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Application de la photographie sur plaque mobile à l’étude du mouvement des projectiles. Mesure de la
vitesse initiale
G. Foëx
To cite this version:
G. Foëx. Application de la photographie sur plaque mobile à l’étude du mouvement des projec-
tiles. Mesure de la vitesse initiale. J. Phys. Radium, 1927, 8 (1), pp.51-64. �10.1051/jphys-
rad:019270080105100�. �jpa-00205280�
APPLICATION DE LA PHOTOGRAPHIE SUR PLAQUE MOBILE A L’ÉTUDE DU
MOUVEMENT DES PROJECTILES. MESURE DE LA VITESSE INITIALE
par M. G. FOËX
Sommaire. 2014 I. Mesure de la vitessse initiale des obus tirés sous
unangle quel-
conque. L’image de l’obus, donnée par
unobjectif photographique, décrit
uneportion de droite x’x; la plaque est animée d’une translation perpendiculaire à
xx.Sur le cliché, s’imprime
undiagramme du mouvement du projectile dans lequel les espaces parcourus sont proportionnels
auxabscisses et les temps aux ordonnées. L’échelle des temps est fournie par les vibrations d’un diapason enregistrées photographiquement.
Pour photographier l’obus
sanséclairage spécial,
onfait mouvoir la plaque derrière
un
écran percé d’une fente;
onoriente l’appareil de manière que la trajectoire x’x de l’image
setrouve dans la fente et soit parallèle à
sesbords. La plaque est impressionnée
par la lumière du ciel pendant la durée du passage de chacun de
sespoints derrière la fente; les régions
surlesquelles
seforme l’image du projectile, moins lumineux que le ciel, sont moins exposées que les autres.
Moyennant l’emploi d’une fente
enforme de trapèze (petits côtés inclinés à 45°
surles
grands)
onpeut éliminer les
erreursdues à
unpointage défectueux. La précision,
évaluée
sur40 coups tirés
sousdivers angles, est alors comparable à celle que donnent les cadres cibles
entir horizontal.
II. Photographie posée des obus
enmouvement. On donne à la plaque
unetranslation
parallèle à celle de l’image de l’obus et de même vitesse. On obtient
uneimage nette
du projectile permettant de
serendre compte de
satenue
sur satrajectoire.
III. En enregistrant
surla plaque mobile le départ du coup de canon,
onpeut :
mesurer
la vitesse du front avant des gaz ; déterminer la forme à
uninstant donné de la
massegazeuse qui s’écoule du canon; étudier la réinflammation des gaz combustibles de la poudre après leur mélange
avecl’air; évaluer la vitesse de l’onde de bouche tout près du canon, alors qu’elle est fortement condensée.
1. Introduction.
-L’étude expérimentale dont les résultats sont exposés ci-dessous
a été éxécutée tout entière en étroite collaboration par J. Kampé de Fériet et l’auteur de cet article. Entreprise à Gâvre en 1918 et poursuivie en 1919 à l’aide d’un appareil provisoire
construit à l’arsenal de Lorient, elle a été reprise en 1924 et 1925 sur le polygone de Saint-
Pierre de Quiberon, avec un appareil perfectionné construit à la Section Technique de
l’Artillerie sur les plans de M. Mesnard, chef de l’atelier de Précision.
Les résultats obtenus sont de trois sortes :
i 0 mesure de la vitesse initiale des projectiles sous tous les angles de tir,
2° prise de photographies posées des obus en mouvement,
3° enregistrement des phénomènes qui se produisent au voisinage de la bouche du canon§lorsque le coup part.
~. Mesure de la vitesse initiale.
-Utilité de la mesure des vitesses sous les grands angles de tir.
-La mesure de la vitesse initiale des projectiles est une opération que l’on effectue de façon très courante sur les polygones d’expériences de la Guerre et de la
Marine. Elle intervient en effet dans la construction des tables de tir, le tarage des lots
de poudre, etc... Dans beaucoup de cas, on peut mesurer la vitesse en tir quasi horizontal.
On utilise alors le procédé classique des cadres-cibles associés à un chronographe Lebou- lengé-Bréger. L’obus, traversant successivement deux cadres placés à distance connue
l’un de l’autre sur la trajectoire, coupe des fils de cuivre tendus sur ces cadres et parcourus par des courants électriques. Le chronographe enregistre l’intervalle de temps qui
s’écoule entre les ruptures des deux courants. On place les cadres de manière que cet
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphysrad:019270080105100
intervalle de temps soit voisin de 0,1 seconde, c’est en effet dans ces conditions que le-
chronographe fonctionne de la façon la plus satisfaisante.
