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L’intégration du Genre et l’Empowerment des femmes en urgences : l'exemple de CARE international

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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L’intégration du Genre et l’Empowerment des femmes en urgences 4

L’exemple de CARE international

Vanessa Navarrete

2019-2020

Master Genre – M2 Discriminations

Sous la direction d’Arlette Gautier, PR en sociologie à l’Université de Brest

Membres du jury Gautier/Arlette | PR à l’UBO Lechaux/Bleuwenn | MCF à l’UR2

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Mises en garde : droit d’utilisation et reproduction

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ENGAGEMENT DE NON PLAGIAT

Je, soussignée, Vanessa Navarrete,

Déclare être pleinement consciente que le plagiat de documents ou d’une partie d’un document publiée sur toutes formes de support, y compris l’internet, constitue une violation des droits d’auteur ainsi qu’une fraude caractérisée. En conséquence, je m’engage à citer toutes les sources que j’ai utilisées pour écrire ce rapport ou mémoire.

Signé par l'étudiante le 25 octobre 2020

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REMERCIEMENTS

Tout d’abord, je tiens à remercier Arlette Gautier, pour avoir accepté d’être ma directrice de mémoire de recherche professionnel et pour m’avoir accompagné pendant près d’une année par sa disponibilité, ses conseils et ses retours constructifs.

Je remercie également Bleuwenn Lechaux pour avoir accepté de participer à la soutenance du mémoire, mais également l’ensemble de l’équipe pédagogique du Master 2 – Fanny Bugnon, Hélène Trellu – qui m’ont soutenu en cette période dure et incertaine avec une grande bienveillance.

Un grand merci ensuite à l’équipe du département Genre en Urgences de CARE International et à la fabuleuse équipe Women Lead in Emergencies, composée de professionnelles engagées et passionnées pour faire avancer la participation réelle des femmes en contexte d’urgence dans les différents pays où l’initiative est pilotée. Je remercie Isadora Quay, ma directrice de stage pour m’avoir conseillé et orienté dans mes lectures et pour m’avoir fait découvrir plus amplement les travaux de grandes chercheuses féministes sur la participation des femmes.

Je remercie tout particulièrement Tam O’Neill, la Coordinatrice de l’équipe Gouvernance Inclusive et Voix des Femmes et Leadership, chercheuse spécialiste de la participation des femmes, pour ces conseils avisés qui ont considérablement enrichi ma réflexion, pour avoir pris le temps de relire le mémoire – bien qu’elle soit anglophone !- et pour ses encouragements constants.

Finalement, je remercie les collègues du Master 2, particulièrement Camille Le Bloa et Julie Dubois, pour leur soutien et leurs conseils dans la rédaction et la finalisation du mémoire.

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RESUME

Depuis près d’une vingtaine d’années, les acteurs du développement international prônent la mise en place d’une stratégie double d’intégration du genre - constituée d’une approche intégrée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de mesures spécifiques, en particulier d’Empowerment des femmes - censée permettre d’atteindre l’égalité de genre. Dans la pratique, certains ont adopté une approche instrumentale - l’égalité de genre comme un moyen pour contribuer à la croissance économique, au développement ou à une plus grande efficience de l’aide humanitaire - alors que d’autres s’engagent pour une approche transformative – la transformation structurelle des relations de pouvoir entre femmes et hommes –, dans laquelle la participation des femmes est déterminante, afin d’obtenir des avancées concrètes en vue de leur empowerment durable.

Cet aspect est particulièrement important en contexte de crise humanitaire, où la plupart des femmes affectées n’ont peu, voire pas d’influence, sur les décisions qui affectent leur vie : la voix des femmes n’est pas entendue, leurs contributions potentielles sont négligées, et leurs droits et besoins ne sont pas satisfaits de manière adéquate, exacerbant ainsi les inégalités de genre. Bien que les engagements internationaux et les standards humanitaires reconnaissent ce droit, à ce jour, l’empowerment des femmes, bien qu’encouragé, reste encore une approche peu courante et documentée chez les acteurs humanitaires.

L’objet du présent mémoire est, à travers le lien entre intégration du genre – ou gender mainstraming - et empowerment des femmes établit dans la littérature sur le développement, d’étudier ses implications dans la mise en place d’une stratégie double d’intégration du genre pour une ONGI telle que CARE International en termes d’égalité de genre, de leadership et de participation des femmes, en particulier en situation d’urgences.

Mots-clés : Gender Mainstreaming/ intégration du genre, Empowerment des Femmes, Pouvoir, Participation, Voix des Femmes, Urgences, Développement, ONG.

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ABSTRACT

In the last twenty years, development actors have been advocating for the adoption of gender mainstreaming approaches, following a dual strategy - consisting of gender mainstreaming combined with specific measures, in particular women's empowerment - towards gender equality. In practice, some of them have adopted an instrumental approach - gender equality as a means to achieve economic growth, development and efficiency of humanitarian assistance - while others are committed to a more transformative approach – addressing structural imbalance in power relations between women and men -, in which women participation is critical in order to achieve concrete progress towards their sustainable empowerment.

This aspect is critical in humanitarian contexts, where most affected women have little or no influence on the decisions that affect their lives: women's voices are not heard, their potential contributions are neglected, and their rights and needs are not adequately met, therefore reinforcing gender inequality. Although international commitments and humanitarian standards recognize this right, to date, women's empowerment, although encouraged, is still an uncommon and undocumented approach among most humanitarian actors.

The purpose of the thesis is, through analyzing the linkages between the two concepts of gender mainstreaming and women empowerment in the development literature, to explore their implications for an International NGO such as CARE International in implementing a dual gender mainstreaming strategy in terms of gender equality, leadership and women's participation, in particular in emergency contexts.

Keywords: Gender Mainstreaming, Women Empowerment, Power, Participation, Women's Voice, Emergencies, Development, NGOs.

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SOMMAIRE

LISTE DES SIGLES ET DES ABREVIATIONS ... 3

INTRODUCTION ... 7

PRESENTATION DU CONTEXTE ... 7

La place du gender mainstreaming et de l’empowerment des femmes dans le développement et l’humanitaire ... 11

Empowerment des femmes en urgences comme objet d’étude ... 16

LA PLACE DE LINTEGRATION DU GENRE ET DE LEMPOWERMENT DES FEMMES DANS LES URGENCES ... 18

APPROCHE METHODOLOGIQUE ... 20

PARTIE 1 – ETAT DE LA RECHERCHE SUR LE GENDER MAINSTREAMING ET L’EMPOWERMENT DES FEMMES DANS LA LITTERATURE CONSACREE AUX PROBLEMATIQUES DE DEVELOPPEMENT ... 26

1.1. GENDER MAINSTREAMING ... 26

Présentation du concept et de l’importance de son potentiel transformatif ... 26

Les composantes d’une politique d’intégration du genre ... 29

Points positifs ... 29

Critiques faites au Gender Mainstreaming ... 30

1.2. APPROCHES D’EMPOWERMENT DES FEMMES ... 32

Définitions de l’Empowerment et de deux concepts connexes essentiels : le pouvoir et la voix des femmes ... 32

Définition de l’empowerment par les femmes elles-mêmes : ... 36

Les niveaux et les dimensions de l’empowerment – Une approche pluridimensionnelle ... 37

La voix des femmes : une approche essentielle de l’empowerment ... 40

Empowerment : un terme flou, polysémique ou vide de sens ? Quelles sont les implications pour les féministes ? ... 40

