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Pour une montagne «à vivre»...

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Parce que la montagne est aux premières loges du changement climatique et des bouleversements écologiques qu’il engendre, il est urgent que tous les acteurs de ces territoires organisent la fin d’un modèle fondé sur les énergies fossiles et la consommation irraisonnée des ressources naturelles. Depuis sa création, Mountain Wilderness tente de promouvoir les initiatives de développement local qui œuvrent pour une diversification de l’économie et un tourisme alternatif plus doux, ainsi que pour une préservation d’un patrimoine montagnard authentique.

Pour une montagne

« à vivre »...

Benoît nenert

Vice-président de Mountain Wilderness France, association de protection de la montagne créée en 1988,

reconnue d’utilité publique et agréée Protection de l’environnement, et représentant de Mountain Wilderness France au Conseil d'Administration de CIPRA France, délégation française de la Cipra, organisation à but non lucratif,

non gouvernementale et indépendante qui œuvre depuis 1952 pour la protection et le développement durable des Alpes

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Les territoires de montagne sont aux avant-postes du front cLimatique, iLs donnent une idée de ce qui nous attend à une pLus Large écheLLe et dans un

avenir proche

L

a montagne  ? Un espace unique «  où tous ceux qui le désirent peuvent encore faire l’expérience d’une rencontre di- recte avec les grands espaces, et y éprouver en toute liberté la solitude, les silences, les rythmes, les dimensions, les lois na- turelles et les dangers ». Cette définition, extraite des « Thèses de Biella » (1987), fondatrices de notre mouvement, inspire toujours les actions de Mountain Wilderness depuis plus de trente ans, partout dans le monde. Et lorsque le grand alpi- niste Pierre Chapoutot disait « La montagne, c’est pointu », il voulait notamment nous signifier par là qu’elle était fragile, comme la vie. C’est pour- quoi nous lui avons emprunté sa formule «  La montagne à vivre », et l’avons faite nôtre. Si nous y tenons fermement depuis des années, et encore plus aujourd’hui, c’est parce qu’elle ne réduit pas la montagne à un simple outil de développement économique au travers du modèle touristique que nous connaissons depuis des décennies.

Tourné vers l'avenir

Nous ne retracerons pas ici l’histoire de l’aména- gement touristique de la montagne, depuis le pre- mier plan Neige jusqu’aux Espaces valléens.

Cette histoire a été très bien décrite par de nom- breux experts. Il est inutile de se demander au- jourd’hui si un autre modèle de développement était alors possible, mais bien plus essentiel de se demander lequel nous voulons pour l’avenir.

Dans cette optique, gardons à l’esprit les prin- cipes génériques du modèle touristique qui s’est reproduit dans tous nos massifs à partir des an- nées soixante afin de comprendre pourquoi ils ne sont absolument plus adaptés au contexte actuel.

L’objectif, louable, était au départ de lutter contre la désertification humaine des massifs montagneux français. Pour y parvenir, l’État a fait du tourisme le pilier de l’activité économique. Un tourisme es- sentiellement fondé sur les sports d’hiver. La pra- tique du ski s’est alors rapidement imposée comme mode de développement standardisé pour l’en- semble des territoires de montagne.

La recette était simple, et, disons-le, efficace d’un strict point de vue économique et financier : amé- nagements lourds, bétonisation et structuration de l’espace montagnard dans le seul but de permettre un afflux massif de visiteurs provenant de popula- tions spécifiques sur un espace circonscrit -   la

station - durant une courte période de temps tota- lement dédiée aux loisirs de neige - le séjour.

Certes, cela a permis un enrichissement spectacu- laire de la population locale, sans oublier celui des acteurs de l’aménagement et des opérateurs de loisirs, mais au prix de dégâts culturels, hu- mains et environnementaux considérables, et, pour certains, irréparables.

Pourquoi une « TransiTion » esT-elle nécessaire ?

Le contexte que nous connaissons aujourd’hui fait émerger avec force et urgence un questionnement essentiel sur l’avenir de nos montagnes. Ce ques- tionnement n’est pas nouveau. Il suffit de relire les actes des Assises de l’alpinisme et des activités de montagne de 2011 pour s’en rendre compte : le monde de la montagne s’interrogeait déjà sur les enjeux liés au réchauffement climatique et à ses conséquences sur l’économie des territoires.

