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Texte intégral

(1)

S O R B O N N E U N I V E R S I T É

École des hautes études en sciences de l'information et de la communication – CELSA

E N A ( École nationale d’administration) - - -

Mémoire Master Professionnel 2

ème

année COMMUNICATION DES INSTITUTIONS PUBLIQUES

Sous la direction de

Madame Françoise BOURSIN, Professeur des Universités au CELSA, SORBONNE - UNIVERSITÉ

Et

Monsieur Jean-Emmanuel PAILLON, Délégué Général de l’INRIA

Soutenu par : KOTOSON Andriambololona Seth Promotion : Georges CLEMENCEAU (2017 – 2018) Soutenu le :

Mention :

Note du mémoire :

« LA RADIO ET LA TÉLÉVISION NATIONALES MALGACHES, OUTILS DE COMMUNICATION ENTRE LES MAINS DES PARTIS POLITIQUES AU

POUVOIR : UNE FATALITÉ MALGACHE ? »

(2)

REMERCIEMENTS

Je remercie chaleureusement Madame Françoise BOURSIN, Professeure des Universités au CELSA, SORBONNE – UNIVERSITÉ pour le temps et les précieux conseils qu’elle m’a accordés.

Je remercie Monsieur Jean-Emmanuel PAILLON, Délégué Général de l’INRIA, qui m’a fait profiter de son dynamisme et de ses qualités professionnelles.

Je remercie l’ENA (Strasbourg) et CELSA Sorbonne – Université (Paris) d’avoir rendu possible l’existence de ce cursus et de nous en faire profiter.

Je remercie Monsieur Fabrice LARAT, Directeur adjoint de la Formation à l’ENA Strasbourg et Madame Sandrine BLAISON, Responsable de l’organisation des masters pour leur disponibilité.

Je n’oublierai pas ma famille. Plus spécialement, ma Mère RASOARIMANGA sans qui je ne serais certainement pas ici en France pour faire ces études. Merci maman ! Mes profonds remerciements vont aussi à ma femme RASOAHARIMALALA Léontine pour son soutien indéfectible tout au long de mon séjour ici. Enfin, tendres pensées à mes enfants : Sophia, Zora, Raphaël et Elena ! Vous étiez ma force et ma source de motivation tout au long de cette aventure, et le restera pour les autres à venir.

À tous, je dis merci du fond du cœur !

(3)

SOMMAIRE

REMERCIEMENTS SOMMAIRE

INTRODUCTION ... 1

PARTIE 1- ÉTAT DES LIEUX : GOUVERNANTS ET MEDIAS AUDIOVISUELS NATIONAUX, UNE HISTOIRE D’EMPRISE INTEMPORELLE ... 8

INTRODUCTION PARTIELLE ... 8

CHAPITRE I- DEL’ANALYSEHISTORIQUEETCONTEXTUELLEDELARADIOETDELA TÉLÉVISIONNATIONALESMALGACHES ... 9

CHAPITRE II- DEL’ANALYSESUCCINCTEDEL’HISTOIREPOLITIQUEMALGACHE ... 16

CHAPITRE III- DEFINITIONDESNOTIONSETCONCEPTSDEBASE ... 30

CONCLUSION PARTIELLE ... 37

PARTIE 2- DE LA CULTURE DE MEDIAS PUBLICS « POLITICIENS » ... 39

INTRODUCTION PARTIELLE ... 39

CHAPITRE I- AUDIOVISUELPUBLIC :ENTREUSAGEPRIVATIFETDESSEIN POLITIQUED’ELIMINATIONDESADVERSAIRES ... 41

CHAPITRE II- ENVIRONNEMENTSOCIO-POLITIQUEPROPICEÀL’ABUS... 52

CHAPITRE III-PROPOSITIONS ... 62

CONCLUSION PARTIELLE ... 67

CONCLUSION GÉNÉRALE ... 69

BIBLIOGRAPHIE ... 73

TABLE DES MATIÈRES ... 76

TABLEAU DES ANNEXES ... 78

RÉSUMÉ ... 85

LES MOTS CLÉS ... 86

(4)

INTRODUCTION

Depuis ces dernières décennies, le monde a connu plusieurs changements majeurs. Et il est de notoriété publique que la communication en fait partie. En effet, la communication a pris une place tellement importante, par exemple, dans l’espace politique au point qu’elle soit devenue un élément fondamental pour définir l’existence-même d’un parti. Oui, c’est vrai ! Un parti, une organisation ou tendance politique qui n’a pas encore fait une communication de son existence – nonobstant l’accomplissement des formalités administratives requises pour l’existence juridique d’une telle entité – n’existe pas encore dans le monde nébuleux de la politique. Effectivement, les partis politiques n’ont aucun intérêt à rester dans le secret. Leur vocation est d’être les plus connus sur l’espace public. Et s’il est une chose que les hommes politiques avaient très vite compris, c’est bien sûr le caractère impérieux de la communication non seulement pour diffuser son programme politique mais aussi et surtout pour se faire connaitre.

En réalité, ces partis se fondent sur un postulat largement utilisé dans le marketing commercial selon lequel, le plus un bien aura fait l’objet de publicité, le mieux il aura créé le besoin chez les consommateurs de l’acheter. Transposé dans le milieu politique, ce postulat se traduira par, « le plus un parti aura fait publicité de lui-même, le mieux il aura de la chance d’avoir convaincu des gens pour l’élire lors des échéances électorales ». Bien évidemment, la question de l’adhésion ou non des électeurs à son programme est ici toute dérisoire. Il en est de même de la question de savoir si le programme que le parti a présenté était plus pertinent que ceux des adversaires politiques battus. Le but principal étant généralement celui de gagner les élections. Il est donc de vérité de dire qu’un homme politique qui ne communique pas n’aura aucune chance d’être élu.

De la rhétorique classique de la Grèce Antique connue pour le rôle passif du

public et la présence physique de l’orateur, on vit aujourd’hui le temps des

médias-sociaux, la « web-communication ». Ce nouveau mode de

(5)

communication est l’incarnation par excellence de l’interactivité où l’homme politique émetteur du message est à distance. Toujours est-il que suivant le lieu, le temps et l’objectif poursuivis, l’on choisit minutieusement son moyen de communication. La raison est qu’il ne suffit point de communiquer, il faut avant tout être le plus performant possible pour espérer gagner la faveur de l’opinion publique. Un phénomène commencé aux États-Unis d’Amérique dans les années 30, on assiste actuellement au foisonnement d’organismes spécialisés dans le domaine pour satisfaire les besoins insatiables des hommes politiques.

Toutes les parties du monde sont concernées, y compris Madagascar qui est l’objet d’étude du présent mémoire.

Madagascar est cette île en forme de pied gauche de 585 000 km² de superficie qui se trouve dans l’Océan Indien. C’est un État africain. Malheureusement, il fait partie des États les plus pauvres au monde. Il compte actuellement près de 25 millions

1

d’habitants, constitués majoritairement de population rurale même si l’on peut constater une assez forte concentration dans les grandes villes du pays à l’instar de la capitale Antananarivo, Toamasina, Antsirabe ou Fianarantsoa

2

. Suivant les derniers chiffres de l’UNESCO, le pays a un taux d’alphabétisation de près de 64%

3

.