Les principales critiques faites à l’empowerment par les féministes ... 41

CONCLUSION ... 46

PARTIE 2 – INTEGRATION DU GENRE ET EMPOWERMENT DES FEMMES PAR LES ONGI DANS LEURS PROGRAMMES DE DEVELOPPEMENT ET D’URGENCE ... 47

2.1. GENDER MAINSTREAMING ... 47

Point sur l’adoption de l’intégration du genre par les OI et les ONGI ... 47

Peut-on dire que le gender mainstreaming a échoué? ... 49

Préconisations : Comment pourrait-il devenir une approche efficace dans la lutte contre les inégalités et atteindre son potentiel transformatif ? ... 52

2.2. EMPOWERMENT DES FEMMES :DIFFERENTES APPROCHES DE LEMPOWERMENT ET DE LA PARTICIPATION DES FEMMES PRONEES PAR LES OI ET LES ONGI. ... 55

Rôle et positionnement spécifique des ONGI ... 57

Préconisations : La conscientisation, le Leadership et la participation des femmes pour un empowerment réel et durable ... 60

2.3. INTEGRATION DU GENRE ET EMPOWERMENT DES FEMMES DANS LA REPONSE HUMANITAIRE ... 61

La place de l’intégration du genre et de l’empowerment des femmes dans le système international humanitaire ... 61

Localisation et participation des femmes aux réponses humanitaires ... 64

CONCLUSION ... 68

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PARTIE 3 : INTEGRATION DU GENRE CHEZ CARE INTERNATIONAL ... 69

3.1. STRATEGIES GENRE, PROGRAMMES PHARES ET APPROCHES MODELE DE GOUVERNANCE EN FAVEUR DE LEGALITE DE GENRE DANS LES DOMAINES DU DEVELOPPEMENT ET DES URGENCES. ... 70

(i) Composante Égalité de Genre et la Voix des Femmes : ... 75

(i) Composante Gouvernance Inclusive : ... 75

(ii) Composante résilience et humanitaire - Stratégie Urgences de CARE en lien avec l’égalité de Genre 77 Positionnement de CARE sur l’agenda localisation et l’empowerment des femmes en contexte d’urgences ... 79

Domaines prioritaires de la Stratégie EGVF ... 79

3.2. TRADUCTION DE LA POLITIQUE DEGALITE DES GENRES ET DE LA STRATEGIE DOUBLE AU NIVEAU ORGANISATIONNEL ... 80

Les engagements pour favoriser une culture organisationnelle favorable à l’égalité de genre ... 81

L’importance de la redevabilité ... 82

3.3. ANALYSE CRITIQUE DU MODELE DINTEGRATION DU GENRE DE CAREINT. ... 84

PARTIE 4 – CAS PRATIQUE : L’APPROCHE WOMEN LEAD IN EMERGENCIES ... 89

4.1.GENESE DE LAPPROCHE ET PROBLEMATIQUE DE LA PARTICIPATION DES FEMMES EN URGENCE ... 89

4.2. PRESENTATION DU PROGRAMME WOMEN LEAD IN EMERGENCIES -WLIE ... 91

4.3. CONSTRUCTION DU CADRE THEORIQUE WLIE ... 96

Identification des problèmes à traiter ... 96

Développement de la Théorie du Changement basée sur la Gouvernance Inclusive et le Genre en Urgences. ... 99

L’APPROCHE WLIE-UNE APPROCHE QUI SOUTIENT LA VOIX ET LE LEADERSHIP DES FEMMES ... 99

Les femmes agissent collectivement ... 103

Réflexion sur la mise en œuvre pratique des recommandations programmatiques ... 105

Travailler avec les groupes de femmes ... 106

4.4. POINT SUR LA MISE EN ŒUVRE DES DIFFERENTES PHASES PILOTES DE WLIE ... 108

CONCLUSION ... 113

TABLES DES FIGURES ET TABLEAUX ... 114

BIBLIOGRAPHIE ... 115

GENDER MAINSTREAMING,FEMMES ET DEVELOPPEMENT ... 115

EMPOWERMENT ET PARTICIPATION DES FEMMES... 117

GENRE ET URGENCES... 119

BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE SUR LA MESURE DE LEMPOWERMENT ... 120

CORPUS ... 121

LISTE DES ANNEXES... 123

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Liste des sigles et des abréviations

ACDI Agence canadienne de développement international AVEC Associations Villageoises d’Epargne et de Crédit

CAD Comité d’Aide au Développement de l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques – OCDE. En anglais : OECD Development Assistance Committee - DAC

CARE Int. CARE International

DAWN Development Alternatives with Women for a New Era - Alternatives de Développement avec les Femmes pour une Nouvelle Ere

DDC Agence Suisse pour le Développement et la Coopération

DFID Department for International Development - Département pour le Développement International du Royaume-Uni

ECHO European Civil Protection and Humanitarian Aid Operations - Protection Civile et Operations d'Aide Humanitaire Européennes

ECOSOC Conseil Economique et Social des Nations Unies

EGVF Egalité de Genre et Voix des Femmes. En anglais : OECD Development Assistance Committee – DAC

EIS Enquête sur l’Impact Stratégique de CARE International – En anglais : Strategic Impact Inquiry ou SII

FMI Fond Monétaire International

GAD Gender and Development – Genre et Développement GENDERNET Réseau CAD pour l’Egalité de Genre

HCR Haut-Commissariat aux Réfugiés – L’Agence des Nations Unies pour les Réfugiés. En anglais: UN-HCR - United Nations High Commissioner for Refugees

IASC Inter-Agency Standing Committee – Comité permanent interorganisations – CPI IDS Institute of Development Studies – Institut des Etudes en Développement de

l’Université du Sussex, Royaume-Uni

MDG Millenium Development Goals – Objectifs du Millénaire pour le Développement

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MMD Matu Masu Dubara ou Femmes en Mouvement

NORAD Agence norvégienne pour le développement international

OFDA Office of U.S. Foreign Disaster Assistance - Bureau d'assistance aux catastrophes à l'étranger

ODD Objectifs de Développement Durable. En anglais : Sustainable Development Goals – SDGs

ODI Overseas Development Institute – Institut de Développement d’Outremer OI Organisations Internationales

ONGI Organisation Non Gouvernementale Internationale OSC Organisation(s) de la Société Civile

PAM Programme Alimentaire Mondial. En anglais: World Food Programme – WFP PAP Plan d’Action de Pékin

PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement

ARG-P Analyse Rapide de Genre sur le Pouvoir – En anglais : Rapid Gender Analysis on Power – RGA-P.

SIDA Agence suédoise de coopération internationale pour le développement SMART Spécifiques, Mesurables, Acceptables, Réalistes, Temporels

SHM Sommet Humanitaire Mondial – En anglais : World Humanitarian Summit - WHS

VBG Violences Basées sur le Genre

USAID United States Agency for International Development - Agence des États-Unis pour le développement international

WLiE Women Lead in Emergencies – Femmes Leaders en situations d’urgence WOM Women on the Move – Femmes en Mouvement

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REMARQUES PRELIMINAIRES SUR L’UTILISATION ET LA TRADUCTION DE CERTAINS TERMES CLES

La notion de « mainstreaming » signifie littéralement « intégration au courant principal »1. Bien qu’une traduction plus précise du gender mainstreaming ne soit pas évidente, il est généralement traduit par « approche intégrée de l’égalité »2. D’autres traductions proposées mettent l’accent sur « l’égalité des chances » ou les « approches horizontales » mais, ce faisant, n’arrivent pas à inclure les subtilités contenues dans l’expression de gender mainstreaming originale3. C’est pourquoi, nous proposons de garder l’expression en anglais pour désigner l’approche en elle-même et de privilégier l’expression «intégration du genre », pour désigner la démarche.