Aujourd’hui, la donne est toute autre. Tout le monde est conscient des dangers encourus si rien n’est fait rapidement pour enrayer les change- ments climatiques et préserver

la biodiversité. La responsabili- té des activités humaines dans les dérèglements que nous constatons avec de plus en plus de violence chaque année est maintenant un fait établi et in- contestable. La pandémie du coronavirus est venue ajouter une dimension supplémentaire à cette situation dramatique.

Les territoires de montagne sont bien connus pour jouer le rôle de sentinelles dans ces

bouleversements. Parce qu’ils sont aux avant- postes du front climatique, ils nous donnent une idée de ce qui nous attend à une plus large échelle et dans un avenir proche.

On se focalise sur les questions liées aux impacts de la raréfaction et de l’irrégularité croissantes de l’enneigement sur la pratique du ski alpin, tout simplement parce que les revenus et profits de nombreux acteurs de la montagne en dépendent directement. Mais c’est se voiler la face et oublier que de nombreux risques systémiques encore plus graves menacent bien plus directement les territoires de montagne et leurs populations : sé-

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cheresses à répétition impactant le pastoralisme, les activités agricoles et l’équilibre forestier, diffi- cultés d’approvisionnement en eau potable, crues et inondations ravageuses, glissements de terrain affectant les zones d’habitation et les infrastruc- tures de transport, effondrements de paroi liés à la disparition du permafrost, périodes de canicule à répétition et leurs conséquences directes sur la santé des habitants, pollution, etc.

Au-delà des enjeux climatiques, les territoires de montagne doivent également faire face à de nom- breux autres défis  : offres de mobilité insuffi- santes ou inadaptées, gestion du foncier ineffi- ciente, prix de l’immobilier en forte hausse engendrant des difficultés pour se loger, désenga- gement des services publics, gestion de l’énergie non soutenable à terme, gouvernance et mode de prise de décision contestables…

un besoin de changemenT On le voit clairement, le tourisme, et en particu- lier le tourisme hivernal lié au ski, n’est qu’une fenêtre pour aborder les enjeux actuels. Ce n’est même que le petit bout de la lorgnette.

De ces constats, de nombreux termes ont surgi pour signifier le besoin de changement  : muta- tion, transition, reconversion, réorientation, réin- vention, redirection, résilience… La liste est longue. Nous n’entrerons pas ici dans le débat sémantique, même si les mots ont leur impor- tance. Le terme de transition reste le plus large- ment adopté bien que flou et mal défini. Cela

environnemental, démocratique…), et qu’il em- barque de nombreux dilemmes : croissance ver- sus décroissance, attractivité versus résilience, high-tech ou low-tech, profit ou soutenabilité et justice sociale…

Ainsi, il est probable qu’il n’y ait pas une transi- tion, mais « de multiples transitions, qui peuvent interférer entre elles, se combiner, se contrarier éventuellement » (Pierre Dérioz, enseignant-cher- cheur à l’université d’Avignon).

Il reste que, comme l’explique Philippe Bourdeau, enseignant-chercheur à l’Institut de géographie al- pine de l’université Grenoble-Alpes : « Le princi- pal marqueur de cette transition est que le modèle et les activités en place ne peuvent plus être repro- duits dans les mêmes conditions, aux mêmes en- droits, aux mêmes moments, ce qui impose des bi- furcations (…) plus ou moins brutales ».

Nous sommes arrivés aux limites de notre sys- tème. Un changement profond doit s’opérer et pour que cela puisse avoir lieu, le bouleversement des cadres existants est un passage obligé de cette transition. D'abord, le cadre de la pensée, parce que l’imaginaire est propice à l’expérimentation de nouveaux modes de vie. Puis, le cadre de l’or- ganisation, parce que tous les acteurs doivent être impliqués. Et enfin le cadre de l’action, parce que rien ne bougera sans de nouveaux outils finan- ciers et réglementaires.

La transition ce n’est pas de la «  croissance verte », encore moins du greenwashing. Ce n’est ni plus ni moins qu’une question existentielle  :

« Est-ce que nous continuons à nourrir des rêves d’escapade ou est-ce que nous nous mettons en route pour chercher un territoire habitable pour nous et nos enfants ? » (Bruno Latour, 2017, Où atterrir ? Ed. La Découverte.)

