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Evolution de la pardonnabilité avec l'âge : influence de facteurs personnels et propres à la transgression

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Master

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Evolution de la pardonnabilité avec l'âge : influence de facteurs personnels et propres à la transgression

GOULAKOS, Constance

Abstract

La « pardonnabilité », ou tendance à pardonner une transgression commise, est un facteur important dans les relations interpersonnelles. L'objectif de notre étude est de préciser quelles sont les variables liées à la personne juge de la situation et à la transgression en soi qui influencent la pardonnabilité, et comment ces facteurs évoluent avec l'âge. Pour ce faire, 90 participants – 30 jeunes adultes (M = 27 ans, ET = 5.22), 30 adultes d'âge moyen (M = 51 ans, ET = 5.86), et 30 adultes âgés (M = 68 ans, ET = 7.79) ont jugé le degré de pardonnabilité de 36 transgressions proposées sous forme de vignettes. Les analyses montrent trois résultats principaux : (1) le mensonge est le type de transgression jugée la moins pardonnable, du point de vue de la victime dans sa forme la plus sévère, et ayant une conséquence physique ; (2) les adultes d'âge moyen pardonnent le plus ; et (3) les dimensions émotionnelles influençant la pardonnabilité diffèrent selon l'âge. Ces résultats suggèrent que l'évolution de la pardonnabilité avec l'âge est davantage influencée par les facteurs personnels [...]

GOULAKOS, Constance. Evolution de la pardonnabilité avec l'âge : influence de facteurs personnels et propres à la transgression. Master : Univ. Genève, 2009

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:3499

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Mémoire de Master

en Psychologie du Développement

Evolution de la Pardonnabilité avec l’âge :

influence de facteurs personnels et propres à la transgression

Constance Goulakos

Professeur responsable & membre du jury: Gisela Labouvie-Vief Jury : Catherine Ludwig et Anne-Laure Gilet

Juin 2009

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TABLE DES MATIERES

RESUME ... 3

I. INTRODUCTION ... 4

I.1. Définition de la Pardonnabilité ... 4

I.2. L’évolution de la Pardonnabilité avec l’âge ... 5

I.2.1. Les différences d’âge selon La Théorie Dynamique de l’Intégration ... 5

I.3. Le lien Gravité-Pardonnabilité ... 6

I.3.1. La gravité selon la « Terror Management Theory » ... 6

I.3.2. La saillance de la mort influence la pardonnabilité ... 7

I.3.3. Le jugement selon la « Socio-Emotional Selectivity theory » ... 7

I.4. Les facteurs qui influencent la Pardonnabilité ... 8

I.4.1. Les facteurs personnels ... 8

I.4.2. Les facteurs propres à la transgression... 12

I.5. La problématique ... 13

II. METHODE ... 14

II.1. Etude préliminaire ... 14

II.1.1. Participants ... 14

II.1.2. Procédure... 14

II.1.3. Construction des vignettes du questionnaire PAAV ... 14

II.2. Expérience principale ... 15

II.2.1. Participants ... 15

II.2.2. Matériel ... 16

II.3. Procédure expérimentale ... 19

III. ANALYSE ... 20

III.1. Etude de la validité empirique du PAAV ... 20

III.2. Évolution de la Pardonnabilité et de la gravité avec l’âge ... 20

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III.3. Analyse des facteurs propres à la transgression influençant la Pardonnabilité et la

gravité ... 20

III.4. Analyse des facteurs personnels influençant la Pardonnabilité et la gravité ... 20

IV. RESULTATS ... 21

IV.1. Etude de la validité empirique du PAAV ... 21

IV.2. Evolution de la Pardonnabilité et de la gravité avec l’âge ... 22

IV.3. Analyse des facteurs propres à la transgression influençant la Pardonnabilité et la Gravité ... 23

IV.3.1. Résultats communs à la pardonnabilité et à la gravité ... 23

IV.3.2. Effets spécifiques au jugement de la gravité ... 26

IV.4. Analyse des facteurs personnels influençant la Pardonnabilité et la Gravité ... 26

V. DISCUSSION ... 28

VI. CONCLUSION ... 37

VII.BIBLIOGRAPHIE ... 38

VIII. ANNEXES ... 44

VIII.1. Annexe A : Questionnaire de l’étude préliminaire ... 44

VIII.2. Annexe B : Questionnaire PAAV ... 45

VIII.3. Annexe C : Moral Transgression Scale (Maxfield et al., 2007) ... 59

VIII.4. Annexe D : Validité empirique par groupe d’âge ... 65

VIII.5. Annexe E : ANOVA des facteurs propres à la transgression pour la gravité . 66 VIII.6. Annexe F : ANOVA des facteurs propres à la transgression influençant la pardonnabilité. ... 68

VIII.7. Annexe G : Corrélations des facteurs personnels par groupe d’âge ... 70

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RESUME

La « pardonnabilité », ou tendance à pardonner une transgression commise, est un facteur important dans les relations interpersonnelles. L’objectif de notre étude est de préciser quelles sont les variables liées à la personne juge de la situation et à la transgression en soi qui influencent la pardonnabilité, et comment ces facteurs évoluent avec l’âge. Pour ce faire, 90 participants – 30 jeunes adultes (M = 27 ans, ET = 5.22), 30 adultes d’âge moyen (M = 51 ans, ET = 5.86), et 30 adultes âgés (M = 68 ans, ET = 7.79) – ont jugé le degré de pardonnabilité de 36 transgressions proposées sous forme de vignettes. Les analyses montrent trois résultats principaux : (1) le mensonge est le type de transgression jugée la moins pardonnable, du point de vue de la victime dans sa forme la plus sévère, et ayant une conséquence physique ; (2) les adultes d’âge moyen pardonnent le plus ; et (3) les dimensions émotionnelles influençant la pardonnabilité diffèrent selon l’âge. Ces résultats suggèrent que l’évolution de la pardonnabilité avec l’âge est davantage influencée par les facteurs personnels que par les facteurs propres la transgression.

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I. ITRODUCTIO

La « pardonnabilité » est un terme que nous avons adopté pour comprendre la perspective d’une personne vis-à-vis de sa volonté de pardonner une transgression commise. Cette étude se propose de déterminer dans quelle mesure la pardonnabilité est influencée par des facteurs personnels et propres à la situation. Les relations interpersonnelles influencent indirectement tous les aspects de notre vie quotidienne et de nombreux chercheurs se sont investis dans cette thématique afin d’investiguer ce qui module la pardonnabilité au sein des ces relations. La littérature tend à démontrer que les gens qui pardonnent ont un meilleur bien-être tant physique que psychologique (Cheng &

Yim, 2008). En effet, la pardonnabilité a un rôle dans le maintien de relations interpersonnelles saines, étant donné la composante pro-sociale de la pardonnabilité (Fincham, Beach & Davila, 2004 ; McCullough, Worthington, & Rachal, 1997). Suite à une transgression interpersonnelle, plusieurs facteurs personnels et situationnels vont moduler la tendance à pardonner dans une situation donnée (Cheng & Yim, 2008). En effet, il semblerait que la volonté de pardonner est une caractéristique des individus qui ont un bon fonctionnement cognitif, affectif et comportemental (Enright et al., 1991). En vue des différences personnelles et développementales dans la tendance à pardonner, nous aimerions observer l’évolution de la pardonnabilité avec l’âge. Nous voudrions également savoir s’il y a un lien avec la gravité d’une transgression et la volonté de pardonner. De plus, nous nous intéresserons aux facteurs personnels qui pourraient prédire la tendance à pardonner, et ce que ceci engendrerait. Nous prendrons en compte également les facteurs propres à la transgression afin d’évaluer quels aspects influencent la pardonnabilité et le jugement de la gravité.

