d’acteurs aux compétences techniques 41 dont l’architecte a progressivement perdu le contrôle n’est pas nouvelle, ce phénomène connait tout de même une évolution importante ces dernières années. « L’éclatement des tâches de maitrise d’oeuvre ne concerne plus seulement les aspects les plus techniques de la construction nécessaire à la prise en compte des exigences de la construction, mais aussi désormais le pôle de l’harmonie  » . On retrouve, par exemple, en complément de 42 l’architecte, des urbanistes veillant à l’intégration du projet dans le site, ou à des architectes d’intérieur pour la mise en forme d’ambiances intérieures.

. La régulation de la qualité « normes et certifications »43

À la spécialisation du rôle de l’architecte traditionnel s’ajoute une normalisation croissante du domaine de la construction depuis la seconde Guerre Mondiale. Ces normes concernent principalement les

CHAMPY F., Nouvelle théorie sociologique des professions, le lien social, 2011, p 221.

41

Ibid., p 221

42

Ibid., p 219.

43

(33)

caractéristiques de la réalisation architecturale telles que les normes de durabilité, d’urbanisme, ou de qualité des espaces. Responsable d’un niveau d’exigence et de compétence, elle sert par exemple à assurer une bonne intégration dans le site par des règlements d’urbanisme, ou encore à augmenter la performance énergétique des bâtiments par l’instauration, en Belgique, d’une norme en 2008 visant à diminuer la consommation d’énergie, et par conséquent les émissions de CO2 des bâtiments tout en améliorant le climat intérieur.

La lecture d’ouvrages spécifiques aux normes de sécurité ou de législation est impérative dès l’entrée dans la vie active de l’architecte indépendant. Toutefois, dans certains cas, ses connaissances ne suffisent pas et l’obligent à faire appel aux spécialistes de ces domaines, encourageant ainsi le phénomène de spécialisation des tâches et l’augmentation des acteurs décrits ci-dessus.

Pour F. Champy, si cette normalisation de l’architecture garantit des exigences de la qualité architecturale, son manque de souplesse peut être remis en cause. Il prend pour exemple les règles d’urbanisme, qui par leur rigidité, peuvent dans certains cas imposer des solutions peu appropriées au contexte, au lieu d’exprimer ces exigences de qualité. Le caractère automatique des normes peut ainsi aller à l’encontre de la logique de réflexion sur les singularités du projet menées par l’architecte.

. La rigidification

du processus collectif de conception44

La troisième évolution identifiée par F. Champy est une conséquence indirecte des deux précédentes déjà énoncées. En effet, « la division du travail et la normalisation prennent leur contenu pour partie dans des composantes de la culture architecturale, mais sans respecter la logique de cette culture, dont l’activation se fait historiquement à travers un travail réflexif de synthèse et la mise en œuvre d’aptitudes d’arrière-plan que

Ibid., p 225.

44

(34)

la formation vise à constituer chez les architectes  » . La somme de ces 45 décisions prises en amont du processus de conception tend, de ce fait, à rigidifier ce dernier. Par exemple, la normalisation de la construction, dans certains cas, peut empêcher l’architecte, quand il le juge nécessaire, d’explorer des manières de faire différemment (comme l’illustre l’exemple de normes urbanistiques cité ci-dessus). La spécialisation des rôles, en standardisant les modalités du projet, contribue également à diminuer le rôle de l’architecte et rigidifier le processus collectif de conception au détriment de la souplesse que requièrent les différentes phases : esquisse - phase d’étude - suivi de chantier.

LA « DÉPROFESSIONNALISATION »

DU MODÈLE TRADITIONNEL DE L’ARCHITECTE

Les évolutions que nous venons de décrire sont, comme le souligne F. Champy, ambivalentes. Alors que leur but premier est de défendre les architectes libéraux contres des erreurs ou négligences, elles sous entendent implicitement que « son mandat ne garantit pas seul que tout sera fait, au bénéfice du client et de la société, pour concevoir un bâtiment pleinement acceptable  » . Ces évolutions, conséquences du 46 manque de confiance en l’architecte et du besoin d’une rentabilité accrue, ont pour conséquence de modifier en profondeur la pratique de l’architecte traditionnel libéral et d’amoindrir son autonomie dans le domaine de la construction.

