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Sommaire. L Atelier. Les Ateliers d ACTES SUD. Dans. Sur le seuil

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Academic year: 2022

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Sommaire

Sur le seuil

L’Atelier, de Jean-Claude Grumberg, par Rachel Deville, artiste invitée . . . 5

L’Atelier

Scène 1. L’essai. . . . 15

Scène 2. Chansons . . . . 28

Scène 3. La sélection naturelle . . . . 36

Scène 4. La fête . . . . 42

Scène 5. La nuit . . . . 51

Scène 6. La concurrence . . . . 63

Scène 7. L’acte de décès . . . . 72

Scène 8. La réunion . . . . 76

Scène 9. Refaire sa vie . . . . 84

Scène 10. Max . . . . 93

La fabrique du texte Dans l’atelier de Jean-Claude Grumberg . . . . 104

Repères contextuels . . . . 118

Avec Jean-Claude Grumberg : interview de l’auteur . . . . 124

L’atelier de lecture Aborder par la BD . . . . 130

Questionner au fil du texte . . . . 131

Synthétiser . . . . 144

© ACTES SUD, 2022, pour la présente édition ISBN 978-2-330-16745-5

Dans

Collège

BÂ, Amadou Hampâté, Amkoullel, l’enfant peul. Mémoires.

La Belle et la Bête et autres contes.

GRUMBERG, Jean-Claude, Marie des grenouilles, suivi de Iq et Ox.

LEWIS, Roy, Pourquoi j’ai mangé mon père.

LONDON, Jack, La Peste écarlate.

OVIDE, Les Métamorphoses.

POMMERAT, Joël, Pinocchio.

STEVENSON, Robert L., Le Cas étrange du Dr Jekyll et de Mr Hyde.

3e-Lycée

BENAMEUR, Jeanne, Ça t’apprendra à vivre.

GAUDÉ, Laurent, Cris.

Eldorado.

GRUMBERG, Jean-Claude, L’Atelier.

MADANI, Ahmed, Je marche dans la nuit par un chemin mauvais.

Lycée

BELLAY, Joachim du, Sonnets d’amour et d’exil.

ENARD, Mathias, Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants.

MARIE DE FRANCE, Lais.

GAUDÉ, Laurent, Nous l’Europe. Banquet des peuples.

Salina. Les trois exils.

HUGO, Victor, Le Dernier Jour d’un condamné.

MOLIÈRE, Dom Juan.

POMMERAT, Joël, Cendrillon.

PRÉVOST, abbé, Manon Lescaut.

Les Ateliers d’ ACTES SUD

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Sur le seuil

Né dans une famille juive à Paris en 1939, Jean-Claude Grumberg n’a aucun souvenir direct de son père, déporté à Auschwitz en 1943, tandis que lui vivait sous une fausse identité en zone libre, échappant ainsi aux rafles.

Plus tard, devenu auteur, il se confronte aux silences de l’histoire fami- liale et collective. Son écriture, qui porte l’intime sur scène, renouvelle le genre autobiographique et, à travers la représentation du quotidien, fait résonner la mémoire de la Shoah.

Ainsi sa pièce la plus célèbre, L’Atelier (1979), se déroule-t-elle après guerre dans un atelier de confection. Du chœur des ouvrières se détache Simone, personnage inspiré par la mère de Jean-Claude Grumberg, qui permet d’évoquer le sort difficile des veuves de déportés et des orphelins oubliés par l’État français. Par petites touches, la chronique rend vie et hommage à un univers disparu, faisant sans cesse passer le lecteur et le spectateur du rire aux larmes.

Pour aborder cette pièce, découvrez les dessins de Rachel Deville.

Adaptés de la première scène, ils invitent à découvrir les protagonistes de L’Atelier et à construire des premières pistes interprétatives sur le texte.

Puis approfondissez votre lecture grâce aux commentaires et activités proposés en fin de volume.

