HAL Id: hal-00897653
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Submitted on 1 Jan 1980
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Localisation, structure et activité des gènes ribosomiques dans le nucléole de l’ovocyte en prophase de méiose
A. Stahl, C. Mirre, Michèle Hartung, B. Knibiehler
To cite this version:
A. Stahl, C. Mirre, Michèle Hartung, B. Knibiehler. Localisation, structure et activité des gènes ribo-
somiques dans le nucléole de l’ovocyte en prophase de méiose. Reproduction Nutrition Développement,
1980, 20 (2), pp.469-483. �hal-00897653�
Localisation,
structure etactivité des gènes ribosomiques dans
le nucléole de l’ovocyte
enprophase de méiose
A.
STAHL,
C.MIRRE,
Michèle HARTUNG B. KNIBIEHLERLaboratoire d’Histologie et Embryologie II, Faculté de Médecine
27, boulevard Jean-Moulin, 13385 Marseille Cedex 4.
Summary.
Localization, structure andactivity of
ribosomal genes in the oocyte nucleolusduring
meioticprophase.
The structure, localization and activity of ribosomal genes were studied in
quail,
mouse and human oocytes. Meiotic
prophase
I is a favourable stage for these studies since the connections between the nucleoli and the chromosomes areanalyzable by light
andelectron microscopy.
In the
newly-formed
nucleolus atpachytene
in thequail
and mouse, the ribosomalgenes were first localized in the fibrillar center, which was the nucleolar organizer at that stage. These genes were transcribed in the
peripheral
part of the fibrillar center.Super-
position of the rDNA fibrils and thenewly-synthesized
rRNA led to the formation of alayer
of electron-dense fibrilssurrounding
the fibrillar center.The
development
of the nucleolus in the mouse oocyte atdiplotene
constitutes an excel- lent model forunderstanding
the nucleolar organization. Wecompared
the results ofautoradiography,
after H3-uridine incorporation, to those obtainedby
three-dimensional reconstruction of the nucleolus after serial sections, and found that the rDNA,initially compacted
in the fibrillar center, had at leastpartially
unravelled to become situated in the dense fibrillar strands of the nucleolonema. These strands, like the dense fibrillarlayer
surrounding the fibrillar center, were zones of rDNA transcription. Small fibrillar centers could be seen scatteredthroughout
the nucleolonema ; the number of these centers nolonger corresponded
to that of the nucleolar organizers.They
were thus considered asareas of localized rDNA
packing
with no active transcription in their inner part.The activity of the ribosomal genes in the human oocyte varied
during
the stages ofmeiotic
prophase.
rRNAsynthesis,
which was active in the oogonium, decreased consi-derably
at zygotene andtotally
stopped atmid-pachytene ;
it resumed at the end of pachy-tene and was very intense at
diplotene.
The temporary arrest of rRNAsynthesis
atpachy-
tene was
accompanied by
segregation of the nucleolar components. The ribosomal genesgathered
in the fibrillar center which was isolated from the other nucleolar componentsthroughout pachytene.
Oneoutstanding
feature of the human oocyte is that ribosomal genes originating from many acrocentric chromosomes were seen in juxtaposition in thesame fibrillar center where
they
werewrapped
in a silver-stained protein. Thehypothesis
is
proposed
that aproteolytic
enzymedeficiency, perhaps
related toadvancing
maternalage, would lead to
non-disjunction
of these genes. This mechanism could account for cer-tain cases of trisomy,
especially
trisomy 21.At diplotene,
the resumption of rRNAsynthesis,
enhancedby amplification
of the rDNA,led to the presence of numerous micronucleoli.
Introduction
Les recherches effectuées chez les Vertébrés Inférieurs ont montré
qu’un appareil
très
développé
desynthèse protéique
se constituependant l’ovogenèse. Composé
essen-tiellement de
ribosomes,
il seralégué
àl’embryon qui
l’utilisera pour former les pro- téines nécessaires à la croissance et à la différenciation de ses tissus. Chez lesAmphi- biens,
lasynthèse
d’ARNribosomique
s’arrête à la fin de la méiose et nereprend qu’au
début de la
gastrulation. L’embryon dispose
pour lespremiers
stades dudéveloppe-
ment d’une réserve de ribosomes formés
pendant
le stadediplotène
del’ovogenèse.