Par ailleurs, la difficulté de traduction de ce terme participe du manque de compréhension de ses enjeux, de nombreuses Organisations Internationales – OI - ayant adopté certains des outils du gender mainstreaming, en l’absence d’un cadre général d’analyse du genre4.

Le terme empowerment est particulièrement difficile à traduire et c’est ce qui en fait sa singularité. Il fait aujourd’hui encore l’objet de débats, ce qui révèle son caractère approximatif et la pluralité de sens que lui attribuent différents acteurs en fonction de leurs intérêts. Sa traduction « relève bien plus des us et des coutumes que d’une démarche rigoureuse »5. Le terme est « généralement utilisé(e) en combinaison avec d’autres mots à la mode, comme « communauté », « société civile » ou « agencéité » et il est « approximativement traduit(e) par les termes français d’« insertion » ou « autonomisation », « aujourd’hui au cœur de la rhétorique sur la « participation des pauvres » au développement »6.

La Banque Mondiale dans son premier rapport Combattre la pauvreté, publié en 2002 consacre l’empowerment, traduit « par insertion » et le lie explicitement à la notion de pouvoir. D’autres traductions relevées dans les rapports de la Banque Mondiale sont : « démarginalisation et

1 Jules Falquet, « Genre et développement: une analyse critique des politiques des institutions internationales depuis la Conférence de Pékin », Geneva, Switzerland: Institut Universitaire pour l’Etude du Développement, 2003.

2 Sandrine Dauphin et Réjane Sénac-Slawinski, « Gender mainstreaming : analyse des enjeux d’un ‘concept-méthode’.

Introduction », Cahiers du Genre 44, no 1 (2008): 5‑16, https://doi.org/10.3917/cdge.044.0005.

3 Alison E. Woodward, « Est-il trop tard pour une approche intégrée de l’égalité ? Le point sur la situation à Bruxelles », Cahiers du Genre 44, no 1 (2008): 95-116, https://doi.org/10.3917/cdge.044.0095.

4 Judith Squires, « Diversity mainstreaming : dépasser les approches technocratiques et d’addition des inégalités », Cahiers du Genre 44, no 1 (2008): 73‑94, https://doi.org/10.3917/cdge.044.0073.

5Yann Le Bossé, « De l’«habilitation» au «pouvoir d’agir»: vers une appréhension plus circonscrite de la notion d’empowerment », Nouvelles pratiques sociales 16, no 2 (2003): 30‑51.

6 Anne-Emmanuèle Calvès, « “Empowerment” : généalogie d’un concept clé du discours contemporain sur le développement », Revue Tiers Monde 200, no 4 (2009): 735‑49, https://doi.org/10.3917/rtm.200.0735.

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intégration »7. La traduction est par la suite affinée en « autonomisation » à partir de 2004 (Calvès, 2009). D’autres traductions trouvées dans des articles scientifiques sur l’empowerment sont incomplètes car elles ne désignent qu’une dimension de l’empowerment, un concept qui lui-même est pluridimensionnel. Ainsi, Hélène Guétat-Bernard et Nathalie Lapeyre8 suggèrent que cette idée de changement soit traduite par « pouvoir d’agir », qui représente le « pouvoir de » : « d’avoir les moyens de se mettre en action », c’est-à-dire « les ressources individuelles et collectives à l’accomplissement de l’action envisagée » (2017).

D’autres auteurs proposent de traduire le verbe « to empower » en « autoriser » choisissant la dimension du « pouvoir sur » et l’empowerment en « renforcement des capacités et participation » (Luttrell et Al., 2009).

Etant donné l’aspect central de la notion de pouvoir, d’un part, et de processus, d’autre part, il me semble néanmoins indispensable qu’une traduction correcte intègre ces deux aspects sans pour autant se limiter à une seule dimension du pouvoir.

C’est pourquoi, il est intéressant de noter que le grand dictionnaire terminologique de l’Office Québecois de la Langue Française propose, entre autres, le terme d’ « empouvoirement »9 qui a l’avantage de garder ces trois critères – pouvoir, processus, aspect non restrictif de la notion de pouvoir. C’est la traduction littérale également choisie en espagnol d’ « empoderamiento ».

Sans vouloir me risquer à proposer ce terme, je choisis donc de garder le terme

« empowerment ».

Par ailleurs, dans le cadre du présent mémoire, le terme « Humanitaire » - traduction de

« Humanitarian » en anglais - englobe l’ensemble des situations où les acteurs humanitaires (ONG, Agences des Nations Unies) interviennent hors contexte de développement, que ce soit en situations de conflit, de chocs – climatiques tels que les catastrophes naturelles ou de crises (crise alimentaire / famine) - généralement aggravées par des facteurs humains ou encore de catastrophes naturelles. Pour finir, les traductions des citations, des acronymes et des références proposées, ainsi que les notes sont de l’autrice.

7 “The World Bank (2000, in Doligez, 2003) uses the words demarginalisation and integration”. / Cecilia Luttrell et al., Understanding and operationalizing empowerment; Overseas Development Institute London, 2009.

8 Hélène Guétat-Bernard et Nathalie Lapeyre, « Les pratiques contemporaines de l’empowerment.Pour une analyse des interactions entre pratiques et théories, individu∙e∙s et collectifs », Cahiers du Genre 63, no 2 (2017): 5‑22, https://doi.org/10.3917/cdge.063.0005.

9 Office québécois de la langue française, 2003 http://gdt.oqlf.gouv.qc.ca/Resultat.aspx

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INTRODUCTION

Présentation du contexte

« Aborder le développement sous l’angle du genre, c’est admettre que les rapports sociaux de genre sont déterminants dans tout processus social et donc dans le développement de toute société. La base de l’approche genre est de distinguer les besoins pratiques et les intérêts stratégiques des femmes et des hommes »10.

Depuis les années 1990 et la Conférence Internationale sur les droits des femmes de Pékin, les notions de gender mainstreaming et d’empowerment des femmes, sont devenus des aspects incontournables dans les stratégies des OI de développement.

Le gender mainstreaming est devenu le « mécanisme central pour introduire une perspective selon le genre dans tous les domaines politiques » (Squires, 2008) selon une stratégie double composée : (i) de l’intégration des besoins et des intérêts des femmes et des hommes dans les politiques et les projets de développement et (ii) de mesures spécifiques ayant pour but l’empowerment des femmes.

Depuis son adoption, « il suscite un débat chez les féministes pour savoir si véritablement on peut le considérer comme une avancée pour l’égalité des sexes » (Squires, 2008).