Résonances et rebonds

La réserve de textes . . . . 150

Représenter l’histoire contemporaine et ses tragédies sur scène (groupement 1) . . . . 150

Mémoire de la Shoah dans les écrits de Jean-Claude Grumberg (groupement 2) . . . . 167

Le coin des arts. . . . 181

L’Atelier, du texte à la scène . . . . 181

Représenter la barbarie : puissance du non-dit . . . . 183

Mémoire de la Shoah dans les arts . . . . 184

Atelier libre : carnet de jeu choral . . . . 187

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Scène 1 • 15

Personnages

HÉLÈNE SIMONE GISÈLE MARIE

MADAME LAURENCE MIMI

LÉON

PREMIER PRESSEUR 1 JEAN, SECOND PRESSEUR MAX

L’ENFANT

DEUX MÉCANICIENS 2

L’Atelier de Jean-Claude Grumberg a été créée le 18 avril 1979 au Théâtre national de l’Odéon (direction Pierre Dux), dans une mise en scène de Maurice Bénichou, Jean-Claude Grumberg et Jacques Rosner.

1. Presseur : ouvrier chargé du repassage.

2. Mécaniciens : ouvriers qui travaillent à la machine à coudre.

5 6 7 8 9 10

11 12 13 14

SCÈNE 1

Scène 1 L’essai

Un matin très tôt de l’année 1945. Simone assise en bout de table, dos au public, travaille. Debout près d’une autre table, Hélène, la patronne, tra- vaille également. De temps en temps, elle jette un œil sur Simone.

HÉLÈNE. – Ma sœur aussi ils l’ont prise en quarante-trois 1SIMONE. – Elle est revenue ?

HÉLÈNE. – Non… elle avait vingt-deux ans. (Silence.) Vous étiez à votre compte 2 ?

SIMONE. – Oui, juste mon mari et moi, en saison on prenait une ou - vrière 3… J’ai dû vendre la machine le mois dernier, il pourra même pas se remettre à travailler… J’aurais pas dû la vendre mais…

HÉLÈNE. – Une machine ça se trouve…

SIMONE(approuve de la tête). – J’aurais pas dû la vendre… On m’a proposé du charbon 4 et…

Silence.

1. Les rafles pratiquées par l’occupant allemand et la police française visent les hommes juifs dès 1941 ; les femmes sont épargnées jusqu’en juillet 1942. La sœur d’Hélène a été déportée.

2. Les petits ateliers de confection à domicile sont fréquents à Paris aux xixe et xxe siècles.

Demandant peu de capital, c’est une entrée facile sur le marché du travail pour des tailleurs souvent venus d’Europe orientale.

3. La confection est un travail saisonnier alternant période de presse où l’on embauche et morte-saison.

4. Le pillage allemand et la désorganisation de la production économique provoquent de fortes restrictions. Dès l’automne 1940, le ministère du Ravitaillement fixe les conditions du rationnement pour les denrées de première nécessité et attribue les cartes d’alimentation et de charbon. Pour s’en sortir, les Français achètent au prix fort au marché noir, délit classé parmi les « agissements nuisibles au relèvement du pays ». C’est ainsi que Simone se procure du charbon.

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16 • L’Atelier Scène 1 • 17 15

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HÉLÈNE. – Vous avez des enfants ? SIMONE. – Oui, deux garçons…

HÉLÈNE. – Quel âge ? SIMONE. – Dix et six.

HÉLÈNE. – C’est bien comme écart… Enfin c’est ce qu’on dit… J’ai pas d’enfants…

SIMONE. – Ils se débrouillent bien, l’aîné s’occupe du petit. Ils étaient à la campagne en zone libre 1, quand ils sont revenus le grand a dû expliquer au petit qui j’étais, le petit se cachait derrière le grand, il voulait pas me voir, il m’appelait madame…

Elle rit. Gisèle vient d’entrer. Elle s’arrête un instant près du portant qui sert à la fois au presseur 2 pour accrocher les pièces qu’il vient de finir de repasser et de vestiaire pour les ouvrières. Elle ôte sa jaquette 3, l’accroche, enfile sa blouse et gagne sa place. D’un signe de tête elle salue Simone et madame Hélène. Cette dernière fait les présentations.