Pendant ce
stade, l’ovocyte
contient 600 à 2 000 nucléolesqui
sont lesiège
d’une syn-thèse active d’ARN
ribosomique.
Ils sont dus àl’amplification
sélective desgènes
ribo-somiques,
c’est-à-dire à unemultiplication
de cesgènes, qui
a lieu au stadepachytène.
L’amplification
desgènes ribosomiques multiplie
par 1 000 lacapacité
del’ovocyte
àproduire
du rRNA.Chez les
Mammifères,
et enparticulier
chezl’Homme,
onignore
dansquelle
mesure les matériaux contenus dans le
cytoplasme
del’ovocyte
seront utilisés pour lespremiers
stades dudéveloppement.
Il est certain que des substancescytoplasmiques d’origine maternelle,
forméespendant l’ovogenèse,
sontprésentes
dans l’œuf desMammifères,
mais on nedispose
qued’arguments
indirects pour leur attribuer un rôle dans lespremiers
stades dudéveloppement.
Comparé
aux cellulessomatiques,
l’oeuf des Mammifères est une cellule énorme,puisque
son diamètre varie de 60 y chez la Souris à140 y
chez l’Homme. Laquantité
totale d’ARN contenue dans l’oeuf de Souris a été évaluée à
1,75
ng par Reamer(1963)
et à
0,55
ng par Olds et al.(1973). L’ovocyte
duLapin contiendrait,
selon Manes(1969),
20 ng
d’ARN,
c’est-à-dire 35 foisplus
quel’ovocyte
de Souris. Commel’ovocyte
deLapin
a un volume 3 à 4 foissupérieur
à celui de laSouris,
il serait donc 10 foisplus
riche en ARN.
Toutefois,
le contenu en ARN del’ovocyte
des Mammifères est très faible si on le compare à celui des VertébrésInférieurs,
parexemple
à celui duXénope
dontl’ovocyte
mûr contient 5 yg d’ARN.En 1953
déjà,
Flax avait montré par unetechnique histophotométrique
que la teneur en ARNcytoplasmique
de l’aeuf de Sourisaugmentait
linéairementpendant l’ovogenèse, puis
diminuait entre l’ovulation et la fécondation. Les estimations lesplus
récentes sont basées sur les
techniques autoradiographiques.
Chez laSouris,
l’incor-poration
d’uridine tritiée est relativement réduite dansl’ovocyte
despetits
folliculesquiescents,
mais elleaugmente pendant
laphase
de croissance pour atteindre un maxi-mum dans
l’ovocyte
des folliculesqui comprennent
100 à 200 cellules folliculeuses(Oakberg, 1967 ;
Moore etal., 1974).
Dans le follicule cavitaire, lasynthèse
d’ARNdiminuerait,
elle serait presque nulle ou même absente dans lesovocytes qui
appro- chent de la maturité. De même, selon Baker et al.(1969),
on nepourrait plus
détecterde
synthèse
d’ARN dans lesovocytes
du Rat et duSinge
parvenus au terme de leur croissance.Toutefois,
Wassarman et Letourneau(1976),
eninjectant
directement l’uridine tri- tiée dans la cavitéfolliculaire,
ont constaté que lasynthèse
de l’ARN sepoursuit
avecsimplement
une moindreintensité, jusqu’à
la maturationméiotique,
c’est-à-direjus-
qu’à
ladisparition
de la vésiculegerminative.
La
plus grande partie
de l’ARN del’ovocyte
est, comme pour les autrescellules,
de l’ARNribosomique.
Enpremière approximation,
onpeut
admettre que l’oeuf des Mammifères contient environ 100 foisplus
d’ARNribosomique qu’une
cellule adulte.Quand,
où et comment cet ARNribosomique
est-il formé ? Nous avons tenté derépondre
à cesquestions
en étudiant sasynthèse
dansl’ovocyte
de laCaille,
de laSouris et dans
l’ovocyte
humain.Nous nous sommes limités aux stades
qui
vont del’ovogonie
àl’ovocyte parvenu
au
diplotène (stade dictyotène
pour laSouris).
