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Mémoire en réponse a un écrit anonyme, intitulé : Observations présentées au roi, sur la Faculté de médecine · BabordNum

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MÉMOIRE

EN RÉPONSE - A UN ECRIT ANONYM- E,

INTITULÉ:

Observations présentées au Roi., sur la

Facµlté de Médecine.

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(3)

MÉMO'IRE

EN RÉPONSE A UN ÉCRIT ANONYME,

INTITULÉ:

Observations présentées _ aa Roi ., sur la Faculté de Médecine.

LA

Faculté de Médecine attenda,it, avec une pleine confiance dans les lumières, la sagesse et la bonté pa- terneUe du Roi, les modification~ ~.qu'il lui plairait d'ap- porter dans la discipline des Ecoles et de toute la méde- cine en France, lorsqu'elle a vu. son honneur attaqué dans un libelle.

-

Elle n'avait qu'un parti à prendre, c_elui d'attaquer, com~e calomniateur., par-devant)es trihunau x, l'auteur anonyme, qu'elle aurait fini_ par connaître. Deux motifs puissans l'ont retenue : on annonce l'écrit comme ayant été présenté au Roi! ... Et la Faculté aurait craint de dé- couvrir dans son e11:nemi une personne tenant , d'une ma- nière quelconque, à l'art de guérir;-elle n'a pas voulu déchirer le voile sous lequel un reste de pudeur l'engageait à se cacher.

Màis si elle gardait le silence, elle se rendrait en quel-

,

1

lo

(4)

{ 4 )

que sorte complice d~ l'outrage que l'on fait à la majesté du trône en présentant au Roi un amas d'assertions men- songères et calomnieuses, toutes plus vagues les unes que les autres , et qui" ne portent sur aucun fait po- sitif.

Nous allons répondre au libelle , article par article , en mettant de suit6 l'accusation et la défense. ·

LIBELLE.

« Les résistances de la Faculté de Médecine aux changemens qui

« lui sont proposés ont deux motifs. »

Ce paragraphe tend à établir deux choses : que des changemens ont été proposés à la Faculté de Méde- cine, et qu'elle y oppose de la résistance. Loin que des changemens ai.eut été proposés _à la Faculté, elle ignore encore qu'il doive en être proposé,' non à elle, qui n'est chargée que de l'exécution des lois et des règlemens, mais à l'autorité envers qui la Faculté n'a que le droit de re- présentation. D'après l'énoncé de ce paragraphe,

il

sem-

blerait qu'il y aurait eu une sorte de négociation entamée·

avec la Faculté de Médecine au sujet de ces changemen . Mais par qui au~ait pu être entamée cette négociation ? L'auteur des observations ignore-t-il dono que des objets de cette importance, qui tiennent de si près au bonheur des familles , à la conservation , à l'accFoissement de la population, et par cela même à la prospérité de l'Etat, Île peuvent être réglés que par le pouvoir législatif; qu'il en a toujours été de même en :France; que ces objets.

étaient fixés par d.es édits et ordonnances des Rois ,. regis-;

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( 5 )

trés en parlement, ce qui, dans le régime actuel~ équi•

vaut à une loi proposée par le Roi, et acceptée par les Chambres; que le Roi; dans la Charte qu'il nous a donnée, a consacré ce principe : qu'une loi ne peut être abrogée ou modifiée que par une loi ? D'après cela , l'auteur peut-il supposer que le Gouvernement s'abaisse _jusqu'à proposer à une Faculté des changemens à fair~ à une loi, ou même à_des règle mens émanés de lui? Une telle subversion de toutes les idées d'ordre politique a-t-elle pu entrer dans son esprit? Les rapports de la Faculté avec le Gouvernement ont lieu par l'intermé- diaire du sécrétaire d'État ministre de l'intérieur, dans les attributions duquel elle s'est toujours félicitée d'être placée. Toutes les fois qu'elle a été consultée par ce mi- nistre, elle s'est empressée de répondre à sa confiance en lui présentant ses vues dans un rapport officiel: C'est ainsi que, sur la demande de plusieurs ministres, elle a

donné des projets sur divers points de police médicale;

que, sur la demande de M. !"abbé de Montesquiou, la Faculté proposa des moyens d'établfr une Société royale de Médecine et de Chimrgie pour le pe,jèctionnement de l'art de g!l-érir. Mais dans la circonstahce actuelle, aucune no- tification n'a été faite à la Faculté. Ce n'est même que par la voix publique, et ensuite par la Gazette officielle qu'elle a connu l'ordonnance qui institue une commission clzargée de rendre compte d sa Majesté de· l'état actuel de l'enseignement dans les Ecoles de Médecine et de Chirurgie du royaume,

èt

de proposer les modifi,cations dont pourraient être susceptibles ces établissemens. Cette ordonnance elle-:

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I

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même pr·ouve qu'il n'y a pas encore de changemens pro- posés, puisque la commission chargée de les proposer, si elle juge convenable d'en faire, n'a pas encore fait son rapport. La Faculté ne peut préjuger quels seront ces changemens; s'ils regarderont lei Facultés, ou les autres Ecoles de Médecine et de Chirurgie établies dans diffé ..

rentes villes du royaume. Elle ne peut prévoir q-uelle sera l'opinion de la Commission sur la nécessité et la nature de ces changemens,·; car les opérations de cette commis~

sion sont , et doivent sûrement être , un mystère sur lequel elle s'abstient de jeter un regard curieux, et les ouï-dires qui viennent jusqu'à elle peuvent être men- songers.

Puisqu'il n'a pas encore été proposé au Gouvernement de faire des changemens dans l'organisation des écoles et la discipline de la médecine, la Faculté de Paris n'a pas pu leur opposer de résistance. Bien plus, si le Roi eût jugé à propos de faire consulter, non .... seulement la Fa- culté de Paris, mais les trois Facultés du royaume , fières de répondre à son appel, elles se seraient empressées de communiquer, soit à son Excellence le Ministre de l'inté- rieur, soit à Ja Commission, les réflexions que plus -de vingt années d'expérience leur ont suggérées sur les points que la Commission doit examiner, et sur les autres points de la police et de la discipline médicales. Mais ,.se renfer- mant dans les limites de ses devoirs, elle a dû s'interdire l'initiative.

La Faculté a peut-être donné trop de développement à sa justification sur cette première imputation; µiais;

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( 7 )

comme c'est la principale, celle de Jaguelle découlent toutes les autres, elle a cru ne devoir laisser aucun doute à-cet ~gard.

