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Rituel pour la présentation des territoires. Un formulaire pré-ptolémaïque de processions des provinces d'Égypte

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Rituel pour la présentation des territoires. Un formulaire pré-ptolémaïque de processions des provinces d'Égypte

GHIRINGHELLI, François

Abstract

La présente étude traite d'un formulaire de processions géographiques dont les différentes attestations sont datées de Shéshonq Ier à Ptolémée XII. Ce formulaire présente la particularité d'être le plus ancien à proposer pour chaque province une notice détaillée mentionnant l'un ou l'autre élément spécifique. Par ailleurs, les légendes se présentent sous une forme tripartite inconnue auparavant, mais commune dans les listes gréco-romaines. Ce formulaire est donc en rupture avec les exemples antérieurs et préfigure les suivants, car ceux- ci se développent et élaborent de nouveaux textes à partir de ce formulaire. Il s'agit donc d'un élément charnière dans l'évolution du genre des processions géographiques.

GHIRINGHELLI, François. Rituel pour la présentation des territoires. Un formulaire

pré-ptolémaïque de processions des provinces d'Égypte. In: Ashmawy, A ; Raue, D. ; von Recklinghausen, D. Von Elephantine bis zu den Küsten des Meeres: Die

Kulttopographie Ägyptens nach den Gauprozessionen der Spätzeit und der frühptolemäischen Epoche. Wiesbaden : Harrassowitz, 2019. p. 71-265

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:126438

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Rituel pour la présentation des territoires

Un formulaire pré-ptolémaïque de processions des provinces d’Égypte

François Ghiringhelli

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À Aurélie

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La présente étude est une version remaniée de mon Mémoire de Master soutenu en juin 2014 à l’Université de Genève. Elle tire son origine d’une note de bas de page d’un article de J. Yoyotte où il présentait une liste de processions géographiques1. Cette recherche a bénéficié de la supervision du Professeur Ph. Collombert dans sa forme première, puis de son soutien indéfectible lors de son remaniement. Ses conseils avisés et ses commentaires érudits ont permis de considérablement améliorer la qualité de cette étude. Qu’il soit le premier à recevoir l’expression de ma profonde gratitude.

Il m’est aussi agréable de remercier D. Lefèvre qui a officié comme juré lors de la soutenance du Mémoire pour ses avis éclairés et sa coutumière précision. Je suis également redevable à Y. Volokhine qui m’a toujours prodigué d’utiles conseils et qui m’a donné le goût de poser toujours plus de questions.

Je voudrais encore adresser mes remerciements aux personnes qui m’ont apporté leur aide au cours de ce travail. À L. Coulon qui m’a ouvert les archives de J. Yoyotte et à tous les collaborateurs du Centre Wladimir Golenischeff qui ont facilité leur consultation. À P. Gallo qui m’a autorisé à utiliser des documents lui appartenant dont une copie est conservée dans les archives de J. Yoyotte. À Chr. Thiers et S. Biston-Moulin qui m’ont accueilli au CFEETK et ont facilité mes vérifications des textes des temples de Karnak. À tous les collaborateurs du département Égypte Ancienne et Soudan du British Museum qui m’ont donné toute liberté pour examiner des reliefs conservés dans leur institution.

Je sais gré à la Faculté des Lettres de l’Université de Genève qui m’a octroyé le prix Marcel Compagnon en Science de l’Antiquité 2014 et à la Société Académique de Genève qui m’a attribué le Fonds Ernest Pronier 2016–2017. C’est grâce à leurs soutiens financiers que différents voyages ont pu être entrepris afin de vérifier nombre de mes lectures.

Cette étude ne serait pas ce qu’elle est sans l’aide des personnes de l’ombre qui l’ont patiemment relue, en tout ou en partie. À Aurélie, Coralie et Noémie, qu’elles en soient chaleureusement remerciées.

Ces remerciements ne sauraient être complets sans évoquer mon épouse qui m’a soutenu au quotidien dans cette entreprise, ainsi que mes parents, famille et amis dont l’appui a été inconditionnel.

1 J. YOYOTTE, « Processions géographiques mentionnant le Fayoum et ses localités », BIFAO 61 (1962), p. 86, n. 1.

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La présente étude traite d’un formulaire de processions géographiques dont les différentes attestations sont datées de Shéshonq Ier à Ptolémée XII. Ces cortèges de personnifications de provinces et les notices qui s’y rapportent furent tout d’abord étudiés par J. Yoyotte dans divers articles2 et lors de ses leçons à l’École Pratique des Hautes Études, puis au Collège de France3. Si celui-ci ne les publia pas, sa contribution est toutefois majeure. C’est par ailleurs dans deux de ces travaux qu’il proposa les formulations utilisées comme titre et sous-titre de la présente étude4.

Les processions géographiques sont des cortèges de personnifications d’entités géogra- phiques représentés sur des reliefs de temples. Les territoires que ces personnifications incarnent, notamment des nomes, sont identifiés par des noms ou des emblèmes placés au- dessus de leurs têtes5. Leur but est d’apporter diverses offrandes à la divinité principale du temple. Elles sont souvent accompagnées de notices mentionnant les produits offerts.

Ensemble, ces légendes forment des formulaires de processions géographiques, des rituels permettant de présenter les territoires au dieu.

Les processions géographiques sont attestées de l’Ancien Empire à l’époque romaine.

Durant cette période, elles ont connu une longue évolution dans laquelle s’inscrivent les exemples étudiés ci-après. Les premiers exemples du genre sont des listes de domaines funé- raires (Hwt et njwt) organisés en cortèges. La plus ancienne connue à ce jour se trouve dans le temple bas de la pyramide sud de Snéfrou à Dachour6. C’est à la Ve dynastie qu’apparaît la première procession de personnifications de nomes. Celle-ci est inscrite sur un autel retrouvé dans le temple funéraire de Sâhourê7. Depuis cette époque et jusqu’au Nouvel Empire, lorsqu’une procession possède des notices, celles-ci sont courtes et ne mentionnent que des produits génériques ; bien souvent, les légendes sont interchangeables. Cette pauvreté contraste avec la prolixité et la spécificité des notices ptolémaïques. Celles-ci fournissent en effet de nombreux éléments propres à une province, que ce soit des toponymes, des produits spécifiques ou des mythèmes. Par ailleurs, ces textes opèrent souvent une forme de

2 J. YOYOTTE, « Processions géographiques mentionnant le Fayoum et ses localités », BIFAO 61 (1962), p. 86, n. 1 ; J. YOYOTTE, « Note sur le bloc de Shéshonq I découvert par la mission archéologique à Saqqara de l’Université de Pisa », EVO 12 (1989), p. 33–35.

3 Toutes ces leçons sont réunies dans l’ouvrage suivant : J. YOYOTTE, Histoire, géographie et religion de l’Égypte ancienne, Opera selecta, Textes édités et indexés par I. GUERMEUR (OLA 224), 2013.

4 J. YOYOTTE, « Égyptologie », Annuaire du Collège de France 94 (1993–1994), p. 687 = J. YOYOTTE, Histoire, géographie et religion de l’Égypte ancienne, Opera selecta, Textes édités et indexés par I. GUERMEUR

(OLA 224), 2013, p. 547 ; J. YOYOTTE, « Religion de l’Égypte ancienne », Ann. EPHE SR 98 (1989–1990), p. 179 = J. YOYOTTE, Histoire, géographie et religion de l’Égypte ancienne, Opera selecta, Textes édités et indexés par I. GUERMEUR (OLA 224), 2013, p. 465.

5 Sur les processions de nomes et leur évolution depuis le Nouvel Empire, cf. H. BEINLICH, LÄ II, col. 417-420, s.v. « Gauprozession ».

6 A. FAKHRY, « The Excavation of Snefru’s Monuments at Dahshur, Second Preliminary Report », ASAE 52 (1952–54), § 8., p. 577-583, pl. VIII–X ; A. FAKHRY, The Monuments of Sneferu at Dahshur II, Part I, Le Caire, 1961, p. 17–58 ; H. JACQUET-GORDON, Les noms des domaines funéraires sous l’Ancien Empire égyptien (BdE 34), 1962, p. 125–137.

