LA GERMINATION DE LA SPORE DE BACILLUS SUBTILIS
III. - MISE EN ÉVIDENCE D’UNE ALANINE DÉSHYDROGÉNASE
ET D’UNE LEUCINE DÉSHYDROGÉNASE DANS LES EXTRAITS DE SPORES
( 1 )
J.
HERMIERMicheline ROUSSEAU
Station centrale de Recherches laitières, et de
Technologie
des Produits animauxCentre national de Recherches
zootechniques,
F78 -Jouy-en-Josas
SOMMAIRE
L’extrait de spores
dialysé
de Bacillus subtilis soucheSj
J z, désamine, à pH 9,9, les acides aminés inducteurs de la phase initiale de lagermination :
L-alanine, acideL-a-aminobutyrique,
L-valine, L-norvaline, L-leucine, L-isoleucine et L-norleucine. La désamination de ces acides aminés estcouplée
avec la réduction du nicotinamide adénine dinucléotide et n’est pas observée àpH
8,2 ouà pH II,o. La réaction inverse, amination de l’acide
a-cétonique,
a été démontrée àpH
9,5 paridentification de l’acide aminé formé.
L’extrait de spores contient une alanine
déshydrogénase
et une leucinedéshydrogénase sépa-
rables par
électrophorèse
engel
d’amidon et de même mobilitéélectrophorétique
que les enzymescorrespondants
présents dans l’extrait de cellulesvégétatives
de la même souche.Le rôle de ces deux aminoacide
déshydrogénases
dans laphase
initiale de lagermination
estdiscuté.
INTRODUCTION
O’CO NN O
R et HAI,VORSON
(ig6i)
ontapporté
la preuve que laphase
initialede la
germination
des spores de Bacillus cereus soucheT,
incubées dans une solution deI,-alanine,
était contrôlée par une alaninedéshydrogénase (AlaDH) ( 2 ), enzyme
( 1
) Une partie des résultats a été présentée dans une Thèse soutenue en janvier 1964 devant la Faculté des Sciences de Paris, a bénéficié d’u ne subvention de l’U.S Departrnent of Agriculture (Contrat V! FG Fr-121 (’
( z
)
Abréviations : NAD : nicotinamide adénine di nucléotide ; NADII : forme réduite du NAD ; NADP:nicotinamide adénine dinucléotide phosphate ; ’l’ris : tris (hydroxyinéthyl) aminométhane ; AIaDII : alanine
déshydrogénase ; LeuDII : leucine déshydrogénase.
qui catalyse
la désamination de la!-alanine
en acidepyruvique.
Cet enzyme estégalement présent
dans les cellulesvégétatives
de la même souche(McCoxnmc K
etHA!,voRSOrr, zg6q).
Nous avons montré
(HE RMIER , iq62 a),
que laphase
initiale de lagermination,
chez Bacillus subtilis souche
SJ
2,pouvait
être obtenue en incubant les spores dansune solution de l’un des acides aminés suivants :
I,-alanine,
L-valine etI,-isoleucine.
Or les extraits de cellules
végétatives
de la mêmesouche,
enprésence
deNAD,
désaminent ces acides aminés(S IEG E N T HAL E R
etH ERMIER , ig6¢),
car ils contiennentune AlaDH et une leucine
déshydrogénase (I,euDH) qui catalysent respectivement
la désamination d’une
part
de laI,-alanine,
d’autrepart
de laI,-valine
et de la I,-isoleucine(HE RMI E R
etal., 19 65).
Onpeut
donc supposer, paranalogie
avec cequi
a été observé chez B. cereus soucheT,
que la spore de B. subtilisSi
2 contientces deux enzymes ; ceux-ci contrôleraient la
germination
des spores incubées dansune solution d’un acide aminé.
Dans une étude
préliminaire (H ERXII ER, 19 6 2 c),
nous avons observé que les extraits de spores de B. saabtilisSJ
2 sontcapables,
enprésence
deNAD,
de désa-miner la
I,-alanine
et laL-valine.
Dans leprésent travail,
nous montrons que ces extraits contiennent effectivement une AlaDH et une I,euDH.MATÉRIEL
ETMÉTHODES
i.