Madagascar est un État unitaire, et le multipartisme y est reconnu par la Constitution. Politiquement, le pays fonctionne avec un régime semi- présidentiel où l’exécutif bicéphale dirigé par le Président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans. Le pays dispose d’une Assemblée Nationale et d’un Sénat composés respectivement de députés élus par voie de suffrage universel direct et de sénateurs dont une partie est élue par des grands électeurs tandis qu’une autre est désignée par le Président de la République. Madagascar en est actuellement à sa 4

ème

République. Historiquement, la Grande-Île est une ancienne colonie française, elle a accédé à l’indépendance le 26 Juin 1960. Quelques-unes de ses grandes

1 <https://www.populationdata.net/pays/madagascar/> (Consulté le 12 sept. 2018).

2 Respectivement, 2 645 860 d’habitants, 300 813 d’habitants, 257 163 d’habitants et 244 279 d’habitants, <https://www.populationdata.net/pays/madagascar/> (Consulté le 02 sept. 2018).

3 Rapport UNICEF « Education : Adult literacy rate – Percentage », oct. 2015.

(6)

infrastructures dont par exemple celles afférentes aux médias audiovisuels publics datent de cette période coloniale.

L’on fait bien évidemment allusion à la radio et la télévision nationales malgaches. Ce sont la Radio Nasionaly Malagasy (RNM)

4

et de la Televiziona Malagasy (TVM)

5

. Leur statut d’établissement public et leur ancienneté leur avaient assuré un certain monopole pendant de très longue période. Ces médias publics jouissent de la faveur populaire malgré le développement des médias privés et des « nouveaux médias » de masse ces dernières années.

Leurs histoires devant être abordées ultérieurement, nous ne nous y attarderons pas à ce stade.

D’une manière générale, on peut dire que Madagascar est un État libéral parce que selon les dispositions de l’article 1

er

alinéa 3 de la Constitution malgache du 11 décembre 2010, « La démocratie et le principe de l'État de droit constituent le fondement de la République ». En outre, les libertés individuelles y sont effectives. C’est ainsi le cas de la liberté politique qui est matérialisée par la reconnaissance du droit de vote et du droit d’éligibilité aux citoyens. Il en est de même de la liberté d’expression

6

, la liberté d’opinion et la liberté d’association qui sont également garanties par la Constitution de la République

7

. En ce qui concerne la liberté d’expression par exemple, on relève une explosion impressionnante du nombre des stations radios et des chaînes de télévisions privées ces vingt dernières années. Le nombre des journalistes a suivi la même courbe. Il en est de même du cas des médias dits « sociaux » où l’on peut constater la multiplication des observateurs politiques ou des sympathisants d’organisations de la société civile qui tiennent des blogs ou des comptes sur internet. Il n’y a aucune restriction dans l’utilisation des réseaux sociaux dans le

4 Cf. infra, p. 10.

5 Cf. infra, p. 11.

6 Madagascar est 54ème du classement mondial 2018 en termes de liberté de la presse.

https://rsf.org/fr/classement

7 L’article 10 de la constitution du 11 décembre 2010 dispose que : « Les libertés d'opinion et d'expression, de communication, de presse, d'association, de réunion, de circulation, de conscience et de religion sont garanties à tous et ne peuvent être limitées que par le respect des libertés et droits d'autrui et par l'impératif de sauvegarde de l'ordre public, de la dignité nationale et de la sécurité de l'État.

(7)

pays, contrairement à que l’on pourrait constater dans certains parties du monde.

Néanmoins, il est important de signaler qu’à côté de ces signes globalement positifs subsiste une triste réalité socio-politique assez récurrente. Le débat politique demeure très limité. Ceci est généralement dû à la posture souvent défensive – réfutant toutes contradictions – adoptée par presque tous les régimes qui se sont succédés au pouvoir. En conséquence, on assiste parfois à des tentatives d’intimidations dirigées à l’endroit des opposants politiques ou des journalistes qui osent évoquer frontalement des sujets gênants pour le pouvoir en place ou ses dignitaires. Ces intimidations se matérialisent la plupart du temps soit par des poursuites judiciaires soit par des incarcérations pures et simples. Ce qui semble fortement supposer que ces faits sont accompagnés d’instrumentalisation de la Justice. Ceci explique sans nul doute le 54

ème

rang du classement du « Reporter Sans Frontières 2018 » occupé par le pays en termes de liberté de la presse et d’expression.

Sans vouloir faire d’analyses approfondies à ce stade de notre étude, si les

personnalités politiques non-dignitaires peuvent être harcelés pour leurs propos

tenus par ailleurs, il est facile d’imaginer que ces personnes ne seront jamais

les bienvenues à la radio ou à la télévision nationale. C’est la raison pour

laquelle ces gens se plaignent souvent du traitement défavorable dont ils font

l’objet par rapport à l’accès à ces deux médias nationaux. Ces critiques souvent

dirigées contre le Ministre de la Communication et les directeurs des deux

établissements publics visent, en réalité, le Président de la République, auquel

ils imputent cette stratégie d’élimination politique indirecte. Cet affrontement

autour de l’accès de tous les partis politiques aux médias nationaux perdure

depuis plusieurs années malgré les nombreuses alternances politiques qui ont

eu lieu dans le pays. D’où l’intitulé de notre étude : « LA RADIO ET LA

TÉLÉVISION NATIONALES, OUTILS DE COMMUNICATION ENTRE LES

MAINS DES PARTIS POLITIQUES AU POUVOIR : UNE FATALITÉ

MALGACHE ? ».

(8)

1- Problématique

Les précédentes explications illustrent les enjeux cristallisés autour de la RNM et de la TVM à Madagascar. Au-delà de cette aspiration à l’égalité de traitement, somme toute légitime dans un pays qui se proclame démocratique, l’enjeu principal est la communication politique. Les hommes politiques aspirent à une meilleure visibilité, et ils en sont convaincus que cela passe par les médias publics.

Les électeurs Malgaches sont au cœur de cette farouche bataille qui oppose les hommes politiques. Toujours choyés et souvent manipulés, ces citoyens captivent leur attention pour des raisons évidentes électoralistes. La faible pénétration des nouveaux-médias, et d’internet en général, et le rôle encore secondaire joué par la presse et les médias privés amplifient l’attrait aux médias publics. Comme cité ci-dessus, un fait demeure constant, le pouvoir verrouille les médias publics en y excluant les opposants. Seuls les dignitaires ont accès aux radio et télévision nationales. Malheureusement, la récurrence du phénomène est telle qu’il est vécu presque naturellement par les gens. C’est devenu une fatalité malgache au fil du temps.

Intrigante avant tout, cette réalité malgache est problématique. Elle nous incite à nous poser la question de savoir pourquoi les médias nationaux font-ils l’objet d’accaparement sans partage de la part des partis politiques au pouvoir à Madagascar ? Quelles « forces » animent ce phénomène ?

Cette problématique, si elle peut sembler de prime à bord évidente à

comprendre au vu des précédentes explications, n’en est pas néanmoins

difficile à expliquer. En effet, on verra plus tard qu’elle est très complexe car

peut susciter elle-même d’autres réflexions en tant que piste de réponses. À ce

stade, nous allons utiliser ce questionnement pour figer les faits et retenir que

dans un pays assez démocratique comme Madagascar, d’une part, la télévision

et la radio nationales du pays sont sous l’emprise du parti politique au pouvoir,

et d’autre part, la situation perdure depuis plusieurs années et tout le monde

semble quelque peu s’y accommoder.

(9)

2- Hypothèses

Il est évident qu’il sera difficile d’apporter une seule et unique réponse à cette question, vue sa complexité. Néanmoins, partir des hypothèses de travail suivantes nous aidera sans doute à y voir un peu plus clair.

