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Quand la Beauté fait Mal Par Rafaele Germain

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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«««« A A A A

La L a ch c hi ir ru ur rg gi ie e p pl l as a st ti iq qu ue e ne n e co c on nn na ît t pl p l us u s de d e l l im i mi it te es s, , al a l lo l on ng g ea e a nt n t l l es e s os o s, , re r es ss se er rr ra an nt t l l es e s mu m u sc s cl l es e s. . Ni N iv ve ea au u de d e do d ou ul l eu e u r r : : te t er rr ri if f ia i an n t. t . E E t t po p ou u rt r ta a nt n t, , l l a a de d em ma an n de d e es e st t l à Ju J us sq qu u o ù ir i ra a -t - t- - on o n p po ou u r r ê êt tr re e a au u t to op p d de e l l a a b be ea au ut é? ?

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Q uuuu uuuu aaaa aaaa nnnn nnnn dddd dddd llll llll aaaa aaaa B B B B B B B B eeee eeee aaaa aaaa uuuu uuuu tttt tttt éééé éééé

ffff ffff aaaa aaaa iiii iiii tttt tttt M M M M M M M M aaaa aaaa llll llll

u Québec, on est plutôt middle-of-the-road, explique le docteur Roland Charbonneau, un chirurgien plasticien de Montréal. Les gens ont des demandes conservatrices, pas trop farfelues. Les interventions les plus courantes sont la liposuccion, l’augmentation mammaire, la chirurgie des paupières et le lifting : des opérations devenues banales aujourd’hui. » Ce qui est d’ailleurs étonnant quand on pense qu’une intervention aussi courante que le lifting consiste à se faire décoller une grande partie de la peau du visage. Perspective peu inspirante… non? « Peut-être, mais au bout du compte la douleur est relativement minime », souligne le docteur Jacques Papillon, qui pratique des opérations depuis près de 30 ans. « Quand la peau retrouve sa sensibilité, six mois après l’intervention, les cicatrices sont complètement refermées, le traumatisme est passé et ça ne fait plus mal. » Et maintenant, avec le Botox, on peut même s’offrir un front lisse sans ressentir aucune douleur.

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Mais la chirurgie plastique est loin d’être toujours un jardin de roses… Parmi les opérations que nous connaissons, l’abdominoplastie, qui vise à réduire le ventre, frôle le supplice. « Dès qu’on touche aux muscles, explique le docteur Papillon, c’est plus douloureux. » Lors d’une abdominoplastie complète, que les

Américains appellent le tummy tuck, on enlève le nombril du patient. Puis on le replace, après avoir resserré les muscles du ventre et taillé la peau, ceci afin de l’étendre à nouveau.

Plusieurs patientes qui ont subi une abdominoplastie racontent leur expérience sur Talk Surgery. Ce site demande aux gens d’évaluer le niveau de douleur de leur opération sur une échelle de 10. L’abdominoplastie reçoit, en moyenne, une cote de 8, et toutes les patientes se sont plaintes d’avoir souffert beaucoup plus que la moyenne affichée. Mais, dans la majorité des cas, elles sont ravies. « Les gens savent à quoi s’attendre, dit le docteur Charbonneau. Grâce aux médias et au Net, ils en connaissent long sur le sujet, c’est impressionnant. Et c’est très rare que quelqu’un change d’idée après être venu se renseigner. »

Existe-t-il des interventions que les médecins refusent de pratiquer? « Techniquement, non. On n’opérera pas si le patient a l’air instable, et on est tenu de ne rien faire qui puisse mettre sa santé en danger, mais, s’il y a une demande raisonnable, on peut le faire. C’est juste que chez nous, les demandes sont moins bizarres qu’aux Etats-Unis ou en Asie. »

ON EST LES CHAMPIONS!

C’est aux États-Unis que l’on compte le plus grand nombre de chirurgies esthétiques chaque année. Selon l’American Society of Plastic Surgeons, il y en aurait eu 7 736 484 en 2001… et ce chiffre est encore loin de la réalité, puisque de nombreuses interventions ne sont pas répertoriées par l’association, dont toutes celles qui sont

« inhabituelles ». Selon le docteur Charbonneau, bien que le nombre de ces opérations inhabituelles reste « anecdotique », elles forment tout de même une part de marché suffisamment intéressante pour que des chirurgiens en fassent leur spécialité.