Mountain Wilderness porte dans son ADN la phi- losophie d’une « montagne à vivre » : libérer et faire foisonner les imaginaires, en inhibant l’esprit de consommation mercantile de ces espaces, pour mettre en avant une économie montagnarde res- pectueuse de l’humain et de l’environnement. Le concept « Montagne à vivre » prône les initiatives de développement local qui œuvrent pour une di- versification de l’économie et un tourisme alterna- tif plus doux, ainsi que pour une préservation d’un patrimoine montagnard authentique. Il prône y

En 2015, à l’occasion du second acte de la Loi Montagne, Mountain Wilderness a remis une série de propositions portant sur les politiques de demain pour une montagne à vivre.

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également l’échange, la culture, l’amour et le res- pect entre les humains et le reste du vivant.

où en sommes-nous ?

Depuis sa création à l’automne 1988, Mountain Wilderness (MW) pose les bases d’un tourisme différent, offrant de l’accueil humain et culturel, s’appuyant sur les ressources locales et refusant les aménagements lourds qui défigurent la mon- tagne. Au fil des années, nos actions ont pris de l’ampleur et rassemblent de plus en plus large- ment les acteurs et citoyens de l’écosystème montagne.

En 2007, MW lance le concours Changer d’ap- proche. L’idée est de sensibiliser un large public à l’utilisation de véhicules individuels pour l’accès à la montagne, pour l’orienter vers les transports en commun. Le site web associé recense plus de 15 000 itinéraires sans voiture, révélant ainsi la richesse insoupçonnée des terrains de jeu hors des sentiers battus, où l’on découvre un patrimoine parfois méconnu, ainsi que les habitants du terri- toire et leurs produits locaux.

Fort de ces succès, MW rassemble un large col- lectif pour lancer en 2011 un « Appel pour nos montagnes », écrit à la suite des Assises de l’Al- pinisme et des activités de montagne. Il sera signé par plus de cent trente personnalités de tous hori- zons, tous engagés à construire une nouvelle vi- sion pour les espaces montagnards. Pour donner corps à cet esprit, la Coordination montagne prend forme et organise de 2012 à 2014 de nom- breuses rencontres citoyennes de la montagne. En 2015, à l’occasion du second acte de la Loi Mon- tagne, MW remet une série de propositions por- tant sur les politiques de demain pour une mon- tagne à vivre. A travers cinq idées fortes : changer le modèle économique, préserver la haute qualité environnementale, participer à la transition éner- gétique, sauvegarder et renforcer les services et maintenir une gouvernance spécifique. En 2017, suite au plan neige de la région Auvergne-Rhô- ne-Alpes consacrant plus de 30 millions d’euros à l’enneigement artificiel, MW propose, avec le collectif Montagne Debout, une consultation iné- dite en ligne, qui rassemble près de 7 000 partici- pants. En 2020, dans le contexte de la pandémie de Covid-19, MW lance les États généraux pour la transition du tourisme en montagne et, pour les illustrer, filme les nouvelles manières de travail-

ler, se déplacer, se nourrir, se loger, accueillir : toutes ces initiatives qui incarnent la montagne de demain (à voir ici https://www.mountainwil- derness.fr/se-tenir-informe/actualites/decouvrez- les-4-episodes-de-la-web-serie-montagnes-en- transition.html)

En portant un message optimiste sur l’avenir des territoires montagnards, nous pensons modeste- ment avoir ainsi contribué à l’essor des nom- breuses initiatives que l’on voit fleurir aujourd’hui dans les territoires. Elles se développent dans les champs de l’agriculture, du foncier, de l’alimen- tation, de l’habitat, de l’énergie, de la culture.

Elles sont le fait d’individus ou de collectifs plus ou moins organisés, dans un esprit de coordina- tion et de proximité.

La transition, ce n’est pas de La

« croissance verte », encore moins du greenwashing. ce n’est ni pLus ni moins qu’une question existentieLLe

En parallèle, de nombreuses collectivités territo- riales se sont lancées dans des programmes ambi- tieux, aux appellations parfois pompeuses (Plans Climat énergie territoriaux, Plans alimentaires territoriaux, Territoires d’initiatives de grandes ambitions, Contrats de la transition écologique), dont les résultats sont loin d’être à la hauteur des attentes.

Pourtant, çà et là, apparaissent quelques résultats probants, comme ceux observés dans le dévelop- pement de l’agriculture biologique et des circuits courts. Mais que de temps, de détermination et d’efforts cela aura nécessité ! C’est néanmoins la preuve que le tissage de liens entre les acteurs en place et les nouveaux arrivants a permis la créa- tion de savoir-faire et savoir-être inédits.

Pourquoi nous n’y sommes Pas encore ?