7 R. WARTKE, « Zum Alabaster-Altar des Königs Sahu-Re », ZÄS 104 (1977), p. 145–156 ; L. BORCHARDT, Das Grabdenkmal des Königs S'a#ḥu-Reʿ II (WVDOG 26), 1913, p. 48–50, fig. 51–54.

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syncrétisme temporaire entre la divinité récipiendaire et la divinité du nome apporté, notamment grâce au pronom ntk8.

Il se trouve qu’avant d’être poussés à leur paroxysme durant les derniers temps de la civili- sation pharaonique, la plupart de ces éléments apparaissent pour la première fois dans le formulaire étudié ci-après. En effet, celui-ci propose pour chaque province une notice détaillée mentionnant l’un ou l’autre élément spécifique. Par ailleurs, les légendes se présentent sous une forme tripartite inconnue auparavant, mais commune dans les listes gréco-romaines. Ce formulaire est donc en rupture avec les exemples antérieurs et préfigure les suivants, car ceux- ci se développent et élaborent de nouveaux textes à partir de ce formulaire. Il s’agit donc d’un élément charnière dans l’évolution du genre des processions géographiques. Cependant, bien que le contenu de quelques notices soit occasionnellement utilisé dans des ouvrages traitant de géographie religieuse, ce formulaire n’a encore jamais fait l’objet d’une publication spéci- fique.

Le but de mon étude est de combler cette lacune en donnant le meilleur accès possible à ce formulaire, tant sur la forme que sur le fond, et ainsi de le mettre à la disposition des cher- cheurs. Ce formulaire est attesté par quinze versions plus ou moins bien conservées et plus ou moins développées. De la sorte, il est parfois délicat d’exploiter les données fournies par une leçon. Cependant, celles-ci se complètent bien souvent et là où un témoin présente une lacune, un autre vient parfois la combler. La mise en synopse des différentes versions est donc un élément essentiel pour leur étude. De cette manière, il devient possible d’appréhender le texte le plus complètement possible. Cela permet de mettre en relief les compléments, mais également de révéler les variantes que chaque version peut proposer. Par ailleurs, le contenu de ces notices nécessite un commentaire pour une compréhension optimale. En effet, les légendes exposent divers éléments toponymiques, théologiques et mythologiques dont l’intelligence n’est pas toujours immédiate. Pour établir chaque exposé, différentes sources géographiques ont été mises à profit, notamment d’autres processions géographiques. De même, il existe des monographies ou des études spécifiques portant sur certaines provinces qui ont pu être mises à contribution. Pour d’autres nomes encore peu étudiés, ce ne sont que quelques éléments épars qui ont pu être rassemblés afin de donner des pistes de compré- hension. Chaque fois que cela était possible, des renvois sont faits au dictionnaire d’H. Gauthier9 ou au manuel de P. Montet10. Quoi qu’il en soit, les commentaires de chaque notice ne proposent qu’une première approche et leur intelligence pourra certainement être améliorée à l’avenir.

Les quarante-deux nomes qu’a comptés l’Égypte pharaonique sont attestés par ce formulaire. Cependant tous ne sont pas présents dans chaque version ; certains sont en lacune et n’ont laissé aucune trace, d’autres sont omis. Par ailleurs, les trois derniers nomes de Basse Égypte ont été créés postérieurement à certaines versions qui ne sauraient donc les contenir.

Ainsi, chaque province est attestée par un nombre variable de leçons. Les nomes de Haute Égypte sont arrangés selon leur ordre habituel qui suit leur situation le long du Nil, du Sud au Nord de la Vallée. L’ordre des nomes de Basse Égypte est cependant une question plus complexe, car celui-ci a varié selon les époques. La majeure partie des processions du corpus date de la Basse Époque. À cette époque, l’ordre des nomes de Basse Égypte diverge

8 H. BEINLICH, LÄ II, col. 418, s.v. « Gauprozession ».

9 H. GAUTHIER, Dictionnaire des noms géographiques contenus dans les textes hiéroglyphiques, Le Caire, 1925–

1931.

10 P. MONTET, Géographie de l’Égypte ancienne, Paris, 1957–1961.

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légèrement de celui dit « canonique ». La province habituellement placée en quatorzième position, %ntt J#bt, se trouve alors entre les seizième et dix-septième nomes. L’ordre est donc le suivant :

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 15 16 14 17 18 19 2011 Or, il s’agit bien de l’ordre adopté par la seule procession du corpus qui conserve presque tous les nomes de Basse Égypte. Celle-ci date du règne de Ptolémée XII, à une époque où l’ordre dit « canonique » est pourtant attesté. Quelques processions présentent également des person- nifications de pehou ou d’autres entités géographiques. Celles-ci ne possèdent jamais de parallèle au sein du corpus et n’ont donc pas été intégrées dans la synopse. Leurs notices ont cependant été transcrites et une traduction est proposée pour chacune à la suite de celle des nomes12.

La présente étude est divisée en trois parties principales. La première traite du corpus de processions géographiques possédant ce formulaire pré-ptolémaïque. Celui-ci est défini et les listes le composant sont énumérées. Y sont également présentés des cortèges géographiques dont toute trace archéologique a disparu, mais dont on peut supposer l’existence. Les pro- cessions du corpus sont ensuite décrites en détail. Finalement, quelques comparaisons sont proposées afin de définir des groupes de processions. La deuxième partie est consacrée à la traduction et au commentaire de chaque notice. Chacune des quarante-deux provinces est ainsi examinée selon un schéma identique. Les processions qui ont conservé leur notice sont tout d’abord mentionnées, suivies d’un renvoi à la synopse. La légende est ensuite traduite ; les notes de traduction apparaissent immédiatement à la suite. Finalement, un commentaire du contenu du texte est proposé. Quand cela est nécessaire, plusieurs notices peuvent faire l’objet d’un même commentaire. C’est le cas des légendes des XVIIe et XVIIIe nomes de Haute Égypte, des IVe et Ve nomes de Basse Égypte, et des XVIIe, XVIIIe, XIXe et XXe nomes de Basse Égypte. La dernière partie examine quant à elle le formulaire de manière générale. Elle analyse son contenu, sa forme et les divergences entre les différentes leçons. Sa transmission d’un témoin à l’autre est également considérée, de même que l’archétype. Finalement sont présentés quelques exemples de réutilisation de ce formulaire dans d’autres processions géographiques.

11 Les nombres donnés correspondent à l’emplacement de chaque nome dans l’ordre dit « canonique » qui n’est attesté qu’à partir du règne de Ptolémée VIII. L’ordre des nomes de Basse Égypte est traité dans ma thèse de doctorat en préparation à l’Université de Genève ; quelques résultats sont présentés dans F. GHIRINGHELLI,

« L’ordre des nomes de Basse Égypte dans les listes géographiques », dans D. ROBINSON, F. GODDIO, Religious landscapes of Egypt. Late to Greco-Roman period (OCMA Monograph), à paraître.

12 Cf. p. 149–151 et p. 225–247.

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Le corpus

Les processions du corpus

Les listes géographiques qui font l’objet de la présente étude forment un ensemble cohérent de processions de provinces qui possèdent toutes un formulaire commun, malgré quelques variations de plus ou moins grande importance. Celui-ci a la particularité de marquer la transition entre les textes laconiques du Nouvel Empire qui ne donnent pour chaque région qu’un apport générique, et les exemples gréco-romains aux légendes prolixes. En effet, ce formulaire propose pour chaque province une notice relativement détaillée évoquant des élé- ments qui lui sont spécifiques. Il peut s’agir de toponymes, de divinités, de produits caractéris- tiques, etc. Nombre de ces notices exposent également un « attendu théologique » faisant appel à un mythème propre à la province. Ces processions sont aussi caractérisées par une structure tripartite inconnue avant le règne de Ramsès II et qui est la norme durant l’époque gréco- romaine. Les notices exposent tout d’abord la venue du roi auprès de la divinité. Puis l’offrande de la province est exprimée. Finalement, le texte se termine par une formule de contrepartie ; cette dernière est parfois omise.

