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Le reflux gastro-œsophagien

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MISE AU POINT

Le reflux gastro-œsophagien au cours de la fibrose

pulmonaire idiopathique : cause, conséquence,

ou coïncidence ?

Gastroesophageal reflux during idiopathic pulmonary fibrosis: cause, consequence, or coincidence?

S. Marchand-Adam*,**,***, J. Mankikian*, L. Plantier*,**,***

*Service de pneumologie, CHRU de Tours.

**Université François-Rabelais, UMR 1100, Tours.

***Inserm, Centre d’étude des pathologies respiratoires, UMR 1100/

EA6305, Tours.

Le reflux gastro-œsophagien

Généralités

Le reflux gastro-œsophagien (RGO) correspond à la remontée dans l’œsophage du contenu gastrique.

Ce contenu est un mélange, acide ou non, d’acide gastrique, de sels biliaires, de pepsine, d’endotoxine et de particules alimentaires. La sévérité du RGO est définie cliniquement selon la fréquence des épisodes.

Il est ainsi considéré comme modéré à sévère lors- qu’il survient plus d’une fois par jour.

Il peut s’accompagner de symptômes tels que le pyrosis, une douleur épigastrique ou des régurgi- tations. Vingt à 30 % des patients atteints de RGO ne présentent pas ces symptômes. Le diagnostic du RGO est clinique quand les symptômes sont typiques. Quand la présentation est atypique, il peut nécessiter la réalisation d’une endoscopie œso- phagienne, d’une pH-métrie (analyse de l’acidité à 5 cm au-dessus du sphincter inférieur de l’œso- phage [SIO]), voire d’une impédancemétrie œsopha- gienne. Ce dernier examen est capable de détecter tous les reflux, même non acides ; cependant, son interprétation est délicate en l’absence de normes bien définies.

Les complications œsophagiennes du RGO sont liées à son intensité et à sa durée. Elles peuvent être diag- nostiquées par l’endoscopie œso-gastroduodénale.

C’est le cas de l’œsophagite (30 à 50 % des cas), de la sténose œsophagienne, de l’endobrachyœsophage et de l’adénocarcinome œsophagien.

Facteurs favorisants

Le RGO résulte d’interactions entre le régime de pression thoracique et abdominale, la gravité, et la perméabilité du SIO. Le SIO est une structure complexe qui comprend :

➤ sur le plan anatomique, des dispositifs tels que la pince formée par les piliers du diaphragme, l’angle aigu de His entre l’œsophage abdominal et la grosse tubéro- sité de l’estomac, et le ligament phréno-œsophagien ;

➤ sur le plan fonctionnel, la zone de haute pression du SIO qui sépare sur 2 à 4 cm de hauteur l’œso- phage de l’estomac. Cette haute pression résulte de l’activité tonique des cellules musculaires lisses de la couche circulaire interne du SIO et des contractions diaphragmatiques. Ce tonus peut être renforcé par la stimulation du nerf sympathique.

On comprend donc que les facteurs favorisant le RGO incluent :

➤ un défaut de fermeture du SIO soit anatomique (en présence d’une hernie hiatale ou à la suite d’un repas abondant avec dilatation du cardia), soit fonc- tionnel, par relâchement musculaire (prise de café, de médicaments, consommation tabagique) ;

➤ une augmentation de la pression abdominale (obésité abdominale, toux chronique, antéflexion) ;

➤ une diminution de la pression intrathoracique (possiblement par la rétraction pulmonaire induite par la fibrose pulmonaire idiopathique [FPI], lors des efforts inspiratoires) ;

➤ la position en décubitus qui entraîne la perte de l’effet protecteur exercé par la gravité.

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Figure. Patient de 69 ans atteint de FPI présentant une hernie hiatale de type 3.

» À l’opposé, l’hypothèse d’un rôle causal du RGO sur le développement de la FPI est soutenue par l’exis- tence de micro-inhalations du contenu gastrique au cours de la FPI, leurs effets délétères sur le paren- chyme pulmonaire et une corrélation entre la sévérité du RGO et la sévérité de la FPI. L’effet protecteur des traitements anti-acides (médicamenteux, chirurgicaux) sur l’évolutivité de la FPI n’est pas certain.

» Les données récentes de la littérature suggèrent des interactions entre le développement de la FPI et l’existence d’un RGO ou d’une hernie hiatale.

