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Notice historique sur la fondation de l'observatoire de Bordeaux · BabordNum

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(1)

11-47~

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' .

NOTICE HISTORIQUE

SUR LA

If J; /3 < 1 )

FONDATION DE L'OBSERVATOIRE

DE BORDEA_ UX,

PAR M. G. RAYET,

Direcleur de ]'Observatoire de Bordeaux.

EXTRAIT DES ANNALES DE L'OBSERVATOIRE DE BORDEAUX, T. J.

PARIS,

GAUTHIER-VILLARS,

IMPRUŒUR-UBRAIRE DU BUREAU DES LONGITUDES,

QUAI DES GRANDS-AUGUSTINS, 55

1881

(2)
(3)

NOTICE HISTORIQUE

SUR LA

FONDATION DE L'OBSERVATOIRE

DE BORDEAUX.

« La situation de Bordeaux au 45e degré, c'est-à-dire dans le milieu même de la zone que nous habitons, a, dit Lalande ( • ), quelque chose de remar- quable et qui semble appeler les astronomes. » Cependant les observations astronomiques y ont été, jusqu'à ces dernières années, peu en honneur, et il a fallu la féconde initiative des municipalités qui se sont succédé depuis 1870 pour arriver à la création d'un Observatoire, qui sera, je l'espère, digne de la série des établissements scientifiques de la ville la plus riche et la plus intelligente du sud-ouest de la France.

Ce n'est pas que les savants de Bordeaux n'aient été, de tout temps, frappés de l'importance scientifique et maritime qu'aurait eue pour eux un. Observatoire astronomique; mais, chaque fois qu'ils ont cru leurs rêves près rle se réaliser, une circonstance imprévue est venue ajourner la création de l'établissement. L'histoire de !'Astronomie à Bordeaux n'est guère que le récit des projets et des déceptions de l'Académie des Sciences, Belles- Lettres et Arts de la ville.

( 1

) LALAXDE, Astronomie, t. IV, p. 588; Paris, 1781.

1

(4)

2 RAYET.

Le premier astronome bordelais dont fassent mention les archives de l'Académie est le R. P. Faux, religieux de la Mercy, qui fut dès l'origine l'un de ses membres associés les plus actifs.

En décembre 1713, l'année même de la fondation de l'Académie, le révé- rend Père présente successivement à ses collègues le calcul et l'observation de 1' éclipse de Lune du 2 décembre I 7 r 3. En juin 1 7 1

4,

puis en mai r 7 1 5, il lit un long Mémoire sur la projection de l'éclipse de Soleil du 3 mai r 7 1 5 et sur Je calcul de ce phénomène pour le méridien de Bordeaux. Par ordre de l'Académie, crtte éclipse fut observée par le P. Faux et par M. Joseph de Navarre, conseiller à la Cour des Aydes; mais les procès-verbaux de la savante assemblée sont muets sur l'emplacement précis de J'observation et sur les instruments employés.

En novembre 1723 et en novembre 1725, le savant religieux de la Mercy calcule encore pour Bordeaux les phases des éclipses de Lune du 22 mai I 7 24 et du 2 r octobre 1725. De ces deux éclipses, la seconde paraît avoir seule été observée par lui, sans doute avec la même lunette qui avait servi à M. de Navarre à observer, le 18 octobre 1723, la comète télescopique de cette même année.

Les archives de l'Académie renferment encore du P. Faux deux séries de constructions graphiques relatives aux circonstances de l'éclipse de Soleil du 25. septembre 1726 et de l'éclipse de Lune du I 1 octobre r 726.

Le P. Faux a-t-il vers cette époque quitté Bordeaux pour remplir en Afrique les devoirs de son ordre, ou sa santé ne lui a-t-elle plus permis de se livrer aux travaux astronomiques? Je ne saurais le dire; mais, quoiqu'il ne soit mort qu'en 1766, son nom disparaît des registres de l'Académie à partir de 1 730.

En même temps que le P. Faux, vivait d'ailleurs à Bordeaux le R. P. Jean Bonin, de la Société de Jésus, qui y a observé l'éclipse de Lune du 13 fé- vrier 1710 et l'éclipse de Soleil du 25 septembre 1726. Ces observations et des traductions latines lui ouvrirent les portes del' Académie le I 3 aoùt 1741 ; il paraît avoir vécu jusque vers 1760.

Le passage de Vénus du 6 juin 1761 fut pour l'Académie de Bordeaux une occasion de participer d'une manière plus efficace aux progrès de

!'Astronomie en s'associant à l'étude de ce phénomène, pour lequel l'Aca- démie de Paris envoyait ses membres dans les régions les plus lointaines.

(5)

NOTICE HISTORIQUE SUR LA FONDATION DE L'OBSERVATOIRE. 3

L'observation du passage de Vénus fut faite à Bordeaux par M. Larroque, inspecteur de-la jauge des bâtiments de mer et depuis membre de l' Aca- démie, et par M. Desmarets (1 ).

cc J'ai, dit M. Larroque ( 2 ), fait cette observatiqn avec M. Desmarets, à qui l'Académie des Sciences de Paris avait envoyé pour cet effet une lunette de r 2 pieds et un quart de cercle astronomique de 3 pieds de rayon, qu'on dit être le même dont se servirent MM. Picart et La Hire pour mesurer la Terre et pour observer la hauteur du pôle à Bordeaux.

>> Nous avions préparé aussi deux pendules à seconde, trois lunettes

de 7 à 8 pieds et un très bon télescope anglais à réflexion de 22 pouces.

» .... L'observation de M. Desmarets et la mienne se trouvèrent entière- ment conformes, et les autres ne diffèrent que fort peu. »

L'auteur, après avoir indiqué que ses pendules avaient été réglées par la méthode des hauteurs correspondantes et en tenant compte de la variation de déclinaison du Soleil du matin au soir, continue ainsi :

<< Vénus parut près du vertical et dans la partie inférieure du Soleil, lors

de son lever, comme une petite tache fort noire, que l'on pouvait voir distinctement au travers d'un morceau de glace obscurci à la fumée ....

Elle se montra d'abord sous une figure fort irrégulière et dans une grande agitation, causée par l'extrême quantité de vapeurs dont l'air était chargé ce jour-là; cette agitation diminua peu à peu à mesure que le Soleil s'élevait au-dessus de l'horizon; quand il fut parvenu à environ 12° de hauteur, et que ses rayons, étant moins obliques, eurent une moindre quantité d'atmo-

( 1

) J. Bernoulli commet une erreur en attribuant les observations à M. Desmarets se"ul (Lettres sur cüjférents sujets, écritf'S pendant le cours d'un voyage par l'Allemagne, la Suisse, la France et l'Italie, t. II, p. 26i; Berlin, 1777).

( 2

) Observation du passage de l7 énus sur le disque du Soleil faite le 6 juin 1761 à Bor- deau.x, sur le rempart et près de la chapelle du clzâteau Trompette, dont la latitude est de

44° 5o' 3o'' et la longitude 2° 54' 4o", à compter du m~;ùlien de l'Observatoire royal de Paris (Bibliothèque publique, Mémoires manuscrits de l'Académie de Bordeaux, t. XIV, pièce 1).

Jean-Paul Larroque est né à Tonneins en 1707 et mort à Bordeaux le 20 novembre 1791.

Son acte de décès (Archives municipales de Bordeaux, état civil, cnlte protestant, année 1791, fol. I 59), le qualifie de « inspecteur de la jauge des bâtiments de mer et colonel du corps patriotique du Génie national de Bordeaux .,, . Quoique protestant, il avait été reçu de l'Aca- démie de Bordeaux le 7 juin 1761, le lendemain même du passage de Vénus.