La fameuse transition des territoires de montagne est à l’image de la transition écologique et de tout changement de société en général : un sujet systé- mique et complexe, nécessitant une vision à court et long terme, impliquant tous les secteurs, tous les acteurs, mettant en cause la gouvernance, les financements, les infrastructures…

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sommes bien conscients par exemple que le ski al- pin est un élément fondamental de l’équilibre éco- nomique actuel de nombreux territoires. Il est bien évidemment hors de question d’en sortir totale- ment, encore moins du jour au lendemain. Dans cet esprit, MW a proposé les États généraux pour la transition du tourisme en montagne (Egtt) qui se sont tenus les 23 et 24 septembre 2021 dans tous les massifs. En rassemblant les citoyens et tous les acteurs de la montagne, cet événement a permis de faire vivre une dynamique jamais vue jusque-là.

Les travaux réalisés pourront être partagés, et les initiatives recensées (https://www.eg-transition- montagne.org/actions/) pourront se démultiplier et profiter des financements prévus dans le cadre du plan Avenir montagnes. Ce plan, que nous avons critiqué car très imparfait et incomplet, contient quelques bonnes choses dont les territoires doivent se saisir.

Mais comment faire pour que les Egtt ne soient pas qu’un séminaire de plus ? Pour mener la tran- sition, il y a quatre étapes indispensables : analy- ser et comprendre, partager la compréhension, imaginer et se projeter dans l’action. Les Egtt se focalisent essentiellement sur les deux premières, et un peu sur la troisième. Ils se situent dans le temps long : au-delà du nécessaire soutien aux acteurs mis en difficulté par la crise sanitaire, via des plans à mettre en place rapidement, les diffi- cultés structurelles ne trouveront pas de réponse dans des actions de court terme, décidées dans l’urgence.

Plus que dans d’autres types de territoire, parce que la montagne est aux premières loges des bou-

dèle fondé sur les énergies fossiles et la consom- mation irraisonnée des ressources naturelles. Et si nous cheminions vers un nouvel équilibre entre société et environnement ?

Aidons ainsi les acteurs à prendre conscience que cela passe par une transformation profonde et déstabilisante de leurs territoires, et qu’en cas d’inaction, le tribut à payer sera encore plus lourd : les bouleversements écologiques en cours affecteront directement et rapidement la santé et la sécurité des habitants des territoires de mon- tagne. Ils doivent se préparer à des moments dif- ficiles car agir face à ces menaces ne se fera pas sans mal.

six ProPosiTions sur la Table

Pour poser la réflexion sur des bases plus concrètes, citons quelques axes sur lesquels il est crucial d’agir :

◗ Sortir du réflexe « il y a moins de neige ? Pas grave, on multiplie les retenues collinaires et les canons à neige », car c’est une solution qui n’offre aucune garantie et qui ressemble plus probable- ment à une impasse.

◗ Sortir de la logique de concurrence territoriale : depuis des années, c’est la fuite en avant visant à faire de son territoire le plus grand domaine, le mieux équipé, le plus haut de gamme. Au lieu d’une standardisation défiant les logiques finan- cières, sociales et environnementales, agissons pour mettre en valeur tous les territoires, grâce à leurs spécificités. Il n’y a pas de petits ou « sous-ter- ritoires ».

Le concept « Montagne à vivre » prône une diversification de l’économie et un tourisme alternatif plus doux, ainsi qu'une préservation d’un patrimoine montagnard authentique.

y

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◗ Sortir des modes de gouvernance et de prise de décision actuels  : bien souvent, les dossiers d’aménagements sont encore préparés sans véri- table discussion ni transparence, dans un entre- soi parfois malsain, mettant les citoyens devant le fait accompli. Indépendamment de la volonté qu’ils auraient ou pas de servir l’intérêt général, les décideurs politiques ne sont pas toujours cor- rectement éclairés, car ils ne discutent fréquem- ment qu’avec le lobby du ski alpin ou ses satel- lites. Les outils existent pourtant, citons par exemple le Scot (schéma de cohérence territo- riale), qui, bien utilisé, peut s’avérer un excellent moyen de transition (s’ils sont respectés, ce à quoi MW travaille sans relâche).