La mesure des vitesses sous de grands angles de tir est devenue nécessaire lors de la mise en service de matériels d’artillerie, d’obusiers en particulier, montés sur des affûts.
spécialement adaptés aux tirs ~ous les grands angles et ne permettant que ceux-là.
Dans le cas des pièces capables de tirer sous un angle quelconque, la mesure des vitesses sous différents angles peut encore rendre de grands services. Les données expéri-
mentales dont t on part pour construire les tables de tir sont, en effet, la vitesse initiales et les portées obtenues sous un petit nombre d’angles de tir soigneusement mesurés.
Certains de ces angles peuvent être assez grands, par exemple supérieurs à 40". Il est
avantageux, pour la discussion des résultats, de ,connaître à la fois, pour chaque tiré,
la vitesse initiale et la portée.
L’emploi des cadres cibles cesse d’être^pratique lorsque l’on tire sous un angle supé-
rieur il ~J° ou à ~0~. En se conformant, en effet, aux règles habituellement suivies pour choisir l’emplacement des ca,dres cibles,on serait conduit à placer le deuxième à une hauteurs
inacceptable (160 m pour un obus tiré à 800 m: s sous 45°). Outre les frais de construction, très élevés des pylônes destinés à supporterpes cadres, ce procédé de mesure présenterait
divers inconvénients : perte de temps dans le remplacement des fils coupés par le passages de l’obus (’), incertitudes sur la distance des cadres dues aux oscillations des pylônes.
,
3. Principe de la méthode photographique. - Pour arriver à mesurer les vitesses
sous tous les angles de tir avec une précision comparable à celle que donnent les cadres
cibles, nous avons adapté à l’étude des projectiles d’artillerie une méthode bien connue :
celle de la photographie sur une plaque animée d’un mouvement de translation perpen- diculaire à celui du mobile (2).
Le principe de la méthode, telle que nous l’avons appliquée dans l’étude du mouve-
ment des projectiles, est le suivant. Un appareil photographique, monté comme une lunette
de théodolite, est braqué sur la trajectoire de manière que l’axe optique de l’objectif soit perpendiculaire à celle-ci. L’image jdu projectile décrit, avec la vitesse v, dans le plan de
la couche sensible, un arc de courbe qui se confond pratiquement avec une portion de
droite On donne à la plaque un mouvement rectiligne, à peu près uniforme, dont la
direction y’y est perpendiculaire à x’x et dont la vitesse w, réglable à volonté, possède le
même ordre de grandeur que v. L’image du projectile décrit sur la plaque une trajectoire
résultant de la composition des mouvements rectangulaires de vitesses v et Si ces deux
. " · ·r "., , ..,
mouvements etaient unuormes, ia trajectoire serait
une portion de droite faisant avec un angle
atel que
Le mouvement de la plaque n’étant pas parfaite-
ment uniforme, on obtient généralement une trajec-
toire courbe..
Pour en tirer parti dans la mesure des vitesses, il
suffit de remarquer que la courbe enregistrée sur le
cliché figure le diagramme de mouvement que l’on obtiendrait en portant en abscisses les espaces par-
courus par le projectile et en ordonnées des quantités Fi,. 1. directement liées au temps. Une longueur telle
que ai b, mesurée sur le cliché parallèlement à
k’x est, en effet, proportionnelle à l’espace parcouru par le projectile entre les points A et B
de sa.trajectoire. On détermine, par- une mesure directe, l’échelle des longueurs sur le
est avantageux de tirer à
,unecadence rapide pour que les différents coups
serapportent à des conditions météorologiques à peu près identiques entre elles et à
cequ’elles étaient
aumoment où
onles-
a
observées
au coursdu tir.
-
(2) Recueil de Constantes Physique, publié par la Société Française de Physique, p.
cliché en photographiant, sur plaque immobile, une base de longueur connue, perpendi-
culaire à l’axe optique et située à même distance de l’appareil que la trajectoire. L’or- donnée a2 b2 figure la longueur dont est tombée la plaque dans le temps que le projectile
mettait à passer du point A au point B. Cette ordonnée peut être directement évaluée en
temps si l’on a eu soin de faire inscrire sur la plaque les vibrations, parallèles à d’un diapason étalonné. Les vibrations, enregistrées sous forme d’une sinusoïde d’axe parallèle
à y’y, permettent de graduer cet axe en temps. On peut donc mesurer directement sur le cliché le temps qu’a mis le projectile à parcourir un arc AB de longueur connue.