I.1. Définition de la Pardonnabilité

La pardonnabilité est une suite de changements motivationnels pro-sociaux qui prennent place lorsqu’un individu commet une transgression. Selon McCullough (2001), lorsqu’un individu pardonne, ses motivations pour faire du mal à son transgresseur sont réduites, et par conséquent, il est poussé à se comporter d’une manière qui augmente la qualité de ses relations interpersonnelles. Lorsqu’une personne pardonne, toute motivation d’évitement ou de vengeance est réduite de manière manifeste ou couverte (McCullough, Bellah, Kilpatrick, & Johnson, 2001). La victime d’une transgression

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bénéficie du degré de pardonnabilité du transgresseur et réoriente alors ses émotions, pensées et/ou actions (Wade & Worthington, 2005). La pardonnabilité est donc le passage de la volonté de se venger, à la volonté de rétablir la relation avec la personne blessée (McCullough et al., 2001 ; Girard & Mullet, 1997).

I.2. L’évolution de la Pardonnabilité avec l’âge

Dans cette étude, nous nous sommes intéressés à mettre en évidence l’évolution de la pardonnabilité avec l’âge. Plusieurs études démontrent que les adultes âgés (plus de 60ans) sont perçus comme étant plus sages, ayant acquis plus d’expériences et auraient donc une plus forte tendance à pardonner (Allemand, 2008 ; Gauché, Mullet, &

Chasseigne, 2005 ; Girard & Mullet, 1997; Lawler-Row & Piferi, 2006 ; Mullet, Houdbine, Laumonier, & Girard, 1998; Toussaint, Williams, Musick, & Everson, 2001).

Selon Allemand (2008), ceci explique que ces derniers sont plus capables de gérer des transgressions et des problèmes quotidiens dans le domaine interpersonnel. En effet, l’étude de Gauché et al. (2005) s’oriente comme celle de Girard et Mullet (1997). Ces derniers démontrent que la volonté de pardonner est plus faible pour les adultes d’âge moyen comparé aux jeunes adultes et aux adultes âgés. A l’opposé, certaines études démontrent plutôt que des adolescents pardonnent moins que leurs parents d’âge moyen (Subkoviak et al., 1995; Mullet et al., 1998). Sachant que l’âge est une variable qui joue un rôle important dans la pardonnabilité, nous cherchons à voir dans quelle mesure les différences d’âge modulent la tendance à pardonner.

I.2.1. Les différences d’âge selon La Théorie Dynamique de l’Intégration

La théorie émotionnelle de l’intégration dynamique de Labouvie-Vief et Gonzalez (2004) aide à clarifier le lien entre l’augmentation de la pardonnabilité et l’évolution de l’âge. Selon Labouvie-Vief (2003), la régulation émotionnelle s’améliore avec l’âge car il y a un meilleur équilibre des affects positifs comparés aux affects négatifs. Selon cet auteur, afin de maintenir une bonne régulation émotionnelle, il est impératif d’optimiser le bien-être individuel, d’avoir des bonnes capacités de différenciation et de bien gérer la complexité afin de différencier ses émotions et coordonner ses sentiments avec ceux de son entourage. Une telle intégration est possible lorsque l’activation émotionnelle est modérée, et décline lors d’activation trop forte. Toutefois, la capacité d’intégration augmente entre l’adolescence et l’âge adulte et diminue par la suite. La théorie de l’intégration dynamique suggère que cette diminution à l’âge avancée mène à des

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processus compensatoires qui compromettent l’intégration, car il y a plus de limitations ainsi que de moins bonnes stratégies de régulation (Labouvie-Vief, 2003). En effet, les adultes âgés montrent les niveaux les plus élevés d’affects positifs et les plus bas d’affects négatifs, alors qu’on remarque le pattern inverse chez les jeunes adultes. Selon Labouvie- Vief (2003), l’affect négatif serait corrélé avec le fonctionnement cognitif et ceci car le traitement d’expériences négatives est plus exigeant au niveau cognitif (Labouvie-Vief, 2003). Cette théorie démontre qu’en vieillissant, les personnes âgées ont moins de ressources cognitives et de capacités d’intégration, et vont par conséquent éviter les émotions négatives et mettre plus d’emphase sur les émotions positives afin de maintenir un bon niveau de fonctionnement (Labouvie-Vief & Medler, 2002). En effet, la pardonnabilité implique une réorientation de ses émotions et la théorie de l’intégration dynamique démontre que ceci se fait également avec l’âge.

I.3. Le lien Gravité-Pardonnabilité

La gravité est en lien avec la pardonnabilité. En effet, lorsque les conséquences d’une transgression sont plus sévères, alors la transgression est jugée moins pardonnable (Girard & Mullet, 1997 ; Gauché et al., 2005).

I.3.1. La gravité selon la « Terror Management Theory »

La perception de la gravité évolue avec l’âge. Il ressort que les personnes âgées pardonnent plus facilement. En effet, toute transgression leur semble moins grave et donc plus facilement pardonnable. Pour étayer ces propos, il existe la « Terror Management Theory » (TMT) de Greenberg, Pyszczynski et Solomon (1986), qui affirme que le comportement humain est influencé par le fait d’être conscient de l’inéluctabilité de la mort et son acceptation permettrait ainsi de réduire certaines angoisses de l’individu face à la mort. En effet, l’individu pourrait atténuer sa terreur vis-à-vis de la mort en adhérant à des croyances culturelles (Florian & Mikulincer, 1997 ; Maxfield et al., 2007). Toute culture (ensemble de croyances) impose des standards de comportements à tout individu.

Ce dernier doit suivre ces règles (standards) afin de se sentir à l’aise dans son environnement. Si tel est le cas, alors il aura une meilleure estime de soi et ainsi il acceptera plus facilement l’inéluctabilité de sa mort, par exemple. Encore faut-il que ces individus soient convaincus de ces croyances culturelles afin de développer une estime de soi qui leur permet d’adhérer aux standards culturels. Ainsi, l’approche de la « mort » chez les personnes âgées engendrerait une alliance entre les individus partageant les

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mêmes croyances culturelles. Ceci s’explique facilement par le fait que les standards imposés par la culture sont communs à un même groupe de personnes qui les partagent.

(Florian & Mikulincer, 1997 ; Maxfield et al., 2007 ). D’ailleurs, Schimel, Wohl et Williams (2006) ont relevé dans leur étude que des rappels de mortalité provoquent une réaction négative envers des individus ainsi que des pensées qui sont opposées à leurs croyances culturelles. Par conséquent, nous avons cherché à mettre en évidence le lien entre le jugement de la gravité d’une transgression et la pardonnabilité dans cette recherche.

I.3.2. La saillance de la mort influence la pardonnabilité

La littérature relève d’autres instances où la saillance de la mort joue un rôle prédominant dans le jugement de la pardonnabilité. Notamment, dans l’étude de Florian et Mikulincer (1997), les participants jugent des transgressions morales interpersonnelles provenant de la « Moral Transgression Scale » (MTS ; Maxfield et al., 2007). Pour chacune des 20 transgressions qui évoquent la saillance de la mort, le participant doit juger la sévérité de la transgression ainsi que la sévérité de la punition devant être imposé à l’auteur de la transgression. Les résultats de cette étude démontrent que les jeunes adultes jugent toujours plus sévèrement une transgression suite à l’évocation de la mortalité par rapport aux adultes âgés, jugeant de la même façon lorsque la saillance de la mortalité est induite ou pas (Florian & Mikulincer, 1997). Cette étude confirme que les adultes âgés diffèrent des jeunes adultes par rapport au jugement d’une transgression, lors de rappels de leur mortalité.