Ils’agit
donc de stadesembryonnaires
ou
fœtaux,
étendusjusqu’à
lapériode
néonatale etpostnatale
pour la Souris et l’Homme.Matériel et méthodes
Nous avons utilisé les
techniques
suivantes :1) Techniques cytogénétiques
etcytochimiques
enmicroscopie photonique.
Parmicelles-ci,
latechnique
àl’argent
deGoodpasture
et Bloom(1975)
s’est révélée très utile. Cette réaction colore desprotéines
acides associées à l’ARNribosomique dans
leszones de
transcription
active(Howell
etal., 1975 ; Howell, 1977 ;
Schwarzacher etal.,
1977, 1978).
2) Microscopie électronique
etcytochimie
ultrastructurale. Une mentionparti-
culière doit être faite pour la
technique
deCogliati
et Gautier(1973)
basée surl’emploi
de l’ammined’osmium, qui
colore électivement le DNA.3) Autoradiographie
enmicroscopie photonique
etélectronique après
incor-poration
d’uridine-3H. Pour lamicroscopie électronique,
latechnique
deSalpeter
et Bachmann
(1972)
a été utilisée avec une duréed’exposition
de 4 mois.4) Hybridation
in situ selon latechnique
de Gall et Pardue(1969)
en utilisant de l’ARN 28S et 18Smarqué
au tritium obtenu àpartir
de cellules HeLa. Lespréparations
recouvertes par une émulsion Kodak NTB2 ont été
exposées pendant
3 mois.5) Autoradiographie après
incubationpendant
3 h dans un milieu contenant del’actinomycine
D tritiée(100 t £ Ci/ml).
Durée del’exposition :
4 mois.Observations et commentaires
1. - La
synthèse
des ARNribosomiques
et laformation
du nucléole dansl’ovocyte
de laCaille.
L’ovocyte
de la Cailleprésente
unexemple schématique
de la distribution et du fonctionnement desgènes ribosomiques.
Eneffet,
au stadepachytène
moyen, la trans-cription
de cesgènes
a lieu à l’extrémité de certains bivalents formés parl’apparie-
ment des microchromosomes
porteurs
d’unorganisateur
nucléolaire.L’ovocyte
de laCaille montre une
particularité morphologique
assez rare : le bivalent nucléolairepénètre
dans le nucléole en voie de formation. Son extrémité active envoie des fibres de chromatineporteuses
du rDNA à l’intérieur du centre fibrillaire du nucléole(fig. 1).
Ainsi la
disposition morphologique
observée chez la Caillesuggère déjà
que c’est le centre fibrillaire du nucléolequi
contient lesgènes ribosomiques (Mirre
etStahl,1976).
Cette
hypothèse, qui
avaitdéjà
été avancée par Goessens(1973-1976)
et par Jordanet Luck
(1976)
sur un matérieldifférent,
a été confirmée par lesarguments
suivants :1)
Le centre fibrillaire contient un lacis de fibrilles de DNAqui peut
être coloré électi- vement par latechnique
à l’amine d’osmium deCogliati
et Gautier(Mirre
etStahl, 1978b) ; 2)
La natureribosomique
de ce DNA est démontrée par latechnique
del’hybridation
in situ(Knibiehler
etal., 1977).
L’étude de la
transcription
du rDNA contenu dans le centre fibrillaire a été réalisée parautoradiographie après incorporation
d’uridine-3H. On constate que le rDNA n’est transcrit que dans la zonepériphérique
du centre fibrillaire. Lasuperposition
durDNA et du rRNA nouvellement formé
auquel
se fixent trèsrapidement
desprotéines
se traduit par
l’apparition,
autour du centrefibrillaire,
d’une couche de fibrilles denses(Mirre
etStahl, 1978a, b).
Ainsis’explique
le fait que le centre fibrillaire est,quel
que soit le nucléoleétudié, pratiquement toujours
entouré par une couche fibrillaire opaqueaux
électrons, qui
n’est pas autre chose que la zone detranscription
du rDNA.La
présence
de DNA dans la couche de fibrilles densesqui
entoure le centre fibril-laire a pu être démontrée en faisant incuber
l’ovocyte
enprésence d’actinomycine
Dtritiée. Cette
drogue
provoque laséparation
des constituants nucléolaires en mêmetemps qu’elle
se fixe sur le DNA. La localisation du DNA est révélée par autoradio-graphie.