Néanmoins, ce phénomène fait également apparaitre de nouvelles « dynamiques professionnelles », c’est ce que montre C. Dubar en s’appuyant sur les théories de A. Abbott et J. Evretts. Les nouvelles configurations de la pratique, que démontrent ces évolutions, projettent l’ancien modèle traditionnel de l’architecte dans un processus de

« déprofessionnalisation » en diminuant sa position face à celle d’autres 47 acteurs. Cependant ce processus s’accompagne d’une « segmentation de sa population et de mouvements de décomposition et recomposition différenciés

CHAMPY F., Nouvelle théorie sociologique des professions, le lien social, 2011, p 231.

45

Ibid. p 239.

46

DUBAR C., P. TRIPIER, V. BOUSSARD, Sociologie des profession, Armand Colin, 2015, p 283.

47

(35)

selon les caractéristiques biographiques ou organisationnelles des professionnels  » . Par exemple, alors que l’architecte traditionnel, en se 48 spécialisant, perd son rôle de chef d’orchestre au sens où il n’est plus forcément à la tête du processus de production, le project manager, quant à lui, est une nouvelle figure professionnelle qui tend à tirer profit de cette situation pour prendre les rênes de certains projets de grande échelle. Le rôle de chef d’orchestre a bel et bien basculé, certes de manière revisitée, dans les mains de ces nouveaux professionnels qui accompagnent le projet de la conceptualisation à la vente . 49

Ainsi, les forces de résistance et de contournement de ce mouvement de « déprofessionnalisation » contribuent à un processus de 50 recomposition professionnel, autrement dit à des recompositions constantes de la division du travail . Dans notre cas, il montre, en partie 51 (nous verrons d’autres mécanismes dans le chapitre II), la capacité des architectes à se spécialiser, à se repositionner et à inventer de nouvelles pratiques.

II / LES DYNAMIQUES PROFESSIONNELLES Afin de rendre compte de certaines dynamiques professionnelles, nous allons procéder à une simplification et à une typification. Le critère que nous avons privilégié pour mettre en place les catégories est la situation professionnelle des interviewés par rapport à la figure du triangle d’or, triptyque emblématique de l’équilibre du projet d’architecture. Il regroupe les trois pôles nécessaires à l’élaboration saine d’un projet d’architecture : ‟maitrise d’ouvrage - maitrise d’œuvre - entreprise” correspondant respectivement aux missions de commande,

DUBAR C., P. TRIPIER, V. BOUSSARD, Sociologie des profession, Armand Colin, 2015, p 283.

48

GAUIN T., N. LOUAGIE, C. RENNESON, D. STAREVA, Pour une poignée de pouvoir ?, Option

49

Architecture et Science humaine, La Cambre-Horta-ULB, 2014-2015.

DUBAR C., P. TRIPIER, V. BOUSSARD, Sociologie des profession, Armand Colin, 2015, p 283

50

Ibid.

51

(36)

conception et réalisation. Un schéma qui fut instauré au regard de l’article 6 de la loi de 1939 interdisant toute confusion de l’exercice de la profession d’architecte avec celle d’entrepreneur. L’analyse des dix groupes professionnels investigués nous permet de dresser trois regroupements que nous nommerons les architectes maitres d’œuvre, les architectes inscrits dans le triangle d’or et les architectes indépendants du triangle d’or.

Les trois groupements identifiés vont intégrer, nuancer ou modifier ce schéma de représentation idéalisé du processus de projet, et ainsi illustrer des dynamiques professionnelles au sein du champ architectural.

