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S'amuser avec les enfants quand leurs mères font des courses !

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Academic year: 2022

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S'amuser avec les enfants quand leurs mères font des courses !

BRONCKART, Jean-Paul

BRONCKART, Jean-Paul. S'amuser avec les enfants quand leurs mères font des courses ! In:

Yolande Hauser. Traceurs de chemin : parcours d'une pédagogue de la petite enfance . Genève : Editions de la HES-SO, 2018. p. 13-14

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:109918

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12 | T r a c e u r s d e c h e m i n T e X T e s L i m i n a i r e s : i n V i TaT i o n s a u V oYa G e | 13

S ’AM u S E R AvEC lES E NFANTS QuAND lEu RS M è RES FONT lES COu RS ES !*

C’est par cette formule que la jeune yo désignait le métier qu’elle espé- rait embrasser ; ce qu’elle fit un peu plus tard et pour une vie, cheminant du rêve prémonitoire, éduquant et guidant de riantes chaussures, à la création et à la gestion d’une originale version du jardin d’enfants, « le Chat botté », puis à l’épa- nouissement créatif au sein de celui de « la Pomme » ; et cela en un mouvement ayant progressivement identifié son sens et sa pédagogie propres.

l’itinéraire professionnel et personnel que nous propose ici yolande Hauser est re-construit selon un procédé inspiré des principes pédagogiques qui n’ont cessé de guider son parcours d’éducatrice de la petite enfance : don- ner à voir, entendre et ressentir une foule de très concrets moments de vie, accumuler les épisodes dans leur narrative fraîcheur en prenant soin de ne pas en précipiter l’interprétation, et laisser de la sorte le lecteur reconstruire à son rythme et avec sa propre sensibilité les lignes de force d’un long cheminement professionnel ainsi que les horizons auxquels elles aspirent.

« S’amuser avec les enfants » peut-être parfois, mais d’abord « amuser les enfants », dans la dimension profonde de cette démarche, qui implique la construction d’un cadre de vie dans lequel ils pourraient sereinement déployer leur dynamisme créateur.

Et surtout se donner les moyens – et le temps – d’observer et de comprendre le sens de leurs activités, de leurs regards, de leurs propos, en une approche qui prolonge et complète celle qu’avaient promue à leur manière la plupart des pédagogues modernistes et des psychologues de l’enfant, de Montessori à Freinet, ou de vygotski à Piaget : rendre justice aux modes de pensée et de faire spécifiques des enfants, et fonder sur cette base, plutôt que sur des schémas théoriques ou didactiques, toutes les formes d’intervention d’apprentissage et d’éducation.

l’histoire qui nous est « contée » laisse souvent en filigrane l’engagement de plus en plus ferme de l’auteure dans cette démarche de « libération de la parole par la libération du geste » fondée par Madeleine Dunoyer de Segonzac, qui vise particulièrement à mobiliser le rythme et les dimensions sémiotiques de la gestualité pour favoriser le développement sémiotique proprement verbal. Et cette discrète pudeur a deux effets particulièrement heureux.

Elle permet d’abord au récit de mettre en évidence les spectaculaires progrès réalisés depuis un demi-siècle dans le domaine des soins éducatifs à la enfance sont encore peu nombreuses et la pédagogie du jeune enfant est en-

core peu formalisée. C’est le temps des pionnières, caractérisé par le passage de l’hygiénisme aux premiers développements de l’éducation préscolaire. C’est le début d’un mouvement de fond qui va transformer radicalement la signifi- cation sociale et la pédagogie de la prise en charge extra-familiale des jeunes enfants : aujourd’hui, plus d’un enfant non encore scolarisé sur trois fréquente régulièrement une crèche, une garderie ou un jardin d’enfants, contre un sur vingt en 1964. Et si le travail éducatif en institution a pu atteindre le niveau de professionnalisation qui est le sien aujourd’hui, c’est bien à ces pionnières de la prime éducation qu’on le doit, à leur enthousiasme, et à leur engagement et à la qualité de leur action.

le lecteur qui aura suivi yolande Hauser dans les différents épisodes de son récit aura pu pleinement réaliser que la jardinière d’enfants du début des années 1960, qui pouvait être considérée comme une personne qui s’amuse avec les enfants, est devenue une véritable pédagogue inspirée par l’écoute et l’obser- vation des enfants dont elle avait la charge, mais aussi une artiste accomplie de la prime éducation, transformant au cours du temps « cet amusement en un véri- table travail qui demande beaucoup d’investissement et implique de sérieuses responsabilités ».