4. Adaptation de la méthode aux conditions du tir.
-Pour s’appliquer à la
mesure des vitesses initiales des projectiles tirés sous grand angle, sans qu’il en résulte
aucune gène dans l’exécution du tir, la méthode doit subir une double adaptation :
Il Il faut arriver à photographier en plein jour, sans éclairage spécial, sans écran réfléchissant, un projectile animé d’une vitesse pouvant atteindre et même dépas-
ser I 000 m : s.
2" Il faut amener l’axe optique à couper la trajectoire au milieu de l’arc que l’on veut
enregistrer et à être perpendiculaire à cet arc.
Il y a donc dès l’abord deux problèmes à résoudre : un problème photographique et
un problème d’orientation.
,
5. Le problème photographique. - Dès les premiers essais, effectués à Càvre
nvec un objectif médiocre, le procédé suivant nous a donné de bons résultats. La couche sensibles (film ou plaque) se déplace derrière un écran opaque percé d’une fente étroite parallèle à x’x ; elle est impressionnée par la lumière du ciel pendant la durée du passage due chacun de ses points derrière la fente. Les régions sur lesquelles se forme l’image du projectile, moins lumineux que le ciel, sont moins exposées que les autres. La trajectoire
de l’image de l’obus apparaît, sur le cliché négatif, sous l’aspect d’une trace claire inclinée
suer x’x.
,Au point de vue photographique, ces traces sont faciles à obtenir ; on peut, sans cesser
~le les avoir, faire varier, dans de très larges limites, les conditions de la pose. Ci-dessous
se trouvent indiquées quelques-unes des conditions dans lesquelles nous avons opéré sans
cesser d’obtenir des traces utilisables.
Distance de l’appareil au plan de tir : 20 m à 400 m.
Distance focale de l’objectif : 19 cm et 25 cm.
Ouvertures de l’objectif : (/3,’S à
Diamètre de l’image de l’obus : 0,15 mm à 3 mm.
Hauteur de la fente : de 2 fois à 10 fois la hauteur de l’image.
Vitesse de la plaque : 60 cm : s à 4 m : s.
Etat du ciel : ciel très clair à petite pluie fine.
Nature des plaques photographiques : étiquette violette Lumière, étiquette bleue,
émulsions utilisées en cinématographie.
Pour pouvoir mesurer les vitesses avec précision, il ne suffit pas que les traces soient
visibles ; il faut encore qu’elles soient assez nettes et assez contrastées pour que l’on puisse
effectuer sur leurs bords des pointés au dixième de millimètre. Nous avons recherché de
façon systématique les conditions (hauteur de fente, diaphragme, etc.) qui donnent les meilleures traces. celte fin, nous avons opéré en laissant l’appareil à poste fixe, à envi-
ron 100 m de la trajectoire (’) et nous avons utilisé un canon unique tirant toujours dans
les mêmes conditions. Le diamètre d de l’image du projectile était voisin de 0,~ mm ; la
vitesse de la plaque, de 2 m : s.
L’image du projectile se déplace entre les bords de la fente et parallèlement à eux. La
durée d’exposition des parlies de la plaque non atteintes par l’image clu projectile est pro-
(i) Cette distance était choisie de manière à permettre de comparer les vitesses mesurées par photo-
graphie
aveccelles que donnaient les cadres cibles
surle même
aicde trajectoire.
portionnelle à la hauteur h de la fente; elle varie en raison inverse de la vitesse de la plaque.
Elle serait égale à 0,001 s avec une fente de 2 mm et la vitesse de 2 m : s dont il a été ques- tion plus haut. Pour les régions qui ont été occultées par l’image du projectile, le temps de
Fig.2.
pose ~dépend de la différence la - d. Si le projectile était entièrement noir, le rapport de la
deuxième durée d’exposition à la première serait
ou
En utilisant des plaques Lumière à étiquette bleue et un objectif ouvert à f/3,~, on
obtient d’excellents clichés avec des traces nettes et bien contrastées lorsque le rapport djh
est égal à Le cliché reproduit sur la fig. 7 a été obtenu dans ces conditions avec
d
=0,4 mm, A == ~ mm, w =1, ~0 m : s. Nous avons trouvé que, comme on pouvait s’y attendre, le contraste s’affaiblit lorsque le rapport d/h diminue à partir de la valeur
précédente, c’est-à-dire lorsque l’on ouvre davantage la fente. Avec une fente de 4 mm
_ U , le contraste entre la trace et le fond est encore assez intense pour que l’on
BA 0
puisse faire de bons pointés; avec une fente de 6 mm, la trace est visible mais le contraste est faible.
