ANALYSE DES CONDITIONS
DE LA FÉCONDATION IN VITRO
DE L’ŒUF DE LA LAPINE
C. THIBAULT L. DAUZIER
Micheline GÉRARD Éliane GOUSSOPOULOS.
Station de Recherches de
Physiologie
animale,Centre national de Recherches
zootechniques, Jouy-en-Josas (S.-et-0.)
et Laboratoire de Zootechnie, Centre de Recherches
agronomiques
du Midi, École nationaled’Agriculture, Montpellier
(Hérault).SOMMAIRE
Ce n’est
qu’en
ig5iaprès
la découverte par CIIANGet AusTirl de la nécessité d’une maturation desspermatozoïdes
dans les voiesgénitales
femelles que l’attention fut attirée sur les conditionsparticulières
que nécessite la fécondation chez les Mammifères.On s’aperçut
rapidement
que même en utilisant du sperme ainsi maturé, il étaitimpossible
d’obtenir
régulièrement
la fécondation in vitro. D’autres conditions devaient donc se trouver rem-plies.
Au cours d’un travail réalisé avec 1954
lapines
et 7605 ovocytes, étudiés en coupes sériées,nous avons pu, grâce à des
expériences
effectuées in vitro, découvrir les relations existant entre lespermatozoïde, l’ovocyte
et le milieu tubaire pour que se réalise la fécondation.L’ovocyte vierge
émet une substancespermo-répulsive
assimilable à une « fertilisine »qui
inter-dit au
spermatozoïde
maturél’approche
del’ovocyte.
Pour obtenir à coup sûr la fécondation in vitro il faut provoquer la déconcentration de la « ferti- lisine » au
voisinage
même de la membranepellucide
et sa libération dans le milieu. Cetteopération
nécessite environ deux heures, et la
pénétration
desspermatozoïdes
commence aussitôtaprès.
Sur 532 ovocytes ainsi traités, 353 ont été fécondés soit 66 p. ioo, et 418, fécondés ou
pénétrés (ayant
au moins unspermatozoïde
sous la membranepellucide)
soit 78,5p. roo, les oeufs étant fixés 4à 7 heuresaprès
la mise en contact avec lesspermatozoïdes.
Les
spermatozoïdes
fraîchementéjaculés (non
maturés) sont insensibles à l’action de la « ferti- lisine »ovocytaire :
ils peuvent se coller àl’ovocyte
mais inversement ils ne peuvent traverser sa membranepellucide.
L’existence d’une substance
produite
dans les voiesgénitales
femellescapable
de neutraliser la « fertilisine »ovocytaire
a été miseégalement
en évidence, ellepermettrait,
in vivo, l’élimination continuelle de la « fertilisine »ovocytaire
laissant ainsi le libre accès del’ovocyte
auspermatozoïde.
L’action de cette substance ne se manifeste pas en l’absence
d’oxygène.
Le
spermatozoïde
émetégalement
unelysine qui cytolyse l’ovocyte vierge
non lavé cultivé dans unesuspension
despermatozoïdes
maturés.L’analogie
avec les faits connus dans les relations entre lesgamètes
chez les Invertébrés est évidente.Ces mécanismes n’ont pu être retrouvés avec les oeufs de
Brebis
et de Truie.INTRODUCTION ET BIBLIOGRAPHIE
Les conditions dans
lesquelles
s’effectue la fécondation chez les Mammifères sont tellesqu’il
est vaind’espérer
en découvrir les mécanismes par l’étude in vivo.C’est
pourquoi depuis
1953 nous avons cherché à connaître les conditions néces-saires pour obtenir la fécondation aussi
régulièrement
in vitroqu’elle
seproduit
in vivo.
Après
des succèspartiels
nous sommes arrivés récemment à mettre en évi- dence la condition fondamentale pour que la fécondation seproduise régulièrement.
C’est
pourquoi
nouspublions
maintenant nos résultats car nous pensons que cettetechnique apportera
despossibilités expérimentales beaucoup plus grandes
aux nombreux chercheurs
qui
utilisent l’oeuf desMammifères,
pour des études sur lapolyspermie,
lapolyploïdie,
la fécondationhétérospermique, l’hybridation,
etc.La littérature
scientifique
fait état de fécondations réussies in vitro et le lecteurnon averti
pourrait
croire laquestion
résolue. Nous avons doncgroupé
par ordrechronologique,
sur les tableauxci-contre,
tous les résultatspubliés
en mettantspécia-
lement en évidence les
techniques employées.