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4

RAYET.

sphère à traverser, Vénus parut parfaitement ronde et son disque bien terminé.

» Le contact intérieur des bords de Vénus et du Soleil, ou le commence- ment de la sortie, arriva à 8h 17rn 2 25 du matin, et le contact extérieur, ou la fin de la sortie, à Sb 35m 4o5, temps vrai. >>

Le Mémoire manuscrit de M. Larroque continue par quelques remarques sur la grandeur du diamètre de Vénus tel qu'il résulte de la durée de la sortie.

Aux qualités d'un observateur habile M. Larroque joignait la science d'un calculateur distingué, ainsi que le montre son Discours sur l'éclipse annulaire de Soleil qui doit arn.(Jer_ le 1er du mois d' a(Jril de cette année 1764, Mec le détail de ses pn'ncipçdes circonstances, calculées pour la ville de Bor- deaux ( 1 ). Les calculs avaient été faits par les méthodes indiquées dans

!'Astronomie de Lalande et à l'aide des Tables de La Caille pour ]e Soleil et de Mayer pour la Lune. Le manuscrit original, que nous avons eu entre les mains, n'indique pas si le phénomène put être observé.

Les académiciens n'oubliaient pas d'ailleurs que le 3 juin 1769 allait ramener un second passage de Vénus sur ,le disque solaire, et ils se mon- traient fort désireux de prendre part à l'observation de ce phénomène, sur lequel on fondait, à Paris, les plus grandes espérances pour la mesure de la parallaxe solaire

A la demande de M. de Secondat ( 2), Lalande expédia de Paris à Bor- deaux un télescope de 32 pouces, fait par Gonichon, et une pendule de Lepaute. Ces instruments furent remis à l'abbé Faugère, qui avait déjà fait exécuter lui-~ême un quart de cercle de 3

t

pieds de rayon, qu'il avait divisé avec soin, et auquel il avait appliqué une bonne lunette. Suivant le désir de M. de Secondat, ces appareils furent transportés dans sa terre de la Brède, et l'abbé Faugère trouva pour le contact interne de sortie 7h 27m 165 de temps vrai ( 3 )

( 1

) Bibliothèque publique, Mémoires manuscrits de l'Academie de Bordeaux, t. XIV, pièce n° 3.

( 2) Jean-Baptiste, baron de Secondat, écuyer, fils de Montesquieu.

( 3 ) LALANDE, Comparaison du passage de Vénus observé à Bordeaux al'ec les observatio12s faites à Paris (Histoire de l'Académie royale des Sciences pour 1769, p. 509 à 5 I 2).

(7)

NOTICE HISTORIQUE SUR LA FONDATION DE L'OBSERVATOIRE. 5 Quant à M. Larroque, il fit, sans aucun doute, son observation à Bordeaux même; il avait à sa disposition, suivant le Mémoire déjà cité de Lalande, un télescope grégorien de 27 po.uces de longueur, et son h~rloge avait été réglée à l'aide de hauteurs correspondantes observées avec un quart de cercle de bois de 39 pouces de rayon. Suivant M. Larroque, le contact inter!le de sortie eut heu à 7h 27m 5s· de temps vrai. .

Nous devons encore au même astronome un Mémoire sur le calcul de l'éclipse totale de Lune du 3o-31 juillet 1776 C).

Les deux passages successifs de Vénus sur le Soleil en 1 761 et en 1769, et le zèle que M. Larroque déployait pour les études d'Astronomie, avaient cependant fait sentir à l'Académie de Bordeaux qu'il était de nécessité absolue d'avoir dans son hôtel un local destiné à renfermer les instruments de Physique ou d' Astronomie appartenant à la Compagnie et une terrasse suffisamment élevée pour se prêter aisément à l'examen des astres; on fit donc construire sur l'hôtel légué par le président J. -J. Bel ( 2) une tour de

. 20 pieds dans œuvres et de 75 pieds de haut, terminée par une terrasse.

Mais ce n'était pas assez que d'avoir les murs d'un Observatoire : l'Aca- démie devait songer à le pourvoir d'un astronome et d'instruments. Les circonstances étaient d'ailleurs favorables à cette dernière acquisition, car l'Académie recevait, le 17 février 1 77 I, communication d'une Lettre de Cas- sini de Thury, qui indiquait les principaux appareils dont la possession était indispensable.

(( MONSIEUR,

<< Le goût pour l' Astronomie est si universellement répandu, écrit Cas~

sini ( 3 ), que j'ai voulu en profiter pour le progrès de cette Science; il ne manquait que des moyens faciles, des instruments simples et à bon compte,

( 1) LARROQUE, Éclipse totale de Lune, dont toutes les circonstances ont été calculées pour le méridien de Bordeaux (Bibliothèque publique, Mémoires manuscrits de l'Académie de Bordeaux, t. XIV, pièce n° 8 ).

( 2

) V hôtel légué à l'Académie par le président J. - J. Bel est devenu la bibliothèque pu- blique de la ville de Bordeaux; il est situé à l'angle des allées de Tourny et <le la rue J. '."'J.

Bel.

( 3) Bibliothècrue publique, Mémoires manuscrits de l'Académie de Bordeaux, t. XXI, pièce n° 27.

(8)

6 RAYET.

pour mettre à portée les amateurs non seulement de remarquer les princi- paux phénomènes qui arrivent dans le ciel, mais encore de les fixer, de les détailler de manière qu'on puisse établir un rapport entre les observations selon les différents lieux de la Terre : je me flatte d'y être parvenu au moyen d'un instrument universel, de Tables exactes qui dispensent du calcul, d'une instruction pour l'usage des instruments, terminée par les observations d'une dame, qui servent de preuve de la facilité de devenir observateur utile, exact, sans être obligé de se livrer à l'étude d'une science qui exigerait le travail de plusieurs années si l'on voulait en connaître la théorie. J~ ne peux espérer, Monsieur, de trouver de meilleurs et de plus zélés corres- pondants que parmi les membres des Académies répandues dans tout le royaume; ce que j'exige d'eux ne peut les déranger de leurs occupations : les observations leur serviront de délassement. Un instrument, dont le prix est de 10 louis, déposé dans la bibliothèque de votre Académie, sera employé lorsqu'il se présentera quelque phénomène à observer. La jeunesse pourra de bonne heure s'exercer à la pratique d'une science nécessaire dans tous les états. Je peux assurer que dans les Ouvrages que j'ai publiés on trouvera, sans le secours d'aucun autre Livre, tout ce qu'il faut savoir pour faire un usage utile de l'instrument.

» Je vous prie, Monsieur, de faire part de cette Lettre à votre Académie;

si vous me faites l'honneur d'y faire réponse, je vous prie de l'adresser au sieur Capitaine (' ), à l'Observatoire royal.

)> J'ai l'honneur d'être avec respect, Monsieur, votre très humble et très

obéissant serviteur,

CASSINI DE THURY, Directeur de l'Académie des Sciences.

>> Le prix du premier Ouvrage, 2-tt-, chez Boudet, rue Saint-Jacques (2).

( 1) Sans doute le même sieur Capitaine qui était, en 1793, le chef du Dépôt de la Carte de France. J.-D. CASSINI, Mémoires pour ser11ir à l'Histoire des Sciences et à celle de l'Observa- toire royal de Paris, p. 132-133; Paris, 1810.

