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La Grande Afrique : la voie du continent à travers le monde.

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Novembre 2020

"Encourager la jeunesse à s'instruire et à se cultiver, c'est bâtir une société meilleure."

Esther Jonhson, Ecrivain, Auteur Romancière, 1965

La Grande Afrique : la voie du continent à travers le

monde.

Rédacteurs :

Sitraka RABARY

Rim AYOUCH

Mariam BEN SLAMA

Maeïlys SYLIA

Komon Jude-Armand KIENOU

Remicar SEREME

Veronica MENDES

Design & Mise en page : Sitraka RABARY

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Journal- Novembre 2020

Le hashtag #CONGOISBLEEDING: Que se passe-t-il au Nord-Kivu > p.5

La société sénégalaise à travers le prisme de ses séries > p.9

YENNENGA la princesse amazone : la naissance du peuple Mossi > p. 8 Les relations sino-africaines : une longue histoire > p.7

Covid 19 : Quel impact économique pour les pays africains ? >p.4

SOMMAIRE

Le nouveau bureau de l'ASPA 2020- 2021 > p.1

ASPA en Novembre 2020 > p.2

Poème : Mine ? > p.11 ASPA

POLITIQUE ET ECONOMIE

HISTOIRE

ART ET CULTURE

La Grande Afrique : la voie du

continent à travers le monde.

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Journal- Novembre 2020

Le bureau de l’ASPA, composée de quatorze personnes, pour cette année 2020-2021 reflète l’image que notre association s’est définie.

Avec une telle pluralité et richesse, l’ASPA promet une merveilleuse année malgré la crise sanitaire qui nous impacte tous.

Après un mois assez chargé, nous sommes heureuses de vous présenter les têtes qui se cachent derrière chaque poste de l’équipe pour cette année académique.

Tous étudiants en Master à Sciences Po Paris, ils suivent des parcours diversifiés, ce qui enrichit fortement l’association.

Tous unis par un grand intérêt pour le continent africain, cette équipe ne manque pas de visions et de projets, et, le moins que l’on puisse dire, c’est que vous ne serez pas déçus.

Exécutif

En sa deuxième année de Master Governing the Large Metropolis se tient la présidente de l’ASPA, Irina Gbaguidi. Venant du Bénin, elle décrit ce dernier comme un

"pays doux et rassurant, riche de sa culture, ses spiritualités et sa population". "Ma plus belle fierté est de l'appeler mon pays".

Passionnée de lecture et de politique, notre présidente se définit par cette citation de Michelle Obama : "Ne laissez personne parler pour vous et ne comptez pas sur les autres pour se battre pour vous". Elle voit en l’ASPA un héritage, une famille que l’on porte même après les études à Sciences Po, et surtout une plateforme pour le panafricanisme et la promotion

de l'unité du continent , tout en respectant les spécificités territoriales.

Son bras droit, le vice-président, Lukas Noah Drammeh est également en sa deuxième année de Master, en International Security avec spécialité: Afrique, diplomatie et méthodologies de recherche. Originaire de l’Allemagne et de la Gambie, il a assumé ses origines africaines en ayant passé du temps avec sa famille gambienne. Il se définit par la citation : "Les mots doivent être suivis d’actions !" car il est convaincu que la génération actuelle doit arrêter de prétendre et réapprendre à laisser parler ses actions car les belles paroles ne suffisent plus. Ayant un profil de leader, l’ASPA est pour lui une association qui assume l’unité et la diversité du continent africain.

Suivant de près toutes les réunions et ayant déjà occupé une fonction similaire auparavant, la Secrétaire Générale, Dorcas Goabga, venant du Burkina Faso, un pays à caractère intègre disait- elle, est en sa deuxième année de Master en Droit économique.

Aimant voyager, passer du temps avec ses amis, observer mais aussi écrire, c’est une vraie combattante qui n’hésite pas à repousser ses limites. Persuadée que seule l'action commune pour le changement est efficace, l’ASPA est pour elle "plus qu’une association" et est l'exemple-type de l’unité africaine, une unité dans la diversité.

Le trésorier Dayvis Dos Reis Borges est le dernier membre de

notre exécutif et est en sa deuxième année de Master en Finance et Stratégie. A part les études, il est passionné par le football, les jeux vidéos, le vélo et la course. Amoureux de ses pays, le Cap-Vert et Togo, il est de nature curieux et aime apprendre.

Voyant le monde actuel comme un monde "cassé" qui devrait être réparé, l’ASPA est pour lui un bon début pour améliorer la société à notre échelle et il espère s’y faire

"une bonne bande de potes" dit-il.

L’ASPA étant composé de 5 pôles différents, les suivants sont les responsables de ces derniers : Pôle conférence

En première année du master d’urbanisme "Governing the large metropolis", Kenza Fahim est la co-responsable du pôle conférence de notre association.

Originaire du Maroc, elle décrit son pays comme étant complexe, car d’un côté multiculturel et particulièrement riche, mais de l’autre, inégalitaire et paradoxal.

Elle affectionne particulièrement cette citation de Pierre Rabhi :"Comme le colibri, je compte faire ma part des choses, pour mon pays et mon continent." Kenza aime se laisser transporter à travers la musique, la lecture et les voyages. L'ASPA représente pour elle une ouverture vers son pays et son continent, ainsi qu’une porte ouverte au dialogue et à l'échange.

Actuellement en Master 1 d’Affaires Publique, avec une spécialité culture, Lauren Easum est l’autre co-responsable du pôle

conférence. Elle a grandi entre les États Unis, le Burundi, la France et les Pays-Bas.

Convaincue que le syncrétisme donne naissance à de belles choses, elle aime se définir par cette citation de Gaël Faye:

"Quand deux fleuves se rencontrent, Ils n'en forment plus qu'un et par fusion nos cultures deviennent indistinctes / Elles s'imbriquent et s'encastrent pour ne former qu'un bloc d'humanité". Passionnée d’art, Lauren aime particulièrement lire et écrire en terrasse. Elle voit l’ASPA comme un endroit de partage culturel et un moyen de faire connaître le continent africain dans toute sa diversité.

Pôle événement

En première année de master en

"International Security", Amélie Ségla est la co-responsable de notre pôle évènement.

