• Aucun résultat trouvé

Le nationalisme et le radicalisme du journal La Patrie, 1879- 1897.

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "Le nationalisme et le radicalisme du journal La Patrie, 1879- 1897."

Copied!
265
0
0

Texte intégral

(1)

LE NATIONALISME ET LE RADICALISME DU JOURNAL LA PATRIE, 1879-1897

Radlcalism as a movement and as an ideology

Pla~ed

an important1role

\

1J1 Q.lebec's politics in the XIXth century. The "Rouges" represented th\most (\ important radIcal group in Quebec, but they disappeared with the coming f Confederation. cne of the mterests of tins theslS lS to show what happened to the radical ideology in Quebec after Confederation by studymg the main radical spokesman at the end of the XIXth century in Quebec: . the newspaper La Patrie. In the 1ast chapter of thlS thes lS, 1 t lS shown that the LiberaIs

were becom1J1g more popular around 1890, because the OlUrch's position towards them had changed and because the new generations of polI ticlans had appeared. However, tIns lTLltation Was very slow because the Liberal' s image as an heir of the radical "Rouges" pers lsted for rnany years.

In the second hal f of the mtroductlOn, the hlStOry of the newspaper between 1879 and 1897 lS analvsed. Even If its daily clTCUlatlOn was not too big, the newspaper was dynamic and quite influentlal. Its Influence was extended outslde the newspaper by the journal1sts. It reached the LIberal Party and its others political aSSOCIatIons.

111e maIn task of t}llS tnesis is to analyse the radicalism of the newspaper between 1879 and 1897, when Honoré Beaugrand was the director. It was during 11is directorshlp that. the newspaper was the most radical.

In studY1J1g thlS matter, it I11.lSt be realized that the nationa1-lsm 'of La Pat ne was an integral part of its radicalism. Therefore, the nationalism of the ne'wspaper is analysed in the ;ccond part, where much more time will be spent

on the ''parti national" of ~r&rcier and on the relatIOns between Mercier and

La PatrIe. Radicalism itself will be studied in the last part which consists to 1 iberalism, republicanisrn and anticlericalism.

(2)

\

TC ~'-1ri Tl M.A.

LE NATIONALISME ET LE RADICALISME DU JOORNAL LA PATRIE, l879-;i897 , "

Le radicalisme, eu tant que mouvement et idéologie, joue un rôle

important en politique québécoise au XIXe siècle. Les Rouges représentent ~ le mouvement radical le plus important au Québec, mais ils dIsparaIssent!

1

avec la Confédération. Bn des lntérêts de la thèse est de montrer le sort ( de l'idéologie radicale au Québ~c, apr~s la ConfédératIon, en analysant le principal porte-parole radical de la fln du XIXe siècle au Québec: le jour-nal La Patrie. Vers la fin de la thèse, nous démontrons que les libéraux de-viennent plus p'opulair~s vers 1890, parce que l'attitude de l'Eglise a chan-gé, parce que de nouvelles'générations de polItIciens apparaIssent. Cepen-dant, ce changement fut très lent, parce que l'image des libéraux corrme hé-rItiers de la tradItion radIcale des Rouges 'persIsta.

f>

t f

Dans la deuxième partIe de l'introduction, nous analysons l'histoire du journal entre 1879 et 1897. Même si son tirage n'est pas très élevé, le journal est dynamique et assez influent, car ses journalIstes sont actifs

à l'extérieur du journal. Cette influence s'étend sur le parti libéral et sur les clubs politiques.

Le but principal de la thèse est d'analyser le radicalisme du journal

..

~

entre 1879 et 1897, alors que le journal étaIt dirigé par Honoré Beaugrand. C'est pendant son directorat que le journal connut sa période la plus radi-cale. Au cours de notre étude, nous nous sOrnrnfs aperçu que les pOSItions na-tionalistes du journal faisaient partie intég;~te de son radicalIsme.

Nous avons donc analysé le nationalisme du

jo~rhaf

dans

la detpeième partIe,

, \

où nous nous attardons sur le parti national de MercIer et sur,~les relations entre La Patrie et Mercier. Dans la troiSIème partie, n0US analysons le ra-dicalisme proprement dit, qui est composé du libéraJisme, du républIcanisme et de l'anticléricalisme •

(3)

l '

,

,

1 ; .

1 :', \

, , 1 r' \

e

! \ ! . 1 \ 1 -\ / \ \ \ CI

\

.' " 1 +

..

"

\

, \ /

/

/ 1 Le nationalisme st le radicalir ..,.., i 1 • ., , du journal LA PATRIE, 1879-1897 par

,

" \ \ \

·L.~WC

\ " \ /

/

/'

-/

\

\

\

1

1 lliESE

t présentée

à

la Facul té d~s études

supérieures en vue de 1 t/obtention

\ Département d'histoire o ' Université McGill t-bntréaf, Canada du diplôme de la ,:; MAI1RISE F5~ ARTS

,,", ~

L. Luc Laurin

1974

\

Août 1973

(4)

:\

/

.

'

\

,<

TABLE DES MATIERES

TABLE DES MATIERES

. . .

. .

.

.

. . .

.

.

.

.

.

.

. .

. . .

.

.

.

. .

.

.

. . . .

. . .

. .

..

.

.

.

.

. .

.

.

, "

".

.

PREFACE ... ~ ... .

...

1

1

REFERENCES et NOTES de ~a,préface (VIII).

pRBvnÈRE PARTI E INTRODUCTION '

/

.

Go/ITRE.J2REM1ER - LE LI~ERALiSME G\NADIEN-FRANCAIS Di: 1800

// A 1877 ...•.•..• ' .... ' ...•...• '~ ... ,.

/1

Le libéralIsmé européen {2), le libéralisme au Canada ~,

.

françaIs (4), REFERENCES et NOTES du chapitre,'premier. (15) .

œAPITRE DEUX - L 'HISTOIRE DE LA PATRIE

...

~

...

"

... .

..

Aperçu général (17), la fondation du 'journal." (22) , ; circulation et "tirage (24), La Patrie et le parti li-béra1. (26), la vente du 'journal. (30), les journà:tistes " de La Patrie' (36) , Honoré Beaugrand (39), influence journalistique

(44),

influence ,politique

(46),

REFE-RENCES et NOTES du chapitre deux (48).

'~

DEUXIEME PARTIE

:r.

LE

NATIONALISME DE ~ PATRIE

Introduction (54).

ŒAPITRE 'IROIS ., L' IN1ERPaETATION DE LA REVOWTION DE 1837-38 œAPITRE QUATRE - LE PARTI NATIONAL DE MERCIER

Introduction

(64}.

1. TENTATIVES DE COALITION (66)~

La

Patrie et Mercier (68), La Patrie et La Concorde

(72),

conclusion (77). "

.

' i. 1 « • , 1. 17, . . S9 64' ~

o

(5)

f , 2. L'AFFAIRE/RIEL (78) .

.

Les soulèvements métis (78), l'attItude de La Patrie (79),

La

PatrIe et le procès de RIel (82), conclusIon (87) .

'3. LE PARTI NATIONAL DE r.œRCIER (87).

Introduttion (87), premIère période: 1~ mouvement nâ~ tional'(89) , deuxième période: la naissance avortée (93) "troisième période: le gouvernement national de Mercier (107), conclusion (115) REFERENCES,et NOTES des c~apitres trois et quatTe (118).

i i

..

œAPITRE C~IQ - LES EffiLES DU MANIIDBA ... ' ... :.:'.. 129"

. t" ~ .

, "

Le5 événements au Manitobà (129), l'attitùde de La·

Patrie (133), l'interprétation de la CQnfédération

f

(142),

REFERENCES et NOTESùu chapItré cinq (156).

, 1

TROISIEME PARTIE ,<

..

}. ,

.

LE RADICALISME' DE -LA PATRIE

"

ŒAPITRE SIX -, LES ELEMENTS DU RADICALISME

1. LE LIBERALISvŒ (Î62) .~}

.

,.

... .

L'atmosphère politièo-religieuse des années 1875 ~162),

l'idéologie politique 1879-80-81 (166), réformisme (170), , le programme libéral (175):

.. ~

2. LE REPUBLICANISME (182) .

. ,

.