I.3.3. Le jugement selon la « Socio-Emotional Selectivity theory »

Les différences entre les tendances des jeunes adultes et des adultes âgés peuvent également être mis en lien avec la « Theory of Socioemotional Selectivity » (SES ; théorie socio-émotionnelle sélective) de Carstensen, Isaacowitz et Charles (1999). Selon ces auteurs, la théorie stipule que l’inéluctabilité de la mort et son acceptation a des implications importantes pour nos vies émotionnelles et sociales. La théorie prédit des changements motivationnels au cours de la vie, comme par exemple pourquoi les adultes âgés poursuivent des buts émotionnels et sociaux qui diffèrent des jeunes adultes. Etant donné que chaque individu se rend compte, soit consciemment ou pas, du temps qu’il lui reste à vivre, ces limites temporelles vont diriger l’attention de la personne envers les aspects les plus significatifs de leur vie (Allemand, 2008). Ces postulats peuvent être

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associés au fait que d’après la théorie de l’intégration dynamique de Labouvie-Vief et Gonzalez (2004), les adultes plus âgés vont compenser leur déclin cognitif en optimisant leurs affects positifs. De ce fait, les adultes âgés auront plus tendance à pardonner. En effet, étant donné que l’âge chronologique est inévitablement lié au temps de vie restant, la SES stipule que la régulation des états émotionnels devient une priorité avec l’âge (Allemand, 2008), d’où ils auraient plus tendance à pardonner.

I.4. Les facteurs qui influencent la Pardonnabilité

I.4.1. Les facteurs personnels

La personnalité est un concept qui regroupe les qualifications d’un individu ; c’est l’ensemble des comportements qui constitue l’individualité d’une personne, une composante stable de la personne (Cattell, 1956). En effet, la personnalité est un autre facteur qui influence la tendance à pardonner (McCullough, 2001). Le modèle du Big Five de Costa et McCrae (1992; Cattell, 1956) présente cinq traits centraux de la personnalité : (1) ouverture à l’expérience ; (2) caractère consciencieux ; (3) extraversion ; (4) caractère agréable ou agréabilité ; et (5) névrosisme ou neuroticisme.

Ceux-ci aident à determiner la relation entre la personnalité et la pardonnabilité (Ashton, Paunonen, Helmes, & Jackson, 1998). Selon eux, les individus qui démontrent des scores plus élevés sur le trait « névrosisme ou neuroticisme » auront plus tendance à ruminer et démontreront moins de pardonnabilité, versus ceux qui ont des scores plus élevés sur le versant de la « stabilité émotionnelle » qui pardonneraient plus (Ashton et al., 1998; Neto, 2007 ; Walker & Gorsuch, 2002). Dans un second temps, ils prédisent que les individus qui ont un « caractère agréable » démontreront une association positive avec la pardonnabilité. Un lien doit aussi être établi entre l’altruisme et ces facteurs d’agréabilité et de stabilité émotionnelle: la tendance à pardonner suscite un degré de stabilité émotionnelle et d’empathie, et par conséquent, une diminution de la volonté de se venger (Ashton et al., 1998). En somme, ces auteurs démontrent qu’il y a une tendance positive vers la pardonnabilité lorsque les individus ont plus d’ « agréabilité » et manquent de

« neuroticisme ». Vu que les individus altruistes veulent préserver leurs relations interpersonnelles, il est donc naturel d’observer un tel lien.

L’empathie, phénomène affectif, est la capacité de ressentir l’état émotionnel d’autrui et se caractérise principalement par la compassion, la sympathie ainsi que la tendresse (McCullough, 2001). Pour Wade et Worthington (2005), il s’agit de la capacité

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de comprendre et d’établir un rapport avec les expériences d’autrui. En établissant une relation avec le transgresseur, l’empathie permet à la victime de réduire ses affects négatifs et d’augmenter ses affects positifs.

Plusieurs facteurs psychologiques entrent en jeu lorsqu’un individu pardonne.

Pour McCullough (2001), l’empathie ressentie envers le transgresseur favorise la pardonnabilité, alors que les ruminations par rapport à la transgression vont entraver la pardonnabilité. Pour ce dernier, la pardonnabilité est une caractéristique des personnes qui ont un « caractère agréable » et qui ont une « stabilité émotionnelle » élevée.

Dans notre étude, nous allons nous intéresser à l’empathie, un facteur captivant car il est lié à d’autres aspects personnels que nous aborderons au cours de cette étude comme la capacité de prendre la perspective d’autrui ainsi que l’attachement. D’ailleurs, la capacité d’empathie est influencée par l’âge. Selon la théorie d’Erikson (1963, cité dans Maxfield et al., 2007), les adultes âgés atteignent une période de vie caractérisée par une croissance de la sagesse, de la générativité et de la capacité de différenciation entre soi et autre (Labouvie-Vief, 2003). Par conséquent, ces derniers développent une meilleure capacité d’empathie et démontrent plus de pardonnabilité. Selon Weiner (1993), nos émotions ainsi que notre perception des situations ont tendance à influencer notre jugement. En effet, la théorie de l’attribution de Weiner (1991) démontre que l’empathie n’est pas suffisante pour engendrer la pardonnabilité, mais qu’il faut également considérer la perception de la responsabilité personnelle (Weiner, 1993). Toutefois, McCullough (2001) démontre que l’empathie envers le transgresseur est fortement corrélée avec la tendance à pardonner. En effet, McCullough et al. (1997) ont démontré que l’empathie envers le transgresseur est la condition primaire qui mène à la pardonnabilité. Des facteurs situationnels, personnels et relationnels influencent le développement de l’empathie ; comme par exemple si le transgresseur s’excuse suite à une transgression et selon la sévérité de l’offense. Ces auteurs considèrent l’empathie comme étant une condition facilitatrice qui permet de surmonter la tendance primaire de répondre de façon destructive suite à une offense interpersonnelle importante.

Batson et Shaw (1991) suggèrent que la capacité de prendre la perspective d’autrui serait une composante cognitive pertinente pour comprendre le développement de l’empathie. Hodgson et Wertheim (2007) stipulent que la prise de perspective, un processus cognitif orienté envers autrui, est la capacité de considérer la perspective de

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l’autre avant de juger prédira la tendance à pardonner. Pour Kohlberg (1976, cité dans Batson et al., 2003), la prise de perspective est une composante intégrale dans son analyse cognitivo-développementale de la moralité; les jugements moraux impliquent une prise de perspective. Afin d’agir moralement, l’individu doit d’abord se mettre à la place de l’autre pour pouvoir juger les intérêts et les désirs de ce dernier (Batson et al., 2003). En effet, une étude de Konstam, Chernoff et Denevey (2001) confirme que la prise de perspective est une forme d’empathie, un indice efficace de la pardonnabilité dans un échantillon d’étudiants universitaires.

La capacité de prendre la perspective d’autrui est aussi liée à une meilleure capacité de gérer ses propres émotions (Hodgson et Wertheim, 2007). Selon Mayer et Salovey (1997, cités dans Rizkalla, Wertheim et Hodgson, 2008), la conscience de ses propres sentiments (l’intelligence émotionnelle) facilite la prise de perspective et est à la base de la régulation de ses émotions, ce qui favorise la pardonnabilité. L’étude de Hodgson et Wertheim (2007) confirme qu’une intelligence émotionnelle plus élevée engendrera une plus forte disposition à pardonner. Macolm et Greenburg (2000) suggèrent que la conscience ainsi que la capacité de réparer ses propres émotions permettent à l’individu de prendre la perspective d’autrui. Similairement, les résultats de l’étude de Rizkalla et al. (2008) ont démontré que les individus avec une plus forte tendance à pardonner sont plus capables de prendre la perspective d’autrui. Nous allons donc examiner à quel point l’identification à l’auteur d’une transgression mènerait à la pardonnabilité, et inversément, comment l’identification à la victime entraverait la volonté de pardonner.