Ce corpus est actuellement composé de dix-huit processions géographiques. Il a été peu à peu identifié par différents chercheurs. Le premier fut J. Leclant qui, lorsqu’il publia la colonnade de Taharqa à Karnak-Est13, puis celle du même roi à Karnak-Nord14, proposa quelques parallèles pour les processions géographiques qu’il découvrait. C’est néanmoins J. Yoyotte qui donna la première liste d’importance de ces versions parallèles15. Il la compléta quelques années plus tard d’une nouvelle procession16. Il donnait ainsi une liste de treize processions plus ou moins bien conservées. Par la suite, cinq nouvelles processions géogra- phiques, découvertes, publiées ou identifiées après les articles de J. Yoyotte, ont pu être ajoutées à cette liste. La dernière de celles-ci a été mise au jour à Héliopolis par D. Raue et son équipe17. Ces dix-huit processions géographiques ont été produites entre les règnes de Ramsès II et de Ptolémée XII :

- Ramsès II – Memphis (RMs) - Shéshonq Ier – Memphis (SMs) - Taharqa – Karnak-Nord (TKn) - Taharqa – Karnak-Est (TKe) - Taharqa – Sanam (TSm) - Taharqa – Kawa (TKa)

- Procession éthiopienne – Médamoud (EMd)

13 J. LECLANT, « La colonnade éthiopienne à l’est de la grande enceinte d’Amon à Karnak », BIFAO 53 (1953), p. 113–172.

14 CL.ROBICHON et al., Karnak-Nord IV (FIFAO XXV), 1954, p. 68–75 et 91–100, pl. LXXXI–LXXXVII, XCI.

15 J. YOYOTTE, « Processions géographiques mentionnant le Fayoum et ses localités », BIFAO 61 (1962), p. 86, n. 1.

16 J. YOYOTTE, « Note sur le bloc de Shéshonq I découvert par la mission archéologique à Saqqara de l’Université de Pisa », EVO 12 (1989), p. 33–35.

17 Cette procession fait l’objet d’une étude particulière par St. Blaschta dans le présent volume.

- Psammétique Ier – Tanis (PsT) - Akoris – Karnak-Nord (AKn) - Nectanébo Ier – Létopolis (KL) - Nectanébo Ier – Héliopolis (KH) - Nectanébo II – Boubastis (NB) - Nectanébo II – Tôd (NTd) - Nectanébo II – Sébennytos NSs) - Ptolémée II – Philae (WP)

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- Ptolémée II – Médamoud (WMd) - Ptolémée II – Enceinte de Mout à

Karnak (WMt)

- Ptolémée XII – Athribis (PtA)

Chaque procession s’est vue attribuer un code permettant de la signaler de manière courte et rapide. Celui-ci est tout d’abord formé de l’initiale en majuscule d’un nom du roi qui a fait graver les reliefs. Il peut s’agir du nom de naissance ou de celui de couronnement selon les besoins. Ainsi, Nectanébo Ier est abrégé K pour Kheperkarê et non N, afin de le différencier de Nectanébo II. Le choix du roi signalé par l’initiale de son nom de couronnement de naissance est motivé par d’éventuels conflits qui peuvent survenir avec d’autres noms de roi. C’est pourquoi, dans l’exemple précédent, le nom de couronnement de Nectanébo II, Senedjemibrê qui crée une confusion avec celui de Shéshonq, a été écarté. Lorsqu’il n’était pas possible de résoudre le problème de cette manière, la seconde lettre du nom est ajoutée en minuscule. La seule procession à ne pas suivre la règle de l’initiale du nom du roi est celle datant de l’époque éthiopienne à Médamoud, pour laquelle le roi est inconnu. La lettre retenue est donc E correspondant à « éthiopienne ». La seconde partie du code est formée de l’initiale en majuscule du nom de l’endroit où la procession a été dressée. En cas de conflit, la dernière lettre du nom est ajoutée en minuscule, à l’exception de Karnak-Nord et Karnak-Est qui sont différenciés en Kn et Ke.

Si le corpus compte actuellement dix-huit exemplaires, seules quinze versions ont été intégrées dans la synopse. La procession de Ramsès II à Memphis ne conserve que des villes du Fayoum et des localités du Delta, mais pas de nomes. De plus, les cortèges de Taharqa à Kawa et de Nectanébo II à Boubastis sont connus respectivement par un seul relief. Les nomes qui s’y trouvent sont identifiés, mais leurs notices ne sont plus conservées ou n’offrent plus de parallèles exploitables. Néanmoins, malgré l’absence de parallèles textuels directs, ces trois processions géographiques présentent chacune des caractéristiques qui permettent d’assurer leur appartenance au corpus18.

Il est aussi possible de supposer l’existence de quelques processions possédant le même formulaire, bien qu’elles aient maintenant disparu. À l’époque de Taharqa, quatre colonnades ont été bâties autour de Karnak selon les points cardinaux19. Deux d’entre elles sont conservées à Karnak-Nord et Karnak-Est, qui présentent bien ce formulaire. Une autre, aujourd’hui totalement arasée, mais dont des traces archéologiques ont été retrouvées, se trouvait au sud, à l’avant du temple de Khonsou. La dernière était située à l’ouest, dans ce qui est actuellement la première cour de Karnak. À cet endroit se trouve une procession de nomes de Ptolémée IV dont les textes sont différents20. Néanmoins, elle a certainement remplacé un exemple éthiopien, la colonnade datant de cette époque. Il est vraisemblable que les quatre colonnades aient été construites selon un plan similaire et qu’à l’origine chacune ait possédé une pro- cession géographique suivant le même formulaire. Les entrecolonnements de l’ouest ont vraisemblablement été regravés ou remplacés à l’époque ptolémaïque au même titre que la colonnade du nord a été reconstruite, à l’époque ptolémaïque également.

18 Cf. p. 83–84, 90, et 93.

19 J.LECLANT, « Les colonnades-propylées de la XXVe dynastie à Thèbes », Les cahiers techniques de l’art, vol. 4, fasc. 1, 1957, p. 29.

20 PM II2, 25, (16)–(20) ; O. FIRCHOW, Thebanische Tempelinschriften aus griechisch-römischer Zeit (Urkunden VIII), 1957, p. 100–101.

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Une procession éthiopienne existait aussi probablement sur une colonnade à l’avant du temple de Mout à Karnak21. Il ne reste aucune trace archéologique de ce monument qui est néanmoins mentionné dans une inscription de Montouemhat datée du règne de Taharqa22. Il est probable que cette colonnade était disposée selon le même schéma que les autres exemples de la région portant ce formulaire. En conséquence, elle possédait vraisemblablement une procession des provinces identique à celles qui nous intéressent. Bien qu’il n’en reste aucune trace, l’on peut supposer qu’elle se dressait à l’emplacement habituel, à l’avant du temple. Elle a peut-être été démantelée pour laisser place à la porte de l’enceinte de Mout qui contient précisément une procession du corpus.

Si la plus grande partie des exemples de ce corpus date de la Basse Époque, cela ne signifie pas pour autant que toutes les processions de cette époque appartiennent à ce corpus. En effet, il en existe quelques-unes qui suivent d’autres formulaires, à l’exemple de la procession de nomes du petit temple de Médinet Habou datant de Nectanébo Ier23, ou du cortège d’Hermopolis Magna de Philippe Arrhidée24. De même, quelques leçons appartenant à ce corpus datent de la période ptolémaïque, alors que de nouveaux formulaires sont attestés à cette époque.

