Article original
Variabilité interraciale de la sensibilité à la rouille courbeuse chez le pin maritime
ML Desprez-Loustau P Baradat
1
INRA,
centre de Bordeaux, station depathologie végétale,
BP 81, 33883 Villenave d’Ornon
Cedex;
2
INRA,
laboratoire degénétique
et amélioration des arbres forestiers deBordeaux-Cestas,
33610
Cestas,
France(Reçu
le 3 décembre 1990;accepté
le 28juin 1991)
Résumé — La sensibilité à la rouille courbeuse
(Melampsora pinitorqua)
de 16 provenances(appar-
tenant à des races
géographiques différentes)
ethybrides interprovenances (entre
la provenance landaise et une autre racegéographique)
depin
maritime a été étudiée en conditions d’infection na-turelle dans les Landes. Des différences
significatives
de sensibilité entre les 16populations (prove-
nances pures et
hybrides)
ont été mises en évidence. La variabilité entrepopulations
a été scindéeen 2 sources
différentes : type
depopulation (provenances
pures ouhybrides)
et provenance. Leshybrides
sontsignificativement plus vigoureux, plus précoces
etplus
sensibles que les provenances purescorrespondantes.
Des différencessignificatives
existentégalement
entre provenances pour lavigueur,
laprécocité
et la sensibilité. Une liaisonpositive
a été observée entre sensibilité etvigueur
des
pins,
et surtout entre sensibilité etprécocité.
Cela conduit à des effets et des classements diffé- rents pour les caractères de sensibilitéajustés
ou non à lavigueur
et à laprécocité. Ainsi,
la prove-nance
Tamjout (Maroc) apparaît
laplus précoce
et laplus infectée,
bienqu’elle
neprésente
pas la sensibilitéintrinsèque
laplus
forte.L’augmentation
de sensibilité avec laprécocité s’explique
parune meilleure coïncidence
phénologique
entre hôte etparasite (suivie
dans ledispositif) qui
accroîtla
probabilité
d’infection. La variabilité interraciale ainsi mise en évidence nepermet
pas dans l’im- médiat de créer une variété depin
maritime résistante à larouille,
aucune race ouhybride n’appa-
raissant en moyenne
plus
résistant que la race landaise.Melampsora pinitorqua
/ rouille /pin
maritime / provenance /phénologie
Summary —
Variation insusceptibility
totwisting
rust between maritimepine
races. The sus-ceptibility
totwisting
rust(Melampsora pinitorqua)
of 16 maritimepine
provenances(from
differentgeographic races)
andinter-provenance hybrids (between
the Landes provenance and another geo-graphic race)
was studied under natural conditions in the Landes area. Growth traits(vigour and pre- cocity)
were also recorded. The 16populations (pure
provenances andhybrids)
evidencedsignifi- cantly
differentsusceptibility, vigour
andprecocity
traits(table IV).
Thepopulation
effect resulted both from a provenance effect and a"population type" (pure
provenance orhybrid)
effect(table V).
Provenance effects could be
adequately
described on a multivariate basisby
discriminantanalysis.
The first axis
(57.4% discrimination) principally separated
theTamjout
provenance(Morocco),
whichwas very
susceptible
andprecocious,
from other provenances. The Italian and southeastern French provenances on the onehand,
the Iberian provenances on theother,
wereseparated
on the secondaxis
(18.1
%discrimination), principally
correlated tovigour (fig
3, tableVII). Hybrids proved to
besig-
nificantly
morevigorous, precocious
andsusceptible
than thecorresponding
pure provenances. Posi- tive correlations were observed betweensusceptibility
to rust andpine vigour,
and even more be-tween
susceptibility
andprecocity.
This led to different effects andrankings
ofsusceptibility
variableswhen
adjusted
or not tovigour and phenology (tables VIII, IX).
This was bestexemplified by
the Tam-jout
provenance, with the earliestgrowth
andhighest
infection rate but a medium inherentsusceptibil- ity (tables VI, X).
Thedependence
ofsusceptibility
onprecocity
isexplained by
a better coincidence between host andparasite biological cycles (followed
in theexperimental design), leading
tohigher
in-fection
probability.