Il
apparaît
tout d’abord quemalgré
les travaux de PINCUS et SHAPIRO( 194 0)
et de
Tui B AUl / r ( 1947 - 1949 )
surl’activation parthénogénétique par
le refroidissement del’ovocyte
deMammifère, seuls,
SMITH( 1951 ),
nous-mêmes et PETROV(1958) spécifient
avoir évité le refroidissement desovocytes pendant
lesmanipulations.
On
peut
penserqu’il
en fut de même dans lesexpériences
deM ORICARD , compte
tenu de latechnique
utilisée pour leprélèvement
desovocytes.
Aussi les émissions de 2e
globule polaire
ou lessegmentations
observéesaprès
insémination avec du sperme fraîchement
éjaculé
ou avec du spermeépididymaire peuvent s’expliquer
par une activationparthénogénétique.
Il
peut
en être de même de certains oeufs à deuxpronucléi puisque
l’un de nousa montré que des oeufs
parthénogénétiques
deLapine pouvaient posséder
deux pro-nucléi
(THIBAULT , 1949).
Depuis
1951, on saitégalement
que lesspermatozoïdes
de Rat et deLapin
n’ac-quièrent
leurpouvoir
fécondantqu’après
unséjour
de 4 à 10 heures dans les voiesgénitales
femelles(C HANG , AusTrrr).
Nous avons montré que cette maturation étaitégalement
nécessaire chez la Brebis(D AU zin p ,
etTxi B nur,T, 1959 )
etqu’elle
estprobable
chez la Truie(T HIBAULT , xg 5 g).
Onpeut
donc penserqu’il s’agit
d’unphé-
nomène
général
propre aux Mammifères.Il ne reste
donc,
comme fécondationscertaines,
que cellesrapportées
parMORICARD, Ig54-I955!
et parnous-mêmes, puisque
ce sont les seulesexpériences
où à la fois furent utilisés du sperme
prélevé
dans les voiesgénitales
de lafemelle,
et des
ovocytes préservés
du refroidissement.Le film réalisé par MORICARD
( 1954 - 1955 )
montre clairement lespermatozoïde
fécondant
ayant
franchi la membranepellucide
etnageant
dansl’espace périvitellin,
mais ne met pas en évidence la
pénétration
dans lecytoplasme,
seul critère absolu de la fécondation.MO RI CA
RD n’a pas obtenu de
segmentation
et lesphotographies
de coupe d’ovo-cytes qu’il rapporte,
même en 1955, nepermettent
pasd’interpréter
lesspermato-
zoïdesprésents
commeayant pénétré
dans lecytoplasme ;
par contre l’un des oeufs montre deuxpronucléi
indiscutables.Nous avons
rapporté
en 1954(a et b) ,zg56,
1959,19 6 0 ,
nosprincipaux
résultatsdécrivant tous les stades de la
pénétration
duspermatozoïde,
de la formation despronucléi
et de lasegmentation.
AusTiN les a sévèrementcritiqués n’ayant
pas réussi àrépéter
lui-même nosexpériences.
Il vientd’y parvenir (communication personnelle,
ig6i).
CHANG en suivant notretechnique
est parvenu en1959
à unpourcentage
de succèscomparable
à ceux que nous avonsrapportés
de1954 .
à1959 .
Il a obtenu dejeunes Lapins
àpartir d’ovocytes
fécondés in vitro ettransplantés
dans une mèreréceptrice.
Nous avons nous-mêmes obtenu des
jeunes
àpartir
d’oeufsregreffés
dans uneLapine
hôte(fig. i.).
Plus récemment
( 19 6 0 )
nous avons pu montrer que la fécondationpouvait
êtreobtenue presque aussi
régulièrement
in vitroqu’in
vivo à condition d’éliminer parun
lavage prolongé
une substancequi,
émise parl’ovocyte
delapine, empêche
lespermatozoïde d’approcher.
MATÉRIEL
ETMÉTHODES
L’ensemble de nos
expériences
a porté sur 7605 ovocytes et 1954lapines
provenantd’élevages
non sélectionnés sur 97 ovocytes de Brebis et sur fi7 ovocytes de Truie.
1
° Mode de
prélèvement
desspermatozoïdes :
Les
spermatozoïdes
mûrs( 1 )
onttoujours
été obtenus par collecte auvagin
artificiel(Bélier, Lapin
etVerrat).