Préparation
des sporesLes spores sont obtenues dans le milieu de culture suivant : acide
L-glutamique
14,7g, extrait de levure Difco i g, solution de sels minéraux(composition
pour un litre :MgS0 4 ,
7H,O 20g;FeS0 4
, 7 1-120 1 g ; MNSO,, H20 0,7
g )
10 ml, solution de CaCl2, 2H20(à
7,35 g parlitre)
IO m1, tampon phosphate 0,067M à pH 98o ml.Les conditions de culture et de récolte des spores sont celles décrites par BERGÈRE et HERMIER
( 19 6 4).
2
.
Préparation
des extraits de sporesLes extraits de spores sont obtenus par
broyage
des spores à l’aide d’unbroyeur
cellulaire(B
RAUN
)
construitd’après
leprincipe
décrit par MERKENSCHLAGER, ScHLOSSVtaNN et KURZ( 1957 )
et refroidi par détente directe de gaz
carbonique.
Dans le flacon de verre
qui
doit être soumis àl’agitation
on introduit r5 ml d’unesuspension
de spores contenant environ 5.iolu spores par ml et 50g de billes de verre de 0,17 à 0,18 mm de diamètre. Le
broyage
est fractionné enpériodes
de 30secondes séparées par des intervalles de 10minutes
pendant lesquels
le flacon est immergé dans de l’eau glacée. Grâce à ces arrêts la tempé-rature à l’intérieur du flacon ne dépasse pas 20°C. Le temps total du
broyage,
noncompris
les pé-riodes d’arrêt, est de 2 minutes. Le
mélange
constitué par lebroyat
et les billes de verre est passésur un filtre constitué par de grosses billes de verre
qui
retient lesperles
de verre ; il est ensuitecentrifugé
à z700o gpendant
y minutespuis
à 105000gpendant
60 minutes, à la températurede 40C. Le surnageant est éventuellement
dialysé,
à la température de 4°C, d’abord contre de l’eaupendant
une nuit,puis
deux fois de suite contre du tampon bicarbonate-carbonate 0,1 M àpH
9,9. L’extrait estréparti
en tubes, à raison de 5 à 6 ml par tube, et conservé à - 300Cjusqu’à emploi.
3
.
Préparation
des extraits de cellulesvégétatives
Les conditions d’obtention des cellules
végétatives
et depréparation
des extraits de cellulesvégétatives
sont celles décrites par HERMIERet al.(i 9 6 5 ).
4
. Mesuye des activités
enzymatiques
La formation ou la
disparition
du NADII dans les réactionscatalysées
par les extraits de spores est mesurée parspectrophotométrie d’absorption
en ultra-violet, à lalongueur
d’onde de 340my, à l’aide d’unspectrophotomètre enregistreur ( CARY ) ;
la température dans lecompartiment
descellules est de z5à 2y°C.
Dans le cas où l’on désire effectuer les mesures
d’absorption
sousatmosphère
d’azote, la cuveest
remplacée
par unpetit
flacon en quartz à facesparallèles
relié à un montagequi
permet le bar-botage
d’un courant d’azote « R » dans lemélange
réactionnel, ainsi que l’introduction du NAI)ou du NADH dans le
mélange,
tout en maintenantl’atmosphère
d’azote au-dessus de ce dernier.L’activité est
exprimée
en micromoles de NADII formé ouoxydé
par minute et par millilitre d’extrait.a) Réduction du NAD en NADII en
présence
d’un acide aminé .Composition
du mélange réactionnel : 2,9 ml d’extrait de spores en tampon bicarbonate-car- bonate 0,1 M àpli
9,9 ; 0,35 ml d’une solution d’acide aminé 0,1M ; 0,35ml d’une solution de NAD 0, 01 M.
b) Oxydation
du NADH en NAD enprésence
d’un acidecétovzique.