Les architectes maitres d’œuvre correspondent aux professionnels dont la pratique ne sort pas du cadre de la maitrise d’œuvre ; les architectes inscrits dans le triangle d’or exercent des pratiques qui ne sont pas limitées aux seules missions de maitrise d’œuvre, elles restent néanmoins inscrites dans les différentes composantes du triptyque maitrise d’œuvre - maitrise d’ouvrage - entreprise ; pour finir, le groupement des architectes indépendants du triangle d’or, concerne les architectes dont les pratiques sont extérieures à ce cadre. Il est également nécessaire de préciser que ces catégories sont poreuses, en effet, des interviewés, en multipliant les positionnements professionnels, peuvent interagir avec deux ou les trois groupements, nous aborderons cela plus en détail dans le chapitre III.

Entreprise

Maitre d’ouvrage

Maitre d’oeuvre

(37)

LES ARCHITECTES MAITRES D’ŒUVRE

Le regroupement que nous avons nommé les architectes maitres d’œuvre, correspond aux architectes dont la pratique est proche de celle du modèle traditionnel, cette dernière ne sortant pas du cadre de la maitrise d’œuvre. Cette catégorie est composée par l’entièreté des architectes libéraux et les architectes clef sur porte (architecte- immobilier).

Les pratiques du modèle classique, définies par la loi du 20 février 1939 sur la protection du titre et de la profession d’architecte, portent sur deux phases : la conception architecturale et le contrôle de l’exécution des travaux. La mission complète y est détaillée chronologiquement par l’Ordre des architectes de la manière suivante : le collationnement des données nécessaires au projet, l’étude du programme, l’esquisse et l’avant-projet, le dossier administratif, le dossier de passation de commande (plans, documents écrits et rapport d’adjudication), le dossier d’exécution et la mission de contrôle ainsi que l’assistance à la réception et à la vérification des mémoires . 52

En comparant les missions détaillées par l’Ordre des architectes et les pratiques décrites par les interviewés maitres d’œuvre à la question posée « En quoi consiste votre métier ? », nous pouvons constater que leurs pratiques correspondent globalement aux exigences de l’Ordre.

Cependant, avec le phénomène de spécialisation expliqué précédemment, des disparités propres aux structures professionnelles (la taille des agences, à leur type de marché, etc…) se révèlent.

Les petites agences d’une ou deux personnes ont essentiellement une clientèle privée résidentielle. De par la petite échelle des commandes, ces architectes expliquent suivre « le projet de A à Z » et se revendiquent comme un «  chef d’orchestre  », en référence au modèle traditionnel. À la question posée « Pouvez-vous nous décrire une journée type ?  », la totalité d’entre eux insiste sur le caractère varié  de leur profession, pour cela ils répondent avec une énumération d’activités

O. Dupuis, « Architecte & ses missions » Ordre des Architectes, conseils francophone et germanophone, 2017

52

(38)

types telles que « faire des relevés », « rencontrer les clients », « encoder des plans », « participer aux réunions de chantier »…

Dans ce cas présent, leurs pratiques correspondent fidèlement aux missions mises en place par l’Ordre des architectes. Le triangle d’or reste ainsi inchangé et l’architecte conserve de manière majoritaire son rôle de maitre d’œuvre.

Dans le cas des agences de tailles supérieures, les marchés sont plus diversifiés et certaines agences font le choix de spécialiser leur activité. Dans l’échantillon investigué, une partie des agences mixe les dossiers privés avec quelques dossiers publics, alors que d’autres choisissent de concentrer leur pratique sur des projets publics. Des agences visent également des marchés plus ciblés comme la réhabilitation de patrimoine, l’espace public, les hôpitaux, etc. Outre les marchés, la spécialisation peut également transparaitre dans les étapes du processus de projet : alors que certains interviewés se spécialisent en amont du processus, dans un rôle de programmateur ou d’assistant à la maitrise d’ouvrage d’autres vont faire le choix de travailler uniquement dans la phase de conception, ou en aval du processus comme directeur de chantier.