Le concept d’empowerment, quant à lui, est au « cœur de la rhétorique sur la « participation des pauvres au développement » et, face à son adoption massive par l’ensemble des acteurs du développement, mais également plus récemment de ceux de l’humanitaire, l’empowerment, qui traduisait à l’origine « la vision des opprimés » et la « critique radicale du modèle de développement vertical des années 1970 », sert désormais de mot clé, indispensable à toute stratégie ou programme de développement, à l’instar du gender mainstreaming et des notions de « société civile » ou de « communauté » (Calvès, 2009). L’empowerment est devenu un terme « vague et faussement consensuel » (Ibid), sans pour autant de « consensus clair autour de sa signification » et perd donc de son efficacité (Falquet, 2003), parfois utilisé de manière interchangeable avec le concept d’ « égalité de genre » au risque, comme nous le verrons, de

10 Elisabeth Hofmann, « Les relations femmes-hommes comme enjeu de développement », Economie et humanisme, 378 (2006): 12.

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se vider de son sens11. Ce glissement sémantique est, selon les autrices féministes que nous avons étudiées pour la rédaction du présent mémoire, profondément politique et sert à

« légitimer les politiques et les programmes top down existants » (Calvès, 2009), tout en désamorçant toute possibilité de contestation radicale des relations de pouvoir inégalitaires.

Depuis les années 1980, différentes théories sur la pauvreté et la vulnérabilité ou encore de la force naturelle des femmes ont entraîné le développement de différents modèles institutionnels et programmatiques qui ont façonné l’action des acteurs du développement et de l’assistance humanitaire internationaux.

Aujourd’hui, il est reconnu que la domination des femmes et des filles est soutenue et justifiée par des normes sociales, morales, culturelles, religieuses, politiques et économiques. Si la nature de la domination masculine diffère selon les classes, les castes, les « races », les groupes ethniques ou sexuels, les normes de genre dans la plupart des sociétés placent systématiquement les femmes et les filles dans des positions inégales et inférieures par rapport aux hommes et aux garçons de classes sociales similaires12.

Bien que des politiques en faveur de l’égalité de genre aient été largement adoptées ces dernières années par les institutions de développement et les ONGI, le bilan concernant leur mise en œuvre reste mitigé13. En effet, plusieurs auteurs/rices féministes critiquent « l’effet de dilution » et la perte d’efficacité du gender mainstreaming car : « instiller de l’égalité à tous les niveaux a consisté à ne plus identifier ‘spécifiquement’ une politique d’égalité ». Ainsi, « le gender mainstreaming commence à être perçu … comme l’une des expressions d’une approche

‘transversale’ des politiques publiques » (Dauphine et Sénac-Slawinski, 2008). Cette critique peut être appliquée aux institutions de développement et aux ONGI qui intègrent le genre comme une exigence des bailleurs de fonds, sans toujours l’accompagner de véritable analyse ou stratégie pour s’attaquer aux inégalités de genre dans la formulation et la mise en œuvre de leurs programmes de développement et d’urgence.

11 Rosalind Eyben et Rebecca Napier-Moore, « Choosing Words with Care? Shifting meanings of women’s empowerment in international development », Third World Quarterly 30, no 2 (1 mars 2009): 285‑300, https://doi.org/10.1080/01436590802681066.

12 Dyan Mazurana et Keith Proctor, Gender, conflict and peace (World Peace Foundation, 2013).

13 Caroline Moser et Annalise Moser, « Gender mainstreaming since Beijing: A review of success and limitations in international institutions », Gender & Development 13, no 2 (1 juillet 2005): 11‑22,

https://doi.org/10.1080/13552070512331332283.

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Ainsi, dans leurs stratégies, les bailleurs de fonds et les ONGI ont eu tendance à s'appuyer sur des approches, considérées par plusieurs autrices comme simplistes, telles que la création systématique de groupes de femmes, censés stimuler par eux-mêmes la mobilisation et la participation. D’ailleurs, les acteurs du développement ont souvent favorisé de façon arbitraire les groupes de femmes formés par des projets pour fournir des services et des résultats étroitement définis. Ces approches peuvent apporter des avantages pratiques aux femmes, mais ont peu de chances de modifier les facteurs structurels de l'inégalité entre les sexes (Annexe 1 - Enquête d’Impact Stratégique - CARE International).

De telles considérations ont été prises en compte dès 2009 par CARE International à travers son Enquête sur l’Impact Stratégique – EIS, en particulier sur les facteurs d’inégalités entre femmes et hommes. Ceci, afin de recentrer l’engagement envers les femmes dans lequel CARE Int, en tant qu’organisation, vise à s’inscrire.

Pour CARE Int., l’importance de l’égalité de genre, outre le fait que ce soit un droit de l’homme explicite et internationalement reconnu, part du constat que « nous ne pourrons pas surmonter la pauvreté et l’injustice sociale tant que toutes les personnes n’auront pas les mêmes droits et les mêmes opportunités»14.

CARE Int, à l’instar de quelques autres ONGI, encore peu nombreuses, se distingue par une approche à la fois institutionnelle, organisationnelle et programmatique en faveur de l’intégration du genre et l’Empowerment des femmes, notamment à travers la gouvernance inclusive – volet développement – et l’amélioration de la résilience des femmes – volet urgences/ assistance humanitaire. Depuis plus de vingt ans, CARE Int. est considérée comme chef de file des ONGI par son travail de plaidoyer et de programmation relative au genre dans un contexte géopolitique où l’espace dans lequel les acteurs de la société civile peuvent se réunir et formuler des stratégies se réduit fortement.

Nous avons choisi le concept de gender mainstreaming – considéré aujourd’hui comme l’approche la plus moderne de l’égalité des genres (Moser et Moser, 2005) - et que nous définirons en première partie, comme concept clé nous permettant d’introduire une analyse de l’approche de CARE Int. – au niveau institutionnel et programmatique – et d’avoir des clés de

14 “we cannot overcome poverty and social injustice until all people have equal rights and opportunities” CARE International Gender Equality Policy – Politique d’Egalité de Genre de CARE International https://www.care- international.org/files/files/publications/Final%20CI%20Gender%20Equality%20Policy%202018.pdf

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compréhension nous permettant d’évaluer si l’approche de CARE Int. suit les principes fondamentaux du gender mainstreaming, sa vision transformative et son lien étroit avec la poursuite de l’égalité entre femmes et hommes, d’une part, et de changement social, d’autre part.

Le deuxième concept clé, l’Empowerment des femmes, souvent présenté comme une des mesures spécifiques du gender mainstreaming - sera analysé pour commenter dans quelle mesure le programme Women Lead in Emergencies – WLiE - qui a été créé et piloté par les départements Gouvernance Inclusive et Genre en Urgences de CARE Int. et sur lequel j’ai travaillé pendant mon stage– adopte une approche transformative et féministe pour contribuer à l’empowerment, à la participation effective et à amplifier la voix des femmes en contexte d’urgences. Ce programme, qui sera analysé en dernière partie, est un modèle – piloté dans 6 pays - qui permet aux femmes marginalisées d’identifier et de résoudre leurs problèmes prioritaires en situation de crise. Par le biais de WLiE, CARE Int. collabore avec les groupes locaux existants, tels que les Associations Villageoises d’Epargne et Crédit – les AVEC - ou les groupes religieux, pour planifier et répondre aux situations d’urgence, y compris dans les contextes de crises chroniques et prolongées.

Pour cela, nous proposons, à titre introductif, de présenter quelques éléments historiques permettant d’indiquer la place du gender mainstreaming et de l’empowerment des femmes dans les secteurs du développement et de l’humanitaire. A noter que les autrices auxquelles il est

Figure 1- Pays pilotes WLiE 2017-2020 (Vanessa Navarrete)

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fait référence ci-après sont toutes considérées comme des penseuses féministes clés de ces concepts dans le secteur du développement.

