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FEMMES, COMMERCE DE PRODUITS HALIEUTIQUES ET STRUCTURATION DE L ESPACE LAGUNAIRE ABY

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FEMMES, COMMERCE DE PRODUITS HALIEUTIQUES ET STRUCTURATION DE L’ESPACE LAGUNAIRE

ABY

ADOU GNANGORAN ALIDA THÉRÈSE

- Géographe, Assistante Université Félix Houphouët-Boigny (Côte d’Ivoire) agathe_n77@yahoo.fr

RÉSUMÉ

Le secteur informel est officiellement défini comme un ‘’ensemble d’unités’’ produisant des biens et des services en vue principalement de créer des emplois et des revenus pour les personnes concernées1 BIT, (1993). Le commerce halieutique dans l’espace lagunaire Aby répond en partie à cette définition.

En effet, cette activité informelle est un creuset d’emplois dans les domaines de la transformation et la commercialisation des ressources halieutiques. A ce titre, elle permet de lutter efficacement contre la pauvreté en Côte d’Ivoire.

Par ailleurs, les produits de la pêche constituent des denrées alimentaires importantes pour les popu- lations ivoiriennes dans son auto-suffisance alimen- taire. Toutefois, l’exercice de cette activité est sujet à plusieurs problèmes pour les femmes. Lesquelles en sont les principales animatrices.

En s’appuyant sur des enquêtes de terrains, cette contribution a pour but de montrer l’organisation du commerce halieutique dans l’espace lagunaire Aby par les femmes.

Mots-clés : commerce halieutique, espace lagu- naire Aby, produits halieutiques, activité informelle, sécurité alimentaire.

ABSTRACT

The informal sector is officially defined as a ‘set of units’ producing goods and services with the primary objective of generating employment and income for the people involved (ILO, 1993). The fish trade in the lagoon area Aby partly answers this illustration.

Indeed, this informality is a melting pot of manual jobs in the areas of processing and marketing of fishery resources. As such, it effectively fights against poverty in Côte d’Ivoire.

In addition, fishery products are important food for Ivorians in its food self-sufficiency. However, such activity is subject to a number of problems for women.

Which are the main facilitators. Based on surveys of land, show the organization of the fish trade in Aby lagoon area women this contribution aims.

Key words : fish commerce, Aby lagoon area, fish products, informal activity, food safety.

1- BIT : Bureau International du Travail I- INTRODUCTION

Au nombre des activités du secteur informel, on note la pêche. Celle-ci est pratiquée dans un environ- nement toujours sujet à plusieurs études scientifiques d’une part et ; à des projets d’aménagements d’autre part. Cette réalité tient à deux indicateurs : l’intensité de la pêche lagunaire et l’adhésion de la population des espaces lagunaire dans toute sa diversité.

Cet article s’attache à l’étude d’un cas : celui de la lagune Aby. C’est un espace lagunaire situé sur le littoral ivoirien avec une superficie de 424 km². Son ouverture sur la mer est permanente. Elle date de 1942.

L’espace lagunaire Aby est le plus vaste. Par ailleurs, il est relativement profond du côté ouest et se termine aux environs de Mowa. La lagune Aby est composée de trois sous-ensembles dont le tout forme un complexe lagunaire : Aby-Tendo-Ehy (cf. figure n°1).

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Figure 1 : Le système lagunaire Aby-Tendo-Ehy Cet espace lagunaire est le lieu de pratique d’un grand commerce de produits halieutiques. Lequel commerce est principalement animé par des femmes d’origines diverses. Comment cette activité féminine structure-t-elle l’espace lagunaire Aby ? La présente étude est une contribution à l’étude du dynamisme la commercialisation des produits halieutiques dans l’espace lagunaire Aby.

II- MÉTHODE

La collecte de données et de l’information s’est basée sur une recherche documentaire, des observations et une enquête de terrain. La recherche documentaire nous a permis de consulter des ouvrages traitant des questions de commercialisation des produits halieutiques. Sur le terrain, nous avons eu recours à la méthode d’échantillonnage non probabiliste parce qu’il n’existe pas de données prédéfinies (on ne connaît pas l’étendue de la population) pouvant nous permettre de définir la population mère en vue d’un échantillonnage raisonné. Ensuite, les femmes ne sont pas individuellement permanentes sur le site. Ce qui ne permet pas d’envisager un échantillon probabiliste.

Ce type d’échantillon a certes des limites car il ne donne pas la chance à tous les individus d’être choisis d’où la question de la représentativité de l’échantillon.

Cependant il se prête pour le mieux aux caractéristiques de notre population mère. Nous avons en outre fait un effort de fournir un échantillon représentatif en interrogeant 118 femmes dans l’espace lagunaire Aby.

III- RÉSULTATS

1- LE RÔLE DES FEMMES DANS L’ACTIVITÉ DE PÊCHE DANS L’ESPACE LAGUNAIRE ABY Dans l’espace lagunaire Aby, les produits halieu- tiques sont débarqués sur la plage. Ensuite, ils sont triés et remis généralement aux femmes. Ces dernières en assurent la transformation puis la com- mercialisation. Rappelons que dans leur majorité, ces femmes sont les épouses des pêcheurs.

1.1- La transformation des produits halieutiques 1.1.1- Le fumage des produits

halieutiques

Dans l’espace lagunaire Aby, le fumage est le pro- cédé de transformation des produits halieutiques le plus usuel. Il se fait par groupe de plusieurs femmes d’une part et ; toutes de la même famille d’autre part.

Photo n° 1 : Des ethmaloses fumés mises en panier (ADOU Alida, 2013)

Photo n° 2 : Des crevettes capturées frais présentées aux touristes (ADOU Alida, 2013)

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Ensuite, se fait un tri pour séparer les petits poissons des gros. Les gros sont dépouillés de leurs écailles et déchets puis découpés. Les femmes les disposent ensuite sur les grillages afin de les égoutter. Quant aux petits, ils sont lavés sans qu’on ne leur enlève les écailles (cas des Aoubés). Quant aux poissons de taille moyenne et les machoirons (chrysichtys) sont lovés.