Nous avons ainsi constaté que le DNA nucléolaire est situé non seulement dans le centrefibrillaire,
maiségalement
dans sa coucheenveloppante
de fibrilles denses.La
figure
1 résume defaçon schématique
l’ensemble de ces résultats.Il. - La
synthèse
des ARNribosomiques
et laformation
du nucléole dansl’ovocyte
de laSouris.
1. - La
formation
d’un nouveau nucléole. - Chez la Souris on assiste, comme chez laCaille,
à unesynthèse
d’ARNribosomique
au stadepachytène
moyen,qui
se traduitpar Ia formation de nouveaux nucléoles.
Les bivalents
porteurs
degènes ribosomiques appariés
sont insérés sur l’enve-loppe
nucléaire par l’extrémitéqui
est entourée d’hétérochromatinecentromérique.
On sait que chez la
Souris,
les chromosomesporteurs
d’unorganisateur
nucléolaireprésentent
une constriction secondairequi
est situéejuste après
larégion
centro-mérique,
elle-même enposition
terminale(Ford,1966 ; Dev et al.,1971 ; Eicher, 1972).
La
présence
de rDNA dans la constriction secondaire a été vérifiée parhybridation
in situ dans les cellules
somatiques (Elsevier
etRuddle, 1975 ;
Henderson etal., 1976)
et dans les cellules
germinales (Stahl
etal., 1977, 1978).
Le nucléole néoformé
apparaît
enregard
de larégion
du bivalentqui correspond
à la constriction secondaire. Il
présente
au débuttoujours
le mêmeaspect,
étant cons-titué d’un centre fibrillaire presque
complètement enveloppé
par une couche de fibrilles opaques aux électrons. Cette couche ne manque que dans une zonequi
faitface au
bivalent ;
dans cette zone on assiste à lapénétration
dans le centre fibrillaire de fibres de chromatine émanées de larégion
de la constriction secondaire du bivalent.Cette
disposition
est fondamentalementidentique
à celle observée chez laCaille,
à cette différenceprès
que le nucléole se forme sur le côté et non à l’extrémité du chromosome nucléolaire(fig. 2a).
En fait ce sont deux nucléoles
qui
sont formés enregard
de larégion
de la constric-tion secondaire car les deux
organisateurs
nucléolairesappariés
fonctionnent defaçon synchrone
etsymétrique.
L’hybridation rRNA/rDNA
in situ montre que le centre fibrillaire contient effecti- vement, à cestade,
lesgènes ribosomiques (Stahl
etal., 1977, 1978).
L’étude
autoradiographique
du site detranscription
confirme que celle-ci ne s’effectue pas enn’importe quelle
zone du centre fibrillaire.Après incorporation d’uridine-
3
H,
le marquage esttoujours
limité à la coucheenveloppante
de fibrilles denses. Les unités detranscription
sont parconséquent
situées dans la zonepériphé- rique
du centre fibrillaire(Mirre
etStahl, 1978a, b).
2. - Le
développement
du nucléole. - A la fin du stadepachytène,
les deuxnucléoles formés par les 2
organisateurs
nucléolairesappariés,
fusionnent. Apartir
dece moment, le nucléole néoformé contient deux centres
fibrillaires,
émanés chacun del’organisateur
nucléolairecorrespondant.
On constate que la coucheenveloppante
defibrilles denses s’est étendue sous la forme d’une
bande,
d’uneplage
ou de cordonsqui
sont formés
uniquement
de fibrilles opaques aux électrons. Dans leurrégion distale,
des
granules apparaissent,
de sorte que larégion
du nucléole située leplus
loin ducentre fibrillaire a un
aspect fibrillo-granulaire.
Cetterégion
montre unaspect
réti-culaire car les cordons
fibrillo-granulaires
sont anastomosés les uns avec les autres(fig.
2b etc).