Pour finir, il semble important de souligner dans cette introduction que, contrairement à l’empowerment, le développement du gender mainstreaming en tant que concept théorique et sa promotion comme modèle dans le développement de politiques se sont faits de façon simultanée15.

La place du gender mainstreaming et de l’empowerment des femmes dans le développement et l’humanitaire

Le terme gender mainstreaming fait son apparition en 1985, lors de la conférence mondiale des Nations Unies sur les femmes à Nairobi(Dauphine et Sénac-Slawinski, 2008) et devient, lors de la IVe Conférence mondiale des Nations unies sur les femmes à Pékin, en 1995 - à l’instar du terme empowerment des femmes, un engagement international. Le gender mainstreaming y est identifié comme le mécanisme le plus important pour atteindre les objectifs ambitieux énoncés dans le Programme d'Action de Pékin - PAP, ratifié par les gouvernements du monde entier (Squires, 2008). En 1997, les Nations Unies l’adoptent comme approche à intégrer dans l’ensemble de leurs politiques, puis en 1998, il est intégré aux textes communautaires « en tant qu’instrument pour incorporer la perspective de l’égalité entre les femmes et les hommes dans tous les domaines et à tous les niveaux dans les secteurs public et privé »16. C’est à cette époque qu’est formulée la stratégie double du gender mainstreaming, constituée non seulement de mesures spécifiques, en particulier l’empowerment des femmes ; mais également d’une approche intégrée de l’égalité entre les femmes et les hommes (Dauphine et Sénac-Slawinski, 2008). Son adoption par l’ensemble des grandes institutions internationales a permis au gender mainstreaming d’acquérir en quelques années « une légitimité symbolique et juridique auprès des décideurs politiques pour qui la prise en compte de cette notion est devenue une exigence concrète, un pré-requis démocratique» (Dauphine et Sénac-Slawinski, 2008).

En 2005, lors de la 49e session de la Commission sur la condition de la femme des Nations unies à New York où ont été évaluées les avancées dans le mise en œuvre du PAP, les Etats

15 Mary Daly, « Gender Mainstreaming in Theory and Practice », Social Politics - SOC POLIT 12 (8 novembre 2005):

433‑50, https://doi.org/10.1093/sp/jxi023.

16 Notamment dans la feuille de route pour l’égalité entre les femmes et les hommes pour la période 2006- 2010 mais également dans les articles 2 et 3 du traité instituant la communauté européenne (TCE).

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membres réaffirment l’importance du gender mainstreaming, désormais adopté officiellement par la majorité des OI de développement, des gouvernements et de la société civile (Réjane Sénac-Slawinski, 2008)17. Dans la lignée de Pékin, les conférences internationales suivantes réaffirment l’importance du principe de gender mainstreaming : de la Déclaration de Paris sur l'efficacité de l'aide en 2005, au Programme d'Action d'Accra en 2008. Ainsi, en 2011, lors du Partenariat de Busan pour une coopération au développement efficace18, le gender mainstreaming est non seulement reconnu comme essentiel au développement mais y figure en outre un engagement explicite à intégrer des objectifs chiffrés sur l'égalité des sexes et l’empowerment des femmes dans les mécanismes de redevabilité et de reddition des comptes.

Le concept d’empowerment, qui signifie littéralement « renforcer ou acquérir du pouvoir » trouve son origine à la fin des années 1970, dans le cadre de la réflexion sur les communautés marginalisées, en particuliers les « Noirs américains, femmes, les gays et les lesbiennes ou les personnes handicapées », en réaction au modèle de développement dominant essentiellement tourné vers la croissance économique, jugé profondément utilitaire et individualiste (Luttrell et al. 2009). Le terme empowerment apparaît formellement dans les années 1980 avec l’émergence de l’approche Gender and Development – GAD - qui questionne les dynamiques de pouvoir inégales entre femmes et hommes liées au contexte social, mais également les systèmes de valeur qui les sous-tendent. Il est important de souligner que l’empowerment, contrairement au gender maintreaming, est né dans les pays du Sud19et particulièrement en Inde au sein du réseau féministe DAWN, créé en 1984 à Bangalore. Partant du constat que le modèle de développement néolibéral augmente de façon démesurée le travail des femmes ou le déplace ailleurs dans le foyer par une surcharge des tâches domestiques et de soin, il contribue à la perpétuation de la subordination des femmes (Luttrell et al. 2009). Pour les féministes du mouvement DAWN, l’émancipation des femmes ne peut être abordée uniquement via leur autonomisation économique, elle doit passer - et c’est là le vrai nœud du problème - par la transformation des « structures économiques, politiques, légales et sociales »,

17 Caroline Moser, « Has gender mainstreaming failed? », International Feminist Journal of Politics 7, no 4 (1 décembre 2005): 576‑90, https://doi.org/10.1080/14616740500284573.

18 « From Ambition to Results: Delivering on Gender Equality in Donor Institutions », DAC Network on Gender Equality (GENDERNET) (OECD, mai 2014), https://www.oecd.org/dac/gender-development/From_ambition_to_results.pdf.

19 et la publication de l’ouvrage Development, crises and alternative visions : Third World’s woment perspectives – en 1987 - qui marque un tournant dans la réflexion sur « la question de la femme dans la problématique du développement », qualifiée d’« approche empowerment » » (Calvès, 2009). Par ailleurs, en 1974, le Brésilien Paulo Freire développe le concept de « prise de conscience critique » comme moyen de passer de la prise en compte des mécanismes d’oppression à l’action, concept rapidement repris par les acteurs du développement y compris les ONG (Falquet, 2003).

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jugées inégalitaires. En d’autres termes, les femmes ne doivent pas seulement être en mesure de satisfaire leurs besoins fondamentaux, mais également, « leurs besoins stratégiques » (Calvès, 2009, Kabeer, 2015). Ainsi, selon Hofmann20, « l’empowerment devrait permettre aux personnes vivant dans des conditions de pauvreté de sortir durablement de cette condition en réduisant leur vulnérabilité sur les plans social, économique, politique, psychologique ». A l’époque cet argument est jugé trop radical par les gouvernements et les agences internationales de développement et entraîne encore aujourd’hui des résistances.

L’émergence du concept d’empowerment est donc étroitement liée à l’approche GAD, en ce qu’il cible les femmes comme étant actrices en suivant une approche partant de la base –

« grass root level », en mettant l’accent sur l’importance de « l’agencéité et de l’estime de soi », de dignité, c’est-à-dire « d’être en mesure d’avoir le droit d’être respecté(e) par les autres » - “Being worthy of having a right to respect from others” (Rowlands, 1997)” (Luttrell et Al., 2009).

A partir du milieu des années 1990, on assiste à la multiplication des travaux féministes sur l’empowerment tant dans les pays dits du Nord – principalement le monde anglo-saxon - que ceux du Sud avec l’émergence de figures de proue – auxquelles nous faisons ici référence - telles que l’Indienne Srilatha Batliwala, la Britannico-Bangladaise Naila Kabeer, l’Ecuatorienne Magdalena Leon et les Britanniques Jo Rownlands et Rosalind Eyben, qui vont théoriser cette approche multidimensionnelle de l’empowerment comme un processus, avec comme concept central, celui du pouvoir.