Composition
du mélange réactionnel : 3 ml d’extrait de spores dilué au 1/6 en tampon bicar- bonate-carbonate 0,1 M àpH
9,9 ; 0,4 ml d’une solution d’acidecétonique
0,1 M ; o,r5 ml d’une solution de chlorure d’ammonium 3 M ; 0,35 ml d’une solution de NADII 0,01 M.La cuve contenant l’extrait de spores est
placée
dans lecompartiment
des cellules du spectro-photomètre, puis
on ajoute successivement les autres constituants du mélange réactionnel : NADH, acidecétonique,
chlorure d’ammonium. Entrechaque
addition, on mesure l’évolution de l’absorp-tion du NADII
pendant
5 minutes ; l’intervalle de temps entre le début de l’addition et la miseen marche du
spectrophotomètre
est dans tous les cas de 30 secondes.Pour calculer l’activité, on mesure
graphiquement
la vitesse maximumd’oxydation
du NADHsur la courbe d’absorption en fonction du temps, obtenue
quand
tous les constituants dumélange
réactionnel,(extrait,
NADH, chlorure d’ammonium, acidecétonique)
sont dans la cuve ;on mesure de même la vitesse maximum
d’oxydation
du NADHquand
la cuve contient seulement l’extrait et le NADH. L’activité due à l’amination de l’acidecétonique correspond
à la différenceentre ces deux vitesses
d’oxydation
du NAI)H.c) Oxydation
du NADH en absence d’acide aminé.Composition
dumélange
réactionnel : 3 ml d’extrait de spores dilué au 1/6 en tampon bicar- bonate-carbonate 0,1 M àpI3
9,9 ; 0,35 ml d’une solution de NT 1DII o,oi M.5
.
Électrophorèse
en gel d’amidonL’extrait de spores ou de cellules
végétatives
estdialysé
contre une solution de sulfate d’ammo- nium à 45p. 100de saturation. Leprécipité
est écarté parcentrifugation
et le surnageant estdialysé
contre une solution de sulfate d’ammonium à 70 p. 100de saturation. Le
précipité après
avoir étérecueilli par
centrifugation
est redissous dans du tampon Tris-citrate 0,1 M, etanalysé
par électro-phorèse
engel
d’amidon suivant la méthode de SmTmtES(i 955 ),
en utilisant lestechniques
décritespar FINE et COSTELLO
( 19 6 3 ).
Les tampons sont ceux dusystème
Tris-borate de PouLiK(r 957 ) :
tampon borate o,3M à
pH
8,6 dans lecompartiment
des électrodes et tampon Tris-citrate 0,076 Mà pH 8,6 pour la
préparation
du gel d’amidon.Après migration
de l’extraitenzymatique,
legel
estdécoupé
en trois couches ; la couche inter- médiaire estdécoupée
en autant de bandesqu’il
y avait de réservoirs.Chaque
bande est incubéependant
120minutes à 37°C dans 20ml de la solution colorante suivante(H ERMIER
et al.,19 6 5 ) :
&dquo;phénazine
méthosulfate 0,02mg/ml,
nitrobleu de tétrazolium 0,15mg/ml,
NAD o,6mg/ml,
acideaminé 0,05 M, en solution dans du tampon Tris-citrate 0,1 M à
pI-I
8,6.6.
Identification
des acides aminésLes acides aminés sont identifiés par
chromatographie
unidimensionnelle surpapier.
Sur unefeuille de
papier
Whatman n° i ondépose
côte à côte 20[L I
dumélange
réactionnel et 10!1
d’unesolution aqueuse 0,1 M de l’acide aminé dont on recherche la
présence
dans lemélange
réactionnel.Le solvant utilisé pour la
migration
a lacomposition
suivante : butanol 75, acideformique
ij,eau io (v/v).
Pour révéler les acides aminés, la feuille de
papier
estpulvérisée
avec une solution deninhy-
drine à 1,2 p. 100 dans du butanol
(butanol
99 p. 100, acideformique
i. p ioo),puis
chauffée à8o-go
o
C
pendant 10 minutes.RÉSULTATS
i)
Mise en évidevcce de la réduction duNAD,
en
présence
d’un acideaminé, Par
l’extrait despores
Lorsque
l’extrait est incubé avec laI,-valine
o,oi M àpH
9,9 enprésence
deNAD la densité
optique
dumélange
réactionnelaugmente
très lentementpendant
une
période
de 15 à 30minutes,
suivant l’extraitutilisé ; puis
la densitéoptique augmente beaucoup plus vite,
d’abord à vitesseconstante, puis
à vitesseprogressi-
vement décroissante
(fig. i).
Le
phénomène
est le mêmequand
la L-valine estremplacée
par la I,-alanine(fig. 1 ).
Les mêmes mesures d’activité de l’extrait effectuées
après dialyse
contre dutampon
bicarbonate-carbonate o,t Maà pH
9,9(fig. 2 )
montrent que la réduction du NAD est mesurable dès son addition aumélange réactionnel ; elle
est maximumau
temps
zéro des mesurespuis
décroît continuellement au fur et à mesure que sepoursuit
l’incubation. La vitesse maximmn de formation du NAI>H est notablementplus
faible que cdle obtenue avec lebroyât
nondialysé (fig. 2 ).