Hypothèses 1 :

- L’accaparement de la RNM et de la TVM par les régimes politiques en place est dû au fait que ceux-ci ont utilisé ces médias comme étant un élément à part entière de leurs outils de communication. C’est-à-dire que cet accaparement est sous-tendu vers un objectif plus complexe qu’on ne l’imagine en réalité.

Hypothèse 2 :

- L’emprise de la RNM et de la TVM par les régimes politiques en place peut-être dû à un environnement particulièrement propice à l’abus. C’est-à-dire que le concours de plusieurs circonstances a permis de faire perdurer cet abus.

3- Méthodologie

Primo, le champ d’analyse est circonscrit aux seules radio et télévision nationales malgaches. À l’exclusion donc des autres médias publics qui pourraient exister, et surtout des médias privés, quels qu’ils soient. La période étudiée sera celle de l’indépendance à nos jours.

Secundo, l’inexistence d’études quantitatives sur l’existence de ce fait d’accaparement des médias publics par les pouvoirs successifs depuis les origines de ces médias ainsi que l’impossibilité pour nous de le faire nous- même ont été les principales difficultés dans la conduite de cette étude.

Néanmoins, nous nous sommes basés sur des articles de presse nationaux et

étrangers, des rapports d’observateurs en tous genres et des articles sur

Internet pour fonder nos dires. Les recherches documentaires avaient

également fait partie intégrante de notre démarche.

(10)

4- Plan

Il est évident que répondre à la problématique posée ci-dessus n’est pas chose

aisée. C’est la raison pour laquelle il est indispensable de procéder par étape

pour voir dans une première partie « un état des lieux : gouvernants et

medias audiovisuels nationaux, une histoire d’emprise intemporelle »

(Partie 1). Et dans une seconde partie, il conviendra de traiter le thème « La

culture de medias publics politiciens » (Partie 2).

(11)

Partie 1- ÉTAT DES LIEUX : GOUVERNANTS ET MEDIAS AUDIOVISUELS NATIONAUX, UNE HISTOIRE D’EMPRISE INTEMPORELLE

Introduction partielle

Comme dans la majorité de cas des anciennes colonies, leurs histoires politiques « modernes » ont véritablement commencé à partir de l’indépendance. Madagascar n’échappe à cette règle même si pour la Grande- Île cette indépendance n’a pas tout de suite entraîné un retrait immédiat de l’ancienne puissance coloniale. En effet, bien que Madagascar ait accédé officiellement à l’indépendance le 26 juin 1960, la France continuait d’exercer discrètement son influence tant sur le plan de la politique intérieure qu’extérieure du pays. À l’époque, la radio nationale créée bien avant l’indépendance était dirigée par des responsables français. Il en est de même de la télévision nationale même si celle-ci a été inaugurée en 1967. C’est-à- dire, sept ans après ladite indépendance. Ce bref rappel historique avait pour objectif de démontrer que les autorités coloniales exerçaient aussi un certain contrôle sur les médias publics malgaches à l’époque.

L’évolution récente du monde politique nous a démontré que la politique et la

communication ont toujours entretenu un lien plus ou moins étroit. Sans

précaution nécessaire, l’on pourrait facilement tomber dans la confusion pour

dire que la politique c’est de la communication. Et inversement, la

communication c’est de la politique. Cette situation démontre en elle-même la

nécessité de prudence qu’il conviendrait d’avoir en traitant le sujet tant les

frontières entre toutes les notions peuvent être infimes. Même si ce risque de

confusion est réel entre la politique et la communication, la distinction demeure

justifiée entre les gouvernants et les médias publics. Même s’il y a une emprise

permanente de la part des premiers sur les derniers, ceux-ci continueront

d’avoir une existence propre. Il ne saurait en être autrement car ces médias ne

peuvent être considérés à proprement parler comme les personnes mêmes des

gouvernants, et vis-versa. En effet, non seulement, ces médias ont une

(12)

existence physique propre mais en plus, ils ont survécu et survivront aux différents gouvernants à venir. Ils sont et demeureront des outils de communication que certains gouvernants sont parfois tentés d’utiliser à des fins politiciennes. C’est dans cette considération que nous allons traiter la radio et la télévision nationales malgaches tout au long de notre étude.

Pour bien comprendre le cas malgache, il est incontournable de faire de

« l’analyse historique de la radio et de la télévision nationales malgaches » (Chapitre I). Par la suite, il sera nécessaire d’effectuer une

« analyse de l’histoire politique du pays » (Chapitre II). Enfin, la « définition des notions voisines et des concepts de base » (Chapitre III) n’est pas superflue parce qu’elle permettra d’ôter d’emblée toute éventualité de confusions.

Chapitre I- DE L’ANALYSE HISTORIQUE ET CONTEXTUELLE DE LA RADIO ET DE LA TÉLÉVISION NATIONALES MALGACHES

La RNM (Radio Nasionaly Malagasy) et la TVM (Televiziona Malagasy) partagent un destin commun pour des raisons évidentes de proximité entre les deux. Ce sont des établissements publics à caractère industriel et commercial (EPIC)

8

. Elles sont placées sous la tutelle du Ministère de la Communication, de l’Information et des Relations avec les Institutions (MCIR). Comme siège, elles partagent actuellement un même bâtiment sis à Anosy, dans la capitale Antananarivo. Elles restent les seules à détenir officiellement le droit de diffuser sur le plan national.

Si la RNM se distingue de la TVM par rapport à l’historique de leur création (Section 1), elles jouent plus ou moins les mêmes rôles, que ce soit sur le plan constitutionnel (Section 2) ou sur le plan social (Section 3).

8 Elles sont chapeautées par l’Office de la Radio et de la Télévision publiques de Madagascar (ORTM) qui est un organisme de coordination technique et administrative

(13)

Section 1) Histoire de la RNM et de TVM

§1-La RNM

La Radio Nasionaly Malagasy (RNM) a été inaugurée à Antaninarenina par le Général Léon CAYLA

9

le 29 avril 1931. La radio s’appelait à l’époque « Radio Tananarive » et était gérée par l’autorité coloniale. L’essentiel des émissions diffusées était en français et il se limitait à quelques heures de diffusion par jour seulement. Les programmes n’ayant jamais cessé de s’étoffer, des émissions en langue malgache avaient fait leur apparition après la 2

ème

guerre mondiale.

La programmation était modeste parce qu’elle se limitait essentiellement à la diffusion des rares chansons malgaches éditées en disque vinyle. Aujourd’hui, le « Malagasy », la langue nationale du pays, est presque exclusivement la langue de diffusion de la RNM. Mise à part l’édition du soir du journal parlé de 19h 45 qui est en français et quelques rares émissions ponctuelles, le reste des programmes se fait en malgache. Il faut dire que Madagascar est l’un des rares pays d’Afrique où toute la population parle une seule langue. Son caractère insulaire joue un rôle prépondérant dans cette situation mais il y a aussi le taux d’alphabétisation parmi les plus bas au monde.

La gestion de la radio était assurée par les autorités coloniales au départ, et même après l’indépendance. Cette gestion n’a été transférée aux autorités malgaches qu’en 1962. La station avait alors changé de siège pour se trouver à Anosy

10

, et de nom aussi pour devenir « Radiodiffusion Nationale ». La RNM changera de noms à plusieurs reprises

11

par la suite. En 1967, lors de l’inauguration de la Televiziona Malagasy, la gestion de la RNM a été fusionnée avec celle de cette nouvelle entité pour donner naissance à la « Radio Televiziona Malagasy », couramment connue sous le sigle de « RTM ».

9 De son vrai nom Léon Henri Charles CAYLA (né à Oran le 17 novembre 1881 et décédé à Saint-Germain-en-Laye le 25 avril 1965) a été le Gouverneur Général de Madagascar du 1 mai 1930 au 22 avril 1939.