« Le premier., le seul qu'elle puisse a"ouer., et qu'en '!ffet elle

« présente avec éclat pour s'emparer de l'opinion publique et dé-

« tourner l' attenti9n des abus scandaleux qu'il est si essentiel de ré ...

« primer J se rattache à la séparation des deux sciences de la méde-1

• cine et de la chirurgie. »

Il serait au-dessous de la Faculté de relever les ex- pressions injurieuses, les insinuations odieuses qui _en-- trent dans ce paragraphe et les suivans, parce que les injurès grossières et sans fondement ne sont pas des faits

· ni dés raisons .

.cc Cette question., qÙi semble au prt:mier coup-d'œil ne pouvoir

« être discutee que par les grands maîtres dans l'art de guérir) n'est

« cependant pas hors du cercle ordinaire des connaissances d'un

t( homme du monde doué d'un jugement solide.

La Faculté se bornera à examiner la question de la séparation de la Médecine et de la Chirurgie : . question

qf

il con viendrait d'envisager sous le double rapport de l'enseignement et de la pratique , mais dont les déve- loppemens, inutiles pour le moment présent, méne- xaient beaucoup trop loin. Comme on insinue que la

Faculté est partie intéressée dans la décision de- cette .question , on permettra sans doute qu'elle se récuse;

et qu'elle fasse parler des juges irréprochables.

La Société royale de Mé_d~cine s'exprime ain~i dans

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le Plan de Constitution pour la Medecin·e en France ( de la pag. 5 à la pag. 7) ( 1) ; plan qu'elle présenta, au mois de novembre 1790, à l'Assemblée nationale, en exécution

du décret du 20 août.

if Il est, hors des Facultés, une classe d'hommes que

«< le public ne cesse d'appeler à la pratique de notre

.art, quoique primitivement il paraisse leurêtre étranger,

" et qu'ils n'y soient nullement qutorisés par leurs

cc statuts : ce sont les chirurgiens. Plusieurs d'entre eux,

" après avoir pratiqué long-temps la médecine, sont à

• la vérité parvenus à l'apprendre; mais puisque les

u circonstances les plus impérieuses les portent à l'exer- ,~ cer , la nation a le plus grand intérêt à ce qu'ils

,c l'étudient ; et il est dans ses devoirs de leur en faire

•~ une loi ; de sorte que ce n'est pas seulemeut ui1. ar-

K tkle de convenance , mais encore de justice, et de

~« la plus indispensable nécessité ,

qq~,

dans la suite ,

K tout chirurgien soit m~decin.

(< Pour que ce nouvel ordre s'établisse utilement, il

" faut, avant tout, éloigner des fonctions importantes

« de la chirurgie cette foule d'hommes qui manquent

'! de la première éducation, sans laquelle on ne peut

ff s'élever à l'intelligence de l'art; il faut ensuite_, nous

" ne dirons pas rapprocher, mais réunir et confondre

cc dans la même habitation, dans la même école, tous

" les enfans d'une même famille, trop long-temps divL-

" sés entre eux ; il faut que tout partage cesse, et qu'on

« laisse à tous , aux· mêmes conditions, les mêmes es.,..

Ç 1) Mémoires de la S9ciété ro1al~ de Mé4ecine , tQm. ~•

(9)

( 9 )

• pérances et les m'êmes droits. Est-ce-que la chirurgie

« n'a pas toujours été regardée comme une partie de

« la médeèine? Est - ce que, depuis la première leçon

œ de théorie jusqu'à celle où l'on établit quels doivent

f< être les ·moyens de guérison, l'enseignement pour

« toutes deux n'est pas le même? et_ s'il l'est en effet.,

« pourquoi ne se ferait-il pas en commun? Pourquoi

• séparer jusqu'à la racine les branches d'un arbre qu"on

• affaiblit en le déchirant ? Pourquoi deux sortes d'a-

« cadémies? Pourquoi deux ordres de colléges? Qu'une

c< fête solennelle nous rassemble; que de vastes amphi-

" théâtres suffisent à peine pour contenir nos élèves; que

« dans nos laboratoires et dans les hôpitaux ils se dis-

" putent les emplois, par le travail et par l'étude ; et

" f!Ue le public , si long-temps fatigué de nos querelles;

« jouisse enfin des fruits de la concorde qui doit nous

• unir pour toujours. En ·rendant ainsi la chirurgie à

• la médecine, et la médecine à la chirurgie, on se rap-

• proche de la nature, dont les anciens étaient moins

• éloignés que nous, et dont on s'est écarté mal à propos

« après eux. Dans les écoles de Cos, de Smyrne, ·d'A- ·

« lexandrie, tous les médecins étaient chirurgiens. Les

'cc Traités d'Hippocrate sur la chirurgie sont comptés ~u

« nombre de ses meilleurs ouvrages. Galien a écrit sur

c, cet art, qu'il a pratiqué avec succès. Du temps de Celse,

« la médecine était di visée en trois parties , dont l'une

« trait~it des maladies externes; l'autre des maladies

• internes ; et la troisième de la diététique, dont la

" connaissance est aussi nécessaire . au chirurgien qu'au

.2

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( 10 )

«·médecin. Du temps d'Aétius les médecins pratiquaient

"' encore la chirurgie. Cette heureuse union de deux

(< sciences, qu'on n'aurait point dû séparer, a cessé,

,c lorsqu'à l'époque de la décadence des écoles de l'Em- (( pire , Justinien retira les revenus des chaires pour en

" doter les églises. Les ecclésiastiques devinrent alors les

« dépositaires de tout ce qu'on savait en médecine, ., comme de toutes les autres connaissances humaines,

cc qu'eux seuls étaient à portée de cultiver. Mais des

« motifs religieux leur firent penser qu'ils devaient s'abs ...

" tenir de l'étude de l'anatomie et de celle de la chi-

« rurgie. La première tomba dans l'oubli. L'exercice de

u- la seconde, réduit à un petit nombre d'opérations,

" fut confié à des mains subalternes , et la médecine,

cc telle qu'on l'enseignait dans les Écoles les plus fameuses,

" à Bagdad, à Cordoue , etc., était une science d'éru-

". dition qui se bornait à répéter ce qu'on avait déjà

« dit. Les sci.ences ayant enfin passé en Italie., les uni- ., versités de Boulogne et de Padoue , celles de Mont-

cc pellier et de Paris ensuite, commencerent, dans le

• quatorzième siècle, à enseigner l'anatomie ; et la chi--

« rurgie , cultivée par des laïcs , a fait successivement en

« di vers pays, et surtout en France, des progrès dont les

« peuples voisins se sont montrés jaloux.

cc Boerhaave a donné une juste idée de cette science en

"la traitant comme une sorte de médecine externe qui

<c présente au-dehors l'image exacte des maladies dont les

c< viscères sont atteints au-dedans, et qui doit, par consé-

~ quent, être l'objet des premières études du médecin.