Dans les essais
précédents,
les mesures d’activitéenzymatique
de l’extrait ont été effectuées enprésence d’oxygène moléculaire, lequel
était doncsusceptible
d’intervenir dans la réaction de désamination. Pour éliminer
l’oxygène
moléculairenous avons établi des conditions réductrices dans le
mélange
réactionnel enajoutant
0 , 1
p. 100
(concentration finale)
dethioglycolate
de sodium etl’atmosphère
d’airau-dessus du
liquide
a étéremplacée
par uneatmosphère
d’azote « R ».Dans de telles
conditions,
avec un extrait nondialysé
incubé avec de laL-valine,
la formation de NADH est observée 3 minutesaprès
l’addition du NAD(fig. z) ;
la vitesse maximum de réduction du NAD en NADH est sensiblement la même que celle obtenue avec un
mélange
réactionnel ne contenant pas dethioglycola-e
et
placé
sousatmosphère
d’air(fig. 2 ).
Quand
le même essai estrépété
avec un extraitdialysé,
la courbe donnantla
quantité
de NADH formé en fonction dutemps
d’incubation neprésente
pas detemps
de latence et estparallèle
à la courbe obtenue avec l’extrait nondialysé
en
présence
dethioglycolate (fig. 2 ).
2
) Oxydation
du NADHpar
l’extrait despores
La réduction par l’extrait de spores du NAD en
présence
de L-valine n’estdonc mesurable
qu’après
un certaintemps
delatence, qui
est considérablement diminué par l’addition dethioglycolate
de sodium aumélange
réactionnel et est totalementsupprimé
si l’extrait a étédialysé
contre dutampon
bicarbonate-carbonate àpH
9,9.Ce
temps
de latencepourrait
êtreexpliqué
par laprésence
dans l’extrait d’unsystème oxydant
le NADH et dont l’activité serait inhibée par des conditions réduc- trices ou par unedialyse
de l’extrait.Quand
il est incubé àpH
9,9 enatmosphère d’air,
l’extrait nondialysé oxyde
en effet le NAI)H
(fig. 3 ).
Mais alors que la vitessed’oxydation
du NADH est consi-dérablement diminuée par l’addition de
thioglycolate (fig. 3 ),
elle n’est pas modifiée par unedialyse
de l’extrait(fig. 4 ).
Dans les limites dutemps d’incubation,
la vitessed’oxydation
du NADH par l’extrait de spores nondialysé
est constante, alorsqu’elle
varie dans le cas d’un extrait nondialysé
contenant duthioglycolate
oud’un extrait
dialysé.
3
) Propriétés de la
véaction de réduction du NADen
présence
d’un acide aminéLa réduction par l’extrait de spores du
NAD,
enprésence
deL-valine
ou deL-alanine, peut
être attribuée à laprésence
dans l’extrait d’une ouplusieurs
amino-acide
déshydrogénases catalysant
la réaction réversible suivante :acide aminé !- NAD -f-
H 2 0 +t
acidecétonique
-!-NH 4 +
-E- NADH !- H+.C’est
pourquoi
nous avons cherché à définir les autrespropriétés
de cette réac-tion,
en utilisant un extraitdialysé
contre dutampon
bicarbonate-carbonate o,i VT àpH
9,9.a) 4cides aminés utilisés.
La
possibilité
pour un extrait de spores de réduire le NAD enprésence
d’unacide aminé a été testée avec tous les acides aminés inducteurs de la
phase
initialede la
germination
chez BaciLhcs subtilisSJz (H ERMI E R , 19 6 2
a ;19 6 4 ).
Enprésence
de tous les acides aminés
essayés
on observe la réduction du NAD(tabl. i) ;
lavitesse la
plus
élevée est obtenue avec laI,-leucine.
b)
Mise en évidence de Laformation d’ammouiaque.
Après
incubation de l’extrait de spores à30 °C
enprésence
de NAD et d’unacide aminé
pendant
uneheure, correspondant
autemps
nécessaire pour obtenir laquantité
maximum deNADH, l’ammoniaque
a été recherché directement dans lemélange
réactionnel à l’aide du réactif de N!ss!,!R.L’ammoniaque
estprésent quand
lemélange
réactionnel contient un des acides aminés reconnusindispensables
pour la réduction du NAD en NADH par l’extrait. Il
n’y
a pasd’ammoniaque
forméen l’absence d’acide aminé.