A partir de la IVe Conférence mondiale des Nations unies sur les femmes à Pékin, en 1995, le terme d’empowerment est officiellement annoncé par les Nations Unies comme mesure spécifique contribuant à l’intégration du genre21. Le terme est largement récupéré et intégré à la rhétorique des programmes de développement, ce que Calvès qualifie de « discours institutionnalisé sur les femmes et le développement » et devient, à partir de 2000 un objectif spécifique des Objectifs de Développement du Millénaire pour le développement (Calvès, 2009).

20 Elisabeth Hofmann, « Comment évaluer l’empowerment des femmes défavorisées? Eléments de réflexion à partir de projets de développement dans des pays du Sud », 5èmes Journées Françaises de l’évaluation, SFE (Société Française d’Evaluation), 2003.

21 https://www.un.org/womenwatch/daw/beijing/pdf/Beijing%20full%20report%20F.pdf

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C’est ainsi que l’approche GAD est peu à peu réorientée vers « l’approche basée sur les droits » - « rights-based approach », dans un contexte mondial marqué, d’une part par les inégalités croissantes causées par les politiques d’ajustement structurel des années 1980 et, d’autre part, par le retour à la démocratie avec la fin de la Guerre Froide, favorisant le consensus international autour de l’importance des droits de l’homme. Pour les féministes, ce nouvel agenda mondial de lutte contre la pauvreté et de promotion des droits de l’homme, a été le point culminant de vingt années d’efforts pour faire de l’empowerment des femmes – entendu comme une question de justice au-delà d’une approche instrumentale en faveur de la croissance économique- un élément central du discours international sur le développement (Eyben et Napier-Moore, 2009).

A titre introductif, il nous semble par ailleurs important de rappeler quelques contributions que plusieurs autrices féministes ont faites aux questions du lien entre pauvreté et inégalités auxquelles il est fait référence dans le présent mémoire. Ceci permettra de mieux ancrer la problématique du gender mainstreaming et de l’empowerment des femmes dans le contexte d’intervention de CARE Int. Pour cela je m’appuierai sur les travaux de Naila Kabeer22, en particulier son article sur les contributions des féministes dans le champ du développement international, mais également ceux de de Florence Degavre dans l’article « Critique des fondements et pistes pour reconstruire un point de vue féministe croisé Nord/Sud »23 :

L’analyse différenciée entre femmes et hommes des causes de la pauvreté exige de se concentrer sur les inégalités en termes d’accès et de contrôle sur les moyens permettant d’assurer la survie et la sécurité des personnes au sein des ménages défavorisés dans l’accès aux ressources, que ce soit de manière structurelle ou suite à une catastrophe, une crise ou un conflit. A noter que ces évènements extraordinaires tendent à exacerber des situations préexistantes, c’est pourquoi il nous semble simpliste et contreproductif de vouloir radicalement dissocier les problématiques de développement de celles des urgences dans l’analyse des facteurs de pauvreté et de vulnérabilité. Ce, car, nous le verrons dans l’analyse du programme WLiE, l’analyse des relations de pouvoir entre femmes et hommes en contexte

22 Naila Kabeer, « Gender, poverty, and inequality: a brief history of feminist contributions in the field of international development », Gender & Development 23, no 2 (2015): 189‑205.

23 Florence Degavre, « La pensée “femmes et développement”. Critique des fondements et pistes pour reconstruire un point de vue féministe croisé Nord/Sud », in Isabelle Guérin et al., Femmes, économie et développement, (Toulouse: ERES, Collection Sociologie économique , 2011), 63‑84, https://doi.org/10.3917/eres.gueri.2011.01.0063.

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de crise est basée sur les relations préexistantes dans des contextes bien souvent caractérisés par des crises chroniques ou de vulnérabilité exacerbée par les chocs extérieurs.

En particulier, en analysant le phénomène de pauvreté et de marginalisation des femmes, notamment en zone rurale et périurbaine, nous retrouvons souvent deux asymétries ou inégalités entre femmes et hommes: la première est celle lié au fait que, dans une grande partie du monde, les femmes assument une part disproportionnée du travail non rémunéré lié aux tâches domestiques et au soin des membres les plus faibles du ménage : enfants, personnes âgées ou non autonomes. Cela laisse donc moins de temps aux femmes pour gagner leur vie, avoir des loisirs et participer à la vie publique et politique de leur communauté et de leur pays, tout en étant plus ou moins dépendantes des revenus gagnés et souvent contrôlés par les hommes.

La deuxième asymétrie ou inégalité est liée au travail productif des femmes qui travaillent, soit dans un cadre familial et souvent non rémunéré, soit dans des activités économiques à domicile, où le fruit de leur travail est mis au profit de l’homme ou des hommes du ménage. Dans ce cas, cela réduit drastiquement leur contrôle sur le fruit de leur travail.

Ces inégalités entre le travail productif et reproductif se retrouvent dans l’ensemble des sociétés, bien qu’elles puissent prendre des formes différentes selon les contextes. Elles touchent l’ensemble des groupes sociaux et « s'entrecroisent d’autres inégalités de manière à intensifier les désavantages associés à ces autres formes d'inégalités »24.

Cette analyse de la pauvreté comme étant un phénomène touchant davantage les femmes, a amené à partir des années 1990 les institutions internationales et les ONGI à porter un intérêt particulier aux femmes en tant qu’individus, mais également aux organisations de femmes dans ce que l’on qualifie communément de lutte contre la « féminisation de la pauvreté » (Degavre, 2001). Ainsi, le recours au genre dans le discours sur le développement a paradoxalement fait reculer l’analyse en termes de genre, en partant du principe que, bien que la pauvreté touche différemment les femmes et les hommes, « les pauvres sont surtout des femmes » (Ibid). La pauvreté est donc devenue un problème à régler en ciblant les femmes, en introduisant « dans le langage sur le développement l’idée de subordination des femmes, sans l’associer toutefois à un problème de dépossession active par le groupe masculin » (Ibid).

24 “it intersects with these other inequalities in ways that intensify the disadvantages associated with other forms of inequality”; (Kabeer, 2015).

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C’est à partir de cette analyse que nous trouverons les pistes de réflexion sur l’appropriation du potentiel transformatif du gender mainstreaming et de l’empowerment des femmes dans les approches prônées par les OI et souvent reprises par les ONGI et nous pourrons ainsi nous demander dans quelle mesure la lutte contre les relations de pouvoir inégales est une priorité pour ces acteurs.

Par ailleurs, le cas pratique – le programme WLiE, qui sera présenté, étant un programme d’empowerment des femmes en contexte d’urgence, nous allons introduire ci-après quelques éléments utiles pour identifier la réflexion de CARE Int. sur une approche particulière de l’empowerment des femmes en situation d’urgences25.

Empowerment des femmes en urgences comme objet d’étude

Selon Amani El Jack26, « L'aide humanitaire consiste en l'approvisionnement d'une vaste gamme de biens et services d'urgence au cours du conflit et à son terme, pendant la période de reconstruction» ; Le rôle des acteurs humanitaires – OI, ONGI est de fournir « l'expertise technique, formative et professionnelle pour reconstruire les communautés» (El Jack, 2003).

Caractéristiques de l’impact des crises humanitaires sur les femmes

Selon plusieurs ONGI et de nombreux rapports des OI de référence, les femmes et les filles sont plus susceptibles d’être affectées que les hommes et les garçons lors de chocs et de crises27. L’impact négatif de l’exclusion des femmes dans la prise de décision est plus important dans le domaine de la paix, de la sécurité et de l’aide humanitaire28. En raison des rôles genrés attribués aux femmes et aux hommes et aux inégalités afférentes à ces rôles – inégalité d’accès et de contrôle sur les ressources économiques, sociales, éducatives, etc.-, les femmes sont plus susceptibles d’être déplacées que les hommes, d’êtres victimes de violence sexuelle et basée sur le genre, et de souffrir de la malnutrition29.