L’empathie est intrinsèquement lié à l’attachement (Batson & Shaw, 1991), par son implication dans le fonctionnement émotionnel (Ashton et al., 1998 ; Walker &

Gorsuch, 2002). Lorsqu’il y a une base d’attachement très forte envers l’autre, il y a plus de probabilité de pouvoir adopter sa perspective, un pré-requis pour le développement de l’empathie. La force de l’attachement va donc déterminer le degré de l’empathie ressentie envers l’autre (Batson & Shaw, 1991). Une base d’attachement positive permet alors le développement de l’empathie, de la prise de perspective et favorise la pardonnabilité (McCullough et al., 1997).

Selon Bowlby (1969), la théorie de l’attachement conceptualise le besoin humain primaire de créer des liens affectueux. Pour cet auteur, le comportement d’attachement

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caractérise les humains de la naissance à la mort. L’attachement peut être considéré comme étant une tendance à se rapprocher d’autrui et de se sentir « sécure » en présence de cette personne (Brennan, Clark, & Shaver, 1998). Toutefois, malgré une dynamique commune sous-jacente, les expériences sociales individuelles de chacun vont mener à des styles d’attachement divers (Hazan & Shaver, 1987). Bowlby (1969) cite que les enfants construisent des modèles de travail internes d’eux-mêmes et de leurs partenaires d’interaction (Hazan & Shaver, 1987). De façon globale, toutes les catégorisations de l’attachement sont centrées sur des modèles internes du soi, de l’autre, et de la qualité perçue (positive ou négative) quant aux dimensions d’anxiété et d’évitement (Bartholomew & Horowitz, 1991). D’après Bartholomew et Horowitz (1991), il y a quatre styles d’attachement possible sur la base de la combinaison de ces deux dimensions: sécure (modèle positif du soi et d’autrui), ambivalent ou résistant (modèle négatif du soi et modèle positif d’autrui), évitant (modèle négatif du soi et d’autrui) et désorganisé/désorienté (modèle positif du soi et modèle négatif d’autrui). Cette catégorisation permet de comprendre et d’organiser les différences dans le concept de soi et le fonctionnement interpersonnel de l’individu. Dans notre étude, nous aborderons l’attachement en termes de dimensions afin d’établir des liens avec la pardonnabilité.

Selon Labouvie-Vief et Medler (2002), l’attachement implique la coordination des affects positifs et négatifs dans la représentation de la réalité de l’individu. L’attachement est une variable stable de tous les individus. La théorie de l’attachement permet de comprendre la motivation personnelle durant des moments de détresse (face à une transgression interpersonnelle ; Burnette, Taylor, Worthington, & Forsyth, 2007). Un nombre de facteurs sont impliqués dans cette théorie tels que l’empathie et la régulation des émotions, et tous deux impliquant des changements psychologiques centrés sur le soi et autrui (le transgresseur; Burnette et al., 2007). Les individus moins anxieux et moins évitants, donc dotés d’un attachements « sécure », ont alors une meilleure capacité de prendre la perspective d’autrui et de gérer leurs émotions (McCullough et al., 1997;

Paleari, Regalia, & Fincham, 2005). Selon plusieurs études (McCullough et al., 2001;

McCullough, Fincham, & Tsang, 2003), il y a un consensus qui démontre que les individus peu anxieux et peu évitants partagent plusieurs caractéristiques de ceux qui ont une plus forte tendance à pardonner, notamment la régulation de soi, l’empathie ainsi que l’agréabilité. A contrario, les individus avec une plus faible volonté à pardonner démontrent plus d’affects émotionnellement et comportementalement négatifs, tout

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comme les individus qui démontrent de l’anxiété, de l’évitement, ou une combinaison de ces deux dimensions (McCullough et al., 2001; McCullough et al., 2003). En intégrant la théorie de l’attachement avec la pardonnabilité, Burnette et al. (2007) suggèrent que suite à une transgression interpersonnelle, les personnes anxieux et qui évitent auront plus tendance à ruminer, et auront moins de volonté à pardonner.

Relevons également que la littérature suggère que les individus qui se considèrent comme religieux ont plus tendance à pardonner (McCullough et Worthington, 1999) et que les individus qui ruminent plus par rapport à la transgression sont moins inclinées à pardonner, car elles ont plus d’affects négatifs et de pensées intrusives (McCullough, 2001).

I.4.2. Les facteurs propres à la transgression

Selon Girard et Mullet (1997), la pardonnabilité dépend également de facteurs situationnels, c’est-à-dire propres à la transgression.

Girard et Mullet (1997) stipulent que la transgression en soi, notamment la sévérité des conséquences, influencera la pardonnabilité. En effet, lorsque la sévérité des conséquences n’est pas élevée, la transgression aura plus tendance à être pardonnée (Girard & Mullet, 1997). Le jugement de la sévérité d’une transgression est en lien avec la distance temporelle (McCullough et al., 2003 ; Wohl & McGrath, 2007). Une transgression plus sévère aura des conséquences sur une longue durée, parfois irréversibles, et donc moins pardonnable.

La pardonnabilité est également influencée par les conséquences engendrées par la transgression (Girard & Mullet, 1997). Lorsque les conséquences de la transgression sont plus durables, la victime aura une tendance élevée à se protéger de son transgresseur (McCullough et al., 2003). Les études démontrent qu’il y a une plus forte tendance à pardonner lorsqu’il n’y a pas de volonté de nuire, si l’auteur de la transgression s’excuse et lorsque les conséquences de la transgression sont annulées (Mullet et al., 1998). Les résultats de ces derniers confirment que l’annulation des conséquences de la transgression est le facteur décisif dans le jugement de la pardonnabilité, alors que les excuses présentées ont plus de poids du point de vue normatif. D’ailleurs, Mullet et al. (1998) stipulent qu’il y aurait une plus grande tendance à pardonner s’il n’y avait pas de volonté de faire du mal (absence d’intentionnalité) et si le transgresseur s’excuse suite à la

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transgression. En effet, lorsque moins de responsabilité est attribuée envers une trangression commise, la pardonnabilité augmente. Ainsi le transgresseur assigne moins d’intentionnalité envers la transgression et il y alors plus de raisons pour pardonner (McCullough et al., 2003).

I.5. La problématique

En somme, la pardonnabilité peut être considérée comme étant un phénomène comportemental, affectif et cognitif complexe par lequel l’affect négatif ainsi que la tendance à juger de façon négative le transgresseur sont réduits et remplacés par des affects positifs (McCullough & Worthington, 1995). Toutefois, comme les questionnaires existants dans la littérature (i.e. MTS de Maxfield et al., 1007) ne permettent pas d’étudier le lien entre la pardonnabilité et la gravité directement, nous avons crée un questionnaire les mettant en relation. Le but de ce questionnaire étant de définir la relation entre la gravité et la pardonnabilité ainsi que son évolution avec l’âge, nous nous sommes basées sur la littérature afin de relever quels facteurs importants étaient à considérer.

Afin d’évaluer plus précisément la tendance à pardonner, nous allons nous intéresser spécifiquement dans cette étude aux facteurs qui ressortent le plus dans la littérature. Dans la littérature, nous avons relevé divers facteurs personnels qui influencent la pardonnabilité. Notamment, Girard et Mullet (1997) suggèrent qu’avec l’âge, les personnes démontreront une plus grande volonté à pardonner. Comme la littérature suggère que l’empathie est un catalyseur de la pardonnabilité (McCullough, 2001), nous nous attendons à ce que les sujets plus empathiques démontrent une plus grande tendance à pardonner. De plus, Batson et collaborateurs (2003) suggèrent que l’empathie facilite la prise de perspective, ainsi nous posons l’hypothèse que non seulement les individus plus empathiques auraient plus de volonté à pardonner, mais aussi qu’ils pourront plus facilement prendre la perspective de l’auteur de la transgression, ce qui engendrera davantage la pardonnabilité. Nous nous attendons également à ce qu’il y ait un lien avec les dimensions de l’attachement et la volonté de pardonner, notamment que les individus qui démontrent un score plus élevé en anxiété-trait auront, selon nos hypothèses, une plus faible tendance à pardonner (Hebl & Enright, 1993).

