A NNALES DE L ’I. H. P., SECTION A
M. F ERRARIS
M. F RANCAVIGLIA
C. R EINA
Sur les fibrés d’objets géométriques et leurs applications physiques
Annales de l’I. H. P., section A, tome 38, n
o4 (1983), p. 371-383
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371
Sur les fibrés d’objets géométriques
et leurs applications physiques
M. FERRARIS et M. FRANCAVIGLIA
C. REINA
Istituto di Fisica Matematica « J.-L. Lagrange », via C. Alberto n. 10, 10123 Torino, Italie
Istituto di Fisica, Università di Milano, via Celoria n. 16, 20133 Milano, Italie Poincaré,
Vol. XXXVIII, n° 4, 1983, Physique ’ théorique. ’
RÉSUMÉ. Dans le cadre de la
géométrie
des espacesfibres,
on donneune méthode
explicite
pour construire le relèvement dedifféomorphismes
locaux de la variété de base à des fibres
d’objets géométriques.
A titred’exemple,
on étudie en détail les théoriesde jauge
de groupeU(l)
pourl’électromagnétisme.
ABSTRACT. - An
explicit
method to construct thelifting
of local diffeo-morphisms
of the base manifold to bundles ofgéométrie objects
isgiven
within the framework of the geometry of fiber bundles. As an
example, U(l)
gauge théories ofelectromagnetism
are studied in détail.1. INTRODUCTION
Les fibrés
d’objets géométriques
ont trouvébeaucoup d’applications
dans de nombreux travaux récents de
Physique Mathématique.
Enparti- culier,
nousrappelons
ici le travail fondamental de D.Krupka
et A. Traut-man
[1 ] sur
l’invariancegénérale
dans le calcul desvariations,
les travaux suivants de D.Krupka [2]- [11] sur
la théorie des invariants différentielset ses
applications
aux théories dechamps relativistes,
le travail de J. F. Pom-Annales de l’Institut Henri Poincaré-Section A-Vol. XXXVIII, 0020-2339/1983/371/S 5,00/
(6) Gauthier-Villars
372 M. FERRARIS, M. FRANCAVIGLIA ET C. REINA
maret
[72] sur
lessystèmes d’équations
aux dérivéespartielles
et lespseudo-
groupes de
Lie,
le travail de J.Kijowski
et W. M.Tulczyjew [13] sur
lestenseurs
d’impulsion-énergie
et de tension dans les théories deschamps,
les travaux de M.
Modugno [7~]-[7d] ]
sur les connexionsgénéralisées
et leur rôle dans les théories
physiques
et,enfin,
notre travail[77] sur
lesthéories relativistes de la
gravitation.
La raison de cet intérêt pour les
objets géométriques
est due au faitqu’ils généralisent
d’unefaçon
convenable les tenseurs etqu’ils
permettent ainsi d’introduireintrinsèquement
une notion de covariancegénérale qui
est très fructueuse dans lesapplications physiques.
Au niveauintuitif,
les
objets géométriques
sont grosso modo desobjets
définis sur une variétédifférentielle
M,
dont on connaît la loi de transformation par unchange-
ment arbitraire de coordonnées locales dans M. Les tenseurs sont naturel- lement des
objets géométriques,
mais on saitqu’il
existe desobjets plus généraux (par exemple,
les connexionslinéaires) qui
font intervenir dans leur loi de transformation les dérivéespartielles
d’ordresupérieur
deschangements
de coordonnées locales. Une définitionrigoureuse
et intrin-sèque
desobjets géométriques
a été donnée par J.Haantjes
et G. Laman[18 ] [19 ], qui
ontperfectionné
les travaux antérieurs de J. A. Schouten et J. Haant-jes [20 ].
Une formulation alternative etplus élégante,
basée sur la notionde
prolongement
d’un fibré différentiable introduite par C. Ehresmann[21 ]- [25 ],
a étédéveloppée
par N. H.Kuiper
et K. Yano[26 ].