Les
spermatozoïdes
« maturés(
ont été recueillis soit invivo,
soitaprès abattage,
leplus
souventiz heures
après accouplement (Lapine
Normale : L. N.).Pour les obtenir
après abattage,
chez laLapine,
deux méthodes ont été utlisées :( 1
) Nous appellerons spermatozoïdes malurés (« capacités &dquo; CHANG. r95r) ceux qui ont subi leur maturation
dans les voies génitales femelles par opposition aux spermatozoïdes fraîchement éjaculés que nous quali-
fierons de mûrs réservant le qualificatif d’zmmatures à ceux qui cheminent du testicule vers le canal déférent.
a) Perfusion par 0,2 ml de Locke à 37,5° C de chacune des cornes, de la manière suivante : le
liquide
est introduit par lajonction
isthme-corne, le bas de la corne utérine étant maintenu fermé.On laisse
quelques
instants leliquide
dans la corne et onl’expulse
en faisantglisser
la corne entre lesdoigts depuis
l’extrémité tubairejusqu’à l’extrémité vaginale ;
leliquide mélangé au fluide
utérinest recueilli dans un verre de montre, maintenu à 37° C à l’abri de la dessiccation. La
présence
de spermatozoïdes fléchants est contrôlée et une estimationsubjective globale
de leur nombre et de leur motilité est chiffrée par un même observateur de o à 5.b)
Dans certains cas, où des sécrétions utérinesremplissaient
abondamment les cornes nous nous sommes contentés de recueillir ces sécrétions. Le même contrôle fut exercé pour reconnaître laprésence
despermatozoïdes
et leurscaractéristiques.
Chez la Brebis et la Truie seule la
première
méthode a été utilisée.Les
spermatozoïdes
présents dans les cornes utérines sontgénéralement agglutinés,
soit entreeux, soit
plus généralement
autour de débris cellulaires. Nous nous sommes aperçusqu’une désag- glutination
spontanée seproduisait
dans les cornes laissées sansprécautions spéciales,
à latempé-
rature ambiante
( 15
à 20°C) pendant
une heure, ouplus rapidement
àplus
bassetempérature.
Cher-chant à utiliser ces
spermatozoïdes,
nous les avons recueillis parperfusion
comme il estindiqué précédemment.
Tous les auteurs, à
l’exception
de MORICARD, ont utilisé soit le sperme fraîchementéjaculé,
soit le sperme
épididymaire suspendu
dans unliquide physiologique.
MORICARDdans unepremière
série
d’expérience ( 1950 - 1952 ) récupère
le sperme dans levagin
de laLapine
une heureaprès
ac-couplement ;
dans ces conditions le sperme n’a pas eu le temps de subir sa maturation(6
à 8 heures)et le sperme
vaginal
esttoujours
envahi par de nombreuxpolynucléaires.
C’estprobablement
pources deux raisons que dans ses
publications
ultérieures de 1953-1955, MORICARD fait état d’une tech-nique
différente :prélèvement
du sperme parpipetage
« in vivo » dans la corne utérine. Comme nousle verrons, on doit considérer cette
technique
comme la meilleure. Aussi pour obtenir des sperma- tozoïdes in vivo avons-nous procédé d’unefaçon analogue :
laLapine
est anesthésiée au nembutane et on introduitaprès laparotomie,
unepipette
en verre à travers la corne utérine dans la lumière de lapartie
inférieure des cornes. L’extrémité de lapipette
est ensuite amenée de lapartie
inférieureà la
partie supérieure
des cornes, leliquide
utérin contenant lesspermatozoïdes pénétrant
parcapil-
arité dans la
pipette.
2
° Mode de
prélèvement
des ovocytesvierges :
Chez la
Lapine,
les ovocytes ont été recherchés 12 heuresaprès accouplement
avec un mâle vasectomisé, chez la Truie3 6
à 40 heuresaprès
le début des chaleurs et chez la Brebis, 26-
27 heures
après
le début des chaleurs, uneinjection
intraveineuse d’hormonegonadotrope pratiquée
en début d’oestrus permettant d’obtenir l’ovulation z4 ! i heureplus
tard(ORTAV
AN
T,
THIBAULT, WINTEMBERGER,1949).