Après cette phase de nettoyage, le poisson disposé déjà sur les grillages est déposé sur le feu qui va servir à l’effet de fumage. Après cette étape, il est mis en panier (cf. photo n°1). L’opération de fumage se fait en deux étapes. La première étape consiste à vider le poisson de toute graisse ou toute eau qui est en lui. A ce titre, les fumeuses s’arrangent, afin que le feu soit vif. Cette étape peut durer 4 à 5 heures, selon l’espèce, la taille et l’état de conservation du poisson. C’est le fumage court qui n’assure pas une conservation de plus de 4 à 5 jours. Cette opération a pour but de donner au poisson un goût particulier apprécié chez les consommateurs locaux. Le poisson fumé obtenu doit se vendre dans un délai de 5 jours maximum. Dans le cas contraire, les femmes prolongent le fumage des produits non vendus.

Cette situation conduit à une perte du goût d’une part et ; et de la diminution du prix de vente d’autre part. Pour les crevettes, il faut 6 heures pour un fumage court ; sinon toute une journée pour un fumage long. Le pro- duit ainsi fumé peut être conservé pendant trois mois.

Précisons que la majorité des crevettes capturées en lagune Aby (Assinie–Mafia) est fumée et séchée avant d’être vendues. Toutefois, elles sont vendues fraiches aux touristes (cf. photo n°2). Pour les crustacés vendus fumés (comme les crabes (cf. photo n°3), le fumage se fait lorsqu’ils sont morts.

Photo n° 3 : Les crabes fumés soumis à la vente (ADOU Alida, 2013)

La deuxième étape est le fumage long. Il se fait à feu très doux dans un délai de 4 à 5 jours. Le proces- sus de fumage est la meilleure façon pour les acteurs de la pêche artisanale de conserver leurs produits, puisque aujourd’hui le poisson fumé est beaucoup apprécié par les consommateurs. Ce fumage long est destiné principalement aux Ethmaloses. Durant cette étape le poisson perd environ 3/4 de son poids original. Par ailleurs, après le fumage le poisson présente plusieurs modifications. En fait, sa chair devient dure au toucher et s’effrite facilement sous une légère pression. Les produits halieutiques trop fumés reviennent moins -chers sur le marché du fait de la perte de leur poids et du goût particulier.

1.1.2- Le séchage : une action occasionnelle

Le salage-séchage est une activité de transforma- tion peu pratiquée sur le littoral ivoirien. Il se fait de manière occasionnelle et pratiqué par les femmes d’ori- gine ghanéenne. C’est la technique de conservation des produits en état de putréfaction. Cette putréfaction est due au manque d’équipement frigorifique dans les pirogues et à la durée des marées. Les poissons décomposés sont ramenés au village par les femmes qui les nettoient en les débarrassant de leurs déchets, et les aplatissent. Ils sont ensuite salés selon leur état de détérioration. Ces poissons sont ainsi séchés, sur des claies, les toits des maisons ou à même le sol. Par ailleurs, le moment idéal, c’est lorsque le soleil est ‘’au zénith’’. Les femmes veillent également à ce qu’ils soient bien séchés. A cet effet, elles retournent les poissons à chaque passage, jusqu’à ce qu’elles soient satisfaites.

Le salage-séchage peut également se pratiquer sur un poisson en bon état. Il est alors laissé pendant une nuit dans un récipient. Ensuite, il est nettoyé, écaillé, éviscéré et les bronchites enlevées. Le poisson est alors rincé, salé, et mis à fermenter sur une période d’une demi-journée à trois jours. Après la fermentation, Il est ensuite séché pendant un jour. Au cours du séchage, les femmes enduisent la surface du poisson par de petites quantités d’huile comestible pour leur donner un aspect luisant au moment de la mise en vente du produit. Aussi, pour d’autres femmes, l’application de l’huile permet-elle d’éviter l’infection du poisson par les mouches. Le poisson obtenu après séchage est appelé en langue locale ‘’ djuevant ‘’. Certaines femmes s’en servent juste pour assaisonner leur repas

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1.1.3- Le matériel de transformation Au niveau de l’espace lagunaire Aby, le matériel qui sert à la transformation des produits de pêche diffère d’un village à un autre. On dénombre trois types de matériels pour le fumage : les fours en terre (cf photo n°4 a), métallique (cf. photo n°4 b) et rectangulaire.

Photo n°4 a : Fours en terre (ADOU Alida, 2013)

Photo n°4 b : Fours métallique (ADOU Alida, 2013) Ce sont des fours traditionnels fabriqués par les fumeuses. Les fours en terre et rectangulaire ont une durée de vie de 3 à 4 ans d’utilisation à cause de la chaleur qui affaibli les parois. Les combustibles utilisés pour actionner ces fours sont les bourres de noix de coco, les branches de cocotiers ainsi que les bois de chauffe (palétuvier).

1.2- Les produits halieutiques

commercialisés dans l’espace lagunaire Aby Les espèces commercialisées en lagune Aby sont nombreuses et variées. En nous basant sur la clas-

sification de Charles (D) et Raffray (J) qui a été faite dans le Guide de détermination des poissons des lagunes de Côte d’Ivoire (1985), nous avons établi ce tableau en y ajoutant en plus du nom scientifique, le nom commercial et le nom en langue locale. Voir tableau ci-dessous.