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( 11 )

" Mais il faut aussi que le chirurgien étudie ia ·médecine;

·« car il n'y a presque aucune maladie, même de celles

cc qu'on nomme externes ou clzirutgicales, qui n'iniiue sur

cc l'organisation entière, et dans le traitement de laquelle

« le chirurgien puisse s'en tenir aux seuls moyens de son

cc art. Or, quelque docilité qu'on lui suppose, est-il pos-

cc sible que pour chacun de ses malades il appelle un mé ...

« decin? C'est donc seulement dans les cas graves qu'on

« a prétendu ly astreindre ; dans tous les autres cas, il

" exerce de fait et sans réclamations les deux pouvoirs;

• d'où il suit que le chirurgien et le médecin doivent être

rc versés dans les deux espèces de médecine, ~m plutôt

« qu'il

ny

en a qu\1ne qu'on doit étudier et pratiquer en

cc commun.

"Nous prions ceux que cette conclusion étonnerait

a encore de réfléchir que, la division des maladies en ex-- ,, ternes et en internes étant vicieuse, la séparation de la

a médecine et de la chirurgie, dont cette division est la

« base, ne peut se soutenir ;o.

« L'art de guérir se présente J par tous lesjtiits antérieurs, sous

« deux aspects hien distincts. »

« Opérer avec la main) appeler l'instrument lorsqu'il est le seul

cc moyen de guérison J c'est ce qui constitue le terme même de chi-

« rurgie et le hut de cet art. »

Oui, opérer avec la main, opérer avec plus ou moins d'adresse, voilà tout ce qu'il fallait autrefois; voilà tout ce qu'il faudrait encore pour être une machine opérante;

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voilà ce dont se contentent plusieurs soi-disant chirur- giens; mais pour un homme digne de ce titre, il faut sa- voir quand on doit opérer ou s'abstenir d'opérer, et à quel instant il convient d'opérer. Dans les cas de complication ou de clégénération des maladies, il faut savoir quelle préparation on doit faire avant d'opérer, quel traitement il convient de mettre en usage après avoir opéré, etc.,etc.;

et alors ce n'est pl s simplement un opérateur qui tranche et panse ensuite, c"est un savant et un artiste, c'est un . chirurgien-médecin qui agit de la tête comme de la main.

,c Rétablir l'harmonie dans des élémens en désordre, mais la

" retablir à l'aide de potions ou par un mayen moral.... »

Ce propos renferme effectivement toute la médecine

·ae ceux qui ne savent pas la médecine, qui se contentent de faire prendre à leurs malades des boissons insignifian- tes, de les amuser par des paroles quelquefois. plus insigni- fiantes encore. Heureux ces malades quand leur Esculape veut bien ne pas agir ! Mais quand un homme instruit met à contribution les connaissances théoriques de la médecine, et qq'il y joint celles de la chirurgie; quand il pratique les préceptes d'hygiène pour régler le régime de ses malades; quand il emploie des moyens thérapeutiques autres que ces potions qu'il ordonne , des médicamens actifs, des saignées, des exutoires, des bains, etc. ; quand il conseille des opérations chirurgicales , ou qu'il les pra- tique , s'il en a le talent ; alors c'est un médecin-chirur- gien.

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cc • • • • En un mot; mettre Philippe en présence d'Alexandre

« mourant., Erasistrate devant l'amant silencieux de Stratonice;

cc voila la médecine. »

Sans doute le moral est un grand agent entre les mains d'un habile médecin., et la citation de Philippe et d'Erasi- strate n'a pu être faite que par un homme d'esprit et de sens; mais cet homme n'est pas médecin, s'il ne sent pas tout ce qu'il a fallu de connaissances à Philippe et à Erasistrate pour sauver les jours d'Alexandre et ceux d'Antiochus.

« Si ces définitions sont justes; les conséquences ne le sont pas

<c moins, e,t la pensée saisit sans '!ffort ff Ue; de ces deux grandes

cc sciences, l'une doit opérer sans cesse pour opérer toujours plus

rc heureusement _,; l'autre observer J méditer sans relâche pour des

« applications toujours plus utiles. On sent que; dans des études

,c solitaires trop prolongées, le chùurgien perdrait cette dextérité;

cc cette assurance qulfont tout l'éclat de son talent; et qu'un mé-

« -decin distingué J embrassant des opérations pour lesquelles sa

f< main n'est pas faite J laisserait échapper e~ pure perte quel-

« ques-unes de ces plus belles conceptions, et ne serait qu'un chzL-

« rurgien inhabile. »

Ce ne sont pas là des définitions; mais en admettant que ce soient des définitions , elles ne sont pas jus tes , comme on vient de le prouver.

Dans le reste du paragraphe, ]'auteur s'est cree un fantôme pour avoir l'honneur de le combattre; personne ne nie qu'excepté pour des génies supérieurs, si les études sont les mên;ies pour les méd ns et pour_ les

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chirurgiens , la pratique ou exercice de ces deux parties àe l'art doit être distincte.

cc C'est ainsi que J pour tout esprit impartial, sont immuablement

« classés les hommes et les faits qui appartiennent à l'art , non

« pas seulement par)tJ,i les anciens J ma,is dans ces temps modernes,

« en France; dans les cours de tous les souverains et dans l'Eu-

K rope savante. Les exceptions mêmes font preuve; toutes elles at-

,c testent des génies extraordinaires J et on demande au surplus sous

c< quels titres de gloire sont mieux connus les hommes les plus cé-

« lèbres de la Faculté de Médecine de Paris. ,,

Ce paragraphe n'étant que l'extension du précé~~nt, nous n'avons rien à ajouter à la réponse que nous y avons faite.