Au début du stade
diplotène,
l’ensemble du nucléole apris
unaspect
réticulaire enmême
temps
que son volume s’est considérablement accru. Les cordons fibrillo-granulaires
forment dans leur ensembleanastomotique
unaspect typique
de nucléolo-nema
(fig. 2d).
Un fait très
caractéristique
estl’apparition
de nombreux centresfibrillaires,
dont le diamètre est nettementplus petit qu’au
stadepachytène.
Chacun de ces centres fibrillaires esttoujours entouré,
soitcomplètement
soitincomplètement,
par une couche de fibrilles denses.Comme la Souris
possède
5paires
de chromosomesporteurs
degènes
riboso-miques,
on est donc amené à se demander si chacun des nombreux centres fibrillaires néoforméspeut
encore être assimilé à unorganisateur
nucléolaire. Pour que cette pro-position
soit exacte, le nombre des centres fibrillaires ne devrait pas excéder 20(l’ovocyte
audiplotène
contient 4CDNA).
Pour tenter de résoudre ce
problème,
nous avons fait des coupes en série deplu-
sieurs noyaux
d’ovocytes
au stadediplotène
et nous avons reconstruit dans les 3 dimen- sions chacun desnucléoles,
enreportant
defaçon rigoureuse,
le nombre et laposition
des centres fibrillaires. Il est apparu ainsi que le nombre total des centres fibrillaires de l’ensemble des nucléoles d’un noyau était de l’ordre d’une centaine, nombrequi
n’aplus
rien de commun avec celui desorganisateurs
nucléolaires.L’analyse morphologique
a par ailleurs montré quechaque
centre fibrillaire seprésentait
comme unepetite
dilatation localisée du nucléolonema. La couche des fibrilles densesqui
l’entoure est en effettoujours
en continuité avec les cordons de mêmeaspect
du nucléolonema.Enfin,
nous avons suivi l’évolution de latranscription
du rDNA du stadepachytène
au stade
diplotène,
à toutes lesétapes
des transformationsmorphologiques
quepré-
sente le nucléole en
développement.
D’abord limitée à la coucheenveloppante
desfibrilles denses, la zone de
transcription
s’étendprogressivement
à toutes lesparties
dunucléole formées de cordons fibrillaires denses. C’est ainsi que dans le nucléole réti- culé du stade
diplotène,
latranscription
s’observe :1)
autour dechaque
centre fibril-laire ; 2)
dans l’ensemble des cordons fibrillaires denses du nucléolonema. Ce fait nepeut s’interpréter qu’en
admettant que lerDNA,
initialementcompacté
dans le centrefibrillaire,
s’est déroulé et occupe maintenant l’ensemble du nucléolonema. Dèslors,
les nombreuxpetits
centres fibrillairesqui parsèment
ce dernier doivent être considéréscomme des zones de réserve contenant du rDNA encore localement
compacté,
maispouvant
éventuellement se dérouler et devenir actif si les besoins en rRNA de la cellule viennent à s’accroître(Mirre
etStahl,
enpréparation).
L’analyse
desétapes
de la formation du nucléolejointe
à l’étude de latranscrip-
tion du rDNA dans
l’ovocyte
de Souris a ainsipermis
decomprendre l’organisation spatiale
desgènes
nucléolaires et a fourni les bases d’un modèlegénéral
de la constitu-tion du
nucléole,
valable pour tous lestypes
cellulaires pourvus d’un nucléole réticulé(c’est-à-dire
à nucléolonemaapparent).
Cetteanalyse
n’a étépossible
que parce que les relations entre le nucléole et les chromosomesporteurs
degènes ribosomiques
res-tent visibles
pendant
unelongue phase
de la méiose où cesgènes
sont activement trans- crits. Lesystème
que nous avons étudiéprésente
ainsi unavantage
considérable sur les cellulessomatiques
habituellement utilisées pour les recherches nucléolaires.III. -
Synthèse
des ARNribosomiques
et évolution des nucléoles dansl’ovocyte
humain.1. - La
synthèse
du rRNA. - L’activité desgènes ribosomiques
a été étudiée parautoradiographie quantitative après incorporation
d’uridine-3Hdepuis
le stade d’ovo-gonie jusqu’au
stadediplotène.