\ 2

) CAssrn1 DE THURY, Description d'un instrument pour prendre hauteur, etc. 1 vol. in-4°;

Paris, 1170. « C'était, dit Lalande (Bibliographie astronomique, p. 517 ), un gnomon de bois simple et commode. " On trouve aussi dans ce Livre la description d'un petit quart de cercle dont l'usage est très facile, avec des Tables pour trouver l'heure qui répond à chaque hauteur.

(9)

NOTICE msTORIQUE SUR LA FONDATION DE L'OBSERVATOIRE. 7

» Le prix du deuxième Ouvrage, 6-tt-, chez Hérissant père ( i).

>> Le prix de l'instrument, .24011-, chez le sieur Capitaine, à l'Observatoire.

On payera, en souscrivant, I .20'ff-, l'autre moitié en recevant l'instrument. "

Au revers de la lettre M. de la Montagne, secrétaire perpétuel de l'Académie, a ajouté; « J'ai écrit le 8 août 1772 à M. de Cassini pour lui demander, pour l'Académie, son instrument et ses Ouvrages. >>

La Lettre de Cas~ini de Thury, que j'ai cru devoir reproduire ici en entier, est intéressante à deux points de vue : elle montre que Cassini de Thury songeait <lès I 771 à l'atelier de construction qu'il parvint à faire établir à l'Observatoire royal en 1785, car on ne comprendrait pas autrement que la demande d'instruments d.ùt être adressée au sieur Capitaine, à l 'Observa- toire; d'un autre côté, elle est une nouvelle preuve de la volonté de l'Aca- démie de voir enfin son observatoire devenir utile aux progrès de la Science.

Cette fois encore les désirs de l'Académie de Bordeaux ne purent être . accomplis, car Lalande écrit en 1781 ( 2) : « A Bordeaux, l'observatoire est au-dessus de la maison que M. Bel avait léguée à l'Académie près des Jaco- bins, que la ville ou les jurats ont fait rebâtir, mais dont on leur a cédé une partie. Il y a une belle bibliothèque léguée par M. Barbeau (3) et deux autres académiciens. L'observatoire a un assez bel horizon, mais il manque d'instruments. M. de la Roque ( 4) a un télescope et un quart de cercle de bois, qui suffirait pour régler la pendule, s'il y en-avait une. La devise de l'Académie est un croissant avec cette devise : Crescam et lucebo. Cela donne lieu d'espérer des accroissements pour la partie astrouomique. H

Ces accroissements ne furent pas réalisés; l'Académie manquait des res- sources pécuniaires nécessaires pour cela. « L'Académie avait, écrivent ses.

membres à la municipalité de Bordeaux le 8 janvier 1792 ( 5 ), élevé un Observatoire dans lïntention d'y faire une suite d'observations astrono- miques, si nécessaires aux progrès de l'art de la navigation. Elle avait

( 1 ) CASSINI DE THURY, Almanach pour trow1er l'heure par tous les degrés de hauteur, sui11i d('S observations astronomiques d'une Dame, 1 vol. in-4°; Paris, 1770.

( 2) LALANDE, Astronomie, t. IV, p. 588; Paris, 178 r.

( 3 ) Jean de Barbot, président à la Cour des Aydes.

( 4) Larroque.

( 5 ) Archives municipales de Bordeaux, carton·« Hôtel J .-J. Bel •.

(10)

8 RAYET.

même depuis longtemps le projet d'attirer dans son sein des astronomes, pour leur confier la direction de cet Observatoire; mais elle avait besoin ponr cet objet de compléter sa collection d'instruments d'Astronomie, qui est imparfaite. Ces instruments sont très coûteux, et, quelque sévère qu'ait été l'économie dont elle a usé dans l'administration de ses revenus, les dépenses multipliées relatives à la bibliothèque les ont absorbés jusqu'à ce jour. Ce n'est que depuis bien peu de temps qu'elle peut concevoir l'espé- rance de remplir ses vues, et cette espérance ne peut servir qu'à ranimer son zèle. )>

Moins d'un an après cette lettre, la Convention supprimait les Académies (décret du 8 août 1793) et l'administration de leurs propriétés était attribuée à l'État. Sous ce .. nouveau régime, !'Observatoire de l'hôtel de la rue J.-J. Bel ne fut pas plus heureux que sous les précédents; ses instruments furent relégués dans un grenier et ses salles restèrent désertes, quoique souvent réclamées pour différents services publics.

C'est ainsi, par exemple, que, le 6 floréal an VI (25 avril 1798), Monge ( ') demandait aux administrateurs du département de donner au professeur d'Hydrographie la libre disposition de !'Observatoire : cette demande ne fut pas accordée, les locaux de l'Académie ayant déjà reçu d'autres desti- nations.

Cependant l'Académie, reconstituée dès 1796 sous le nom de Sociite des Sciences, Belles-Lettres et Arts, reprenait peu à peu sa légitime influence et de nouveau tentait de constituer son Observatoire. « On désirerait sans doute, dans cette énumération des observatoires des provinces, écrit en I 802 l'un de ses membres, A.-J. Reboul (2), retrouver celui de Bordeaux: en effet, un semblable établissement, utile et honorable partout, est essentiel, comme naturel à une ville maritime et commerçante. La Navigation et la Géo- graphie sont ]es deux ailes du Commerce, Ja Navigation et la Géographie sont les deux filles de !'Astronomie.

» A Bordeaux, l'observatoire est construit; la Sociéte des Sciences et des

( 1) Lettre autographe de Monge, Archives départementales, série L.

( 2) A. -J. REBOUL, Dissertation sur La ·decouverte d'une notwelle plane te (Mémoires manu- scrits de L'Académie de Bordeau.x, t. II, pièce n° 1 ). La nouvelle planète sujet de la disser- tation de M. Reboul est Pallas.

(11)

NOTICE IIISTORIQUE SUR LA FONDATION DE L'OBSERVATOIRE. 9

Arts a dans son sein plus d'un sujet qui remplira-it avec distinction la place d'astronome, dont ]e savant Larroque exerça si longtemps les fonctions sans en avoir le titre.

)> Je le répète, !'Observatoire est construit, mais les instruments les plus

nrcessaires manquent et rarement les savants ont-ils le moyen de s'en procurer. En Angleterre, le riche négociant s'empresse de s'associer à la gloire des arts par les secours qu'il fournit à l'artiste. Les Ramsden, les Dolloncl, les Herschel et tant d'autres n'auraient peut-être été que des artistes médiocres sans les secours abondants que leur prodigua l'opulence, et la France ne s'enorgueillirait peut-être pas de sa belle Chimie si Lavoi- sier, dont le nom excitera toujours les plus vifs regrets, n'eût été fermier général.

)) Du reste, les instruments indispensables ne sont ni en grand nombre ni d'un grand prix. Les différents astronomes en ont obtenu plusieurs du Gouvernement; il en reste encore de ceux qui avaient été déposés à l'hôtel de Cluny, et le citoyen Méchain, directeur de !'Observatoire de Paris, en a plusieurs en dépôt chez lui, qu'on aurait à un prix bien au-dessous de leur valeur.

