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Revue Médicale Suisse–
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14 novembre 2012actualité, info
lu pour vous
Coordination : Dr Jean Perdrix, PMU (Jean.Perdrix@hospvd.ch)
Traitement antidépresseur et accidents de la route
Des chercheurs français ont analysé la pres- cription de traitement antidépresseur de 72 685 conducteurs impliqués dans des ac- cidents de la route entre juillet 2005 et mai 2008. Les données de l’assurance-maladie et des rapports de police ont été croisées grâce au numéro d’identification de chaque assuré. Les médicaments prescrits ont été comparés entre les 34 896 conducteurs considérés comme responsables de l’acci- dent et ceux considérés comme non respon- sables (37 789). Cette analyse de responsa- bilité a montré une association entre la prescription d’antidépresseurs et le risque d’accident (OR ajusté 1,34 ; IC 95% : 1,22- 1,47). Le risque a été ajusté pour plusieurs facteurs, en particulier le taux d’alcool et la sévérité des lésions. Dans le but de distinguer entre l’effet de la maladie et celui des médi- caments, une analyse a été effectuée en comparant l’effet des médicaments pendant une période juste avant l’accident à celle d’une période plus ancienne (analyse de type «case- crossover»). En analysant l’effet à court terme d’une exposition (antidépresseurs), l’influen ce de la maladie (dépression) est annulée.
2936 conducteurs (4%), comprenant 1321 hommes et 1615 femmes, avaient une pres- cription d’au moins un antidépresseur le jour de l’accident. Cette analyse a montré l’absen ce d’augmentation du risque avec les médica- ments antidépresseurs (0,96 ; IC 95% : 0,88- 1,05) quelle que soit la classe d’antidépres- seurs utilisée, mais par contre une augmentation du risque de 49% (IC 95% : 24-79) à l’instauration du traitement et de 32% (IC 95% : 9-60) au changement d’anti- dépresseurs.
Commentaire : Même si l’adhérence des patients à la prescription médicamenteuse n’est pas connue, cette étude montre que l’augmentation du risque dans l’analyse de responsabilité est due avant tout à trois fac- teurs : l’instauration ou la modification du traitement antidépresseur et les symptômes dépressifs. Ainsi, le traitement antidépres- seur au long cours en lui-même n’aurait pas d’impact défavorable. Considérant le devoir d’information, il paraît important d’avertir son patient du risque pour la conduite pendant les premières semaines suivant l’instauration ou le changement d’un traitement antidépres- seur.
Dr Bernard Favrat Policlinique médicale universitaire de Lausanne et Centre universitaire romand de médecine légale Orriols L, et al. Risk of injurious road traffic crash after prescription of antidepressants. J Clin Psy- chiatry 2012;73:1088-94.
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