Introduction: en France et aux Etats-Unis (182), la Ré-volution française (186), la troisième République fran-çaise (188), la République américaine (191).

11

L:

ANTICLERICALI~

1

Les journalistes (194), l'Eglise et l'Etat (197), la franc-maçonnerie (204).

4. RADICALISME ET DERADICALISATION (209).

Définition du radicalisme (209), les causes de la déra-dicalisation (212), REFERENCES et NOTES du chapitre

six (223). \ \ 161 ( , " ., .... "

.

(6)

o

COOCLUSION GeœRALE '. .. BIBLIOGRAPHIE

.

-/ - 1 " "

,

.

.

...

.

','

... .

-

'

'.

.

• j ~ " iii 233 238 QI

(7)

Le but du présent travaIl est d'étudier le

~adicalisme

et le nationa-lismc du journal libéral La PatrIe, entre les années 1879 et 1897. Notre in-tention premIère était d'étudier le radicallsme,du journal rnontréalais. ~~lS, compte tenu du faIt que son natIonalisme est une partie Intégrante de son ra-dlcallsme, il nous faut absolument étudier son nationalisme pour comprendre son radIcalIsme.

Nous avons dû limiter notre travaIl aux années 1879 et 1897, parce que c'est la période la plus radicale du journal. Ces diX-huit années for-ment un tout, puisqu'elles çorrespondent au règne d'Honoré Beaugrand comme directeur de La Patrie, conSidéré comme très radIcal à l'époque.

Pour aborder le sUJet de la thèse, Il nous a fallu faire une intro-ductIon qUI constitue la premIère partIe comportant deux chapitres. L'his-toire du libéralIsme avant 1877 et l'hisL'his-toire du journal entre 1879 et 1897.

1

L'introduction sur le libéralisme n'est pas superflue, elle est même néces-saire. On ne peut pas avoir une compréhension de la fln du libéralisme, à

la fin du XIXe sièCle; au'Canada français, sans avoir étudié la période anté-rieure.

\

L'introdu6'tion comporte aussi un deuxième chapitre, celle de

l'histoi-"

re du journal. Nous avons dû l'insérer dans l'introduction puiqu'el1e ne concerne pas directement le sujet qUI est le radicalisme et le nationalisme de La Patrie entre 1879 et 1897.

'.'

Un des intérêts de "la thèse est de savoir c01llllent ptend.~fin, dans les deux dernières décennies du XIXe siècle, l'idéologie libérale au Canada

(8)

fran-çais. Nous l'avons fait à travers l'étude d'un journal considéré à l'époque

comme le plus radical par-ses adversaIres et même par certaIns membres du parti lIbéral. Nous l'avons étudié pendant vlng~ans de parution. Notre travail est donc une mince contribution à l'étude du libéralisme au Canada français. Puisqu'il ne tient compte que d'un seul journal, cela est déjà une llITUte à nos conclusions.

Après plusieurs changements, notre dernIère hypothèse se formule de la façon suivante: La Patrie est radicale en soi, c'est-à-dire

à

travers ses textes, et le radicalisme du journal es~ composé des éléments SUlvants: One traditlon llérltée des libéraux-rouges, des préjugés hérItés de la guerre entre le clergé ct les Rouges, un radicallsme en SOI composé de libéralIsme,

de républ1ca1llsme, d'antIclérIcalisme et enfin de nationalIsme. L'explIca-tion de cette hypothèse constitue l'intérêt principal de la thèse. De plus, une étude du journal La ~atrie nous démontre que son histoIre s'Inscrit dans le grand mouvement de déradicalisation que connaît le parti libéral du Canada et du Québec depuis 1858 enVIron jusqu'en 1900.

Le sujet de la thèse nous permet de connaître 1 'histoire du parti lIbéral entre 1879 et 1897, période particulièrement Importante

à

cause de l'affaire Riel et de l'affaire des écoles du ~funitoba. L'histolre des libé-raux au lendemain de la Confédération jusqu'au règne de Laurier reste à fai-re; nous y apportons notre contribution grâce à l'étude du journal.

Le nationalisme du Journal La Patrie sera analysé dans la deuxième partie. Le mot nationalisme ou nation a tellement suscité de controverses à travers le monde qu'il serait prétentieux de notre part que de vouloir en donner une d~finition exhaustive; d'autant plus qu'en relation avec le

jour-o

(9)

nal-La PatrIe, il nous est impossIble d'étudier certains aspects du Ratio-nalisme parce qu'ils n'ont même pas été abordés directement ou indirecte-ment. Nous nous en tIendrons donc aux divers éléments qui nous ont paru lm-portants à la lecture du journal.

Le natlonalisme sera analysé en fonction de ,l'Interprétation de la RévolutIon de 1837-38 et de celle de la ConfédératIon, en fonctIon de l'affaI-re RIel et enfin de l'affaue des écoles du Manitoba. ,Sl l' ~terprétation de la Confédération de la part de La PatrIe n'a pas été analysée d1ronologl-quernent, c'est-à-dire apqès celle de 1837, mais bIen après l'affaIre RIel et celle des écoles du ~Wmltoba, c'est que ces derniers événements ont

telle-'.>

ment JOOdIfié l'mterprétation de la Confédétation qu'Il nous a fallu l'a-"

border après ces grands événements. et '. .

A la troisième partIe nous analyserons le radIcalIsme de La Patrie en fonctlon de la religlon et du républicanlsme. Nous aborderons aUSSI la conceptIon des radicaux sur les relations-[glise - Etat. Au cours de notre

'\ "

recherche, nous avons rencontré le problème de la valIdité de l'étude d'un journal au pomt de vue hi~torique. Limitons une partie de nos recherches et de nos conclusions en dIsant d'abord que les' conclusions de l'étude d'un

journal ne sont pas unlverselle~. EnSUIte une autre limite

à

nos conclusions \

apparaît parce que nous falsons une lecture appliquée et a posteriori du jour-nal, ce que le lecteur de l'époque ne faisaIt pas. Donc,nos conclusions ne sont pas celles d'un lecteur qUI lIt pour se renseigner et se divertir.

Il semble que les journaux de l'époque, même si cela est difficile

à prouver, SOIent lus pour leurs romans-feuilletons, et probablement comme

(10)

politi-..

,

<

,

IV

ques, auxquelles nous avons accottlé b~aucoup d'importance, ne sont peut-être pas les plus importantes pour le public de la fin duoXIXe siècle. l

Il faut cependant ajouter que l'impact de l'imprimerie devait être probablement assez grand à cette époque, et que les journaux ne comportaient que quelques pages. A titre d'hypothèse, on peut dire que, si les journaux étaient lus, ils l'étaient probablement en entier. Par contre, le taux d'a-nalphabétlsme était assez élevé: 75% des adultes à Québec, 77% des adultes

à

~bntréal savaIent lire et écrire, alors que Toro~to et liamilton, en OntarIo, totalisaient des pourcentages

respe~tlfs

de 96 et 95%. 2

Nous avons rencontré (ID problème de rœthode. Nous avions" le choix

entre la méthode déductive et la méthdde inductive, quoique la séparatlOn en-tre les deux méthodes n'est pas claue. La,méthode déductive consiste

à

dé-finir abstraItement le radIcalisme et, par la suite, à cherdler dans la réa-lité hIstorique des politici~ns ou une pensée qùi correspondent à notre défi-nition. La méthode inductive consIste à prendre pour acquis, grâce~à ùiffé-rentes sources, qu'il Y a des radicauX et à étudier leur pensé'e.

Il va de s,oi qu'on ne peut pas di,re que nous avons choisi telle rnÇ-thode aux dépens de l'autre, puisque la mérnÇ-thode déductivé~çomportè des

élé-,

ments lnductifs, et vice vers~. Cependant, il nous faut avert~r le lecteur, que nous préférons la seconde rethode, sachant parfaitement, conme nous venQ,Ils

i J ' ~

de le dire, qU'lI est irnpossibfe d'ignorer la première. Nous avons aussi ren-contré le problème de la définition de nos termes. Le prlncipà1 problème fute

de définir le teJmê.. .radiGa1 ou radicalisme. Sans entrer dans des débats phi-losophico-po1itiques qui n'auraient aucun rapport avec la réalité historique",

~

(11)

• e • ~ Q • , ... , , 'f' , '(

.