Une méthodeencore
plus générale,
basée sur despropriétés fonctorielles,
a été récemmentdéveloppée
par S. Salvioli[27 ], qui
agénéralisé
les résultatsprécédents
de A.
Nijenhuis [28 ].
Dans cette
Note,
nous nous proposons dereprendre
laquestion, parti-
culièrement en vue de ses
applications
à laPhysique Mathématique.
Ondonnera ici une méthode directe
qui adapte
les définitions deHaantjes
et Laman au
langage
moderne de lagéométrie
des fibres différentiels.Notre méthode est essentiellement
équivalente
à la formulation donnée parKuiper
etYano,
mais elle sedistingue
de cette dernière parl’emploi systématique
que nous faisons desjets
d’ordre fini et par une définitionplus
intuitive des fonctions de transition pour les fibres
d’objets géométriques.
Nous trouverons ainsi une classe
d’objets géométriques qui
sembleplus
restreinte que celle définie dans
[2~] et [27 ], mais,
comme il a été démontrépar R. Palais et C.-L.
Terng
dans[29 ],
cette classe contient tous les fibresd’objets géométriques qui
ont desapplications
enphysique.
D’autre part,nous obtiendrons une méthode constructive
qui
permet de construire defaçon explicite
les foncteurs de relèvement pour lesdifféomorphismes
locaux de la variété de base et, par
conséquent,
de donnerl’expression explicite
pour la dérivée de Lie d’unchamp d’objets géométriques.
Les résultats
mathématiques présentés
dans cette Note ont étédéveloppés plus
en détail dans[30 ].
Dans cetteNote,
nousrappellerons
defaçon schématique
la méthodeprésentée
dans[:?] ]
et nous étudieronsplus
enPoincaré-Section A
détail la notion
d’équivalence entre fibrés d’objets géométriques
et unexemple
concret
d’application physique
où la notiond’équivalence joue
un rôleessentiel. Dans cet
exemple,
le groupe structural est le groupe unitaireU(l) qui opère
comme groupe dejauge
dans une théorie unitaire duchamp
degravitation
et duchamp électromagnétique
récemmentdéveloppée
par M. Ferraris et J.Kijowski [31I.
Enparticulier,
on montrera que à cer- tains fibresprincipaux
de groupe structuralU(l), qui
sont aussi des fibrésd’objets géométriques
surl’espace-temps
etqui
ne sont paséquivalents
entre eux comme fibrés
d’objets géométriques, correspond
unepossible
caractérisation
géométrique
de lacharge électrique.
Nos résultats convergent avec ceux de M. Flato et A. Lichnerowicz[~2] ] qui
corres-pondent
à uneapproche
purementcohomologique.
2.
DÉFINITIONS
ET NOTATIONSNous
rappelons
iciquelques
définitionsqui
seront nécessaires dans la suite.Un fibré (différentiable)
avec groupe structural G au-dessus d’une variété différentielle M est unequintuple B ~ (B, M, 7c ; F, G)
où : B(la
variététotale)
et F(la fibre type)
sont des variétés différentielles de classeCoo,
G
(le
groupestructural)
est un groupe de Liequi opère
différentiablementet fidèlement à
gauche
sur F et 7r : B -~ M(la projection)
est une submer-sion de classe
qui
vérifie les conditions suivantes :i )
il existe un recouvrement ouvert(Ua)
deM,
et pourchaque
indice ocil existe un
difféomorphisme Ua
x F(la
trivialisation locale au-dessus deUa)
tel que lediagramme
soit
commutatif ;
v«ii)
pour toutecouple
d’indices(et, [3)
tels queU03B103B2
=Ua
n0,
il existe une
application G,
de classe tellequ’on
ait :(03C603B1 o 03C6-103B2)(p, f) = (p, m03B103B2(p).f),
pourchaque p ~ U03B103B2
etchaque f E F.
Remarquons
que lesapplications
m«~(les
fonctions detransition)
défi-nissent un
cocycle
surM,
à valeurs dans le faisceau des germes des fonc- tions différentiables locales de M dans G.Un
G-fibré principal
sur M est un fibre au-dessus deM,
avec groupe structuralG,
où la fibre type coïncide avec le groupe structural G et l’action de G sur lui-même est l’action naturelle par translations àgauche.