10 Le siège actuel de la RNM.

11 Radio Tananarive en 1931, Radio Madagascar en 1957, Radiodiffusion Nationale Malgache en 1962, Radio Televiziona Malagasy en 1967, Radio Madagasikara en 1992, Radio Nasionaly Malagasy en 1994, Radio Madagasikara en 1997, Radio Nasionaly Malagasy jusqu’à présent.

(14)

Jusqu’ici, elle a connu 18 directeurs et 32 ministres. Ces mouvements assez récurrents de responsables à la tête de l’institution ne l’ont pas empêché de garder une certaine constance dans sa grille de programmes. La RNM, en tant que radio d’État a priorisé la programmation d’émissions populaires

12

et culturelles. « Austère et archaïque », voilà les dires de ses détracteurs à son encontre. C’est souvent le fait des jeunes ou des citadins qui reprochent à leur radio nationale des programmations trop conservatrices, en total décalage avec le temps. Malgré tout, la RNM est restée une station de radiodiffusion généraliste

13

et sa grille de programmes est quasiment inchangée depuis plusieurs années. Sa devise actuelle est « Éduquer, Informer et Divertir ».

Même en l’absence de chiffres fiables, faute de mesure de part d’audience digne de ce nom, on peut encore dire que la population garde un attachement profond à la radio nationale. Par ailleurs, quelques-uns de ses programmes demeurent incontournables pour les foyers malgaches. Il s’agit entre autres des journaux parlés de 6h30, 12h30 et 19h30 ; les séries radiophoniques du lundi au dimanche de 13h15 à 13h30 ; ainsi que les histoires long-métrage du samedi soir à 20h. Il en est de même pour l’émission d’informations régionales en direct dite « Ampitampitaho »

14

du 10h du matin, programmée du lundi au vendredi. Il convient de signaler que seule la RNM couvre la quasi-totalité du territoire national. À peu près 95%

15

de taux de couverture avec 108 antennes locales dans les districts, sur les 114 que compte le pays.

§2-La TVM

La Televiziona Malagasy, ou « TVM » comme on l’appelle communément au pays, a été inaugurée par le Président de la République malgache Philibert TSIRANANA le 24 Décembre 1967. À cette époque, elle était fusionnée à la

12 Le mot populaire est ici entendu dans son acception « pour le grand public » et non pas dans celle « célèbre ».

13 Par ailleurs, la quasi-totalité des stations à Madagascar est généraliste par opposition au cas de la France où l’on peut rencontrer des stations dites thématiques qui programment des émissions centrées sur une ou plusieurs thèmes et des stations classiques qui émettent uniquement de la musique classique et des informations financières.

14 « Faites passer le message », en français.

15 Étude sur le développement des médias à Madagascar, UNESCO, éd. Programme international pour le développement de la communication, 2017, p. 16.

(15)

radio nationale et portait l’appellation commune de Radio Televiziona Malagasy (RTM). Aujourd’hui, TVM et RNM fonctionnent séparément et disposent chacune de sa direction et de son personnel propres composés de ressortissants exclusivement malgaches.

La TVM est une station généraliste comme toutes les grandes chaînes de télédiffusion du pays. Elle offre une programmation assez diversifiée, en priorisant toutefois des émissions culturelles et éducatives produites localement. La langue malgache et la langue française sont assez équitablement utilisées dans les émissions disponibles sur la grille des programmes. Loin d’être le fruit d’un choix stratégique, la programmation d’émissions en langue française est commandée surtout par le manque de moyens financiers qui oblige les responsables de la chaîne à recourir à des émissions en langue française gratuites, obtenues en partenariat avec les chaînes françaises. De manière générale, les films documentaires, les films cinématographiques, les films animés pour les enfants et les émissions de divertissement diffusés sur la TVM sont de production française. Par exemple, le jeu télévisé « Questions pour un champion » est très suivi à Madagascar. La victoire de Patricia RAJERIARISON en 1994 dans ce jeu de divertissement télévisuel, dans son édition « spéciale langue française » a renforcé la popularité de cette émission.

À l’image de la RNM, la TVM fait aussi l’objet de critiques de la part du public.

Ces critiques sont devenues de plus en plus acerbes ces dernières années, notamment depuis l’avènement de grandes chaînes privées dans l’espace audiovisuel du pays. En effet, malgré le monopole de diffusion nationale dévolue à la TVM, quelques grandes chaînes privées peuvent être suivies presque partout, grâce à leur présence sur les bouquets des chaînes satellitaires

16

et de TNT

17

payants présents dans le pays. Désormais, les gens ont des éléments concrets de référence en termes de qualité de production et de programmation. Lesdites chaînes produisent quasiment toutes des

16 « CANALSAT Madagascar » et « PARABOLE Madagascar ».

17 « BLUELINE TV » et « STARTIMES TV ».

(16)

émissions de divertissement très appréciées par le public de tous âges. Par ailleurs, elles sont très bien équipées et offrent des images de meilleure qualité.

Contrairement à la RNM, la TVM perd du terrain en termes d’audience. Sans son statut de chaîne d’État et son privilège exclusif de couverture nationale, la TVM se trouverait dans une situation délicate depuis longtemps. Même sur ses plages horaires de prédilection, c’est-à-dire 19h30 à 20h pour le journal télévisé du soir, les chaînes privées sont plus suivies parce que jugées plus objectives par les téléspectateurs. En outre, la chaîne publique éprouve de grande difficulté à diffuser les grandes compétitions sportives internationales comme l’Euro du football ou la Coupe du Monde, faute d’avoir les moyens nécessaire pour payer les droits de diffusion y afférents

18

. La chaîne a aussi subi plus de bouleversements dans sa programmation que la RNM. De fait, il ne reste plus que quelques émissions historiques sur sa grille. Seuls les journaux télévisés du 13h et du 19h30 restent inchangés. Par exemple, l’émission musicale mensuelle en direct appelée « Mbarakaly

19

», très populaire dans les années 80 et 90, n’est plus produite depuis plusieurs années. Cette émission dominicale, qui a permis l’éclosion de nombreux artistes, a été avant tout un lieu de rencontre culturelle qui permettait la diffusion des danses et des chants traditionnels des dix-huit ethnies du pays. La TVM a également plus souffert de l’ouverture des licences privées que la RNM. Malgré tout, TVM et RNM continuent de jouer un rôle important dans le paysage audiovisuel de Madagascar.

Section 2) Les médias publics malgaches et leur rôle constitutionnel

RNM et TVM sont l’incarnation des libertés individuelles proclamées et garanties par la Constitution

20

: la liberté d’expression, la liberté de presse, la

18 <http://www.ladepeche-madagascar.com/sports/football-mondial-2018-la-tvm-diffuse-32- matches/> article du 12 mai 2018 (Consulté le 31 oct. 2018).

19 « Bonjour » en français. C’est la salutation dans la langue dialectique du nord du pays.

Tandis que celle de la langue nationale est « Salama ».