Hernie hiatale Rayon de miel

Highlights

»Gastro-œsophageal reflux (GOR) is caused by interac- tions between intra-thoracic and intra-abdominal pressure, gravitation, and permeability of the lower œsophageal sphincter (LOS). GOR and hiatal hernias are more common in patients with idiopathic pul- monary fibrosis (IPF). Certain elements suggest that the high incidence of GOR in patients with IPF could be due to the physiopathological changes caused by this disease.

»Inversely, the hypothesis of a causal role played by GOR in the development of IPF is supported by the occurrence of micro-inhalations of gastric content in patients with IPF, their harmful effects on the pul- monary parenchyma and a cor- relation between the severity of the GOR and the severity of the IPF. The protective effect of antacid treatments (medica- tion, surgery) on the evolutivity of IPF is not certain.

»Recent data in the literature suggest a relation between IPF development and the presence of GOR or of a hiatal hernia.

Keywords

Gastroesophageal reflux Idiopathic pulmonary fibrosis Hiatal hernia

Honeycomb

Traitement

Le traitement du RGO inclut dans tous les cas des règles hygiénodiététiques comprenant le sevrage tabagique, la limitation des repas abondants, la limitation du surpoids, le respect d’un délai de 2 à 3 heures entre le repas et le coucher, la surélévation de la tête du lit, l’éviction des jus d’agrumes, de tomates, du café, du thé, des sodas, du chocolat et des aliments gras. Certaines molécules favorisant le RGO, comme les corticoïdes, les β2-mimétiques, les anticholinergiques ou les inhibiteurs calciques, doivent, dans la mesure du possible, être évitées.

Le traitement médicamenteux du RGO repose sur les anti-acides (inhibiteurs de la pompe à protons [IPP]

prescrits à double dose et antihistaminiques de type anti-H2), qui ne corrigent pas le RGO en lui-même, les alginates et les prokinétiques. Les IPP, bien que représentant la classe médicamenteuse de loin la plus prescrite, ne semblent efficaces que chez 60 à 70 % des patients atteints de RGO.

Le traitement chirurgical du RGO repose sur la fundo plicature de Nissen ou ses variantes (1), associée à la réparation d’une hernie hiatale le cas échéant. Cette opération permet le contrôle du reflux acide et non acide et diminue le risque de micro-aspiration asymptomatique (2).

Lien épidémiologique entre fibrose pulmonaire idiopathique et reflux gastro-œsophagien

L’hypothèse d’une association du RGO avec la FPI repose en premier lieu sur des données épidémio- logiques. Le RGO est plus fréquent chez les patients atteints de FPI que dans la population générale.

Ainsi, un RGO est observé chez 30 à 88 % de ces patients (3-5). De même, les symptômes du RGO semblent particulièrement fréquents au cours de la FPI (25 à 49 % des patients atteints de FPI les présentent, contre 20 à 30 % dans la population générale ou dans les fibroses pulmonaires en lien avec une pneumopathie d’hypersensibilité chronique [PHS] ou avec une connectivite autre que la scléro-

dermie) [6-8], bien que le RGO au cours de la FPI soit asymptomatique chez 50 % des patients.

De façon cohérente, la fréquence élevée du RGO chez les patients atteints de FPI est associée à une prévalence élevée de la hernie hiatale au cours de cette maladie (figure). De manière intrigante, ce lien semble spécifique de la FPI, puisque, en comparaison d’autres pneumopathies fibrosantes comme les PHS ou celles associées aux connectivites, les hernies hiatales sont plus fréquentes au cours de la FPI (53 % des patients atteints de FPI contre 29 % des patients atteints de PHS et 33 % des patients atteints de connectivite hors sclérodermie) [8]. Cette forte association entre la FPI et le RGO pose la question de la nature de la relation entre ces 2 pathologies, et en particulier celle d’un éventuel lien de causalité.

La fibrose pulmonaire idiopatique favorise-t-elle la survenue du reflux gastro-œsophagien ?

Certains éléments suggèrent que la fréquence élevée du RGO chez les patients atteints de FPI serait attri- buable aux altérations physiopathologiques surve- nant lors de cette maladie. Notamment, on peut décrire, parmi les facteurs qui pourraient favoriser la survenue du RGO et des hernies hiatales :

➤ l’augmentation de la pression abdominale lors des efforts de toux ;

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MISE AU POINT Le reflux gastro-œsophagien au cours de la fibrose pulmonaire idiopathique : cause, conséquence, ou coïncidence ?