"

v

des solutions rapid~s. Efficacité et 'rapidIt~ sont~donc les deux critères. Dans cette perspective, radica~ et ~xtrémistes ne sont pas différents. Mais

• , l ' )

le terme ~xtrémlst~,nous amène aux catégori~s de droite et de gauche en In-~ ,

troduisant me conception linéaite de la polltique, où celuI qUI veut tout , ~

changer serait à gauçhe complète~ent, et cçlui qui, ne veut rien changer se si-tuerait à droite de la ligne .

.

C'est amsi, qu'on peut di,stInguer théoriquement un extrémIsme de droite et Wl extrémIsme de gaudle, ou Wl radicalisme de droite et de gauche.

_ J

PratIquement, çependant, le terme "radIcaux" est employé pour les extrémIs-tes, de gauche, très rarement pour ceux de droite.

, Enfin, il nous faut absolument avertIr le lecteur gue les catégorIes'

,

de'drolte et de gauche, même si elles sont souvent employées, ne sont pas .

.

très claIres en science polItique. Ces notions comportent énormément de ju-, gements de,valeur, où Il est dIfficIle de dIre si l'analyste n'est pas

cou-,

pable des préjugés contemporains en divisant le monde politique en fonction o ,

o

, .du:statu qUQoet

?u

progrès. Qui oserait se prétendre contre le progrès ou 'contre' la prudence? , .. ~ ~ Le débat reste ouvert.

, Il Y à

qiffé~eÂts

degrés de

réform~sme.

Celui qui veut changer les cllosèS 'le"plus rapidement est un réformiste qu'on doit appeler radical. Le

"

.

radicalisme e~t le degré le pl~ tntense du-réformisme. Dans ce sens, il

• J

.

'

ne peut pa"s y âvo~r., dîfférents degrés de radicalisme. 01 est radical ou an

o '

f. • , - .

ne l'est pas. Si on est p~us ou 'moins radical, on parle alors de réformisme.

~ • 1 ~ 1 • \

,

.

,

" Le réfon'niste est un ,radical .qui accepte de lOOdifier ses principes et ses

mé-.

,

thodes d'action pour atteindre un b~t; il nlest paS alors un radical; pour

J

(12)

1./

Signalons ~ue dans cette th~se, le tenne ''Rouge'' employé avant la Confédération se réfère aux libéraux qui furent les partisans de Papineau ou qui furent fortement influencés par sa pensée. Après 1867, le terme "Rouge" mdIque que les libéraux, al,lXquels ce terme s'applique, étaient des Rouges sous l'Union, et sont maintenant des membres du parti lIbéral. Le , terme libéral-rouge rappelle tout slmplement que les Rouges sont aussi des

membres du parti libéral.

Les tràvaux sur le Journal La PatrIe sont extrêmement rares, tout comme les recherches sur 1a période de 1880-1890. A notre connaissance, il n'y:,a que le travail de Pierre Samt-Amaud3 qui étudie de façon systématique

1

le journal La Patne. Il ne le fait cependant. que pour les' premières années du journal. Sur le dIrecteur du journal lIbéral, Ho~oré Beaugrand, il y a

" 4 5

quelques artIcles, et une thèse de doctorat de ,PIerre Bance.

..

C'est donc due que nous défnd~ns un terrain assez neuf. Dans ce travail, les partIes sur le natlOnalisme et la posItion du journal au ~uj et de la religlon sont

p

tirées des textes même du journal, et n'ont pas étf.~faites auparavant. Il en est de même de l'histoire de La Patrie eh excluant la fondation et la vente du journal qui ont aéjà été abordées d'une manière éparse par quelques historiens. La partie portant sur le lIbéralisme et les Rouges a été tirée de sources secondaires et de thèses d'universitaires.

Les archives du journal La PatrIe, semblent inexistantes, les bililio-thèques nationales et le bureau du journal lui-même disent ne pas en posséder. c Les quelques rares papiers SIgnés de la main des journalIstes eux-mêmes peu':' vent être trouvés dans les papiers des grands po+iticiens de l'épâque.

C'est ainsi qu'on peut retrouver une petite corresppndance entre W. Laurier et H. Beaugrand entre 1890 et 1896.

(13)

:>

L 'historien he reconstruit pas seulement le passé, ~is il véhicule les questions que le présent pos~ au passé. Il est ainsi extrêmement attaché \

1

à

la société de son t e . . Arrivé à l'étape finale de' 'ce travail, nous ai-merions remercier les personnes qui nous ont aidé de près et de loin. En

, .

premier lieu, la famille Laurin qUI nous a constamment appuyé; en second lieu, le personnel du Centr~ d'études canadiennes-françaises de l'Univer~ité

McGill et evfin notre directeur de thèse, M. Laurier 1. Lapierre qui a su nous stumuler par ses réflexions et commentaires toujours

à

point. Nous ne saurions passer sous silence le travaIl d'Hélène Courchesne-Laurin, qui a accepté de corriger le manuscrit de la thèse, ainsi que le travail de Mme Paulette Prévost, de Granby, qui a su dactylographier le manuscrit avec un

, \

souci constant de la perfection.

/

/

...

(14)

. " ", PREFACE REFERENCES ET NOTES ~, , ""'f ... ',, ~\.,'"

1. Cf. Le deuxième chapitre de notre travail, pour ~~éta~l s4F~le

contenu du journal. La méthodologie employée dari~ êe travail, €ti~'ce qui concerne les citations et les références, sera'celle qui est la plus cou-ramment utilisée en langue française. Nous avons rencontré un problème grammatical de taille lorsqu'il a fallu remplacer les expressl~ns le

journal La Patrie ou La Patrie, par un pronom personnel. lvlaur.ice 'Grévisse, dans son livre Le bon usage (Paris, Hatier, 1969, ge éd.), nous indique que l'usage reste indéCIS, et que, dans la presse le masculin· l'emporte nettement. Nous avons suivi son conseil tout en nous souvenant que l'u-sage reste indécis. C'est ainsi que le lecteur pourra rencontrer le pro-nom personnel, il ou elle, au lieu de La Patrie. Afin d'évIt~r que le lecteur ne toutne pas inutilement' les pages du travail, nous a~ons placé les références et notes du chapitre III à la fin du chapitre IV; qui ne possède que 25 références.

2. La Patrie, 1er septembre 1896.

,

3. Pierre Saint-Arnaud,

"La.

Patrie", ID Recherches slociographiques, VQ1. IX,

nos 2-3, 1969, pp. 355-372.

4. Voir la bibliographIe, articles de revues.

)

5. Pierre Bance, Honoré Beaugrand et son temps, Ottawa, Université d'Ottawa, 1964. 438 p. Thèse de doctorat.

/.

\,

(15)

\ /

--;: " , ;' PREMIERE PARTIE INTRODUCTIOO

\

.~ •

(16)

!

LE LIBERALISME

CANADIEN-FRANCAIS

DE 1800 A 1877

,

-.

Le libéralisme est l'idéologle dominante du XIXe siècle.' Non

seu-

---lement elle est née au début du XIXe siècle, mais elle a ~éussi à

s'implan-,

ter au milieu du siècle pour dominer jusqu'à la fln de ce même siècle.

"

Cette idéologie est tellement lIDpOrtante que ses adversaires se diront con-/'

tre celle-ci avant d'élaborer. leur propre ,idéologie.. Idéologlquement, 'on ~ se définit par rapport au libéralisme. Il en va de même au Canada franJ çais. ~~ si le libéralisme, surtout politique, n'a pas réussi à s'urrpo-ser dans toute son ampleur, spécialement en ce qUI ce'qui concerne la sépa-ration entre l'Eglise et l'Etat, le libéralIsme est l'idéologie par rapport

à laquelle on se définit.

Le journal libéral montréalais, La Patrie, se définira en fonction du libéralisme, surtout en fonction de celui des Rouges, parce que ce grou-pe politique en fut le plus parfait représentant. Donc, théoriquement, il

li

Y a un certain lien entre le journal La Patrie et les Rouges. Pratique-ment aussi, parce que la lutte entre le clergé et les Rouges influencera la politique des années 1880, dans lesquelles La Patrie est impliquée. On

reprendra d'une certaine façon les arguments qu'on lançait contre les Rou-ges, en les utilisant contre La Patrie. Enfin, La Patrie se disait

elle-même de la tradition des journaux rouges et les gens le disaient aussi. Voilà les raisons qui font qu'une analyse du journal La Patrie doit

s'ac-<10.

cqmpagner d'une étude du libéralisme et du rougisrne .