20 Constitution de la République de Madagascar du 11 décembre 2010 :

- Art. 10 : Les libertés d'opinion et d'expression, de communication, de presse, d'association, de réunion, de circulation, de conscience et de religion sont garanties à tous et ne peuvent être limitées que par le respect des libertés et droits d'autrui, et par

(17)

liberté d’information, la liberté d’opinion et la liberté politique. C’est la raison pour laquelle il est permis de dire qu’elles jouent un rôle constitutionnel de premier ordre. Même s’il y a de nombreuses sociétés privées qui travaillent dans le domaine de l’information aujourd’hui, il appartient à l’État d’assumer cette mission qui consiste pour lui en une mission de service public qu’il doit assurer au profit des citoyens. Du fait même de leur existence, la RNM et la TVM symbolisent constitutionnellement que l’État est démocratique en montrant qu’il n’est pas contre la libre circulation des informations dans le pays. Dans ces considérations, les chaînes et les stations privées assurent juste la multiplicité du choix pour les usagers. C’est qui est en soi aussi une autre manifestation de la jouissance des libertés fondamentales.

S’il est un fait pour illustrer davantage la valeur constitutionnelle des médias publics, c’est bien la publication légale en cas d’urgence. Effectivement, suivant les dispositions de l’article 4 de l’ordonnance n° 62-041 du 19 septembre 1962 relative aux dispositions générales de droit interne et de droit international privé, lorsque l’on est en présence d’un texte de loi dont l’application requiert urgence, celle-ci peut entrer immédiatement en vigueur après avoir été préalablement portée à la connaissance du public par voie de radio et télédiffusion. Tout ceci dénote l’importance des médias publics dans un pays très pauvre comme Madagascar où les réseaux routiers, fort peu développés, sont parfois aussi en très mauvais état. La publication au journal officiel et l’acheminement au bureau de la préfecture auront certainement lieu plus tard, la radio et télévision nationales permettent la diffusion immédiate des textes les plus urgents.

l'impératif de sauvegarde de l'ordre public, de la dignité nationale et de la sécurité de l’État.

- Art. 11 : Tout individu a droit à l'information.

L'information sous toutes ses formes n'est soumise à aucune contrainte préalable, sauf celle portant atteinte à l’ordre public et aux bonnes mœurs. La liberté d’information, quel qu’en soit le support, est un droit. L’exercice de ce droit comporte des devoirs et des responsabilités, et est soumis à certaines formalités, conditions, ou sanctions prévues par la loi, qui constituent des mesures nécessaires dans une société démocratique.

Toute forme de censure est interdite. L’exercice de la profession de journaliste est organisé par la loi.

(18)

Section 3) Le rôle social des médias nationaux malgaches

La RNM et la TVM sont de véritables institutions à Madagascar. La population est attachée à ces deux médias audiovisuels publics. La fin de la censure d’État sur la presse en 1989 et la dérégulation des ondes en 1992 qui ont accéléré la prolifération des sociétés privées de l’audiovisuel n’ont pas vraiment eu d’impact sur la perception sociale des médias publics. Certes, on verra un peu plus loin qu’elles peuvent parfois souffrir de crédibilité sur le plan du traitement des questions politiques. Sur le plan social, la RNM et la TVM tiennent des places importantes dans le quotidien des malgaches.

Premièrement, avec des réseaux routiers peu développés et en très mauvais état, et faute de presses locales, seule la population de la province d’Antananarivo peut acheter des journaux du jour de leur parution. Les autres provinces « reçoivent à peine les journaux et le plus souvent, quand elles en reçoivent, c’est souvent avec des jours de retard faute de route et de réseau professionnel de distribution »

21

. Par ailleurs, il n’y a que quelques régions qui disposent de leurs propres presses locales. Les médias publics restent dans ces conditions une des sources d’information pour la grande majorité des régions. La couverture nationale dont elles bénéficient leur permet de garder une très grande influence dans ces endroits. C’est la raison pour laquelle, certaines émissions sont restées très populaires auprès du public. Il en est ainsi des journaux parlés de la RNM avec ses trois éditions journalières du 6h30, 12h30 et 19h. C’est le cas aussi du grand journal télévisé du 19h30.

Deuxièmement, en tant que médias d’État, la RNM et la TVM sont les seules à être suivies en cas de diffusion d’information d’importance nationale

22

. C’est ainsi que toutes les campagnes de sensibilisation gouvernementales en tous genres sont d’abord diffusées sur les médias publics avant d’être publiées sur

21 La radiodiffusion à Madagascar et son cadre règlementaire : les cas de la « RNM » et des stations locales privées, RAZAFIMBELO-BRUYERON S., 2009. p. 4.

<https://seer.ufs.br/index.php/eptic/article/viewFile/102/74> en date de 2011 (Consulté le 18 sept. 18)

22 Situation de crise due à une pandémie ou une catastrophe naturelle. En 2017, Madagascar a été touché par une épidémie de peste. Madagascar est également touché par de violents cyclones tous les ans. Dans ces cas, la RNM et la TVM assurent principalement la diffusion des informations des responsables étatiques. Les médias privés jouent juste des rôles de relai.

(19)

les chaînes et stations privées. Par exemple, en cas de passage cyclonique, les informations dites officielles sont uniquement celles diffusées à travers la Radio Nasionaly Malagasy et la Televiziona Malagasy. Les médias privés n’arrivent pas à s’imposer dans ce domaine quelle que soit leur importance. Et ce, malgré aussi qu’ils reçoivent les mêmes données que les médias publics.

Enfin, les malgaches s’attachent à un certain nombre de services des médias publics qu’ils continuent à les utiliser même s’ils disposent désormais des moyens alternatifs plus rapides et moins coûteux. Il en est ainsi des services nécrologiques des médias publics. Au lieu de se contenter des appels téléphoniques qu’ils peuvent désormais faire pour avertir leurs proches, les gens utilisent toujours les petites annonces nécrologiques de la TVM ou de l’émission « Ampitampitaho » de la RNM pour le faire. C’est également le cas du « vaovaom-piangonana » qui signifie « les annonces des églises » en français. En dépit des annonces qui ont certainement déjà été faites à travers les canaux de communication internes des églises, les responsables préfèrent aussi passer leurs messages à travers les petites annonces de la RNM et de la TVM. « Factuellement », cette situation reste inexplicable. Sociologiquement, elle témoigne l’attachement des gens à ces deux institutions. Les médias privés n’ont jamais su développer des services similaires. On peut s’avancer pour dire dans ces conditions que le recours par les autorités et même par les usagers aux médias publics obéit à l’objectif de revêtir les informations à diffuser d’une certaine solennité. Dans certains cas, on peut même avancer que ces médias sont un facteur de cohésion sociale entre les populations. En effet, ils permettent de garder un lien social permanent entre les différentes localités du pays à travers les informations locales diffusées tous les jours.

Chapitre II- DE L’ANALYSE SUCCINCTE DE L’HISTOIRE POLITIQUE

MALGACHE

(20)

« Madagascar est le seul pays qui s'appauvrit depuis soixante ans sans avoir connu la guerre ». Tel est l’intitulé de l’article du journal Le Monde

23

paru le 20 novembre 2017. Cet article présenté sous forme d’interview de chercheurs spécialistes de la Grande-Île, auteurs du livre intitulé « L’énigme et le paradoxe Économie politique de Madagascar »

24

, ne peut qu’interpeller de par la contradiction, tant soit peu, qu’il essaie de mettre en évidence. Même sans avoir jamais connu de guerres civiles, Madagascar figure parmi les pays les plus pauvres au monde et même en Afrique suivant les derniers chiffres de l’année 2018 publiés par le FMI. Il occupe le quatrième rang derrière le Soudan-du-Sud, Malawi et le Burundi avec 424 $ de PIB par habitant

25

. Voir dans cette situation de pauvreté une quelconque mésaventure totalement liée au fait du hasard, dénuée de toute explication logique, reviendrait à méconnaître le caractère tumultueux du passé sociopolitique du pays. En effet, l’histoire postindépendance de la Grande-Île est fortement imprégnée de crises politiques à répétition.