Ainsi la réduction du NAD en NADH par l’extrait de spores, en
présence
d’un acide
aminé,
est associée à la désamination de l’acide aminé.c)
Nature du coenzyme.Quand
l’extrait est incubépendant
une heure avec de laL-alanine
et duNADP,
on n’observe pas de réduction du NADP. Il en est de même
quand
laL-alanine
est
remplacée
par la L-valine ou laL-leucine.
d) Influence
du!7!.
Après
une heure d’incubation(tabl. 2 ),
on n’observe pas de réduction duNAD, quand
lepH
dumélange
réactionnel au lieu d’être à 9,9 a été amené aupréalable
à i i, par addition de soude o,z N ou à
8, 2
par addition d’acidechlorhydrique
0,1 N.Cette absence d’activité a été constatée avec la
L-alanine,
laL-valine
et laL-leucine
comme substrats.4
)
Réversibilité de la réaction de désaminationNous avons examiné la
possibilité
de la réaction inverse de la réaction de désa-mination,
c’est-à-dire l’amination d’un acidecétonique
enprésence
de NADH.Quand
onajoute
du NADH à l’extrait de sporesdialysé
onobserve,
par suite de l’activitéd’oxydation
du NAI>H de l’extrait une diminution en fonction dutemps
del’absorption
à 340 m> due au NADH(fig. 5 ). L’addition
ultérieure d’acide a-céto-isovalérianique (l’acide cétonique correspondant
à lavaline)
ne modifie pas lapente
de lacourbe ;
mais si l’onajoute
ensuite du chlorured’ammonium,
on observe uneaugmentation
de la vitesse dedisparition
du NADH. Il en est de même si l’acidea-cétoisovalérianique
estremplacé
par l’acidea-cétoisocaproïque (correspondant
àla
leucine)
ou l’acidepyruvique (correspondant
àl’alanine).
Dans le tableau 3
figurent
les vitessesd’oxydation
du NADH attribuable à laprésence
de l’acidecétonique
dans lemélange
réactionnel. On constate que la réac-’t’ion est
beaucoup plus rapide
enprésence
d’acidea-cétoisovalérianique, qu’en pré-
sence des deux autres acides
cétoniques. Ainsi,
alors que la vitesse maximum de désamination est obtenue avec laI,-leucine,
la vitesse maximum d’amination est obtenue avec l’acidecétonique correspond int
à la I,-valine.Une autre constatation est
qu’à pH
9,9 la réaction d’amination estbeaucoup plus rapide
que celle de désamination : lesrapports
entre la vitesse d’amination et la vitesse de désamination sont les suivants : valine 23, alanine 2,4, leucine z,2.Ces chiffres n’ont
qu’une
valeurindicative, puisque
lespH auxquels
ont étéeffectuées les mesures d’activité ne sont pas nécessairement les
pH optimum
desréactions.
Pour démontrer la formation d’un acids aminé au cours de la réaction
d’oxy-
dation du NADH l’extrait a été incubé avec du
NADH,
du chlorure d’ammonium et de l’acidex-cétoisovalérianique pendant
30minutes à3o’!C ;
à la fin del’incubation,
20
!.1
ont étéprélevés
pour lachromatographie. Après développement,
le chromato-gramme montre une tache colorable par la
ninhydrine
et de même RF que la valine.De la même
façon, quand
l’acidex-cétoisovalérianique
estremplace
par de l’acidea-cétoisocaproïque,
on observe la formation d’une tache de même R!: que la leucine.Il n’a pas été
possible
de mettre en évidence une tache colorable par laninhydrine
et de même RF que l’alanine
quand
lemélange
réactionnel contient comrru acidecétonique
l’acidepvruvique ;
cet échecpeut
être attribue à la faible activité d’ami- nation de l’acidepyruvique
manifestée par l’extrait(tabl. 3 ).
5
)
Mise en évidencepar électrophorèse
engel
d’amidon d’une AlaDHet d’une LeuDH dans l’extrait de
spores
Nous avons montré dans un travail
précédent (H!RM1CR
etal., y 6 5 )
que l’extrait de cellulesvégétatives
de B. szsbtilisSJ
2 contient une AIaDH et une I,euI)Hsépa-
rables par
électrophorèse
engel
d’amidon. Ce résultat estrappelé
dans lafigure
6 :on obtient deux bandes
après
incubation de la bande degel
d’amidon dans une solu- tion colorante où l’acide aminé substrat de la réaction colorée estapporté
sous formede I,-alanine et de
L - leucine ;
une seule bande est observéequand
l’acide aminé est constitué soit par la I,-alanine soit par laL-leucine.