Le docteur Matlock, par exemple, a fait fortune en ouvrant en 1996 sa propre clinique, le Laser Vaginal Rejuvenation Center of Los Angeles. On y pratique des resserrements de vagin, des reconstructions d’hymen et aussi une designer vaginoplasty.

Cette opération consiste à transformer les lèvres et le clitoris jusqu’à obtenir un « beau » vagin. Et qu’est-ce qu’un « beau vagin» ? Le bon docteur Matlock l’explique avec une candeur désarmante : « Plusieurs femmes arrivent en consultation avec un Playboy dans les

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mains et nous disent qu’elles veulent avoir l’air de ça! Avec notre technique de réduction des lèvres au laser, on peut transformer leur désir en réalité. » Selon Candace, une Texane de 32 ans complexée par son vagin, c’est là une bonne nouvelle. « Quand j’avais 21 ans, un garçon m’a dit que mon vagin était bizarre. » Elle est donc partie à LA pour se faire injecter son propre gras dans les petites lèvres afin de les rendre plus charnues. La jeune femme est maintenant ravie du résultat. Elle a surmonté, avec brio, la première semaine (où le simple fait d’uriner relevait de l’épopée…) et les six suivantes, durant lesquelles elle devait s’abstenir d’avoir des relations sexuelles (et mettre une croix sur les tampons… et les jeans serrés). Elle ne regrette pas non plus le montant qu’elle a dû débourser : environ 4 000 $. En dollars US, évidemment.

LES FESSES OU LE PÉNIS?

D’autres font fortune avec l’organe génital masculin. Une intervention pratiquée régulièrement est l’élongation du pénis (en coupant autour de la base et en faisant des greffes de peau, on peut gagner quelques centimètres… Ouch!). On peut aussi recevoir des implants de gras dans le pénis pour qu’il ait l’air plus gros (opération très douloureuse, selon le docteur Papillon, et attention : on ne peut pas faire grossir le gland. Le résultat, aperçu sur certains sites de plasticiens, est souvent ridicule : on y voit une verge énorme,

« grasse », et un gland tout menu…). Quoi qu’il en soit, les cliniques sont remplies d’hommes prêts à payer le prix fort pour améliorer leurs attributs virils.

Et une fois que le « devant » a été rectifié, on peut toujours passer au « derrière ».

Grâce à Jennifer Lopez, les implants fessiers gagnent en popularité, surtout chez les Sud- Américaines. « Sur les fesses, il y a beaucoup plus de risques de complications, explique le docteur Charbonneau. D’abord, on s’assoit dessus. C’est un endroit qui connaît des traumatismes répétés, et puis il y a des risques d’ulcérations de la

peau, quand l’implant remonte à la surface. » Pour ceux qui en veulent plus, la plupart des compagnies proposent aussi des implants aux pectoraux et aux mollets. Le prix? Sur un site web visité, on parle de 5 000 $ comptant, ou de 5 500 $ avec carte de crédit…

LES ASIATIQUES S’ALLONGENT

Mais tout cela semble dérisoire quand on regarde ce que certaines Asiatiques sont prêtes à subir. En Corée-du-Sud (où 13%

de la population reconnaît avoir déjà eu recours à la chirurgie plastique), en Chine et au Japon (où depuis longtemps déjà on ne recule pas devant un blanchiment de la peau ou un débridage des yeux), on peut maintenant se grandir de 10 centimètres, et ce, au prix de souffrances atroces qui révèlent carrément de la torture.

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« C’est un médecin russe, un certain Ilizarov, qui a mis au point cette technique, raconte le docteur Charbonneau. En gros, elle consiste à briser l’os et à allonger les muscles et les tendons situés autour. En étirant l’enveloppe entourant l’os d’environ un millimètre par jour, on peut gagner progressivement quelques centimètres. Mais, évidemment, le but du docteur Ilizarov était d’opérer des gens qui avaient de graves « difformités » ? C’est durant la guerre, en réparant les visages défigurés de soldats, que l’idée est venue à certains médecins d’appliquer leurs connaissances au domaine de l’esthétique. Il suffisait d’y penser. »