Available results are notpromising regarding
the use of inter-racialvariability
forcreating
a maritimepine variety
resistant totwisting
rust.Indeed,
no race orhybrid proved
to be moreresistant,
on average, than the local race.Melampsora pinitorqua
/ rust / maritimepine / provenance / phenology
INTRODUCTION
La rouille courbeuse des pins, causée par
Melampsora pinitorqua Rostr,
estdécrite
dans la
plupart
des paysd’Europe,
surpin sylvestre (Pinus sylvestris L)
etpin
mari-time
(Pinus pinaster Ait) principalement.
Contrairement à d’autres
espèces
deMe- lampsora, l’existence
deplusieurs
racesou
pathotypes
de Mpinitorqua
n’est pasconnue. Les infections se
produisent
auprintemps
sur les pousses enélongation, uniquement
sur les arbresjeunes, âgés de
moins de 5 ans en
général.
Lesdégâts
secaractérisent par des
dessèchements
etdéformations de
pousses conduisantà
despertes
en hauteur et surtout enqualité
de la
tige, lorsque
la flèche est atteinte. EnFrance,
la maladie estendémique
dansles Landes
surpin maritime. L’évolution
actuelle de lasylviculture
de cette es-sence,
caractérisée
par uneintensification des pratiques sylvicoles, peut faire craindre pour
le futur unimpact
accru dela maladie
(Desprez-Loustau, 1990),
comme cela a
été
observé dansdes cir-
constancescomparables
pour la rouille fu- siforme despins
duSud-Est
desÉtats- Unis, Cronartium
quercuum f spfusiforme (Powers
etal, 1981). Dans
cecontexte, l’amélioration génétique
de larésistance
du pin
maritimeà
larouille
courbeuse se-rait
d’autant plus
souhaitable.L’espèce Pinus pinaster possède
uneaire
naturelle morcelée,
avecdes caracté-
ristiques écologiques très variées, qui
aconduit à
unediversification
en racesgéo- graphiques. La variabilité
entre ces races aété décrite
pourplusieurs caractères : croissance (Kremer
etRoussel, 1986), ré-
sistance à la sécheresse (Guyon, 1980)
ouaux
insectes : Dioryctria spiendidella (Sue-
ron,
1982)
ouMatsucoccus feytaudi -
même
enl’absence de pression de sélec-
tion directe pour la
résistance - (Ughetto, 1981). Par ailleurs, la variabilité
aété
ap-préhendée à l’aide de marqueurs contrôlés par des gènes
neutres :terpènes (Baradat
et
Marpeau-Bezard, 1988)
ouisozymes (Petit, 1988). L’hybridation de la
race lan-daise avec d’autres races est une des voies
envisagées pour l’amélioration géné- tique du pin maritime
avecpour objectifs :
la recherche
etla fixation de gènes de ré-
sistance (à la sécheresse,
auxmaladies
ou aux
insectes), la recherche d’une
com-plémentation favorable des caractéristi-
ques dechaque
race, ouéventuellement l’exploitation
d’un effetd’hétérosis (Baradat et al, 1990). L’objectif
de cetteétude
est dedéterminer
lespossibilités
ouvertespar
la variabilitégéographique
dupin
maritime etla
création d’hybrides
interraciaux pourl’amélioration
de larésistance à
larouille
courbeuse.MATÉRIEL ET MÉTHODES
Matériel
Matériel
végétal
Seize
populations
élémentaires ont été compa- rées : 9 provenances pures,appartenant
engé-
néral à des races
géographiques
très diffé- rentes, et deshybrides
moyenscorrespondant
au croisement de 7 d’entre elles avec la race
landaise.
Le matériel
représentant
les racesgéographi-
ques a été constitué par des
graines
récoltéesdans les
peuplements
de l’aire naturelle avec, encomplément,
desgraines
issues de croise- ments intraraciaux. Lesprincipales
caractéristi- ques des zonesgéographiques
sont résuméesdans
le tableau I.M pinitorqua
n’a été mention- né que dans les Landes et en Italie.Les
hybrides
ont été constitués par lapollini-
sation de 5 arbres mères d’une provenance par
un
mélange
dupollen
de 10 arbres d’une autre provenance. Des croisementsréciproques
ontété utilisés en
permutant
mères etpères
pour réaliser les mêmeshybrides.