➤ la diminution de la pression intrathoracique liée à l’augmentation de la force de rétraction élastique du poumon (ou diminution de la compliance pul- monaire), au repos et au cours du cycle ventilatoire ;

➤ l’élargissement de l’orifice diaphragmatique œsophagien en rapport avec la perte de volume pulmonaire.

Le reflux gastro-œsophagien favorise-t-il la survenue de la fibrose pulmonaire idiopathique ?

À l’opposé, l’hypothèse d’un rôle causal du RGO vis-à-vis du développement de la FPI a été émise par plusieurs auteurs (3-5).

Plusieurs éléments soutiennent cette hypothèse, dont l’existence de micro-inhalations du contenu gastrique au cours de la FPI, leur effet délétère sur le parenchyme pulmonaire, la corrélation entre la sévérité du RGO et la sévérité de la FPI, et, enfin, l’éventuel effet protecteur des traitements anti- acides sur l’évolutivité de la FPI.

Preuve des micro-inhalations au cours de la fibrose pulmonaire idiopathique

Il est supposé que le RGO pourrait favoriser ou aggraver la FPI par le biais de micro-inhalations répétées du liquide gastrique. En accord avec cette hypothèse, J.S. Lee et al. ont décrit la présence de pepsine dans le lavage bronchoalvéolaire (LBA) de patients atteints de FPI, et en particulier au moment d’une exacerbation (9). Cette observation a été reproduite, et élargie par la mise en évidence de sels biliaires dans le LBA chez 40 patients d’une série italienne (10).

Preuve de l’effet délétère du suc

gastrique sur le parenchyme pulmonaire

Plusieurs études in vitro ont montré un effet délé- tère du liquide gastrique ou de ses composants sur les cellules épithéliales et le tissu pulmonaire.

In vitro, les acides biliaires et l’acide chlorhydrique favorisent l’expression du Transforming Growth Factor-β, une cytokine profibrosante, par les pneumo cytes en culture (11). Dans des modèles animaux ou dans des cultures de cellules

bronchiques, les micro-inhalations semblent favo- riser le recrutement de cellules inflammatoires (polynucléaires neutrophiles et macrophages) par la production d’interleukine 8 (12).

Corrélation entre sévérité du reflux gastro-œsophagien et sévérité de la fibrose pulmonaire idiopathique

Les données de la littérature suggèrent une relation entre la sévérité du RGO et celle de la FPI.

D’une part, il est retrouvé une corrélation entre la sévérité radiologique (score scanographique) de la FPI et la sévérité et l’intensité du RGO (p < 0,001 ; r2 = 0,63), quand la quantification de celle-ci repose sur l’impédancemétrie œsophagienne couplée à la pH-métrie (10). La présence d’une hernie hiatale, qui est liée à un RGO plus sévère que dans la popu- lation (13), est associée à une augmentation de la mortalité de cause respiratoire au cours de la FPI (8).

D’une part, il a été rapporté que les patients pré- sentant une FPI prédominant sur 1 des 2 poumons dorment plus souvent sur le côté pathologique que sur le côté sain, et qu’ils ont plus de RGO que les patients ayant une FPI “symétrique” (14).

D’autre part, la sévérité de la FPI ne semble pas corrélée à la fréquence et à l’intensité du RGO acide établies par la pH-métrie seule (6), ce qui suggère que le caractère acide du reflux n’est pas indispen- sable à sa participation à la pathogénie de la FPI.

Impact des traitements du reflux gastro- œsophagien sur l’évolution de la fibrose pulmonaire idiopathique

(tableau)

Traitements médicamenteux Inhibiteurs de la pompe à protons, quels bénéfices ?

Les traitements antisécrétoires gastriques, IPP ou anti-H2, pourraient être bénéfiques au cours de la FPI en diminuant le risque de lésions épithéliales pulmonaires par la réduction du nombre et de l’intensité de l’acidité des micro-aspirations, mais seraient probablement sans effet sur le RGO non acide. De plus, les IPP (mais probablement pas les anti-H2) semblent posséder aussi des propriétés anti-inflammatoires et antifibrosantes spécifiques in vitro (15, 16).