Sénégalaise, le premier mot qui lui vient en tête pour décrire son pays est l'hospitalité, la teranga.

Pour elle, le Sénégal, c’est avant tout un peuple attachant et résilient qui cultive l’art de bien vivre et le partage. Pour se décrire, elle choisit de citer Delia, notre co-responsable partenariats:

"On ne danse pas, on performe".

Car, que ce soit sur une piste de danse ou pour un projet, rien n'épuise Amélie. Passionnée de photographie, d'écriture et de poésie, vous la verrez toujours munie de sa caméra ou de ses calepins. L'ASPA est pour elle une grande famille qui lui permet de penser l’Afrique d'aujourd'hui et de demain.

Maktoub Razaki est le co- responsable du pôle évènement.

Tout comme notre présidente, Irina, il est dans le master

"Governing the Large Metropolis", et vient également du Bénin. En parlant de son pays, Maktoub tient à souligner que le vodou, qui est une pratique religieuse répandue au Bénin, est en réalité très éloignée des clichés négatifs qui lui sont associés. Pour se décrire, il choisit une citation en Yoruba, sa langue maternelle : "O porrr", qui signifie littéralement

“c’est beaucoup” car c’est quelqu’un qui met toujours beaucoup d’énergie dans les différents projets qu’il

Le nouveau bureau de l'ASPA 2020-2021

Quand la nouvelle équipe se présente, nous voyons à quel point l’ASPA est une association riche en humain, en ambition et en vocation.

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ASPA

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entreprend. Pour lui, L’ASPA est non seulement une grande famille, mais c’est également une vitrine des enjeux liés au continent africain sur le campus de Sciences Po.

Pôle partenariat

Actuellement en M1 de "Médias, Communication et Industries créatives", Delia Tebani, notre première co-responsable partenariat est algérienne. La première chose qui lui vient en tête pour décrire son pays est l’humour qui, selon elle, accompagne les algériens tant dans leurs vies quotidiennes, que dans les moments d’exception.

Pour se décrire, Delia cite sa sœur Haninai qui la surnomme

"couteau-kabyle" car, comme un couteau suisse, Delia est multifonction et multi-terrain.

Passionnée de basket-ball et d’art, si vous voyez Delia sans ballon à la main, c’est qu’elle a un stylo pour écrire ou dessiner à la place.

Pour Delia, l’ASPA c’est un coup de cœur, un échange continu basé sur un amour partagé: "les Afriques". C’est une rencontre d’âmes passionnées qui se nourrissent de leurs différences.

La seconde responsable de ce pôle, Haibado Yacin Abdoulkader, est actuellement en master d’International Public Management. Elle vient de Djibouti, qu’elle qualifie comme étant un petit bout de terre; riche en chaleur et grandeur humaine.

Passionnée par le karaté, pour les valeurs de discipline et de maîtrise de soi que sa pratique inculque, elle est également une

Journal- Novembre 2020

fan inconditionnelle de Nelson Mandela. Sans surprise, elle choisit cette citation -extraite de l’un des poèmes de Mandela - pour se définir : "Je suis maîtresse de mon esprit ; Je suis capitaine de mon âme". Pour Haibado, l’ASPA c’est avant tout un espace de partage et d’échanges qui promeut la cohésion dans la différence, ce qui correspond avec sa définition de l’Afrique : prospère dans sa pluralité ; pauvre dans la division.

Pôle communication

La première responsable de ce pôle est Maty Ngom et est en International Development Dual Degree London School of Economics. Elle vient du Sénégal qui a été l'un des précurseurs de l'industrie cinématographique en Afrique. Prête à prendre des risques pour atteindre ses objectifs, elle incarne cette attitude par la citation "Ku bëgg aakara ñeme kaani" ("Celui qui veut des beignets ne doit pas craindre le piment."). Elle aimerait un monde où en temps que femme noire, africaine et musulmane, elle ne soit plus considérée comme une minorité mais comme un habitant de notre planète au même titre que les autres. L’ASPA, une vision, une équipe, un avenir, pouvant changer la perception stéréotypée du continent Africain selon elle.

La seconde responsable, Ida Rosalie Gomis Gomis est actuellement en césure et effectue un stage chez Hermès en tant qu’

assistante chef de Projets Communication.

Rim décrit son pays -le Maroc- comme un pays aux multiples facettes, regorgeant de générosité.

Passionnée d’écriture, elle utilise cet art comme un exutoire.

Inspirée par l’écrivaine franco- marocaine Leila Slimani, Rim pense, tout comme cette dernière,

"qu’écrire, c'est se défaire de cette peur du regard des autres, donc la littérature est évidemment une révolte". Rêvant d’une Afrique plurielle, innovante, et résiliente, l’ASPA, représente pour elle un espace privilégié, lui permettant de prendre part aux enjeux qui traversent le continent. Son poste de co-rédactrice en chef de La Grande Afrique, lui permet de mettre en avant, à travers ses écrits, sa vision de l'Afrique.

Un bureau riche en diversité, des esprits plein de créativité, un intérêt commun pour l’Afrique, une grande famille qu’est l’ASPA, l’association vous donne rendez- vous pour un voyage au cœur de notre cher continent pour cette belle année 2020-2021.

Sitraka RABARY & Rim AYOUCH Sénégalo-espagnole, la mixité de

la culture sénégalaise est pour elle le fondement d’une grande puissance culturelle. Aimant le sport, la musique, l’art, et les voyages, la citation qu’elle a choisie pour se définir est "Deja huellas por dónde caminas".

Voulant un monde où l’on coexiste et l’on vit de "bissap frais"; pour l’ASPA, elle veut qu’elle incarne une association de partage, d’encouragement et de rayonnement pour la diversité africaine et surtout par sa culture.

Pôle média

La première responsable de ce pôle est Sitraka Rabary, en Master 2 en Stratégies Territoriales et Urbaine, une malagasy qui adore écrire et use de cet art, dans toutes ses formes, pour construire son propre monde. De nature introvertie, aimant passer du temps avec elle-même, elle est passionnée par la contemplation des étoiles qui incarnent la paix.

Elle se définit, non par une citation mais par un mot qui incarne sa personnalité "Hope".