Les familles cor-respondant
à la même combinaison de prove-nances ont été confondues lors de la réalisation du
dispositif.
Les effectifs varient entre 9 et 82 arbres parpopulation
élémentaire et entre 30 et 115globalement
pour les 7 provenances utili- sées à la fois en provenance pure ou enhybri-
dation avec la race landaise.
L’ensemble des
pins
ont étéplantés
à l’au-tomne
1980, après
semis enpépinière pendant
l’été de la même année.
lnoculum
L’inoculum naturel de rouille a été renforcé de la
façon
suivante. Des trembles(hôtes
alternantsde la
rouille) appartenant
au clone 117-50-1 connu pour sa sensibilité au Mpinitorqua (Des-
prez,
1980)
ont étéinterplantés régulièrement
dans le
dispositif,
à raison de 1 tremble pour 18pins.
Les trembles ont été inoculés artificielle- ment durant l’été 1982 parpulvérisation
d’unesuspension d’éciospores,
récoltées sur pousses infectées depins
maritimes(hors
dudispositif).
La concentration était d’environ 20 000 écio-
spores/ml
d’eau faiblementgélosée.
Lesplants
inoculés ont été maintenus ensachés
pendant
une nuit.
Méthodes
Dispositif expérimental
La
parcelle
où estimplanté
ledispositif
est si-tuée à Pierroton
(Gironde)
en landemésophile.
Il
s’agit
d’undispositif
en blocsincomplets
àcomposition aléatoire,
les 16 provenances ethy-
brides étant
répartis
dans 26 blocs avec desparcelles
unitaires de 5plants (6 parcelles
uni-taires par
bloc).
Le nombre derépétitions
parpopulation
élémentaire varie de 5 à 22.Observations
Elles ont effectuées le 6
juin
1983, ainsi que les 4, 14, 25 mai et 6juin
1984. Lapremière année,
elles ont
porté
sur les infections et la croissance despins.
La secondeannée,
elles ont concernéégalement
laphénologie
despins
et de larouille.
Infections
Les observations suivantes ont été effectuées
(les
variables de sensibilité sont notées «S» :- nombre de chancres sur la pousse
apicale : SA
83
, SA 84 (6 juin);
- nombre de pousses latérales infectées
(NLI j )
et nombre total de pousses latérales
(NLT i )
surle dernier verticille.
La variable
SP i (SP 83 , SP 84 ), pourcentage
de pousses terminales infectées, a été calculée de lafaçon
suivante :Caractères de
croissance etde phénologie des pins
Les caractères observés sont les suivants :
- la hauteur des
plants
fin 1982 :H 82 ;
- la
longueur
de la pousseapicale : L 83 (6 juin), L
84-1 (4 mai), L 84-2 (14 mai), L 84-3 (25 mai), L 84
(6 juin);
les accroissements relatifs en pourcen-tage
de lalongueur
de la pousse 1984 en ont été déduits :ΔL 1
= 100 xL 84-1
/L 84 , ΔL 2
= 100 x(L
84-2
- L 84-1 )
/L 84 , ΔL 3
= 100 x(L 84-3 - L 84-2 ) /L
84
;
- le stade
phénologique
de la pousseapicale : PH
1 (4
mai1984), PH 2 (14
mai1984), PH 3 (25
mai
1984).
Les stades
phénologiques
sont ceux décritspar Debazac
(1966) :
-
B 0 : bourgeon dormant;
-
B 1 : bourgeon
en débutd’élongation,
avecécailles
jointives;
-
B 2 :
écailles découvrant la pousse;-
B 3 : dégagement
desbrachyblastes;
-
B 4 : apparition
despseudophylles;
-
B 5 :
décollement des 2pseudophylles
d’unmême fascicule.
À chaque
stade a été attribuée la note cor-respondante
allant de 0 à 5.Phénologie
de la rouilleLa
capacité germinative
destéliospores,
c’est-à-dire leur
aptitude
à émettre desbasidiospores
infectieuses pour les
pins,
a été étudiée enconditions contrôlées sur des échantillons de rouille récoltés à
proximité
dudispositif
aux diffé-rentes dates.