...

1

(17)

Le libéralisme européen

..

Le libéralisme européen apparaît au XVIIIe siècle et au XIXe siècle, comme succédant à la doctrine physiocratique, qui elle-même succédait à la doctrine économique mercantiliste. Le mercantilisme était apparu en Europe au milIeu du XVIIe siècle. Il Insistait sur la puissance de l'Etat, fondée

"

'-. f l

sur un commerce exterleur orto Le physiocratIsme considérait l'agrIcul-ture comme l'unique activité économique importante, dépréciant ainsi le corrmerce et l'industrie. 2 Son slogan "LaIssez faire, laissez passer" allait être repris par le libéralisme écono~Ique. Le physiocratisme correspond à

l

"-la société européenne préindustriellc et le libéralIsme économique à la

so-I

ciété industrielle.

Le libéralisme fut d'abord un libéralisme économique et comme il est lié à la Révolution industrielle, il allait apparaître dans le pays le plus avancé Industriellement au XVIIIe siècle: l'Angleterre. Les princi-pales thèses ou fondements du libéralisme économique ou du capitalIsme

l . 3

sont es SUIvantes: le libétalIsme économique accorde beaucoup

d'importan-,

ce au capItal; ce sont les détenteurs de capitaux qui sont les moteurs

es-senti~ls de l'économIe. Ensuite les mouvements de capitauX, ainsi que ceux de la main-d'oeuvre, doivent être libres de tout obstacle. La liberté de main-d'oeuvre et de circulatio~ de capitaux exigent que l'Etat n'inter-vienne en aucune façon dans l'économie.

Troisième fondement: le prix est la mesure de tout travail, et permet qu'un travail soit échangé contre un autre travail. Le prix

s'a-juste automatiquement

à

la loi de l'offre et de la demande. Ce~te adapta-tion se fait naturellement. Enfin, l'intérêt personnel est

à

la base de

(18)

la société. L'addition des intérêts personnels correspond à l'intérêt gé-néral. Il suffrt de s'intéresser à ses propres objectifs pour faire avan-cer toute la société. Le bren commun est donc la somme 'des biens particu-liers.

Le libéralisme politique est le pendant du libéralisme économique.

On peut les considérer comme une m€daille dont l'endroit serait le

.lrbéra-lisme éc~no~rque, l!envers le~libérallsme politique. - Il est donc certaIn

~

que le lrbéralrsme politique aura les mêmes fondements que le lrbéralisme économique, malS appllqués au domaine poIl tique. La liberté constitue un point primordial; elle est protégée par une constitutIon dont devra se rnu-nlr tout Etat libéral. Cette intervention de l'Etat ne contredit pas ce qui a été dIt plus haut, puisque l'Etat n'intervient que pour protéger le' détenteur de capitaux, que pour encourager la libre circulatron des

capr-taux.

Le libéralisme politique provrent de la Révolution industrrelle et aussi de la Révolution française dont l'élément principal est la Déclaration des DrOltS de l'homme et du citoyen. Cette Déclaration protège surtout la liberté et la propriété aux dépens de l'égalité: la preuve en est que l'é-galité n'est pas mentionnée comme droit inviolable et sacré, tandis que'la liberté et la protection de la propriété le sont. La Déclaration des Droits

de l'homme est donc libérale.

Le mouvement libéral en Europe, s'est d'abord affirmé contre la mo-narchie absolue de droit divin. Il pouvait s'accommoder cependant de la monarchie constitutionnelle ou parlementaire pourvu que celle-ci protège les

(19)

1ibé-~.-.

raux, au début du XIXe siècle, ne sont pas des démocrates. Mais au milieu

- - 5

du siècle, ils le devienneNt prônant ainsi le Suffrage Unlverse1. Le 11bé-rallsme est alors démocratique. Les partIsans du libéralisme po1itiqu~ prô-nent la liberté de presse, d'opinion et d'assemblée. Ils sont en faveur du principe de la représentation du peuple aux élections, corollaire du Suf-frage UnIve~se1. Pour les libéraux démocrates, la souveraIneté réside

6 / '

dans la nation et dans la volonté populaIre, alors que les libéraux du dé-but

du

siècle la faisaient résider dans la constitution. Au mIlieu du XIXe sIècle, les libéraux admettront l'Intervention de l'Etat dans l'acti-vité économique et seront en faveur du libre échange du pOInt de vue commer-ce internatIonal.

Le lIbéral isme au Canada français'

Les Rouges "furent le principal groupe qui défendit le libéralisme au Canada français. Cependaryt ce qual~fIcatif de '~ouges" n'apparaît qu'en 1848,

à

la suite des révolutions européennes de la même année, oÙ l'on em-ploie pour la première fois ce qualificatif.< Ce n' est qu.' après cette date .qu'on peut dire que le libéralisme est défendû én tant' qu'idéologi~

c9hé-rente par un groupe préeis: les Rouges. La Patrie se prétendra héritière de la traditIon rouge parce que celle-ci est la tradition libérale-radicale la plus identifiable après 1848.

Avant cette date, on doit plutôt parler d'idées libérales, de pàr-lementarisme et de

.

.

démo~ratisme,7 et non pas de libéralisme ..

Au début du siècle, ces idées sont défendues par le parti canadien ou patriote de

(20)

.J ••

'.

~ ,-,

5 , ,

Haut et au Bas-Canada qui sont à la source, du moins en partie, de la ré-bellion de 1837-38 qui a eu lieu dans les deux régions du Canada. La

prin-'\

cIpale-conquête du libéralIsme parlementaire est la

responsabilité'ministé-~rleIle obtenue par la coalitLon de Baldwlrt et de La FontaIne. Après 1848,

,

le libéralisme imprègne tous les partIs politiques, même conservateur.

D~ailleurs, le parti conserva~~r du Canada-Uni s'appellera libéral

conser-{

vateur après 1850. Après cette date, un consensus s'établit sur le libé-ralisme. Nais c'est le groupe. des Roug~s qUl dâfend avec"le plus

d'achar-"

nement le libéralisme.

.

..

'-LoUls ... Joseph Papineau esC'sans contredit ~e pr~~pal et le plus

11-"-,

lustre défenseur du lIbéralIsme .. au Canada français. Son a~t;:;r.oh,çcnunence au

,

début du siècle, à la Chambre d'Assemblée du Bas-Canada, lors de la formation .... des" deux partls politIques.

,

Les I~ées libérales-de parlementarIsme et de démocratie, défendues par'Papineau, peuvent se résumer ainsi: lutte pour un orateur de la Chambre , représentant la majorité française, lutte pour la publication des débats en

\ , '

\ 8

français, lutte contre la corruption dans la fonction CIvIle. Fnfin J le

libéralisme se manifeste lors du conflit ouvert entre l'Assemblée d'~e part, et les Conseils exécutif et législatif d'autre part'. On défendra

l

..

alors le libéralisme en exigeant des élections à ces deux conseils, en de-I

mandant la responsabilité ministérielle, et enfin, le contrôle,par l'Assem-blée, des revenus et des dépenses du gouvernement. Cette dernière demande occasionne la fameuse querelle des subsides qui fut l'une des causes direc-tes de la rébellion de 1837-38.

(21)

~sem-\ blée du Bas-Canada et le gouverneur qui contrôle les deux cbnseils; c'est un conflit politique, puisqu'au Haut-Canada, où il n'y a que des Canadiens

,

anglais, le conflit existe d'une façon presque semblable. Mais' en plus du conflit politique, le Bas-Canada connaît un conflit nation~l entre Français et Anglais. Pn effet, la Cha.rrbre d'Assenblée est ~ornposée en gt'ande majo-rité de Français, ,et les deux Conseils sont composés e~ très grande majori-té d'Anglais. Il arrive mêmè que ces deux groupes soient représentés par

d es partIs po Itlques: ' 1 ' . 1 e partI ang aIS et e partI cana len. ' 1 9 1 . d 10 C c ne sont pas cependant des partis politiques modernes tels que rtous les connaissons ~ de nos jours. Le danger d'asslITÙ1ation que ressentent les FrançaIs est. une donnée majeure de la politique du XIXe siècle au Canada français. Ce danger est la cause de l'action politique des FrançaIs et la cause de la formation du parti françaIs. En fait les FrançaIs n'ont pas entièrement tort, puisqu'en 1822, un projet d'Union du Haut et du Bas-Canada apparaît afin de diminuer l'influence française. Ce projet connaîtra cependant un échec.