Pour elle, peu importe la difficulté de la situation à laquelle elle fait face, il y a toujours de l’espoir pour que tout se finisse de la meilleure manière qui soit. Être rédactrice en chef à l’ASPA est une opportunité pour mettre en avant l’Afrique et sa vocation mais également son pays, Madagascar, qui est un havre de richesse naturelle.

La seconde responsable de ce pôle, Rim Ayouch, est en Master 1 de

"Governing the Large Metropolis".

Tout droit venue de Casablanca,

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ASPA en Novembre 2020

instagram sur des problématiques actuelles qui sont "la voix de la jeunesse nigériane portée par le mouvement #ENDSARS et l’engagement des artistes dans ce combat", ainsi que "les aléas et ressentis des étudiants africains a l’étranger". Par ailleurs, des playlistes et sélections de films thématiques ont été publiés chaque jeudi et vendredi soir depuis la reprise des activités par l’association en s’adaptant au contexte actuel de crise sanitaire.

Dans ce même contexte, le pôle conférence a, quant à lui, commencé par l’organisation Bien que la deuxième vague de la

pandémie du coronavirus en France ait engendré un deuxième confinement, les activités de l’Association de Sciences Po pour l’Afrique (ASPA) pour le mois de Novembre ont été maintenues.

Une association active malgré les contraintes sanitaires. Les membres du bureau à travers chaque pôle ne se sont pas tournés les pouces, loin de là.

Pôle transversal à stratégies mises à l’épreuve

Le pôle communication qui est transversal à tous les échelons de

l’association rend compte des activités de l’ASPA aux yeux du public. Permettant la mise en connaissance de ces dernières, ses publications se font à travers les réseaux sociaux : Instagram, LinkedIn et Facebook tout en retraçant tous les mouvements au sein de l’association : conférence, live, publication d’article, etc.

Allier sujets d’actualité à un monde interconnecté

L’équipe du journal La Grande Afrique a écrit ce mois-ci six (06) articles nous permettant de voyager au sein du continent pour

mieux connaître ses revers.

Mettant en avant les actualités africaines à travers les impacts économiques du Covid 19, la situation du Nord-Kivu, les impacts des échanges Chine- Afrique, puis les cultures et histoires à travers l’influence et le succès des séries sénégalaises mais aussi la naissance du peuple Mossi et enfin le dynamisme au sein de l’association, La Grande Afrique retrace ces derniers dans les autres articles de ce journal du mois de Novembre.

Le pôle événements a proposé ce mois de Novembre deux lives

ASPA

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d’une conférence inaugurale s’intitulant "Solidarité inter- africaine face au Covid-19 : des innovations entrepreneuriales à une collaboration continentale".

Marquant ainsi l’ouverture de leurs activités, il continuera à en organiser bien d'autres dans les semaines à venir.

Fonctionnement en maillage hybride

Le pôle partenariat s’est majoritairement attelé à répondre aux besoins du pôle event

Journal- Novembre 2020 3

dans la mise en place des événements prévus. La mise en place de Zooms littéraires et la sélection de livres mettant en avant le continent africain en collaboration avec des maisons d’éditions animeront les prochaines semaines. D’autres conventions de partenariat pour offrir des réductions aux adhérents de l’association pour des soins beauté, journal, restaurant, etc. s’en suivront. Une nouveauté pour l’association : tout événement en digital pour faciliter leur accès.

Pour le premier dîner de l’ASPA qui aura lieu aujourd’hui à 19h, les responsables du pôle ont enchaîné entre appels et envois d’e-mails pour trouver un restaurant ayant une histoire à raconter et pouvant nous faire voyager entre culture et goûts émerveillant les papilles. Le choix s’est porté sur le restaurant "Resto Gasy" spécialisé dans la nourriture malagasy. Concocté en premier lieu par le pôle événementiel, ce dîner se fera en présence de Nadège Beausson- Diagne, actrice française d'origine

sénégalaise et ivoirienne. Un temps de discussion sera consacré aux échanges avec elle sur des sujets d’actualité comme la représentativité des femmes noires dans le cinéma.

Sitraka RABARY

ASPA

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Journal- Novembre 2020 POLITIQUE ET ECONOMIE 4

Un endettement accéléré

L’endettement du continent africain s’est considérablement accéléré au cours des dix dernières années. Le poids de la dette publique s’est aggravé, passant de 35 % du PIB africain à 60 % entre 2010 et 2018. Cette hausse a été particulièrement importante dans les pays exportateurs de matières premières, qui ont subi la chute des cours de 2014 à 2016, selon le directeur du Centre des études économiques d’Afrique (CSEA).

L’endettement total du continent africain est actuellement estimé à 365 milliards de dollars. Très présente en Afrique depuis un peu plus d’une décennie, la Chine est aujourd’hui le premier créancier du continent et détient 40 % de la dette africaine, soit entre 145 et 170 milliards de dollars. Parmi les principaux créanciers des pays africains, on trouve également le Fonds monétaire international (FMI), la Banque Mondiale, le Club de Paris, mais également de nombreux créanciers privés (larges entreprises et fonds d’investissements).

La pandémie plongera l’Afrique sub-saharienne dans sa première récession en vingt-cinq ans selon

la Banque mondiale.

Ainsi, fin mars, les ministres des Finances africains ont appelé à une annulation du paiement des intérêts des dettes afin de pouvoir utiliser leurs capacités budgétaires pour combattre les conséquences économiques de la crise du coronavirus.

Conséquences qui risquent d’être particulièrement dramatiques sur un continent sur lequel la moitié de la population vit déjà avec moins de deux dollars par jour.

Emmanuel Macron a récemment plaidé pour une annulation de la dette des 40 pays africains les plus pauvres. Pour l’instant, il n’a pas obtenu cette annulation mais un moratoire au niveau des créanciers bilatéraux (12 milliards de dollars) ainsi qu’auprès des pays prêteurs du Club de Paris et du G20 (8 milliards de dollars), ce qui représente un total de 20 milliard de dollars sur les 32 milliards de dollars que ces pays devaient rembourser cette année, les 12 milliards restants sont dus à la Banque Mondiale.