Ils ont été recueillis par
perfusion
des trompes avec du Locke,après abattage
de la femelle.Ils étaient aussitôt soit
replacés
dans les tubes de culture, soit mis à laverpendant
un temps variable,dans les conditions suivantes.
a) Lavage
par rotation discontinue.Les ovocytes,
lorsqu’ils
étaient lavés, étaientplacés
dans des tubes de verre de 7 cm delong
etde 3 ou 5mm de diamètre intérieur
«! petits
tubes » ou « gros tubes»)
contenant soit o,3 ml de Locke(petits tubes),
soit o,6 ml(gros tubes).
La colonne de Locke est amenée au centre du tube et une goutte d’huile de
paraffine
introduiteà
chaque
extrémité isole leliquide
de culture par deux colonnes d’air(fig. ii),
ces tubes étaient introduits dans leslogements
d’une couronne de 8 cm de diamètre. Cette couronne était mue par un moteur asservi par un « chronotron »qui
toutes les 20à 60secondes(selon
lesexpériences)
faisaiteffectuer à la couronne i tour et demi, le
démarrage
étant assezbrusque.
De cette manière les ovo-cytes
qui déposent
à lapartie
inférieure du tubependant
l’arrêt, étaient décolés par ledémarrage
et traversaient le tube diamétralement sous l’effet de la pesanteur,
quand, après
un tour et demi,la couronne s’arrêtait à la
position
diamétralementopposée (fig. 12 ).
b) Lavage
parlévigation
manuelle dans un verre de montre.Les ovocytes
placés
dans un verre de montre étaientagités régulièrement
toutes les 15minutes,
La durée de ces différents
lavages
a varié de 25 à 157 minutes, le milieu étantgénéralement
renouvelé une ou deux fois.
Toutes les
opérations
ont été effectuées à 37,5° C.3
°
Techniques
de cultureLa
plupart
desexpériences
ont été réalisées de la manière suivante : les ovocytes étaientplacés
dans un tube de verre de 7 cm de
long,
de 3mm de diamètre intérieur et contenant environ 0,3 ml de Locke ; immédiatementaprès
lesspermatozoïdes
recueillis dans le tractus femelle étaient intro-duits au
voisinage
des oeufs par unemicropipette.
Puis le tube était fermé à ses deux extrémitéscomme il a été décrit
précédemment.
Cesopérations
étaient effectuées sous un stéréo-micros- cope.Nous avons
également
utilisé des tubes de culture de diamètre inférieur à 1,5 mm(«microtu-
bes »).
Nous avons utilisé le Locke à un
ph
voisin de 7,0comme milieu pour les fécondations car desexpériences préalables
ne nous ont paspermis
d’observer de différence en faveur du sérum ou dumélange
Locke-sérum, dans une gamme depH
étendue.Pendant 1 à 4heures, les tubes étaient
placés
soit sur des supports fixes, soit dans des porte- tubes rotatifs, à 37,5° C.Après
cettepériode
de mise enprésence
avec lesspermatozoïdes,
les oeufs étaient soit trans-portés
dans un nouveau milieu de culture (Locke, Locke-sérum,sérum),
pour suivre leurdévelop-
pement, soit fixés immédiatement pour étudeshistologiques.
Dans certaines
expériences
nous avons utilisé des trompes contenant soit desspermatozoïdes (Lapine accouplée
avec un mâle fécond 8 à 9heures auparavant), soit des ovocytes(Lapine accouplée
avec un mâle vasectomisé i à
à i3
heures avant). Ces trompes étaient mises en survie pour i à 4heures dans du Lockeoxygéné
on non,après
avoir reçu soit des ovocytes, soit desspermatozoïdes
recueil-lis dans les conditions
indiquées précédemment,
defaçon
à essayer d’obtenir la fécondation dans des trompes ainsi mises en survie.Dans
beaucoup d’expériences,
nous avons utilisé les ovocytes de l’une des trompes comme témoins : nous n’avons observéqu’un
seul caspossible
d’activationparthénogénétique.
4
° Contrôle de la
fécondation.
C’est seulement dans un
petit
nombred’expérience
que nous nous sommes contentés de contrôler la réussite de la fécondation par lasegmentation,
soit en culture à 37,5° C dans du sérumhomologue
ou du Locke-sérum, soit par
transplantation
dans d’autresLapines.
Dans la
plupart
de nosexpériences,
en effet, nous avonsprocédé à des
fixations précoces, de2h 30à 7 heures
après
l’insémination in vitro Nous avons pensé que seuleune analyse précoce systématique,
autorisant une identificationséparée
des éléments mâle et femelle,permettait
deconclure à la fécondation.