(16)

II. METHODE

II.1. Etude préliminaire

Cette étude avait pour but de nous permettre de trouver les thèmes nécessaires à la construction des vignettes du questionnaire Pardonnabilité, Age, Auteur, Victime (PAAV). Le but étant de relever les thèmes ressortant le plus souvent grâce à une analyse qualitative.

II.1.1. Participants

Nous avons recruté 82 participants, 16 hommes ayant entre 18 et 40 ans (M = 24.06, ET = 7.13) et 66 femmes, ayant entre 18 et 40 ans (M = 21.09, ET = 7.13) dans un cours de première année de psychologie afin d’obtenir les thèmes de nos transgressions.

II.1.2. Procédure

Nous leur avons demandé de formuler des transgressions pour sept niveaux de gravité, le niveau 1 correspond à une transgression peu grave alors que le niveau 7 correspond à une transgression très grave : «Pour chaque « point » de cette échelle de sévérité allant de 1 pas du tout sévère à 7 très sévère, nous vous demandons de lister au moins 3 transgressions. » (voir annexe A, page 44). Nous avons effectué une analyse qualitative par niveau de gravité, ce qui nous a permis de relever les types de transgression les plus fréquents dans chacun des sept niveaux. Nous avons ensuite repris les thématiques ressortant le plus constamment dans chacun de ces niveaux : le vol, le mensonge et la violence. Etant donné que la plupart des participants n’ont pas rempli chacun des sept niveaux de gravité, nous avons décidé de diminuer leur nombre à trois, en les regroupant. Les niveaux de gravité 1 et 2 sont devenus le niveau d’intensité 1 ; les niveaux 3, 4 et 5 sont devenus le niveau 2 et finalement les niveaux 6 et 7 sont devenus le niveau 3.

II.1.3. Construction des vignettes du questionnaire PAAV

En se basant sur ces trois types de transgressions, nous avons construit 36 vignettes, 12 pour chacune des thématiques. Les vignettes comprennent quatre à six lignes décrivant la transgression (étant de l’un des trois types) et ayant chaque fois deux acteurs principaux : la victime et l’auteur. Pour chaque transgression, nous avons fait

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varier plusieurs facteurs : le type de transgression (violence, mensonge, vol), l’intensité de la sévérité (faiblement, moyennement, extrêmement sévère), la conséquence (psychologique, physique), ainsi que la prise de perspective (auteur, victime).

Chaque vignette a été construite sur le même schéma : contexte, événement et conséquence. Puis chacune des histoires a été mise sous les deux perspectives. En ce qui concerne la vignette du point de vue de l’auteur, il y a une phrase supplémentaire justifiant brièvement la cause de son comportement, afin de susciter l’empathie du lecteur.

Etant donné que nos sujets appartiennent à trois groupes d’âge différents, nous avons contrôlé qu’il y ait un même nombre de vignettes s’adressant aux jeunes adultes (six) et aux adultes âgées (six), les restantes étant neutres (24) par rapport à l’âge. Ce contre-balancement a été fait en évoquant des situations avec des personnages jeunes ou âgés et pour les vignettes neutres la situation est applicable tant à un jeune adulte qu’à un adulte âgé (voir annexe B, page 45).

II.2. Expérience principale

II.2.1. Participants

Nous avons recruté 90 individus tout-venant dans une population francophone (45 hommes, 45 femmes), répartis en trois groupes d’âge. Le premier groupe (30 participants), les jeunes adultes ayant entre 20 et 39 ans, est composé de 14 femmes (M = 25.66, ET = 4.28) et 16 hommes (M = 21.62, ET = 5.70). Le second groupe (30 participants), les adultes d’âge moyen ayant de 40 à 59 ans, est composé de 15 femmes (M = 51.29, ET = 5.25) et de 15 hommes (M = 50.45, ET = 6.57). Le troisième groupe (30 participants), les adultes âgés, ayant de 61 à 89 ans, est composé de 16 femmes (M = 68.56, ET = 8.69) et 14 hommes (M = 68.41, ET = 6.94). Tous les participants vivaient à la maison (voir Tableau I).

Les participants ont rempli un questionnaire démographique permettant de catégoriser l’échantillon. Celui-ci rapporte des informations concernant l’âge, le sexe, la langue maternelle, l’éducation, la vie professionnelle, l’état de santé, la satisfaction de vie et le bien-être actuel ainsi que le nombre d’enfants.

Ils ont également rempli un questionnaire de dépression permettant d’observer la moyenne de dépression pour chacun des groupes d’âge. Nous avons utilisé la Beck Depression Inventory (BDI-II ; Beck, Steer, & Brown, 1998), qui est un questionnaire

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d’auto-évaluation composé de 21 items créé en se basant sur les critères diagnostiques de la dépression selon le DSM-IV et ayant pour but de dépister les signes de dépression chez des individus à partir de 16 ans. Le participant doit, pour chaque item, choisir l’énoncé parmi quatre énoncés qui décrit le mieux comment il s’est senti au cours des deux dernières semaines.

Chacun des participants a donné son consentement libre et éclairé pour l’expérience après avoir lu les informations sur la recherche.

Tableau I

Catégorisation de l’échantillon selon le groupe d’âge, le sexe, l’éducation ; le bien-être, la satisfaction de vie, la santé générale (sur une échelle de 1 à 7, allant de peu satisfaisant à très satisfaisant pour les trois variables précédentes) et la dépression (BDI- II, allant de 0 à 63).

Jeunes adultes Adultes d’âge moyen Adultes âgés

N 30 30 30

Âge 27.24 (5.22) 50.87 (5.86) 68.49 (7.79)

% femmes 47% 50% 53%

Education 17.17 (3.21) 13.83 (5.53) 12.86 (2.89)

Bien-être 5.63 (0.10) 5.57 (1.48) 5.73 (1.36)

Satisfaction de vie 5.80 (0.81) 5.83 (0.95) 5.67 (1.06)

Santé générale 5.47 (1.28) 5.37 (1.43) 5.20 (1.52)

Dépression 7.13 (4.73) 6.07 (5.73) 7.33 (4.93)

4ote. Les cellules représentent les moyennes et les écarts-types entre parenthèses. BDI-II (Beck et al., 1998).

II.2.2. Matériel

II.2.2.1. Questionnaires

Questionnaire Pardonnabilité, âge, auteur, victime (PAAV)

Afin d’éviter tout effet d’ordre, nous avons contre-balancé les 36 vignettes en cinq ordres. Les participants ont évalué chacune des vignettes sur deux échelles : la gravité ainsi que la pardonnabilité. Les jugements se sont fait sur une échelle de Lickert allant de 1 peu grave/pardonnable à 7 très grave/pardonnable. Il est également demandé au sujet de développer son raisonnement sous chacune de ses réponses pour les 2 échelles : « A

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quel point trouvez-vous cette situation grave ? Veuillez développer votre raisonnement. » et « A quel point trouvez-vous cette situation pardonnable ? Veuillez développer votre raisonnement. » (voir annexe B, page 45).

« Moral Transgression Scale » (MTS ; Maxfield et al., 2007)

Nous avons utilisé la Moral Transgression Scale (MTS ; Maxfield et al., 2007), il s’agit de dix vignettes comportant des transgressions personnelles que nous avons traduites en français depuis la version anglaise utilisée par Maxfield et al. (2007). Notre traduction a été à nouveau transposée en anglais, afin que sa qualité puisse être comparée à celle des vignettes de base utilisées par Maxfield et al. (2007). Chacune de ces dix vignettes a été jugée sur deux niveaux : la sévérité de la transgression et la sévérité de la punition. Pour chaque niveau, l’évaluation est faite sur une échelle de Lickert allant de 1 extrêmement mineur à 15 une des pires choses qu’une personne puisse faire et de 1 pas de punition à 15 la punition la plus sévère possible.

