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Submitted on 1 Jan 1977
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Etude de l’électromyogramme global chronique de la paroi intestinale du veau préruminant : migration des
phases d’activité régulière et relation avec le transit
C. Dardillat, Eva Marrero
To cite this version:
C. Dardillat, Eva Marrero. Etude de l’électromyogramme global chronique de la paroi intestinale du
veau préruminant : migration des phases d’activité régulière et relation avec le transit. Annales de
biologie animale, biochimie, biophysique, 1977, 17 (4), pp.523-530. �hal-00897193�
Etude de l’électromyogramme global chronique
de la paroi intestinale du
veaupréruminant : migration des phases d’activité régulière
et
relation
avecle transit
C. DARDILLAT Eva MARRERO
Station de Recherches sur l’Elevage des Ruminants, 1. N. R. A.
Theix, Saint-Gènes-Champanelle, 63110 Beaumont - France
Summary. Electromyographical analysis of preruminant calf
intestine. Relation between migrating activityfront
and transit time.The electrical activity of the small intestine of 3 conscious preruminant calves was recorded using 8 to 16 groups of
permanently implanted
electrodes ; it was then relatedto transit time.
As in
fasting dogs (Szurszewski, 1969),
fed calves showed acyclically
recurring,caudally
migrating band of intense actionpotential
activity, the activity front. This activity front lasted from 2 to 6 min., had a meanperiod
of 40 min.,migrated distally from
the duodenum to the terminal ileum in150 !
24 min.(75 measurements).
The meanvelocity
measuredat 8 successive points of the intestine was 29, 25, 20, 14, 12, 9, 8.5 and 7.5
cm/min.
Sometimes, and
especially
afterfeeding,
the activity frontmigrated only along
avariable
length
of the intestine and there was a wide variation(1
to2)
in migrationspeed
at every point.
We measured transit time
by
thelength
of timeelapsed
between the injection ofcarmin or carbon black
by
a catheter in the duodenum, and the first appearance of this marker at the ileal fistula. In all 20 experiments, the transit time(159±
42min.)
and migration time(135 !
43min.)
were more or less similar, but the relationship betweentransit and
motility
was much clearer if the time between injection and the next activityfront in the duodenum was added to migration time. The difference between these data and the transit time was
generally
less than 12 min.Feeding
did not seem to affect migration or transit time.In a diarrheic calf we observed little front activity and
only
veryirregular
migrationsalong
shortlengths
of the intestine. Transit time was abnormal,being
either shorter or longer.The transit time in small intestine of preruminant calf
depended
on the migration ofthe activity front.
Introduction.
En étudiant les
enregistrements électromyographiques
obtenus àpartir
d’élec-trodes
implantées
à différents niveaux sur l’intestingrêle
du chienéveillé,
Szurszewski!
*Adresse actuelle : Centre Nacional de Investigaciones Cientificas (CNIC) Habana, Cuba.
(1969)
a mis enévidence, pendant
lejeûne,
desphases
de forte activitéélectrique
de
pointe, apparaissant périodiquement
sur le duodénum etmigrant
lentementjusqu’à
la valvule iléocaecale. Ce
phénomène
a été confirmé par Grivel et Ruckebusch(1972)
chez de nombreuses
espèces
animales et parRuckebusch, Dardillat, Hatey (1972)
chezle veau, non seulement
pendant
lejeûne,
maisquel
que soit l’état alimentaire. Cette activité«segmentaire » (Grivel
etRuckebusch, 1972)
ou de« front »(Code
etMarlett, 1975)
ou «régulière » (Bueno,
Fioramonti etRuckebusch, 1975) s’intègre
dans uncomplexe
de 3 ou 4phases
d’activitéélectrique
d’intensité différentequi migrent parallèlement (migrating
myo electriccomplexe
ouMMC) (Code
etMarlett, 1975)
d’une durée totale de 40 mn chez le veau et indéfiniment
répétable.
Lacorrespondance
entre ces
phénomènes électriques
et lapression
endoluminale a été démontrée ycompris
chez le veau(Dardillat
etRuckebusch, 1973).
Lapremière phase,
de repos(absence
de salveélectrique) correspond
à une absence de variations depression ;
la deuxième
phase (ou
activitéirrégulière)
est caractérisée par une distributionirrégulière
de salves d’intensité variablequi correspond
à une successionde« pics »
de
pression évoquant
des ondespropulsives,
la troisièmephase (ou
activitérégulière)
est la
plus caractéristique :
elle estcomposée
d’une successionrégulière
de salvesd’intensité maximum
correspondant
à une élévation de lapression
moyenne sur-chargée
depics
depression.
Cettephase
est, soit suivie de laphase
de repos chez leveau, soit suivie d’une
phase
d’activitédécroissante,
laséparant
de laphase
de repos(Code
et Marlett chez lechien).
La
signification
de cesphénomènes
sur le transit a été abordée parradiographie (Code
etSchlegel, 1973)
ou parscintillographie (Summers
etHelm, 1974)
chez lechien. Ces auteurs montrent que les
phases
d’activitéirrégulière
etrégulière
ont unrôle
propulsif,
l’activitérégulière ayant plus particulièrement
un effet debalayage.