Entreprise

Maitre d’ouvrage

Architecte

(39)

L’architecte ainsi spécialisé dans le processus de projet prend la place d’un maillon parmi les autres acteurs de la maitrise d’œuvre, déformant ainsi le triangle d’or.

Un associé quadragénaire d’une agence de huit personnes (deux associés et six collaborateurs) illustre par sa pratique et ses choix cette transformation du triangle d’or. Leurs projets sont, pour une grande majorité, des marchés publics, il se présente d’ailleurs comme spécialiste en aménagement d’espaces publics et en études urbanistiques : « Sur les projets d’une certaine taille, on est plutôt architectes-urbanistes qu’architectes (…) on fait un travail d’accompagnement des architectes sur les enjeux urbanistiques ». Contrairement à la figure de l’architecte chef d’orchestre, son bureau ne suit pas la mission complète établie par l’Ordre, il explique procéder davantage de la sorte : «  En général, tout d’abord on s’associe à un bureau d’ingénieurs pour faire le concours, puis on fait l’avant- projet, le permis d’urbanisme et à c’est à ce moment-là qu’on passe la main à ce bureau d’ingénieurs pour le dossier d’exécution et le suivi de chantier.

Mais nous on garde quand même un suivi ». Etant associé de son agence, il insiste également sur le caractère varié de sa profession et explique

« s’occuper un peu de tout » à l’exception du dessin (une pratique pourtant caractéristique de la figure de l’architecte) dont il délègue la tâche à ses collaborateurs. Il garde tout de même un regard sur la conception en suivant leur travail et en proposant quelques croquis à main levée pour faire évoluer les projets. Finalement, il associe plus son rôle à celui de gestionnaire d’une agence consacrant ses journées à la mise en place des

Entreprise

Maitre d’ouvrage

Maitrise d’oeuvre Architecte

(40)

plannings, à la recherche de nouveaux contrats ou encore en assistant aux réunions de suivi sur la conception ou sur la réalisation . 53

Le deuxième exemple concerne une collaboratrice indépendante quadragénaire dans une agence de dix-huit personnes (dont trois associés et neuf collaborateurs architectes, deux stagiaires, un ingénieur- architecte, un technicien en construction, un designer industriel et une assistante de direction). La majorité de leurs commandes portent sur des bureaux, laboratoires, bâtiments industriels, commerces, etc… Si les projets sont suivis de la conception à la réalisation, les différentes missions sont cependant distribuées entre les différents membres de l’agence : « Le contrat avec les clients c’est les trois associés qui s’en occupent, après j’ai des collègues qui s’occupent surtout de la partie conception et moi je m’occupe principalement du suivi de chantier et je fais également beaucoup de gestion de projet, après il m’arrive sur certains projets de faire de la conception aussi. En fait on fait tous un peu de tout mais chacun a également sa spécialité » . 54

Dans ce dernier exemple, la pratique de l’architecte clef sur porte interrogé, consiste à superviser le travail des architectes de son agence. Il explique ne jamais se rendre sur un chantier et ne jamais dessiner « par contre, je fais beaucoup plus d’administratif. Ma mission n’est pas celle d’un architecte qui serait de l’esquisse du projet, de l’exécution de détail et du suivi de chantier. Je suis plutôt gestionnaire du bureau, je m’occupe de la gestion des prestations par rapport aux projets, savoir un peu où on en est, la partie facturation. Donc c’est beaucoup plus d’administratif, je me dois aussi de suivre les architectes de manière générale pour voir où ils en sont dans leur planning. Anticiper des problèmes éventuels parce que les architectes étant parfois ici, parfois à l’extérieur sur le chantier, je me dois de me rendre disponible pour répondre à leurs questions quand ils en ont besoin. ». À l’imaginaire de l’architecte concepteur se substitue une figure exclusivement gestionnaire, sa pratique s’éloigne ainsi fortement de la représentation que l’on peut se faire de l’architecte traditionnel,

Homme, quarantenaire, architecte libéral associé d’une agence de 6 personnes, enseignant, membre de jurys

53

d’architecture.