Quand
cetteexpérience
estrépétée
avec l’extrait de spores on obtient les mêmes résultats(fig. 6) :
deux bandes enprésence
deI,-alanine
-f-I,-leucine,
une seule bande enprésence
soit de laI,-alanine,
soit de la1,-leucine.
Deplus
les deux bandesprésentent
une mobilitéélectrophorétique identique
à celle des bandes obtenuesaprès électrophorèse
de l’extrait de cellulesvégétatives.
DISCUSSION
Quand
l’extrait de spores de B. subtilisSJ
2 est incubé àpH
9,9 enprésence
de I,-leucine et de
NAD,
on observe la formation de NADH etd’ammoniaque.
Inversement
quand
l’extrait est incubé àpH
9,5, avec de l’acidex-cétoisocaproïque,
du chlorure d’ammonium et du
NADH,
il se forme de la leucine et du NAD. Cette réaction réversible de désamination d’un acideaminé, couplée
avec la réductiondu NAD en
NADH,
a étéégalement
démontrée avec laI,-valine
ou laI,-alanine
et les acides
cétoniques correspondants.
Onpeut
donc en conclure que l’extrait de spores contient unsystème
aminoacidedéshydrogénase catalysant
la désamina-tion de la
leucine,
de la valine et de l’alanine.La mise en évidence de ce
système
dans la spore de B. subtilisSJ
2s’est heurtée à des difficultés que n’avaient pas rencontrés O’Corrrrox et Hn!,voxsoN(ig6o)
dansleurs recherches consacrées à
l’équipement enzymatique
de la spore de Bacilluscereus souche T. Les extraits de spores chez Bacillus cereus
T,
ne montrent pas d’acti- vitéd’oxydation
du NADH àpH
g,4qui correspond
aupH optimum
de la réactionde désamination de la
L-alanine catalysée
par l’AlaDH. Enrevanche,
les extraits de sporesdialysés
ou non, de Bacillus subtilisSJ
2, manifestent une activitéd’oxy-
dation du NADH
importante
àpH
9,4, cequi
rendait aléatoire la démonstration de la réduction du NAD par l’extrait incubé avec laL-alanine.
Parailleurs,
la réduc- tion du NAD par l’extrait de spores nondialysé
incubé avec un acide aminé n’est observablequ’après
un certaintemps d’incubation, qui
est d’au moins 12minutes dans les cas les moins défavorables. En cela résidait la difficulté laplus
considérablepuisqu’elle pouvait
conduire à la conclusion fausse que l’extrait de spores nondialysé
de Bacill2tS subtilisSJ
2 ne manifestait pas d’activité désaminatrice enprésence
de NAD. C’est
peut-être
pour cette raison queF ALCONE ,
5:!!,v!2ox! et COVELLI(ig 5
g)
n’ont pu démontrer laprésence
de l’AlaDH dans la spore de la souche de B. subtilis étudiée par eux.Quand
duthioglycolate
de sodium a étéajouté
aumélange réactionnel,
le NADHapparaît
dans ce dernieraprès
3minutes d’incubation etquand
l’extrait a étédialysé
au
préalable,
le NADHapparaît
dès le début de l’incubation. Pourexpliquer
cecion
peut
supposer que l’extrait nondialysé
contient un(ou plusieurs) composé(s) oxydable(s)
etdialysable(s).
Le NADH formé au début de l’incubation dumélange
réactionnel serait
réoxydé
en NAD par ce ou cescomposé(s)
et ne s’accumulerait dans lemélange
réactionnelqu’à partir
du moment où la totalité de ce ou ces com-pesés
serait sous forme réduite. Laprésence
dans l’extrait d’unsystème enzymatique oxydant
le NADH nepeut
êtreinvoqué
pourexpliquer l’oxydation
du NADHpuisque
ladialyse
ne modifie pas l’activité de cesystème.
Par
électrophorèse
engel d’amidon,
lesystème
aminoacidedéshydrogénase
dela spore de B. subtilis
SJ
2peut
êtredécomposé
en deux aminoacidedéshydro- génases.