» Qu'il serait honorable pour vous de mettre en activité ce magnifique Observatoire, qui n'a été jusqu'ici qu'une preuve de la bonne volonté de vos devanciers et qni peut devenir par vos soins un monument éternel de votre patriotisme! l>

Ce nouvel appel ne fut pas plus entendu que les précédents, et la tour de l'Ohservatoire, rarement visitée par quelques curieux qui venaient y admirer le panorama de la ville, ne tarda pas à tomber en ruine; elle dut être complètement réparée en 1812, sous la direction de M. Bonfin, ingé- nieur de la ville. C'est de cette époque que date la couverture en cuivre qui forme aujourd'hui le sol de sa terrasse~

L'Observatoire ainsi réparé fut enfin, par une ordonnance royale du

IO aoùt 1825, remis aux mains du professeur d'Hydrographie, qui y fit ses Cours et y exerça ses élèves au maniement des instruments nautiques ( 1).

( 1 ) Cette prise de possession donna lieu à une vive réclamation <le l'Académie, ainsi que

le constatent : r 0 une Lettre de l\I. le vicomte du Hamel, mait'e de Bordeaux, datée du 25 novembre 1825 ( Arclzù1es de l'Académie, correspondance, t. VII, p. 213); 2° une nou ·

2

(12)

JO RAYET.

Cette situation a duré jusque vers 1860, époque à laquelle, l'École d'Hydro- graphie ayant été transportée dans 1 'hôtel de la Marine, la tour de la rue J.-J. Bel devint de nouveau sans emploi.

Le mouvement d'opinion en faveur de l'instruction publique qui se pro- duisit en France à la suite des malheurs de la guerre de 1870-71 et de l'établissement du gouvernement républicain ramena l'attention sur la question, toujours pendante, de la création de !'Observatoire <le Bordeaux, et cette dernière question entra dès lors dans une phase nouvelle où ses progrès ont été rapides, puisqu'en moins de dix ans la création de l'Obser- vatoire aura été résolue, l'établissement construit et presque complètement pourvu de ses instruments.

Le premier document officiel de cette période est une lettre adressée au Conseil municipal par M. le Ministre de l'Instruction publique, en date du 21 octobre 1871 : ((Le Gouvernement, écrit M. Jules Simon, est désireux de voir se relever nos établissements scientifiques qu'une négligence regret- table a laissés périr; il est résolu à demander à l'Assemblée nationale une allocation de fonds dans ce but, mais à la condition que les municipalités intéressées y contribueront de leur part. Sur cinq ou six villes qui, par leur jmportance, leur position ou leur industrie, méritent de posséder un Obser- vatoire, Bordeaux occupe un des premiers rangs. »

Passant ensuite aux dépenses à faire par la ville, M. le Ministre ajoute :

« La ville de Marseille a contribué pour une très large part aux frais de premier établissement de son nouvel Observatoire, et elle fournit, en outre, une subvention annuelle de r 5 ooorr, ce qui constitue la moitié du budget nécessaire pour l'entretien de l'établissement, personnel et matériel com- pris. A_ Bordeaux on pourrait se contenter d'un budget annuel de 2oooofr, dont la ville devrait fournir au moins la moitié. >>

La question, ainsi posée devant le Conseil municipal, ne tarda pas à être résolue dans un sens conforme aux désirs du Gouvernement. Le Conseil, après avoir, dans sa séance du 1 I décembre 1871, entendu la lecture d'une

velle réclamation de l'Académie datée du 19 mai i826 ( loc. cit., p. 300); 3° une dernière réponse de 1\1. du Hamel en date du 20 mai 1826 (!oc. cit., p. 301 ).

Dans leur réclamation, les académiciens font remarquer que la tour de l'Observatoire, par son genre de construction et par sa situation sur une rue pavée et continuellement sillonnée par des voitures, ne pouvait convenir à un établissement de ce genre.

(13)

NOTICE HISTORIQUE SUR LA FONDATION DE L'OBSERVATOIRE. J 1

importante Note de M. Lespiault et d'un Rapport de M. Raulin, prit la résolution suivante :

« Le Conseil municipal de Bordeaux accepte la proposition de M. le Ministre de l'Instru.ction publique, relative à la création d'un Observatoire astronomique et météorologique à Bordeaux, et s~engage, d'ores et déjà, à solder la moitié des dépenses annuelles évaluée à 1 o ooofr environ. »

Si la création de l'Observatoire était ainsi décidée en principe, il restait à pourvoir aux moyens d'exécution par le concours de l'État et de la ville;

le Conseil municipal avait en effet, dans la discussion qui précéda le vote de Ja résolution ci-dessus, pris le soin de spécifier qu'il entendait ne prendre aucun engagement relativement à la participation de la ville aux dépenses de premier établissement, dépenses dont l'importance était alors indéterminée.

Les années 1872, 1873 et 1874 furent employées à des négociations prPliminaires entre la municipalité et le Ministère de l'instruction publique .

. Enfin, en mai 1875, le maire, M. le vicomte de Pelleport-Burète, présentait

au Conseil municipal une Note étendue, que j'avais prépar~e à sa demande, et qui était relative aux services qu'un observatoire astronomique pouvait rendre à la ville ainsi qu'à la dépense probable de premier établissement.

Au mois de novembre de la même année, dans un Rapport sur l'ensemble des travaux d'utilité générale à exécuter à Bordeaux, Rapport qui fut présenté au Conseil municipal le 3 novembre 1873, l'honorable M~ de Pelle- port consacrait un Chapitre important

il.

la question de l'Observatoire.

Prenant pour base les évaluations de ma Note de mai 1875, il fixait à 1r5 ooofr la part contributive de la ville dans les dépenses de premier établissemtmt de l'Observatoire, et proposait de comprendre cette somme

<lans les 7 500 ooofr nécessités par l'ensemble des projets énumérés au Rapport C).

La question de l'Observatoire se trouvait ainsi liée à celle de la construc- tion de la Faculté de Médecine et de la Fa cul té des Sciences et des Lettres, ensemble de projets qui exigeait un emprunt d'environ 7 millions. La discus-

( 1) Rapport fait au Conseil municipal sur l'ensemble des travaux d'utilité publique à exé- cuter dans la ville de Bordeaux, par M. le vicomte de Pelleport-Burète, maire, p. 21-24.

1 broch. in-4°; Bordeaux, 1875.

(14)

12 RAYET.

sion de ce projet occupa le Conseil municipal pendant toute une année.

Enfin, sur le Rapport de M. Lespiault, professeur d'Astronomie et de Méca- nique à la Faculté des Sciences, un emprunt de 6 600 ooofr fut voté le 17 octobre 1 876. L'Observatoire obtenait rno ooofr.

(\ Un observatoire, écrivait M. Lespiault

C ) ,

forme le complément néces- saire d'un bon système d'enseignement supérieur. L'Astronomie a de tout temps été regardée comme le domaine privilégié des sciences mathéma- tiques. C'est là qu'elles règnent sans partage .... Eh bien, cette science dans laquelle la France a tenu si longtemps le premier rang, nous semblions naguère au mom.ent de l'abandonner aux nations rivales. De tous nos an- ciens observatoires, un seul subsistait, l'Obser\'atoire de Paris, car Tou- louse n'avait que des instruments insuffisants. Et cependant quel horizon nouveau s'est déroulé à nos yeux clans ces derniers temps ! L'étendue de notre système solaire a été doublée par la découverte de Neptune. Les petites planètes, dont la première a été aperçue dans la première unit du siècle, sont aujourd'hui au nombre de cent soixante-neuf et demandent une armée d'observateurs. L'identité, maintenant démontrée, des comètes et des étoiles filantes ouvre un champ illimité aux spéculations de la philosophie naturelle. Les astronomes ne peuvent suffire aux catalogues des étoiles doubles, à la détermination des périodes des étoiles variables. La spectro- scopie nous dévoile sans .cesse de nouveaux phénomènes dans le domaine de la Physiq_ne céleste. Hâtons-nous de le dire, en face de tant de merveilles inattendues, la France semble enfin se réveiller. Nos jeunes Observatoires de Marseille et de Toulouse ont dépassé de leur premier bond tous les obser- vatoires de second ordre. Le premier compte déjà ~t son actif plus de planètes ·et de comètes que la plupart de ses rivaux. Grâce à l'activité de son directeur, il fournit à lui seul plus de nébuleuses nouvelles que tous les autres observatoires réunis. A Toulouse, M. Tisserand, à l'œuvre depuis quelques mois à peine, attaque résolùment les mystères <.le la nébuleuse d'Orion et complète des travaux que Bond et Struve n'ont osé entreprendre que grâce aux incomparables lunettes de Cambridge et de Poulkowa.