Nous avons constaté que la
transcription
du rDNA est très active dansl’ovogonie,
active
également
au stadeleptotène.
Elle décroît ensuite auzygotène
pour devenir nulle aupachytène.
Latranscription reprend
à la fin dupachytène
pour atteindre audiplotène
un niveau très élevé(Hartung
etStahl, 1978) (fig. 3).
2. - Evolution
morphologique
du nucléole. - Lesaspects
observés enmicroscopie électronique
ont étécomparés
avec ceux révélés par latechnique
àl’argent
pour lesorganisateurs
nucléolaires.L’ovogonie présente plusieurs
nucléoles detype réticulé,
pourvus de nombreux centres fibrillaires.La technique
àl’argent
colore des structures arrondies dont la taille et la distributioncorrespondent
à celles des centres fibrillaires(Hartung,
Mirre etStahl, 1979).
Au stade
leptotène,
les centres fibrillaires du nucléoleoccupent
une situation mar-ginale.
Les chromosomes sontvisibles,
sous la forme d’axessimples
entourés de fibres de chromatine. On constate que des fibres dechromatine,
émanées de l’extrémité de chromosomesacrocentriques, pénètrent
dans le centre fibrillaire du nucléole. On retrouve ainsi dansl’ovocyte
humain les relationscaractéristiques
entre le centre fibril- laire et les fibres de chromatine contenant le rDNA.La
technique
àl’argent
colore des zones arrondies situées au bord dunucléole,
dont latopographie
et les dimensionscorrespondent
à celles des centres fibrillaires.Au stade
pachytène, après
coloration par latechnique
àl’argent,
le nucléole est divisé en deux zones dontl’une,
de formearrondie,
est colorée en noir.Lorsque
lesrelations d’un chromosome D ou G avec le nucléole ont été conservées, on constate que
son extrémité aboutit
précisément
à la zone colorée parl’argent (fig. 4).
La
microscopie électronique
révèle à ce stade des faits d’ungrand
intérêt :1)
le nucléole est lesiège
d’uneségrégation spontanée
de ses constituants : le centre fibrillaire estséparé
du constituantfibrillo-granulaire (fig.
5 et8).
Cetteségrégation
naturelle est en accord avec l’absence
d’incorporation
d’uridine tritiée, c’est-à-dire l’inactivité des cistronsribosomiques.
Cet arrêt de latranscription
du rDNA est uneparticularité
del’ovocyte
humain. Il ne s’observe pas chez la Souris et la Caille. Par contre, le mêmephénomène
a été décrit par Tres(1975)
dansle spermatocyte
humain.2)
Le centre fibrillaire du nucléole estpénétré
par des fibres de chromatine émanées de larégion
de la constriction secondaire(ou tige)
d’un ouplusieurs
bivalents du groupe D ou G(fig.
5 et8).
3)
Il est évident que le centre fibrillairecorrespond
à larégion qui
est colorée parl’argent :
la distributionspatiale
est la même ainsi que les relations avec les bivalents nucléolaires. Cette conclusion a été confirmée sur un matériel différent par Hernandez- Verdun et al.(1978).
4) Lorsque
le centre fibrillairereçoit
les fibres de chromatine émanées de 2bivalents,
son volume est le double de celui d’un centre fibrillaire
qui
nereçoit
que les fibres d’un bivalent. Si l’on tientcompte
du fait quechaque
bivalent est formé de deux chromo-somes
appariés,
et quechaque
chromosome contient en fait deuxchromatides,
un tel centre fibrillaire contient lesgènes
nucléolairesjuxtaposés
oupeut-être
même intri-qués
de 8 chromatides.Cette situation
pourrait
constituer la basepathogénique
des processus de non-disjonction
des chromosomesacrocentriques,
enparticulier
du 21,qui peuvent
avoirpour
conséquence
une trisomie 21. On sait en effet que les deux tiers desnon-disjonc-
tions dans la trisomie 21 se
produisent
à la 1redivisionméiotique
del’ovocyte (Mattei
et
ai., 1979). Déjà Ferguson-Smith
et Handmaker(1961)
et Ohno et al.(1961)
avaientsuggéré
que l’intrication des fibres de rDNApourrait
être une causemajeure
de non-disjonction
et de translocation des chromosomesacrocentriques.