Description des processions

Ces processions, bien qu’elles possèdent un formulaire commun, ont toutes des caractéris- tiques qui leur sont propres. Ci-dessous, chaque exemple sera examiné selon un schéma récurrent : données archéologiques, iconographie des génies de prospérité25, disposition des textes avec mention du dédieur et du récipiendaire, et provinces représentées. La présentation de ces éléments permettra dans un second temps de les comparer. Chaque procession est accompagnée d’un renvoi à la transcription suivie de ses légendes et de la bibliographie qui la concerne. Les références dans lesquelles on trouve les textes sont citées en premier ; la littéra- ture secondaire est mentionnée ensuite.

En étudiant la procession géographique de Mit Rahineh, J. Yoyotte remarquait des analogies entre ce cortège memphite et les processions du corpus, bien qu’elle ne conserve pas de nomes. Afin d’examiner ces ressemblances, il est nécessaire de présenter également ce document.

Ramsès II – Memphis (RMs)

A. MARIETTE, Monuments divers recueillis en Égypte et en Nubie, Paris, 1872, pl. 31.

H. BRUGSCH, Dictionnaire géographique de l’ancienne Égypte, Leipzig, 1879–1880, p. 270, suppl. p. 1176.

KRI II, 488–492, KRITA II, 307–312, KRITANC II, 342–345.

D.G. JEFFREYS, J. MALEK, « Memphis, 1986, 1987 », JEA 74 (1988), p. 26, fig. 8.

21 D. ARNOLD, Temples of the Last Pharaohs, New York, Oxford, 1999, p. 55–56, fig. 27.

22 J. LECLANT, op. cit., p. 29 (avec bibliographie).

23 PM II2, 463–464, (17)–(25) ; cette procession est inédite.

24 S. SNAPE, D. BAILEY, The Great Portico at Hermopolis Magna : Present State and Past Prospects (British Museum, Occasional Paper 63), 1988, p. 4–5, pl. 3–25 et 33.

25 Sur le figures de prospérité, voir J. BAINES, Fecundity Figures. Egyptian Personifications and the Iconology of a Genre, Warminster, 1985.

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G. DARESSY, « Le temple de Mit Rahineh », ASAE 3 (1902), p. 27.

W.M.F. PETRIE, Memphis I (ERA 14), 1909, pl. 21.

J.E. QUIBELL, Excavations at Saqqara (1908–9, 1909–10), The Monastery of Apa Jeremias, Le Caire, 1912, p. 6 et pl. 86, 4.

A.H. GARDINER, « The Delta Residence of the Ramessides », JEA 5 (1918), p. 246.

J. YOYOTTE, « Processions géographiques mentionnant le Fayoum et ses localités », BIFAO 61 (1962), p. 79-138.

PM III/2, 835.

Sur les murs situés au nord et au sud de la salle hypostyle occidentale du temple de Ptah à Mit Rahineh se trouve une procession de figures de prospérité au nom de Ramsès II. Un fragment de cette procession a également été retrouvé en réemploi dans le monastère d’Apa Jeremias26. Conservée sur environ vingt-cinq mètres au nord et sur une dizaine de mètres au sud, elle s’avance de part et d’autre du temple en direction du fond du sanctuaire. Au nord, quatorze tableaux représentent des territoires du Delta ; au sud, neuf tableaux livrent des villes du Fayoum. Chacun d’entre eux mesure 125 cm de long et 95 cm de haut.

Selon les deux interprétations proposées par J. Yoyotte, les murs gravés de la procession pourraient être soit les parois latérales de la salle hypostyle, soit une enceinte plus importante dont les murs auraient pu se rejoindre au fond du grand temple27. Dans le premier cas, la pro- cession aurait compté environ quatre-vingts tableaux d’une liste de territoires marécageux.

Dans le second, elle aurait comporté plus de deux cents tableaux et offrirait ainsi l’ensemble de l’Égypte à la divinité. Cette seconde hypothèse a la préférence du savant.

Les figures de prospérité adoptent l’attitude de la marche. Elles sont masculines et féminines, mais n’observent pas de stricte alternance entre les genres. Au-dessus de leur tête se trouve le nom du territoire que chacune personnifie. Les génies féminins portent une longue robe s’arrêtant sous la poitrine et un large collier orne leur cou. Les personnifications masculines sont vêtues d’un pagne et portent une barbe recourbée. Chaque figure de prospérité porte un plateau sur lequel se trouve un cartouche contenant le nom de couronnement de Ramsès II. Le cartouche est surmonté d’un disque solaire inséré entre deux plumes et est encadré de deux vases-Hs. Deux signes-onX entourant un pilier-Dd pendent au-dessous du plateau.

Les notices sont composées de quatre colonnes. La première annonce la venue du roi, les deux suivantes présentent l’offrande du territoire et la dernière porte la formule de contrepartie.

Dans la première colonne, c’est le nom de couronnement qui est utilisé et dans la dernière, le nom de naissance. Cette procession géographique est dédiée à Ptah.

Shéshonq Ier – Memphis (SMs) cf. p. 225.

J. YOYOTTE, « Note sur le bloc de Shéshonq I découvert par la mission archéologique à Saqqara de l’Université de Pisa », EVO 12 (1989), p. 33–35.

K. JANSEN-WINKELN, Inschriften der Spätzeit II. Die 22.–24. Dynastie, Wiesbaden, 2007, p. 2, no 12.12.

J.LECLANT, « Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 1975–76 », Orientalia 46 (1977), p. 240–

241.

26 J.E. QUIBELL, Excavations at Saqqara (1908-9, 1909-10), The Monastery of Apa Jeremias, Le Caire, 1912, p. 6 et pl. 86, 4.

27 J. YOYOTTE, « Processions géographiques mentionnant le Fayoum et ses localités », BIFAO 61 (1962), p. 84–

85.

(16)

La procession géographique de Shéshonq Ier est attestée par un unique bloc retrouvé en automne 197528 par la Mission archéologique à Saqqara de l’Université de Pise, dirigée par le professeur E. Bresciani. Ce relief de calcaire mesure 120 cm de large, 80 cm de haut et 40 cm d’épaisseur. Il a été trouvé devant l’entrée de la tombe du vizir Bakenrenef. Découvert à Saqqara, ce fragment provient néanmoins vraisemblablement de Memphis, comme le suggère la formule de présentation s’adressant à Ptah, peut-être de l’enceinte même du temple principal.

Sur ce bloc sont représentés des génies de fécondité masculins, accroupis, les deux genoux au sol. Ils sont vêtus d’un pagne et sont torse nu, mamelles pendantes. Sur leurs deux bras repose un plateau chargé de nourriture solide et liquide. Leur menton est orné d’une barbe à l’extrémité recourbée. Ils portent une perruque ceinte d’un ruban noué derrière la tête. Au- dessus de celle-ci se trouve l’emblème de la province que la figure personnifie, mais seul le bas de l’enseigne est conservé.

Le texte est disposé sur une unique colonne. Autant que l’on puisse en juger, le roi dédieur est nommé en alternance Shéshonq, aimé d’Amon et Hedj-Kheper-Rê, l’élu de Ptah29. La notice est dédiée au dieu Ptah.

Le bloc est inscrit des légendes des XVe et XVIe nomes de Haute Égypte. Les génies encore apparents sont vraisemblablement ceux des XIVe et XVe. De celui de la XVIe province, il ne reste qu’un vase-Hs à l’extrémité de son plateau. Ce bloc étant le seul vestige retrouvé de cette procession, il est pour le moment impossible de déterminer son étendue.

Taharqa – Karnak-Nord (TKn) cf. p. 226–228.

CL.ROBICHON et al., Karnak-Nord IV (FIFAO 25), 1954, p. 68–75 et 91–100, pl. LXXXI–LXXXVII, XCI.

K. JANSEN-WINKELN, Inschriften der Spätzeit III. Die 25. Dynastie, Wiesbaden, 2009, p. 72–76, no 48.17.

J.LECLANT, « Fouilles et travaux en Égypte, 1950–1951 », Orientalia 20 (1951), p. 470, fig. 27.

