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Broadway Melody

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Academic year: 2022

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1 Exercice 1 – Broadway Melody of 1940 – The Artist (2011) – 01/02/2021

J. Nacache

La dimension d’expérience est plus sensible dans des films qui mobilisent les sens et notamment les comédies musicales. La célébration du corps, de son agilité, est ce qui nous fascine et entend plonger le public dans une euphorie qui lui coupe littéralement le souffle. C’est d’abord ce qui fascine dans Broadway Melody of 1940. Le public n’est pas présent ou à peine, les danseurs, par leur légèreté et leurs costumes, sont semblables à des anges. D’ailleurs le décor à la fois luxueux et dépouillé, stylisé (espace vaste et nu, sols brillants), suggère les représentations du paradis dans les films des années 1940. Ce n’est pas un « lieu » mais une zone de liberté, où rien ne gêne les mouvements.

La synchronie parfaite de la danse procure une impression de satisfaction intense - harmonie inaccessible dans le réel : le contraire du hasard, de l’aléa : tout est

maîtrisé, mais le travail qui a précédé (et que l’on sait énorme) aboutit à l’impression d’une absence d’effort, d’autant plus que la longueur du premier plan garantit en quelque sorte que la fatigue est surmontée, qu’on est près du spectacle réel.

- même les mouvements des vêtements semblent tenus sous contrôle (en fait la jupe de la danseuse, un vêtement à la fois élégant et dans lequel on se sent à l’aise, contrairement à certaines tenues du couple Astaire Rogers, semble avoir été choisi pour cela : E. Powell ne s’embarrasse pas de froufrous !

- rencontre incroyablement gaie et harmonieuse ; on n’a pas besoin de se demander si les acteurs s’aimaient ou se détestaient dans la vie réelle. La danse dit tout ce qui importe.

- la complicité : la façon dont ils se regardent, se donnant des signes, souriants. Communication parfaite parce qu’elle passe par le corps.

- le rythme swing transforme une chanson latine un peu sirupeuse en une danse énergique, moderne. Joie de l’égalité : l’homme et la femme sont le miroir l’un de l’autre, pas de domination, on ne sait pas lequel guide l’autre

- moment où la musique s’arrête, laissant la place au seul crépitement des claquettes : les danseurs n’ont plus besoin de sons extérieurs, ils se suffisent à eux-mêmes

Broadway Melody par ailleurs n’est pas un chef d’œuvre de la comédie musicale, mais il est dans la tradition du film de « revue », qui adapte des grands shows musicaux, où ce qui compte ce sont les numéros, tandis que la partie narrative peut être plus ou moins réussie.

Grande tradition des comédies musicales de la Dépression (Warner Bros), qui étaient vraiment supposées détourner le public de la crise, et qui y arrivaient

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notamment en montrant des chorégraphies de Busby Berkeley : ensemble et harmonies des danseuses. Exemple le plus célèbre : Forty Second Street, dont nous allons reparler dans un instant.

Si à côté de Broadway Melody l’extrait de The Artist paraît « forcé », c’est que par nostalgie cinéphilique il se réfère à la partie la plus superficielle : la tentative de rejoindre le rythme, la complicité, la synchronie parfaite, la gaieté, mais SANS tout ce qui, 70 ans auparavant, formait le socle de ces valeurs. Ce qui a disparu aussi c’est le système hollywoodien dans lequel tous les acteurs devaient et pouvaient avoir des talents multiples, chant et danse notamment

Donc ce numéro où les acteurs rient presque aux éclats, la danse célèbre plutôt une fin, une disparition, la nostalgie d’un temps qu’il est impossible de récupérer par des références ou des imitations.

Quelque chose pourtant : l’impression d’effort qu’il s’agissait de faire disparaître dans le film ancien, qui apparaît ici énormément. En fait l’acharnement au travail est l’un des motifs dramatiques et éthiques du genre, où est mis en valeur le fait que le spectacle n’est pas contrairement aux apparences un amusement pour ceux qui le font, mais le résultat d’un labeur épuisant. C’est « l’idéologie du hard work », selon les termes employés par Fanny Beuré, qui rappelle les analyses de Max Weber sur la difficulté de concilier l’éthique protestante, caractérisée par une conception religieuse du travail, avec la consommation du spectacle, perçu comme une perte de temps et d’attention vis-à-vis du religieux. La comédie musicale doit donc réussir le tour de force de présenter la sphère du loisir comme désirable, sans pour autant se dérober à l’ascétisme protestant. Elle le fait en mettant en scène des artistes pour lesquels le spectacle est à la fois un travail éprouvant et leur source d’épanouissement

Référence : Fanny Beuré, That's Entertainment!: Musique, danse et représentations dans la comédie musicale hollywoodienne classique, 2019, Presses de l'université Paris-Sorbonne, collection « Monde anglophones:

Americana ».

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