25 A noter que la typologie des chocs a été analysée par plusieurs auteurs - Agarwal; Corbett; Dreze (Kabeer, 2015)

26 Amani El Jack, « Genre et Conflit armé (traduction) », BRIDGE, Development and Gender, août 2003, www.ids.ac.uk/bridge.

27 L’Organisation mondiale de la Santé (2011) « Genre, changement climatique et santé » (Genève, 2011) ; l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes dans les catastrophes naturelles. Rapport du Secrétaire général (E/CN.6/2014/13), p.3

28 Radhika Coomaraswamy, « Preventing Conflict, Transforming Justice, Securing the Peace: A Global Study on the Implementation of United Nations Security Council Resolution 1325 » (UN WOMEN, 2015), https://www.peacewomen.org/sites/default/files/UNW-GLOBAL-STUDY-1325-2015%20(1).pdf. Fiche synthétique disponible en ligne: https://papersmart.unmeetings.org/media2/7656091/res-1325.pdf

29 Les taux de mortalité liés aux catastrophes sont généralement plus élevés pour les femmes que pour les hommes. A titre d’exemple, en 2004, après le tsunami en Asie, notamment en Indonésie, le pourcentage de morts était constitué à plus de 70%

de femmes (https://oxfamilibrary.openrepository.com/bitstream/handle/10546/305870/hpn-gender-conflict-humanitarian- action-291113-en.pdf;jsessionid=D256DBBBC686D2285D0DB0E83EE6E52F?sequence=1). De plus, environ 60 % des

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D'autres causes de vulnérabilité - telles que l'âge, la classe sociale, l'origine ethnique et le handicap - peuvent aggraver l'inégalité entre les sexes et entretenir une marginalisation systématique de certains groupes de femmes.

Ainsi, les crises ont tendance à renforcer les inégalités pré existantes et à faire basculer ou maintenir les personnes dans « le piège de la pauvreté » (Kabeer, 2015) et, en cela, la recherche sur la manière dont les ménages font face à diverses formes de crise est importante pour comprendre ce processus de renforcement de la paupérisation, voire de la marginalisation et de l’accroissement des inégalités entre femmes et hommes en contexte d’urgence.30

Les crises aggravent donc les inégalités entre les femmes et les hommes, mais peuvent également en créer de nouvelles31.

En revanche, il est plus rarement souligné que le bouleversement des relations de pouvoir peut, selon les contextes et dans une certaine mesure, offrir de nouvelles opportunités pour les femmes, notamment parce les rôles et responsabilités au sein du ménage et de la communauté changent souvent comme conséquence directe des conflits et des crises. Ainsi, les femmes sont plus susceptibles de devenir responsables de leur famille, d’être les premières à intervenir en cas d’urgence et de contribuer activement à la consolidation de la paix au sein de leur communauté32. Ces situations peuvent, dans certains cas faire évoluer les mentalités sur ce qui est considéré comme une conduite appropriée pour les femmes, y compris en ce qui concerne

« les normes restrictives concernant les femmes et le travail, ou la liberté de mouvement ».

« En saisissant l’occasion qu’offre la modification des attitudes envers les rôles de genre, les initiatives programmatiques peuvent contribuer à soutenir un environnement permettant de

décès maternels qui pourraient être évités ont lieu en temps de crise ; les conséquences directes et indirectes des conflits armés - faible accès à l’alimentation, aux services de santé, à l’hygiène, etc - sont plus fatales aux femmes qu’aux hommes, en particulier aux jeunes femmes (Annexe 2 - L’ABC de l’Egalité de Genre, du Pouvoir et de la Justice de CARE International).

30 Il existe une littérature, particulièrement anglophone, de plus en plus riche à ce sujet, notamment des études et des évaluations menées par différents instituts de recherche de référence le programme BRIDGE de IDS, la London School of Economics and Political Science, les études de l’ODI de Londres, entre autres. A titre d’exemple, Naila Kabeer, indique qu’une analyse détaillée des mécanismes que les ménages mettent en place pour faire face aux différents chocs - « coping mechanisms » - montre, qu’en dernier recours, « lorsque les liens d’interdépendance familiale commencent à s’éroder, les femmes ont moins de ressources sur lesquelles s'appuyer que les hommes » “This meant that further down the spiral into greater poverty, when family interdependencies began to break down, women had fewer resources to fall back on than men”; (Kabeer, 2015).

31 « En temps de conflit et post-conflit, 9 % des propriétaires terriens seulement sont des femmes, contre 19 % à l’échelle mondiale; Les crises accroissent le taux des mariages précoces et forcés. Cela provient d’une variété de facteurs, qui incluent le taux de mortalité plus élevé des femmes dans les conflits, la nécessité de « protéger » les jeunes filles célibataires dans les situations dangereuses, ainsi que les pressions financières; Les filles sont plus susceptibles d’être retirées de l’école en cas de crise et moins susceptibles d’y retourner que les garçons» (Annexe 1).

32 Alison Barclay, Michelle Higelin, et Melissa Bungcaras, « On the frontline: catalysing women’s leadership in

humanitarian action » (ActionAid, 18 mai 2017). ; Isadora Quay, « Rapid Gender Analysis and its use in crises: from zero to fifty in five years », Gender & Development 27 (4 mai 2019): 221‑36, https://doi.org/10.1080/13552074.2019.1615282.

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capitaliser sur les changements observés en matière d’égalité entre femmes et hommes » (Annexe 2 - ABC de l’Egalité de Genre, du Pouvoir et de la Justice de CARE International).

Malgré cela, les hommes dominent la conception des interventions d’urgences, négligeant souvent les besoins et les contributions des femmes et des groupes minoritaires.

La place de l’intégration du genre et de l’empowerment des femmes dans les urgences Le PAP marque un tournant dans la prise en compte des violences envers les femmes et les filles, en particulier en situation de conflit,en définissant des mesures spécifiques que doivent prendre les gouvernements parmi les 12 domaines critiques identifiés, parmi lesquels « les femmes dans les conflits armés », appelant la communauté internationale à protéger les droits des femmes en situation de conflit33.

Il existe aujourd’hui un consensus sur le fait que l'égalité de genre et l’empowerment des femmes et des filles sont des impératifs en matière de droits de l'homme et des conditions nécessaires à une action humanitaire efficace. Dans plusieurs accords et conventions internationales, la plupart des Etats se sont engagés à promouvoir la participation et le leadership des femmes dans la prise de décision publique, ainsi que dans la paix et la sécurité, telle que la résolution 1325 du Conseil de sécurité de l’ONU sur les femmes, la paix et la sécurité34 ou l’Agenda 2030 des Nations Unies pour le développement durable35 et, depuis 2016, les engagements pris lors du Sommet Humanitaire Mondial – SHM – pour améliorer l’efficacité de l’aide humanitaire. En particulier, le Grand Bargain – ou « Grand Accord » - est un accord unique pris dans la lignée du SHM par les Gouvernements, les Institutions multilatérales - Banque Mondiale, Nations Unies - et autres OI – Mouvement Croix Rouge etc., ainsi que les ONG qui se sont engagés à augmenter les moyens et les ressources à disposition des acteurs humanitaires afin d’améliorer l'efficacité et l'efficience de l'action humanitaire.