J.LECLANT, « Les colonnades-propylées de la XXVe dynastie à Thèbes », Les cahiers techniques de l’art, vol. 4, fasc. 1, p. 27–45, pl. II, IX B et XIV.

J.LECLANT,Recherches sur les monuments thébains de la XXVe dynastie dite éthiopienne (BdE 36), 1965, p. 85–86, pl. L B.

PM II2, 5.

La procession de Taharqa à Karnak-Nord provient de la colonnade de l’avant-temple d’Amon- Rê-Montou retrouvée dans les fondations de la colonnade ptolémaïque qui l’a remplacée. Elle a été mise au jour lors des campagnes 1949-50 et 1950-51 des fouilles de l’Ifao dirigées par Cl. Robichon. Cette structure est formée de quatre rangées de cinq colonnes, reliées entre elles par des entrecolonnements orientés du nord au sud. Ceux-ci mesurent environ 175 cm de haut et 270 cm de long. Ils sont composés de blocs de grès de médiocre qualité, de 26 à 31 cm d’épaisseur. La procession est gravée sur les faces extérieures des entrecolonnements est

28 J. LECLANT, « Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 1975–76 », Orientalia 46 (1977), p. 240 ; contrairement à J. Yoyotte (J. YOYOTTE, « Note sur le bloc de Shéshonq I découvert par la mission archéologique à Saqqara de l’Université de Pisa », EVO 12 (1989), p. 33) qui évoque l’automne 1976.

29 Certainement une variante locale du nom de Shéshonq Ier, l’élu de Rê.

(17)

(Haute Égypte) et ouest (Basse Égypte), et les régions sont disposées du sud au nord de sorte qu’elles s’avancent en direction de l’intérieur du temple.

Le cortège est mené par le roi, debout dans l’attitude de la marche. Conservé uniquement dans la partie concernant la Basse Égypte, il est coiffé de la couronne rouge (selon toute vrai- semblance, il portait la couronne blanche dans la moitié consacrée à la Haute Égypte). Dans ses bras, il tient un plateau (détruit) sous lequel pendent trois fleurs. Derrière le souverain, les génies de prospérité, tous masculins, s’avancent dans la même position. Ils sont torse nu, mamelles pendantes, ventre proéminent et sont habillés d’un pagne s’arrêtant au-dessus des genoux. Ils portent une barbe à l’extrémité recourbée, un collier et une perruque surmontée de l’emblème de la province que chacun personnifie. Ils sont également chargés d’un plateau sur lequel se trouvent deux vases-Hs encadrant un sceptre-w#s qui descend à hauteur des chevilles.

Au-dessous, les génies tiennent deux signes-onX de chaque côté du bas du sceptre et descendant au même niveau.

Chaque notice se compose de trois colonnes disposées de manière rétrograde. La première contient la formule de présentation à la divinité et les deux autres l’offrande de la région. Au- dessus du plateau du génie de prospérité se trouve une courte formule : dj=f onX nb (ou autre bienfait). Elle ne peut être considérée comme la formule de contrepartie, car sa structure est différente de celle-ci. De plus, l’actant est le roi ou la figure de prospérité, et non la divinité récipiendaire. Par ailleurs, la notice étant disposée de manière rétrograde, elle ne se place pas dans la continuité du texte. Le cartouche du roi est systématiquement martelé 30; seules quelques traces, notamment dans le texte du Ier nome de Basse Égypte, laissent apparaître le nom de Taharqa. Les provinces de Haute Égypte sont consacrées à Amon-Rê, maître des trônes des Deux Terres (Jmn-Ro nb nswt t#wy) et celles de Basse Égypte à Montou-Rê, Seigneur de Thèbes (MnTw-Ro nb W#st), Montou-Rê, roi des dieux, Seigneur de Thèbes (MnTw-Ro nsw nTrw nb W#st) et Montou-Rê maître du ciel (MnTw-Ro nb pt). Ainsi, la répartition plaçant Amon-Rê en lien avec la Haute Égypte et Montou-Rê avec la Basse Égypte respecte la disposition géo- graphique de leur temple respectif, l’enceinte d’Amon au sud et celle de Montou au nord.

À en croire la reconstitution de la colonnade, la procession comportait à l’origine un total de trente-huit tableaux, soit trois sur le premier entrecolonnement au sud et quatre sur les autres, le schéma étant identique à l’est et à l’ouest. De la sorte, la Haute Égypte était représentée par le roi suivi des dix-huit premières provinces. Le discours introductif, ainsi que les notices des IXe et XIIIe nomes manquent. Néanmoins, leur présence originelle est attestée par différents facteurs : espace disponible, emblème ou génie de fécondité.

Haute Égypte

1 2 3 4 5 6 7 8 10 11 12 14 15 16 17 18

Fig. 1 : Répartition des provinces de Haute Égypte sur les entrecolonnements de Taharqa à Karnak- Nord.

La partie consacrée à la Basse Égypte est plus difficile à comprendre, car les reliefs sont moins bien conservés. Selon l’anastylose proposée par les fouilleurs, la répartition des nomes du Delta sur ce monument serait la suivante :

30 J. YOYOTTE, « Le martelage des noms royaux éthiopiens par Psammétique II », RdE 8 (1951), p. 215–239.

(18)

Basse Égypte

R 1 2 7 9 10 11 14 BÉ

Fig. 2 : Répartition des provinces de Basse Égypte sur les entrecolonnements de Taharqa à Karnak- Nord selon les fouilleurs.

Toutefois, cela implique qu’entre les XIe et XIVe nomes, l’espace disponible contenait cinq provinces, alors qu’il n’en manque que quatre, soit les XIIe, XIIIe, XVe et XVIe nomes. Il est très improbable que le XVIIe nome s’y trouvait, car il n’est jamais attesté dans les listes avant la XIVe province. Néanmoins, le bloc D 14831 qui porte la notice du XIVe nome ne possède aucun élément structurel ou iconographique, permettant d’assurer la position qui lui est attribuée par les fouilleurs. Par conséquent, il est possible qu’il se trouvait dans le troisième entrecolonnement qui n’est plus autrement conservé, et non dans le quatrième. Par ailleurs, le tableau du XIVe nome est précédé d’un autre dont il ne reste que le dos de la figure de prospérité et est suivi d’un troisième attesté par quelques signes appartenant à la notice. Il manque donc un quatrième tableau pour compléter cet entrecolonnement. Celui-ci pouvait se situer avant ou après l’ensemble conservé. L’ordre habituel des nomes de Basse Égypte à cette époque présente les provinces 13, 15, 16 et 14, ce qui est impossible dans ce cas. Il existe cependant un autre cas de figure attesté à cette époque où le XIVe nome suit le XIIIe, mais uniquement dans des processions omettant les XVe, XVIe et XVIIe provinces. C’est le cas de la procession d’Akoris appartenant également à ce corpus. Dès lors, la répartition des nomes de Basse Égypte sur ce monument pourrait être la suivante :

Basse Égypte

R 1 2 7 9 10 11 14 BÉ

Fig. . 3 :  Proposition de répartition des provinces de Basse Égypte sur les entrecolonnements de Taharqa à Karnak-Nord.

Avant le XIVe nome se trouvaient vraisemblablement les XIIe et XIIIe et à sa suite, il y avait certainement des pehou. La procession se termine par un tableau apparemment consacré à la Basse Égypte de manière générale. L’emplacement des autres provinces est clair et ne nécessite pas d’autre discussion. Il faut finalement noter que le VIIIe nome de Basse Égypte est omis.

Taharqa – Karnak-Est (TKe) cf. p. 229–230.

J. LECLANT, « La colonnade éthiopienne à l’est de la grande enceinte d’Amon à Karnak », BIFAO 53 (1953), p. 113–172.

K. JANSEN-WINKELN, Inschriften der Spätzeit III. Die 25. Dynastie, Wiesbaden, 2009, p. 100–101, no 48.35.

J.LECLANT, « Les colonnades-propylées de la XXVe dynastie à Thèbes », Les cahiers techniques de l’art, vol. 4, fasc. 1, p. 27–45, pl. III–V, VII–VIII.