c~ Maintenant on aborde franchement l'objection sur le danger de

« séparer deux sciences qui ont des liens si intimes. Ce n'est pas

« l'ajfaz'blir que la présenter sous cette double forme. Le chirurgien

« a-t-il besoin des connaissances nécessaires au médecin ? Oui. Il

rc est des prognostics qui doivent faire suspendre l'opération, un

" traitement qui doit la précéder et la suivre ; mais sans être

cc docteur J et avec de la bonne foi; on reconnatt que l'affirmative

K ne peut être prise que dans un sens très-limité, et que ces con-

" naissances applicables à la chirurgie ne constituent pas la haute

cc médecine, et restent de beaucoup au-dessous de cette science

« admirable. >1

« La question inverse se présente avec moins d'avantage encore. Le

« médecin a-t-il besoin des talens et des connaissances nécessaires au

« chirurgien? On a déjà dit que le premier; voué à des méditations

« d'un autre ordre J ne serait jamais qu'un opérateur maladroit;

•< mais sans doute il doit savoir distinguer J dans certaines ajfections ,

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,c les cas auxquels un traitement interne est applicable de ceux

« qui exigent des procédés tout dffférens et réservés à la haute

«< chirurgie ~ cette seconde science non moins étonnante que la

te première. u

Toujours même abus de principes et de raisonnemens;

toujours vouloir confondre l'enseignement, les études, qui doivent être com~unes au médecin et au chirur- gien, avec l'exercice de l'art de guérir, dont il est utile que chacun pratique la partîe pour laqueÜe· il a le plus d'aptitude et de moyens.

D'ailleurs, nous n'entendons point cette expression : Haute chirurgie. Nous pen~ons qüe la ~hirurgie est tou- j,ours Izaute, car elle est toujours pratiquée dnn~ l'inten- tion d'être utile aux malades ; et comme les opérations, en apparence les plus simples et les moins importantes, la saignée, l'ouverture d'un abcès, et même l'arrache- ment d'une dent ou la coupure d'un cor au 'ried peuvent être suivies des accidens les plus graves , tels qu'une hémorrhagie considérable, la gangrène, la fièvre, etc., etc.,

· ces opérations ne doivent être confiées qu'à de_s mains, sinon habiles pour les opérations difficiles, au moins très-exercées à ces sortes d'opérations; et chacun de ces accidens pouvant dom~er· ùaissance à des maladies dans iesquelles on a besoin des secours de la médecine·, cela prot1vè de plus en pl~s que l'eqseignement et· les études doivent être communes en mé_decine et en chi- rurgie.

cc Ces explications très-simples permettent de juger J sans en ap-

c< peler aux sa vans, dans· quelle direction doit marcher l'enseigne-

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( 16 )

" ment. Il emhra._sse d'abord, par des liens communs, les études

,c qui sont communes aux deux sciences; mais prenant ensuite un ,, plus haut essor, il destine les élèves, d'après leur aptitude et leur

cc penchant, à l'une ou à l'autre carrière de l'art de guérir, en

t< les appliquant aux travaux et aux méditations que la chirurgie

(c et la médecine , qui ont toujours le même objet sans jamais em-

« ploy-er les mêmes moyens, exigent séparément. »

Nous pourrions nous en tenir à cet aveu arraché par la vérité. Il (l'enseignement) embrasse d'abord par des liens communs les études qui sont communes aux deux sciences ....

Et quand on ajoute : La chirurgie et la médecine, qui ont toujours le _même objet sans jamais employer les mêmes moyens; nous accor~ons qu'elles ont toujours le même objet, celui de guérir le malade; mais nous soutenons qu'elles emploient les mêmes moyens, c'est-à-dire que, continuellement le chirurgien fait de la médecine, puis- que continuellement il a recours à la thérapeutique, que l'on peut appeler médicale., et que le médecin fait tous les jours de la chirurgie, puisque tous les jours il or- donne des opérations grandes ou petites.

,c Où donc est le danger de fixer une limite, et lorsqu'elles sont

c•. parvenues à une certaine hauteur, de tenir séparées ces deux

« grandes divisions de l'art) toutes deux si riches, si fécondes en

·« faits, en observations , en résultats inépuisables. »

Jamais on n'a prétendu qu'il ne fallut pas séparer dans la pratique la médecine de la chirurgie, ou. la chirurgie

·de la médecine; et cependant, si on en appelle à la

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conscjence des plus habiles chirurgiens, et, à plus forte raison, à cel1e de ceux qui ne méritent pas cet honorable titre, ils seront les · uns et les autres oh ligés d'en conve- nir, et peut-être auront--ils raison de-,s'en glorifier, il leur arrive souvent de donner leur avis et de prescrire un trai•

tement interne lorsqu'ils sont consultés dans des cas que ron regarde comme purement du ressort de la médecine·;

mais alors, pour être à l'abri du reproche, il faut qu'ils aient étudié rensemble de l'art de guérir.

cc Si J à l'époque où les études étaient suivies avec plus de persé-

« vérance et d-'ardeur, la main du génie n'a pu porter aJ'eC une

« gloire égale les deux sceptres de la science J qu_e peut-o_n espérer

cc de nos joll,rs ) où de jeunes attentions J si promptement satisfaites.,

« s'éteignent au premier succès?»

Cette époque n'a jamais existé. Pour en être convaincu, il ne faudrait, à tout homme de bonne foi, que penser au nombre des élèves qui suivent les écoles actuelles de médecine, au nombre de sujets distingu€s qui ont été formés dans c-es écoles, au nombre d'ouvrages remarqua- bles qui sont dus aux jeunes docteurs reçus dans ces·

écoles. Certes , la génération nouvelle ,de médecins et de chirurgiens, prise dans son ensemble , et sans parler de ceux qui s'élèvent au-dessus des autres d'une manière re- marquable, offre en général une réunion d'hommes plus instruits, mieux instruits que la plupart de ceux qui ac- quéraient autrefois les titres de docteurs en médecine, de maîtres en chirurgie , de privilégiés, etc. , etc. Ce que nous avançons est d'une vérité si évidente, si incontes ...

3

_)

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( 18 )

table, que ce serait perdre son temps que d'en accumuler les preuves., dont une des plus frappantes est qu'il n'y a peut-être pas dans Parfa quatre des élèves obligés, par le mauvais état de leur fortune, de se placer chez de vieux praticiens qui ne leur soient infh1iment supérieurs pour les connaissances et les talens ; et tous sont sortis de ces écoles que l'on attaque; tous ont reçu cet enseigement que l'on dénigre!

cc Eh ! qu'importe après tout; si dans la foule des aspirans J pour

« la, plupart desquels l'étude d'une seule des deux branches de

cc l'art est déjà une tâche trop laborieuse, il s' éleve de ces hommes

u: ext;aordinaires qui osent tout embrasser? où sera donc Fobstacle !'