Onignore
tou! durôle éventuel
joué
par lesprotéines
colorées parl’argent
mais unrapproche!nent
peut
êtresuggéré
par le fait que dans les associations des chromosomes acrocen-triques,
visibles sur les mitosessomatiques,
leurs extrémités sont reliées par une sub- stanceargyrophile (Schwarzacher
et al.,1978).
On savaitdéjà
queplusieurs
acrocen-triques peuvent
être associés, dans lamétaphase somatique,
par du rDNA reliant lesrégions
des satellites les unes aux autres(Henderson
etal., 1973).
Selon Mattei et Giraud(1974),
il existerait uneaugmentation significative
du nombre d’association chez lesparents
detrisomiques
21.L’ensemble de ces observations
suggère qu’au
stadepachytène
des conditionsmorphologiques
sont réuniesqui,
à la suite d’une déficienceenzymatique, pourraient
conduire à une
malségrégation
de certains chromosomesacrocentriques.
Il est pos- siblequ’avec l’augmentation
del’âge
de lamère,
certaines enzymesprotéolytiques
dont le substrat serait la substance
argyrophile,
ne soientplus produites
enquantité
suffisante. Une telle déficience
enzymatique pourrait empêcher
laséparation
des chro-mosomes nucléolaires
qui
intervient normalement au stadediplotène.
5)
Au stadepachytène,
dans le nucléoleségrégé,
le centre fibrillaire n’estjamais
entouré par la couche de fibrilles denses
qui
est observée dans toutes les autres circons- tances(fig.
5 et8).
Ce résultat était attendupuisque
latranscription
du rDNA est sus-pendue.
Cette coucheréapparaît
autour du centre fibrillairelorsque
latranscription
reprend
à la fin du stadepachytène.
Ainsi se trouve confirmée notreinterprétation
selon
laquelle
la coucheenveloppante
de fibrilles denses est la zone detranscription
(fig.
6 et8).
Au début du stade
diplotène,
les nucléolesaugmentent
de volume et leurpartie
centrale
prend
unaspect
réticulé.Cependant,
les centres fibrillaires restentpendant longtemps
à lapériphérie
dunucléole,
cequi
est attesté aussi bien par la réaction àl’argent
que par lamicroscopie électronique.
Chez le foetus
âgé
de 6 à 8 mois, on assiste à la formation de nombreux micro- nucléoles. Ilsapparaissent
dans lesrégions
du noyauqui
n’ont aucune relation avec laconstriction secondaire des chromosomes
acrocentriques.
Ils sont parconséquent
for-més en dehors des
organisateurs
nucléolairesclassiques.
Nous avions émisl’hypo-
thèse que ces micronucléoles étaient le résultat d’une
amplification
desgènes
ribo-somiques,
paranalogie
avec les faits connus chez lesAmphibiens (Stahl
etal., 1975).
L’exactitude de cette
opinion
a été démontrée parV!/olgemuth-Jarashow
et al.(1977)
et
NVolgemuth
et al.(1979) qui,
en utilisant lestechniques d’hybridation
in situ, ontdécelé du rDNA dans la
plupart
des micronucléoles. Nous avons pu récemment confirmer l’existence d’uneamplification
du rDNA dansl’ovocyte
humain par la tech-nique
àl’argent.
Eneffet,
certains micronucléoles montrent sur l’un de leursbords,
unezone fortement colorée par
l’argent qui correspond
à uneséquence
de rDNA active-ment transcrite
(fig. 7) (Hartung,
Mirre etStahl, 1979).
La
signification biologique
de cetteamplification
est obscure. Chez leXénope, l’amplification
estindispensable,
sinonl’ovocyte
mettraitplusieurs
centaines d’annéespour
synthétiser
le RNAribosomique qu’il
accumule etqui
sera nécessaire pour lespremiers
stades dudéveloppement,
car lesgènes
nucléolaires ne redeviennent actifsqu’à partir
de lagastrulation.