Le jugement de la sévérité de la punition et de la pardonnabilité peuvent être considérés comme des termes opposés, ceci car la vengeance (punition) est considérée par McCullough et al., (2001) comme étant opposée à la pardonnabilité. Nous avons utilisé ce questionnaire afin de pouvoir comparer nos résultats à d’autres déjà existant dans la littérature et ainsi vérifier la validité empirique de notre questionnaire (voir annexe C, page 59).

II.2.2.2. Mesures personnelles

Par ailleurs, nous avons utilisé quatre tests afin d’évaluer les variables personnelles : l’attachement dans une relation intime, l’empathie, l’anxiété, ainsi que les affects positifs et négatifs.

L’Experiences in close relationships (ECR ; Saraglou, Kempeneers, &

Seynhaeve, 2003): est composé de 36 items qui mesurent l’attachement adulte sur deux dimensions, l’évitement (ou inconfort avec la proximité et la dépendance par rapport à autrui) et l’anxiété (peur du rejet et de l’abandon). Les résultats retrouvés par Brennan et al. (1998) démontrent que les dimensions sont plus précises que les catégories, c’est pour cela que nous allons utiliser les dimensions pour nos analyses. L’anxiété peut être mise en lien avec le « modèle du soi » de et l’évitement avec le « modèle de l’autre » (Bartholomew & Horowitz, 1991). Ces deux dimensions peuvent également être utilisées pour classifier les individus dans une des quatre catégories d’attachement romantique

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adulte. La fidélité de ce test est de .90 ou plus pour chacune des échelles et elles ont une consistance interne élevée. La personne doit évaluer comment elle se comporte en général dans une relation intime sur une échelle de Lickert allant de 1 pas du tout d’accord à 7 tout à fait d’accord.

L’ Interpersonal reactivity index (IRI ; Davis, 1983), est un test qui aborde quatre aspects distincts de l’empathie. Les 28 items de ce questionnaire auto-administré sont répartis en quatre sous-échelles de sept items chacune. La sous-échelle du Perspective Taking évalue la capacité à adopter le point de vue de l’autre; la Fantasy évalue la capacité à s’imaginer dans le rôle de personnages fictifs provenant d’un livre, d’un film ou du théâtre; l’ Empathic Concern évalue la capacité à éprouver des émotions orientées vers l’autre lorsqu’il se retrouve dans une situation désagréable; et le Personal distress évalue la capacité à éprouver des émotions orientées vers soi lors d’anxiété dans les relations interpersonnelles. La personne doit évaluer ses pensées et sentiments dans diverses situations sur une échelle de Lickert allant de 1 pas du tout comme moi à 7 tout à fait comme moi.

Nous avons également utilisé deux questionnaires permettant d’évaluer le fonctionnement émotionnel de nos sujets :

La State-Trait Anxiety Inventory (STAI-T ; Spielberger, Gorsuch, Lushene, Vagg,

& Jacobs, 1983) est une échelle qui évalue ce que la personne ressent en « général » au niveau de l’anxiété en 20 items. La personne doit juger à quelle fréquence elle ressent ce qui est proposé dans chacun des 20 items sur une échelle de Lickert allant de 1 presque jamais à 4 presque toujours. La STAI-T a une fidélité test-retest allant de .82 à .94.

Le Positive and 4egative Affect Schedule (PANAS ; Gaudreau & Bondin, 2004), est une mesure subjective des affects positifs et négatifs de l’individu. D’après les études faites par Watson et Tellegen (1985) ainsi que par Watson, Wiese, Vaidya et Tellegen (1999) concernant les émotions positives et négatives, deux dimensions majeures regroupent la totalité des émotions qu’une personne peut ressentir: les affects positifs ainsi que les affects négatifs. Leur théorie est basée sur le circumplex de Russell (1980), selon lequel il y a deux dimensions générales, l’ « agréabilité » versus la

« désagréabilité » et l’« activation ». Il est demandé aux participants d’évaluer à quelle fréquence sont apparues, au cours de la dernière année, 10 émotions positives et 10 émotions négatives sur une échelle de Lickert allant de 1 très peu/jamais à 7 énormément/souvent.

(21)

II.3. Procédure expérimentale

L’expérimentateur était présent durant la passation d’une durée d’environ 1h30 qui se déroulait dans un lieu calme.

Afin de neutraliser les effets d’ordre au sein des quatre échelles de mesures personnelles, nous avons élaboré deux versions dispositions différentes pour celles-ci, la version A et B. Finalement, le PAAV, la MTS (Maxfield et al., 2007), le questionnaire démographique et une des deux version des questionnaires de mesures personnelles ont été distribués en cinq ordres randomisés afin de contrôler les effets d’ordre au sein de la totalité des questionnaires.

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III. AALYSE

Nous avons calculé un indice moyen de pardonnabilité (P) et un indice moyen de gravité (G) afin de pouvoir comparer les résultats.

III.1. Etude de la validité empirique du PAAV

Nous avons effectué une analyse corrélationnelle afin de voir quel est le lien entre la pardonnabilité et la gravité d’après les indices moyens. Nous avons observé les liens entre l’indice moyen de pardonnabilité et l’indice moyen de gravité, et les scores de sévérité et de sévérité de la punition de la MTS (Maxfield et al., 2007). Ceci afin de pouvoir valider notre questionnaire PAAV grâce à une échelle existant dans la littérature.

III.2. Évolution de la Pardonnabilité et de la gravité avec l’âge

Nous avons effectué des t-tests afin de comparer les indices moyens de pardonnabilité et de gravité en fonction des groupes d’âge.

III.3. Analyse des facteurs propres à la transgression influençant la Pardonnabilité et la gravité

Nous avons effectué une ANOVA à mesures répétées à plusieurs facteurs intrasujets (le type, l’intensité, la conséquence et la perspective) et un facteur intersujets (l’âge), afin de voir l’influence de ces quatre facteurs sur l’évolution de la pardonnalibilité et de la gravité avec l’âge. Pour cela nous avons également utilisé les indices moyens de pardonnabilité et de gravité.

III.4. Analyse des facteurs personnels influençant la Pardonnabilité et la gravité

Nous avons effectué une analyse corrélationnelle afin de déterminer les liens entre les variables personnelles (ECR, IRI, STAI-T, PANAS) et les indices moyens de pardonnabilité et de gravité.

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IV. RESULTATS

IV.1. Etude de la validité empirique du PAAV

Afin d’étudier la validité de notre questionnaire nous avons effectué une analyse corrélationnelle entre les indices moyens de sévérité et de sévérité de la punition de la MTS (Maxfield et al., 2007) et les indices moyens de pardonnabilité et de gravité du questionnaire PAAV. Cette analyse nous a permis de relever une corrélation positive entre le jugement de la sévérité d’une transgression et la sévérité de la punition : plus c’est jugé sévère, plus la sévérité de la punition est élevée, r (90) = .89, p < .05, ceci pour les groupes 1, 2 et 3, r (30) = .82, p < .05, r (30) = .92, p < .05, r (30) = .94, p < .05, respectivement. De plus, une corrélation positive existe entre le jugement de la sévérité sur la MTS (Maxfield et al., 2007) et l’indice moyen de gravité pour le PAAV, r (90) = .51, p < .05 (voir Tableau II). Cela est valable pour le groupe 1, et 2, r (30) = .68, p < .05 et r (30) = .64, p < .05, respectivement. Il y a également une corrélation positive significative entre la sévérité de la punition selon la MTS (Maxfield et al., 2007) et l’indice moyen de gravité du PAAV, r (90) = .44, p < .05. Ceci pour les groupes 1 et 2, r (30) = .51, p < .05 et r (30) = .62, p < .05, respectivement. Il y a une corrélation négative de la sévérité sur la MTS (Maxfield et al., 2007) et l’indice moyen de pardonnabilité du PAAV, r (90) = -.29, p < .05. Cela uniquement pour le groupe 1, r (30) = -.48, p < .05. Il y a une corrélation négative entre la sévérité de la punition pour la MTS (Maxfield et al., 2007) et l’indice moyen de pardonnabilité du PAAV r (90) = -.34, p < .05. Ceci pour les groupes 1 et 2, r (30) = -.41, p < .05 et r (30) = -.47, p < .05, respectivement (voir annexe D, page 65).