D’abord mise en avant par le président sénégalais, Macky Sall, puis par le président français, Emmanuel Macron et le secrétaire

traçabilité impossible par le grand public. Par ailleurs, les communiqués sont généraux et ne donnent aucun détail. Par exemple, 1,75 milliard de francs CFA ont été consacrés à « réhabiliter, rénover et agrandir » des blocs d’isolement de trois hôpitaux de Yaoundé et ne donne aucune visibilité des dépenses qui ont été réalisées. Le même cas peut-être vu à Madagascar puisque dans les 716 millions de dollars de dons et prêts alloués, les dépenses restent pour une grande partie intraçables.

Récemment, plusieurs documents de détournement des fonds de lutte contre la pandémie ont été envoyés au bureau indépendant de lutte contre la corruption (BIANCO) bien que la présidence malagasy reste sur sa position en affirmant le bon usage de ces derniers. Ces questions de traçabilité et de transparence inquiètent la population qui se plaignent d’aides sociales quasi- inexistantes, ou du moins insuffisantes, malgré le montant important des aides perçues au niveau international.

En effet, bien que ces aides existent, le niveau de vie se dégrade dans bon nombre de pays africains, et beaucoup se retrouvent sans emploi à cause de la fragilité économique du continent. Malgré le fait que le taux de contamination ne soit pas aussi élevé que dans les autres continents, la pandémie fait des massacres au niveau économique.

La croissance que le continent avait si mal à construire se retrouve particulièrement dégradée par le coronavirus.

Le déclin de croissance est affiché à - 3,3 % pour cette année et comme la Banque mondiale l’a dit, plus de 40 millions d’africains risquent de se trouver sous le seuil de pauvreté : entrant ainsi dans la catégorie de "l’extrême pauvreté". Alors que cette dernière façonnait déjà leur environnement quotidien, le coronavirus la dégrade encore plus. Malgré le problème de la transparence des aides cité ci- dessus, d’autres pays arrivent à développer des aides sociales, et général de l’ONU, Antonio

Guterres, la question d’une annulation de certaines dettes n’est d’ailleurs pas encore à l’ordre du jour. « La procédure actuelle permet un moratoire jusqu’au 31 décembre des échéances liées à la dette publique. Après une année de grâce, en 2021, ces paiements seront étalés sur trois ans, à partir de 2022 », affirme Odile Renaud- Basso, présidente de la Banque

européenne pour la

reconstruction et le

développement.

Des aides internationales à effets non mesurables

Dans la lutte contre la pandémie, la Banque mondiale a déployé 160 millions de dollars de soutien financier pour plus de cent pays afin de protéger les plus vulnérables.

Au Cameroun, à part l’aide venant de la banque mondiale et celle du Fonds Monétaire Internationale, le gouvernement avait fait appel à la solidarité publique pour constituer un fonds d’urgence dans le combat contre le covid- 19.Cependant, la manière dont ce fonds a été utilisé n’a pas été communiquée, rendant ainsi sa

Covid 19 : Quel impact économique pour les pays africains ?

Économiquement parlant, la gestion de la crise sanitaire est plus que disparate au niveau du continent africain. Bien

qu’une large partie des pays soient déjà émergents, certains sont encore parmi ceux les plus pauvres au monde; et

cette qualification influence de manière importante l’environnement économique durant cette période de pandémie.

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mettent en place de belles initiatives. Des distributions alimentaires peuvent en effet être retracées : vasty tsinjo, tosika fameno, vary mora, tsena mora et kaly mora à Madagascar, la distribution de denrées alimentaires au Sénégal pour près de 10 millions de personnes.

Conclusion

Bien que ces difficultés se ressentent dans les trajectoires de ces pays africains, plusieurs initiatives africaines se sont démarquées au niveau mondial,

Journal- Novembre 2020 5

e Bénin et Madagascar ont, par exemple, su proposer des remèdes contre le coronavirus.

Nonobstant, les solutions proposées restent questionnées, mais les recherches de remèdes continuent.

Par ailleurs, parmi les trois pays au monde considérés comme ceux qui ont mieux géré cette crise sanitaire, l’un d’entre eux est un pays africain : le Sénégal. Il se tient dans ce rang à côté de la Nouvelle-Zélande et du Danemark. Le directeur de la direction de gestion d'urgence

sanitaire au niveau du Ministère de la Santé du Sénégal, Abdoulaye Bousso, affirme que ce classement est dû à leur sens de l’organisation et au respect des mesures gouvernementales par la population. En parallèle, des initiatives entrepreneuriales ont été répertoriées sur la quasi- totalité des pays du continent, en passant par la République du Congo, avec la conception de l’application Halte Covid via un modèle d’auto diagnostic jusqu’à des structures de plus en pluslocales avec la création de

robot distributeur de gel hydro- alcoolique par l’un des membres de l’équipe malagasy au First Global Challenge 2020.

Sitraka RABARY & Rim AYOUCH

POLITIQUE ET ECONOMIE

Le hashtag #CONGOISBLEEDING: Que se passe-t-il au Nord-Kivu ?

Depuis quelques semaines, on assiste sur les réseaux sociaux à un regain du discours alarmant sur la situation actuelle en République démocratique du

Congo. Le hashtag

#CongoIsbleeding (le Congo saigne) est actuellement en tendance sur Twitter et Instagram. De même, de nombreuses publications, photos et vidéos circulent afin de mettre en lumière et dénoncer les exactions et plus généralement l’ensemble des violations des droits humains qui ont lieu actuellement dans la région du Nord Kivu à l’est du Congo.

Cette région est aujourd’hui encore le théâtre de nombreux conflits qui, semblent-ils, ne font pas écho dans les médias internationaux. Pourtant, c’est le conflit qui a fait le plus de morts depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Entre 1998 et 2007, les conflits dans la région auraient entraîné de façon directe ou indirecte plus de 5, 4 millions de morts selon une étude réalisée par l’ ONG International Committee.

Plusieurs décennies avant, à l'ère ou le Congo était encore sous domination belge, dix millions de congolais ou plus seraient morts de l’ethnocide colonial belge.

Dès lors, il convient de voir comment la lourde histoire du Congo a aujourd’hui encore des répercussions sur sa population et si oui, ou non, il y a un génocide en cours passé sous silence médiatique, comme on peut le lire sur les réseaux sociaux.