Tableau n °1 : Les espèces commercialisées dans l’espace lagunaire Aby

Famille Nom

scientifique Nom commercial

Nom en langue locale 1 Clupeidae Ethmalosa

Fimbrata Aoubé Aoube

2 Bagidae Chrysichthys

Nigroditatus Machoiron N’dohoubé 3 Mugilidae Mugil Curema Mullet Efié 4 Elopidae Elops Lacerta Elops Ebô 5 Caragidae Trachinotus Teraia Liche Essè

6 Cichlidae Tilapia

guinensis Carpe noire Epkôlè 7 Mugilidae Liza Falcipinis Petit mullet Atibétè 8 Bagidae Chrysichthys

Walkeri Machoiron N’dohoubé 9 Bagidae Chrysichthys

Filamentosus Machoiron N’dohoubé 10 Cichlidae Sarotherodon

Melanothero Carpe

blanche Mpolê 11 Cichlidae Tylochromis

Jentinki Carpe

rouge Ebenan

12 Gerreidae Gerres Nigri Gerre Tabiassar Source : Charles (D), Raffray (J), 1985

A côté de ces poissons, nous avons les crabes (en deux catégories). Par ailleurs, les crabes pêchés en âge adulte mesurent entre 10 et 15 cm de large pour un poids variant entre 100 et 200 g. Ce sont soit des ‘’callinectes palledus’’ (les crabes avec des cara- paces en treillis), soit des ‘’xallinectes amnicola’’ (les crabes ordinaires) PMEDP, (2002), soit des crevettes.

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0 1000 2000 3000 4000 5000 6000 7000 8000 9000 10000

poisson crabes crevettes

Figure 2 : Production en tonne par catégorie à Adiaké en 2008

Source : rapport d’activité de la préfecture d’Adiaké 2008 De l’analyse de cette figure (ci-dessus), il ressort plusieurs constats. D’abord, il est clair que par caté- gorie, le poisson domine les captures en lagune Aby.

Ensuite, Il représente 8 907 tonnes contre 539 tonnes pour les crabes et 26 tonnes pour les crevettes en 2008. Rappelons que la majorité des pêcheurs de cet espace a une préférence pour la capture de poissons.

Enfin, les informations en rapport avec les autres produits halieutiques autre que le poisson.

En effet, la pêcherie de crabes a été initiée avec le projet du programme pour des moyens d’exis- tence durables dans la pêche en Afrique de l’Ouest2 (PMEDP, 2002). Ce projet avait pour but d’inciter les jeunes à la pêche des crabes afin de réduire le taux d’exploitation du poisson. Concernant les crevettes, la seule espèce de crevettes pénéides importante sur le plan économique en Côte d’Ivoire est pénaeus notialis. Les crevettes pénéides sont pêchées en phase juvénile. C’est-à-dire, lorsqu’elles mesurent 80 mm de longueur environ. Le site d’Assinie est le lieu où cette pêcherie est vraiment développée. Cela 2- PMEDP : Projet du Programme pour des Moyens d’Existence Durable de la Pêche en Afrique de l’Ouest

s’expliquerait par le fait que c’est cette partie de la lagune qui est la plus salée. En conséquence, les crevettes y viennent en saison de ponte.

1-3- La commercialisation des produits de la pêche

Le poisson est acheté, traité et commercialisé par les femmes. Il est commercialisé sous deux formes : poisson frais et poisson transformé (congelé, séché ou fumé). Le mode de vente, la fixation des prix et le circuit de commercialisation sont différents selon la nature du produit.

a- Les actrices de la commercialisation des produits halieutiques

Dans la commercialisation des produits halieu- tiques, on dénombre deux actrices : les fumeuses et les mareyeuses (cf. Figure n°3).

Figure n°3 : La répartition des actrices de la com- mercialisation des produits halieutiques Sources : nos enquêtes, 2013

Selon l’analyse du graphique ci-dessus, les fumeuses représentent la part importante (60%) des actrices. Cette raison s’explique par la difficulté de la conservation des poissons frais par les femmes.

Elles préfèrent la commercialisation des produits halieutiques fumés. En fait, le temps d’écoulement peut être de longue durée contrairement aux produits halieutiques frais qui se vendent systématiquement.

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b-La répartition des commerçantes selon le type de produit

Tableau n° 2 : Répartition des commerçantes par site selon le type de produit

Marchés Type de

produit

Adiaké Mowa Total

Pourcentage Nombre de

femmes Total Nombre de femmes Total

Poissons frais 21

58

12 27 85 72%

fumés 37 15

Crabes frais 11

17 3

6 23 20%

fumés 6 3

Crevettes fraîches 2

5 3

5 10 8%

fumées 3 2

Total 80 38 118 100

Source : Nos enquêtes, 2013

Selon le tableau ci-dessus, le commerce dominant est celui du poisson avec 85 recensées soit 72% contre 20% pour les vendeuses de crabes frais et fumés avec 23 recensées. Quant aux crevettes fraîches et fumées, elles représentent 8% avec 10 recensées. Les com- merçantes ont une préférence pour le poisson fumé car il est beaucoup prisé par le consommateur du fait de son goût particulier. La vente de cet type de poisson est rentable parce qu’il est vendu plus cher à cause des coûts qui augmentent les dépenses des fumeuses. A la différence du poisson fumé qui peut se conserver pen- dant une semaine, le poisson frais s’écoule rapidement (un jour généralement). Si tel n’est pas le cas, il entre en état de putréfaction. Certaines femmes effectuent les deux activités à la fois. Elles vendent aussi bien le poisson frais que le poisson fumé. Cette double fonction ne leur laisse pas le temps de séjourner longtemps sur le marché. En effet, elles doivent écouler dans les meilleurs délais leur marchandise pour repartir afin de se consacrer aux travaux de fumage et de ménage.

c- Le prix des espèces commercialisées Les prix varient en fonction de certains facteurs : le lieu de débarquement, la taille du poisson, la sai- son de pêche, l’heure de la journée, la relation avec les acheteurs, l’abondance du poisson, le degré de transformation et le pouvoir d’achat du consomma- teur. Par ailleurs, la fixation des prix du poisson de

lagune se fait librement que se soit avec les pêcheurs ou sur les marchés.