La si tuatlOn s' envenime apI~1. 1830. La C11arnbre d' Assenblée veut "'1-. 1J

toujours contrôler les fonctionnaires aInsi que les dJienses et les revenus du

gouvernement.~

la

querelle des subsIdes atteint son sommet entre 1832 et 1837, alors que la Chambre refuse carrément de voter la lIste civile qui sert

à

payer les dépenses du gouverneut, même si cette liste est réduite

à

, 19,000 livres en 1831.11 Le refus systématique de l'Assemblée n'est pas le

seul en cause, puisque, pour sa part, le Conseil législatif met son veto \

aux lois de la Chambre d'Assernblée.12 Selon Fernand Ouellet, cette question \ des subsides devient un prétexte pour imposer, de part et d'autre, sa

con-ception de la société.13

En

effet, la liste civile

e~t

réduite à 11,000 livres, mais les esprits sont trop échauff~s 'Pour accepter cette dernière

(22)

...

-

7

offre. Pap1fieau aurait bien pu accepter ou réduire un peu ses demandes, mais corrrne le dit Fe'0ànd. Ouellet, ilL r Assemlée aurait perdu tn1 sujet important

< de plaintes".14

~

Dan? ce contexte, les événements deviennent incontrôlables. Le par-ti canadien publie en 1834 ses demandes de réformes polIpar-tiques connues sous

le.nom de 92 Résolutions, qui sont une manifestation du libéralIsme cana-dien-français'. Une conmisslOn d'enquête royale est instituée par le gouver-nement brItannique. Lord Russell présente, en 1837, dix résolutions tirées du rapport de la commission, ce qui constitue en quelque sorte la téponse aux 92 Résolutions: le gouvernement refuse de répondre aux demandes des CWladIens. Des assemblées populaires s'organisent pour protester. Papineau

"Il d " à 1 "1 15

consel e e ne pas recourIr a VIO ence. Mais il est déjà trop tard. Une crise économIque vient envenimer la crIse politIque,16 qui n'est pas sarts conséquences sur la nature et l'étendue de la rébellion.

Le mouvement libéral et le mouvement national déclenchent la Révolu-tion de 1837 et 1838. L'échec des patriotes entraîne-t-il l'échec du libé-ralisme et du nationalisme? En fait, le nationalisme connaît un dur échec lors de la révolution et des années suivantes. Il n'est plus possible de demander 1 r indépendance du Canada français. Le lIbéral isme cormaît un meilleur sort surtout avec 1 'obtent~on de ,la responsabilité ministérielle en 1848. Celle-ci dorme la chance

aU

parlementarisme de se faire valoir. C'est dans ce contexte qu'apparaît le groupe des Rouges. Les Rouges sont les partisan~ les plus ardents du libéralisme au Canada français, au milieu

..

du XIXe siècle. :Le qualificatif de "Rouges" leur est attribué par leurs ad-versaires qui veul~nt les assimiler aux révolut,iormaires européens de r848.

(23)

l "

Les Rouges représentent l'aile radIcale du groupe libéral. Ces li-béraux sont les héritiers du parti patrIote des années 1830. Cette scission chez les libéraux de 1848, entre Rouges et libéraux modér~s, reproduit la SCISSIon du parti patriote entre l'aile radicale représentée pat Papineau et l'aile modérée représentée par

John

Nei1son. Cette dernière scission avaIt été causée par le Bill des Notables de 1830-1831, qUI discutait de l'influence de

l'Eg1~se et des

1a~cs

dans les parolsses. l? Cette divisIon s'est accentuée lors de l'échec de la révolution. Elle apparaît cependant au grand jour lors du débat sur l'Union entre les années 1840 et 1850.18

La

responsabilité ministérIelle constitue sûrement un des articles importants du libérai1sme du milieu du'XIXe sIècle au Canada français. Le

faIt que La Fonta1lle, Ieader des réformistes du Bas-Canada après l'Acte d'U-nion de 1840-41, l'ait obtenue avec la coopératIon de Baldwin, leader des réformistes du Haut-Canada, nous prouve que la défense du lIbéralisme n'est pas le monopole des Rouges. ~~is après 1848, ce sont les Rouges qui s'Iden-tifient le plus au libéralisme.

Le libéralisme des Rouges se manifeste par une volonté de démocrati-ser la vie politique, par l'appui au républicanisme, par le nationalisme et l'anticléricalIsme.

Démocratisation veut dire des ,élections et des sessions

à

date fixe, un appui au Suffrage Universel et au scrutin secret. Tout comme les Patrio-tes, les Rouges veulent réglementer l'exécutIf, le législatif et le judi~iai-re; ils sont contre l'autorité absolue de la métropole et du gouverneur.

Ils veulent l'indépendance de la Chambre d'Assemblée et demandent que l'ini-tiative des lois soit laissée aux députés. Un des points de leur programme

(24)

,~st l'abolition des privilèges de toutes sortes. Abolition ,des privilèges de la Couronne en rendant le poste de gouverneur électif, en réduIsant son

J

salaIre et ses dépenses. Abolition des privIlèges du clergé; abolition de la dîme, des réserves du clergé dont l'argent serait versé à l'éducation. Abolition des privIlèges électoraux en introduisant le Suffrage Universel et le scrutIn secret. EnfLn abolition de la tenure seigneuriale, des

privi-'-r-::'~:<'llèges des avocats et des pensions d'Etat.

, ' <>

Le républicanisme des Rouges se caractérise par une admiration de la France révolutionnaire et surtout une admiration de la République améri-caLne. Pour eux, les Etats-Unis forment une société démocratique et égali-taire, ce qui contraste énormément avec la société hiérarchique du Haut et du Bas-Canada. Les Rouges demandent la réCIprocité entre la ProvLnce du CW1ada-uni et les Etats-Unis, puis l'indépendance du Canada, la fondation d'une République canadienne et enfin l'annexion du Canada aux Etats-Unis. Les Rouges ne voient pas de réel danger à l'annexion des Canadiens-français au peuple américain, parce que cette société est très démocratique et que le Canada français pourrait survivre dans cette s'ociété. Pour eux, la preuve en est la ~uisiane. Les partisans de l'ann~ion la considèrent comme une solution à la crise économIque des années 1848. Ce mouvement an-nexionniste rallie aussi les libéraux du Bas-Canada. C'est assez compré-hensible, puisque ceux-ci admirent le régime politique des Etats-Unis. Même si cette admiration n'est pas nouvelle, l'appui donné au mouvement annexion-niste de la part des Rouges est nouveau. Les libéraux-rouges, qui dénon-çaient~union, se tournaient aussi vers l'annexion. Pour ces derniers, l'annexion ne menace pas la nationalité canadienne-française, parc~, que ce

--

.. ;,.

peuple forme un. peuple à part, que ce soit avec les Etats-Unis

(25)

\

\

o

10

19

Canada. Pour sa part, le clergé e~ la majorIté des Canadiens français

, à 1" , Il 1 I l l " 20

s opposent anneXIon parce qu e e menace a angue et a re IgIon~

Ce mouverent annexi.onniste est LU1 moment tr~s import~t pour les

Rouges. Auparavant, ces derniers étaient d'ardents libéraux et d'ardents nationalistes, les deux élérents étant sur le même pied. Toutefois, à

cause de cet appui, on peut percevoir que le libéralisme des Rouges a main-tenant prIorité sur leur natIOnalIsme. Pn effet, c'est à cause de leur

li-J

béralisme et de leur démocratisme que les Rouges sont prêts à s'annexer aux Etats-Unis, parce que ce pays constitue selon eux le pays lib~ral,

dé-1

mocrate et républIcain par excellence. Quant au nationalisme, les Rouges

r.f~~

semblent avoir donné leur appuI à l'annexion alors qu'ils dé~rent du

d . 1" -- d f " 21

sort e la natlona Ite cana Ienne- rançalse . De plus, les Rouges,

à

cause de leur lutte contre la Grande-Bretagne, sont beaucoup plus portés vers les Etats-Unis que vers les Britanniques. Les Rouges en devenant' annexionnIstes manifestent leur distance par rapport à la majorité,de la population, qui ne veut pas de l'annexion, et ils extériorisent ainsi leuf radicalisme en s'attaquant Indirectement à la langue et à la religion.