31 CL.ROBICHON et al., Karnak-Nord IV (FIFAO 25), 1954, pl. LXXXVII.

(19)

J.LECLANT,Recherches sur les monuments thébains de la XXVe dynastie dite éthiopienne (BdE 36), 1965, p. 85–86, pl. XXXV C.

PM II2, 209, (10)–(12) et 210, (26)–(27).

La procession des provinces de Karnak-Est se trouve sur la colonnade de Taharqa située entre la porte est de l’enceinte de Karnak et le temple de l’Est de Ramsès II. Elle fut dégagée dans un premier temps par G. Legrain en 1906-1907, puis par H. Chevrier en avril-mai 1952. Cette structure est formée de quatre rangées de cinq colonnes reliées entre elles par des entrecolonne- ments orientés d’est en ouest. Ces derniers mesurent environ 175 cm de haut, 210 cm de long et 25 cm d’épaisseur. L’ensemble est en grès de qualité médiocre. La procession se trouve sur les faces extérieures des entrecolonnements sud (Haute Égypte) et nord (Basse Égypte). Elle se dirige vers l’ouest, en direction de l’intérieur du temple.

Bien que le premier tableau ait disparu tant d’un côté que de l’autre, le cortège était cer- tainement mené par le roi, à l’image de la procession de Taharqa à Karnak-Nord. Celui-ci était suivi par des figures de prospérité masculines. Elles sont debout, dans l’attitude de la marche.

Elles ont un ventre proéminent et des mamelles pendantes. Elles portent un pagne, une barbe (recourbée ?), un collier et une perruque au-dessus de laquelle se trouve l’emblème de la pro- vince que le génie personnifie. Elles tiennent un plateau chargé de deux vases-Hs et d’un sceptre-w#s descendant jusqu’aux chevilles. En dessous, deux signes-onX encadrent le bas du sceptre.

Chaque région possède une notice de trois colonnes rétrogrades (à l’exception des textes des deux premières provinces de Haute Égypte qui sont orientées de manière habituelle). La première est inscrite de la formule de venue du roi et les deux autres de l’offrande de la contrée.

Au-dessus du plateau des figures de fécondité est placée la même formule qu’à Karnak-Nord.

Les cartouches sont systématiquement arasés. La moitié consacrée à la Haute Égypte est dédiée à Amon-Rê, maître des trônes des Deux Terres ; la divinité n’est conservée dans aucune légende de nome de Basse Égypte.

À l’origine, la procession était composée de trente tableaux, soit trois par entrecolonne- ment. Ainsi, la Haute Égypte était représentée par le roi et les quatorze premières régions.

Néanmoins, le discours introductif, le deuxième et le dernier entrecolonnement (provinces 3–

5 et 12–14) sont détruits.

Haute Égypte

1 2 6 7 8 9 10 11

Fig. 4 : Répartition des provinces de Haute Égypte sur les entrecolonnements de Taharqa à Karnak- Est.

À nouveau, la répartition des nomes de Basse Égypte pose problème. Le premier entrecolonne- ment est détruit, mais il présentait vraisemblablement le roi et les deux premières provinces du Delta. Selon J. Leclant32, le premier nome du deuxième entrecolonnement était le IVe. Il affirme également que, bien qu’étant habituellement placé en quatrième position, il se trouverait ici à la troisième place. Néanmoins, le bloc en question est fracturé au milieu de la

32 J. LECLANT, « La colonnade éthiopienne à l’est de la grande enceinte d’Amon à Karnak », BIFAO 53 (1953), p. 158.

(20)

première colonne de la notice du IVe nome33. Rien ne permet donc d’affirmer que ce tableau était le premier de son entrecolonnement. Par ailleurs, quelques signes appartenant à la légende suivante sont encore visibles. En conséquence, chaque entrecolonnement possédant trois panneaux, le IVe nome pouvait se trouver soit en troisième soit en quatrième position. Ce nome étant situé à la quatrième place dans tous les exemples de cette époque et puisqu’aucun élément ne permet d’étayer l’hypothèse d’une position plus haute dans la liste, cette province se trouvait certainement à sa place habituelle. Le troisième entrecolonnement est détruit, mais il contenait vraisemblablement les VIe, VIIe et VIIIe provinces. Les IXe, Xe et XIe nomes occupent le quatrième entrecolonnement. Le dernier est également détruit, mais s’y trouvaient probablement les XIIe, XIIIe et XIVe nomes à l’exemple de la procession d’Akoris et peut-être de celle de Taharqa à Karnak-Nord. La répartition des provinces du Delta sur ce monument serait la suivante :

Basse Égypte

4 5 9 10 11

Fig. 5 : Proposition de répartition des provinces de Basse Égypte sur les entrecolonnements de Taharqa à Karnak-Est.

Taharqa – Sanam (TSm) cf. p. 230–231.

F.LL. GRIFFITH, Oxford Excavations in Nubia (AAA 9), 1922, p. 100–101, pl. 35–36.

K. JANSEN-WINKELN, Inschriften der Spätzeit III. Die 25. Dynastie, Wiesbaden, 2009, p. 172–173, no 48.91.

PM VII, 202, (38)–(39).

La procession de Sanam se trouvait sur le soubassement (?) de la façade est du mur extérieur du temple d’Amon-Rê construit par Taharqa. Cependant, les blocs qui nous sont parvenus ont été retrouvés au sol entre 1910 et 1913 lors des fouilles de l’Université d’Oxford, dirigées par F. Ll. Griffith.

Les deux parties de la procession sont affrontées, de sorte qu’elles se rejoignent au centre de la paroi. Les provinces de Haute Égypte se trouvent sur la moitié sud et s’avancent en direction du nord ; celles de Basse Égypte sont au nord et vont vers le sud. Chaque province est personnifiée par un génie de fécondité debout, masculin ou féminin, sans qu’une alternance entre les genres puisse être constatée. Les figures masculines portent un pagne et une barbe recourbée ; les féminines sont vêtues d’une robe longue. Toutes possèdent un collier et une perruque au-dessus de laquelle est placé l’emblème du nome. Leur plateau est chargé d’un sceptre-w#s le traversant, encadré en haut de deux vases-Hs et de deux fleurs, et en bas de trois signes-onX, deux d’un côté et un de l’autre.

Au centre du mur, la procession commence, autant pour le Sud que pour le Nord, par le discours introductif. Celui-ci exprime également la « venue du roi » pour l’ensemble des provinces. Chaque notice n’est ainsi composée que de la formule d’offrande. Le début du nom de Taharqa est conservé en deux exemplaires sur le bloc central ; celui de la divinité récipien- daire est actuellement détruit, bien qu’il s’agisse certainement d’Amon-Rê.

33 Ibid., p. 157, fig. 26.

(21)

Le mur est du temple de Sanam faisant 38,7 m de long34, il est probable que la totalité des régions du temps de Taharqa ait été représentée dans cette procession. Néanmoins, seules les Ire, IIe, IIIe, IXe, XIe, XIVe, XVe et XVIe provinces de Haute Égypte, ainsi que la XVIe province de Basse Égypte sont préservées.

Taharqa – Kawa (TKa)

M.F. MACADAM, The Temples of Kawa II, History and Archaeology of the Site, Londres, 1955, p. 102, pl. XXVII, c.

PM VII, 189, (5).

La procession de Kawa se trouve dans le temple d’Amon, bâti par Taharqa, et plus précisément sur la paroi nord du sanctuaire. Il n’en subsiste qu’un unique bloc montrant un génie de fécondité masculin portant l’emblème de la XXe province de Haute Égypte. Seuls quelques hiéroglyphes sont inscrits derrière.

Le texte est insuffisant pour intégrer cet exemple parmi les autres. Il est néanmoins plausible de supposer qu’elle possédait un formulaire analogue. En effet, le temple de Kawa est construit sur un plan identique à celui de Sanam35 et il est légitime de présumer que le programme de décoration était également semblable. Notons cependant que les deux pro- cessions ne se trouvent pas au même endroit (paroi extérieure du mur du fond du temple vs paroi du sanctuaire).