" la séparation n'existera pas pour eux. » ·

La séparation ne doit exister pour aucun, à moins que tout homme qui sera docteur en chirurgie., et qui n'aura étu- dié que la chirurgie, ne fasse serment de ne jamais exercer la médecine qu'il ne saura pas, à moins aussi qu'il n'y ait des lois assez répressives et une police assez puissante pour l'obliger à tenir son serment., c'est-à-dire, en d'autres termes, pour l'obliger d mourir de faim; car il est prouvé, aussi clairement que deux et deux font quatre, que les quatre-vingt-dix-neuf centièmes de ceux qui avaient le titre de chirurgien ne vivaient que de la médecine exer- cée en même temps que la chirurgie, et que trop souvent ils ne savaient ni l'une ni l'autre , faute d'une bonne ins- truction commune.

c< Non, ce n'est pas la scùmce qui donne tant d'inquiétudes aux

c< professeurs de la Faculté; un autre motif les fait agir; ils le

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( 19 )

(t cachent ee motif, parce qu'il est peu !zonorahle, et on n'en p~rle

cr ici qu'à regret. Mais pourquoi hésiterait-on? les faits sont puhlt'cs

cc et dans la bouche même des élèves. »

cc Dans des accusations graves contr~ un corps que tant de hautes

e< considérations reconunandent à l'estime et au respect J c'est un

« devoir pressant de conserver intacte la réputation des ho,nmes dis-

« tingués qui ont vu le désordre sans pouvoir en arrêter le cours J

1( et c'est surtout dans les temps de troubles que le silence de l' hon-

« neur doit être interprété avec plus de noblesse. Ainsi la Faculté

« entière n'est pas coupable,· et en s'exprimant sur des torts ag- e, gravés par une résistance à laquelle elle qffecte de donner des

cc motifs généreux~ on signale seulement les professeurs qui n'ont

<< pas eu honte de mettre le plus vil égolsme sous la protection d'un~

" des sciences qui., par son obiet , honore le plus le cœur humain.

« On sent au surplus que ces détails doivent• être abrégés. »

Puisque l'auteur du libelle ose ·s'adresser à un Prince

·dont la justesse d~esprit, le discernement et l'équité sont si généralement admirés, la Faculté doit faire remarquer que , dans des accusation-s ·graves contre· un corps que tant de hautes considérations recommandent ri l'estime et au respect, il ne suffit pas de dire, les faits sont publics, et dans la bou- che même des éleves.,--; il faut préciser ces faits, les énon- cer, les prouver; et, s'ils sont trop nombreux, en choisir au moins quelques - uns. Une allégation aussi vague se détruit d'elle-même : · elle prouve l'absence absolue de faits mème probables; elle ne saurait effleurer la réputa- tion du particulier le plus obscur, encore moins pour- rait-elle entacher celle d'un corps recommandable; on pourrait ajouter, célèbre dans tout le monde ci vili86.

<

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' ( 20 )

« Les membres de la Faculté sont; par leurs attributions et par

cc les élémens qu~ils rassemblent autour d'eux J tout à la fois pro-

-Je fesseurs J administrateurs; hommes, publics.-Sur les devoirs que

« chacun de ces titres leur impose , la voix des hommes honnêtes

1e les accuse. >)

Non, non, la voix des hommes honnêtes ne les accuse pas ; elle les venge des plus atroces calomnies, au défaut· des tribunaux, dont la Faculté n'a pas voulu réclamer la justice pour les raisons exposées ci-dessus. ( Voyez pag. 3.)

,, Professeurs, ils ne professent pas et ne publient rien. »

Sur le premier point, on ne peut que donner une dé- négation formelle, et en appeler à la notoriété publ~que et aux autorités supérieures chargées -de surveiller la Fa- culté, qui invoque ici le témoignage de la Commission royale de l'instruction publique, et lrs comptes qu'elle a rendus au ministre de l'intérieur. Si on veut dire que quelques professèurs n'ont pas fait de leçons, certes, on a raison ; mais si on était de bonne foi, on en recherche- rait les caus·es. La loi qui a institué les .Ecoles actuelles de médecine, voulant parer à ce que l'enseignement soit interrompu par quelque balise que ce soit, a établi qu'il y aurait deux professeurs pour chaque chaire. Pour quel- ques cours, l'ensejgnement est partagé entre les deux pro- fesseurs; et alors une maladie grave ou un service pu- blic ont pu seuls interrompre une partie de l'enseigue- ment. D'autres cours ne sont pas susceptibles de partage;

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( 21 )

et dès qu'ils sont faits par un professeur, le ·second ne doit pas faire de leçons, à moins qu'il n'en soit requis.

Mais lors même qu'un professeur ne fait point de leçons, on ne peut pas dire pour cela qu'il soit inactif, que ce soit un membre inutile à la société. Ne partage-t-il pas avec ses confrères le travail des examens , les fonctions académiques et administratives? Ne concourt-il pas à la rédaction des travaux et des rapports qui sont demandés par les autorités constituées? Car la Faculté n'est pas seu- lement un corps enseignant; elle doit encore éclairer l'administration et les tribunaux sur les questions qui

· sont du re~sort de la médecine. D'innombrables rapports ( plns de neuf cents) prou vent les services qu'elle s'est efforcée de rendre à l'État en ce genre. N'a t-on pas d'ail- leurs vu plusieurs de ces professeurs faire des cours sur des parties de la médecine qui n'entraient pas d'une ma- u ière spéciale dans le plan fixé pour l'enseignement ?

Les pn:fesseurs ne publient rien ! lei l'imposture est si évidente, que la Faculté , en citant les ouvrages de ses 1~1embres, devrait craindre d'être taxée d'orgueil, si elle n'était forcée de le faire par les· attaques de son adversaire. N'est-ce donc rien que ces ouvrages que les étrangers se sont empressés de $'approprier par des traductions, et dont les éditions multipliées ont prouvé l'excellence? Mânes des Desault, des Chopart,. des Sa- hatier, des Pe.v.rilhe, des Lassus, des MahV on_, des Ca- hanis ~ des Fourcroy-' des Baudelocque, est-il donc possible qu \m homme qui se donne pour le défenseur d'un art que vous avez illustré , vous fasse un pareil outrage !

1

!