◗ Sortir de la logique du tourisme de masse et de concentration : ne voyons pas l’augmentation du nombre de personnes en montagne comme un pro- blème mais parlons plutôt d’encadrement, de sen- sibilisation pour adapter les comportements aux fragilités des territoires. Concrètement, quand est- ce que les acteurs du tourisme arrêteront de com- muniquer en permanence sur « les 10 plus beaux sites de bivouac », « les 10 plus beaux lacs de mon- tagne », « les 10 cascades remarquables en mon- tagne », etc. et agiront pour répartir efficacement les visiteurs sur l’ensemble de nos massifs qui ont tous de vraies richesses à partager ?

◗ Sortir du prisme « tourisme = économie » : trop souvent le tourisme est rattaché à l’économie, c’est le cas dans la majorité des collectivités territoriales.

Alors qu’en réalité les interactions sont très nom- breuses avec de nombreux autres secteurs, l’urba- nisme, la culture, le sport, l’éducation, l’environne- ment, la mobilité... Voir le tourisme sous le seul prisme de ses retombées économiques réduit fina- lement le débat à ses conséquences sur l’emploi et la consommation, ce qui est bien trop réducteur.

Un tourisme soutenable devra nécessairement se situer dans une autre logique.

◗ Sortir de la pensée unique : le débat n’est plus de choisir entre écolos et bétonneurs, abandon- nons l’idée qu’une vision doit l’emporter sur l’autre et qu’il y a les méchants et les gentils. La gravité des enjeux ne nous le permet plus. C’est de responsabilité collective dont il est question.

Chez MW, nous nous refusons à parler d’un ave- nir sans station de ski, nous préférons travailler avec tous ceux qui le souhaitent sur un avenir qui n’est pas uniquement fondé sur les stations.

Au fond, la véritable clé de la transformation est et restera encore un temps le facteur humain. Or beaucoup se refusent encore à accepter la nécessité absolue de changer totalement de modèle car ils ont peur. Une acceptation, une évolution des états d’esprit s’imposent. Et parce qu’il n’y a pas de so- lution unique, agissons ensemble pour promouvoir la capacité d’adaptation de l’ensemble des acteurs.

une formidable oPPorTuniTé Tout le monde est conscient des dangers encourus si nous ne faisons rien, disions-nous plus haut. Et pourtant il y a encore de nombreuses voix qui tentent de minimiser l’ampleur du désastre et ex- pliquent que tout cela va revenir dans l’ordre.

Souvent la prise de conscience semble n’être que de façade, tant les projets, les actes, les décisions des élus et acteurs de l’aménagement et du tou- risme restent ancrés dans l’ancien modèle, comme enfermés dans un carcan dont ils ne peuvent, ou ne veulent, se défaire. Les exemples sont légion.

Évoquons ce qui s’est passé l’hiver dernier dans le monde des stations de ski suite à la pandémie.

Alors même que l’État a fait le nécessaire pour accompagner financièrement les conséquences liées à sa décision de maintenir fermées les re- montées mécaniques, ces acteurs n’ont cessé d’occuper l’espace médiatique pour se plaindre de leur sort, au lieu de réaliser que cette année blanche était un véritable révélateur de la funeste dépendance économique de nos montagnes au ski alpin. Au lieu de la saisir comme une formi- dable opportunité de réflexion sur l’avenir de leur modèle, ils sont restés enfermés dans les postures du passé, usant de toute leur force de lobbying pour obtenir plus de compensations, et marteler que « Sans le ski, tout est fini ».

Comme le relève justement Laureline Chopard, cofondatrice de l’agence Poprock, dans le pre- mier numéro du magazine Les Passeurs, ce slo- gan est malheureusement de ceux qui « nous en- ferment dans un futur sans autre option, décourageant par là-même tout optimisme, déva- lorisant toute tentative ou initiative qui pousse- rait dans une autre direction ». On a également entendu de la bouche de ces mêmes acteurs que

« C’est l’argent du ski qui va permettre de finan- cer la transition ». On aimerait volontiers y croire mais là encore les faits sont têtus : il suffit de par- courir la liste des projets des domaines skiables

cette année bLanche était un révéLateur

de La funeste dépendance économique

de nos montagnes au ski aLpin

Tout le monde est conscient des dangers encourus si rien

n’est fait rapidement pour enrayer les changements

climatiques.