Le hashtag #CongoIsBleeding La période inédite que nous traversons aujourd’hui conduit à un éveil des consciences sur toutes les sortes d’injustices dans le monde. Face à une jeunesse de plus en plus critique, les sujets inexplorés voire occultés par les médias sont mis à nu sur les différentes plateformes de partage en ligne. Le mouvement

#BlackLivesMatter, emblématique de la première partie de l'année 2020 s’est exporté dans le monde entier, a secoué des milliers de personnes et mobilisé l’opinion

publique. De même, de nouveaux combats ressurgissent comme celui du sort du peuple Ouïghours en Chine, la crise anglophone au Cameroun, les tensions électorales en Côte d’ Ivoire et en Guinée, ou encore le mouvement

#EndSars au Nigéria. Pour ce qui est du Congo, le sujet n’est pas nouveau : atrocités, meurtres, viols, exactions en tous genres et témoignages sont relayés sur les réseaux sociaux....Mais la complexité de la région du Nord kivu ne permet pas à tous de comprendre de façon simple ce qu’il se passe.

Quelle est la situation actuelle au Congo ?

Le Nord- Kivu, zone actuelle des conflits est la région du Congo la plus riche en minerais, diamants, pétrole, uranium, cobalt et coltan.

C’est aussi une région frontalière à l’ Ouganda, au Burundi et au Rwanda et deux raisons expliquent donc les tensions qui y ont lieu. D’abord, à la suite du génocide Rwandais de 1994, de nombreux génocidaires ont été chassés du pays vers le Kivu. Ce phénomène a conduit à la poursuite du conflit ethnique rwandais sur les terres congolaises. Ensuite, à ce même moment, des voix s'élevaient au Congo contre le Président Mobutu au pouvoir et les anciens génocidaires rwandais y ont vu le moyen de s’allier à une partie du peuple congolais. Enfin, le conflit dans la région fut renforcé par le fait que cette région du kivu, riche en ressources naturelles, fournit 80% du coltan du monde.

Le coltan, qui sert à la fabrication de nombreux appareils électroniques comme les

téléphones, les ordinateurs ou encore les voitures, est très prisé par les firmes internationales.

Pour cette raison, l’ensemble des groupes armés ont vu dans ces ressources un moyen de financer leurs combats, et donc de continuer à exister. C’est à ce moment qu’est née l'expression

"minerais de sang". Les groupes armés de la région souhaitent chacun s’ accaparer les terres.

Pour cela, ils terrorisent les populations locales, les agressent, les violent , les torturent, et incendient leurs maisons, ce qui les pousse à se déplacer et donc à abandonner leurs terres.

Aujourd’hui, plus de 50 000 personnes qui vivaient dans la région du nord Kivu ont fui leurs maisons et se retrouvent sans domicile. Plus de la moitié sont des enfants qui se retrouvent souvent livrés à eux- mêmes. Une fois ces terres acquises, une partie des habitants des villages se voit réquisitionnée pour 1$ par jour ou moins afin de travailler dans les mines.

Les méthodes de travail forcé ne sont pas sans rappeler celles pratiquées par Léopold II lorsque le Congo était encore sous domination belge, et que des ressources telles que le caoutchouc étaient exploitées de manière intensive.

Quelle est notre responsabilité dans ce conflit ?

La crise dans la région du kivu est une crise à la fois politique et ethnique. Dès lors, quelle serait la responsabilité de toute personne non impliquée directement dans le conflit? Comme dit précédemment, l’un des facteurs qui permet au conflit de survivre

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est la présence de ressources rares dans la région. Ces ressources servent à la fabrication d’équipements électroniques, fabriqués par des enseignes internationales et achetés par des consommateurs qui en ont les moyens. Ces consommateurs se situent pour la plupart dans les pays occidentaux et sont donc ceux qui nourrissent la demande.

Or, la demande entraîne l’offre.

Tout consommateur d’appareil électronique nourrit donc, même inconsciemment cette demande et donc le conflit dans le nord kivu.

De même, les firmes

transnationales, bien que conscientes de la situation au Congo et des violations des droits humains dans le nord kivu ne se manifestent pas.

Journal- Novembre 2020 6

Que faire ?

En tant que consommateurs, le boycott total des appareils électroniques est impossible car le coltan est partout. La jeune génération, celle qui tweet et s’indigne sur les réseaux sociaux, a bien souvent le privilège de vivre dans un contexte qui le permet. Cette liberté d’expression en ligne peut aller de pair avec des actions concrètes telles que la réduction de ses achats ou de sa fréquence d’ achats.

Un crime contre l’humanité?

Pour l’heure, il est au moins certain que la situation pourrait être qualifiée de crime contre l’humanité, vu les attaques

généralisées et systématiques exercées par les groupes armés de la région comme les meurtres, les viols et transferts forcés de populations. La qualification de crimes de guerre aurait aussi de fortes chances d’être retenue, compte tenu des infractions commises par les groupes armés comme la torture, l’appropriation de biens de façon arbitraire et l’enrôlement forcé dans l’armée.

Enfin, pour ce qui est du crime de génocide, il se définit comme un ensemble d'actes commis dans l'intention de détruire un groupe national, ethnique, racial ou religieux. Il faudrait donc prouver que les personnes qui ont été tuées et persécutées l’ont été en raison de leur appartenance à un groupe particulier.

La véritable difficulté reste que ces qualifications ne peuvent être données qu’ à l'issue d’un jugement.

Maeïlys SYLIA

POLITIQUE ET ECONOMIE

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Journal- Novembre 2020 HISTOIRE 7

La Chine: premier partenaire commercial de l’Afrique

La Chine est devenue, en l’espace d’une vingtaine d’années, un acteur économique colossal en Afrique. Aujourd’hui, l’ex Empire du milieu est le premier partenaire commercial du continent. Environ 10 000 entreprises chinoises sont implantées en Afrique dans des secteurs variés comme le BTP, la télécommunication et les industries extractives. Le gouvernement chinois investit également de manière massive dans les infrastructures des différents Etats africains. Par exemple, Xi Jinping, secrétaire général du parti communiste chinois, a promis 60 milliards de dollars pour le développement de l’Afrique lors du forum sino- africain tenu le 3 septembre 2018 à Pékin. Celui-ci a également promis d’annuler une partie de la dette des pays les moins développés du continent.