En Chine, on mise sur une population traditionnellement très déterminée quand vient le temps de souffrir pour être belle (on se souvient des pieds minuscules et déformés de plusieurs générations de Chinoises!). Les femmes, souvent petites, y ont une image de la femme idéale très occidentalisée, donc plutôt grande. Des médecins ont ainsi ouvert à Canton un hôpital qui se spécialise dans l’élongation des jambes. Selon un article paru dans le magazine français Marie Claire, plus de 600 Chinoises auraient déjà subi la pénible intervention. Pour ces femmes, ces opérations coûtent un prix exorbitant (1 200 $ US, une fortune pour la majorité d’entre elles) en plus de requérir un séjour de six mois à l’hôpital, les jambes tuméfiées et enfermées dans un carcan de métal qui ressemble à s’y méprendre à un instrument de torture. Persuadées que 10 centimètres de plus les aideront à trouver un emploi et un mari, elles supportent stoïquement une douleur décrite par l’une d’elles comme « presque intolérable au début ». « Dormir est devenu quasiment impossible, se lamente cette dernière. Mais les bons jours, j’arrive à gagner un demi- millimètre! »

L’opération dure trois heures et nécessite le travail de cinq chirurgiens. Le bon côté de l’histoire : ce sont de vrais médecins qui pratiquent l’opération, et le suivi est sérieux (ce qui n’est pas le cas de toutes les chirurgies plastiques). Selon des chiffres non officiels, 200 000 Chinois seraient défigurés, chaque année, à la suite d’opérations pratiquées par des amateurs dans des « salons de beauté ». « C’est comme au Brésil, remarque le docteur Papillon. Là-bas, les patients n’ont aucun droit. Les médecins sont donc moins réticents à pratiquer des opérations qui présentent un taux de risque élevé. »

SANS LIMITE?

Une autre intervention présentant un taux de risque très élevé est presque devenue un mythe : l’ablation des côtes flottantes. « La seule fois que j’ai entendu parler de ça, c’est à propos de Cher, dit le docteur Charbonneau. Ça me semble exagéré, cette histoire. Les côtes flottantes sont accrochées à la colonne, alors il faut scier l’os, et il y a de gros risques de perforation. On est collé sur les organes vitaux. » D’autres médecins croient en fait que Cher a subi une liposuccion, très réussie d’ailleurs, de la taille. L’ablation des côtes ne serait selon eux qu’une légende urbaine. Mais techniquement, cette intervention reste possible.

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Existe-t-il une limite? Certains sont prêts à se faire casser les os, étirer les jambes, injecter du gras dans les organes génitaux et déplacer le nombril… Avons-nous épuisé les recours de la chirurgie esthétique en faisant subir à notre corps tout ce qu’il peut endurer au nom de la sacro-sainte beauté? « À partir du moment où on aura contrôlé le rejet des greffes de peau, dit le docteur Charbonneau, the sky is the limit. La peau est un organe qui réagit très mal aux greffes; c’est plus facile de greffer un cœur, par exemple. Mais une fois que ce problème sera surmonté, et ça va se faire éventuellement, plus grand-chose ne nous arrêtera. » Un petit bras dans le front peut-être?

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ans notre société envahie par l’image, la beauté nous impose des canons esthétiques selon lesquels les gros, les petits et les moches ont très peu de chances de réussir dans la vie. C’est cette dictature que Jean-François Amadieu, sociologue et professeur en sciences de gestion à Paris I – Panthéon-Sorbonne, dénonce dans son livre Le poids des apparences (Éditions Odile Jacob).

Rencontré au bar de l’hôtel Lutétia, à Paris, à l’heure de l’apéritif, l’auteur est un homme svelte au visage fin et souriant, vêtu d’un costume gris de jeune cadre. Malgré ses 47 ans et ses petites lunettes, il ne fait pas son âge et on a envie de lui demander si sa maman lui a donné la permission de sortir. Mon étonnement le fait rire.

« D’habitude, dit-il, j’adopte un style vestimentaire plutôt décontracté. Si je suis en costume-cravate, c’est parce que, cet après-midi, j’avais rendez-vous avec les dirigeants d’une entreprise… »

Nous entrons directement dans le vif du sujet : l’apparence! La question méritait- elle vraiment un livre?

« Oui! L’obsession de l’apparence est un phénomène qui tend à s’amplifier.