En effet, de nos investigations, nous avons observé un fait. Il existe deux cuvettes de mesure du poisson frais, lorsqu’il est débarqué sur la berge. Ainsi, la grande cuvette de 40 Kgs en Aby Sud (Adiaké, Assomlan, Angah, Assinie-Mafia) et la petite cuvette de 30 Kgs en Aby Nord (Eplemlan, Aby, Abiaty, Etueboué,Mowa, Eboué). Le prix de cette cuvette varie en fonction de l’abondance et de la rareté des captures ramenées. En cas de rareté le prix fixé varie entre 5 000 et 15 000 FCFA. Par contre, en cas d’abondance ce prix baisse jusqu’à 9 000 à 8 500 FCFA. Le poisson séché se vend en petits morceaux carrés 25 et 50 FCFA appelé

‘’djuevant’’ en langue local. Les commerçantes vendent ces produits (frais ou transformés) à leurs clientes habituelles, en y ajoutant leur bénéfice en fonction du prix d’achat. Ce bénéfice varie généralement entre 1 500 et 2 000 FCFA en moyenne par cuvette et par jour.

1.4- Les circuits de distribution et de commercialisation

La distribution des produits de la pêche artisanale dans l’espace lagunaire Aby constitue une activité importante. Celle-ci est animée par plusieurs acteurs dont les femmes sont les plus importants.

Cette activité a plusieurs fonctions. En effet, elle permet d’approvisionnement des populations en

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poisson. Elle assure du revenu aux différents acteurs qui interviennent dans ce circuit.

a- Les structures de distribution et de commercialisation

Nous avons deux grands marchés : celui d’Adiaké situé à l’extrême Nord et celui de Mowa localisé à l’extrême Sud. Ces deux marchés représentent une sorte d’entrepôt et de commerce. Et c’est de ces sites que s’organise l’approvisionnement en produits halieu- tiques (de l’espace lagunaire Aby) vers les marchés d’Abidjan d’une part et ; ceux des contrées environ- nantes d’autre part. Chaque marché commande ainsi une zone d’influence dont il constitue le point central.

Les marchés se tiennent respectivement les mercredis et dimanches. Sur ces marchés sont accueillis tous les produits de la pêche de cet espace. Durant ces jours, personne ne va à la pêche. Les pinasses et les camion- nettes bâchées affluent de toutes les contrées vers ces marchés, transportant commerçants et marchandises de toutes sortes ; les produis de la pêche y compris.

Des vendeuses de détail ou de gros viennent également d’horizons lointains : Bonoua, Abidjan, Aboisso. Celles-ci viennent se procurer les produits de pêche de la lagune Aby. Les produits sont vendus au départ à des grossistes qui à leur tour les revendent en gros ou en détail. Ils sont mesurés dans des paniers de tailles différentes en fonction de l’espèce et des prix précédemment formés.

b- Le mode d’écoulement des produits halieutiques dans l’espace lagunaire Aby Deux modes de paiement du poisson ont été relevés (cf. tableau n°3). La vente se fait à crédit ou au comptant.

Tableau n°3 : Modes de vente du poisson fumé

Crédit Comptant TOTAL

Effectif 33 85 118

Pourcentage (%) 28 72 100

Source : nos enquêtes, 2013

Ce tableau ci-dessus met en évidence le mode de vente des produits de la pêche. Il en ressort que

72% des femmes vendent leurs produits au comp- tant et 28 % seulement le vendent à crédit. Celles qui le font vendent généralement au village à leurs clientes habituelles qui leur ramène l’argent qu’après la vente. Pendant la vente, elles entretiennent des relations privilégiées basées sur la confiance avec les acheteurs. C’est un risque important pour ces femmes. En fait, ces partenaires sont quelquefois des parents, des personnes avec qui elles partagent le même village ou encore des personnes recomman- dées par quelqu’un de confiance. Il arrive aussi que des liens se tissent à force d’acheter chez la même personne. Cependant, certaines préfèrent réaliser elles-mêmes la vente de leurs produits et éviter les intermédiaires. Celles qui se déplacent vers les marchés préfèrent suivre la filière jusqu’au bout pour s’assurer un maximum de gains et de bénéfices.

Dans leur déplacement, les femmes d’Adiaké ont plus d’avantage parce qu’elles accèdent à la voie Abidjan- Noé facilement. Elles pensent maximiser leur profit en agissant ainsi. Les mareyeuses s’approvisionnent soit auprès des fumeuses soit directement avec les pêcheurs. Sur le site de notre étude, nous n’avons pas rencontré d’hommes commerçants. Les femmes estiment qu’elles ont plus le sens du commerce que les hommes. C’est la raison pour laquelle elles s’oc- cupent de cette partie de la filière. Les pêcheurs leur concèdent volontiers cela. Ils préfèrent se consacrer à la capture des produits halieutiques.

c- Le réseau de distribution des produits halieutiques à partir des marchés d’Adiaké et de Mowa

Les activités commerciales dans l’espace lagunaire Aby développent des relations entre les différents espaces en créant des flux de personnes, de marchandises par des moyens de transport et de communication.

1.5- Le transit

Des enquêtes faites au niveau des deux marchés, il ressort que la distribution des produits de pêche se fait par voie lagunaire en pinasses ou pirogues et par voie routière en véhicules loués ou camionnettes bâchées (cf. tableau n°4).

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Tableau n°4 : Le pourcentage des commerçantes selon le type de voies empruntées Type de voie

Nombre de commerçantes

Voie

lagunaire Voie

routière Total

Commerçantes 89 22 118

Pourcentage % 81 19 100

Source : nos enquêtes, 2013

Selon le tableau ci-dessus, on enregistre 81%

de commerçantes qui se déplacent par la voie lagu- naire soit 96recensées. Par contre, 19% des com- merçantes se déplacent par voie routière soit 22 de femmes recensées. La majorité des commerçantes sont de l’espace lagunaire Aby. Elles se déplacent pendant les jours de marchés pour écouler leurs produits de pêche.