( 1) Projet d'ail emprunt de 6600 ooo frallcs. Rapport présenté par M. Lcspiault, au nom de la Commission de l'Empnuzt, dan~ la séance du Comeil municipal da 17 octobre 1876, p. 20, 21. 1 broch. in-4°; Bordeaux, 1876.

(15)

NOTICE HISTORIQUE SUR LA FONDATION DE L'OBSERVATOIRE.

» C'est une invention française qui nous a valu ces grands résultats. Les télescopes argentés de Foucault constituent des instruments qui peuvent rivaliser, à un prix bien inférieur, avec les plus puissants réfracteurs. Grâce à eux, les problèmes astronomiques se simplifient singulièrement. Un terrain découvert, une coupole légère, un bon télescope et un observateur zélé, voilà tout ce qu'il faut aujourd'hui pour constituer un observatoire et pour faire espérer une riche moisson de découvertes. Aussi est-il permis d'affirmer que, de tous les joyaux dont une grande ville peut former sa couronne intel- lectuelle, l'observatoire est celui qui coûte le moins cher.

n En dehors des découvertes scientifiques, un observatoire est indispen- sable à l'enseignement des élèves. L'apprentissage des calculs astronomiques est aride et presque impossible si ces calculs ne s'appliquent pas à des obser- vations faites par les étudiants eux-mêmes. En observant, au contraire, les étudiants se forment rapidement; ils n'ont même pas toujours besoin de connaissances préliminaires très étendues. Marseille et Toulouse comptent .déjà, au nombre de leurs aides, des élèves sortis il y a quelques années de leurs écoles primaires, et dont les noms sont aujourd'hui connus de tous les savants de l'Europe.

)> Je ne parlerai qu'en passant des avantages que Bordeaux pourra retirer

d'un établissement astronomique pour les besoins de la marine, pour la détermination de l'heure, pour l'exactitude des corrections chronomé- triques. Ces avantages, quelque importants qu'ils soient, sont d'un ordre secondaire à côté de l'utilité scientifique de l'Observatoire. ))

Pendant que le Conseil municipal discutait les conditions de sa coopéra- tion à la création de !'Observatoire,

f

avais été appelé (janvier r 876) à la chaire d' Astronomie physique nouvellement créée à la Faculté des Sciences,· et, persuadé que !'Observatoire serait fondé, j'avais entrepris une exploration minutieuse des environs de la ville pour y rechercher un emplacement satisfaisant aux exigences multiples d'un établissement astronomique.

Les résultats de cette enquête officieuse, portés à la connaissance de M. le Ministre de l'Instructiou publique dans une Lettre que voulurent bien signer avec moi mes deux collègues MM. Abria etLespiault ('),déterminèrent l'Ad-

( 1 ) Les actes officiels de M. Lespiault, que je rapporte ici, ne donnent qu'une idée fort

imparfaite de son rôle dans la création de !'Observatoire; il ne faut pas oublier ses instances

(16)

RAYET.

ministration à former une commission extra-municipale chargée de désigner d'une manière définitive l'emplacement du futur Observatoire.

Cette Commission, nommée le 6 mai 1877

C),

se mit aussitôt en devoir de parcourir les environs de ~a ville, et, le 3 juillet 1877, elle soumettait à l'ap- probation du Conseil municipal un Rapport étendu, préparé par M. Boutan, dont je crois devoir détacher quelques paragraphes propres à montrer les conditions dans lesquelles a été choisi le domaine acquis depuis pour l'Ob- servatoire. Ces citations sont extraites du Rapport fait au Conseil municipal, dans sa séance du 3 juillet 1 877, par la Commission d'instruction publique (M. Lespiault, rapporteur). La Commission d'instruction publique ·s'est approprié le texte même du Rapport de la Commission de !'Observatoire.

« La sous-Commission que vous avez chargée de visiter, en vue de l'éta- blissement d'un Observato.ire astronomique, les terrains des environs de Bordeaux, a été guidée dans son étude par diverses considérations qu'il lui parait indispensable de vous soumettre tout d'abord pour qu'il vous soit possible d'exprimer sur son choix, en toute connaissance de cause, un avis sérieusement motivé.

n La première était celle de la superficie, ou, en d'autres termes, de la contenance du terrain à occuper; il lui a paru que, tant pour l'Observatoi.re proprement dit, c'est-à-dire pour les édifices destinés à recevoir et à abriter les instruments, que pour le logement de l'astronome, des aides et des gens de service, un emplacement d'au moins 2hect à 2hect, 5, représenté par un carré d'environ 1 Som de côté, était absolument indispensable. Mais, si l'on y joint cette remarque quïl est nécessaire de protéger les observations futures contre la gêne pouvant résulter des constructions voisines ou des arbres fort élevés des propriétés limitrophes, on voit que cette superficie

incessantes, ses efforts de tous les jours, ses démarches particulières et le désintéressement avec lequel il a abandonné à un autre la direction d'un établissement dont il est véritablement le fondateur.

( 1) La Commission était composée de MM. : Marius Faget, adjoint délégué pour l'instruction publique; Dabas, recteur de l'Académie; Abria, doyen de la Faculté des Sciences i Lespiault, professeur de Mécanique et d'Astronomie à la Faculté des Sciences; Rayet, professeur d'As- tronomie physique à la Faculté des Sciences; Hautreux, directeur des mouvements du port;

Simon, professeur d'Hydrographie; Ed. Boutan, ingénieur des Mines; Métadier, conseiller général.

(17)

NOTICE HISTORIQUE SUR LA FONDATION DE L'OBSERVATOIRE. i5

doit être augmentée dans une proportion d'autant plus considérable que le terrain choisi aura une position moins dominante.

» Les environs de Bordeaux n'offrant guère de point parfaitement culmi- nant, d'où la vue puisse, d'une hauteur convenable, embrasser l'horizon tout entier, il fallait donc se préoccuper de trouver une superficie plus grande, et il a paru qu'une contenance de 5hect était la limite au-dessous de laquelle il était bien difficile, sinon impossible, de descendre.

)) Une autre question fort importante avait également fixé votre attention, même avant les travaux de votre sous-Commission : nous voulons parler dn rayon dans lequel devait être placé l'établissement projeté relativement à sa distance de Bordeaux, ou, en d'antres termes, de l'éloignement maximum qu'il ne fallait pas songer à dépasser, par suite <les difficultés de toute sorte inhérentes à une position par trop excentrique.