Celle de mobilitéélectrophorétique
laplus
élevéecatalyse
la désamination de laL-alanine,
mais pas celle de laL-leucine,
alorsqu’inversement
celle de mobilitéélectrophorétique
la moins élevéecatalyse
la désamination de laL-leucine,mais
pas celle de la I,-alanine. Ces
propriétés
sontidentiques
à celles de l’AlaDH et de la I;euDHqui
ont été mises en évidence dans l’extrait de cellulesvégétatives
dela même souche
(H ERMIER
etal., rg6 5 ).
Comme la LeuDH de la cellulevégétative
de B. subtilis
SJ
22 (HE RMI E R
etal., 19 65)
et contrairement à la LeuDH de la cellulevégétative
de B. subtilis IRC I(Z INK
etS ANWAL , 19 6 2 ),
la LeuDH de la spore de B. subtilisSJ
2n’a pas d’activité àpH
ii,o etprésente
une activité d’amination maximum avec l’acidex-cétoisocaproïque (l’acide cétonique correspondant
à lavaline).
Enfin les deux aminoacidedéshydrogénases
de la sporeprésentent
la mêmemobilité
électrophorétique
que celles de la cellulevégétative.
Onpeut
donc en con-clure que l’extrait de spores contient une AlaDH et une LeuDH très
probablement identiques
à cellesprésentes
dans les cellulesvégétatives
de la même souche.B
AILLIE et NoRRis
( 19 6 3 )
ont constaté que l’estérase et la catalase des extraits cellulaires de B. cereusprésentaient
une mobilitéélectrophorétique différente,
suivantque les extraits avaient été
préparés
àpartir
de cellulesvégétatives
ou de spores.Les deux catalases diffèrent par leur
spécificité immunoélectrophorétique (N ORRIS
et BAILLIE,
19 6 4 )
etcorrespondent
donc à deux formes de structure moléculaire différente. Il semblerait que cephénomène
n’est pasgénéral, puisqu’il
n’a pas été retrouvé pour les aminoacidedéshydrogénases
de B. subtilisSJ
2.Tous les acides aminés substrats de l’AlaDH et de la LeuDH de la spore de B. sub1ili’s
SJ
2 sont des inducteurs de lagermination (HE RMI E R , 19 6 2
a,zg6 4 ).
Onpeut
donc supposer que le rôle de la réaction de la désamination des acides aminéscatalysée
par l’AlaDH et de la I,euDH est de réduire le NAD en NADH. Cette réactionpourrait
êtrecouplée
avec cellecatalysée
par lesystème d’oxydation
duNAD, qui réoxyderait
le NADH en NAD.Cette corrélation entre les acides aminés inducteurs de la
germination
et lesacides aminés substrats des aminoacide
déshydrogénases
n’a pas été observée chez B. cerelts souche T(O’Corrrrox
etH ALVOPSON , r 9 6r).
En effetparmi
les acides aminés substrats del’AlaDH,
laL-alanine
et l’acideL-ce-aminobutyrique
sont des induc-teurs de la
germination,
contrairement à laL-leucine
ou la L-valine. O’CONNORet Ha!,voRSO!
( 19 6 1 )
en ont déduit que seulspouvaient
induire lagermination,
les acides aminés dont le
squelette
carboné étaitsusceptible
de servir de sourcede carbone
pendant
lagermination.
Pour ces auteursdonc,
le rôle de la réaction de désamination de l’acide aminécatalysée
par l’AlaDH est deproduire
des acidescétoniques,
sourcesd’énergie.
Cettehypothèse
nepeut
êtreadoptée
pour B. subtilisSJ
2,puisque
laI,-valine,
laI,-isoleucine
et laL-leucine, composés
inducteurs de lagermination,
nepeuvent
servir de source de carbone pour la croissance des cellulesvégétatives (HE RMI E R , r 9 62b). Réciproquement,
notrehypothèse
relative à la réduc-tion du NAD en NADH ne
peut expliquer pourquoi
la L-leucine et la L-valine nesont pas des inducteurs de la
germination
chez B. cereus T.Il existe donc un facteur autre que l’AlaDH
qui
chez B. ceyeus T contrôle l’actiondes acides aminés sur la spore. La situation est la même dans le cas de B, subtilis
SJ 2 .