Chez le mouton et le
chien, Bueno, Fioramonti,
Ruckebusch(1975)
constatent par desmesures de transit de marqueur sur un
segment
intestinal que lapropulsion
du contenus’effectue
pendant
laphase
d’activitéirrégulière
etprésument
que laphase
d’activitérégulière
assure unbarrage
amont contre d’éventuels reflux. Par débitmétrie électro-magnétique,
nous avons montré chez le veau(Dardillat, 1975)
que lapropulsion
ducontenu, dans l’intestin
grêle,
était assurée au cours, et surtout vers lafin,
de laphase
d’activité
irrégulière.
Pour confirmer cette
hypothèse,
nous avonscomparé
letemps
de transit de mar-queurs colorés et le
temps
demigration
des MMC entre lepylore
et la valvule iléo- caecale chez les mêmes veaux au stadepréruminant.
Matériel et méthodes.
Sur 3 veaux mâles FFPN
âgés
de 15jours,
de 35 à 40kg,
nous avons mis enplace
16 groupes de 3
électrodes, régulièrement répartis
de l’antrum à la valvuleiléocaecale,
un cathéter sur le duodénum et une canule
simple
au niveau de l’iléon. La nature desélectrodes, la’technique opératoire
et le matérield’enregistrement
ont été décritsantérieurement
(Dardillat
etRuckebusch, 1973).
Ces veaux recevaient, à 9 h 00 et à 17 h
00,
3 de lait reconstitué. Lesenregistre-
ments
électromyographiques
ont étépoursuivis
sansinterruption pendant
environun mois et les mesures de transit ont été effectuées trois ou
quatre
fois parjour
aucours des deux dernières semaines. La
position
des électrodes a étéprécisée
à l’au-topsie.
Pour mesurer le
temps
de transitduodéno-jéjunal,
nous avonsutilisé,
soit ducarmin, soit du charbon animal. Un gramme environ de colorant était
injecté
dansun cathéter duodénal
(dispersé
dans 5 ml de sérumphysiologique)
et nous avonsobservé sa
première apparition
dans un sac fixé sur la canule iléale(le
contenu dece sac était ensuite
périodiquement
réintroduit dansl’intestin).
Grâce àl’emploi
successif de ces deux
colorants,
nous avons pu effectuer des mesures de transit àquelques
minutes d’intervalle. Des mesures ontégalement
été effectuées avec du PEG additionné à l’un des deux colorants afin de mettre en évidence d’éventuelles diffé-rences de
temps
de transit.Résultats.
Analyse
des tracésélectromyographiques.
Des ondes
lentes,
à unrythme
déterminé pour un sitedonné,
sontenregistrées
en permanence, sauf sur les 20
premiers
centimètres du duodénum(fig. 1).
Leuramplitude
est faible parrapport
aux salves depotentiel qui peuvent surcharger
lesondes
lentes ;
ceci en raison d’une constante detemps utilisée,
inférieure à0,1
s.A un niveau
quelconque
de l’intestingrêle,
on observepériodiquement (environ
toutes les 40
mn),
unephase
d’activitérégulière
durant 2 à 3 mn sur le duodénum et 6 mn, ouplus, lorsqu’on
serapproche
de la valvule iléocaecale. Cette activité est suivie d’unephase
de repos de 2 à 10 mn. Elle estprécédée
d’unephase
d’activitéirrégulière
de 20 à 30 mn(plus
brève vers lesrégions distales).
Ces 3phases qui
cons-tituent un MMC
migrent
sur toute lalongueur
de l’intestingrêle
dans 70 à 80 p. 100 des cas(fig. 2)
etatteignent
la valvule iléocaecale en150 ! 24
mn(75 mesures).
Leur vitesse de
migration
décroît de l’amont à l’aval avec uneremarquable régularité
comme le montrent les moyennes calculées à 8 niveaux
équidistants
sur l’intestingrêle : 29, 25, 20, 14, 12, 9, 8,5
et7,5 cm/mn. Cependant,
entre deux sitesdonnés,
la vitessepeut parfois
varier dusimple
au double.La succession des différentes
phases
d’activité est moinsrégulière
dans les deux heuresqui
suivent laprise
de nourriture,période
oùprédomine
l’activitéirrégulière,
en
particulier
sur la moitiéproximale
de l’intestingrêle.
Desinterruptions
demigration
avec
disparition
de laphase
d’activitérégulière,
sont observéesplus fréquemment pendant
cettepériode.
Mesure de transit et
correspondance
avec les traces EMG.Les
temps
de transit ont pu être mesurés avecprécision
parce que le colorantapparaît
au niveau de la canule iléalesoudainement,
à une forte densité. Sadispersion augmente
ensuiteprogressivement jusqu’à
la limite de détectionpendant
une dizainede minutes
(correspondant
à unephase
dedébit)
et pour un volume émis de 50 ml environ. Dansquelques
cas, des traces de colorantpersistent
encoreaprès
une demi-heure environ. Si l’on utilise les 3 marqueurs en même
temps,
lestemps
de transitmesurés à l’aide de chacun d’eux sont
identiques.