Revenant en arrière, nous nous attendions à trouver une forte augmentation du
contraste lorsque nous réduirions la hauteur de la fente et nous pensions que cette augmen- tation se poursuivrait jusqu’à ce que h= d. Nous avons effectivement constaté une aug- mentation lorsque augmente à partir de 1/5, mais cette augmentation est faible. Le contraste s’affaibli ensuite si l’on continue à rétrécir la fente ; la valeur de djh pour laquelle
la diminution commence à se faire sentir dépend du diaphragme, de la vitesse de la plaque
et de l’éclat‘ du ciel. Il n’y a pas avantage, en général à diminuer Il au-dessous de la valeur h # 3 d.
L’affaiblissement du contraste qui se produit lorsque la fente est trop fine tient à ce que la durée d’exposition du fond du cliché devient insuffisante dans les conditions où nous
opérions. Ce fond reste gris comme la trace elle-même. En opérant avec une fente de 0,5 mm, d’une hauteur à peine supérieure au diamètre de l’image (0,4 mm), une -vitesse w de 2 m : s
et en utilisant une plaque de sensibilité extrême (étiquette violette), le contraste était moins fort qu’avec une fente de 2 mm d h = 1 5
A la suite de ces essais, nous avons toujours opéré avec la pleine ouverture du diaphragme (/~/3,5), ce qui nous a permis d’pbtenir de bons résultats, même avec un ciel
uniformément gris, et nous avons adopté, dans la plupart des mesures, pour le rapport d/h,
la valeur Cette hauteur de fente (h = 5 d) laisse une marge suffisante pour le pointage
de l’appareil. Il est rare que l’image ne se forme pas, dès le premier coup du tir, malgré
les erreurs de pointage, à l’intérieur de la fente.
6. Le problème du pointage. - Soit .x0y le plan horizontal qui contient le centre
optique de l’appareil A et soit i- 0 z le plan de tir (plan vertical contenant l’axe du canon).
Le plan est perpendiculaire aux deux précédents et contient aussi le point .A.
La trajectoire T R fait avec le plan horizontal un angle i (angle de tir) donné à l’avance.
Par des opérations préliminaires de triangulation, les distances OA et OT ont été mesurées de façon précise.
Pour pointer l’appareil, il faut amener l’axe optique à rencontrer la trajectoire TR et
à lui être perpendiculaire; il faut ensuite rendre la fente parallèle à TR. Il est clair que l’on
pourra donner à l’axe optique n’importe quelle orientation choisie à l’avance si la chambre noire peut subir deux rotations indépendantes, l’une autour d’un axe vertical (rotation
en azimut), l’autre autour d’un axe horizontal (rotation en site) et si ces rotations peuvent
être mesurées sur des cercles divisés. L’axe optique une fois orienté, il suffira de faire tourner l’appareil autour de lui pour rendre la fente parallèle à la trajectoire (tourillonnement). L’appareil étant sup-
posé construit de manière à permettre
l’exécution de ces trois rotations, il reste
deux problèmes à résoudre :
’
1° Amener l’axe optique et la fente à
occuper chacun une position parfaitement
définie. Cetle position servira de point de départ pour les trois rotations.
21 Calculer, en fonction des données
du problème (distances 0 A et 0 T, angle a), les angles dont il faudra faire tour-
ner l’appareil en azimut, site et touril-
lonnement à partir de cette position pour
’
le pointer.
La position de départ que nous avons choisie est caractérisée de la façon suivante : axe optique horizontal et contenu dans le plan y 0 z; fente horizontale. Pour pointer l’appareil à partir de cette position, il faut le faire tour-
ner en azimut, site et tourillonnement des angles A, ci et T donnés par les relations suivantes :
7. Position initiale ; réglages. - 1° l’axe
-Dans un réglage préliminaire, l’axe optique de l’objectif a été rendu horizontal par autocollimation
en utilisant une équerre optique et un bain de mercure L’axe optique étant horizontal, on
a noté la position de la bulle d’un niveau parallèle à l’axe optique et rigidement lié à l’ap- pareil. Dans les opérations ultérieures, on a utilisé ce niveau pour rendre l’axe optique
horizontal.