» Si le voisinage immédiat de Bordeaux peut offrir le désagrément de gêner parfois les observations, tant par suite des fumées qui s'échappent des nom- breuses cheminées d'usines de la ville et obscurcissent toujours plus ou ~oins le ciel, qu'à cause du roulement des nombreuses voitures qui ébranlent le pavé de ses rues et peuvent ainsi amener des trépidations dans les appareils, n'y a-t-il pas lieu de considérer cet inconvénient comme racheté dans une certaine mesure par une plus grande facilité d'accès offerte, non pas tant au directeur et à ses aides, qui sont destinés à rester à l'Ohserva- toire même, qu'aux étudiants et en particulier aux candidats aux grades universitaires, qui peuvent trouver dans un établissement de cette nature le complément indispensable de leur instruction?

)) Tl n'a pas paru cependant que cette raison dût entrer bien sérieusement . en ligne de compte. En effet, un Observatoire tel que celui qui est projeté doit être avant tout un lieu cl' observation et cl' études pour des maîtres et non pour des élèves, et les candidats aux examens n'ont pas besoin, pour l'instruction générale et non spéciale qu'on leur demande, d'avoir lon- guement et péniblement observé; ce n'est pas leur rôle. Les Cours qui continueront à être professés dans les salles de la Faculté, et, s'il le faut, des conférences pratiques avec des instruments de dimension moyenne, préalablement transportés dans les cours ou sur l'édifice même de la Faculté, paraissent parfaitement suffisants pour le but à atteindre.

» Nous n'avons donc pas pensé que cette considération dût empêchP-r de

(18)

RAYET.

placer !'Observatoire, si cela était nécessaire, à la distance de

4km,

51'm et même 6k111 du centre de Bordeaux, distance parfaitement acceptable pour des astronomes, qui pourront ainsi y vivre dans une tranquillité parfaite, sans être condamnés pourtant, ainsi que cela aurait lieu, ou à peu près, à une dis- tance plus grande, à une solitude absolue.

)) Ces idées, Messieurs, étaient, on peut le dire, tellement simples, qu'elles avaient été adoptées d'avance par vous et que, clans l'appel fait aux divers propriétaires par la voie de la presse) les terrains à offrir devaient être d'une contenance minima de 51iect et ne pas se trouver à plus de 610n du centre de Bordeaux.

» Vingt-sept propriétaires ont répondu à cet appel; mais sur ce nombre vous avez dù, à la première séance que vous avez tenue, en éliminer cinq. >>

Suit 1' énumération de cinq terrains éliminés, soit par insuffisance de conte- nance, soit par suite de leur situation au milieu de quartiers qui renferment un grand nombre d'usines. Puis M. le rapporteur continue ainsi:

Il en restait vingt-denx que nous avons dû visiter, treize sur la rive gauche et neuf sur la rive droite.

i> Si nous posons immédiatement cette distinction, c'est qu'elle tient à la

nature même <les choses et à la situation toute différente qu'elle fait au point de vue topographique à !'Observatoire projeté.

» On sait en effet que, dans les environs de Bordeaux, le sol sur la rive gauche de la rivière s'abaisse par degrés insensibles depuis les plateaux des Landes jusqu'aux rives de la Garonne, formant ain5i une plaine d'incli- naison très faible, ondulée par des accidents locaux, vallées peu profondes et faîtes peu saillants, tandis que les terrains de la rive droite s'élèvent géné- ralement à pic par un ressaut d'une hauteur moyenne de 6om au-dessus des palus qui bordent la rivière.

» Il en résulte nécessairement que, si les uns, situés en plaine ou à peu près, ne <lominent rien et sont même souvent dominés par des arbres, des constructions voisines, etc., les autres, principalement ceux qui sont situés sur le bord de la côte, dominent nécessairement une grande partie de l'horizon.

» Il est donc mcontestable que ceux-ci avaient, a priori, de plus grandes chances d'offrir une situation topographique meilleure; mais une autre consi<lération vient leur donner sur ceux de la rive gauche un second avan-

(19)

NOTICE HISTORIQUE SUR LA FONDATION DE L'OBSERVATOIRE.

tage précieux. En effet, placés à une faible altitude sur des fonds plus ou moins humides et quelquefois marécageux, on a toujours à craindre, pour ces derniers, les brouillards qui règnent souvent sur les bords <le la rivièrf' et dans les environs de la ville, par les temps calmes ou les vents faibles du sud-est et de l'est, alors que les points élevés émergent et sont en pleine lumière.

» Le fait a été constaté bien souvent par tous les habitants de Bordeaux et des environs, et il est absolument hors de doute.

» Nous aurions voulu cepend_ant le constater scientifiquement, mais les seuls renseignements statistiques certains que nous ayons pu recueillir se rapportent à des cas un peu différents et sont tirés des observations faites sur divers phares de la rivière par le Service maritime des Ponts et Chaussées;

nous allons en exposer les résultats.

)> Pour coorclonnf'r ces observations et pouvoir les comparer entre elles,

voici la marche que nous avons suivie. Nous avons pris clans la même région

·deux groupes de feux situés respectivement à d<:>s distances à peu pn~s égales, le premier se composant de phares importants, élevés notablement au-dessus du sol, le second de feux flottants, situés sur la rivière rnèrne et presque à son niveau.

» Ces feux sont ceux des phares fixes de Grave et <le Richard, élevés respectivement de 24m et 33m au-dessus du sol, puis des phares flottants de By et de Talais, situés à 3m et IOm au-dessus du niveau de la rivière, chac1m de ces feux conjugués étant éloigné du second d'environ 2okm.

)> De cette façon, la ligne visuelle qui va de l'un à l'autre est, dans le

premier cas, à peu près parallèle au sol et à 2Sm de hauteur environ, tandis·

que la ligne visuelle des autres rase l'eau pour ainsi dire, ce qui met ainsi suffisamment en lumière l'influence du brouillard.

» Le relevé des Tableaux dressés par les soins du Service des Ponts et Chaussées nous a ainsi montré que, pendant les mois les plus favorables aux observations de l'année J 876, c'est-à-dire de mai à septembre inclusivement, sur 460 observations faites à gh du soir, minuit et 3b du matin, les phares de Richard et de Grave ont été visibles l'un pour l'autre 230 fois, invisibles

230 fois également, tandis que By et Talais ne se sont vus, dans la même période, que 120 fois, en restant 340 fois mutuellement invisibles.

)> Tout en tenant compte, comme il convient de le faire, de la puissance

3

(20)

r8 RAYET.

respective de ces feux, qui ne rend pas les observations absolument compa- rables et donne l'av~ntage aux phares plus importants, on n'en est pa~ moins en droit de conclure que la hauteur des signaux influe beaucoup dans ces circonstances sur leur visibilité.

» Des observations analogues, faites dans un esprit un peu différent~ nous permetlront de faire ressortir le même résultat, tout en écartant la petite ra use d'erreur que nous venons de signaler. Si l'on suppose, en effet, que, placé sur un feu flottant, on observe un phare d'une certaine hauteur, ce

phare sera nécessairement caché lors4ue le brouillard couvrira la rivière, mais pourra apparaitre si l'on s'élève clans la mâture du feu flottant à rn1 niveau notablement plus élevé.

,, Les observations du phare de Patiras, qui possède une hauteur de 25m, faites du feu flottant de By, nous donnent précisément ces résultats.

Ils montrent que, du 1et' avril ;.m Ier décembre 1876, en 720 observations.