Chaque
échantillon était constitué de 10 feuilles de tremble abondamment infec- tées par la rouille. Celles-ci ont été mises àtremper
au laboratoirependant
2 h dans del’eau de conduite. Un
disque
de 6 mm de dia-mètre a ensuite été
découpé
dans chacune des 10 feuilles. Les 10disques
ont étéplacés
sur unpapier
filtre humide à l’intérieur du couvercle d’une boîte dePetri, placée
à 17 °C.Après
24h,
une observation au
microscope
a été effectuéesur la
quantité
debasidiospores
obtenues dans le fond des boîtes danschaque
«aire deprojec-
tion" en
regard
d’undisque;
l’abondance de ba-sidiospores
a été estimée par une note allant de 0 à 4(émission
nulle à trèsforte).
On en a dé-duit la note moyenne d’émission de basidios- pores à
chaque
date.Analyse du dispositif expérimental
Le traitement
biométrique
a été effectué en utili- sant labibliothèque
de programmes OPEP(Ba- radat, 1989).
Analyse factorielle des correspondances
Une
analyse
factorielle descorrespondances
aété effectuée à
partir
des notes dephénologie
de 1984 aux 3 dates
(PH 1 PH 2 , PH 3 ).
On a
procédé,
pourchaque individu,
à un re-codage disjonctif complet
de la note moyenne sur les 3 dates : PH =(PH 1
+PH 2
+PH 3 )
/ 3.La valeur entière la
plus proche
de cettemoyenne :
B i
=INT (PN
+0,5) génère
la va-riable
qualitative V i
= 0 ou 1 suivantqu’elle
n’estpas ou
qu’elle
est réalisée.B i
n’est autre que le stadephénologique
leplus proche
de la notemoyenne. Le
codage
obtenu estreprésenté
ta-bleau II pour les 4 valeurs
possibles
deB i (1,
2, 3, ou4).
L’AFC a été faite sur le tableau de contin- gence croisant les 4 variables
qualitatives
avecles 16 provenances ou
hybrides (dénombrement
des individus
possédant
la valeur 1 pourchaque population
etchaque variable).
Analyses de variance
Des
analyses
de variances multivariables ont été effectuées sur les 9 variablesH 82’ L 83 , L 84 , log (ΔL 1
+1) [notée
par la suiteΔL 1 *], ΔL 2 , ΔL 3 , log(SP
83
+1 ) [SP 83 *], log(SP 84
+1)[SP 84 *], PH,
selon un modèle non
orthogonal
à effets fixes(Searle, 1971). La
variable SA n’a pas étéanaly-
sée en tant que telle. Seules ont été conservées
pour les
analyses
lesparcelles
unitaires com-portant
au moins 2 individus notés pour l’en- semble des caractères.Une
première analyse
en classification croi- sée a été effectuée sur les 26 niveaux du fac- teur bloc et les 16 niveaux du facteurpopulation (provenance
ouhybride),
selon le modèle :p i
: effet de la
population
ib j
:
effet dubloc j (pb)
ij
:
interaction entre lapopulation
i et lebloc j e
ijk
:
effet individuelintraparcelle
unitaire.Compte
tenu de l’écartimportant
à la norma-lité de la distribution des termes d’erreurs indivi- duels
(e ijk )
pour laplupart
descaractères,
lestests F ont été réalisés par
rapport
aux carrés moyensd’interaction,
c’est-à-dire entronquant
le modèle au niveau desparcelles
unitaires. On sait(Philoche, 1977)
que seule lasymétrie
de ladistribution des résidus intervient dans la loi de distribution du test F. Nous avons donc testé ce
paramètre
en utilisant le test desymétrie
dePearson
(Snedecor
etCochran, 1967). L’hypo-
thèse de
symétrie
n’a étérejetée
que dans uncas
(ΔL 3 )
et seulement au seuil 5%(pas
au seuil1 %).