1

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( 22)

Est-il possible qu'il se trouve un homme

assez

êtranger;

110n pas à la littérature médicale mais aux connais-

.

sances les plus vulgaires répandues parmi les gens du

'

mou de, pour ne pas connaître de pareils noms , et les ouvrages qui les feront passer à la postérité la plus reculée ? Mais ces auteurs., ignorés d'un seul homme peut-être, ne sont pas les seuls membres de la Faculté qui aient écrit pour l'enseignement des élèves el l'a- vancement de la science. Quel est l'élève, à peine initié dans les premiers élémens de la médecine, qui n'ait entendu parler du Traité des maladies du cœur, de la dissertation d'Arenhrugger, devenue un ouvrage tout nouveau 'entre les mains de son . savant traducteur et commentateur (1); du Traité de l'aliénation mentale ; de celui de la Médecine clinique, rendue plus préc"ise et plus exacte par l'analyse ; de la Nosographie philo- sophique (2); du Traité complet d'anatomie; du Traité des maladies chirurgicales (3); des nouveaux Elémens de physiologie ; de la Nosographie chirurgicale ; du Traité des erreurs populaires en médecine (4); de la Clinique chirurg_icale (5); des Consultations médico légales; des Tableaux syn~ptiques de l'anatomie , de la physiologie, . et de quelques autres points de la science; de la No~

(1) Par le professeur Corpisart.

~2) Par le professeur PiTJ,el.

(3) Par le Professeur Boyer.

(4) Par le professeur Rieherand.

(5) Par le profess.ellr Pelletan.

(23)

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menclature des muscles ( 1) ; de l'Histoire médicale de l'armée d'Orient; du Recueil des éloges des académiciens de Montpellier (2); des savans Mémoires sur la chi- mie (3) ; du Traité des bandages et appareils (4); de l'Histoire du galvanisme ( 5); des Démonstrations bota-

niques (6); des nombreux ouvr~ges des professeurs .Al- phonse Leroy et Petit-Rade!; sans parler des ouvrages

publiés par plusieurs des profess·eurs, avant qu'ils fissent partie de la Faculté;-des nombreux opuscules qu'ils ont fait paraître dans divers recueils; des articles dont ils ont enrichi quelques grands ouvrages entrepris en so- ciété , tels que !'Encyclopédie _ méthodique , le ~)iction- naire des sciences médicales ? Est-ce_ à l~ Faculté en corps que s'adresse le reproche de ne rlen publier? Il s'adres~

serait plus directement à la Société de Médecine établie dans son sein, mais serait - il bien étonnant qu'au mi- lieu de cette longue suite de convulsions politiques et de guerres que rious venons de traverser, une société académique , créée sur un plan imparfait , ü'ait pu donner à ses travaux toute l'étendue et toute la perfec- tion qu'elle aurait désiré, et sans lesquelles elle n'aurait pas voulu l~ur laisser voir le jour?

:r;:st-

il vrai ce-

pendant qu'e.i\f), n'ait rien publié ? To6s les m0is elle

( 1) Par 1 e professeur Chaussier.

(2) Par le Professeur Des Genettes.

(3) Par le professeur Yauq·uelin.

( ( Par le professeur Thillaye.

( 5) Par le professeur Sue.

(6) Par le professeur Richard.

(24)

( 24)

fait paraître le Bulletin de ses séances , dont la eollec..:

tion , qui forme déjà quatre volumes in-8.0 , ;enferme plus d'observations précieuses , de mémoires utiles, de recherches curieuses que bien d'autres collections beau- coup plus volumineuses. La Faculté a publié deux vo- lumes in-4.0

des

Mémoires de l'ancienne Société royale de Médecine , et de ceux de l'Académie royale de Chi- rurgie . . Elle est sur le point de publier un nouveau Codex medicamentarius, qui est vivement désiré par tous les médecins du royaume , et auquel elle travaille sans relàche depuis plusieurs années.

« Administrateurs , ils partagent sans roztgir des hénéjices illi-

« cites J et les grossissent par des admissions funestes à la société '( et à cette science même dont ils se montrent si jaloux.

Les registres de la Faculté, les comptes rendus chaque année par le professeur-trésorier font foi , que toutes Jes sommes qui sont entrées dan~ la caisse de la Faculté ont été appliquées avec un scrupule religieux aux divers objets auxq ueUes elles étaient destinées.

Veut-on parler ici du traitement éventuel des Profes- seurs auquel est affectée une partie du produit des in- scriptions et des frais d'examen? Certes, la disposition de la loi qui établit sur cette hase une partie du traitement des professeurs est vicieuse, quoique le but du législateur ait été louable ; car il était cert_ainement d'exciter l'émula- tion entre les facultés. La Faculté de Paris n'a jamais prétendu justifier cette disposition; elle s'est même op ..

posée, autant qu'il était en elle , à son adoption. Mais

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toute vicieuse qu~elle est, a-t-elle eu les résultats qu'on lui attribue? c'est ce qui sera examiné un peu plus loin.

La Faculté se borne seulement à demander s'il n'est pas de la dernière iniquité de dire que recevoir un traite ..

ment fixé par une loi, c'est partager sans rougir des béné- .fices illicites ( 1 ). k

cc Hommes publics ) ce retour inattendu de calamités nouvelles

« en a replacé plusieurs parmi les ennemis des princes et les ap6tres

<( de l'usurpation. )1

De quel nom qualifier une allégation semblable qui, sous le règne d'un autre prince, ne tendrait à rien moins qu'à placer sous le couteau des citoyens paisibles et qui ne s'occupent qu'à méditer des objets scientifiques et à soulager les malheureux , sans faire acception des per- sonnes! La magnanimité du roi a pardonné à ses ennemis, a accordé une amnistie à tous les vrais coupables; il fait plus, il veut qu'une loi sanctionne ce mouvement de son cœur; et un corps sera dénoncé sans preuves, sans appa-

rence de probabilité, comme ennemi du Roi et de la patrie, par l'homme même qui, quelques lignes plus haut, l'a recommandé à l'estime et au respect des honimes 1

(r) Voyez l'arrêté du 20 prairial an xr, renvoyant aux lois du 11 floréal an x· Jet du 19 ventose an XI, §. 8, art. 45,

Cet article dit qu'il sera alloué un traitement fixe et annuel aux professeurs sur la recette des inscriptions et des examens. Mais comme il était impossible d'éta- blir un traitement flxe sur une recette éventuelle, ce traitement fut remplacé par le parlag·e des trois quarts de ce qui restait de la recette totale, après en avoir prélevé les droits de l'Université.