Fn plus de l'annexion aux Etats-Unis, les principaux points du pro-gramme rouge sont le rappel de l'Union et la séparation de l'Eglise et de l'Etat. Ce dernier point est irnport~t parce que les Rouges expriment ainsi leur radicalisme en prônant le libéralisme et en ayant des tendances anticléticales. Cet anticléricalisme des Rouges est l'un des phénomènes

"-les plus importants pendant la seconde moitié du XIXe siècle. Ce phénomène' politico-social ~~Jis naissance dans le mouvement annexionniste des années 1848-50.

(26)

'.

"

Lors des discussions sur l' annexlOn, l~ journal rouge, L'Avenir, lançaIt ses accusations contre le ,clergé, parce que ce dernier étaIt mter-venu contre l'annexion. L'Avenir et son prinCIpal adversaIre, Les Mélanges relIgieux, se sont aussi vIolemment querellés au sujet de l'UnIon, de la co-10nisatlOn des townships,

22 voir.temporel du pape.

des révolutions européennes et au sUjet du

pou-Lor~~e

mouvement anneXlOJUllste prit fm, le

\!' . "" . , "

clergé publIa une tettre pastorale, conseIllant de ne pas lire les mauvais Journaux: L'AvenIr étaIt dlrectement vIsé. C'est lors de cette querelle

que L'AvenIr bâtit sa réputatIon d'antIclérIcalIsme. Cet événement est im-portant, car toute la tradItIOn rouge, que ce soi t les journaux ou les

poll-"

ticiens, subit les conséquences de ces querelles. Tellement important, que • même vers les années 1880, La PatrIe sc verra accusée d'anticlérIcalisme parce qu'elle se dit de la traditIon des jouDlaux rouges comme L'Avenir.

D'autres querelles entre les Rouges et le ,clergé renforceront la réputatIOn d'anticléncalIsme qu'on attnbue aux Rougc.s. Nous voulons,par-1er des accusat lOns que les Rouges lancenOt au clergé contre leur lIltervention en polItIque vers 1855 et 1867.23 Une autre grande querelle entre les deux

.~

groupes est celle de l'Institut Canadien. Cette querelle se déroule préci-sément autour de la bIbliothèque de l' Instltut Canadien. Il faut dire que cet instItut était composé, entre autres, de membres du groupe rouge et que cet InstItUt mffilifestait son esprit d'indépendance face au clergé. Quant

à ce dernier, il trQUVaIt que les sujets de conférences étaient beaucoup trop hardis.

En

1858, Mgr Bourget, évêque de Montréal, exige que l'Institut

reti-<t'

re de sa bibliothèque les livres à l'index. L'Institut proteste ~t déclare que ces livres ne sont pas de nature immorale. Ce petit accrocllage est

(27)

1;

lourd de conséquences, puisque dès cette année-là, un cinquième des 700 membres démissiQnne.24 Le nombre de ses membres baisse

à

450 en 1861 et à 300 en 1867.25

Les Rouges ont perdu la bata~lle contre le clergé, tout en étant de-venus plus anticléricaux aux yeux de la population puisqu'ils ont osé défier ~1gr Bourget. - Les résultats électoraux prouvent cette baisse de popularité.

En 1858, les Rouge~ obtiennent 33% des VOLX dans la région de Montréal, 34% en 1854, 29% en 1857, 38% en 1861, 33% en 1863 et 18% en 1867. Dans la

,

régIon de Québec' et dé trois-RiVIères, les Rouges obtLennent 1% du vote en 1851, ~4% en

l8~4,

6% en 1857 et 1863, et 5% en 1867.26 Il faut cependant ajouter que la région montréalaise comprend

Sot

de la populatIon du ~s-Ca­ nada et 50% de la populatIOn francopho~~.

Avant la ConfédératIon, les Rouges forment une partie très impor-tante du parti tibéral.27 A l'intérIeur du groupe lIbéral, il'y avaIt les libéraux modérés et les Rouges. Du point de vue idéologique, ces deux grou-pes se ressemblent beaucoup: au début de l'Union, ils faisaien't parti~ du, même groupe. Après 1850, le gro~pe des Rouges se cristallise de plDs en plus, et il parvient

à

attirer quelques libéraux modérés. Les Rouges cons-tituent alors l'élément fort du groupe libéral. L'ldéologie:"des Rouges est

dan I f Il d 1 b"" mod'"

~

28 Le d R

cepen t p us nette que ce e es 1 eraux eres. programme es

ou-ges co~te des points précis qui s'articulent autour du libéralisme

éco-(-_.

nomique et du libéralisme politique. Les libéraux'modérés partagent la même

idéologie, mais l'affirment'beaucoup moins nettement._ Les Rouges sont prêts

... ~ ...

à

aller au bout de leur pensée. Les 1 ibéraux ~érés n' o~ent pas proclamer

....

lI1e doctrine - le libéralisme - qui pourrait leur nuire. ~ fait,les libé-raux IOOdérés ont tendance à s'approcher des conservateurs,

à

JOOsure que le

(28)

temps avance, et à s' éloi'gner des Rouges. D'ailleurs le groupe conservateur s'appelle: libéral-conservateur.

Les Rouges, qUI, du point de vue idéologique et parlementaire, aVé,lient joué un rôle important au sein du groupe libéral avant la Confédéra-tion,,_perdront cette influence après 1867.

L'histoire du partI l~béral peut s'Interpréter dans le sèns de la

, , 1

déradicalisation dU'parJi et de ses idées. Cette déradicalisation commence avant la Confédération alors que l'influence des Rouges diminue, et après la Confédération lorsque ceux-ci deviennent minoritaires au sein du parti libéral.

C'est dans ce sens qu'il faut interpréter le "parti national" de LOuis Jetté en 1871-72. Ce ''parti natlOnal" est tme réaction au progranme

\.

l

catholique rédigé en 1871 par un groupe d'ultramontains. Ce programme est un manifeste dirigé contre les libéraux, contre le libéralisme et conseille de voter pour les conservateurs qui protègent les intérêts nationaux des Canadiens français,Z9 Alors que la réaction des Rouges aurait été de

pro-, .

tester contre un manifeste qui prône l'intervention cléricale en pg]itique

"

et la primauté de l'EglIse sur l'Etat, quelques jetmes lIbéraux et natio-nalistes tentent de transformer le parti lib~ral en tm parti national de façon

à

éviter'les foudres conservatrices. Ce mouvement est créé en vue

"

des élections fédérales de l87Z'et non pas provinciales. Le parti natio-nal est un mouvement nationatio-naliste au sein du parti libéral et il sera ab-sorbé par le parti en

l87~.30

Un seul des candidats, Louis Jetté, réussi-ra

à

se faire élire en 1872. Lorsque les libéraux prendront le pouvoir à Ottawa en 1874, ils ne nommeront aucun représentant de ce parti national au

(29)

_

...

\

sein du cabinet.

Le parti national de Louis Jetté est me étape de déradicalisation du parti libéral.

En

effet, l'influence des Rouges diminue encore plus c~r

les chefs ~ouges sont remplacés par des libéraux comme Louis Jetté et Honoré

Mercier~ qui ont été choisis

à

caus~'de leurs bonnes relations avec le

cler-gé.

L'affaire Guibord peut être considérée comme me autre étape de dé-radIcalisation du parti libéral. Même si les libéraux gagnèrent leur pro-cès, et obligèrent. la fabrIque de la paroisse Notre-Dame ~ enterrer le , corps de Joseph Guibord, ancien membre de l'Institut Canadien, dans le

cime-tière de la paroisse, il n'en reste pas moips que la lutte livrée au clergé de la part des anciens Rouges était très mal vue de Ta part de la popula-tion. 31 (

Le discours de Wilfrid Laurier en 1877 est me autre preuve que le

parti libéral se déradicalise. Le libéralIsme affinné par Lauri,er n'est plus

le libéralisme pur, le libéralisme prônant la séparation de l'Eglise et de l'Etat, ni même le libéralisme européen, mais tout simplement le libéralisme anglais sans aucm appel à des changements radIcaux.