Pourchaque
G-fibréprincipal P == (P, M, 7c ; G)
surM,
le groupe structural GVol. XXXVIII, n° 4-1983.
374 M. FERRARIS, M. FRANCAVIGLIA ET C. REINA
opère
différentiablement et librement à droite sur la variété totale P par l’actioncanonique
P x G -+ P induite par les translations à droite de G dans lui-même.Soient P =
(P, M, 1t; G)
un G-fibréprincipal
surM,
F une variété diffé- rentielle et p : G -+ Diff(F)
unhomomorphisme
de groupes tel quel’application
G xF ~ (g, f ) H p(g)(f) E F
soit de classe En compo- santl’homomorphisme
p avec les fonctions de transition on peut définir un fibre(B, M,
7~ ;p(G), F)
sur Mqu’on appelle fibré
desobjets
de type p associé à P. La variété totale B de ce fibre est
canoniquement difféomorphe
à la variétéquotient
Px p F
de la variétéproduit
P x Fpar l’action à droite de G définie par
Le fibré des
objets
de type p associé à P seraindiqué
paroù P x p F ~ M est la
projection canonique.
On dit que le fibre P x p F est unfibré
trivial si on ap(G) = {Mp} ?
dans ce cas lavariété totale est la variété
produit
M x F.Remarquons
quechaque
fibré B ~(B, M, 7r ; G,- F)
de groupe structu- ral G sur une variété M peut êtrepensé
comme fibred’objets
associé à uncertain fibre
principal
sur M. Eneffet,
si P --_(P, M, 03C0 ; G)
est le fibreprincipal
sur M ayant les mêmes fonctions de transition queB,
le fibred’objets
cherché sera leDiff (F)
dénote l’homo-morphisme
associé à l’action àgauche
de G sur F.Soient P =
(P, M, 71: ; G)
et P’ =(P’, M, 7r’ ; G’)
deux fibresprincipaux
au-dessus de la même variété M. On dit que
(C, ~p)
est unmorphisme de fibrés principaux
sur M si :(i )
C : P ~ P’ est uneapplication
de classe Cootelle que ~c’ ~ 1> = 7~,
(n) ~ :
G ~ G’ est unhomomorphisme
de groupes deLie, (iii)
lesapplications
cp et 03A6 vérifient la conditionpour
chaque (p, g)
E P x G. On dira que lemorphisme (C, ~) : ~
-~ [?’est un
isomorphisme
de fibresprincipaux
sur M si lesapplications 1>
et ~p sont desdifféomorphismes. Étant
donné unmorphisme (0, 03C6):
P ~P’, l’application 03A6
estinjective (resp. surjective)
si et seulement si l’homo-morphisme
~p estinjectif (resp. surjectif). Lorsque
G = G’ et l’homo-morphisme
03C6 estl’identité,
on dirasimplement que 03A6
est unisomorphisme
de fibres
principaux,
de groupe structuralG,
sur M.Soient P ~
(P, M,
03C0 ;G),
P’ =(P’, M, 03C0’ ; G’)
deux fibresprincipaux
sur la même variété
M,
et soientdeux fibrés
d’objets
associésrespectivement
et à )P’.Étant
donnésun
morphisme (1>, ~p) :
P ~ P’ et uneapplication ~ :
F -~ F’ telle que= pour tout
(g,f) E G
xF,
il existe uneapplication
Annales de l’Institut Henri Poincaré-Section A
GÉOMÉTRIQUES
~P : P x p F -~ P’ F’ et une seule telle que ~cF- ~ B}J = 1tF et que le
diagramme
où ~cp et sont les
projections canoniques,
soit commutatif. Lacouple (03A8,03C8) prend
le nom demorphisme de fibrés d’objets,
au-dessus de(0, 03C6).
Étant
donné unmorphisme (03A8,03C8)
de fibresd’objets, l’application 03A8
estinjective (resp. surjective)
si et seulement sil’application 03C8
estinjective (resp. surjective).