Les échanges Chine / Afrique: une longue histoire

Bien que les échanges entre la Chine et les pays africains se soient accélérés et ont pris une ampleur considérable ces dernières années, les relations sino-africaines sont en réalité vieilles de plusieurs siècles. Bien avant l'arrivée des Européens sur le continent, une flotte impériale commandée par l’amiral Zheng He, figure peu connu en Occident

mais célébré en Chine, aurait traversé l’océan indien en 1418, longeant les côtes d’Afrique orientale et commerçant avec les hommes de la Tanzanie, du Kenya et de la Somalie. Plusieurs vestiges archéologiques trouvées sur la côte tanzanienne et la côte kenyane, tel que des monnaies chinoises datant de l'empire Ming ou des bols en porcelaine enchâssés dans des tombes, témoignent de contacts et échanges entre les deux peuples qui pourraient remonter au IXe- Xe siècle.

L’arrivée des navigateurs portugais et le renforcement de la présence européenne sur le continent africain a relégué la Chine à l’arrière-plan à partir du XVe siècle. Ce n’est qu’à partir du XIXe siècle que des immigrants chinois ont commencé à s’installer dans les Îles et les littoraux de l’océan Indien occidental (Madagascar, Île de la Réunion), mettant à nouveau en place les échanges d’antan mais très loin de l’ampleur que connaît ces échanges actuellement.

En 1949, l’avènement de la République Populaire de Chine marque un tournant dans la relation entre la Chine et l’Afrique. Les liens créés sont d’abord fondamentalement politiques. En effet, pendant cette période du début des indépendances africaines, la Chine a développé un intérêt particulier pour l’Afrique dans le cadre d’une solidarité tiers-

mondiste face aux puissances occidentales. La conférence de Bandung de 1955 marque le point de départ d’une véritable politique mise en place par la Chine au Sud du Sahara. Dans les années 70, cette relation se prouve “gagnante-gagnante”;

l’Afrique avait le soutien de la Chine dans son combat pour l’indépendance et la Chine avait le soutien du continent sur sa politique contre Taïwan. L’Afrique permettait également à la Chine d’élever son statut sur la scène internationale en se présentant comme le porte-parole des pays en développement.

Bien que dans les années 80, la Chine s’éloigne de l’Afrique pour se concentrer sur ses politiques internes, elle fait un retour en force suite aux évènements de Tien An Men de 1989. Faisant face à un isolement sur la scène internationale, la Chine se retourne vers ses amies d’antan.

En mai 1996, Jiang Zemin, secrétaire général du Parti communiste chinois, de 1989 à 2002, a visité le continent et a proposé aux différents pays une stabilisation pérenne et multilatérale des relations sino- africaines. Ce projet se divise en cinq points: amitié sincère, traitement d’égal à égal, unité et coopération, développement commun et approche de l’avenir.

La base des relations entre les deux devient, dès lors, économique plutôt que politique.

Depuis le début des années 2000, le gouvernement chinois incite les entreprises chinoises à investir en Afrique afin de consolider cette coopération Sud-Sud. Un nouveau système d'échanges s'est mis en place. Les pays africains vendent leurs matières premières aux entreprises chinoises qui, en retour, investissent dans leurs infrastructures. La Chine participe donc à la construction de routes, ports, chemins de fer, etc. à travers le continent. Le pays contribue également à environ un sixième (⅙) du total des prêts accordés à l’Afrique, selon une étude du John L. Thorton China Center à la Brookings Institution.

Plus qu’un acteur économique,

la Chine dispose également d’une influence diplomatique de plus en plus importante sur le continent.

Elle compte 52 missions diplomatiques dans les capitales africaines, contre 49 pour les Etats-Unis. La Chine est également le membre du Conseil de Sécurité des Nations Unies qui dispose du plus grand nombre de Casques bleus sur le continent (+ de 2000).

Ces relations sont toutefois régulièrement critiquées.

La Chine-Afrique: une nouvelle forme de Scramble for Africa?

Aux yeux de nombreux experts, la démarche de Pékin s’apparente à un système néocolonialiste dans lequel les entreprises qui extraient des minerais en échange d’infrastructures et de financements de projets agissent comme des intermédiaires pour le gouvernement chinois et exploitent les ressources du continent au profit du développement de la Chine sans se soucier du développement de l’Afrique.

La présence des entreprises chinoises sur le continent n’est d’ailleurs pas toujours positive pour les marchés locaux. En effet, les petits producteurs africains ont du mal à survivre face à des produits chinois de moindre qualité mais bon marché.

Nombreuses entreprises chinoises choisissent d’importer leurs mains d'œuvres directement de Chine, car ce n’est pas cher, plutôt que d’engager des locaux. Quant à ceux qui engagent des locaux, il y a des dénonciations régulières de mauvais traitements et de mauvaises conditions de travail.

PLO Lumumba, directeur de la Kenya School of Law identifie le problème en ces termes : “Je pense que les chinois savent ce qu’ils veulent alors que les africains, eux, ne le savent pas”. Il semble donc important que les gouvernements africains déterminent rapidement ce qu’ils veulent ressortir de ces échanges et reprennent le contrôle de leur relation avec leurs partenaires étrangers, qu’il s’agisse de l’Occident ou de la Chine.

Remicard SEREME

Les relations sino-africaines : une longue histoire

Depuis le début de la pandémie, la Chine a distribué plusieurs dizaines de tonnes d’équipements médicaux à différents pays de l’Afrique et a envoyé près de 200 experts pour prêter main forte aux membres du personnel

médical africain. Ces démarches s'inscrivent dans le cadre des échanges sino-africains qui se sont multipliés

exponentiellement depuis le début des années 2000.

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Journal- Novembre 2020 HISTOIRE 8

YENNENGA, la princesse amazone : la naissance du peuple Mossi

Le Burkina Faso compte soixante (60) ethnies. Le peuple Mossi est l’ethnie majoritaire car il représente 52% de la population. Les mossi sont estimés à 10 millions d’habitants au Burkina Faso et à 30 millions dans le monde. La langue parlée par les Mossi est appelée le Mooré. Elle comprend six (6) dialectes qui sont : le yadre, le yaana, le zaore,

le taolemde, le busumdi, et le saremde, etc. La naissance de ce peuple emblématique est liée à l’histoire de Yennenga, la princesse amazone qui est la mère du premier Moogho Naaba (nom donné au chef du peuple mossi). Elle est la fondatrice du royaume Moogho. A la base l’histoire du peuple Mossi est orale. En effet, il n’existe pas de documents

écrits. Par conséquent, les récits peuvent différer dans les livres d’histoires et selon la province géographique des différents auteurs et narrateurs.