Aucune étude clinique spécifique prospective n’a étudié l’intérêt d’un traitement anti-acide contre

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placebo pour prévenir la progression de la FPI. En revanche, des études indirectes (rétrospectives et post hoc) ont des résultats contradictoires. Dans toutes celles-ci, la proportion de patients traités par IPP prédomine largement sur la proportion de patients traités par anti-H2, ce qui ne permet pas d’évaluer l’intérêt des anti-H2 dans la FPI.

Une première étude rétrospective réalisée dans 2 centres américains regroupant 203 patients atteints de FPI a comparé la survie de 2 groupes de patients selon la prise (ou non) d’un traitement anti-acide. Parmi les patients traités par IPP (47 % des patients), 81 % avaient un diagnostic connu de RGO. Le groupe de patients traités par IPP et/

ou anti-H2 avait une meilleure survie (médiane de 1 967 jours) que ceux sans traitement du RGO (médiane de 896 jours), et un score radiologique de fibrose moins sévère (5). Une deuxième étude rétrospective multicentrique a analysé, dans la population contrôle (n = 242) de 3 essais cliniques américains (études Panther-IPF, STEP-IPF, ACE-IPF), l’effet du traitement du RGO sur la progression de la FPI. Le dia g nostic de RGO était posé chez 45 % des patients. Comparativement aux patients ne recevant pas de traitement anti-acide, 51 % des patients qui

recevaient un traitement par IPP ou anti-H2 présen- taient une moindre décroissance de leur capacité vitale (− 0,06 versus −0,12 l à 30 semaines ; p = 0,05) et moins d’exacerbations (0 versus 9 ; p = 0,017).

L’analyse multivariée montrait que le traitement du RGO était un facteur pronostique indépendant de la dégradation fonctionnelle (17). Une troisième étude portant sur des patients atteints de FPI, parmi lesquels 130 étaient traités par IPP ou anti-H2 et 85 ne recevaient pas de traitement du RGO, a rap- porté une amélioration de la survie (1 241 versus 730 jours) [16].

Ce résultat n’a cependant pas été observé dans d’autres séries. En associant les bras placebo des études INPULSIS 1&2 menées chez des patients atteints de FPI, et en comparant les cas des patients prenant un traitement anti-acide aux cas de ceux qui n’en prenaient pas, une analyse post hoc a montré un déclin de la capacité vitale plus rapide chez les patients recevant un traitement anti-acide (18). Une autre étude réalisée à partir des bras placebo des études CAPACITY 1&2 et de l’étude ASCEND n’a pas trouvé de différence de déclin de la capacité vitale forcée (CVF) ou de mortalité en fonction du traitement anti-acide, alors que les taux d’hospi- Tableau. Arguments pour ou contre la prise en charge du reflux gastro-œsophagien au cours de la fibrose pulmonaire idiopathique.

Pour Contre

Arguments épidémiologiques Le RGO est plus fréquent chez les patients atteints de FPI que dans la population générale ou chez les patients atteints de BPCO

La FPI a une prévalence très faible en comparaison de celle du RGO

Présence de micro-inhalations du contenu gastrique dans le poumon

Prouvée dans des modèles animaux et chez les patients atteints de FPI, en particulier lors d’une exacerbation Effet délétère des sucs gastriques

sur le parenchyme pulmonaire Prouvé dans plusieurs études in vitro de cultures

cellulaires Aucune preuve in vivo chez les patients atteints de FPI

Localisation de la FPI Les patients présentant une FPI prédominant sur 1 des 2 poumons dorment plus souvent sur le côté pathologique que sur le côté sain, et ont plus de RGO

La localisation de la FPI en zones sous-pleurale et périphérique du poumon ne correspond pas au siège des micro-inhalations de suc gastrique

Corrélation entre la sévérité du RGO

et la sévérité de la FPI Prouvée entre la sévérité de la FPI et le score scanographique ou l’intensité du RGO en impédancemétrie œsophagienne

Surmortalité de cause respiratoire au cours de la FPI en présence d’une hernie hiatale

Pas de corrélation entre la sévérité de la FPI et l’intensité du RGO en pH-métrie seule

Effet des traitements médicamenteux

anti-acides Effet bénéfique des IPP et anti-H2 pour diminuer le RGO

Effet anti-inflammatoire et antifibrosants des IPP in vitro

Effet protecteur des IPP sur l’évolution de la FPI dans des études rétrospectives