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grands domaines, plus de canons à neige, donc de nouvelles retenues collinaires, plus de capacité d’hébergement et de lits souvent « froids ».

aPPel Pour un moraToire Concrètement, est-ce que multiplier les dispositifs d’enneigement artificiel, et agrandir les stations de ski en les reliant les unes aux autres et en créant de nouvelles remontées mécaniques, permettra aux territoires d’améliorer leur capacité d’adaptation aux enjeux actuels ? Est-ce vraiment agir dans l’in- térêt général ? Et si, au moins le temps d’une vraie réflexion collective, on décidait d’un moratoire, d’une suspension provisoire de ces projets ? Sans cela, comme le souligne le journaliste Phi-

rait rajouter économique et sociale – NDLR) du ski alpin s’alourdit chaque année au bénéfice de rentes solides pour quelques-uns, mais sous prétexte d’em- plois le plus souvent peu qualifiés et précaires. La crise sanitaire a montré que d’autres voies étaient prometteuses, qu’il était urgent de remettre le tou- risme à sa place et d’en reprendre le contrôle en ré- vélant l’ambivalence de cette manne. La puissance publique peut jouer un rôle historique en orientant les soutiens massifs attendus vers une montagne à vivre, plutôt que vers une montagne à vendre. » Soyons ambitieux, créatifs, réalistes, respectueux et solidaires et n’ayons pas peur, territoire par terri- toire, de changer de modèle pour une « Montagne à vivre ».

Pour aller Plus loin :

Le site de

Mountain Wilderness France : https://www.

mountainwilderness.fr/

La page Facebook : https://www.facebook.com/

MountainWildernessFrance

◗ Le site des Etats généraux de la transition du

tourisme : https://www.eg- transitionmontagne.org/

Massif station Projet MAURIENNE Albiez-Montrond Nouvelle piste de ski

1.100 nouveaux lits touristiques

Liaison avec les Karélis

Valfréjus et de Valmeinier Liaison la Croix du Sud

Valloire 2 nouveaux télésièges dans le vallon sauvage de l’Aiguille noire

Projet de nouveau Club Med

Route Valloire Albanne

Val-Cenis 5 nouvelles remontées mécaniques

Saint-François-Longchamp Projet de nouveaux télésièges

Aussois Projet extension domaine skiable avec trois remontées mécaniques TARENTAISE La Rosière Projet d’une résidence Odalys l’écrin blanc 900 lits

Bourg-Saint-Maurice Projet de construction d’hôtels

Courchevel Retenue collinaire Col de la Loze

OISANS Alpe d’Huez Téléphérique entre les Deux Alpes et l’Alpe d’Huez

projet de nouveau tracé de remontée mécanique à l'Alpe d'Huez

plus proche de la Combe Chaves depuis le torrent de Sarenne

La Grave Nouvelle télécabine jusqu’au Dôme de la Lauze

Les 2 Alpes Retenue collinaire

ARAVIS Thônes Ascenseur valléen entre Thônes et le plateau de Beauregard

La Clusaz Nouvelle remontée mécanique

Retenue collinaire plateau de Beauregard

Le Manigod Résidence de luxe à La Croix-Fry

Projet liaison inter-station La Clusaz, Le Grand Bornand

et St Jean de Sixt qui passerait par la montagne du Danay.

Retenue collinaire sur la montagne du Danay.

Remontée mécanique entre La Clusaz et Manigod.

Aménagement du versant Est de la montagne du Lachat du Grand Bornand.

1 télésiège, 1 piste de ski, 1 retenue collinaire, 1 liaison entre la Clusaz et la Giettaz

Grand-Bornand Extension du domaine skiable

PYRENEES Plateau Lannemezan Projet méga scierie Florian

Luzenac Extension carrière

Andorre Projet aéroport (abandonné)

AUTRES MASSIFS Les Houches - Saint Gervais les Bains Projet route forestière col de Voza

La Féclaz Retenue collinaire

Flaine Funiflaine : Relier le domaine skiable de Flaine, en Haute-Savoie, à la vallée de l’Arve Saint-Gervais Ascenseur valléen qui permettra de relier la gare SNCF du Fayet à la gare

de départ de la télécabine du Bettex dans le bourg de Saint-Gervais

Les Gets Liaison entre les deux versants du domaine skiable qui passerait au-dessus

du village et traverserait le versant du Mont-Chéry

Combloux Retenue collinaire

Saint Michel de Chaillol Projet de télépulsé (abandonné)

Mont Blanc Extension tramway du MB jusqu'au refuge du Nid d'Aigle

Sixt Hameau chalets d'alpage, projet de remplacement par un nouveau refuge Avoriaz Projet de nouvelles pistes (et extension du télécabine)

La Liste (non exhaustive) des projets en cours des domaines skiaBLes

Références

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