HÉLÈNE. – Madame Gisèle… Madame Simone, c’est pour les finitions 4. Gisèle approuve. Simone et elle se refont un signe de tête accompagné d’un petit sourire. Gisèle est déjà au travail. Entre madame Laurence suivie de très près par Marie. Toutes deux saluent madame Hélène. D’une voix sonore :

MADAME LAURENCE et MARIE. – Bonjour madame Hélène.

Elles se changent, enfilent leur blouse. Marie finit de la boutonner tout en commençant déjà sa première pièce 5. Madame Laurence, elle, prend son

1. Après l’armistice du 22 juin 1940, une ligne de démarcation sépare la zone occupée par l’armée allemande, au nord, et la zone libre dirigée par le gouvernement français de Vichy, au sud. Cette dernière est envahie par les Allemands et les Italiens le 11 novembre 1942.

2. Presseur : voir note 1, p. 14.

3. Jaquette : veste cintrée et longue.

4. Finitions : voir note 2, p. 13.

5. Les ouvrières sont payées à la pièce, c’est-à-dire au travail accompli sur un vêtement et non à l’heure (voir aussi la scène 8). Elles ont la charge d’une partie du vêtement, qui circule dans l’atelier avec un carton mentionnant chacune des étapes de la confection. Une fois sa tâche réalisée, chaque ouvrière découpe sur le carton le ticket correspondant à la tâche effec- tuée et le dépose dans la boîte qui lui est attribuée pour signifier qu’elle a achevé sa pièce.

38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55

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temps, ôte même ses chaussures qu’elle troque contre des charentaises 1 Elle gagne sa place en traînant les pieds, en bout de table face à Simone, dos à la fenêtre sur un tabouret haut. Elle domine ainsi la situation.

Hélène tout en travaillant a poursuivi les présentations. Simone a fait un sourire à chacune des nouvelles arrivantes. Elles travaillent maintenant toutes les quatre en silence, chacune à son rythme. Hélène debout devant sa table bâtit les toiles 2 sur les devants de veste, elle va très vite, jetant de temps en temps un coup d’œil sur les ouvrières. Entre Mimi, elle semble courir. Elle est immédiatement saluée par une réflexion de Gisèle.

GISÈLE. – T’es encore tombée du lit ce matin ?

Mimi tout en enfilant sa blouse répond d’un signe de la main qui semble dire : « Ne m’en parle pas. » Hélène alors la présente :

HÉLÈNE. – Mademoiselle Mimi… Madame Simone.

Simone sourit à Mimi. Mimi tout en s’asseyant tend cérémonieusement la main à Simone. Celle-ci plante son aiguille dans sa pièce et lui serre la main, gênant ainsi Marie qui râle. Mimi jette un coup d’œil dédaigneux à Marie mais ne prononce pas un mot. Dès que Mimi commence à travailler madame Laurence en éloignant légèrement son tabouret lui dit : MADAME LAURENCE. – Vous allez m’éborgner un jour…

Mimi ne relève pas, elle travaille. Silence. Gisèle chantonne machinalement.

HÉLÈNE. – Ça va bien aujourd’hui, madame Gisèle ! GISÈLE(surprise). – Moi ? Non, pourquoi ?

HÉLÈNE. – Comme je vous entends chantonner…

GISÈLE. – Moi ? Je chantonne pas, madame Hélène, j’ai pas le cœur à ça, surtout ces temps-ci…

Elle en a déjà presque les larmes aux yeux. Mimi et Marie la regardent et pouffent ensemble de rire.

1. Charentaises : pantoufles de feutre.

2. Les toiles sont des morceaux de tissu rigide cousus sur une partie de vêtement pour lui donner du maintien. « Bâtir » ou « faufiler » consiste à préparer à la main une couture avant de la passer à la machine. On bâtit à grands points et avec un fil cassable et bien visible qui sera ensuite retiré.