Section 1) Crises politiques à répétition

Madagascar a connu un cycle assez régulier de contestations politiques. Si certaines d’entre elles avaient pu être circonscrites uniquement à la haute sphère des instances politiques, d’autres, sinon la plupart, étaient accompagnées de soulèvements populaires violents. Ces agitations ont fortement marqué la vie socioéconomique du pays et de son peuple

26

.

23 Madagascar est le seul pays qui s’appauvrit depuis soixante ans sans avoir connu la guerre, CARAMEL Laurence, Le Monde du 19/20 novembre 2017 Périodicité : Quotidien OJD : 269584

Page de l'article : p. 20-23. (Disponible aussi sur)

<https://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/11/17/madagascar-est-le-seul-pays-qui-s- appauvrit-depuis-soixante-ans-sans-avoir-connu-la-guerre_5216412_3212.html>.

24 L’énigme et le paradoxe : Économie politique de Madagascar, RAZAFINDRAKOTO M., ROUBAUD F., WACHSBERGER J-M., ed. IRD, 2017, p. 279.

25 <https://www.journaldunet.fr/patrimoine/guide-des-finances-personnelles/1208809-pays- pauvres/> Pays pauvres : les pays qui produisent le moins de richesses, publié le 13 juillet 2018, (Consulté le 25 sept. 2018).

26 <http://french.peopledaily.com.cn/International/7041075.html> Madagascar : Les grandes dates depuis l'indépendance à nos jours (CHRONOLOGIE), (Consulté le 25 sept. 2018) ;

(21)

§1-Crise politique 1972 (13 mai 1972)

L’accession de Madagascar à l’indépendance s’est faite en deux temps. La 1

ère

République a été proclamée le 14 octobre 1958, et le 26 juin 1960 l’accession à l’indépendance proprement dite. Le premier Président de la République malgache, Philibert TSIRANANA, a été élu par le Parlement le 01 mai 1959 mais il a été renversé par un mouvement populaire initié par les étudiants de l’Université de la capitale en 1972. Le mouvement pacifique assez localisé initialement s’est vite généralisé lorsque les autorités avaient réprimé violemment les manifestations et les manifestants. Quelques-uns d’entre eux avaient été appréhendés par les forces de l’ordre. À l’origine, la foule reprochait au Président de la République d’être « la marionnette de la France » en continuant de recevoir des directives de Paris. Ils réclamaient des changements significatifs dans la conduite des affaires du pays, et plus de justice sociale aussi. Le moment fort de cette période a eu lieu le 13 mai 1972 où une marée humaine en colère s’est ruée sur l’Avenue de l’indépendance, en plein centre de la Capitale, pour réclamer la libération des étudiants arrêtés la veille. L’Hôtel de ville qui se trouvait sur place a été incendié par les manifestants, et la situation politique devenait alors ingérable pour le Président. Il quitte le pouvoir le 18 mai 1972. Depuis cette période, cette place a été baptisée la « Place du 13 mai », et le mouvement qualifié de « mai malgache » par les étudiants eux- mêmes, et par une partie de la presse française.

§2-La crise politique 1991 (10 août 1991)

Après la chute du régime TSIRANANA, un Directoire militaire dirige une transition libérale pendant près de trois ans. Puis, Didier RATSIRAKA accède au pouvoir le 15 Juin 1975 après avoir été élu par les 18 membres dudit directoire, dont il faisait lui-même partie. Il proclame l’avènement de la Deuxième République (République Démocratique de Madagascar) après avoir fait adopter par référendum sa Constitution le 30 décembre 1975. Madagascar basculait alors dans le giron socialiste puisqu’il a fait adopter par la même occasion son « Boky mena »

27

dit « La Charte de la révolution socialiste

27 « Livre rouge » en français. C’est un petit livre de poche rouge, à la façon Mao Tsé Toung, qui renferme l’essentiel du programme politique de RATSIRAKA.

(22)

Malagasy ». Au cours de son règne, le régime est accusé par les partis de l’opposition de totalitarisme, notamment pour son refus du multipartisme, la censure de la presse ainsi que le monopole d’État sur la radiodiffusion. Les mécontentements commençaient à se manifester petit à petit. Les gens descendaient dans la rue des plus grandes villes du pays pour réclamer le départ de l’Amiral RATSIRAKA deux ans seulement après son élection de 1989. Le point culminant de la contestation a eu lieu le 10 août 1991 quand les gens avaient décidé de marcher vers le Palais présidentiel d’Iavoloha. La manifestation a été réprimée de manière violente par les autorités, et de nombreux décès par balles ont été recensés parmi les manifestants. Aucun chiffre officiel n’a été rendu à cet effet jusqu’aujourd’hui. La Deuxième République a été complètement dissoute le 31 octobre 1991

28

après de nombreux mois de blocage total du système étatique.

§3-La crise politique de 1995

L’entrée en vigueur de la nouvelle Constitution du 19 août 1992 marque l’avènement de la Troisième République bien que son premier Président le Professeur Albert ZAFY n’ait été élu qu’un peu plus tard. En effet, il n’a été officiellement investi en tant que premier Président de la Troisième République que le 27 Mars 1993 après avoir remporté le second de l’élection présidentielle qui l’opposait à RATSIRAKA. Son régime n’a pas perduré parce qu’il a été destitué des suites d’une motion d’empêchement voté par l’Assemblée Nationale le 5 septembre 1995. S’était alors ouverte une nouvelle transition civile dirigée par Norbert Lala RATSIRAHONANA, alors président de la Haute Cour Constitutionnelle. Il avait pour mission de conduire le pays vers de nouvelles élections. Cette crise politique est la seule à ne pas avoir donné lieu à des manifestations dans la rue. Didier RATSIRAKA a remporté le second tour de l’élection présidentielle du 29 décembre 1996 face au président sortant Albert ZAFY. RATSIRAKA a par la suite pu terminer son mandat jusqu’au bout.

28 Cette date a été marquée par l’adoption par les protagonistes d’une convention dite

« protocole du 31 octobre » qui maintient le Président RATSIRAKA à la tête du pays mais avec des pouvoirs très amoindris. Ceux-ci sont en grande partie dévolus au président de la Haute Autorité de l’État (HAE) en la personne d’Albert ZAFY.

(23)

§4-Crise politique de 2002

En marge du premier tour de l’élection présidentielle du 16 décembre 2001, le pays entre de nouveau dans une crise politique à cause de suspicion de fraudes électorales massives imputées par le candidat Marc RAVALOMANANA aux partisans du président Didier RATSIRAKA. Le soulèvement populaire qui s’en est suivi a rendu difficile l’organisation d’un second tour, et l’élection de Marc RAVALOMANANA à la tête du pays a été confirmée par la Haute Cour Constitutionnelle. Et ce, malgré que les premiers résultats prononcés ne l’accréditaient pas d’une majorité absolue lui permettant d’éviter une nouvelle confrontation à un second tour. Après l’investiture autoproclamée du 22 février 2002 qui n’a pas été reconnue par la Communauté internationale, le nouvel homme fort du pays a dû se soumettre à l’accord politique diligenté par l’OUA (Organisation de l’Unité Africaine). Son autorité n’a été officiellement reconnue qu’après la nouvelle investiture du 06 mai 2002. Ce soulèvement populaire de 2002 a été aussi meurtrier que ses conséquences dévastatrices pour l’économie nationale. Certains chercheurs trouvent l’explication de la situation économique du pays d’aujourd’hui dans cette crise de 2002

29

.