4

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Quel acte public ou privé pourrait-on citer à l'appui de cette dénonciation ! Les élèves de la Faculté , dira-t-on, ont fait entendre des vociférations en faveur de l'usur- pateur; ils ont été solliciter auprès de lui le triste hon- neur d'embrasser sa cause. Il est vrai qu'une masse d'individus, excitée par des étrangers, comme il serait facile de le prouver, s'est rendue au château des Tui- leries, et en a rapporté un drapeau qui, malgré l'op- position des profe~seurs qui procédaient alors à un examen, a été placé dans le grand amphithéâtre de la Faculté. Mais il est de notoriété publique que cette masse d'individus était composée de deux mille personnes au moins; et cependant les registres de la Faculté à cette époque ne contenaient que six .c~nt vingt-huit inscrip- tions. Il y a eu au· plus cent vingt élèves qui ont été formés en c ompagnies de cano.nniers, et sur ces cent vingt, quinze à dix-huit seulement étaient habillés au mois de juin, ont fait partie des canonniers envoyés à Mont-Rouge avec les élèves des Lycées; ils n'ont fait que travailler aux retranchemens, sans avoir presque jamais été exercés aux manœuvres du canen; et cependant ce sont ces mêmes élèves qui, quinze mois avant, avaient montré la plus grande résistance .aux volontés du Gou- vernement qui voulait les enrôler en masse.

Et quand il serait prouvé, ce qui est bien loin de l'être, qu'une grande quantité d'élèves ont été égarés, devrait-on en conclure qne leurs professeurs, qui ont to.ujours voulu les ramener sur la bonne v01e, ont par-:".

tagé leur erreur ?

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( 27

Que pouvait la Faculté pour s'opposer à ce mouye~ ment? elle n'a pas même le droit de censure sur s~s élèves. Elle ne peut exiger d'eux que l'assiduté aux leçons et aux exercices. Hors des amphithéâtres__,_ ils ren- trent dans la classe commune des citoyens, et sont les égaux de leurs professeurs.

Ce que les professeurs ont pu faire pour s'opposer à ce 'désordre , ils l'ont fait. Il n'ont jamais voulu consentir que des r~gistres d'inscription pour tels ou tels objets, dont , iJs n'ont pas voulu même prendre connaissance, fussent

ouverts dans les bureaux, ou dans quelque autre pièce

~ue ce soit dépendante des écoles. Si de ces sortes d'ins- criptions ont été faites , elles l'ont été en plein air , et souvent faites lorsque les portes des écoles étaient fermées.

Pour éloigner les élèves de ces rassemblemens , les profes- seurs n'ont interrompu ni les leçons, ni les examens. Ils ne pouvaient faire que cela ; ils l'ont fait , et il y avait en- c;ore un véritable courage à le faire. La Faculté, peut-on dire encore, a envoyé une adresse à l'ennemi de la patrie.

Elle ne l'a envoyée que su~ la demande du ministre de l'intérieur, et sa composition n1a pas demandé de grands frais d'imagination, car ·elle a été calquée sur la circu- laire du ministre qui en dictait les termes. La Fàculté pouvait-elle seule refuser un hommage ainsi arraché ?

« Sur des plaintes do7it /a publicité dispenserait de tout exa-

« men l'homme le plus prévenu) quel langage tient-on aux pro~

_• Jesse_urs? celui-ci ; »

A ce ton d';1ssurapce, il semblerait qu~ la Faculté ~

: 1

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plusieurs fois été admonestée sur sa négligence à remplir ses devoirs, et qu'elle s'est toujours montrée récalci- trante ; et cependant, ni le ·ministre de l'intérieur, ni le grand-maître de l'Université, ni la Commission royale de l'instruction· publique , qui ont surveillé la disci- pline de la Faculté , ne lui ont jamais adressé de re- proches. Les accuser~-t-on a~ssi de négligence et d'<?ubli de leurs devoirs? En remontant ainsi .. l'auteur arriverait sûrement à ce résultat , que lui seul est resté intact au milieu du relâchement général.

cc Ces leçons si courtes, si· incomplètes) rendez les plus dignes

,c de _la science. et de s_on noble apanage.>->

L'article précédent, et ce qui a élé dit page 20 et sui•

vantes, répondent suffisamment à ce reproche.

« M-ontrez - vous moins indùlgens J moins empressés dans les

cc réceptions. Quatre années d'études pour réunir le double titre

" de docteur en médecine et en chirurgie ne suffisent pas à de

« jeunes élèves. N'avez-vous pas à craindre que quelques-uns de

cc ces diplomes que vous jetez pour ainsi dt're au haiard ne de-

cc viennent des instrumens meurtriers? »

Par un vice de raisonnement bien Îliconcevable , l'auteur confond ce qui est de la loi , à la confecli on de laquelle la Faculté n'a pas concouru , dans laquelle il était hors de l'essence des choses qu'elle pût intervenir, avec l'exécution de la loi, seule chose qui fût confiée aux facultés. Si la Faculté de Paris prouve qu'elle s'est tou- jours conformée exactement à la loi, qu'elle ne s'en est écartée dans quelques circonstances que,d'après des arrêtés

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du ministre de l'intérieur o.u du conseil de l'Université, ne sera-t-elle pa$ à l'abri de tout reproche? ue le sera-t•elle pas encore plus, si elle prouve qu'elle a mis dans les examens et l'admission des candidats toute la sévérité que pouvaient comporter les circonstances où l'on se trouvait? Toutes ces choses sont faciles à établir par le relevé de la correspondance de la Faculté avec les autorités supérieures, .par le relevé des procès-verbaux des séances de la Faculté et de cel1es de son conseil d'àdministration , par celui des procès-verl;rnux des· examens. On y verrait quel soin elle apporte dans l'examen des titres présentés

par les candidats ; quel nombre d'aspiran~ ont été exclus pour n'avoir pas satisfait aux examens, ou ajournés à un temps plus ou moins éloigné.

D'après le relevé du nombre ·de thèses soutenues dans toutes les Facultés dti royaume, et d'après la liste des offi-

ciers de santé, communiquée par le ministre de.l'intérieur, Depuis l'an XI jusqu'à la fin de 1814 , il a été reçL1 docteurs en médecine ou en chirurgie, savoir : .

A Paris. 2,319

A Montpellier. . 796

A Strasbourg. . 377

A Turin, par approximation. 330

'TOTAL. . .. 3,822

Ce

qui,

réparti sur près de vingt-frois années, depuis ao.ût 1792 jusqu'à la fin de 1814, et sur cen~ .sept dé- partemens , terme n~oyen entre quatre-vingt-.quatre et c~nt trente , donne· pour chaque année et pour chaque

(30)

( 3o )

département un docteur et demi, ou trois docteurs pour deux départemens, à une légère fraction près.