L'histoire du journal La Patrie s'inscrit dans ce grand IOOuvement de déradicalisation du parti libéral. Même si sous la direction d'Honoré Beaugrand le journal cannaît quelques soubresauts de radicalisme, sa vente

l

en 1897, comme le parti libéral. à IsraMl Tarte,

prouve bien que le journal n'est' plus radical, tout

'1

.r''''l~, ... i l

,1

(30)

.

"

~

1. F. Mauro, Le XVIe siècle européen, aspects économiques, Paris, P.U.F., 1970, pp. 252 §s.

2. P. Léon, Economies et sociétés préindustrie11es, 1650-1780, Paris, \ Annand Colin, (c. 1970), pp. 243 ss .

.

3. Ibid. , PP.' 248 ss.' -4.

s.

6. 7. 8. 9. 10. , Il. 12. 13. 14. 15. 16. 17. 18.

F. Ponteil, Les classes

~~~--y--.~~----~~--~~--~~~~~~~~~

Paris, Albin 1 e ,

evo-1ution de 1 'hlUJlaIlité".

R.R. Palmer, Colton J., A Histo~ of 1'-bdern World, TIÜrd edition, New York, A.A. Khopf, 1965, pp. 432- 3.

Ibid.

Jean-Paul Bernard, Les Roufes libéralisme, nationalisme et anticlérica-lisme au milieu du XIXe si cIe, MOntréal, P.U.Q., 1971, p.

13.

F.

-x.

Garneau, Histoire du, Qmada,.. 8e éd., Tome VII, ~tontréa1, Ed. de

l'Arbre, 1945, p.

18.

'

1...,

Lionel Groulx, Histoire du Canada français, Tome II, ~kmtréa1, Fides, 1960, pp. 158, 106.

lb id. , p. l09 .

F. -X. Garneau-, Histoire du Canada, 8e éd., Tome VIII, p. 149. Lionel Groul~, Histoire du Canada françâis, Tome I~, p. 125.

Fernand OUellet, Histoire économique et sociale dU Québec 1760-1850, Montréal, Fides, 1966, pp. 313-314. • ....

Fernand Ouellet, Histoire économique ( ... ), p. 378.

F.-X. Garneau, Histoire du Canada, 8e éd., Tome

IX,

p. 59. Fernand OUellet, Histoire économique ( •.. ), p. 427.

Thomas Olapais, Cours d' his toire - du Canada, Tome II l, Québec, Garneau, 1921, pp. 245, 249, 253.

Jacques r.blet, The Last Cannon Shot: A Study of French Canadian Nation-alism 1837-1850, Toronto, Uriiverslty of Toronto Press, (c. 1969), pp.

(31)

19. 20. 21. 22. 23. 24. 25. 26.

2i.

28. 29. 30. 31.

J.-P. Bernatd, Les Rouges ( ... ), p. 62. Ibid. , p. 70.

Ibid. , pp. 71-72. Ibld. , p. 73.

Ibid. , pp. 120, 150, 223, 239. Ibid. , pp. 220, 450.

Susan Robertson, The Cultural

London, University 0 sS., p.

de maîtnse.

Ibid., p. 459. Les résultats de 1867 tiennent compte des élections fé-dérales et provinciales.

Il faut dire que les partls politiques, tel que nous les connaissons, n'existaient pas alors; il faut parler de groupes politlques. Cf.: Paul G. Come 11 , The Ali~nt 'pf Political Groups in Canada, 1841-1867, Toronto, llJÜversl tY6f TOronto Press, 1962, pp. 82-83.'

J.-P. Bernard, Les Rouges C ••• ), pp. 48,53,61, 73.

André Lavallée, "20 avril 1871: Un programme électoral catholique", in A. Desbiens, Une expérience tricentenaire, ~ntréa1, Ed. de Samte-~~rie, 1967, pp.

117

55.

Y.-F.

Zoltvany, Les libéraux du

~~~~~r-~~----~~~~--~--

__

~~--~~~

Mason Wade, Les Canadiens frantais de 1760 à nos jours, T. l, (?-kmtréa1) , Le Cercle du Livre de France,

1966),

p.

384 .

(32)

..

œAPITRE II

L'HISTOIRE DE LA PATRIE

Aperçu général

(,

La Patrie est un journal JOOntréalais fondé en févrIer 1879 par Ho-noré.Beaugrand, avec l'appui financier du sénateur libéral Rosaire Thi-baudeau.l Le journal est reconnu comme un journal libéral, radical et anti-clérical. ~n~on Wade rappelle qu'il a été fondé par un radl~l rouge et qu'un de ses journalistes~ glorifIe la France républicaine bien connue pour

'1/ l' 2

son antIc erIca Isme. Pour sa part, l'historien Robert Rumilly ne manque pas de souligner que le journal montréalais cherche à "répandre les thèses radicales,,3 et que son fondateur est un franc-maçon. De plus, en se basant sur les articles du journal de Beaugrand, on p~ut ajouter que le journal se

< veut de la tradition des anciens journaux libéraux-rouges, tels que L'Avenir

et Le Pa~s.

La PatrIe est un joulnal politIque militant. En plus, des articles de politique canadienne et québécoise, il contient quelquefoIs des articles

.

..

de politique internationale. Mais ce n'est pas tout: il contient aussi beaucoup d'annonces commerciales et fait paraître assez régulIèrement des romans-feuilletons.

La Patrie est lm. quotidien, qui, aendant les vingt ans que nous

avons étudiés, aura en lOOyenne quatre pages. Les éditions du samedi auront environ une dizaine de pages, de même que les éditions spéciales.

(33)

,

.

. 18 Sut ce total de quatre pages, la poiltique canadlenne et québécoise est éVlderronent le sujet princIpal qui occupe environ une page ou une page et demie, parfois deux. En octobre 1884, La Patrie, dans un désIr d'Lmiter les journaux français, annonce que ses nouvelles politiques occuperont la - premIète page. Ce changement est effectif à partir du 1er novembre de la

même mmée.

La publicatIon quotIdIenne d'un roman est aUSSI importante que les nouvelles politiques canadIennes. En effet, le roman-feuIlleton occupe une bonne demI-page, souvent en page frontispIce. Il semble que le roman-feuil-leton soit très lu, parce qu'il est annoncé longtemps à l'avance. Parfois,

4

Il occupera presque un tiers de la page.

Ces textes sont appelés romans ou romanS-feuilletons, mais plusieurs d'entre eux sont des contes. Les plus connus sont "La chasse-galerie" et "Jeanne la fileuse". 5 Ces deux textes sont d' Honoré Beaugrand qui les a-vait fait paraître auparavant. "Jeanne la fileuse" raconte 1 'histoire d'une CanadIenne françaIse qui a émIgré en Nouvelle-Angleterre. On y voit beau-coup de faits précis sur les conditions de vie de ces Canadiens, et l'auteur, selon son désir, a voulu rester près des faits. "La chasse-galerie" tient beaucoup plus du conte que de la descrIption de la réalité. L'auteur y ra-conte cette merveIlleuse aventure de huit bûcherons qui acceptent un pacte le diable, afin de voyager dans" les airs, par canot, pour rejoindre leurs

~1""~,,,

bien-aimées pendant le temps des fêtes de No~l. Comme les conditions du

~

pacte ne sont pas entièrement observées, il leur arrive

ru

petit accident. Ces romans ne révèlent en aucune façon la tendance politique du journal .

.

(34)

.,

que très rarement en page frontispIce; la plupart du temps on les retrouve

à la troisIème et à la quatrième page. Au total, elles occupent un mInimum d'une page, et souvent, une page et demIe. Dans ces pages, Il y a pluSIeurs annonces de cigares, de vêtements et surtout de pilules et de sirop. De plus, on peut y retrouver des avis de faIllite, des encans, des avis de dé-ménagement.

Les nouvelles internatIonales occupent un mln~ de deux colonnes. Leur forme générale consiste en de petits paragraplles différents les uns des autres. Elles sont très rarement commentées; SI elles le sont, c'est

par une série d'artIcles qui analysent la sItuation, surto4t à la mort d'un grand polItiClen étranger. En général, on parle plus souvent de la France que de la Grande-Bretagne.