(7)

La fabrique du texte

Dans l’atelier de Jean-Claude Grumberg • 105 104 • L’Atelier

Dans l’atelier

de Jean-Claude Grumberg

« Vous ne le connaissiez pas ? – Qui ? – L’auteur. – L’auteur ? – Avec lui, c’est toujours comme ça. – Vraiment ? – L’holocauste 1. – Voilà, voilà. – À chaque fois l’holocauste ! – Absolument. – Ça lui est resté en travers de la gorge.

[…] – Il ne parle que de ça. – Et même quand il parle d’autre chose 2 ! » De ces propos réels, volés au public sortant de la représentation d’une de ses pièces, Jean-Claude Grumberg a fait la matière de Sortie de théâtre (2000). Non sans autodérision, il y reconnaît le caractère obsessionnel d’une écriture qui ne cesse de retracer l’histoire des siens, emportés dans la tourmente de la Seconde Guerre mondiale et du nazisme, mais sans jamais se répéter. Histoire personnelle et mémoire collective du xxe siècle se rejoignent constamment dans cette œuvre protéiforme.

Mémoire et fantômes de la Shoah

Une enfance traumatisée par la barbarie nazie

Jean-Claude Grumberg est né à Paris en juillet 1939, juste avant la décla- ration de guerre. Juif de nationalité roumaine, son père s’engage volontai- rement en 1939 pour défendre la France. Retourné à son métier de tailleur en appartement après l’armistice du 22 juin 1940 marquant la défaite française, Zacharie Grumberg est arrêté et interné à Drancy en août 1941, puis déporté vers Auschwitz en 1943, comme son propre père, Naphtali Grumberg. Après l’arrestation de son mari, Suzanne Grumberg envoie ses deux fils en lieu sûr sous une fausse identité grâce à l’OSE 3 : « je fus caché en zone libre, cramponné à la main de mon frère aîné pendant toute

1. Dans le langage courant, le mot désigne le génocide des juifs durant la Seconde Guerre mondiale.

2. Sortie de théâtre,Actes Sud-Papiers, 2000, p. 9-10.

3. OSE : voir note 1, p. 69.

la guerre 1 », raconte Jean-Claude Grumberg. De son père, il ne conserve aucun « souvenir physique direct » : « Je ne sais comment était son regard, ni sa taille, ni sa corpulence, ni quel son avait sa voix 2 », écrit-il.

Sur les photos, « c’est le visage de mon frère que je vois ». Il est vrai que Maxime Grumberg, âgé alors de huit ans, représente durant la guerre

« toute la puissance paternelle et maternelle en prime 3 ».

Un seul « chapitre » de la vie de son père, l’épisode de la porte éventrée lors de l’arrestation, est bien connu de Jean-Claude Grumberg. Présent mais trop jeune pour comprendre, il a reconstitué cette faille qui le hante d’après les récits et les papiers de famille. Revenant plus tard « sur les lieux du crime 4 », il observe sur la porte le panneau du bas endommagé, mal rafistolé par une baguette de bois 5 : « C’est par cette fente, par cette cicatrice que je suis né au monde […], écrit-il, c’est par cette fente aussi que mon père fut extrait de la vie. » Contrairement à son frère aîné, qui entend encore les coups résonner, en lui « nul coup ne résonne, nulle image, rien, rien que cette baguette qui coupe en deux le panneau du bas et qui témoigne qu’ici il s’est passé quelque chose 6 ». C’est peut-être, dit- il, ce qui l’a poussé à écrire : l’absence de ce premier souvenir est le fondement paradoxal d’une écriture qui ne cesse de redire des « his- toires de bottes et de bris de porte 7 », comme un cauchemar familier inspiré par l’Histoire.