Femme, quarantenaire, architecte libérale collaboratrice d’une agence 18 architectes.

54

(41)

néanmoins, cette dernière s’inscrit dans le processus de maitrise d’œuvre en investissant une mission parallèle à celle de la figure libérale . 55

LES ARCHITECTES INSCRITS DANS LE TRIANGLE D’OR

Le regroupement nommé les architectes inscrits dans le triangle d’or, correspond aux architectes dont les pratiques ne sont pas limitées aux seules missions de maitrise d’œuvre définies par l’Ordre, elles restent tout de même inscrites dans les différentes composantes du triptyque maitrise d’œuvre - maitrise d’ouvrage - entreprise. Par exemple, si certaines de leurs activités, telles que la conception, peuvent faire partie de la maitrise d’œuvre, d’autres, au contraire, telles que l’entreprenariat (entreprise), le montage de projet (maitrise d’ouvrage) élargissent le champ des missions et des domaines d’intervention de la mission légale.

Une grande partie des architectes de ce groupement évoque d’ailleurs le souhait de «  pratiquer l’architecture différemment  » en utilisant d’autres outils, en investiguant d’autres domaines d’intervention, en interagissant avec d’autres acteurs, que ceux auxquels le modèle classique de l’architecte libéral se réfère. Selon G. Ringon, ces pratiques participent à ce qu’il appelle «  un mouvement de socialisation de l’architecture  » . 56 Autrement dit, en répondant à de nouvelles demandes et intérêts sur des sujet multiples tels que celui de la ville ou des usages, et de par son ouverture sur des champs disciplinaires variés, ces pratiques reflètent une partie du renouvellement du métier d’architecte. On retrouve dans cette catégorie une partie des collectifs d’architecte, des architectes- immobilier, les architectes humanitaires, quelques architectes sociaux- conseils dont le rôle est celui de chef de projet et les architectes administrateurs dont le rôle est celui de maitre d’ouvrage.

Certains fonctionnaires se positionnent, par exemple, comme des maitres d’ouvrage en travaillant au montage de projets. Un architecte chef de projet au service des projets subsidiés dans une commune

GAUIN T., N. LOUAGIE, C. RENNESON, D. STAREVA, Pour une poignée de pouvoir ?, Option

55

Architecture et Science humaine, La Cambre-Horta-ULB, 2014-2015.

RINGON G., Histoire du métier d’architecte en France, Que-sais-je, 1997, p 114.

56

(42)

bruxelloise décrit ainsi ses missions : «  On fait du montage de projet et puis la mise en œuvre de ces projets. Donc à partir du moment où les projets sont sur la table, on organise les marchés de désignations d’auteurs de projet, des concours. Une fois que les architectes sont désignés, on développe les projets avec eux, on fait les dossiers d’adjudications, on lance les marchés de travaux, on suit les projets jusqu’à leur achèvement complet en fait. » (…) C’est un bonheur de passer de l’auteur de projet à celui de maitre d’ouvrage, ça change le regard qu’on porte sur l’architecture et la politique publique de la ville. » 57

En considérant la structure libérale comme trop figée, c’est par le biais du collectif, une structure plus libre et plus flexible, que certains architectes ont choisi de s’exprimer. Le collectif prône une organisation à l’image de la permaculture, avec en son centre le projet où la multiplicité des acteurs vient apporter sa contribution. Ce mode d’action considère et respecte l’importance de chacun des acteurs (sociologues, urbanistes, artistes, paysagistes, usagers, etc…) en intégrant les liens réciproques générés. L’objectif de la permaculture étant de donner les moyens à tous ces acteurs de concevoir leur propre environnement, plus autonome et durable, afin de se détacher des systèmes industriels imposés par la société (dans le cas des collectifs, contre l’architecture classique de plus en plus normée). Le projet est ainsi co-produit par une mise en jeu des

Homme, quarantenaire, architecte administrateur, chef de projet dans une commune.