Merci à yolande Hauser pour ce témoignage humaniste et l’enseigne- ment dynamique qu’il fournira en particulier aux jeunes professionnel-le-s de la petite enfance.

* par Jean-Paul Bronckart, professeur hono- raire à l’univer- sité de Genève

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14 | T r a c e u r s d e c h e m i n T e X T e s L i m i n a i r e s : i n V i TaT i o n s a u V oYa G e | 15

Qu E lQu ES POINTS DE RE Pè RE*

yolande Hauser livre ici un récit rare et savoureux, celui d’une éduca- trice de la petite enfance qui a été témoin de la naissance et de la profession- nalisation de son métier. Au fur et à mesure des chapitres, elle nous offre des photographies d’une époque, la seconde moitié du xxIe siècle, qui a vu se déve- lopper des lieux d’accueil pour les tout jeunes enfants et, partant, la définition d’une profession et des projets éducatifs et pédagogiques y afférents.

D’une manière empirique et en recherche permanente, l’auteure a construit une posture professionnelle affirmée, claire et engagée dont les fonda- mentaux se retrouvent aujourd’hui théorisés dans différents courants éducatifs en général et dans celui de l’éducation nouvelle en particulier.

En suivant les pas de yolande depuis son enfance jusqu’au climax de son parcours professionnel, les lecteurs deviennent les témoins privilégiés de la construction d’une posture pédagogique qui s’appuie sur des valeurs fortes qui évoquent bien, à l’image de la définition de vellas (2008) – dans les pas de Durkheim –, que la pédagogie est une « théorie pratique ».

le récit s’ouvre donc sur l’enfance de l’auteure afin de montrer à quel point les premiers âges sont le terreau d’influences qui vont nous marquer une vie durant. le style du livre est avant tout celui d’un journal, un journal de ter- rain, à la manière d’une anthropologue du monde de la petite enfance qui a observé, vécu et recueilli une multitude d’exemples des réalités du « vivre en- semble entre petits d’hommes » pour mieux ensuite pouvoir les penser.

Ce journal est par ailleurs rythmé par des inserts analytiques sous forme d’encadrés, qui sont autant d’arrêts sur image au fil de l’histoire. Ces en- carts sont le résultat d’un dialogue entre deux pédagogues, yolande et votre serviteur, échanges qui permettent de cristalliser la réflexion à partir de toute la richesse du récit. Ainsi, ces pauses réflexives explicitent les ferments d’une identité professionnelle dont les graines se nichent dans toutes les situations que l’auteure nous relate.

Ces ouvertures analytiques, à partir du foisonnement des illustrations écrites, permettent une montée en généralisation par rapport aux enjeux tou- jours actuels de la constitution d’une posture pédagogique. Ainsi, les futures éducatrices comme les collègues sur le terrain et/ou en formation continue pourront y trouver matière à réflexion et débat pour mieux construire, définir, expliciter, affirmer et mettre en « je » (Meirieu, 1996) la singularité de leur pro- fessionnalité au service des enfants d’aujourd’hui et de demain.

petite enfance et, sur ce point, la relation de la première expérience « profes- sionnelle » de yo est tout aussi poignante que révélatrice.

Elle fait apparaître tout autant la redoutable complexité du mé- tier d’éducateur-trice de la petite enfance qui, par-delà les contraintes et nécessités de tous ordres ayant trait à l’organisation et la gestion d’une ins- titution adaptée, par-delà la subtile diplomatie que requièrent les relations avec l’environnement socio-politique et les familles, se doit de demeurer ten- due envers et contre tout vers la réalisation de ce simple et somptueux ob- jectif qu’est l’aide à l’éclosion et au développement de personnes véritables.

* par Stéphane Michaud, pédagogue et enseignant à la Haute école de travail social de Genève

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