Une guerre de papiers contre le déni de l’administration française

En 1945, les deux enfants retrouvent leur mère, Parisienne « à la voix pointue 8 » que le cadet, âgé de six ans, ne reconnaît pas : « je me suis caché derrière mon frère sur le palier pour ne pas dire bonjour à la dame 9 », conte-t-il. Comme le personnage de Simone dans L’Atelier, Suzanne

1. Jean-Claude Grumberg, postface à Zone libre, Actes Sud, coll. « Babel », 1998, p. 246.

2. Jean-Claude Grumberg, Mon père. Inventaire, Seuil, coll. « La Librairie du xxie siècle », 2003, p. 18.

3. Ibid. 4. Ibid., p. 89.

5. Voir L’Atelier, scène 3 (p. 39).

6. Mon père. Inventaire, op. cit., p. 90-91.

7. Ibid., p. 51.

8. Jean-Claude Grumberg, Pleurnichard, Seuil, 2010, p. 140.

9. Ibid., p. 65. Voir L’Atelier, scène 1 (p. 16).

(8)

L’atelier de lecture

130 • L’Atelier Questionner au fil du texte • 131

Aborder par la BD

Avec les planches de Rachel Deville

Observez les planches de Rachel Deville (p. 7-12), puis répondez aux ques- tions suivantes :

1. Identifier l’époque et le thème

À quels événements historiques font allusion les personnages dans les planches 1-3 ? Quel thème annonce ce début ? Le registre est-il tragique ? 2. Traduire des émotions

De quels absents parle-t-on dans les planches 1-2 ? Comment transparaît l’émotion d’Hélène (planche 1, case 3) ?

Et celle de Simone (planche 2, case 1) ? Comment interpréter ces réactions oppo - sées ?

3. Identifier le cadre

Quel lieu est campé ici ? Quels sont les outils utilisés ? Comment est organisé l’espace de travail ? Quelles tensions s’esquissent entre les employées ? 4. Raconter l’action par l’image

Dans les planches 3-5, qui sont les per- sonnages ? Comment la bande dessinée les distingue-t-elle et rend-elle l’anima- tion de la scène ?

5. Représenter un chœur au travail

Comment est créé le changement d’am - biance dans les deux dernières planches ?

Angles de vue : lorsque le sujet est regardé du dessus, la vue est dite

« en plongée ». Lorsqu’il est regardé du dessous, la vue est dite « en contre-plongée ». Ces choix permettent de situer les personnages dans l’espace et les uns par rapport aux autres.

Case (ou vignette) : zone de dessin délimitée par un cadre.

Planche : page entière d’une bande dessinée.

Plans : façons de représenter une situation à des distances diverses.

Le « plan large » désigne une vue d’ensemble, saisie de loin, qui s’attache au décor. Le « plan moyen » (ou « en pied ») donne à voir des personnages en entier ; il permet de préciser l’action.

Le « plan rapproché » coupe les personnages à la ceinture et permet de concentrer l’attention du lecteur sur leurs gestes et leurs expressions.

Lexique

Questionner

au fil du texte

Comment représenter un épisode tragique de notre Histoire ?

Survivre

(Scènes 1 à 4, p. 15-51)

ENTRÉE DANS LE TEXTE PAR LA DÉCOUVERTE DE L’ATELIER DE CONFECTION

À partir des didascalies du début de la première scène (l. 1-3), dessinez un schéma de l’atelier en situant les différents protagonistes et en indiquant leur rôle. Comparez votre schéma aux espaces proposés par les deux mises en scène de L’Atelier dont le cahier photos reproduit des clichés (images 1 et 2).

ÉTUDE D’ENSEMBLE La composition de la pièce

1. Lisez l’épigraphe (p. 13) : à qui Jean-Claude Grumberg dédie-t-il son œuvre ? Pouvez-vous relier ce texte au lieu de l’action ? De quel genre littéraire rapproche-t-il la pièce ?

2. Recopiez et complétez le tableau suivant pour les quatre premières scènes :

scène titre année moment

de la journée 1

2 3 4

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Résonances et rebonds

La réserve de textes • 151 150 • L’Atelier

La réserve de textes

Représenter l’histoire contemporaine

et ses tragédies sur scène

Groupement 1 La représentation sur scène d’événements contemporains souvent tragiques ne va pas de soi 1. Au théâtre, la distance a longtemps été de mise. L’historien Hérodote raconte que Phrynicos, l’un des premiers dra- maturges grecs, avait été mis à l’amende pour avoir confronté le public athénien à une défaite militaire survenue peu auparavant et suscité les larmes des spectateurs 2. La plus ancienne tragédie grecque conservée, Les Perses (472  av.  J.-C.), évoque certes une victoire récente, mais Eschyle instaure une distance pour éviter un triomphalisme susceptible d’attirer la vindicte divine. Il situe l’action de la pièce en Perse et adopte le point de vue de l’ennemi, ce qui permet au public athénien de se réjouir devant l’humiliation des Perses, tout en restant sensible aux lamenta- tions des vaincus et conscient du sort commun des mortels soumis à la volonté des dieux. De la même façon, à l’époque de Shakespeare, la scène élisabéthaine respecte distance temporelle et version officielle.

