Congrès de la Société suisse de société de sociologie
« Identité et transformations des modes de vie » Genève, 7-9 septembre 2009
« Sport et identité : mutations, pluralisme et/ou multiculturalisme » Atelier proposé par le comité de recherche « Sociologie du sport »
Le sport véhicule des représentations et des processus identitaires marqués par le contexte culturel, social, politique et géographique ainsi que par les innovations de son époque. En 1964, dans le journal la Semaine sportive, la motorisation des Suisse romands se démarque de l’utilisation toujours en progression du vélo en Suisse allemande :
« … il n’y a eu, à l’Expo, qu’une bonne chambrée de trois à quatre mille spectateurs pour accueillir les rescapés (du Tour de Suisse). Nous pensons que cela provient d’une différence d’optique entre le public d’outre-Sarine, pour qui le Tour de Suisse représente quelle que soit la participation, la plus grande manifestation cycliste du pays, et celui de Romandiequi juge notre boucle nationale uniquement selon la valeur des champions qu’elle réunit. De plus, une victoire suisse a plus de résonance sur les bords du Rhin que sur ceux du Léman, la bicyclette étant encore beaucoup plus utilisée là-bas qu’ici où le moteur est de plus en plus roi. Car il ne faut pas oublier que dans les cantons de Genève, Vaud, Neuchâtel, Fribourg et Valais, le nombre des vélos en circulation a baissé de 63000 en dix ans alors qu’il a augmenté de 40000 pour les cantons de Berne, Argovie, St-Gall, Thurgovie et Bâle-Campagne dans le même laps de temps ! » (Semaine Sportive, mardi 23 juin 1964)
Ces chiffres révèlent-ils un penchant pour la modernité pour les uns et une sensibilité
« écologique » avant l’heure pour les autres que l’on retrouverait plus ou moins actuellement (Stamm et Lamprecht 2008) ? Que dire de ces continuités et discontinuités des identités qui traversent l’histoire et dont le sport se trouve être un observatoire particulièrement éclairant de la modernisation des sociétés ?
De l’identité du sportsmen anglais incarnant l’individu moderne, démocratique et aristocrate du début du XXème siècle à l’état d’esprit des free rider marqué par la recherche de sensations ludiques, de plaisir ou d’extrême, en passant par les motivations hygiéniques ou esthétiques de la clientèle des centres de la forme et de santé, sans oublier les penchants surhumains des derniers AGM (athlètes génétiquement modifié), le sport au sens large regroupe des modèles d’identification variés.
Le sport et ses évolutions dans ses multiples directions ne reflètent-ils pas la diversité actuelle des identités ? L’analyse sociohistorique de l’évolution des pratiques concourt à l’observation des transformations des modes de vie. Si le modèle du sport de performance s’est étendu à la société en général, ses effets déliquescents ont maintes fois été mis en exergue. La suspension en 2007 de la transmission du Tour de France par les chaînes de télévision publiques allemandes ARD et ZDF, suite à l'annonce du contrôle positif à la testostérone de l'Allemand Patrick Sinkewitz a marqué publiquement un désaccord avec le dépassement des performances envers et contre tout. Au-delà des mesures que les organisateurs économiques et les institutions mettent en place pour ramener la confiance des investisseurs, qu’en est-il de la réalité actuelle du processus d’identification du public ? Si les caractéristiques sportives sont répandues au quotidien dans les modes de vie (vêtements sportifs, rendement professionnel, performance domestique, etc.), la question de leur valeur identitaire reste à approfondir.
Simple apparat de mode, injonction sociale (sport comme miroir du capitalisme) ou véritable revendication identitaire ?
La question de l’identité sportive qui a fait l’objet de recherches déjà anciennes en sciences sociales avec les notions de distinction (Bourdieu 1979) et de système des sports (Pociello 1981) recouvre une nouvelle actualité à l’aube des mutations de ce troisième millénaire.
Le but de ce panel est de proposer un espace d’échange entre les sociologues du sport ou d’autres disciplines sur la question de l’évolution de l’identité et du sport. Les contributions peuvent s’inspirer des thèmes suivants :
Identités sportives locales, nationales et supranationales: les analyses comparatives des phénomènes d’identification devraient permettre de saisir les similitudes et les particularismes des divers systèmes culturels sportifs dans une approche sociohistorique.
Processus d’identification nationale ; influence du fonctionnement supranational et global du sport sur les identités : influences culturelles linguistiques…
Pluralisme du sport : crise du sport moderne ; identités sportives en mutation ; diversité des modèles identitaires du sport ; nouvelles pratiques identitaires en lien avec l’activité corporelle
Sport en Suisse : toutes contributions s’intéressant aux identités sportives en Suisse sont bienvenues, afin de stimuler la recherche dans ce domaine en friche.
Les propositions de communication peuvent être soumises jusqu’au 30 avril 2009 aux organisateurs de l’atelier (voir contact ci-dessous). Les propositions (250 mots maximum) doivent être soumises en utilisant le fichier ‘proposition_atelier_SSS09.doc’ (disponible sur www.socio09.org). Les propositions peuvent être faites en français, allemand et anglais. Les organisateurs informeront les auteurs de leur décision jusqu’au 15 mai 2009.
Monica Aceti Christophe Jaccoud Hanspeter Stamm
Université de Fribourg Université de Neuchâtel Zürich monica.aceti@unifr.ch Christophe.Jaccoud@unine.ch