Selon le modèle
précédemment décrit,
un fi- chier de données individuellesajustées
aux ef-fets
blocs, Y’ ijk
a été constitué :en ne conservant que le sous-ensemble des 7 provenances
représentées
à la fois en prove-nance pure et en
hybridation
avec la race lan-daise
(élimination
des provenances Landes etPorto-Vecchio).
Sur ce nouveau
fichier,
une deuxième ana-lyse
de variance a été faite en traitant comme valeurs élémentaires les moyennes deparcelles
unitaires
ajustées
à l’effet bloc. Le modèleglo-
bal est donc à 3 facteurs en classification croi- sée :
bloc, type
depopulation (2
niveaux : pro-venance pure et
hybride)
et provenance(7 niveaux).
Il s’écrit :b j
=
effet dubloc j
t l
=
effet dutype
depopulation
/ gm= effet de la provenance
(origine géographi- que)
m(tg)
lm
= interaction entre letype
depopulation
/et la provenance m
e
jlm
= erreur résiduelle.Dans cette deuxième
analyse
devariance,
le carré moyen d’erreur utilisé a été le carré moyenintrapopulation correspondant
auxtermes
e jlm .
Lasymétrie
de la distribution de ces nouveaux résidus a été testée commeprécé-
demment. Un seul cas de
dissymétrie significa- tive,
au seuil 5%seulement,
a été observé(SP 84
*),
l’examen del’histogramme
de la distri- bution montrant que cettedissymétrie
était peu accentuée.L’hypothèse
d’homoscédasticité entre les 14 combinaisons provenance xtype
depopulation
n’a été
rejetée,
au seuil de 5%seulement,
que pour 2 caractères(ΔL 1 *
etΔL 2 ).
Les effets
population, type
depopulation
et pro- venance,ajustés
à l’effetbloc,
ont étécomparés
deux à deux par des tests t, en raison des dis-
parités
d’effectifs.Chaque comparaison
a étéréalisée au seuil de 5%, la méthode de Bonfer- roni du «test t
corrigé»
étantjugée trop
sévère.Analyse discriminante
Une
analyse
discriminante a été effectuée selon le modèle de la deuxièmeanalyse
de variancesur les 7 niveaux du facteur provenance. Les variables
prises
encompte
sont celles de l’ana-lyse
de variance. Le test de Kullback(Legendre
et
Legendre, 1984)
n’a pas montréd’hétérogé-
néité des matrices de variances-covariances entre les 14 combinaisons provenance x
type
depopulation : χ 2
= 96,46, 135 dl(p: 0,99).
Analyse
de covarianceNous avons cherché à comparer la sensibilité entre
populations
mesurée en 1983 et 1984(SP 83
*
etSP 84 *)
en éliminant l’effet des diffé- rencesd’élongation
des pousses(L 83
etL 84 )
etde
précocité phénologique (PH).
Cette étude concerne les effetsprincipaux
définis dans la deuxièmeanalyse :
effet provenance et effettype
depopulation.
L’importance
des 3 covariables(PH, L 83
etL
84
)
pour laprédiction
des 2 variablesexpli- quées (SP 84 *
etSP 83 *)
a été étudiée par la mé- thode descendante(Snedecor
etCochran, 1967).
Lescomparaisons
des effets provenance ettype
depopulation
ont alors étéeffectuées, i) après ajustement
à la covariable laplus impor-
tante,
ii) après ajustement
aux covariablessigni-
ficatives.
RÉSULTATS
Observations générales
sur l’évolution duparasite,
de l’hôte et des infections(1984)
L’évolution
dela capacité germinative des téliospores
et de laphénologie
despins
en1984 est
schématisée
par lafigure
1. Onobserve
unediminution progressive de
l’émission potentielle
desbasidiospores
aucours du mois
de mai, celle-ci étant très
faible ou nulle le 25. Lamajorité des pins présente respectivement les stades B 1 , B 3
et
B 4
aux 3dates 4,
14 et 25mai.
Les
premiers symptômes
de rouille sont apparus entre le 14 et le 25 mai. Lenombre d’infections
aaugmenté sensible-
ment entre
le
25mai
etle
6juin, passant
de 19
à
35%de pins infectés
surl’en-
semble du
dispositif.