Pas d’étude prospective disponible sur l’effet des IPP sur l’évolutivité de la FPI

Résultats discordants sur l’évolutivité de la FPI dans les analyses post hoc des bras placebo des études de phase III

Risque délétère suspecté d’un traitement prolongé par IPP, en particulier augmentation du risque de pneumonie communautaire Interactions entre l’oméprazole et la pirfénidone par un effet inducteur modéré du CYP1A2

Effet des traitements anti-acides

chirurgicaux Effet bénéfique sur le RGO acide et non acide Effet protecteur de la fundoplicature sur l’évolutivité de la FPI dans des études rétrospectives

Rapport bénéfice/risque du traitement chirurgical du RGO chez les patients atteints de FPI non connue

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MISE AU POINT Le reflux gastro-œsophagien au cours de la fibrose pulmonaire idiopathique : cause, conséquence, ou coïncidence ?

talisation (22 versus 16 % ; p = 0,052), d’infection (74 versus 62 % ; p = 0,02) et d’infection pulmonaire (14 versus 6 % ; p = 0,02) étaient plus élevés dans le groupe traité par un antisécrétoire gastrique (19).

Ces résultats ne peuvent remettre en cause l’intérêt d’un traitement symptomatique du RGO indépen- damment de la FPI. Des études prospectives sont nécessaires pour définir la place du traitement médicamenteux anti-RGO dans la prise en charge des patients atteints de FPI ne présentant pas de symptômes de RGO.

Inhibiteurs de la pompe à protons, quels risques ?

Il faut attirer l’attention sur les effets indésirables et les toxicités des IPP lorsqu’ils sont utilisés comme traitement au long cours. L’augmentation du risque de pneumopathie aiguë communautaire est discutée (20, 21). Cet éventuel risque pourrait être lié à une per- turbation du microbiome gastrique. D’autres risques sont évoqués, tels que l’ostéoporose. Des études épi- démiologiques rapportent aussi une augmentation du risque de démence (22) et une majoration du nombre d’événements cardiovasculaires graves (23).

Des interactions ont été rapportées entre les médi- caments anti-acides et les traitements antifibro- sants. Il faut souligner les risques d’interactions entre l’oméprazole et la pirfénidone par un effet inducteur modéré du CYP1A2 (24). À l’inverse, les IPP pour- raient améliorer la tolérance de la pirféni done (25).

Traitement chirurgical

Le rapport bénéfice/risque du traitement chirurgical du RGO chez les patients atteints de FPI n’est pas connu. D’après une étude rétrospective portant sur

des patients atteints de FPI inscrits sur liste de greffe pulmonaire, 14 patients ayant subi une fundoplica- ture de Nissen pour RGO sévère ont présenté une amélioration de leur test de marche de 6 minutes, ce qui n’était pas le cas de 31 patients sur liste de greffe non opérés (26). Dans l’étude de J.S. Lee et al, 11 patients atteints de FPI avaient bénéficié d’un traitement chirurgical du RGO et présentaient une amélioration de la survie par rapport aux patients sans traitement du RGO (n = 107) [5]. Enfin, une étude récemment publiée portant sur 27 patients atteints de FPI et ayant bénéficié d’un traitement laparoscopique du RGO a décrit la bonne tolérance, l’efficacité sur le RGO, et l’absence de dégradation de la fonction respiratoire après l’intervention, avec 82 % de survie à 2 ans (27). Une étude clinique prospective de phase 2 (WRAP-IPF, NTC : 01982968) est en cours aux États-Unis, pour évaluer le rapport bénéfice/risque d’une fundoplicature de Nissen chez les patients avec une FPI et un RGO acide prouvé (28).

Conclusion

Les recommandations françaises préconisent la recherche à l’interrogatoire d’un antécédent ou de symptômes de RGO chez chaque patient atteint de FPI. En cas de suspicion clinique, le RGO doit être exploré et traité selon les recommandations habituelles de la prise en charge du RGO (29). Le rôle délétère du RGO et, à l’inverse, le rôle bénéfique d’un traitement contre le reflux, a fortiori chirurgical, sur l’évolution de la FPI n’est pas certain et nécessite

d’autres études. ■

S. Marchand-Adam déclare avoir des liens d’intérêts avec Roche et Boehringer Ingelheim.

J. Mankikian et L. Plantier déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.

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Références bibliographiques (suite de la page 332)

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