Les fixations ont été effectuées soit au Bouin, soit au
Helly.
La double inclusion(gélose-paraf-
fine, THIBAULT, r949) étaittoujours pratiquée.
Les coupes sériées de l0[i étaient colorées à l’héma-toxyline
de Regaud ou au Feulgen, et les oeufsanalysés
section par section.Chez la
Lapine, lorsque
le spermatozoïdepénètre
dans lecytoplasme,
instantanément sa têtegonfle
et enquelques
instants il aperdu
cet aspect en feuillequi
caractérise lesspermatozoïdes
libres. Cette
image,
tout à faitcaractéristique
ne laisse aucun doute sur la réalité de la fécondationet permet de conclure que les
images
de PINCUS( 1939 , fig.
22 et25 )
et de MORICARD( 1949 ,
1951,1952
) correspondent
à des artefacts, lesspermatozoïdes
ayant été entraînés dans lecytoplasme
aucours des
manipulations (planche
1fig. 2 ).
De
plus, lorsqu’il s’agit
d’une véritablepénétration,
on retrouvetoujours,
chez laLapine,
auvoisinage
de la tête mâle, lapièce
intermédiaire.Nous avons
longtemps pensé
que l’on devait considérer la rétraction de l’œuf comme unsigne probable
d’activation, de même que la rotation du deuxième faisceau de maturation. Nous ne le pensonsplus : beaucoup
d’oeufs fécondés occupent tout le volume intérieur de la membranepellu-
cide pendant les
premières
heures de la fécondation au moins, alors que les oeufs non fécondés d’une même ponte sontparfois légèrement
rétractés.Les oeufs que nous
indiquons
dans ce mémoire commefécondés
sont donc ceuxqui présentent
leur deuxième
globule
polaire à l’exclusion de trois œufsdigyniques
contenant unpronucleus
mâle et deux
pronucléi
femelles(voir
THIBAULT, 1962) et, soit unspermatozoïde gonflant
dans lecytoplasme
avec formation astérienne à l’extrémité de lapièce
intermédiaire, soit deuxpronucléi
dont il est aisé de reconnaître le mâle du femelle
(T I II BAUL2 , 19 6 2 ) ;
lapièce
intermédiaire pouvantou non être visible
(fig.
i, 3, 4, 5, 6).En outre, comme les
techniques
de fixation et de colorationemployées
permettent de connaitre aisément le nombre de spermatozoïdes présents contre, dans et sous lapellucide,
nous avons dénombré les œufspénétrés,
c’est-à-dire ceuxpossédant
un ou plusieursspermatozoïdes
sous la membranepellucide
mais sansqu’il
y ait encore eupénétration
d’un élément mâle dans lecytoplasme
ovu-laire.
-
RÉSULTATS
A. - LAPINE
1
0 Culture
d’ovocytes et de sperme
maturé.a)
en «petits
tubes ». - C’est latechnique
de référence que nous avons utilisée tout aulong
de nosexpériences
etqui
consiste àmélanger
dans un «petit
tube »des
ovocytes
et desspermatozoïdes prélevés
comme nous l’avonsindiqué.
Nous avons
remarqué
que si l’onplaçait
lesovocytes
avant lesspermatozoïdes
dans les «
petits
tubes » lepourcentage
de fécondation étaitsupérieur
à celui obtenuen
plaçant
d’abord lesspermatozoïdes
et en leurajoutant
lesovocytes
immédiate-ment récoltés
(D AUZIUR
etT HIBAUL T, 195 6).