Plusieurs études démontrent que celle-ci joue un rôle majeur dans notre société, et a même parfois des effets insoupçonnés sur notre quotidien. Et puis, nous avons tendance à établir un lien inconscient entre le rang social et la beauté. »

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Si l’on en croit Jean-François Amadieu, la liste des qualités accordées aux « beaux » est impressionnante. Ils seraient plus sociables, plus épanouis sexuellement, auraient de multiples partenaires et plus de chances de réussir leur mariage, en plus d’être très équilibrés, avec une santé mentale à toute épreuve, et plus aptes à commander. Aussi, ils seraient plus sensibles et attentifs, plus intelligents (mais oui!) et plus ambitieux, et leurs opinions auraient plus de poids. Ils feraient une belle carrière et,

enfin, seraient plus heureux que les autres! Bref, de quoi faire frémir ceux qui n’ont pas été touchés par la « grâce ». Comble d’injustice, il semble que les « beaux » se conforment aux avantages qu’on leur prête et deviennent, en quelque sorte, ce que l’on veut qu’ils soient…

« Tout commence au berceau, souligne l’auteur. On a remarqué que dès l’âge de trois mois les bébés sont déjà attirés par les visages aux traits réguliers. Puis, plus tard, à l’école, les beaux enfants sont privilégiés par les professeurs et choisis comme amis par leurs petits camarades. À l’oral des examens, les gens beaux sont privilégiés. Il est donc tout à fait normal que ces comportements engendrent chez ces enfants une grande confiance en soi qui les mènera plus rapidement vers le succès. En fait, c’est un peu le regard des autres qui forge leur personnalité. »

Est-ce à dire que, si la tendance se maintient, ceux qui ne sont ni jeunes, ni beaux, ni minces risquent à l’avenir de devoir se résigner au chômage? Amadieu apporte tout de même une nuance d’espoir.

« Dans une entrevue, 55% des employeurs éventuels seront influencés par les traits du visage, mais le look vestimentaire n’en reste pas moins primordial, et tout le monde peut jouer cette

carte. D’autre part, je pense qu’évincer des gens d’un emploi en prétextant qu’ils sont trop vieux, trop gros, donc forcément moins dynamiques, est une forme de discrimination, au même titre que le racisme. »

Mais dans tout cela, que devient la beauté intérieure? Apparemment, elle compte peu dans notre société. Le charisme et le charme seraient, eux aussi, de plus en plus liés à l’apparence. Comment expliquer alors que des hommes comme Gainsbourg ou Jean-Paul Sartre aient été portés aux nues malgré leur « sale gueule »?

« C’était une époque où la télévision avait moins d’importance, souligne Jean- François Amadieu. Lorsque Sartre menait sa vie de philosophe, il n’était pas sur les plateaux de télévision en permanence comme l’est aujourd’hui Bernard-Henri Lévy, plutôt favorisé par la nature. Depuis les années 70, l’accent est mis sur l’apparence et lorsque

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vous rencontrez un homme ou une femme, que ce soit au travail ou dans la vie amoureuse, la première chose qui vous frappe, c’est son aspect extérieur. Comme cette apparence correspond le plus souvent aux standards du moment, on a tendance à confondre beauté et conformité à ces normes. »

En Amérique du Nord, cette course à la beauté se traduit par un popularité croissante de la chirurgie esthétique et nous entraîne, parfois, vers des dérapages comme les désordres alimentaires. En voulant tous ressembler à Kate Moss, à Claudia Schiffer ou à Tom Cruise, nous nous dirigeons vers l’uniformité physique et rejetons nos caractéristiques génétiques. On ne compte plus ceux qui, pour rectifier un nez trop

« ethnique », ont fait appel au bistouri. Par peur d’être marginalisés, bien des gens n’hésitent pas à investir du temps et de l’argent pour se rapprocher de l’image « idéale » imposée par les médias. Que faire pour lutter contre le fléau de la beauté à tout prix?

« La seule solution, conclut Jean-François Amadieu, c’est la prise de conscience.

Quand on attire l’attention sur un fait social, comme on l’a déjà fait pour le sexisme ou le racisme, la contre-attaque s’organise. Il faut agir sur les techniques de recrutement des entreprises, sur la législation, afin que les gens, beaux ou laids, luttent un peu plus à armes égales… »

Andrée-Paule Mignot

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