§5-Crise politique de 2009 (le lundi noir du 26 janvier 2009)

Le premier mandat de Marc RAVALOMANANA a été conduit jusqu’à son terme malgré quelques mécontentements qui se faisaient petit à petit entendre. Du fait, une partie de la population, en particulier les côtiers, soupçonnait le Président d’avoir une attitude « tribaliste » en concentrant les efforts de développement dans les seuls hauts-plateaux dont il est originaire. En outre, ils lui reprochaient également l’emprisonnement massif d’opposants politiques côtiers, alors que certains dignitaires politiques « ratsirakistes » originaires des hauts-plateaux et auteurs, selon eux, de faits plus graves demeuraient non inquiétés. L’ancien Président Albert ZAFY conduisait ce mouvement naissant appelé CRN (Comité pour la Réconciliation Nationale). La revendication principale de ce mouvement était la libération des opposants politiques emprisonnés lors de la crise de 2002, « pour enfin bâtir une vraie

29 Op. Cit., RAZAFINDRAKOTO M., ROUBAUD F., WACHSBERGER J-M., ed. IRD, 2017, p. 21

(24)

réconciliation ». Quant aux hommes politiques, ils imputaient à Marc RAVALOMANANA une dérive autoritaire en s’accaparant de la totalité de l’espace politique du pays au détriment des partis de l’opposition. Le même reproche lui a également été fait sur le plan médiatique et économique. Tout en verrouillant les médias publics à ses opposants politiques mais aussi l’espace économique aux investisseurs privés, il développait son propre groupe audiovisuel « MBS » (Madagascar Broadcasting System) et son groupe industriel « TIKO ». Ces deux groupes dominaient dans leurs domaines respectifs.

Le régime a été renversé par un soulèvement populaire deux ans seulement après l’entame de son second mandat. À côté de ces sujets majeurs de mécontentements, les causes de la chute du régime résidaient également dans sa décision de procéder, le 13 décembre 2008, à la fermeture de la radio et la télévision privée « VIVA-TV » appartenant Andry RAJOELINA, Maire de la Capitale

30

. Le régime était mécontent du fait que ces stations avaient diffusé l’intégralité de l’interview de l’ancien Président Didier RATSIRAKA depuis son lieu d’exil à Paris. Suite à cette fermeture très musclée, le jeune Maire d’Antananarivo s’est érigé en principal adversaire politique du Président et a décidé, malgré les interdictions des autorités, de tenir un meeting politique sur la place publique d’Ambohizatovo le 17 Janvier 2009. Ils ont baptisé cette place la « Place de la démocratie ». Depuis cette date, les manifestations se sont tenues sans discontinuité jusqu’au renversement définitif du régime. Cette crise de 2009 a été particulièrement violente. Le « lundi noir » du 26 janvier 2009 a marqué le temps fort de ce mouvement de contestation. Plusieurs dizaines de mort ont été recensées parmi les manifestants qui voulaient prendre le Palais d’État d’Ambohitsirotra. Des actes de vandalisme et de pillage ont eu lieu dans la capitale. Le patrimoine personnel du Président a été particulièrement visé parce que toutes les chaînes de magasin de grandes distributions et les stations radio et télévision lui appartenant et installés sur l’ensemble du

30

<https://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_politique_de_2009_%C3%A0_Madagascar#Origines_de_la_

crise>

(25)

territoire ont été pillés, saccagés et brulés. La RNM et la TVM

31

n’ont pas été épargnées par la foule. Il a été reproché à ces dernières leur partialité et la désinformation de la population sur les évènements en cours. Marc RAVALOMANANA démissionnera officiellement le 17 mars 2009.

Andry RAJOELINA sera à la tête de la nouvelle transition mais celle-ci ne sera pas tout de suite reconnue par la Communauté internationale avant qu’il n’accepte la mise en place d’un Gouvernement d’union nationale le 02 novembre 2011.

Image 1

32

Image 2

33

§6-Crise de 2018

La transition civile dirigée par Andry RAJOELINA prend fin officiellement le 25 janvier 2014, jour d’investiture du premier Président de la Quatrième République, Hery RAJAONARIMAMPIANINA. Sa candidature a été soutenue par le Président de la Transition, celui-ci ayant été interdit de candidature par la Communauté internationale. Aussitôt arrivé au pouvoir, le nouvel homme fort du

31 Radio Nasionaly Malagasy et Télévision Malagasy ont été aussi brulées par les manifestants ce 26 janvier 2009.

32 <https://rsf.org/sites/default/files/RSF_-_Les_medias_au_coeur_de_la_crise-2.pdf> (Consulté le 15 sept. 2018).

33 <https://berthoalain.com/2009/01/26/emeute-a-madagascar-janvier-2009/> (Consulté le 15 sept. 2018).

(26)

pays a coupé les liens avec ses soutiens politiques et a dû composer avec une Assemblée Nationale élue en même temps que lui où il n’a aucun élu. Depuis le 22 Avril 2018, et ce sous l’impulsion de 73 députés de l’opposition, des rassemblements populaires ont lieu tous les jours sur la « Place du 13 mai » pour réclamer le départ du Président Hery RAJAONARIMAMPIANINA. Il est accusé par ces élus de faits de corruption à répétition à l’Assemblée Nationale pour acheter les voix des députés dans l’adoption de lois qui favorisent le pouvoir en place. « La goutte d’eau qui a fait déborder le vase » est l’adoption de la loi électorale qui, selon les dires des députés contestataires, a été faite pour handicaper les candidats de l’opposition lors de la prochaine élection présidentielle. La manifestation du 21 Avril 2018 a été réprimée brutalement par les forces de l’ordre, et 3 personnes y ont perdu la vie. Actuellement, l’État Malgache entre dans une sorte de transition depuis le 04 Juin 2018, date de nomination d’un Premier ministre de consensus Christian NTSAY. Il est censé assurer la tenue d’une élection libre et transparente le 07 novembre 2018 prochain. Le Président de la République qui se présente à cette élection présidentielle a été contraint à démissionner, conformément aux dispositions de la Constitution. Le pays est actuellement dirigé par le Président du Sénat qui assure l’intérim jusqu’à la proclamation officielle du nom du prochain Président.

Voici un petit récapitulatif des différentes péripéties traversées par Madagascar depuis le 26 juin 1960, date de son accession à l’indépendance, jusqu’à nos jours. C’est un passé assez trouble où les médias publics, et les médias en général, ont joué des rôles importants.

Les crises politiques à Madagascar

Philibert TSIRANANA 1

ère

République Crise politique 1972 Didier RATSIRAKA 2

ème

République Crise politique 1991 Albert ZAFY

3

ème

République

Crise politique 1995

Didier RATSIRAKA Crise politique 2002

Marc RAVALOMANANA Crise politique 2009

Hery RAJAONARIMAMPIANINA 4

ème

République Crise politique 2018

(27)

Les transitions politiques à Madagascar

Gabriel RAMANANTSOA

Transition 1972 - 1975 Richard RATSIMANDRAVA

Giles ANDRIAMAHAZO

Albert ZAFY Transition 1991 - 1992

Norbert Lala RATSIRAHONANA Transition 1995 - 1996

Andry RAJOELINA Transition 2009 - 2013

Section 2) Rapport commun des pouvoirs successifs avec les médias publics

TVM et RNM sont pour les régimes successifs à Madagascar ce que la RTF a été pour le Général de Gaulle en France dans les années 60. Le Général maîtrisait la RTF et en défendait jalousement l’accès à ses opposants politiques. Jean-Pierre ESQUENAZI décrit bien la situation de l’époque dans son livre intitulé « Télévision et démocratie : le politique à la française 1958- 1990 » où il dit que « la télévision des années soixante était une filiale du pouvoir. »

34

Pour avoir plus de détails sur le cas malgache, il est important de voir chaque période de gouvernance depuis l’indépendance à nos jours.