Procession éthiopienne – Médamoud (EMd) cf. p. 231.

J.LECLANT, « Les colonnades-propylées de la XXVe dynastie à Thèbes », Les cahiers techniques de l’art, vol. 4, fasc. 1, 1957, p. 29, fig. 1.

La procession éthiopienne de Médamoud n’est conservée que par un unique relief découvert en 1928. Actuellement, celui-ci n’est connu que par un croquis sommaire. Néanmoins, toutes les données exploitables y sont relevées36.

Le bloc conserve encore le haut de la figure de prospérité, du plateau et de la notice. Le génie semble masculin. Il porte un emblème non conservé au-dessus de la tête. Ses autres caractéristiques ne peuvent en l’état être décrites. Le plateau est composé de deux vases-Hs encadrant un sceptre-w#s.

La notice est formée de trois colonnes rétrogrades. La première exprime la venue du roi et les deux autres l’apport de la région représentée. Le nom du roi n’est plus conservé dans le cartouche. Il n’est donc pas possible de déterminer avec précision la date de cette procession.

J. Leclant attribue ce bloc à Chabaka, mais aucun élément ne permet d’étayer cette attribution.

Toutefois, il est en tout point semblable aux exemples datant de Taharqa et appartient donc vraisemblablement à la même époque. Ainsi, à défaut d’un roi sûr, on datera ce relief de la période éthiopienne. La légende en partie conservée sur ce relief est celle du IIIe nome de Haute Égypte.

34 D. ARNOLD, Temples of the Last Pharaohs, New York, Oxford, 1999, p. 59.

35 Ibid., p. 59–61, fig. 31.

36 Il m’est agréable de remercier Félix Relats Montserrat pour ses précisions quant à ce relief.

(22)

Psammétique Ier – Tanis (PsT) cf. p. 232.

P. MONTET, Le lac sacré de Tanis, Paris, 1966, p. 11–12, 83 et 86–91, pl. 36–37 et 94–98.

O. PERDU, Recueil des inscriptions royales saïtes I. Psammétique Ier (Études d’égyptologie 1), 2002, p. 125–130, pl. XIV.

K. JANSEN-WINKELN, Inschriften der Spätzeit IV/1. Die 26. Dynastie, Wiesbaden, 2014, p. 3–5, no 53.9.

J.LECLANT, « Compte rendu des fouilles et travaux menés en Égypte durant les campagnes 1948–

1950. II », Orientalia 19 (1950), p. 499.

P. MONTET, Les énigmes de Tanis, Paris, 1952, p. 44.

Les blocs gravés d’une procession géographique au nom de Psammétique Ier ont été retrouvés en réemploi dans le mur du lac sacré de Tanis. Ils ont été mis au jour par P. Montet durant la fouille du secteur entre 1948 et 1951. Ils proviennent vraisemblablement d’un monument de dimensions respectables qui a peut-être été détruit par les Perses puis réutilisé par Nectanébo Ier pour la construction du lac sacré37.

Les nomes sont personnifiés par des figures de fécondité masculines ou féminines. Elles sont agenouillées et portent l’emblème de leur province au-dessus de la tête. Dans leurs mains, un plateau contient le cartouche du roi surmonté de deux plumes encadrant un disque solaire et entouré de deux vases-Hs, ainsi que de deux fleurs. En dessous, suspendus au bras du génie, pendent deux signes-onX et un signe-Dd.

Les notices sont composées de cinq colonnes ; deux sont inscrites devant la figure de pros- périté sur toute la hauteur du tableau et trois plus courtes sont placées au-dessus du plateau.

Le début de la première est inscrit de la « venue du roi » ; l’offrande de la province occupe la fin de la première et la deuxième ; la formule de contrepartie se trouve sur la fin de la deuxième et les colonnes courtes. Dans le texte, le souverain semble être systématiquement nommé Ouahibrê, alors que dans les cartouches portés par les figures de fécondité, nous trouvons à la fois les noms de Ouahibrê et de Psammétique. Il n’est cependant pas possible de mettre en évidence une alternance entre les deux. La procession est dédiée à Amon.

Les légendes identifiées avec certitude sont celles des XIe, XIIe et XXIIe provinces de Haute Égypte, ainsi que celles des Ire et XIIIe de Basse Égypte. La présence des Xe, XVe et XXIe nomes de Haute Égypte est néanmoins attestée par leur génie respectif. Les vingt-deux régions de Haute Égypte étaient vraisemblablement présentes dans la liste ; l’étendue de la partie consacrée à la Basse Égypte ne peut être établie.

Akoris – Karnak-Nord (AKn) cf. p. 233.

A. VARILLE, Karnak I (FIFAO XIX), 1943, p. 29–32, pl. 89–90.

PM II2, 11, (25)–(26).

La procession d’Akoris à Karnak-Nord se trouve dans la salle à huit colonnes du mammisi de Harpré. Seule la moitié consacrée à la Basse Égypte est préservée sur les parois sud et ouest.

Ces reliefs, comme l’ensemble de l’édifice, sont en grès. Le temple fut fouillé entre 1941-1942 lors des travaux de l’Ifao dirigés par A. Varille.

Le cortège est mené par le roi dans l’attitude de la marche. De son habillement, il ne reste que la queue de taureau pendant derrière le pagne, le bloc étant détruit au niveau des genoux.

37 Ibid., p. 71.

(23)

Devant le souverain, deux signes-onX encadrant le bas d’un sceptre-w#s pendent, accrochés à son bras. À sa suite, les génies de fécondité, tous masculins, se tiennent de la même manière.

Ils ont le ventre proéminent et les mamelles pendantes. Ils sont vêtus d’un pagne et portent un collier, une barbe dont l’extrémité semble recourbée et l’emblème de leur province au-dessus de la tête. Dans leurs mains, ils supportent un plateau chargé de deux vases-Hs de chaque côté d’un sceptre-w#s qui descend jusqu’aux pieds. En dessous, accrochés au bras, pendent également deux signes-onX qui entourent le bas du sceptre-w#s.

Chaque notice se compose de trois colonnes en écriture rétrograde. La première contient la

« venue du roi » et les deux autres l’offrande de la région. La plupart des cartouches sont perdus ou arasés ; seuls les deux hiéroglyphes du nom d’Akoris subsistent dans la légende du IIe nome de Basse Égypte. La procession est dédiée à Harpré p# xrd o# wr tpy n Jmn. Le discours introductif et les deux premières provinces de Basse Égypte se trouvent sur la paroi sud. Le mur ouest conserve les IIIe à Xe nomes (le VIIIe est omis), puis les XIIIe et XIVe. Ce dernier marque clairement la fin du défilé qui comptait ainsi quatorze tableaux pour la Basse Égypte.

Nectanébo Ier – Létopolis (KL) cf. p. 234.

H. GAUTHIER, « À travers la Basse Égypte », ASAE 23 (1923), p. 165–182.

H. GAUTHIER, « Une liste de nomes à Létopolis », ASAE 32 (1932), p. 78–80.

H. R. HALL « Egyptian and Babylonian Antiquities », British Museum Quarterly V/1 (1931), p. 18–19, pl. X a.

W. SPIEGELBERG, « Varia LXXII. Ein neues Monument des Hohenpriesters von Letopolis Amasis mit Bemerkungen über den Namen des Stadt Letopolis », RT 26 (1909), p. 147.

La procession de Nectanébo Ier à Létopolis est connue par plusieurs reliefs de granit gris-noir.

Certains ont été retrouvés dans le village d’Oussim entre 1904 et 1932, et deux sont conservés par le British Museum (BM EA 1731 et 1732)38. La procession n’étant préservée que par frag- ments, l’on ne peut qu’estimer la taille des tableaux qui devait être d’environ 86 cm de haut et autant de large. Cette procession est composée de nomes et de pehou.