Yennenga, de son vrai nom Poko, est une princesse originaire du royaume de Dagomba dans l’actuel Ghana. Elle est la fille du Naaba Nadega et de la reine Napoko. La princesse était le premier enfant du Roi qui était désespéré de n’avoir pas eu un héritier mâle. Yennenga avait un grand amour pour les chevaux mais, comme c’était une femme, sa place n’était pas sur le dos d’un animal conformément à la tradition. Mais, son tempérament ardent la poussa à braver les interdits. Elle commença alors à chevaucher à côté de son père qui était au début hésitant. La princesse amazone accompagna son père au cours de toutes ces chevauchées. Son adresse et son habileté firent d’elle une redoutable amazone. Cela lui a permis de diriger la cavalerie royale qui était entièrement composée d’hommes.

La fuite de Yennenga

Bien que féroce guerrière la princesse était devenue une belle jeune femme. De nombreuses familles des royaumes voisins voulaient l’unir à leur fils.

Yennenga ne voulant pas se marier était désintéressée par toutes ces offres. Son père n’était pas de cet avis. Yennenga craignant d’être mariée de force s'enfuit à cheval. Elle arriva dans la forêt où elle se serait perdue.

La naissance d’un peuple

La princesse Yennenga loin de son royaume se retrouva en région Bissa. Son cheval l’amena devant une case où elle fut bien accueillie et traitée par son occupant, un jeune chasseur du nom de Rialé. Elle y passa la nuit.

Le lendemain, tous les deux purent découvrir leur identité : elle princesse

amazone et lui chasseur de sang princier. Tous les deux avaient fui leur royaume pour échapper à leur destin. Rapidement ils tombèrent amoureux et la princesse mis au monde un garçon qu’ils nommèrent Ouédraogo (nom qui signifie cheval mâle) en l’honneur du cheval qui a guidé la princesse vers le chasseur. Le garçon hérita des qualités de ses parents : fier, habile, intelligent et courageux.

Les années passèrent et la princesse soucieuse de se réconcilier avec son père décida d’y envoyer son fils pour qu’il fasse la connaissance de son grand-père. Le vieil homme était tout content d’avoir vu son petit- fils. Il organisa une grande fête en son honneur. Il lui offrit, du bétail, des serviteurs et une escorte de guerriers Dagomba afin de fonder de nouveaux royaumes.

Lorsque Rialé vit son fils revenir à

la tête d’une troupe il s’écria : « je suis venu seul dans ce pays, maintenant j’ai une femme et j’aurai beaucoup d’hommes ». Le village qu’ils fondèrent fut appelé Morosi : Moro signifie un homme et Si signifie beaucoup en Bambara. Un nom qui, par déformation, devint Mossi. Le royaume Mossi et son peuple étaient ainsi nés.

Komon Jude-Armand KIENOU

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Journal- Novembre 2020 ART ET CULTURE 9

Le succès des séries sénégalaises Aujourd’hui, le succès des séries sénégalaises est tel que le Sénégal pourrait, d’ici quelques années, s’imposer comme une grande industrie cinématographique.

Certains médias comme le Monde Afrique évoquent même la possibilité pour ce dernier de détrôner le Nigeria devenant ainsi un « Dakarwood ». Sur la chaîne YouTube de la société de production Marodie, le nombre total de leur visionnage a dépassé la barre d’un milliard.

Leur montée en puissance a commencé en 2019 avec le lancement de « Maîtresse d’un homme marié ». Depuis son lancement, elle compte pour chaque épisode entre 2 et 5 millions de vues sur YouTube.

Si les Sénégalais suivent de très près chaque épisode, leur essor est en partie expliqué par le succès rencontré auprès de la Diaspora.

En effet, aujourd’hui près d’un tiers des personnes qui les suivent sont issues de la Diaspora. Étant ainsi largement regardées à l’étranger, il est intéressant d’aborder la question de l’image du Sénégal qu’elles renvoient au monde entier et plus précisément à la Diaspora.

Une société de moins en moins influencée par la mode et les standards de beauté occidentaux Les femmes de la Diaspora qui regardent les séries sénégalaises se disent fières de voir des femmes qui leur ressemblent à l’écran.

L’ensemble de ces séries produites par la société Marodie ont pour point commun la promotion de la beauté des femmes noires. La première chose à noter lorsque l’on regarde ces dernières, c’est que les actrices sénégalaises célèbrent la beauté de leurs cheveux à travers différentes coiffures qui les mettent en valeur. Dans ces séries, les personnages n’éprouvent aucune honte ni appréhension lorsqu’il s’agit de montrer leurs cheveux tels qu’ils sont dans leur vie professionnelle et personnelle.

Que cela soit dans la série « Golden », « Maîtresse d’un homme marié » ou encore « Karma», chaque épisode est également l’occasion pour les acteurs et actrices de mettre en avant la créativité des créateurs locaux en portant des tenues vestimentaires toutes plus belles les unes que les autres. À chaque épisode, les fans – et les moins fans – de la série

ont l’occasion de découvrir la beauté du Boubou ou encore du Moussor.

Une société moderne, loin de l’image misérabiliste trop souvent attribuée au Sénégal

Pendant des décennies, les médias occidentaux ont contribué à la promotion d’une image misérabiliste des villes sénégalaises. Grâce à ces séries, le monde peut enfin découvrir une nouvelle image du Sénégal. À travers ces dernières, l’aspect

“moderne” du pays est mis en valeur. Les acteurs eux-mêmes n’hésitent pas à faire la promotion –de manière pas toujours très subtile – touristique du pays, de ses paysages et de ses richesses.

Malgré le fait que ce ces séries soient parfois un peu trop portés sur l’émergence d’une classe moyenne qui calque son mode de vie sur celui des Occidentaux, les clichés des quartiers les plus huppés de Dakar font du bien à une Diaspora qui a besoin que l’on valorise davantage la ville africaine.

Une société dans laquelle le sujet de la sexualité est tabou ?