Si(~P,
est unmorphisme
de fibrésd’objets
tel quel’application 03C8
soit undifféomorphisme,
et donc 03A8aussi,
on dira que(03A8, 03C8)
est un
isomorphisme de fibrés d’objets
au-dessus de(C, Lorsque
et
(0, ~p)
estl’isomorphisme (idp, idG),
on dirasimplement
que(~P,
estun
morphisme,
ou unisomorphisme,
de fibrésd’objets
associés au fibreprincipal
!P.Remarquons
que(~F,
est unisomorphisme
de fibresd’objets
associés à fP si et seulement si on a
p’( g) _ ~
op(g)
o pour tout g EG ;
ou, en d’autres termes, si et seulement si les deux
représentations
p etp’
sont
équivalentes.
3. FIBRES D’OBJETS
GÉOMÉTRIQUES
Dans cette section nous allons
présenter
les notions fondamentales de la théorie desobjets géométriques
à l’aide d’une formulationqui,
commeon a dit dans l’introduction, est très
proche
de celle deKuiper
et Yano[26 ].
Soit maintenant
P0(Rn; Rn)
lepseudo-groupe
formé par toutes lesappli- cations 03C8 :
U -+ définies dans unvoisinage
ouvert U de0
EI»n,
telles que = 0 et que
l’application
linéaire !R" -+ [R" soitinversible. Nous
indiquons
parGk(n; /R)
l’ensemble desjets
d’ordre k(en 0)
des éléments de~o(~" ~ ~").
L’ensembleGk(n; [R)
est un groupe de Lie par la loi o~2).
Il y a unisomorphisme canonique
entre le groupe de LieG1(n ; [R)
et le groupe linéairegénéral Gl(n ; [R).
Soient M une variété de dimension n,
~ = {(U~,
un atlas pour Met =
~p~ 1 :
n -> nUa)
leschangements
de coor-données locales associées à ~. Pour
chaque
etchaque p E Ua n U~,
nous définissons une fonction
~a~(p)
E~o(~" ~
à l’aide de la formule= +
cp~(p) ] -
pour tous les tels quex +
03C603B2(p) ~ 03C603B2(U03B1 ~ U03B2).
Lesapplications 03A6k03B103B2 : Ua
nUa
-+Gk(n ; [R)
défi-4-1983.
376 M. FERRARIS, M. FRANCAVIGLIA ET C. REINA
nies par
~â~( p) ==./"[~~(~)] J
sont de classe et forment uncocycle
àvaleurs dans le groupe
Gk( n ; [R).
Lorsque
G cDiff(F)
est un groupe de Liequi opère
différentiablementet fidèlement à
gauche
sur une variété F et p :Gk(n ; [R)
-i G est un homo-morphisme
de groupes deLie,
les fonctionscomposées
ma~ = p ~~â~ :
U03B1 ~ U03B2 ~
G nous donnent les fonctions de transition pour un fibresur M. Ce fibre est
indiqué
par(B, M,
7r ;F, G ;
p,k)
et onl’appelle fibré
des
objets géométriques de
type p et d’ordre k sur la variété M.Soit
~o((~" ; M)
l’ensemble desapplications
l : U -~M,
définies dansun
voisinage
ouvert U de0
E tR" telles que t soit undifféomorphisme
de Udans le sous-ensemble ouvert
t(U)
de M. L’ensembleLk(M)
desjets
d’ordre k(en 0
E des éléments deM)
est doué d’une structure naturellede fibre
principal
sur M(le fibré des k-repères
dansM)
ayantGk(n; [R)
comme groupe structural et r---+
t(o)
pourprojection.
Eneffet,
le fibre
principal Lk(M)
coïncide avec le fibre sur M ayant les commefonctions de transition. L’action
canonique
à droite deGk(n ; IR)
surLk(M)
est l’action définie par pour tout
jk(l) E Lk(M)
etOn démontre aisément que
chaque
fibred’objets géométriques
de type p et d’ordre k est le fibreLk(M)
x P F desobjets
de type p associé au fibreprincipal Lk(M)
au moyen del’homomorphisme p : (R)
~ G cDiff (F).