Le transit du marqueur
(fig. 3)
est sensiblementparallèle
à lamigration
de l’activitérégulière qui
suit ouprécède l’injection
du marqueur.L’apparition
dumarqueur au niveau de la canule
précède
leplus
souvent dequelques
minutes l’arri-vée de l’activité
régulière.
Lestemps
de transit lesplus longs
sont observéslorsque
lamigration
des activitésrégulières
estparticulièrement lente,
mais surtoutlorsque l’injection
du marqueur a été effectuéelongtemps
avant le passage de l’activitérégu-
lière. L’activité
régulière peut s’interrompre (cf. partie
droite de lafig. 3).
Dans ce cas,le transit est
augmenté
de l’intervallequi sépare l’injection
du colorant du passage de la deuxième activitérégulière.
Le tableau 1 montre que letemps
de transit esttrès peu différent de la somme :
temps
demigration
de l’activitérégulière
et inter-valle de
temps
entrel’injection
et le début de cette activitérégulière.
Lestemps
detransit,
parfois plus prolongés pendant
laphase postprandiale, correspondent
à unintervalle
particulièrement long
dans nos essais.Sur un des veaux,
pendant
unephase
de diarrhéespontanée,
les MMC ont ététrès
irréguliers
et leurpropagation impossible
à reconnaître. Lestemps
de transitont été alors très anormaux,
augmentés
ou diminués selon lesjours.
Discussion.
La
migration
des MMC sur l’intestingrêle
est actuellement unphénomène
bienadmis ; cependant,
laprogression
de cesphases
sur la totalité de l’intestingrêle
d’un
préruminant (c’est-à-dire
surprès
de 20 m sur nosanimaux)
estplus
difficile à observer que sur l’intestin du chienbeaucoup plus
court. Onpourrait
penser que le nombre élevé d’électrodes nécessaires(16 groupes)
et laprésence
d’une canule iléale entraînent une irritation dupéritoine qui
favorise lesirrégularités
observéeschez le veau par
rapport
àl’organisation remarquable
décrite par Code et Marlett chez le chien(1975). Cependant,
sur unevingtaine
de veaux étudiésaprès
une inter-vention
chirurgicale beaucoup
moins traumatisante(6
à 8 groupes d’électrodes seu-lement),
les mêmesirrégularités électriques
ont pu être observées. Cesirrégularités
sont surtout
présentes pendant
laphase digestive (fig. 2),
alors que les observations de Code sont effectuéesobligatoirement
sur le chien àjeun.
Dans les études de transit, le choix du marqueur est considéré comme essentiel.
On sait en effet que deux marqueurs
différents,
transitent à des vitesses différentes.De
plus,
lesexpériences
relatives à la mesure du transit sont réalisées sur l’ensemble du tubedigestif qui comprend
des réservoirs(estomac, caecum)
danslesquels
le colo-rant ne se
disperse
pastoujours
defaçon homogène.
Al’opposé,
l’intestingrêle
duveau
qui
ne contientjamais qu’une
faiblequantité
dedigesta (moins
d’un litre pour 20 m delong)
de natureliquide
ethomogène explique
nos observations selon les-quelles
tous les marqueurs transiteraient à la même vitesse.La
correspondance
entre letemps
de transit et letemps
demigration
des activitésrégulières
est un résultat satisfaisant et s’accordeparfaitement
avec les observations de différents auteurs, attribuant un rôlepropulsif
à l’activitéirrégulière,
un rôle debalayage
à l’activitérégulière
et une absence de débitpendant
laphase
de repos.Mais,
il estsurprenant
que chez le chien àjeun,
letemps
de transit soitbeaucoup plus
court que letemps
demigration
des activitésrégulières (Bueno,
Fioramonti etRuckebusch, 1975).
Dans cetteespèce,
ledépart
de l’activitérégulière
coïncideplus
ou moins avec l’arrivée à la valvule iléocaecale de l’activité
régulière précédente,
alors que chez le veau, trois activités
régulières
sont observées simultanément à trois niveaux de l’intestin(fig. 2).
Si lapropulsion
s’effectuependant
laphase
d’activitéirrégulière,
nosgraphiques
sur veaux sains montrent que la vitesse de transit est déterminée avec de faiblespossibilités
de variations, en raison de lafréquence
desactivités
régulières.
Il en est tout autrement chez le chien où cetteorganisation
motricen’impose
aucune limite maximum à la vitesse de transit, mais seulement une limiteinférieure.
Les observations effectuées
pendant
une diarrhée où l’on observe simultanémentune
désorganisation
desphénomènes
moteurs et des transits anormaux(diminués
ouaugmentés)
autorisentégalement l’hypothèse
selonlaquelle l’organisation
de lamotricité en MMC déterminerait chez le veau le
temps
de transit dans l’intestingrêle.
Commission CNERNA Digestion-Absorption, Tours, 13 novembre 1976.
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