Comparaison
despopulations
Analyse
factorielledes
correspondances (phénologie)
L’analyse effectuée
surla
notion dephéno-
logie permet
une bonnereprésentation
desdifférentes populations
sur leplan défini
par
les 2premiers
axes(fig 2).
L’axe1, qui correspond à 70,0% de l’inertie totale,
estexpliqué principalement
par lavariable
as-sociée
à
laprésence
du stadeB 4 (présen-
tant une contribution absolue de
0,66). La population Tamjout
pureprésente
unecontribution absolue
très importante pour
cet axe(0,61). La plupart des populations hybrides,
et presque elles seules(à
l’ex-ception
deTamjout)
sontreprésentées
dans le
demi-plan
défini par des coordon- néespositives
sur l’axe1, correspondant
àune
plus grande précocité.
L’axe 2(22,8%
de l’inertie
totale) oppose principalement
lavariable
3(stade B 3 , coordonnées posi- tives, contribution de 0,46)
auxvariables
1et 4
(stades B 1
etB 4 ,
coordonnéesnéga- tives,
contributions de0,24
et0,23).
Étude
deseffets population (ensemble
descaractères)
L’analyse
de variancepermet
de mettre enévidence un effet
population
trèssignifica-
tif pour
tousles caractères
devigueur :
hauteur et
longueurs
de la pousseapicale (tableau III).
Laphénologie
etla précocité d’élongation de la
pousseapicale (expri-
mée par ΔL 1 *) varient aussi significative-
ment. Concernant les
caractères
de sensi-bilité,
seul celuinoté
en 1984permet
unedistinction
significative
despopulations. La
sensibilité mesurée
en 1984 estsignificati-
vement corrélée avec celle mesurée en
1983 :
corrélation
derangs SP 83 * - SP 84 * (coefficient
deSpearman)
=0,57,
14 dl(P < 5%).
On observe d’autrepart
uneliai-
son
positive significative
entresensibilité
etvigueur (corrélation
de rangsSP 84 * - L 84
et
SP 84 * - L 83
de0,72
et0,80 respective- ment, probabilité
<1%)
et entresensibilité
etphénologie (corrélation de rangs SP 84 *
- PH :
0,73).
Les 6populations
lesplus
sensibles
figurent également parmi les plus précoces (caractère PH), à l’exception
de Tabarka x
Landes,
etles plus vigou-
reuses, sauf
Tamjout (tableau IV).
La pro-venance landaise
apparaît relativement
tardive,
peuvigoureuse
et peusensible.
Étude
des effetsprovenance
ettype de population Analyse
devariance
L’analyse des données ajustées à l’effet
bloc
révèle
uneffet
provenance et uneffet type
depopulation significatifs
pourles
ca-ractères de sensibilité
(SP 84 *),
devigueur (H, L)
etde phénologie (PH) (tableau V).
Les hybrides
sontsignificativement plus
vi-goureux, plus précoces
etplus sensibles
que les provenances pures (tests
t surles
caractères L, PH
etSP 84 *). Seul l’effet pro-
venance est
significatif
pourla précocité
d’élongation (ΔL 1 *)
et lepourcentage de pousses infectées noté
en 1983.Tamjout
et
Leiria
sontrespectivement
la prove-nance la
plus
sensible et laplus résistante
pour les 2
années (tableau VI). Tamjout
est
également significativement plus pré-
coce que toutes les autres provenances.
Enfin on observe une interaction prove-
nance x
type
depopulation
pour le carac-tère
dephénologie (PH). L’essentiel
de cetteinteraction
estdû
aux 2provenances
qui présentent précisément
descaractéris-
tiques phénologiques extrêmes : Tamjout
et
Tabarka,
comme cela estexprimé par les écovalences relatives 1 (Tamjout :
51,35;
Tabarka :25,92,
soit 77%du
totalcumulé à elles deux).
Analyse discriminante de l’effet
provenanceLes 3
premiers
axespermettent
une discri- minationsignificative
des provenances, les 2premiers
axesexpliquant
75% de la dis- crimination totale. L’axe 1 est trèslié
auxcaractères de
précocité
et desensibilité,
l’axe 2 à ceux de
vigueur,
et de sensibilitéen 1984 dans une moindre mesure
(ta-
bleau
VII).