On dit alors
qu’un
fibred’objets géométriques
d’ordre k estun fibré d’objets géométriques
trivial s’il est un fibre trivial comme fibred’objets
associéà
Lk(M).
Étant
donnés deux nombres entiers h et k tels que 0~ ~ ~
soit~h,k :
L h(M) l’application surjective
de classe Coo définie paret soit ~
l’homomorphisme
surjcctif
de groupes de Lie défini par=/’(~
où onadopte
la convention que pour tout nombre
entier k,
~~~k et sont lesapplica-
tions
identiques.
Chacune descouples
est unmorphisme
sur-jectif
de fibresprincipaux
sur Mqu’on appelle morphisme canonique
deLk(M)
surL h(M).
Toutes les foisqu’on parlera
demorphismes
ou iso-morphismes
entre fibresd’objets géométriques
on sous-entendqu’il s’agit
de
morphismes
au-dessus d’un desmorphismes canoniques.
On donnera dans la suite
quelques exemples
de fibresd’objets géomé- triques
d’ordre 1 et 2 ; pour les détails nous renvoyons à[30 ].
EXEMPLE 1. -
Lorsque
V est un espace vectoriel de dimension finieet p :
G1(n ; tR)
~GI(V)
est unereprésentation
linéaire deG1(n ; IR)
dansV,
le fibre x P V est un fibre vectoriel
d’objets géométriques
sur M.En
particulier, lorsque
p est leproduit
tensoriel de lapuissance
tensoriellep-ème
de lareprésentation
fondamentale deG 1 (n ; [R)
dans etde la
puissance
tensorielleq-ème
de sareprésentation duale,
le fibreL 1 (M) x p V
coïncide avec le fibre tensoriel En composant lesAnnales de l’Institut Henri Poincaré-Section A
GÉOMÉTRIQUES
représentations
tensorielles avec lespuissances
tensorielles de l’homo-morphisme A:G!(~;~)3~ )2014~
ou de son dualon obtient tous les fibres de densités tensorielles sur M.
EXEMPLE 2. - Soit
l’espace
des tenseurs une fois contravariantset deux fois covariants sur
l’espace
vectoriel [R" et soitl’homomorphisme
défini parpour tout où sont les coordonnées
canoniques
dansG2(n ; R)
etY03B103B2
sont les coordonnéescanoniques
dansL’action ainsi définie est une action affine et le fibre
d’objets L2(M)
coïncide avec le fibre des connexions linéaires sur la variétéM, qui
est donc un fibre affined’objets géométriques
d’ordre 2.Lorsqu’on
considère la restriction de l’action définie ci-dessus au sous-espace invariant (x) des tenseurs
symétriques
surf~n,
on obtient le fibre des connexions linéaires sans torsion sur M.
EXEMPLE 3. - Considérons maintenant
l’homomorphisme
induit par la trace de l’action del’exemple précédent. C’est-à-dire,
considérons l’homo-morphisme p : G2(n ; I~) H ]
défini parpour tout
(g, t)EG2(n; [R)
xT~(~),
où sont les coordonnées cano-niques
dansG2(n ; M)
etA~
sont les coordonnéescanoniques
dansOn voit alors que le fibre
L2(M)
x j,d’objets géométriques
d’ordre 2ainsi
défini,
coïncide avec le fibré des connexions linéaires sur le fibré vectorielAnT(M).
EXEMPLE 4. - Un autre
exemple d’objets géométriques
d’ordre 2qui
ont des
applications
engéométrie
et enphysique
estreprésenté
par les classesd’équivalence projective
de connexions ou,plus simplement,
par les connexionsprojectives.
Le fibred’objets géométriques
des connexionsprojectives
sur une variété M est défini comme le fibréd’objets
associéà
L2(M)
au moyen del’homomorphisme p* : G2(n ; R) ~
Diffoù
S2((~n)
c 0S~")
est le sous-espace des tenseurs à tracenulle,
défini parVol.