Comme moyennes de
référence
pour les culturesd’ovocytes
et de spermematuré,
lesovocytes
étantplacés
lespremiers,
nousprendrons
les valeursrapportées
récem-ment
(T HIBAUL T
etD AUZIER , 19 6 0 )
à savoir :43
pontes
fécondées sur 132, soit 32,5 p. Ioo ;121 œufs fécondés sur 922, soit 13,1 p. Ioo § 1
6 2
oeufs fécondés ou
pénétrés,
soity ,6
p. Ioo ;nombre moyen, par
ovocyte,
despermatozoïdes
sous lapellicule
dans les oeufs fécondés oupénétrés :
i.b)
En « micvotubes ». - Onpouvait
penser que lesspermatozoïdes,
subissant uneffet de dilution brutal au moment de la
perfusion , perdaient rapidement
leur moti-lité et leur
pouvoir
fécondant.En
plaçant
lesovocytes
dans un trèspetit
volume et en y introduisantégalement
une
partie
duperfusat
obtenu avec 0,1 ml de Locke par corne(I,. N.),
il devait êtrepossible
de réduire l’effet de dilution etd’augmenter
la fécondité.Le volume total dans les « microtubes » était environ le tiers du volume utilisé dans les
petits tubes,
soit 0,1 ml.Cependant
les résultats furent nettementplus
défa-vorables :
Sur 13
pontes,
4 furentfécondées,
soit 30 p. 100, donnant 5 oeufs fécondés et 8 oeufspénétrés
sur6 1 ,
soit8, 2
p. iood’ovocytes
fécondés et 13,1 p. 100d’ovocytes
fécondés oupénétrés.
I,’effet
toxique
de la dilution neparaissait
donc paspouvoir
être retenu, cepen- dant pour nous en assurer nous avons étudié l’influence de la durée de conservation invitro, après perfusion,
sur la fécondance desspermatozoïdes.
Le tableau suivant montre
que pendant près
d’uneheure,
iln’y
apratiquement
pas de modification du
pouvoir
fécondant desspermatozoïdes
dilués(tableau i).
Comme dans toutes nos
expériences,
effectuées enplaçant
lesspermatozoïdes
d’abord et les
ovocytes ensuite,
lesspermatozoïdes
n’ont passéjourné plus
de 15mi- nutes avant que lesovocytes
soient introduits à leurvoisinage,
nous avons conclu que la différence observée selon que lesovocytes
étaientplacés
avant ouaprès
lesspermatozoïdes
nepouvait s’expliquer
par une diminution de la fécondance de cesderniers.
2
°
Influence
det’agglutination
desspermatozoïdes.
Nous avons réalisé des fécondations en utilisant des
spermatozoïdes désagglu-
tinés
après
unséjour
de une heure dans les cornes à latempérature
ambiante.Ces résultats ont été
particulièrement
mauvaispuisque
4ovocytes seulement
furent fécondés sur un total de
4 6
ovocytes(8,6
p.100 ).
Ces oeufsprovenant
de 2pon- tes sur 7pontes
utilisées.La
contre-épreuve
consistant à inséminer par lepavillon
in vivo deslapins
venantd’ovuler avec des
perfusats
contenant desspermatozoïdes désagglutinés
devait mon-trer que ce sperme reste fécondant :
i g ovocytes furent fécondés
sur 34( 5 6
p.ioo) provenant
de 6 des 7Lapines
utilisées.Notons
cependant
que le taux de fécondité estplus
faible que celui obtenu avec leperfusat
recueilli dèsl’abattage (8 9
p.ioo).
3
0 Influence
du nombre despermatozoïdes.
Nous avons
essayé
de voir s’il existait une relation entre lafréquence
des fécon-dations et la
qualité
du sperme recueilli parperfusion, qualité
estiméeglobalement
par une note de o à 5, par un même observateur.
Si l’on divise les
perfusats
en deuxcatégories :
lesperfusats
contenant peu outrès peu
( l ,
2et3 )
et ceux contenantbeaucoup
despermatozoïdes ( 4
et5),
on obtientune différence
importante :
14,7 p. 100contre 20,0p. 100.Ces résultats sembleraient
indiquer qu’il y a un rapport
entre le nombre de sper- matozoïdes introduits auvoisinage
des oeufs et le taux de fécondation.En
fait, l’analyse
de chacune des classes(Tableau 2 )
montre degrandes
varia-tions entre elles
qui
retirent toutesignification
àl’interprétation globale,
c’estainsi,
par
exemple, qu’avec
lesperfusats
classés 2 on a obtenu 28 oeufs fécondés sur15 6
soit 18 p. ioo alors
qu’avec
lesperfusats
classés 5, donc ceux contenant leplus
despermatozoïdes mobiles,
14 oeufs ont été fécondés sur 103 soit13 ,6
p. IOO.Cette conclusion est presque
logique puisque
même avec lesperfusats
notés lesplus
bas on introduit encoreplus
despermatozoïdes
auvoisinage
des oeufsqu’il
n’enexiste dans les conditions naturelles dans les
trompes.