Les provenancesTamjout
etTabarka
sedistinguent de
toutes lesautres,
aux 2extrémités
de l’axe 1.Deux
groupesintermédiaires
sontconstitués d’une part des
provenancesibériques,
d’autre
part
des provenances italienne etfrançaises
duSud-Est (fig 3).
Analyse
decovariance (comparaison
de la sensibilité à
vigueur
et/ou
précocité constante)
Pour les 2 variables de
sensibilité,
mesu-rées en 1983
(SP 83 *)
et 1984(SP 84 *),
lameilleure variable prédictrice
estcelle
dephénologie (PH), suivie de celle de vigueur mesurée la même année (L 83
etL 84
res-pectivement). Dans les
2cas, l’apport
de lavariable de vigueur mesurée l’année sui-
vante ou
précédente (L 84
etL 83 respective- ment) n’améliore
pas laprécision
de lapré-
diction (tableaux
VIII etIX).
L’ajustement
deSP 83 *
etSP 84 * à
lameilleure
variableexplicative
ou aux 2 co-variables significatives conduit à
unemodi-
fication des effets par rapport
aux va-riables
nonajustées (tableaux
VIII etIX).
L’effet type de population, préalablement
non
significatif
pourSP 83 *, perd également
sa
significativité
pourSP 84 * dès l’ajuste-
ment à PH. De
même,
l’effetprovenance,
maintenu pourSP 84 *,
devient nonsignifi-
catif pour
SP 83 *, dès l’ajustement à
PH.Le classement des provenances pour la
sensibilité
mesurée en 1984ajustée
à laphénologie
et à lavigueur apparaît
très dif-férent de celui
précédemment
obtenu sansajustement (tableaux
VI etX).
Onpeut
noter en
particulier
le rangmoyen de la
provenance Tamjout.
DISCUSSION
Notre étude confirme la
variabilité géogra- phique
dupin
maritimepour
tous les ca-ractères étudiés : vigueur, précocité,
sen-sibilité
à la rouille. Lavigueur relative
desdifférentes provenances
dans notre essaiapparaît
assezdifférente
de celle obser-vée
dans laplupart
desétudes anté- rieures,
notammentpour
lesperformances
relativement mauvaises
des provenances
atlantiques,
Landes et Leiria.Cela pourrait s’expliquer
enpartie
parl’âge
des arbres.En
effet,
nos observations ont eu lieu au cours des 4e et 5e saisons devégétation
des
pins (correspondant
àl’âge
moyen de sensibilité à larouille),
alorsque
lapleine expression
dugénotype
pour la hauteur n’est engénéral acquise qu’à partir
de 8-10 ans
(Baradat, 1989).
Lesarbres,
dansnotre
essai,
manifestent encoreprobable-
ment des effets
maternels, qui affectent
notamment la hauteur.
Ces
effets mater- nelspourraient être
liés enparticulier
aupoids
desgraines,
commecela
adéjà été
mentionné pour Leiria, à faible poids
etfaible vigueur initiale (Sarrauste, 1982). La précocité
de croissanceapparaît
commeun
caractère très
discriminant des prove-nances. La
grande précocité
deTamjout,
dans les conditions
landaises,
est confir-mée,
enopposition
àTabarka,
les autresprovenances
étant
intermédiaires(Guyon, 1982;
Kremer etRoussel, 1986). Enfin,
notre
étude
montre que les différentes pro-venances se
distinguent également par leur sensibilité
à la rouille courbeuse. Cettesensibilité apparaît liée à
lavigueur
et sur-tout, à
laprécocité. L’ajustement
des ca-ractères de sensibilité
à laphénologie
età
la vigueur conduit à
uneperte de significa-
tivité
de l’effet provenance en 1983 età
unclassement
différent des provenances en 1984. Lasensibilité observée
en condi- tions naturelles estdonc
sous fortedépen-
dance de la croissance des pousses et ne
reflète
quepartiellement
lasensibilité
in-trinsèque des
provenances, tellequ’on pourrait l’estimer
en conditionscontrôlées.
La relation entre
sensibilité
etprécocité s’explique
sans doute par lephénomène biologique
de coïncidencephénologique
entre
hôte
etparasite.