§1-De 1960 à 1975

Si le cas français concernait plus sensiblement, sinon exclusivement, cette période de gouvernance du Général de Gaulle, la situation malgache présente le caractère commun d’avoir touché tous les régimes successifs. En outre, pour Madagascar, à chaque régime correspond un parti présidentiel surpuissant qui contrôle toutes les institutions politiques de la République. De 1960 à 1972,

« les membres du PSD

35

occupaient les principaux postes de l’administration et

34 Télévision et démocratie : le politique à la française 1958-1990. ESQUENAZI J-P., éd. PUF, Janv. 1999, p.36-42.

35 C’est le Parti social-démocrate de Madagascar dont est issu le Président de la République de l’époque, TSIRANANA Philibert.

(28)

des ministères, au point même qu’on ait pu parler d’État PSD. »

36

Pendant le règne de Philibert TSIRANANA, les médias publics étaient fermement maîtrisés. C’est un mouvement hérité des pouvoirs coloniaux qui contrôlaient rigoureusement la radio jusqu’à l’indépendance, et même bien au-delà. Les principaux partis de l’opposition qui sont ses plus virulents adversaires politiques comme l’« AKFM » dirigé par Richard ANDRIAMANJATO et le

« MONIMA » dirigé par MONJA Jaona ont été formellement interdits d’antennes sur les médias publics.

§2-De 1975 à 1993

Pendant la présidence de Didier RATSIRAKA entre 1975 et 1991, son parti politique, l’Association pour la renaissance de Madagascar (AREMA) était quasiment le seul parti politique du pays. Toutes les institutions politiques se trouvaient entre les mains des dignitaires de l’AREMA. En outre, ils régnaient sans partage sur les médias audiovisuels publics. Si la censure n’a été levée qu’en 1989, la promesse de libéralisation des ondes prononcée à la même période n’a été rendue effective qu’en 1992. L’Amiral a été évincé par un soulèvement populaire pour sa dérive autoritariste et son bilan social catastrophique. La RNM et la TVM ont été prises de force et contrôlées par les manifestants lors de ces protestations. Cette prise a été l’un des facteurs décisifs qui ont marqué le début de la chute de RATSIRAKA, lui qui a maintenu un système de censure de la presse et un monopole public de la radiodiffusion pendant la totalité de son règne.

§3-De 1993 à 1996

Quant à Albert ZAFY, il a été porté au pouvoir par l’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD). Il présidait le pays à partir de 1993 après avoir été lui-même le président de la Haute Autorité de l’État qui dirigeait la transition politique de 1991. D’aucuns doutent que cette présidence d’Albert ZAFY est la seule de l’histoire de Madagascar où l’avancée démocratique a été la plus marquée

37

. Le multipartisme était effectif. L’Assemblée Nationale n’était

36 Op. Cit. RAZAFINDRAKOTO M., ROUBAUD F., WACHSBERGER J-M., ed. IRD, 2017, p. 62.

37 C’est aussi le règne le plus court parce qu’il n’a duré que 3 ans seulement.

(29)

pas dominée par un seul parti. Les médias jouissaient d’une liberté jusqu’alors jamais constatée, y compris les médias publics (à certains égards). Moins qu’une volonté affichée des dirigeants au pouvoir de leur interdire l’accès aux médias publics, les dignitaires de l’ancien régime ont observé une période de retrait de la scène politique. Et ce, à l’image de leur chef (RATSIRAKA) parti en France après sa défaite aux élections. Les autres partis, disposant d’ores et déjà de l’accès aux nombreuses stations privées de la capitale réputées pour leur liberté de ton, créées grâce à la libération des ondes, ne s’étaient pas trop plaints ni de la gestion de la RNM et ni celle de la TVM

38

.

§4-De 1996 à 2002

À son retour au pouvoir en 1996, s’il ne pouvait plus effacer le multipartisme et la dérégulation des ondes, l’Amiral RATSIRAKA a remis en place le contrôle strict des médias publics. Aucun membre des partis de l’opposition n’y avait accès. De même, les médias privés habitués à la relative liberté exercée pendant le règne de l’ancien régime ont observé une sorte d’autocensure vis-à- vis du régime en place. Quoi qu’il en soit, cette présidence du Président RATSIRAKA a été considérée comme étant très oppressif vis-à-vis de la liberté de la presse par les observateurs malgaches et internationaux.

§5-De 2002 à 2009

Le Président Marc RAVALOMANANA n’a guère reçu meilleure réputation vis-à- vis desdits observateurs durant ses deux mandats de 2002 à 2009. Reporters Sans Frontières

39

classait Madagascar au 65

ème

rang à la fin de la première année de son mandat. De nombreuses stations privées ont, en effet, été fermées ou leurs équipements confisqués de force à cause de leurs tons critiques vis-à-vis des gouvernants. C’était ainsi le cas des station et chaîne du groupe « VIVA-TV » appartenant à Andry RAJOELINA Maire de la Capitale, qui

38 Il faut dire que cette période correspondait à une phase d’observation de l’ouverture des nouvelles stations privées. Les partis politiques pouvaient dire librement ce qu’ils voulaient dire dans ces radios.

39 <https://rsf.org/fr/actualites/le-classement-2002> (Consulté le 29 sept. 2018)

(30)

a été fermé brutalement par les autorités le 13 décembre 2008

40

. Il importe de signaler que Marc RAVALOMANANA avait lui-même été victime des exactions (interdiction d’accès aux médias publics) du régime RATSIARAKA. Ce qui l’avait incité d’ailleurs à créer son propre groupe-média MBS en 2001. Ce groupe très puissant réunissait une presse quotidienne, une station radio et une chaîne de télévision à diffusion nationale (la seule société privée du pays à s’être arrogée de ce droit). En dépit de sa difficile expérience avec RATSIRAKA, il a exercé un contrôle strict sur les médias publics qui devenaient alors, selon les dires des observateurs, de véritables filiales du groupe MBS.

Tandis que le parti politique qu’il a créé dénommé Tiako I Madagascar

41

(TIM) surplombait les instances politiques du pays. Lors de sa chute en 2009, toutes les infrastructures de son groupe média ont été pillées et incendiées. La RNM et la TVM à Anosy n’ont pas été épargnées non plus.

§6-De 2009 à 2013

L’arrivée d’Andry RAJOELINA à la tête de la Transition de 2009 à 2013, lui- même victime d’oppressions du régime Marc RAVALOMANANA, n’a rien changé au rapport entre les gouvernants et les médias publics. Ceux-ci demeuraient contrôlés et fermés aux dignitaires de l’ancien régime, et à tous ceux qui se montraient critique vis-à-vis des autorités en place. Dès son accession au pouvoir après le coup d’État de 2009, il a remis en place son groupe média, le groupe « VIVA-TV » fermé par l’ancien régime. Par contre, contrairement à ce dernier, Andry RAJOELINA a plus ou moins su éviter la confusion des affaires de son groupe de celles des médias publics. Toujours est-il que ces derniers ont été strictement contrôlés par le pouvoir. Ils demeuraient gérés de la même manière que sous l’ancien régime. En d’autres termes, fermés aux opposants politiques.

40 Il a aussi par exemple expulsé le prêtre jésuite Sylvain URFER du pays le 11 mai 2007 pour ses propos dénonçant les faits de corruption perpétrés par son gouvernement.

41 « J’aime Madagascar », en français.

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