378 M. FERRARIS, M. FRANCAVIGLIA ET C. REINA
pour tout
(g, t) ~ G2(n ; R)
x oùZ03B103B2
sont les coordonnées cano-niques
dansDans la Section 5 on donnera des
exemples
de fibresd’objets géomé- triques
d’ordre1, qui
sont aussi des fibresprincipaux
de groupe structu- ralU(l)
surl’espace-temps.
4.
RELÈVEMENTS
ETDÉRIVÉE
DE LIENous sommes alors ramenés à construire
explicitement
les foncteurs covariantsqui
relèvent lesdifféomorphismes
locaux de la variété de base M àisomorphismes
locaux de fibresd’objets géométriques
sur M. La cons-truction
qui
seraprésentée ici,
etqui
est très intéressante pour lesappli- cations,
a étésuggérée
par des idéesanalogues développées
parKrupka
dans
[10 ],
où nous renvoyons pour deplus amples
détails.Soit 0 : X ~ Y un
difféomorphisme
entre deux ouverts X et Y de lavariété M. Le
difféomorphisme
local 0 se relève defaçon
naturelle à undifféomorphisme Lk(X)
~Lk(Y)
entre les sous-fibres ouvertset du fibre
Lk(M).
Le relèvementcanonique
est donné parpour
chaque élément/()
ELk(X).
On vérifie aisément queLk
est un fonc- teur covariant.Pour étendre cette définition à un fibre
quelconque Lk(M)
x P Fd’objets géométriques,
detype
p etd’ordre k,
nous raisonnons comme suit. SoientLk(M)
x F -.Lk(M) x p
F etLk(M)
x p F ~ M lesprojections canoniques. Alors,
le relèvement dudifféomorphisme
local 8 : X ~ Y à undifféomorphisme p(8) : p(X) -~ p(Y)
entre les sous-fibres ouvertsp(X) _
etp(Y) =
du fibreLk(M) x p F,
est défini par pour tous et tousles f E F.
On démontre aussi quep(9)
est
l’unique difféomorphisme
tel que lediagramme
Annales de l’Institut Henri Poincaré-Section A
soit commutatif. On voit que cette construction donne un foncteur cova-
riant p
qui généralise
le foncteurLk.
On a p =Lk
si la fibre type F est le groupe et sil’homomorphisme
p vient de l’action naturelle par translations àgauche.
Enfin, si ç
E~(M)
est unchamp
de vecteurs sur M et si~8 :
X -~p(X)
est une section locale de classe au-dessus d’un
ouvert
X £;M,
d’un fibred’objets géométriques (L k(M)
x pF, M,
on peut définir la dérivée de Liede 03B2
en unpoint x
E X suivant lechamp
devecteurs 03BE,
paroù rpt est le groupe à un
paramètre
dedifféomorphismes
locaux de M engen- dré par la coulée duchamp
de vecteursç.
Une
exposition plus
détaillée a étéprésentée
dans[30 ].
5. EXEMPLES D’APPLICATIONS
PHYSIQUES
D’après
les récentsdéveloppements
de laPhysique Mathématique,
on a
compris
que si on veut décrire d’unefaçon
correcte lechamp
électro-magnétique
et ses transformations dejauge,
on doitreprésenter
le poten- tiel duchamp
au moyen d’une connection A sur un fibreprincipal [P,
de groupe structuralU(l),
surl’espace-temps
M. Leschamps chargés
seront alors des sections de certains fibres vectoriels
complexes
surM, qui
sont les fibres desobjets
de type p associés àP,
où p :U(l) -~ Gl(m, C)
est une
représentation unitaire,
de dimension finie m, du groupeU(l).