Il a été reçu officiers de santé, depuis l'an XII jusque et compris 1814, savoir :

Dans l'arrondissement de Paris . . De Montpellier. ,

De Strasbourg et Mayence. .

De Turin. . 71

TOTAL. 2,594

En trois ans il y a eu cent vingt-six candidats refusés;

ce qui donne par approximation pour les onze années ,:

quatre cent soixante-deux.

Ces deux mille cinq cent quatre•vingt-quinze officierS' de santé reçus donnent par an pour quatre-vingt-quatre d.épartemens ., comprenant la France actuelle , deux et deux tiers , ou huit pour trois départemens.

Ces renseignemens proviennent des états ministériels qui ont été communiqués à la Faculté pour la Com ..

m1ss10n.

Parmi les candidats qui se sont présentés à la Faculté de Médecine de Paris depuis 1806 jusqu'au moment présent, il y a eu de refusés ou ajournés , savoir :

Au premier examen. 47

Au deuxième. . 70

Au troisième . . 44

Au quatrième. ,. 3o

Au cinquième. 95

A la thèse. . 21

TOTAL.

(31)

( 31 )

Ces calculs prouvent que le nombre des réceptions était à peine suffisant pour combler les vides que dix années d'interruption dans la dispensation des titres avaient laissés dans le corps des médecins, pour remplir ceux que la mort faisait chaque année; et que ce nombre est fort au-dessous de celui des réceptions dans les fa-

·cultés ou uni.versités qui existaient avant la révolution, à cette quantité de chirurgiens admis à la maîtrise, dans l~s nombreux colléges ou communautés de chirurgiens , soit par chef-d'œuvre, soit par légère expérience ; à la foule de ceux qui recevaient des lieutenans du premier

chirurgien du Roi le droit de pratiquer.

Corn bien le résultat de cette comparaison sera-t-il en en faveur de la nouvelle organisation, si on fait attention au nombre infini de médecins et de chirurgiens mois- sonnés avant le tems par les événemens d'une guerre de vingt-cinq ans, par les expéditions lointaines, par les épirlémies, qui, à diverses époques, ont ravagé le sol de ]a France ou les armées !

Mais ces preuves de détail ne peuvent trouver place ici.

La Faculté se plaira à les donner dans un mémoire plus étendu sur tout ce qui regarde la législation de la mé- decine.

Qua'tre années d'études, etc. D'après la Joi, les titres de docteur en médecin€ et en chirurgie ne peuvent être réunis_ dans la même personne; il faut être l'un ou l'autre.Et puis ..

que cette loi n'exige pour aspirer au Ütre de docteur que quatre années d'études, la Faculté pouvait-eHe se mon- trer plus exigeante? Elly s'abstient d'examiner pour le

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moment cette disposition de la loi~ elle se borne à faire remarquer, sans en tirer de conséquence~ que l'édit du mois de mars 1707 n·exigeait que trois années d'études.

cc Ces fonds qui restent dans vos mains ne vous appartiennent

E< pas) et à défaut d'un sentiment plus élevé, la sz'mple probité

« doit vous dire quelle -en est la destination. Meublez votre biblio-

<< thèque) ouvrez la carrière aux jeunes talens sans ressources J

« et restituez au Gouvernement ce qui excède vos dépenses. ))

Pour répondre au rédacteur de ces observations , il faut d'abord lui apprendre que les ·professeurs n'ont le ma- niement d'aucun-fonds, et que par conséquent il ne leur en reste pas entre les mains. Qu'il lise ·es articles 44, 45, 46 de l'arrêté du 20 prairial an XI; les articles 16 et 65 du décret du 4 complémentaire an xu; l'article 133 du dé- cret du 17 mars 1808; l'article 15 du décret du 4 juin 1809;

il verra d'après quelles règles se font la recette et la dis- pensation des fonds dans les Facultés de •Médecine et de Droit; car ces dispositions leur sont communes. La_ Faculté s'est toujours conformée à ces dispositions; les preuves écrites en existent partout dans ses registres et les procès- verbaux de ses séances : d'ailleurs peut-on supposer que le fisc , qui s'exerçait aveo tant de rigueur sur tout ce qui lui était soumis , eût souffert la moindre prévari- cation à cet égard ?

La bibliothèque continuellement augmentée ( 1), les

(1) La bibliothèque, composée d'abor4 de deux mille deux cent quatre- -vingt-six volu-mes, provenant du Collége de Chirurgie, a été portée à environ

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collections enrichies chaque jour de nouvelles p1eces d'a- natomie naturelles ou artificielles ( 1), de nouveaux ins- trumens de physique ou de chirurgie, moutrent à la fois le zèle des professeurs pour l'avancement de l'art et l'instruction des élèves , et le bon emploi des moyens laissés à leµr disposition ( 2). Les choses parlent d'elles-

mêmes; · et la Faculté est toute fière de pouvoir opp_oser ces témoignages muets aux attaques de ses ennemis.

cc Cessez de fermer au meilleur des Rois ces jeunes cœurs trop

tt. dociles à vos inspirations dangereuses. Eh. quoi! lorsque sa

't< honté si touchante appelle et rassemble tous les enfans de sa

grande famille, est-ce le sanctuaire de la science qui demande

<~ les émotions les plus douces, les plus phzlanthropiques J qui sera

_u inaccessible à sa voix paternelle ! et tous ces talens tutélaires,

« que vous formez pour la société J serqnt-ils ennemis du Prince ,c qui en est le père et le prenzier appui! »

La déclamation mensongère qui termin~ ces observa- tions ne mérite pas d'être réfutée : on ne sait que trop

'Vingt mille volumes par les dons du Gouvernement, par les fonds que la FacultJ y emploie annuellement, et par les dons des professeurs Cabanis et Corµisart.

(1) Les cabinets de la Faculté, qui sont une richesse nationale, sont remar- quables par la quanlité de pièces qui les composent, par la perfection de ces pièces dues aux talens ·si éminens de M. Lawnonier , de Rouen , à ceux de M. Pinson, à ceux des chefs des travaux. anatomiques, des prosecleurs et des aides d'anatomie allachés à la Faculté.

(2) La collection d'instrumens de physique, d'instrumens de chirurgie, est précieuse, et doit son existence au professeur de physique et au professeur conservateur.

Tous ces cabinets, ainsi que la hibliothèqtie, serrent journellement à l'instruc~

tion des é.lèves.

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