C’est un engagement incontournable, sur la base duquel sont aujourd’hui coordonnés les efforts de la communauté humanitaire dans 10 domaines clés. Bien qu’aucun domaine ne soit

33 https://www.unwomen.org/fr/news/in-focus/csw59/feature-stories et https://www.un.org/womenwatch/daw/beijing/platform/declar.htm

34 https://www.un.org/womenwatch/ods/S-RES-1325(2000)-F.pdf

35 ODD 5.5. «Garantir la participation entière et effective des femmes eu leur accès en toute égalité aux fonctions de direction à tous les niveaux de décision, dans la vie politique, économique et publique » ; https://www.agenda-2030.fr/odd/odd5- realiser-legalite-des-sexes-et-autonomiser-toutes-les-femmes-et-les-filles-44

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spécifiquement dédié à l’égalité de genre, 2 domaines en particulier constituent de grandes avancées, en théorie, pour l’égalité, l’empowerment et la participation des femmes :

(i) « l’Agenda localisation »36, c’est-à-dire la reconnaissance de l’importance des acteurs locaux et nationaux et l’investissement prioritaire à faire en direction des femmes et des organisations de femmes, compte tenu du manque criant de leur leadership actuel dans les réponses humanitaires et

(ii) la «Révolution de la participation » qui reconnait que l'engagement effectif des personnes ne peut être obtenu que par des efforts ciblés visant à permettre l'engagement et la participation des femmes, des hommes, des filles et des garçons, notamment à travers la promotion d’espaces et d’opportunités distincts pour les femmes et les filles afin qu'elles soient en mesure d’exprimer librement leurs besoins, leurs préoccupations et de faire entendre leur voix.

Ces principes ont été largement repris dans les politiques et lignes directrices humanitaires, que ce soit par les agences des Nations Unies, certains gouvernements finançant l’aide humanitaire dans le cadre de leurs mécanismes de coopération bilatérale – ou multilatérale, notamment ECHO pour l’Union européenne, ainsi que de nombreuses ONGI.

Par ailleurs, la communauté internationale a reconnu que la plupart des urgences humanitaires, de par la complexité de leurs causes, souvent intimement liées à des problématiques structurelles relatives à l’extrême pauvreté, l’instabilité politique et les changements climatiques, ont tendance à s’étendre dans la durée et sont désormais qualifiées de

« chroniques » - « protracted crisis ».

Dans ces contextes, les femmes ne sont pas de simples victimes passives. Elles sont en fait des acteurs qui tentent de s'orienter dans des systèmes de subsistance perturbés, et qui s'efforcent de le faire tout en étant limitées par les restrictions imposées à leur sexe (Mazurana et Proctor, 2015).

36 https://www.agendaforhumanity.org/initiatives/3861

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Approche méthodologique

L’approche méthodologique choisie a été, dans un premier temps, de sélectionner et d’étudier la bibliographie développementaliste existante sur les concepts clés de gender mainstreaming et d’empowerment des femmes, sur lesquels repose l’approche d’égalité de genre, selon les auteurs et autrices auxquels il est fait référence. Pour cela, j’ai recherché une série d’articles que j’avais sélectionné par le passé lorsque j’étais référente genre pour CARE France, je me suis inspirée des bibliographies proposées dans les articles et rapports disponibles sur plusieurs librairies en ligne de CARE Int37, mais également d’autres ONG et Instituts et Programmes de recherche en développement et dans l’humanitaire - voir références et bibliographie; j’ai également demandé conseil à ma directrice de stage, ainsi qu’à la Coordinatrice du Département Gouvernance Inclusive, qui ont-elles-mêmes rédigé plusieurs articles, notamment sur la participation des femmes dans les programmes de développement. J’ai ainsi sélectionné les articles des chercheuses les plus connues et citées ayant travaillé ou effectué leur terrain dans le milieu du développement international et de la société civile au Nord comme au Sud : - Gender Mainstreaming : Rosalind Eyben, Caroline et Annalise Moser, Naila Kabeer, Srilatha Batliwala, Réjane Sénac-Slawinski, Sandrine Dauphin, Judith Squires, Mary Daly, Maitrayee Mukhopadhyay, Joan Evelyn et Carol Bacchi, Alison E. Woodward, Elisabeth Hofmann, Jules Falquet, Florence Degavre.

- Empowerment des Femmes : Anne Emmanuelle Calvès ; Isabelle Guérin ; Cécilia Luttrell, Sitna Quiroz et Claire Strutton ; Anne Marie Goetz et Célestine Nyamu ; Hélène Guétat-Bernard et Nathalie Lapeyre.

Ce travail a permis de définir la problématique du mémoire en comprenant, à partir de ces lectures, d’une part : le lien entre l’intégration du genre - dans le sens de la lutte contre les inégalités de genre - et le changement social dans la vision transformative de l’empowerment (Daly, 2005), étant entendu que l’empowerment des femmes est une des mesures spécifiques du gender mainstreaming (Moser et Moser, 2005) et, d’autre part, ce que signifie le gender mainstreaming en termes de stratégie féministe (Dauphine et Sénac-Slawinski, 2008)38,

37 https://insights.careinternational.org.uk/ - https://live-care.pantheonsite.io/our-impact/gender-in-practice - https://careevaluations.org/

38 Geneviève Fraisse et Réjane Sénac-Slawinski, « Le gender mainstreaming, vrai en théorie, faux en pratique ? », Cahiers du Genre 44, no 1 (2008): 17‑26, https://doi.org/10.3917/cdge.044.0017.

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notamment à travers l’étude de concepts connexes essentiels tels que le pouvoir, la participation et la voix des femmes, qui sont centraux dans le programme WLiE.

Après avoir dégagé les définitions clés et les principaux cadres théoriques de ces concepts – qui sont présentés en première partie - j’ai synthétisé les critiques faites par ces auteur(e), en particulier sur l’opérationnalisation du gender mainstreaming et de l’empowerment des femmes, notamment en situation d’urgence pour ensuite retenir un ensemble de préconisations faites dans les articles et rapports sélectionnés pour une approche véritablement transformative de l’intégration du genre.

Dans un deuxième temps, j’ai sélectionné et analysé l’ensemble des différentes stratégies et approches de CARE International sur l’intégration du genre au niveau institutionnel, organisationnel et programmatique puis, dans le cadre du stage effectué, j’ai sélectionné le programme WLiE - crée et piloté par CARE depuis 2017 en contexte dit d’urgence ou d’urgences qualifiées de « chroniques » – protracted crisis –, comme cas pratique pour analyser dans quelle mesure l’intégration du genre – y compris à travers l’empowerment des femmes en urgence - par CARE Int. suit une approche transformative et féministe.

Figure 2- Approche méthodologique

Hypothèse

Cette réflexion amène à formuler l’hypothèse suivante: pour que le gender mainstreaming puisse atteindre son potentiel transformatif, il ne doit pas être séparé d’un engagement fort, institutionnel et organisationnel en faveur de l’empowerment des femmes, c'est-à-dire, de mesures spécifiques théorisées dans le concept de la stratégie double.

Le modèle d’analyse selon la stratégie double de l’intégration du genre qui insiste, premièrement, en l’intégration des préoccupations des femmes et des hommes - besoins et

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