1.6- Destination des produits de pêche sur le marché d’Adiaké et de Mowa

Tableau n°5 : Les principaux lieux vente des produits de pêche provenant du commerce d’Adiaké et Mowa

Lieux

d’approvisionnement

Lieu de destination

Total Espace

Lagunaire

Aby Abidjan Aboisso Bonoua Grand-

Bassam Ghana Nombre de

commerçantes d’Adiaké et

pourcentage 11 soit 14% 35 soit 44% 21 soit

26% 8 soit

10% 3 soit 4% 2 soit

2% 80 soit 100%

Nombre de commerçantes de Mowa et

pourcentage 4 soit 11% 18 soit

47% 11 soit

29% 0 0 5 soit

13% 38 soit 100%

Source : nos enquêtes en 2013

Selon le tableau n°5, il y a principalement trois lieux de vente des produits de pêche issus de cet espace. Il s’agit d’Abidjan, des villes voisines et des villages voisins.

En effet, Abidjan est le point de destination privilé- gié avec 45% sur 53 femmes recensées. Par conte, 6% des femmes ont pour destination le Ghana avec 7 femmes et 49% pour les autres villes et villes environnants avec 58 commerçantes. Il convient d’étudier le système de ravitaillement d’Abidjan et les autres contrées. Comme l’indiquent les pourcen- tages précédents, c’est vers Abidjan que les femmes dirigent en priorité leurs produits de pêche. Aucune autre ville n’est approvisionnée autant que la capitale.

Les produits halieutiques sont convoyés par la route qui est le corridor Abidjan-Noé vers les principaux marchés d’Abidjan. Plusieurs critères influencent le choix des commerçantes pour l’un ou l’autre de ces marchés : la distance à parcourir, les moyens, le coût

de transport, la présence d’une connaissance dans le marché et le taux de fréquentation du marché par les revendeurs. La distribution locale est celle qui a lieu dans les villages environnants. C’est exclusi- vement un commerce de détail, même si parfois les commerçantes vendent en gros tous leurs produits à une compatriote ou une grossiste qui va la revendre sur les marchés urbains (cf. figure n°5). Les pro- duits issus des marchés d’Adiaké et de Mowa ont pour destination Bonoua, Grand-Bassam, Aboisso, Abidjan, les villages et campements de l’espace lagunaire Aby.

Le marché d’Adiaké draine les quantités commer- cialisées de l’ensemble de la lagune Aby ; y compris l’entrée de la lagune Tendo. La zone de couverture de ce marché s’étend également à la zone d’influence privilégiée du marché de Mowa. Les aires d’appro- visionnement de ce marché se recouvrent sur l’Est et le Sud-est de la lagune Aby.

(9)

Figure n°5 : Les flux commerciaux des produits halieutiques des marchés d’Adiaké et de Mowa 1.7- Le conditionnement des produits

halieutiques

Le transport des produits de pêche se fait souvent dans des emballages de récupération. Ce sont princi- palement des cartons ayant initialement contenu du savon d’importation, des boîtes de conserves et des paniers (cf. photo n°5). Le transport de ces produits se fait souvent dans de très mauvaises conditions.

En effet, les véhicules sont toujours chargés au-delà de leurs capacités normales. Les sacs ou les paniers sont taxés sans tenir compte de leur contenu. Les tarifs appliqués sont liés au nombre de cartons ou panier.

Le transporteur est rémunéré en fonction de la taille et du nombre de paniers embarqués. Concernant la voie lagunaire, les paniers sont confiés au capitaine de la pinasse, lorsqu’ils sont transportés sans accompagna- teur. Ils sont couverts d’un pagne ou d’un morceau de pagne dont les motifs et les couleurs sont connus par la correspondante de la grossiste. Cette dernière est installée au village ou au campement.

De plus, elle dispose du même morceau de pagne.

Dès qu’elle réceptionne la marchandise, cette cor- respondante recherche les indications du mode de vente décrites par la grossiste. Lesquels sont men- tionnés sur la facture. Cela se fait par des objets ou

par un langage codé entre les deux partenaires. Sur le chemin du retour le capitaine de la pinasse repart avec la somme indiquée par la facture, le morceau de pagne et des produits manufacturés demandés par la fumeuse. Les débarquements de ces produits lagunaires se fait les jours de marché d’Adiaké, et de Mowa. Toutes les femmes qui transportent les pro- duits halieutiques vers les lieux de commercialisation payent seulement la carte de mareyeuse.

Photo n°5 : Le transport du produit de la pêche dans un panier par la camionnette bâchée en partance pour Aboisso (Adou Alida, 2013)

(10)

Le coût de cette carte s’élève à 5 000 FCFA/

an. Elle est payée à la direction des ressources halieutiques d’Adiaké. Lors de la traversée, ces com- merçantes sont contrôlées par les forces de l’ordre

ivoiriennes : douaniers, policiers, etc. cependant, Rappelons cette carte peut se faire dans l’illégalité en contournant les autorités légales.

1.8- Le nombre de colis transportés par les commerçantes Tableau n°6 : Le nombre de colis enregistrés à l’exportation

Nature des

produits Nombre de

commerçantes Nombre de colis par femmes en

moyenne

Total de colis

Provenance Destination

Poissons

frais 33

85 12 1020

Soit 88%

Adiaké Espace lagunaire Aby/

Abidjan/Aboisso/Bonoua/

Grand-Bassam/Ghana Poissons

fumés 52 Mowa Espace lagunaire Aby/

Abidjan/Aboisso Crabes

frais 14

23 5 115

Soit 10%

Adiaké Espace lagunaire Aby/

Abidjan/Aboisso/Bonoua/

Grand-Bassam/Ghana Crabes

fumés 9 Mowa Espace lagunaire Aby/

Abidjan/Aboisso Crevettes

fraîches 5

10 2 28

Soit 2 %

Adiaké Espace lagunaire Aby/

Abidjan/Aboisso/Bonoua/

Grand-Bassam/Ghana Crevettes

fumées 5 Mowa Espace lagunaire Aby/

Abidjan/Aboisso

Total 118 118 1163

Source : nos enquêtes 2013

L’analyse du tableau n°6 nous montre que parmi les articles, les poissons sont en tête avec 10 20 paniers, soit 88%. Ensuite, viennent les crabes avec 115 paniers, soit 10%. Enfin de classement, viennent les crevettes avec 28 paniers, soit 2%.