Les nouvelles locales occupent une place plus importante que les nouvelles InternatIonales, même si elles apparaissent gértér~lement en pre-mlère page. Fn 1885, sous ~a rubrique "Courrier", on retrouve les potins de la ville. Une autre rubrique, "Chronique de Montréal", contient de peti-tes nouvelles très brèves au sujet des accidents, du carnaval; on y annonce la guérison de personnes ainsi que des ventes spéCIales de vêtements en ~e ou deux lIgnes. Les nouvelles locales parlent a~Sl de décès et de grèves.

Fn l89b, on voit apparaître,

à

la fin de l'été, des nouvelles sportives, où l'on utilise un vocabulaire anglais: inning, home, etc ...

En résumé, la politique canadienne et les annonces commerciales oc -cupent chacune environ une page Q.U une page et demIe, le roman et les

nouvel-les locanouvel-les occupent chacun une demi-page, nouvel-les nouvelnouvel-les internationanouvel-les deux colonnes.

(35)

"-, 20

La Patrie a publié des édItions spéciales à l'oc~asion des anniver-saires du Journal, du carnaval et surtout des fêtes nationales. Ces numé-ros comportaIent une dIzaine de pages et les photos'occupèrent la majeure

r partie de l'e~pace aux dépens du texte.

; t:

C'est amsi qu'en 1885, le J,ournal publie un numéro spécial illustré à l'occasion du carnaval de ~bntréal. Il publie la photo des principaux monuments de glace de la, ville. Le 24 juin 1884, à l'occasIon d? la jour-née de la fête de la SaLnt-Jean-Baptlstc, La Patrle publIe son édition or-

..

dinalTe et un supplément spécIal IlluS'tré. On Y trouve les photos du per-sonnel complet de

La

PatrIe en plus de l'édlflce du jou~al.

Le Journal faIt

un

usage très Irrégulier de la photo. Au début de 1883, on y voit la photo de Gambetta alors que celle"d'Alexandre III, empe-reur de Russle, est apparue en avril 18'81. Ces deux photos mdiquent déjà la tendance polItIque de La PatrIe. Ces photos ressemblent plus à des cari-catures qu'à nos photos modernes.

En

avril 1883; La PatrIe publie sa première chanson avec paroles et muSIque. C'est une chanson amoureuse qui

a

pour titre: "Rose, souviens-toi". Fn 1889, le journal lance un concours où i l faut devmer la popula-tion de

~bntréal.~

Enfin, en mai 1894, on y voit la caricature de R.

Préfon-\

.

taine, journalIste à La Patrie.

Au début de son histoire La Patrie semble n'avoir qu'une seule édi-tian. Dès le 29 mars 1879, le quotidien annonce qu'il aura une édition du midi pour les régions éloignées, et une autre édition à quatre heures de l'après-midi. En septembre 1879, il confirme cette affirmation en écrivant qu'il a deux éditions: une

à

midi et l'autre à cinq heures du soir. Nous

(36)

21 n'avons pu trouver d'autres informatIons concernant les éditions quotldien-nes de La Patrie.

Quant au fonnat du Journal, 11 Y eut de nombreux changements au début de l'histoire de La PatrIe, pour ensuite se stabiliser pendant

pr/s-que vingt ans. Ces changements n'ont aucune cause apparente, et on ne(les

justIfie pas. Comme nous l'avons déjà dIt, La Patrie changea de format le 24 février, le 17 mars, le 21 avril et le 29 septembre de sa première année. ,.

Au mOlS de janvier 1881, le journal a un format de huit colonnes, mais il est plus petIt de quatre pouces dans le sens de la hauteur; Il abandonne cette caractérIstique au mois de mars de la même année. A notre

connalS-~

sance, le seul autre dlangement impo~tant, après 1881, fut le retour à sept colonnes en septembre 1887.

Dès le jour de sa fondation, La PatrIe se vend un sou. Un abonne-ment annuel coûte quatre dollars; semi-annue1, deux doll~rs et r?ur trois

lOCHS, un dollar. Lors de la tentative de création du/ ]'ourna1 Le Sou en

l/

1883, La Patrie devient journal du matin et se vend fieux sous comme les

;'

autres journaux du matin, à ce qu'il dit.

En mai 1884, le~ournal annonce qu'il a une librairie, et en 1889, au mois de novembre, il écrit qu'il a~ra un bureau

à

Québec, où l'on fera

,

la correspondance et la rédaction. La Patrie sera alors envoyée à Québec par express et distribuée par des porteurs, selon ses dires.

En 1889 et 1890, il affirme que ses affaires vont très bien. Deux années auparavant, il avait fait l'acquisition d'une nouvelle machine à

iJl1Jrirner et

à

p~ier 15, 000 n~ros par heure. fu 1890, i l révèle qu'il n'a

~. \ ~ ~

pas un sou de dettes, et que le président et le caissier dev la Banque du

(37)

Y'

(

)

.

, 6

Peuple peuvent confinner ce fait.

La fondatIon du journal

La PatrIe, avons-nous dit, est dans la tradition des journaux 1ibé-raux-rouges, du moins le prétend-il, et le public semble y croire. En 1879, il succède au 'journal libéral Le National, qUI lui-même remplaçait Le payr en 1871-72.

Samedi, le 22 févrIer 1879, Le National, journal libéral de la ré-gIon de ~bntréal, cesse de paraître par SUIte de dIfficultés financières. Il avait été fondé en 1872 par J. -N. Bienvenu, avocat, qui sera ensui te co .. directeur et rédacteur à La Patne, ct par N. LaframboIse, qUl perdit

$30,000 à la suite de la dispantion du NatIonal. Le partI lIbéral se trouve alors sans journal pour répandre ses idées dans la régIon de Mont-réal, ce q~I semble extrêmement grave pour l'époque. Cependant, dès le lundi SUIvant, apparaît un autre journal lIbéral, La Patrie; la vitesse avec laquelle on a procédé pour faIre paraître un autre journal témoi-gne de l'urgence de la situation. Comme le soulItémoi-gne F. Langelier, à l'oc-caSIon du trOIsième anniversaire de

La

Patrie:

o

Ce rôle prépondérant de la presse explique en grande partie la faiblesse du parti libéral dans la province

de Québec, et les difficultés qu'il y ,rencontre. Nous avons besoin d'avoir l'opinion publique avec nous; nos idées ne peuvent pénétrer chez le peuple que par la presse, et nous n'avons presque pas de journaux. Notre population n'est pas encore rendue à ce degré d'instruction qui pennet d'apprécier l'importance du journal et les services

qu'il peut rendre. Beaucoup de ceux qui savent lire croi-raient gaspiller leur argent en payant pour un journal.

; " l

Cela n'embarrasse pas nos adversaireip car ils disposent du pouvoir et du patronage~ ils savenn rançonner les en-trepreneurs publics au profit de leur presse. Ils peu-vent donc facilement inonder le pays de .l~urs journaux en

Figure

TABLE  DES  MATIERES

Références

Documents relatifs

 dans certains proverbes Ex : Patience et longueur de temps font plus que force ni

Exceptions : des pneus, des bleus Les noms terminés par ou ont leur pluriel en

Exceptions : bail, émail, corail, soupirail, travail, vitrail, vantail font leur pluriel en aux. Les noms terminés par x, s ou z ne changent pas au pluriel

Car, comme vous le pensez bien, pour réussir en ce pays, il importe avant tout de savoir baragouiner quelques mots d’américain ou même quelques mots d’anglais.. – J’ai profité

Évaluation de sciences, leçon SCIENCES3 « La circulation sanguine » Tu dois répondre directement sur ton cahier (sauf pour l’exercice 3).. 1 – Réponds

Ce projet a fait l’objet d’un projet « supplémentaire » avec des volontaires hors temps scolaire en plus des cours, TD et projets des BTS Bâtiment 2 ème année auxquels

Partout dans le monde, des associations de personnes vivant avec le VIH/SIDA ont aussi montré l’exemple en créant des programmes plus que nécessaires pour lutter contre l’épidémie

À tel point que je me suis attaquée – cette fois encore pour mon plaisir personnel – à ce roman magniique qu’est Histoire avant que, quelques années après, une