Lorsque
M est une variété différentiellequelconque,
on saitqu’on
peut avoirplusieurs
fibresprincipaux P
surM,
avec groupe structuralU(l), qui
ne sont pasisomorphes
entre eux et que le nombre de fibresprincipaux
de ce type
qui
ne sont pasisomorphes dépend
de latopologie
de la variété M.Par
conséquent,
engénéral,
on ne peut pas choisirunivoquement
le fibreprincipal P
où sont définies les connexions Aqui représentent
tous leschamps électromagnétiques physiquement
admissibles sur un espace- temps donné. D’autre part, si on veut construire le tenseurd’impulsion- énergie
duchamp électromagnétique,
on doit nécessairement supposer que lepotentiel
A est unobjet géométrique.
Cette dernière condition est certainement vérifiéelorsque
le fibreprincipal P
est aussi un fibred’objets géométriques
surl’espace-temps
M.On peut donc se demander s’il y a des fibres
principaux P,
de groupe structuralU(l), qui
soient aussi des fibresd’objets géométriques
surl’espace-temps.
Laréponse
à cettequestion
estpositive.
Eneffet,
pourchaque
variété M et pourchaque
nombre réel r, on peut définir le fibreU(M ; r)
= x desobjets géométriques
associés àVol. XXXVIII, n° 4-1983.
380 M. FERRARIS, M. FRANCAVIGLIA ET C. REINA
au moyen de
l’homomorphisme 03C1r : Gl(n ; R) ~
Diff[U(l)] ]
défini par l’actionOn vérifie alors aisément que
chaque
fibréU(M ; r)
est doué d’une struc- ture naturelle de fibreprincipal
surM,
avec groupe structuralU(l).
Nousappellerons fibré
unitaire(canonique)
associé à M le fibreprincipal U(M)
=U(M ; 1).
Une définitiondifférente,
etplus compliquée,
desfibres
U(M ; r)
a été donnée parHaantjes
et Laman dans[19 ],
où cesfibres ont été étudiés dans un contexte purement
mathématique.
Remarquons
que, pourchaque
variété M et pourchaque
nombre réel r,le fibre
principal U(M ; r)
est doué de sectionsglobales,
et il est donc iso-morphe
au fibreprincipal
trivial M xU(l).
Eneffet, lorsqu’on
donne uneforme volume au
signe près
=± |f(x)|
dnx sur la variété M(ce qui
est
toujours possible
aussi dans le cas où M n’est pasorientable),
on peut définir une sectionglobale
du fibreprincipal U(M ; r)
à l’aide deMême s’ils sont tous
isomorphes
entre eux comme fibresprincipaux
sur
M,
les fibresprincipaux U(M ; r)
ne sont paséquivalents
commefibres
d’objets géométriques
sur M. A ce propos, il suffit d’observer que(~F, ~) : U(M, r)
--+U(M, s)
est unmorphisme
de fibresd’objets géomé- triques
si et seulement sil’application 03C8 : U(l)
--+U(l)
vérifie la condi- tion : = pour tout(z, u) E U(1)
xU(l).
Pour trouver toutes lesapplications ~ qui
vérifient la conditiondemandée,
il fautdistinguer
entre les quatre cas suivants :
(i ) r
= 0 et s =0,
dans ce cas toutes lesapplications ~
vérifient la conditiondemandée ; (ii)
r = 0 et s =0,
dansce cas il
n’y
a pasd’applications qui
vérifient la conditiondemandée ; (iii)
r ~ 0 et s =0,
dans ce cas seulement lesapplications
constantes véri- fient la conditiondemandée ; (iv)
r 7~ 00,
dans ce cas il existe desapplications qui
vérifient la condition demandée si et seulement sis/r
= p E ~ et on anécessairement ~ :
u H On a donc que les fibresU(M ; r)
et
U(M ; s)
sontisomorphes
comme fibresd’objets géométriques
si etseulement si on a r = ± s. Dans le cas où 1
! chaque
mor-p hisme
est un revêtementà p
feuillets ou, autrementdit, U ( M ; r) --+- U ( M ; s )
est un fibre
principal
avec groupe structural?Lp.
Enrésumé,
nous avonsune famille à un
paramètre réel {U(M ; r)
fibresd’objets géomé- triques qui
ne sont paséquivalents
etqui
sont aussi des fibresprincipaux
de groupe structural
U(l).