Un décret pris par la reine Élisabeth Ire au début de son règne en 1559, en une période d’affrontements politiques et religieux particulièrement violents, défend d’évoquer l’histoire contemporaine ou la religion.

Il faut donc attendre le xxe siècle pour voir le théâtre occidental s’em- parer de l’actualité. Exilé loin de la menace nazie, Bertolt Brecht explore

« les déchirures de la société 3 » allemande de son temps à travers une pièce documentée qui appelle le public à réagir (ci-contre). Après la Seconde Guerre mondiale, le théâtre d’Eugène Ionesco ou de Samuel Beckett crée un univers dépeuplé et absurde évoquant indirectement la tragédie d’un

1. Nous ne parlons pas du théâtre historique, tourné vers le passé et présent dans toute l’histoire du théâtre occidental.

2. Hérodote, Histoires, VI, 21.

3. Jean-Pierre Sarrazac, « Un art nouveau pour un monde nouveau », in Le Théâtre français du xxesiècle, op. cit., p. 380.

monde traumatisé par la découverte d’Auschwitz et d’Hiroshima. Dans Rhinocéros (1959), la population se transforme en une horde de pachy- dermes qui dévastent tout sur leur passage. La parabole désigne tout autant les crimes du fascisme que ceux du communisme (p. 153). D’autres dramaturges affrontent directement le souvenir de la Shoah, comme Charlotte Delbo, qui s’inspire de sa propre vie de résistante et déportée

(p. 156), ou Jean-Claude Grumberg, qui aborde dans la chronique d’un

atelier d’après-guerre, ô combien vivant, l’histoire tragique de sa famille et de son père tué à Auschwitz. Michel Vinaver est l’un des pre- miers à s’intéresser aux échos de l’histoire contemporaine dans notre quotidien : son écriture s’inspire de sources documentaires, de frag- ments empruntés au réel, rendant compte de multiples points de vue, qu’il tisse pour composer une Histoire des anonymes 1(p. 158). Dans sa lignée, de nombreux auteurs écrivent aujourd’hui un théâtre d’actualité au plus près du réel, comme Magali Mougel, qui conjugue présence au monde et exploration des blessures individuelles (p. 162).

Bertolt Brecht, Grand-peur et misère du III e Reich (1935-1938)

Le dramaturge Bertolt Brecht (1898-1956) quitte l’Allemagne au début des années 1930, quand les nazis arrivés au pouvoir empêchent les représen- tations de ses pièces. Son œuvre est interdite et brûlée lors de l’autodafé du 10 mai 1933. Déchu de la nationalité allemande en 1935, il parcourt l’Europe avant de s’installer aux États-Unis en 1941. Afin d’alerter l’opi- nion internationale, Grand-peur et misère du IIIe Reich (1935-1938) dresse un tableau de la dictature hitlérienne en vingt-quatre saynètes datées et renvoyant à une actualité proche. Brecht part d’un matériau documen- taire rassemblé avec son assistante (coupures de presse, témoignages oculaires couvrant tous les milieux). La scène 14, située en 1934, présente le sort tragique d’un ouvrier assassiné pour avoir protesté contre l’insuf- fisance des salaires. Elle témoigne de la répression nazie contre toute opposition et des exécutions sommaires pratiquées par les Sections d’as- saut (SA), organisation paramilitaire nazie.

1. Ce geste d’écriture théâtrale peut être rapproché de celui des historiens contemporains qui s’intéressent désormais à l’histoire du quotidien.

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