En sommes, ce sont 1163 paniers de produits halieutiques qui transitent de l’espace lagunaire Aby vers villes, villages et campements.

Tableau n°7: Les tarifs des passagers et des marchandises par véhicules Type de

véhicule Nombre de cuvette par femmes et par jour en moyenne

Prix moyen de la cuvette en FCFA

Prix moyen du transport en FCFA

Prix total des cuvettes en FCFA

Frais Fumé

Frais Fumé

Pirogue

15

8000 10000 300 FCFA/panier 4500

FCFA/panier 4500

FCFA/panier

voiture 8000 10000 500 FCFA/panier 7500 FCFA/

panier 7500 FCFA/

panier Source : nos enquêtes, 2013

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Il faut noter que les variations des prix appliqués sont tributaires des différents lieux de distribution (cf.

tableau n°7). L’environnement immédiat des marchés de l’espace lagunaire Aby n’aura pas le même prix que les contrées lointaines. A ce titre, le transport des marchandises et la distance entrainent la hausse des prix. Ce bénéfice journalier varie généralement entre 1 500 et 2 000 FCFA en moyenne par cuvette. Le poids de la cuvette varie entre 30 et 40 kgs selon la région. A Adiaké, nous avons des cuvettes de 30 kgs et à Mowa 40 kgs. Elles réalisent un bénéfice total journalier de 22 500FCFA. Elles font par an une recette moyenne d’envi- ron 8 100 000 FCFA, soit 675 000 FCFA par mois. Les coûts de commercialisation se subdivisent en frais de manutention, d’emballage, de transport et de taxes, et sont différents selon les lieux de vente. D’une manière générale, il n’y a pas de réglementation administrative au niveau du mode tarifaire. Les prix sont fixés en réfé- rence à plusieurs indicateurs : les produits disponibles sur le marché, la qualité et la taille du poisson et la saison de pêche. La distribution et commercialisation des produits halieutiques rencontrent un certain nombre de problèmes. La réussite du fonctionnement du com- merce halieutique dans l’espace lagunaire Aby est une affaire de la gente féminine. Cette réussite nécessite l’analyse de la répartition de cette population afin de mieux distinguer leur rôle dans la commercialisation des produits halieutiques.

2- LES FACTEURS D’INFLUENCES DE LA RÉPARTITION DES ACTRICES

Trois grands facteurs influencent la répartition des commerçantes sur l’espace lagunaire Aby. Ce sont se la nationalité, l’âge et la situation matrimoniale.

L’importance de la nationalité dans la commer- cialisation des produits halieutiques dans cet espace se perçoit en plusieurs points. En fait, la vente des produits halieutiques se fait selon un réseau clanique.

A ce titre, le taux important d’ivoiriennes (cf. figure n°6) dans ce commerce se réfère au nombre de pêcheurs sur l’espace lagunaire Aby.

De nos investigations, il ressort que les ivoiriennes sont les plus nombreuses. En effet, sur un total de 118 enquêtés, 84% sont des nationaux, soit 99 recensées. Les ghanéens représentent 16% de cette population, soit 19 de commerçantes recensées. Il faut noter que les populations étrangères avaient été fortement représentées dans les années 80.

Figure n° 6 : Répartition des commerçantes selon les nationalités sur l’espace lagunaire Aby Mais, compte tenue de la crise qui a opposé les pêcheurs nationaux et étrangers dans l’espace lagunaire Aby certains non plus le droit d’accès à la lagune. Ainsi, les étrangères qu’on rencontre sur les sites d’enquête sont nées dans cet espace et y vivent avec leurs maris. En plus du facteur de la nationalité, la répartition par âge (cf. tableau n°8) est un élément déterminant dans la compréhension de la répartition des commerçantes des produits halieutiques dans l’espace lagunaire Aby.

Tableau n°8 : Répartition des commerçantes par classe d’âge

Classes d’âge [20-30] [31-40] [41-50] 51 Total

Effectifs 30 66 21 1 118

Pourcentage% 25 56 18 1 100

Source : nos enquêtes, 2013

Le tableau ci-dessus nous présente la répartition des commerçantes par âge. Nous en retenons que 56% de ces femmes ont un âge compris entre 31 et 40 ans. Il s’agit donc de femmes adultes. Aussi, 18% de ces femmes ont-elles un âge compris entre 41 et 50 ans. Sur cet ensemble, 25% ont un âge

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compris entre 20 et 30 ans. Il s’agit là de la classe des jeunes commerçantes. Enfin, 1% ont plus de 51 ans. Qu’en retenir ?

Le travail du fumage et du mareyage est laborieux et pénible. A ce titre, il demande des personnes physiquement fortes. C’est pourquoi la majorité des femmes exerçant cette activité sont adultes. Elles l’exercent toute leur vie. Ce qui leur permet d’aider leurs maris dans l’amélioration du bien-être de leurs familles respectives.

Au niveau de l’instruction, la majorité est analpha- bète ; environ 90%. En fait, ces femmes n’ont pas connu le chemin de l’école. Ce fort taux d’analpha-

bètes dans les activités commerciales halieutiques expliquerait les propos de Vincent (J.F). En effet, pour lui “le commerce constitue actuellement pour une citadine africaine la seule occupation lucrative facilement exerçable, étant donné le fort pourcentage d’illettrée”. Anoh (1991).