Eneffet,
le suivi de la maturation destéliospores -
c’est-à-dire leuraptitude
à émettre desbasidiospores
infectieuses pour les
pins -
montre quel’optimum
est atteint avant la datemoyenne
de début desensibilité
des pousses depins (stade B 2 ).
Uneplus grande précocité
se traduit donc par uneexposition des pousses à
unepression
d’inoculum plus importante, d’où des
ris-ques d’infection accrus.
Ainsi, la
prove-nance
Tamjout,
trèsprécoce,
est cellequi présente
leplus d’infections,
bienqu’elle
ne
présente pas
lasensibilité intrinsèque
la plus
forte(après ajustement à
laphéno-
logie
etla vigueur). L’importance
de la co-ïncidence phénologique
pour lerisque
d’in-fection par la rouille courbeuse
aégale-
ment
été soulignée
pour lepin
noir et lepin sylvestre,
notamment dans le cas d’es-sais comparatifs de provenances pour
cettedernière espèce (Kurkela, 1974;
Longo et al, 1980).
L’hybridation
desprovenances
puresavec la
provenance
landaise setraduit
parune
augmentation
desensibilité, l’hybride
se montrant
plus sensible
que chacunedes
2 provenances«parentes».
Cet effetde l’hybridation s’ajoute à l’effet
prove-nance.
L’hybridation
setraduit également
par une
vigueur
et uneprécocité
accrues,l’hybride étant plus vigoureux
etprécoce que
chacunedes
2provenances. L’aug- mentation de précocité liée à l’hybridation explique pour l’essentiel
laplus grande
sensibilité des hybrides. En effet,
lasensi- bilité moyenne des hybrides
n’estplus
si-gnificativement différente
decelle
des pro-venances
pures lorsque
lesdonnées
sontajustées à la
note moyenne dephénologie.
D’une façon générale, pour
cequi
concerne
les
liaisons entresensibilité
etcroissance (tableaux
VIII etIX),
laphénolo- gie apparaît
commele caractère
leplus explicatif du
tauxd’attaque, suivi
par la lon- gueur de lapousse apicale observée
lamême année. Le fait que la
longueur
de lapousse
observée
uneannée donnée
nesoit une
variable explicative significative
que du taux
d’attaque constaté
lamême année peut s’expliquer
par uneéventuelle
interaction provenance xannée
pour la croissance. Une interaction provenance x stationpourrait également
êtreenvisagée.
Une étude
multistationnelle
etplurian-
nuelle est en cours afin de
préciser
ces as-pects.
Sur un
plan pratique,
aucune racegéo- graphique n’apparaît significativement plus
résistante à
la rouillecourbeuse que la
race
landaise.
Le faible taux d’infectionglo-
bal du
dispositif,
dûà
undéveloppement
insuffisant
destrembles, pourrait toutefois
masquer des
différences.
Leshybrides
in-terraciaux sont d’autre
part,
dans l’en-semble, très sensibles,
en tout cas aumoins
autant quela
racelandaise, même
avec un
«parent» plus résistant
quecelle-
ci.L’utilisation
immédiate
des racesgéo- graphiques
depin maritime
nepermet
donc pas de créer de variétés
résistantes à la
rouillecourbeuse. À l’inverse,
onpeut craindre
desrisques
d’infection accrus avecl’utilisation d’hybrides. Ce dernier point
devraêtre pris
enconsidération
dansune
optique générale
de lutteintégrée (fai-
sant
appel
àplusieurs
méthodes delutte)
en
sylviculture intensive (utilisant
notam-ment du
matériel génétiquement amélio- ré).
Une telle conclusion ne
présage
pas de lapossibilité
de trouver dans certaines provenancesquelques
individus excep- tionnels pour certains facteurs intervenantdans la résistance
à Mpinitorqua.
Ilpeut s’agir
decaractéristiques phénologiques, morphologiques
oubiochimiques. Notre
étude ne concerne en effet que le
compor-
tementmoyen des provenances
etdevra être complétée,
pour larecherche
degé- notypes
rares, parl’utilisation
d’autres dis-positifs.
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