Ainsi il semblait difficile
d’imputer
la faiblesse et l’inconstance des résultatsaux
spermatozoïdes. L’amélioration
relative observée enplaçant
lesovocytes
avantles
spermatozoïdes,
et l’effet défavorable d’une réduction du volume(«
micro-tubeso),
ne
pouvait s’expliquer
en considérantuniquement
legamète
mâle.La rotation continue du tube de culture semblait accroître le
pourcentage
d’oeufs fécondés oupénétrés ( 19
p. 100contre 12p. 100- 26 p. 100contre 21 p. 100 sur 141 et iooovocytes respectivement).
Nous avons alors étudié les facteurs liés à
l’ovocyte
lui-même.q.o
Action du vieillissement desovocytes.
On sait que dans les conditions
naturelles, l’ovocyte âgé
estplus
facilementpénétré
par lespermatozoïde,
ceci se traduisant par uneaugmentation importante
de la
polyspermie.
Nous avons utilisé soit des
ovocytes ayant séjourné
in vivo dans latrompe
4heures environ
après l’ovulation,
soit desovocytes ayant séjourné
I à 2 heuresin
vitro à
37,5°
C.a) Ovocytes prélevés
dans lestrompes
4-5 heuresaprès
l’ovulation :io
pontes
ont été fécondées sur un total de 18 étudiées.Le
pourcentage d’ovocytes
fécondés a atteint 24,5 p. 100( 24
sur 97ovocytes) ;
celui des
ovocytes
fécondés etpénétrés
s’est élevé à 27, 7 p. 100.Ce
pourcentage
d’oeufs fécondés était leplus
élevé de ceux que nous avions obtenujusqu’ici,
mais il existait encoretrop
de différence d’uneponte
à l’autre pour queces résultats
indiquent
autre chosequ’une
tendance.b) Ovocytes
conservés 1 à 3 heures in vitro avant l’insémination :Les ovocytes
prélevés
12 heuresaprès accouplement
ont été conservés une à deux heures dans un verre demontre, puis
mis en «petits
tubes n et inséminés.Les résultats suivants montrent
que l’amélioration
est nette,spécialement quand
les
ovocytes
sont conservés dans leLocke (Tableau 3 ).
Cette amélioration des résultats
après
conservationdes ovocytes, spécialement
dansdu Locke in
vitro, permettait
de penser à une maturationanalogue
à celle desspermato- zoïdes, hypothèse qui
avait étésuggérée
à AUSTIN(i 954 )
par l’existence d’un délai entre le moment de l’ovulation etl’apparition
despremiers
oeufs fécondés chez le Rat et le Hamster.L’analyse cytologique
desoeufs fécondés
ou non, nous a amenés àpenser que l’ovo- cyte vierge diffusait
une substancequi
interdisaitl’a!!roche
duspermatozoïde
matuyé.En
effet,
autour des ceufs fécondés unepartie
desspermatozoïdes
se trouvent colléscontre la
pellucide,
ou la traversent, tandisqu’autour
desovocytes
nonfécondés,
les
spermatozoïdes
restent à une distance dequelques [1. (fig.
io et9 ),
ou même restent trèséloignés
des oeufs : microtubes(fig.
7 et8).
_5
°
Actionfavorable
dulavage
desovocytes.
Cette
hypothèse
devait se révéler exacte. En éliminant parlavages
successifs la substanceprésumée,
nous avons réussi à obtenirrégulièrement
la fécondation et àpermettre l’approche
et la traversée de la membranepellucide
à un nombre presque aussi élevé despermatozoïdes qu’au
cours d’une fécondation normale.Une
première
séried’expériences
au coursdesquelles
leslavages
furent effectués soit en verre de montre parlévigation,
soit enpetit
tube ou en gros tube par rotationdiscontinue, permettaient
d’obtenir 66 p. 100,6 5
p. 100 et6 5
p. ioo de fécondationsur 41, 60 et 62
ovocytes, repectivement.
L’analyse
de cespremiers
résultats montraitégalement
que le nombre de sperma- tozoïdesprésents
dans et sous la membranepellucide
8 heuresaprès
la mise enprésence
des
gamètes
serapprochait
sensiblement de ceux observés in vivo dans les mêmes délaisparticulièrement après lavage
dans les gros tubes : Iq,2 et 9contre6, 4
et m,4 dans lestémoins,
contrairement à ce que nous observions sanslavage préalable.
Les résultats étaient donc totalement différents de ceux obtenus
jusqu’alors
etvérifiaient
l’hypothèse précédente.