Que dire de la situation matrimoniale des commer- çantes ? Le constat est net. On note une prépondé- rance de femmes mariées, soit 92 % (cf. tableau n°9).

Cela s’explique par le fait que ce sont les épouses des pêcheurs qui tiennent le commerce halieutique sur cet espace.

Tableau n° 9 : Répartition des commerçantes selon la situation matrimoniale

Nationalité Adiaké Mowa Ensemble Effectif Mariées Autres Effectif Mariées Autres Effectif Mariées Autres

Ivoiriennes 76 72 4 33 28 5 109 100 9

IvoiriennesNon- 4 3 1 5 5 0 9 8 1

Total 80 75 5 38 33 5 118 108 10

Source : nos enquêtes, 2013

En plus des femmes mariées, cette activité em- ploie également en moindre proportion des femmes d’autres statuts : célibataires, veuves, divorcées, etc.

Ces différents statuts leur permettent de bénéficier de certaines facilités de la part des pêcheurs. Les produits capturés sont vendus frais à ces dernières.

A leur tour, elles les revendent (frais ou transformés) à leurs clientes. Ces revenus leurs permettent de supporter les charges quotidiennes d’une part et ; de subvenir à leurs besoins : alimentation, éducation, santé de la famille, etc. d’autres part.

3- LES PROBLÈMES LIÉS À L’ACTIVITÉ COMMERCIALE DES PRODUITS HALIEUTIQUE

Les femmes qui assurent la transformation et la commercialisation des produits de pêche rencontrent également de nombreux problèmes dans l’exercice de leurs activités. Au nombre de ces problèmes, il y a des

difficultés dans la commercialisation à cause de l’anal- phabétisme (41 %). Difficulté d’accès aux informations d’import-export; barrières tarifaires et non tarifaires 3 ADEPA (2000), l’absence de financement. Cette ab- sence chez les femmes se ressent à travers la quantité de poisson achetée. Le chiffre d’affaire étant faible ; voire même inexistant, elles sont obligés de prendre le pois- son à crédit, Vanga (2004). Quant aux mareyeuses et fumeuses, elles limitent leur achat à quelques cuvettes.

A la suite de l’absence de financement, il y a l’absence de structures modernes de conservation et le manque d’électricité (dans certaines localités) Bikpo,(1997). Cette situation contraint les femmes à fumer une plus grande quantité de poissons pour leur éviter la putréfaction. En fait, initialement fumés de grandes proportions de pois- sons ne fait pas toujours partie de leur plan. Elles sont même parfois obligées de liquider la marchandise ‘’à bon prix’’. En conséquence, elles ont des pertes énormes sur leurs bénéfices.

3- ADEPA ; Association Française pour le Développement des Activités Maritimes

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Comme autre problème dans cette activité, Il y a l’achat du matériel de fumage : le bois de chauffe.

En effet, ce bois est acheté. Ce qui accroît les dépenses. Une aide extérieur leur aurait sûrement permis d’obtenir plus facilement les accessoires de travail 4DIPA (1997).

4- LES STRATÉGIES D’AMÉNAGEMENT Pour l’amélioration de leurs conditions de vie, les femmes ont mis en place de petites activités commerciales génératrices de revenus. Ces acti- vités sont réalisées dans leurs espaces de vie. En conséquence, ces femmes impactent l’espace dans son organisation. Elles modifient et transforment donc l’espace à leur avantage et conservent leur position malgré tout. Dans l’espace lagunaire Aby, les commerçantes ont développé des stratégies dans le cadre de leur commerce. Si bien que sur tout le ter- ritoire national, elles ont une présence remarquable.

On peut voir ces femmes à l’œuvre partout : dans les habitations, les villages et les villes. Elles sont reconnues aux marchés et dans les rues. On les observe à la tâche du levé du jour à la tombée de la nuit. Chaque jour ce sont des tonnes de produits halieutiques qui sont mis en mouvement par des milliers de femmes. Au départ, elles achètent ces produits en grandes quantités auprès des pécheurs ; leurs époux. Ensuite, elles organisent l’approvision- nement des différents marchés régionaux. Enfin, la commercialisation de ces produits relève de leur fait.

Ce qui leur permet à tous les niveaux de brasser des millions de francs CFA.

Par ailleurs, dans les paysages ruraux et urbains, on note que le commerce des produits halieutiques se fait de différentes façons. Ainsi, les marchandises ambulantes ou sédentaires sont installées sous des arbres ou à ‘’l’air libre’’. L’exposition de ces produits peut être groupée ou isolée. C’est d’ailleurs ce qui entraine la création des marchés spontanés dans les villes. Dans les zones rurales par contre, plusieurs femmes interviennent dans la commercialisation des produits de pêche. Cette intervention se fait par le biais du commerce au ‘’détail’’. Ici, les ‘’détaillantes’’

ont des stocks très limités. Toutefois, elles sont nom- breuses à vendre sous cette forme. En somme, dans cette chaîne, les femmes sont au début et à la fin.

4- DIPA : Programme pour le Développement Intégré des pêches artisanales en Afrique de l’Ouest

IV- Discussion

Le commerce des produits halieutiques de l’es- pace Aby participe efficacement à la vie économique de la nation. De la production à la consommation en passant par la transformation et la commercialisation offre de nombreux emplois et participe à la lutte contre la pauvreté. Weigel (1982) et Koffié-Bikpo (1997). Cela se perçoit à travers plusieurs points : les ressources humaines mobilisées, les revenus et les taxes générées par cette activité, etc. Par ailleurs, selon l’ADEPA-WADAF (2010), en Afrique de l’Ouest environ 1 million de pêcheurs artisans travaillent à plein temps. Ces derniers utilisent environ 140 000 pirogues. Leur taux de motorisation est croissant.