Les nombreux scandales autour

des séries sénégalaises semblent mettre à jour un tabou autour de la sexualité.

L’ONG islamique JAMRA qui juge les séries produites par Marodie comme « indécentes et obscènes », saisit régulièrement le Conseil national audiovisuel (CNRA) afin de les faire interdire. Si nous sommes encore loin de leur interdiction totale, l’ONG a néanmoins réussi à ce que la série

« Infidèles » soit désormais marquée de la mention déconseillée aux moins de 16 ans.

Cet appel à l’interdiction de ces séries est assez surprenant dans une société où les télénovelas sont très regardées. En effet, dans les télénovelas les ébats sexuels entre les différents personnages sont très souvent mis en avant, et pourtant ces dernières n’ont jamais connu les scandales que connaissent actuellement les séries produites par Marodie.

Cette contradiction s'explique peut-être par le fait que la société sénégalaise ne soit pas encore prête à voir un couple sénégalais entretenir des relations intimes à l’écran.

Cependant, ce point mérite une certaine nuance. Premièrement, le fait que les Sénégalais continuent à les regarder malgré les scandales est une preuve suffisante que le tabou de la sexualité au Sénégal doit être relativisé. Deuxièmement, l’idée de sexualité assumée est observée à travers un regard occidental. Or, il pourrait être pertinent de se dire que finalement chaque société a ses propres limites, liées à son histoire et à sa culture, sur ce qu’elle considère comme tolérable à l’écran.

Une société dans laquelle les femmes cherche à s’émanciper mais où le poids des traditions pèse parfois

« Madou te remercie. Il dit que la fatalité décide des êtres et des choses : Dieu lui a destiné une deuxième femme, il n’y peut rien.

Il te félicite pour votre quart de siècle de mariage où tu lui a donné tous les bonheurs qu’une

La société sénégalaise à travers le prisme de ses séries

« Maitresse d’un homme Marié », « Golden », « Infidèles » ou encore « Karma », derrière ces noms accrocheurs pour les

uns et amusants pour les autres, se cachent en réalité les plus grandes séries à succès du Sénégal.

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Journal- Novembre 2020 ART ET CULTURE 10

femme doit à son mari »,

-Mariama Bâ Cet extrait du roman sénégalais Une si longue lettre”, publié dans les années 1980, met en avant une situation dans laquelle un mari envoie son frère annoncer à sa première femme qu’après vingt- cinq années de mariage, il a décidé d’épouser une seconde femme, bien plus jeune.

À cette annonce, la première femme s’effondre. Malgré son niveau d’étude élevé, sa situation stable, et ses enfants qui l’encouragent à divorcer, elle ne trouve pas le courage de refaire sa vie après cette trahison, et décide de devenir une co-épouse.

Si plusieurs décennies séparent ce livre des séries sénégalaises, cet extrait aurait pu être adressé à Jeanne dans la série « Karma »

la série « Karma » ou encore Lalla dans « Maîtresse d’un homme marié”. En effet, à travers elles, on découvre que la polygamie est encore très présente dans la société sénégalaise et que les femmes - peu importe leurs classes sociales - sont confrontées à cette réalité et parfois, par peur du regard de la famille et de la société, elles décident de rester au côté de leurs maris.

Il est évident que les séries sénégalaises mettent en avant des réalités de la société sénégalaise telle que la polygamie ou encore le tabou de la sexualité. Toutefois, l’image qu’elles renvoient du Sénégal est souvent idéalisée, puisque les différents épisodes n’exposent pas assez le fait qu’une grande majorité des Sénégalais ne bénéficient pas de la modernité croissante du pays.

Veronica MENDES

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Journal- Novembre 2020

You,

A brilliant pigment, out in the sun for a little run,

You have the distant waves caress your skin as you lay on a grass that is not your own,

You have spices squeezing between your nostrils and accents resonating at the bottom of your heart,

You feel the salt of the ocean hanging from your lips and the air at the top of your mountains stuck to your ears,

Your tongue twists in a bizarre manner to fill gaps you never thought you had, You find yourself speaking a language that is not yours, one that never was, These sounds are unfamiliar with your mouth, yet they keep throwing themselves out like they did from your grandmother’s mouth long time ago, You thought you could jump over letters and roll over syllables, but they keep reminding you of the wrongness of this freedom,

They give you a space to occupy,

They teach you not to extend your laugh or your hair beyond it, To keep your hands inside the bubble,

To keep your breath for yourself,

You are given this blank space so just fill it and stay quiet.

You understand that your ح, ع and خ do not seem as welcomed by the world as they are celebrated by your throat,

Your meanings are lost in translation

They have no directions to follow, and road signs, up in the air, are written in an alphabet they do not comprehend,

So the words keep floating around you, in the bubble that was drawn for you, Jokes never seem to cross the bridge and family stories become laughing spots, Your palate,

The space between your eyebrows, The gap between your toes, Your upper lip,

And the edge of your eyelashes try to coexist in a world that seems to overlook them,

Your very own paper palace crafted for you on a stolen land, Your roots might be buried deep down in the soil,

Your leaves might be growing out of the branches, This moment might be your home now and forever,

This shall remain a territory that has your name engraved in it but will never belong to you,

So rocks become the rings adorning your fingers,

The keys to your house are still warmly hiding in your right pocket, And behind the fabric,

Bruises spread on your body like a map guiding you through the stories they are telling for you,

The only weapon you have left is you,

Your body taking the land that was once watered by your ancestors, Your spirit learned pain through the centuries,

You know it will never leave,

Your mind is fighting ideas that were planted in it without your permission, So, you ask yourself how you can leave a home that has taken care of you all these years,

But as you walk your fingers through the map on your thighs, along your legs, following paths of veins and arteries on your stomach,

Always remember that when you were drawn in the coloring book of life, God never questioned what shade of brown crayon to use for you, nor how much hair to stick above your upper lip,

God never trained your tongue to swirl a particular way, she choreographed it all on her own,

So remember,

You are not a blank to be filled,

You are a canvas so paint yourself whatever shade of the universe you want, They will never be able to colonize that,

No matter how much they try.

Mariam BEN SLAMA

11 ART ET CULTURE

Mine ?

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La Grande Afrique : la voie du continent à travers le monde.

Novembre 2020

Design & Mise en page : Sitraka RABARY

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