Les personnifications de nomes conservées sont masculines. Elles se tiennent debout dans la position habituelle. Au-dessus de leur tête se trouve l’emblème de leur région. Elles portent un plateau contenant le cartouche du roi surmonté de deux plumes et encadré de deux vases- Hs et sous lequel pendent deux signes-onX et un pilier-Dd. Le nom dans le cartouche est soit le nom de naissance soit le nom de couronnement, mais la procession n’est pas suffisamment conservée pour déterminer s’il y a alternance ou non.

La notice est composée de quatre colonnes. La première expose la « venue du roi » ; les deux suivantes présentent l’offrande de la province et la dernière porte la formule de contre- partie. Autant que l’on puisse en juger, le roi est nommé Kheperkarê dans la première colonne et Nakhtnebef dans la dernière. La procession est dédiée à Horus Seigneur de Létopolis.

Les textes qui nous sont parvenus sont ceux des XVIIIe, XXIe et XXIIe nomes de Haute Égypte, ainsi que ceux du discours introductif de Basse Égypte et de la Ire province du Delta.

Ce défilé contenait également des pehou et un tableau apparemment consacré à la Basse

38 Le relief BM EA 1731 est inédit et le relief BM EA 1732 n’est connu que par une photographie publiée par H. R. Hall. Il m’est agréable de remercier les collaborateurs du département Égypte Ancienne et Soudan qui m’ont donné toute liberté pour étudier ces deux reliefs ; cf. p. 256–257, pl. I–II.

(24)

Égypte de manière générale. Les XXIe et XXIIe nomes de Haute Égypte partagent le même tableau.

H. Gauthier rattachait un dernier bloc à cette procession39. Sur celui-ci, Thot qui sépare les deux compagnons est debout, coiffé de la couronne #tf, un signe-onX lui sortant de la main droite et tenant un sceptre-w#s de la gauche. Le dieu est accompagné d’un texte de deux colonnes et de l’emblème de la XVe province de Basse Égypte. Derrière lui, la moitié droite d’une colonne semble mentionner Mendès. Néanmoins, une identification avec les XVe et XVIe nomes de Basse Égypte est problématique. En effet, dans les autres exemples conservés de la procession, la région est personnifiée par une figure de prospérité et non par sa divinité majeure. De plus, les notices sont réparties sur quatre colonnes et non deux. Il s’agit donc d’une autre procession géographique, non pas de nomes, mais de divinités des provinces.

Nectanébo Ier – Héliopolis (KH)

Voir l’étude de Stephanie Blaschta dans le présent volume.

Nectanébo II – Boubastis (NB) cf. p. 235.

L. HABACHI, Tell Basta (CASAE 22), 1957, p. 137–138, fig. 35.

La procession de Nectanébo II à Boubastis est connue par un unique relief retrouvé à proximité de l’école élémentaire d’El-Qînâyât, village situé à 7 km de Boubastis. Il s’agit d’un bloc de quartzite de 38 cm de large et 53 cm de haut montrant le haut du tableau du VIIe nome de Basse Égypte.

Le génie de fécondité est masculin et porte l’emblème de la province sur la tête. Il tient un plateau chargé de deux vases-Hs et deux fleurs encadrant un sceptre-w#s. Au-dessus, trois courtes colonnes donnent la formule de contrepartie. Seule cette troisième partie, qui n’est pas attestée en dehors de ce formulaire avant l’époque ptolémaïque, permet de rattacher cette procession au corpus. Il est possible que le début du texte occupait deux longues colonnes, à l’exemple de la procession de Psammétique Ier à Tanis.

Nectanébo II – Tôd (NTd) cf. p. 235–236.

F. BISSON DE LA ROQUE, Tôd (1934–1936) (FIFAO 17), 1937, p. 143–147.

Des blocs gravés d’une procession des provinces au nom de Nectanébo II ont été découverts entre 1934 et 1936 dans les fondations de maisons à Tôd durant les fouilles de l’Ifao dirigées par F. Bisson de la Roque. Cette liste est dédiée à Nekhbet, la blanche de Nekhen. J. Yoyotte supposait donc qu’elle provenait d’Elkab40. Néanmoins, à défaut de preuve tangible, il semble préférable de considérer qu’elle provient d’une chapelle de Tôd dédiée à Nekhbet.

Toutes les notices conservées appartiennent à des nomes de Haute Égypte. Dans la publi- cation de F. Bisson de la Roque, ne se trouvent que la notice du XVIIIe nome, une partie de celle du XIXe, un relief présentant l’emblème du XIVe et plusieurs blocs qui ne montrent que des cartouches, ne permettant aucune identification. Néanmoins, il existe de nombreux autres blocs encore inédits livrant les notices des Xe, XVe, XVIe et XXIe/XXIIe nomes de Haute Égypte. Plusieurs sont connus par des photographies de F. Bisson de la Roque conservées à

39 H. GAUTHIER, « Une liste de nomes à Létopolis », ASAE 32 (1932), p. 78–80.

40 J. YOYOTTE, « Religion de l’Égypte ancienne », Ann. EPHE SR 86 (1977–1978), p. 170–171 = J. YOYOTTE, Histoire, géographie et religion de l’Égypte ancienne, Opera selecta, Textes édités et indexés par I. GUERMEUR

(OLA 224), 2013, p. 393.

(25)

l’Ifao41 et certains sont encore visibles à Tôd, entreposés dans l’entrée du site42. Parmi ces reliefs inédits, deux fragments ne portant plus que quelques signes chacun et ne se joignant pas pourraient appartenir au même tableau. Celui-ci serait consacré aux XXIe et XXIIe nomes de Haute Égypte, également réunis dans les processions de Létopolis, Héliopolis et Sébennytos de même époque. En effet, les signes conservés et leur place dans la notice correspondent parfaitement à ce que l’on trouve dans ces trois parallèles. Un dernier fragment dont le texte a été relevé par F. Bisson de la Roque se trouve actuellement dans une collection privée. Ce relief porte un passage de la notice du XIXe nome du Haute Égypte.

Fig. 6 : Textes de deux fragments inédits de Tôd et leur position probable dans la notice.

Fig. 7 : Reconstitution de la notice des XXIe et XXIIe nomes de Haute Égypte de la procession de Tôd d’après les parallèles (en rouge).

Les provinces sont personnifiées par des figures de fécondité masculine. Elles se tiennent dans l’attitude de la marche. Elles ont un ventre proéminent et des mamelles pendantes. Elles sont vêtues d’un pagne et portent une perruque. Une barbe recourbée orne leur menton et un collier leur cou. L’emblème de la région qu’elles représentent se trouve au-dessus de leur tête. Sur leurs bras tendus, elles tiennent un plateau sur lequel se trouve un sceptre-w#s encadré par deux ensembles formés d’une fleur de lotus et d’un vase-Hs. Le sceptre-w#s traverse le plateau et descend jusqu’à la hauteur du mollet de la figure de fécondité. Sous le plateau, de part et d’autre de la hampe du sceptre, pendent deux signes-onX et deux fleurs.

Les notices sont composées de trois longues colonnes devant le génie de prospérité et de deux courtes au-dessus du plateau. Sur la première se trouve la « venue du roi » ; la deuxième

41 No d’inventaire 2248, 2265, 2266, 2277, 2278, 2279, 2280 et 2281 ; Xe, XVe, XVIe, XIXe et XIXe nomes de Haute Égypte ; cf. p. 258–269, pl. III–IX.

42 XVe nome de Haute Égypte (le bloc a beaucoup souffert depuis la photographie de F. Bisson de la Roque), XVIe nome de Haute Égypte (le bloc en question est différent de celui photographié par F. Bisson de la Roque et se place au-dessus de celui-ci), XVIIIe nome de Haute Égypte (deux reliefs photographiés et publiés par F. Bisson de la Roque auxquels il faut ajouter un troisième fragment inédit) et XIXe nome de Haute Égypte ; cf. p. 261, pl. VI , p. 263, pl. VIII et p. 264, pl. IX.

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