En effet, il oscille autour de 35%. Concrètement dans l’espace lagunaire Aby, 608 personnes ont été dénombrées comme pratiquant la pêche artisanale.

Ainsi, pour une année, ces pêcheurs effectuent des prises d’environ 1 506 tonnes dont 120 290 Kgs sont transformés (annuaire des statistiques des pêches et de l’aquaculture, 2011).Dans la communauté de pêche en lagune Aby, il existe une sorte de division du travail. Ainsi, la pêche est réservée aux hommes.

Quant à la transformation et la commercialisation, c’est la responsabilité des femmes ; leurs épouses.

Le pêcheur et son épouse gèrent en commun les produits de la pêche. La femme intervient quelque- fois dans l’équipement du pêcheur en finançant l’achat du matériel nécessaire. Cela lui garantit ainsi son approvisionnement. Malgré ces performances, d’importantes menaces pèsent sur la pêche artisa- nale. Au nombre de ces menaces, on note la surex- ploitation des ressources halieutiques par la pêche artisanale et la pêche illicite non autorisée et non contrôlée. Selon DIOUF P.S. (2001), l’épuisement des stocks halieutiques entraînerait des consé- quences économiques et sociales désastreuses.

Or, les tendances actuelles de l’évolution des stocks montrent des signes inquiétants dont diminution de la taille moyenne des poissons capturés. Le problème majeur lié à la ressource, c’est l’état d’exploitation inquiétant pour la plupart des stocks à haute valeur commerciale. Par ailleurs, la pêche artisanale reste quand même le parent pauvre des politiques de développement des Etats d’Afrique de l’Ouest. Les activités sont très pauvres à l’image de l’activité tra- ditionnelle de la pêche devenu pour la circonstance une activité est très importante dans la survie de certaines familles. L’activité de base est la pêche

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pour les populations de l’espace lagunaire Aby même si chaque famille pratique des cultures vivrières. Pour l’ADEPA-WADAF (2010), la consommation annuelle moyenne de poisson par tête d’habitant est estimée à 9,2 Kg. Le poisson y est la première source de pro- téines animales. Car il fourni plusieurs éléments nutri- tifs parmi lesquels les acides aminées, les vitamines A et D trouvées dans le foie et les vitamines B Anoh, (2007). Sa teneur en matière grasse très variable, peut atteindre 20% chez certains poissons gras, l’huile de poisson qui a une teneur élevée en acides gras polyin- saturé présente un intérêt particulier pour la nutrition humaine, parce qu’elle empêche l’élévation du taux de cholestérol dans le sang. Si nous voulons assurer la durabilité de la pêche en Afrique et particulièrement en Afrique de l’Ouest, il est indispensable que des systèmes efficaces de régulation de l’effort de pêche artisanale soient mis en place. Le caractère partagé de beaucoup de ressources halieutiques et l’existence de problèmes de gestion communs à presque tous les pays de la sous région ouest-africaine exigent une approche régionale de l’aménagement et de la gestion des pêcheries. Une action concertée au niveau régional contribuera à une amélioration de la qualité des décisions prises en matière de conservation des ressources halieutiques DIOUF P.S, (2001). Pour résister à ce phénomène, la situation actuelle de la pêche en lagune Aby est marquée par la l’existence de deux systèmes de gestion : l’un traditionnel reposant sur des interdits religieux et l’autre administratif et moderne. Les deux systèmes sont complémentaires.

Toutefois, ils présentent des insuffisances. A cet effet, les autorités se doivent d’inscrire le secteur halieutique dans leur programme d’action en vue de parvenir à une plus grande satisfaction des consommateurs.

Pour ce faire, les États doivent travailler auprès d’elles pour améliorer encore la qualité et l’hygiène de leurs produits, ensuite appuyer les femmes pour obtenir des crédits de fonds de roulement afin de maîtriser les coûts initiaux de réinstallation ; enfin les soutenir pour trouver avec elles (ou consolider) des circuits de commercialisation pour contractualiser leurs relations avec les commerçants et leur garantir un produit de qualité régulière. La création d’un observatoire qui informerait les acteurs économiques de ce domaine sur la variation des prix de produits halieutiques sur les lieux de vente afin de les guider. Au niveau de la conservation et du stockage, il faut doter les villages et les marchés de structures adéquates afin de permettre

la conservation sur place des produits. La création d’un syndicat ou d’une coopérative pour permettre aux commerçantes de bénéficier de l’apport des ONG impliqués dans ce domaine et aussi de s’entraider.

Sensibiliser également les commerçantes surtout les grossistes sur les préjudices qu’ils causent aux clients en mouillant le poisson ou en masquant les débris au milieu des cuvettes. Il faudrait également inculquer des leçons d’hygiène à tout acteur, car les produits halieutiques sont des denrées très périssables. A ce titre, ils méritent une attention plus soutenue.

CONCLUSION GENERALE

Cette étude nous a permis de constater que dans l’espace lagunaire Aby, la majorité des produits capturés subit nécessairement la phase de transformation qu’est le fumage. En fait, c’est le seul moyen de conservation qu’ont trouvé les femmes pour leurs produits. Le traite- ment de ces produits est exclusivement réservé à ces dernières. S’agissant des prix, ils sont très variables.

Toutefois, leur formation est liée à plusieurs facteurs (frais de fumage, bénéfices). Ces facteurs sont difficiles à maîtrisés à cause de leur imprécision. C’est d’ailleurs ce qui justifie la complexité de l’étude des marges et du chiffre d’affaires. Au niveau de la distribution des produits halieutiques, elle concerne les ivoiriennes et non ivoiriennes. Cependant, ces dernières rencontrent des difficultés d’approvisionnement : l’insuffisance des équipements pour la distribution, les problèmes de transport, la fluctuation des prix, l’obtention de crédits bancaires aggravent la distribution du poisson dans l’espace lagunaire Aby.

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