Dans cette famille seul le fibreU(M ; 0)
est unfibre
d’objets géométriques
trivial.Lorsque
r ~0,
on peut démontrer que pourchaque
connexion A surle fibre
U(M ; r)
il y a au moins une connexion r sur et donc uneconnexion linéaire sur
M,
tellequ’on
ait : A = oùtr ( )
dénotel’opération
de trace dansl’algèbre
de Lie deGl(n ; ~).
Annales de l’Institut Henri Poincaré-Section A
GÉOMÉTRIQUES
Dans les
applications physiques,
on portebeaucoup
d’intérêt aux fibresvectoriels
complexes
associés aux fibresprincipaux U(M ; r),
au moyen desreprésentations
linéaires deU(l)
sur C. On sait que toutes lesrepré-
sentations linéaires de ce type viennent des
homomorphismes
avec k E Z. Nous
indiquerons
parr)
le fibre vectorielU(M ; r) 03C1k C
associé au fibre
principal U(M ; r)
au moyen del’homomorphisme pk . Chaque
fibre vectorielr)
estisomorphe
comme fibre vectorield’objets géométriques
au fibre vectoriel associé àL 1 (M)
au moyen del’homomorphisme
où s = kr. Par
analogie
avec les densités scalaires depoids p
E~,
nousdirons que les sections de
r)
sont des densités scalaires depoids imaginaire p
= ikr.Étant
donnée une connection r surL(M)
on a unopé-
rateur de dérivation covariante
pour les sections ~p des fibrés
r).
Dupoint
de vuephysique,
onpeut donc supposer que les
champs
scalaireschargés
cp sont les sections des fibresr).
Lorsque e
est unecharge élémentaire,
on peut supposer que leschamps
scalaires
chargés
decharge q
= ne(n
EZ)
sontreprésentés
par des den- sités scalaires depoids imaginaire p
= in, c’est-à-dire par les sections de1). Quand
onchange
arbitrairement l’unité de mesure pour lescharges électriques
et onchange
aussi la convention pour lessignes
des
charges,
au lieu de lacharge
élémentaire ? on aura unecharge
élémen-taire e’ =
e/r
où r E [R*. On aura alors que leschamps
decharge ne
serontreprésentés
par les sections du fibre vectorielr).
On voit donc que,au choix
prés
de l’unité decharge
et dusigne
de lacharge
del’électron,
les
champs
scalaireschargés
serontreprésentés
par les sections despuis-
sances tensorielles
1) (k E Z)
des fibres vectoriels1) Remarquons que { ~k(M; 1)} (k E~)
est un module abélien libreengendré
sur Z par le fibre unitairecanonique U(M). Changer e
encorrespond
àchanger
le module libre avec le module libreengendré
par’U(M ; r).
Avoir
supposé
que les fibresprincipaux
avec groupe structuralU(l)
sont aussi des fibres
d’objets géométriques
associés àL1(M),
nous apermis
de donner une
interprétation géométrique
de lacharge électrique qui
ne peut pas être déduite si on considère seulement la structure différen- tielle de ces fibres. En
effet,
même si les fibresU(M ; r),
et tous leurs fibres vectoriels associésr),
ont leurpremière
classe de Chern nulle(et
donc en termes
physiques,
ont unecharge topologique nulle),
ces fibresVol.
382 M. FERRARIS, M. FRANCAVIGLIA ET C. REINA
ne sont pas
équivalents
entre eux comme fibresd’objets géométriques.
Ces fibres sont
engendrés
par desreprésentations
du groupeGl(n ; IR)
dans le groupe unitaire
U(l);
lepoids
de cettereprésentation
déterminede
façon univoque,
au choix des unités de mesureprès,
lacharge électrique
du
champ.
Enfin,
on peut donc supposer que tous leschamps électromagnétiques physiquement
admissibles surl’espace-temps
M sontreprésentés
par les connexions sur le fibre unitairecanonique U(M).
Ce choix a récemmentconduit à l’unification
géométrique
duchamp électromagnétique
et duchamp
degravitation (voir [31 ]).
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