57

Entreprise

Maitre d’ouvrage

Maitre d’oeuvre Fontionnaire

chef de projet

(43)

différents rapports à l’autre dans une structure horizontale : « C’est une 58 hiérarchie horizontale, et ça veut dire qu’il faut passer du temps pour travailler ensemble, prendre les décisions collectivement, il faut se mettre d’accord, échanger, on essaye de garder une demi-journée de réunion par semaine pour ça » . 59

Dans le domaine de l’économie de la construction, un project manager explique étendre le rôle de l’architecte pour contrôler le projet non plus de sa conception à sa réalisation mais de sa planification jusqu’à sa vente. Un project manager, gestionnaire de projet dans une société de développement immobilier explique ainsi « J’ai pris de la hauteur sur l’ensemble du projet, depuis l’acquisition du terrain, la signature, la rédaction des actes de base des bâtiments, le programme en tant que tel, la négociation avec les clients, etc. (…) En faisant évoluer le concept sans être devant l’ordinateur à dessiner, nous faisons ainsi plus d’architecture que l’architecte ». Ce project manager apparait ainsi comme un superviseur des trois composantes du triptyque maitrise d’ouvrage, maitrise d’œuvre et entreprise : « Mon but est de trouver un endroit, de voir ce qu’on peut y développer, en fonction du marché, en fonction des différents besoins, en fonction des différentes demandes, puis d’acquérir ce bien, et de définir une équipe pluridisciplinaire, architectes, bureaux d’étude, stabilité, acousticiens,

BECHEMIN A., S. JACQUEMIN, T. REVOUY, Les collectifs : Quelle influence pour l’architecture ?, Option

58

Architecture et Science humaine, La Cambre-Horta-ULB, 2015-2016.

Femme, trentenaire, membre d’un collectif de 4 personnes, enseignante.

59

Entreprise Maitrise d’ouvrage

Maitrise d’oeuvre Collectif

Usagers Institution

publique Artistes

Entrepreneurs

...

(44)

PEB, etc. Après avoir obtenu un permis d’urbanisme, on peut directement essayer de le commercialiser pour faire en sorte de ramener l’argent le plus rapidement possible, pour pouvoir emprunter un minimum, et commencer ensuite à monter les dossiers d’exécution, d’appels d’offres, désigner l’entrepreneur général et suivre le chantier. Le projet achevé, on livre le bâtiment demandé pour la réception provisoire et nous effectuons le suivi jusqu’à la réception définitive. C’est le processus complet que l’on fait ici en interne. A cela s’ajoutent des principes financiers » . 60

Afin de répondre à des situations d’urgence issues de catastrophes, où il est impératif de reconstruire des habitats dans les plus brefs délais, les architectes humanitaires croisent les rôles d’entrepreneur et de maitre d’œuvre . Une architecte humanitaire raconte l’une de ses 61 interventions : «  J’ai atterri à l’extrême nord de Sumatra pour la reconstruction post-tsunami, j’arrivais là-bas en fin de mission en tant que chef de projet, donc sur place on avait la reconstruction d’à peu près cinq cents maisons, huit établissements scolaires, primaires et humanitaires. (…) » Elle explique comment ces situations d’urgence transforment la pratique de l’architecte : premièrement la maitrise d’œuvre consiste finalement à  une évaluation des besoins selon les contextes et non à la recherche

Propos d’un interviewé Project manager recueillis dans l’article des étudiants GAUIN T., N. LOUAGIE, C.

60

RENNESON, D. STAREVA, Pour une poignée de pouvoir ?.

BOUDART J., M. GALAND, P. LEPOUTRE, H. NEJMAN, T. WERY, Architecte social, architecte ?, Option

61

Architecture et Science humaine, La Cambre-Horta-ULB, 2014-2015.

Entreprise Maitre d’ouvrage

Maitre d’oeuvre Project Manager

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