Eneffet,
si l’on admet que l’AlaDH et la I,euDH de la spore sontidentiques
auxenzymes
correspondant
de la cellulevégétative
- enparticulier
en cequi
concernela
spécificité
de substrat - on constate alors une absence de corrélation entre lespropriétés
des acides aminés en tantqu’inducteurs
de lagermination
et en tantque substrats de l’AlaDH et de la I,euDH.
En
effet,
suivant leur action sur la spore, les acides aminéspeuvent
être classés de lafaçon
suivante : 1° L-alanine et acideL-O(-aminobutyrique,
sans action sur lesspores non activées par la chaleur
(HE RMI E R , 19 6 2 a) ;
2°L-valine, L-norvaline, I,-isoleucine, L-norleucine,
inducteurs de lagermination
des spores chauffées ou non(H ERMI E R
, 19 6 2 a) ;
3°L-leucine,
sans action à30 °C,
mais inducteur de lagermi-
nation à
45°C (H ERMI ER, 1964).
En revanche ces mêmes acides aminés
peuvent
être classés defaçon
différente conformément à laspécificité
de substrat des deux aminoacidedéshydrogénases
dela cellule
végétative :
ioL-alanine,
substrat del’AlaDH ;
2° acideL-ce-aminobuty- rique,
substrat de l’AlaDH et de la LeuDH ; 3°L-valine, L-norvaline, L-leucine, I,-isoleucine, L-norleucine,
substrats de la LeuDH.La
comparaison
entre ces deux classements montre que laleucine, qui
est lemeilleur substrat de la I,euDH n’a pas d’action sur les spores à
30 0 c,
contrairementaux autres substrats de cet enzyme. Par
ailleurs,
l’acideL-O(-aminobutyrique
est unsubstrat de la
LeuDH,
au même titre que la L-valine ou laL-isoleucine ;
or ces deux derniers acides aminés induisent lagermination
des spores nonchauffées,
con- trairement à l’acideI,-x-aminobutyrique.
En
conséquence,
si l’on conservel’hypothèse
de l’identité des aminoacidedéshy-
drogénases
de la spore et de la cellulevégétative,
il faut admettre enplus
que l’action des acides aminés est contrôlée par au moins deux facteurs. L’un de ceux-ci est l’aminoacidedéshydrogénase puisque
seulspeuvent
être inducteurs de lagermination
les acides aminés substrats de ces aminoacide
déshydrogénases. L’autre,
àidentifier,
contrôlerait le mode d’action des acides aminés suivant que la spore a été activée
ou non par la chaleur et aussi suivant la
température
àlaquelle
se déroule lagermi-
nation.
Re¢u pour
publication
enjuillet
i965.SUMMARY
GERMINATION OF THE SPORES OF « BACILLUS SUBTILIS ».
3. DEMONSTRATION OF AN ALANINE DEHYDROGENASE AND A LEUCINE DEHYDROGENASE IN EXTRACTS OF THE SPORES
The
non-dialysed
extracts of spores of Bacillus subtilis strainSJz,
incubated atpH 9 . 9 with
L-alanine or L-valine reduced nicotinamide adenine dinucleotide (NAD) ; there was a latent
phase
to this reduction which wasconsiderably
lessened when the reaction was effected in the absence of air and wascompletely suppressed
when the extract wasdialysed.
This latentphase
could not be attributed to the action of the a ’.!’ADH-oxidase » system since the
activity
of thatsystem is not modified
by dialysis
of the extract.At
pH
9.9 thedialysed
extract of spores deaminated the amino acids which induce the initialphase
ofgermination:
L-alanine,L-a-aminobutyric
acid, L-valine, L-norvaline, L-leucine, L-iso-leucine and 1,-norleucine. The deamination of these amino acids was
coupled
with the reduction of NAD and was not seen atpH
8.2 orpH
11.0. The reverse reaction, amination of a-ketonic acidwas demonstrated at
pH
9.5by
identification of the amino acid formed.The extract of spores contained an alanine
dehydrogenase
and a leucinedehydrogenase
whichcould be
separated by electrophoresis
on starchgel,
and of the sameelectrophoretic mobility
asthe
corresponding
enzymes in the extract ofvegetative
cells of the same strain.It may thus be concluded that deamination of amino acids
by
the extract of spores iscatalysed by
an alaninedehydrogenase
and a leucinedehydrogenase.
These two enzymes would control the induction of the initialphase
ofgermination
of the sporeby
the amino acids.RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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