Mais chez la Souris, lasynthèse
du rRNAreprend préco-
cement : au stade de 2 blastomères selon Knowland et Graham
(1972)
et selon Hans-man
(1978)
ou au stade 4 blastomères selon Moore(1975).
Chez la Femmel’ovocyte
reste
quiescent, bloqué
au stadediplotène pendant
au moins une dizaine d’années et onignore
tout de l’activité desgènes ribosomiques
auxpremiers
stades dudéveloppement.
Il est
possible
que chez les Mammifèresl’amplification
- dans de modestes propor- tions - du rDNA ne soit pas due à la nécessité de stocker du rRNA pour le début del’embryogenèse
et que ce soit un excès inutile dû à unepression
sélectiveinsuffisante,
comme Kidder
(1976)
l’avaitsuggéré
pourl’ovocyte
desMollusques.
Conclusions
L’étude de la
localisation,
de la structure et de l’activité desgènes ribosomiques
dans
l’ovocyte
enprophase
de méiosepermet
dedégager
les conclusions suivantes :1)
Dansl’ovocyte humain,
l’activité desgènes ribosomiques
varie au cours desstades de la
prophase méiotique.
Lasynthèse
durRNA,
active dansl’ovogonie,
dimi-nue considérablement au
zygotène
et est totalementsuspendue
aupachytène
moyen.Elle
reprend
à la fin dupachytène
et devient très intense audiplotène.
Cet arrêttempo-
raire des
synthèses ribonucléiques
seproduit pendant
unephase
de la méiose relative-ment courte où la
plupart
des auteurs situent lesphénomènes
derecombinaison,
dont la survenueparaît
attestée par unesynthèse
résiduelle de DNA(Stern
etHotta, 1974).
L’arrêt de la
synthèse
du rRNA se traduitmorphologiquement
par laségrégation
des constituants du nucléole. Les
gènes ribosomiques
sont rassemblés dans le centrefibrillaire,
isolé des autres constituants nucléolairespendant
la durée du stadepachy-
tène. Une
particularité
del’ovocyte
humain est lajuxtaposition fréquente
degènes ribosomiques provenant
de nombreux chromosomesacrocentriques
dans un mêmecentre
fibrillaire,
où ils sontenglobés
dans uneprotéine argyrophile.
On nepeut
exclure
l’hypothèse
que l’absence ou le déficit d’une enzymeprotéolytique,
en relationpeut-être
avecl’âge
avancé de lamère, pourrait
entraîner unemalségrégation
de cesgènes, expliquant
ainsi certaines trisomies, enparticulier
du chromosome 21.La
reprise
de lasynthèse
du RNAribosomique
audiplotène
est renforcée par uneamplification
du rDNAqui
a pourconséquence l’apparition
de nombreux micro- nucléoles.2)
Dans le nucléole néoformé aupachytène
chez la Caille et chez la Souris, lesgènes ribosomiques
sont au début localisés dans le centre fibrillaire. Latranscription
de ces
gènes
a lieu dans la zonepériphérique
du centre fibrillaire. Elle se traduit parl’apparition
d’une coucheenveloppante
de fibrilles denses.3)
L’évolution du nucléole au stadediplotène
del’ovocyte
de Souris fournit un excellent modèle pour lacompréhension
del’organisation
nucléolaire. Lestechniques d’analyse
utilisées montrent que lerDNA,
d’abordcompacté
dans le centrefibrillaire,
se déroule au moins en
partie
pour se situer dans les cordons fibrillaires du nucléolo-nema
qui
sont, comme la couche fibrillaireenveloppante
du centrefibrillaire,
deszones de
transcription
du rDNA. Le nucléolonema montre deplace
enplace
depetits
centres fibrillaires dont le nombre ne coïncide
plus
avec celui desorganisateurs
nucléo-laires,
etqui
doivent être considérés comme des zones decompactage
localisé durDNA,
sanstranscription
active dans leurpartie
interne.Présenté au Colloque D. G. R. S. T. de Port Bail, 27 février-1e.’ mars 1979.
Accepté en octobre 1979.
Remerciements. - Travail réalisé avec l’aide de la DGRST
(Contrat
N°77.7.1925)
et du CNRS
(ERA
N°397).
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