Patiras est resté invisible 1 70 fois; mais~ sur 550 observations qui l'ont trouvé visible, il y en a rno pour lesquelles il a fallu monter an sommet des échelles, soit à 1 om ou 11

m,

et 2 r o à moitié hauteur, c'est-à-dire vers 6"1, ponr arriver à le découvrir, tandis qne le reste <lu temps, c'est-à-dire 2[~0 fois environ, il a suffi de rester sur le pont: c'est une proportion de

1 8, 38 et

44

pour r oo pour les visibilités à 11 m, 6m et 3m.

)) Ces résultats montrent, d'une façon évidente, que les brouillards de la rivière s'étendent fréquemment en nappe plus ou moins mince au-dessus du niveau de l'eau, et, bien que l'on ne puisse en conclure avec certitude que le même phénomène se reproduit identiquement dans les terrains bas des environs de Bordeaux, il est hors de doute, pour quiconque connait leur nature humide et marécageuse, leur sous-sol souvent imperméable et la faible profondeur à laquelle les puits sont partout creusés, que ce phéno- mène doit se produire : et, en fait, il est de notoriété publique qu'il se pro- duit.

)) La supériorité topographique des terrains de la rive droite était doue établie a priori.; votre sous-Commission a cepenqant procédé aussi soigneu-

!-ement à la visite de ceux <le la rive gauche, mais les a tous trouvés, comme il était facile de le prévoir, en pays plus ou moins plat et dans une situation généralement défavorable. »

M. le rapporteur donne ici, sons forme de Tableau, le détail <les oLser-

(21)

·oncE IUSTOI\.IQTJE SUR L.\. FO~DATIOX DE L'OBSERYATOIRE.

vations suggérées à la sous-Commission par la visite des treize terrains d<>

la rive gauche; puis il reprend ainsi :

« Un seul emplacement de la rive gauche nous a rnmblé possible: c'est celui qui fait partie du domaine de Lognac, appartenant à M. Michon; mais sa situation est loin cl' être de tous points favorable, ~on prix est relative- ment fort élevé, et il nous a paru qu'il ne pouvait en aucune façon lutter avec certains emplacements situés sur les hauteurs de l'autre côté de l'eau.

» Nous pourrions en dire autant d'un terrain qui n'a pas été offert par son propriétaire à l' Administration, mais qui pourrait, dit-on, être acheté assez facilement, et que nous avons cru devoir visiter, parce qu'il se trou- vait sur notre chemin. Il dépend de la propriété de Font-Féline, et 7hect

~t 8bect découpés sur le point culminant nous ont semblé pouvoir former un emplacement assez convenable pour le futur Observatoire; mais nous avons estimé que sa situation ·n'était pas assez belle pour justifier des dé- marches spéciales auprès du propriétaire.

» Sur la rive droite, les terrains visités sont au nombre de neuf, dont quatre seulement sont possibles et un éminemment favorable. ))

Suit ici le Tableau des neuf terrains de la rive droite de la Garonne.

» Les quatre propriétés possibles sont celles de MM. Daviaud, Roucaud, Larronde et de Menou. Majs chacune d'elles a divers inconvénients. La propriété de M. de Me~rnu n'offre pas de maison de maître, ce qui fait qu'on doit ajouter au prix d'achat le prix de la construction qu'on serait obligé d'élever po11r les logements. Celle de M. Daviaud offre pour cet usage des bâtiments complètement insuffisants; au contraire, l'achat du domaine Roucaud exigerait la démolition de la belle maison de maître qu'il contient, ce qui en augmenterait le prix, déjà fort élevé. Enfin, le château de Rouffiac, appartenant à M. Larronde, n'offre pas un horizou suffisamment dégagé. Tous ces domaines sont d'ailleurs plus ou moins dominés de divers côtés par les constructions, arbres ou terrains environ- nants, de sorte que, après un examen attentif de la question, c'est déci- dément la propriété de la famrne Barckhausen que votre Sous-Commission vous propose de désigner comme réunissant plus que toutes les autres, et dans une très large mesure, les qualités requises pour l'emplacement du futur Observatoire. Sa distance de Bordeaux est dans les limites précé- demi11ent indiquées; son altitude de 73m an-dessus de la plaine lui donn<:>

(22)

20 RAYET.

une situation topographique excellente, et l'on ne pourrait lui reprocher que

sa

contenance, un peu grande, entraînant un prix assez. élevé. Mais, si l'on voulait chercher à la réduire en achetant seulement le point culmi- nant situé sur le bord du coteau et en laissant par conséquent de côté' le bas de la propriété qni contient la maison de maître, ce qui diminuerait à peu près de moitié le prix d'achat, il faudrait observer que, dans ce cas, il serait indispensable de bâtir un logement pour l'af,tronome, les aides et les. gens de service, et que le prix de cette construction s'élèverait à très peu près au chiffre de l'économie résultant du morcellement, qui devient dès lors parfaitement inutile.

» Comme conclusion définitive, votre Sous-Commission pense donc qu'il y a lieu de proposer l'achat de la propriété Barckhausen, sans morcelle- ment.

" L'ingénieur des Mines, rapporteur,

ii Signé : E. BouTAN.

i> Les membres de La·Sous-Commission,

» Signé : HAUTREux, RAYET. >i

La Commission extra-municipale de l'Observatoire procéda ensuite lout Pntière, les 27 et 28 juin, à la visite des six terrains classés comme les plus avantageux par la Sous-Commission.

Ces terrains sont les suivants ;

cc Propriété Michon, à Lognac. - La Commission a jugé que, indé- pendamment des inconvénients résultant des brouillards, des arbres, des constructions voisines, ainsi que de celles qui tendent à s'établir dans ce quartier, il y a un certain nombre de petites maisons, situées près du point culminant, qu'il serait de toute nécessité d'exproprier si cet emplaceme11t était choisi.

» Propriété de Font-Feline. ~ Cet emplacement n'a pas été mis à la disposition de l' Administration par son propriétaire, qui est en pourparlers avec la ville pour l'établissement sur ce point du nouveau cimetière de Bordeaux. Les inconvénients de toute nature résultant de ce voisinagP. obligent la Commission à exprimer un avis très réservé sur cet emplace- ment, qu'elle classe cependant en première ligne parmi ceux de la riw~

gauche, tout en insistant sur la situation inférieure faite aux emplacements

(23)

XOTICE HISTORIQUE SUR L.\. FONDATIO~ DE L'OBSERV.\.TOIRE. 21

de cette rive. par suite des brouillards et de la faible élévation topogra- phique.

» Propriele Menou. - L'emplacement a été considéré comme assez bon; mais les maisons de Lormont pourraient devenir par la suite fort gênantes, et il faudrait bâtir complètement à neuf un logement ponr le directeur et ses aides.

» [~0 Propriété Larronde. - L'un des emplacements les plus convenables de la rive droite, qui n'a pas de très grandes qualités, mais en revanche n'offre pas de défauts graves. Maison en bon état, pouvant servir sans réparations pour les logements. Pas de point culminant.

)) 5° Propriété Boucaud. - Situation topographique favorable; mais la démolition nécessaire de la maison de maître, située sur le point culmi- nant, rendrait l'achat de cette propriété fort onéreux pour l'Admjnis- tration.

>> Propriété Barckhausen. - La plus belle et la plus convenable pour

l'établissement de !'Observatoire. Maison de maître très grande et en bon état, pouvant être utilisée sans réparations, et située dans un enfoncement qui laisse complètement libres les points culminants sur lesquels doivent ètre établis les bâtiments de !'Observatoire même. Entre les deux, empla- cement très convenable pour l'établissement des instruments magnétiques.

Situation excellente de tous points.