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Tableau II

Corrélations des scores globaux de sévérité et sévérité de la punition pour la MTS et de pardonnabilité (P) et gravité (G) pour PAAV pour l’ensemble des sujets (4 = 90)

4ote. MTS (Maxfield et al., 2007).

IV.2. Evolution de la Pardonnabilité et de la gravité avec l’âge

Nous avons effectué des t-tests afin de voir les différences entre les scores moyens de pardonnabilité et de gravité. Pour les scores moyens de gravité en fonction du groupe d’âge il n’y a aucune différence significative (tous les t sont inférieurs à 1.57, p > .12).

Pour le score moyen de pardonnabilité, il y a une différence significative entre le groupe des jeunes adultes (groupe 1) (M = 3.75, ET = .61) et le groupe des adultes d’âge moyens qui pardonnent plus (groupe 2) (M = 4.15, ET = .92), t (58) = -2.01, p < .05. Bien qu’il n’y ait pas de différence significative entre le groupe 2 et le groupe des adultes âgés, ces derniers ont tendance à moins pardonner (groupe 3) (M = 3.78, ET = .59), t (58) = 1.85, p

= .07. Il n’y a pas de différence significative entre les groupes 1 et 3 (voir Figure 1), t (58)

= -.24, p = .81.

Nous avons également effectué une analyse corrélationnelle entre l’indice moyen de pardonnabilité et l’indice moyen de gravité du questionnaire PAAV qui nous a permis de constater que plus une transgression est jugée grave, moins elle est jugée pardonnable r (90) = -.59, p < .05. Ceci pour les trois groupes d’âge, groupe 1 : r (30) = -.63, p < .05 ; groupe 2 : r (30) = -.46 ; groupe 3 : p < .05 et r (30) = -.77, p < .05 .

1 2 3 4

1. Sévérité — .89* .51* -.29*

2. Sévérité de

la punition — .44* -.34*

3. Indice moyen G — -.59*

4. Indice moyen P —

(25)

Figure 1 : Scores moyens de gravité et pardonnabilité en fonction du groupe d’âge.

IV.3. Analyse des facteurs propres à la transgression influençant la Pardonnabilité et la Gravité

Nous avons effectué deux ANOVA à mesures répétées, l’une pour la pardonnabilité et l’autre pour la gravité. La structure de chacune de ces ANOVA est la suivante : l’âge (de 20 à 39 ans, de 40 à 59 ans et de 60 à 89 ans) en variable intersujets, et quatre variables intrasujets : le type (violence, mensonge, vol), l’intensité (1, 2, 3), la conséquence (psychologique et physique) et la perspective (auteur, victime). Nous avons effectué des analyses post-hoc utilisant un test de Scheffé, afin de comparer les différences au sein d’un même facteur. Comme il est possible de voir dans l’analyse corrélationnelle, les indices moyens de gravité et de pardonnabilité corrèlent négativement (r (90) = -.59, p < .05). Nous allons donc présenter les effets et interactions communs à ces deux variables en parallèle (ANOVA pour la gravité voir Annexe E, page 66 ; ANOVA pour la pardonnabilité voir Annexe F, page 68)

IV.3.1. Résultats communs à la pardonnabilité et à la gravité

La triple interaction Type x Intensité x Conséquence x Perspective est significative pour la gravité et la pardonnabilité, F (4, 340) = 10.94, p < .001) et F (4, 340) = 6.85, p <

3.00 3.50 4.00 4.50 5.00 5.50

jeunes adultes adultes moyens adultes âgés

Scores moyens de Gravité et de Pardonnabilité en fonction du groupe d'âge

Score moyen G Score moyen P

*

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.001, respectivement, nous allons donc la détailler. Il y a un effet principale du Type pour la gravité et la pardonnabilité, F (2, 170) = 75.79, p < .001 et F (2, 170) = 55.96, p < .001, respectivement, ce qui nous permet de constater que le mensonge est jugé plus grave et moins pardonnable que la violence qui elle-même est jugée plus grave et moins pardonnable que le vol (voir Figure 2). Cet effet du Type est modulé par la Perspective et l’Intensité, puisqu’il y a une double interaction significative Type x Intensité x Perspective pour la gravité et la pardonnabilité, F (4, 340) = 8.62, p < .001 et F (4, 340) = 7.71, p < .001, respectivement. L’interaction Type x Perspective est significative pour la gravité ainsi que la pardonnabilité, F (2, 170) = 10.72, p < .001 et F (2, 170) = 9.47, p <

.001, respectivement. Cet effet du Type est valable dans la Perspective victime, c’est-à- dire que le mensonge est jugé plus grave et moins pardonnable que la violence et le vol (qui eux sont jugés de la même façon). En ce qui concerne la Perspective de l’auteur, le vol est jugé le moins grave et le plus pardonnable, tandis que la violence et le mensonge ne diffèrent pas significativement (voir Figure 3). L’interaction Type x Intensité est significative pour la gravité et la pardonnabilité, F (4, 340) = 15.76, p < .001 et F (4, 340)

= 17.19, p < .001, respectivement. Il y a donc un effet du type pour l’Intensité 3, le mensonge est jugé le plus grave et le moins pardonnable. Pour l’intensité 2, le mensonge est jugé plus grave et moins pardonnable uniquement par rapport au vol (voir Figure 4).

Il y a également une interaction significative Intensité x Perspective pour la gravité et la pardonnabilité, F = (2, 170) = 13.59, p < .001 et F (2, 170) = 10.28, p < .001, respectivement, ce qui nous permet de constater que pour l’intensité 3, une transgression est jugée moins grave et plus pardonnable de la Perspective de l’auteur que de celle de la victime.

L’interaction Conséquence x Perspective est significative pour la gravité et la pardonnabilité, F (1, 85) = 27.34, p < .001 et F (1, 85) = 32.57, p < .001, respectivement, lorsque la Conséquence est psychologique, les vignettes de la Perspective de l’auteur sont jugées plus graves et moins pardonnables. Contrairement lorsque la Conséquence est physique, ce sont les vignettes de la Perspective de la victime qui sont jugées plus graves et moins pardonnables. De plus les transgressions avec une Conséquence physique de la Perspective de la victime sont toujours jugées plus graves et moins pardonnables que les transgressions avec une Conséquence psychologique. La double interaction Type x Conséquence x Perspective est significative pour la gravité et la pardonnabilité, F (2, 170)

= 7.80, p < .001 et F (2, 170) = 7.91, p < .001, respectivement. La double interaction Type x Intensité x Conséquence pour la gravité et la pardonnabilité, F (4, 340) = 11.63, p

(27)

< .001 et F (4, 340) = 12.01, p < .001, respectivement, est significative. De plus, la double interaction Intensité x Conséquence x Perspective est significative pour la gravité et la pardonnabilité, F (2, 170) = 7.16, p < .001 et F (4, 340) = 7.71, p < .001, respectivement.

Figure 2: Effet du Type sur le jugement de la pardonnabilité.

Figure 3 : Effet de l’interaction Type x Perspective sur la pardonnabilité.