Les
expériences
suivantes devaient laconfirmer
et lapréciser.
a) Lavage pendant
24 à 157 minutes :Dans toutes ces
expériences, après
lelavage
desovocytes, ovocytes
etspermato-
zoïdes étaientplacés
au contact dans un tube en rotation discontinue et fixés 6 à 8 heuresplus
tard.Il ressort clairement du tableau 4 :
que si le
pourcentage
des oeufspénétrés
est voisin de 75 p. ioo, la durée delavage
n’a aucune influence sur ce
pourcentage.
b) Comparaison
avec et sanslavage préalable.
Ceci remettait-il en cause l’existence d’une substance
répulsive
diffusante de 1’oeuf ?Il ne semblait pas,
puisque
seule la rotationdiscontinue,
c’est-à-dire unlavage, pendant
que lesgamètes
étaient enprésence,
autorisait à passer de 13,2 p. 100 de fécondation(tubes
de cultureimmobiles)
àplus
de65
p. 100.Nous en avons eu confirmation par les deux
expériences
suivantes(Tableau 5).
i. -
Étude
despourcentages
de fécondation sanslavage
maisaprès
destemps
de mise en contact desgamètes
allant de 7 heures à 2heures 30.2
. -
Comparaison
despourcentages
de fécondation avec ou sanslavage préa-
lable pour le
temps
leplus
court de mise en contact desgamètes,
soit 2heures 30. Le tableau 5 résume les résultats. Il montre que sanslavage préalable
le pour-centage
de fécondationqui
s’élevait à 66 p. 100(8 1
p. ioo depénétrés ) après 4
heuresà 7 heures de
culture,
tombe à 40, 4 p.ioo( 50
p. ioo depénétrés) quand
la durée de mise en contact desgamètes
s’abaisse à 3 heures environ et à 28 p. 100( 35
p. ioo depénétrés) quand
la durée de culture n’estplus
que de 2heures 30.Au
contraire,
si unlavage préalable
d’une heure estpratiqué, après
2 heures 30 de culture lepourcentage
remonte à6 3
p. 100(6 9
p. 100depénétrés).
De
plus,
les oeufs fécondésaprès
2 heures 30 sanslavage préalable,
sont auxtous
premiers
stades de lafécondation ; après
2 heures 30 aveclavage préalable,
aucontraire,
lespronucléi
sontdéjà
formés. Ainsiquand
onplace
lesovocytes
avec lesspermatozoïdes
sanslavage préalable,
lapénétration
ne seproduit qu’après
deux à trois heures. Ce délai doit être considéré en fait comme le
temps
delavage.
Ce délai est
supprimé quand
lelavage
a lieuséparément.
6° Rôle des secrétions des voies
génitales femelles.
Ceci nous a conduit à rechercher s’il existait dans la
trompe
une substancequi
viendrait neutraliser la substance
spermo-répulsive
émise par l’oeufpuisque
siau moment de la
fécondation,
lesspermatozoïdes
sont rares auvoisinage
de l’ovo-cyte,
la fécondation a lieu in vivo dès l’ovulation.Nous avons effectué trois séries
d’expériences.
1
0 Prélèvement in vivo des
spermatozoïdes :
A des
ovocytes placés
dans lespetits
tubes aussitôtaprès
lacollecte,
onajoute
des
spermatozoïdes prélevés
in vivo sur unelapine
anesthésiée(>!. N.),
comme il aété
indiqué.
Dans ces
conditions,
les résultats sont trèssupérieurs
à ceux obtenus dans les mêmes conditions avec du sperme recueilli parperfusion
aussitôtaprès abattage (moyenne
deréférence).
2
0Fécondation in vitro dans des
trompes (ampoule)
en survie dans du Lockeoxygéné :
A des
trompes
contenant desovocytes vierges
onajoutait
desspermatozoïdes
recueillis par
perfusion après abattage :
les extrémités destrompes
étaient ou nonligaturées.
Nos résultats
portés
sur le tableau 6 montrent une fécondité semblable à celle obtenue dans lespetits
tubes(moyenne
deréférence).
3
°
Fécondation in vitro dans destrompes (ampoule)
maintenues en survie dans du Locke sansoxygène :
En
répétant
la mêmeexpérience
mais sans aucuneoxygénation
du milieu nousn’avons obtenu aucune
fécondation,
La valeur des
gamètes
utilisées dans ces trois sériesd’expériences
a été contrôléeen