>> En conséquence, la Commission, approuvant les conclusions du Rap-

port ci-dessus, classe et présente les diverses propriétés dans l'ordre suivant;

,, En tête et hors ligne : ·

>> La propriété Barckhausen ;

puis, par ordre de convenance,

>> La propriété Larronde;

>> 3° La propriété Menou;

>> !~0 Enfin, en dernière ligne, la propriété de Font-Féline. >>

A la suite de ce Rapport, et après discussion, le Conseil municipal adopta la délibération sui vante (séance du 3 juillet 1 877) :

<< Le Conseil municipal,

» Vu les Rapports de la Commission extra-municipale chargée de donner un avis consultatif sur le choix d'un terrain pour !'Observatoire,

(24)

22 RAYET.

)> Dé libère :

)) ARTICLE I. - · Le Conseil donne son approbation au choix fait par cette Commission du domaine de Monfraguey pour établir le futur Obser- vatoire de Bordeaux.

)) ARTICLE IJ.. - Les Rapports <le la Commission et de la Sous-Commis- sion seront adressés à M. le Ministre. >>

Adopta nt les résultats de cetle enquête, M. le Ministre de l'Instruction publique faisait, le 28 décembre 1877, l'acquisition du domaine de Mon- fraguey, appartenant à la famille Barckhausen, pour y établir le futur Observatoire de Bordeaux. Ce dernier est donc situé dans la commune de Floirac, sur une sorte de cap qui constitue l'extrémité sud de l'une des collines que les érosions diluviennes ont découpées dans la chaîne d<:>

hauts plateaux qui ferme, du n~rd au sud, la courbe que la Garonne décrit

<levant Bordeaux; les instruments méridiens seront placés à une altitude d'environ 73m, dans un point dont les coordonnées géographiques sont approximativement :

Longitude ouest de Paris . . . . . . . 1 1 m 285 Latitude nord. . . 49° 5o' 1 7"

La forme du sol en ce point est d'ailleurs telle, que l'horizon est et sera toujours pa rfaitemen L libre du côté de l'est, du sud et de l'ouest, les ter- rains voisins étant de ces divers côtés à une altitude très notablement inférieure à celle des bâtiments astronomiques; le côté nord-ouest seul est embarrassé de quelques arbre8, qui ne peuvent d'ailleurs cacher qu'une très faible parlie de l'horizon 1 précisément celle qui sera toujours plus ou moins illuminée par les clartés de la ville, située à

4

1nn dans cette direction.

Cet éloignement même et l'altitude assez grande du sol placent d'ailleurs l'Observatoire au-dessus de la zone ordinaire des brouillards et complète- ment en dehors des fumées, qui, dans les temps calmes, s'étendent unifor- mément sur les divers quartiers de la ville.

A partir de l'acquisition du terrain, les mesures qui doivent conduire à la construction de l'Observatoire se succèdent rapidement.

(25)

~OTICE HISTORIQUE SUR L\ FO:NDATION DE L'OBSERVATOIRE.

Le 1 1 février r 878, l' Administration supérieure provoque la formation d'une Commission d'organisation, composée de :

MM. Ahria, doyen de la Faculté des Sciences, président;

Dumoulin, adjoint au maire pour l'instruction publique;

Bayssellance, adjoint au maire pour les travaux publics, ingénieur des Constructions navales;

Lespiault, professeur de Mécanique et d'Astronomie à la Faculté des Sciences;

Rayet, professeur d'Astronomie physique à la Faculté des Sciences;

Marc Maurel, membre de la Chambre de commerce;

Ifautreux, directeur des mouvements du port, liet1tenant de vaisseau~

Ed. Boutan, ingénieur des Mines.

Cette Commission avait pour premier devoir de définir le but que devait se proposer l'Observatoire, but dont dépendaient la nature et la grandeur des instruments dont l'établissement devait être pourvu. Sur ma proposi- tion ( 1 ), elle voulut bien décider que, pour ne pas faire double emploi aYec les observatoires déjà existants de Paris, Meudon, Marseille et Toulouse, t>t aussi pour que toutes les branches de l'Astronornie fussent cultivées en France et surtout dans le Midi, le futur Obsei·vatoire de Bordeaux devait ètre plus spécialement construit en vue cl' études de Physique et de Spectro- scopie céleste, de mesures d'étoiles doubles, de déterminations de paral- laxes, etc., genres de travaux qui ne sont abordés qu'acciclentellement à Paris, Marseille et Toulouse, et pour lesquels 11ous sommes trop souyent tributaires de l'étranger.

D'un autre côté, la Chambre de commerce demandait avec instance que l'Observatoire fût mis en position de donner l'heure exacte aux navigateurs au long cours et aux horlogers plus spécialement chargés clf' régler la marche des chronomètres de la marine; il était enfin désirable que l'Ob- sP.rvatoire fit par lui-mème des observations magnétiques et météorologiques suivies.

( 1) Note sur l'organisation de L'Ousel'Mtoire de Bordeaux, ]Jlésentée par JW. R.r1yet à La Commission d'o,.ganisation dans sa réunion du 25 fùricr 1878.

(26)

RA"\'ET.

La Commission résolut donc de demander au Ministre de doter l'Obser- vatoire de Bordeaux :

D'un instrument méridien de 7 pouces d'ouverture;

D'un Équatorial de grandes dimensions;

D'un chercheur <le comètes ou d'un petit Équatorial de 7 à 8 pouc<:>s d'ouverture;

D'une série d'instruments magnétiques et météorologiques.

<< La grandeur de l'Équatorial, disais-je dans la Note déjà citée, destiné

à être l'instrument fondamental de l'Observatoire, n'est point d'ailleurs arbitraire; son minimum de dimensions se trouve déterminé par la nature même des recherches auxquelles il doit servir et qu'il doit permettre de pousser plus loin qu'elles ne l'ont encore été, par la nécessité de lui donner un pouvoir optique suffisant pour séparer nettement les étoiles doubles les plus voisines.

» Depuis quelques années, l'habileté des constructeurs a en effet permis d'accroître dans de larges proportions les diamètres des objectifs des lu- nettes astronomiques. V ers 1850, un objectif de 1 2 pouces était un objet remarquable; aujourd'hui nombre d'Observatoires en ont de notablement plus grands.

>1 En Anglererre, l'objectif' de l'Observatoire Savilien cl'Oxford a

12+ pouces anglais (om,3II); celui de Markree, 14 (om,355); ceux de M. Huggins et lord Lindsay, 15 (om,381); celui de l'observatoire particu-

lier de M. Newall, 25 pouces (om,635).

>) En Amérique, nous avons un 1 2 pouces anglais ( om, 3o5) à Cincinnati,

un 12-ipouces (om,318) à Ann-Arbor, un 15 pouces (om,381) à Cambridge, un 18~ pouce·s (om,460) à Chicago, enfin un 26 pouces (000,660) à Wash- ington. C'est avec- le 15 pouces <le Cambridge que Bond a fait ses études sur la nébuleuse d'Orion, et avec Je 26 pouces de Washington que M. A.

Hall vient de découvrir les satellites <le Mars.

» Eu Allemagne, !'Observatoire de Vienne a fait, depuis 1878, construire par Grubb un Équatorial de 26 pouces anglais ( om, 660 ), et, il y a quelques mois, M. Winnecke a acquis de Merz un objectif de 20 ponces (om, 54 I)

d'ouverture pour l'Équatorial de l'Université de Strasbourg.

» Sans vouloir atteindre aux dimensions des équatoriaux de Vienne on

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