Violence Mensonge Vol

Type 2.6

2.8 3.0 3.2 3.4 3.6 3.8 4.0 4.2 4.4 4.6 4.8 5.0

Pardonnabilit

P. auteur

P. victime

Violence Mensonge Vol

TYPE 2.6

2.8 3.0 3.2 3.4 3.6 3.8 4.0 4.2 4.4 4.6 4.8 5.0

Pardonnabilit

(28)

Figure 4 : Effet de l’interaction Type x Intensité sur la pardonnabilité. Effets spécifiques au jugement de la gravité

L’effet principal de la Conséquence est significatif pour la gravité, F (1, 85) = 6.73, p < .01, la Conséquence physique est jugée plus grave que la Conséquence psychologique. La double interaction Intensité x Conséquence x Perspective est significative, F (2, 170) = 7.16, p < .001, de la perspective de la victime, en Conséquence physique et en Intensité 3, la transgression est toujours jugée plus grave que les transgressions ayant une Conséquence psychologique, à n’importe quel niveau de gravité.

Aucun effet spécifique au jugement de pardonnabilité.

IV.4. Analyse des facteurs personnels influençant la Pardonnabilité et la Gravité

Afin d’étudier la relation entre le jugement des indices moyens G et P et les variables personnelles (STAI-T, l’ECR, l’IRI, le PANAS et la BDI-II), nous avons fait une analyse corrélationnelle par groupe d’âge, et avons relevé certaines variations d’un groupe à l’autre. En effet, pour le groupe des jeunes adultes, la sous-échelle de l’ECR,

« Evitement » corrèle négativement avec l’Indice Moyen G, r (30) = -.47. De plus les

« Affects positifs » du PANAS corrèlent positivement avec l’Indice Moyen G, r (30) = .44, p < .05. Dans ce groupe, on note aussi que l’Indice Moyen P corrèle positivement

Peu sv re Moyennement sv re Tr s s v re

Violence Mensonge Vol

TYPE 2.0

2.5 3.0 3.5 4.0 4.5 5.0 5.5

Pardonnabilit

(29)

avec la sous-échelle « Anxiété » de l’ECR, r (30) = .38, p < .05, ainsi qu’avec la partie

« Affects négatifs » du PANAS, r (30) = .40, p < .05.

Pour le groupe des adultes d’âge moyen (N = 30), l’Indice Moyen G corrèle négativement avec la sous-échelle « Evitement » de l’ECR, r (30) = -.50, p < .05, et corrèle positivement avec la sous-échelle « Empathic concern » de l’IRI, r (30) = .44, p <

.05.

Pour le groupe des adultes âgés (N = 30), il y a une corrélation positive entre la sous-échelle « Fantasy» de l’IRI et l’Indice Moyen G, r (30) = .52, p < .05, ainsi qu’une corrélation négative avec l’Indice Moyen P, r (30) = -.36, p < .05. Les corrélations pour chaque groupe d’âge sont présentées dans l’annexe G (page 70).

(30)

V. DISCUSSIO

La pardonnabilité est un concept difficile à mesurer à cause de tous les facteurs qui le composent (Batson et al., 2003 ; Gauché et al., 2005; Girard et Mullet, 1997;

McCullough et al., 1997 ; Mullet et al., 1998; Subkoviak et al., 1995). Dans cette étude, il était proposé que la pardonnabilité serait influencée à la fois par des facteurs personnels et par des facteurs propres à la transgression. Les résultats suggèrent en effet que l’âge module la pardonnabilité, et que selon l’âge du participant, d’autres facteurs personnels influenceraient la volonté de pardonner. Cette étude démontre donc l’importance de considérer plusieurs facteurs afin de déterminer la volonté de pardonner d’un individu.

Dans cette étude, nous avons cherché à mettre en lien la pardonnabilité et la gravité. En effet, nos résultats démontrent une forte corrélation négative entre le jugement de la gravité et la pardonnabilité d’une transgression, r (90) = -.59, p < .05; une transgression jugée plus gravement est moins pardonnable, et une transgression jugée moins gravement est plus pardonnable. Ce lien soutient nos hypothèses, car comme l’ont démontré Girard et Mullet (1997) ainsi que Gauché et al. (2005), la sévérité de la transgression aura un impact sur le jugement subséquent de la pardonnabilité. À cet effet, nous allons nous intéresser principalement à la pardonnabilité, l’objectif étant de regarder l’évolution avec l’âge, tout en gardant à l’esprit la relation négative que ces deux concepts maintiennent.

En analysant les résultats de notre questionnaire PAAV en comparaison avec ceux de la MTS (Maxfield et al., 2007), nous avons pu confirmer la validité de notre outil. En effet, nos résultats démontrent que la pardonnabilité corrèle négativement avec la sévérité de la punition de la MTS (Maxfield et al., 2007) à l’exception du groupe d’adultes âgés, et également avec la sévérité de la MTS (Maxfield et al, 2007) dans le groupe des jeunes adultes. Ces résultats vont dans le sens de nos hypothèses et confirment les liens que nous voulions établir entre les deux dimensions de PAAV et les deux dimensions de la MTS (Maxfield et al., 2007): les participants ont évalué les vignettes des deux questionnaires d’une même manière. Retenons que nos résultats sont comparables à ceux obtenus par Maxfield et al. (2007). De même, à l’instar de Maxfield et al. (2007), nous observons un lien positif entre les deux dimensions de la MTS (Maxfield et al., 2007). Dès lors, nous pouvons constater que le questionnaire PAAV est empiriquement valide.

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Le résultat principal de cette étude démontre que le jugement de la pardonnabilité diffère selon l’âge, et que cette dernière est davantage influencée par les facteurs personnels que par les facteurs inhérents à la situation. En l’occurence, il y a un effet curvilinéaire de l’âge.

En effet, les adultes d’âge moyen pardonnent significativement plus que les jeunes adultes, et les adultes âgés ont une tendance à moins pardonner que les adultes d’âge moyen. L’étude de Subkoviak et al. (1995) confirme nos résultats. En effet, ils ont trouvé que les parents d’âge moyen pardonnent plus que leurs adolescents, qui peuvent être considérés comme étant des jeunes adultes. Nous avons comparé nos groupes d’âge à ceux de Subkoviak et al. (2005) afin de voir s’ils correspondaient. En effet, l’âge moyen du groupe des parents de l’étude de Subkoviak et al (2005) est de 49.6 ans (ET = 9.6) ce qui correspond à notre groupe d’adultes d’âge moyen qui est de 50.87 ans (ET = 5.86). De même, le groupe des jeunes adultes de Subkoviak et al. (2005) ont en moyenne 22.1 ans (ET = 4.7) ce qui correspond à notre groupe de jeunes adultes qui a en moyenne 27.24 ans (ET = 5.22).

Toutefois, contrairement à ce que nous avons observé dans la littérature (Gauché et al., 2005; Girard et Mullet, 1997), les adultes âgés ne pardonnent pas plus que les autres groupes d’âge. Nous pouvons nous référer à la théorie de l’intégration dynamique de Labouvie-Vief (2003) afin d’expliciter nos résultats. Selon cette théorie, les adultes d’âge moyen ont la complexité émotionnelle la plus élevée ; c’est-à-dire que ces derniers ont une meilleure capacité d’intégration des aspects positifs et négatifs d’une situation.

Également, ils sont les plus capables de se mettre à la place d’autrui et de démontrer de l’empathie, ce qui influencerait également leur jugement de pardonnabilité d’une façon positive (Batson et al., 2003 ; McCullough, 2001). En effet, en observant l’évolution des affects avec l’âge, on remarque que les jeunes adultes démontrent plus d’affects négatifs, et que cette tendance s’estompe avec l’âge. Il faut alors se demander pourquoi la majorité des études démontrent que ce sont les adultes âgés qui pardonnent le plus, alors que notre recherche démontre une autre tendance.

Nous avons donc regardé les groupes d’âges de certaines études afin de savoir si ceux-ci pourraient expliquer nos résultats. Effectivement, il est possible que les personnes se trouvant dans le groupe d’adultes âgés dans notre étude soient trop « jeunes ». L’étude de Mullet et al. (1998) démontre que les adultes âgés pardonnent plus que les autres

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