2° Pour amener l’axe optique à se trouver dans le plan perpendiculaire au plan
de tir, on place une mire en un point de la droite Oz, par exemple au point 0 si le terrain le permet. La mise en place de cette mire se fait par des visées au théodolite. En pointant
la mire avec l’objectif photographique, on peut déterminer la division du cercle des azimuts
.
qui correspond à la position initiale choisie pour l’appareil. Pour faciliter les opérations précédentes, on a défini matériellement l’axe optique par une croisée de réticule. En retouchant légèrement la position de l’objectif, on a fait coïncider cet axe avec l’axe méca-
nique de rotation en tourillonnement.
3° La fente n’étant pas accessible, on ne peut pas utiliser, pour la rendra horizontale,
un niveau à bulle que l’on placerait sur son bord inférieur. Le niveau se trouve placé à poste fixe sur la paroi extérieure de la chambre noire ; il faut faire un réglage préliminaire
pour que la bulle soit entre ses repères lorsque la fente est horizontale. Nous avons effectué
ce réglage en utilisant une base horizontale perpendiculaire à l’axe optique, située à une
distance suffisante de l’objectif et définie par deux repères bien visibles.
Sur les photographies, prises à travers la fente sur plaque immobile, les bords de la
fente, situés tout près de la plaque, sont nettement visibles. La base a été photographiée
avec diverses inclinaisons de la fente repérées à l’aide du cercle divisé servant à la mesure
des tourillonnements. Sur les clichés obtenus, on a mesuré au microscope la distance des
repères à l’un des bords de la fente. On en a déduit, par interpolation, la division du cercle de tourillonnement pour laquelle la fente est horizontale.
’Les réglages précédents permettent de définir l’origine des trois rotations à quelques
dixièmes de minute près; cette approximation est suffisante, étant donnée l’incertitude
qui existe sur l’angle de tir.
8. Quelques causes d’erreur.
-Go (ente à la trajectoire.
-Un
défaut de parallélisme de ce genre peut résulter d’erreurs de pointage du canon, d’erreurs
de pointage de l’appareil et surtout du relèvement du canon qui se produit avant le départ
du coup, pendant que l’obus parcourt l’àme de la pièce. L’angle de relèvement peut attein-
dre une vingtaine de minutes ; il peut varier d’un coup à l’autre et sa grandeur n’est pas
toujours connue au moment du tir de mesure des vitesses.
Il est facile de calculer que, lorsque la trace enregistrée sur la plaque mobile est
inclinée à 45Q sur les axes, l’erreur relative qui résulterait, sur la vitesse, de l’existence ~ d’un angle de 20’ entre la trajectoire et la fente serait de l’ordre de un pour cent.
Pour éliminer cette erreur, nous avons donné à la fente la forme d’un trapèze isocèle
M N P Q dont les petits côtés sont inclinés à 4~° sur les grands. La trace A B laissée sur la
plaque par le projectile est limitée aux points A et B
où l’image du projectile rencontre les petits bords de
la fente. Lorsque la fente est correctement orientée,
c’est-à-dire lorsque le bord M Q est parallèle à la tra- jectoire A B, les points A et B sont à égale distance Fig. 4 de l’axe de symétrie SS’ de la fente. Dans le cas
~~°
°contraire, en mesurant les distances S’a et S’b, on a tous les éléments voulus pour tenir compte de l’obliquité de la trajectoire par rapport à
la fente.
On matérialise la droite S S’ en photographiant, sur la plaque en mouvement, l’iinage
d’un poin t lumineux fixe qui se forme dans le plan de la couche sensible sur cette droite.
Il est commode d’utiliser, dans ce but, le spot du diapason qui trace sur la .plaque la sinu-
~soïde destinée à la mesure du temps. Après que l’on a enregistré simultanément le passage du projectile et la sinusoïde, on arrête le diapason, on couvre l’objectif et on fait repasser la plaque derrière la fente. Pendant ce deuxième passage, le spot immobile trace l’axe de
la sinusoïde; on a, par un réglage préliminaire, fait coïncider cet axe avec la droite S S’ ou bien l’on a repéré sa position par rapport à S S’. Le second passage de la plaque derrière la fente avait déjà été imposé par la nécessité de ramener la plaque à son point de départ
pour remettre en place le volet du châssis et retirer le tout de la chambre noire.
La trace se termine en général de façon très nette; on peut pointer ses deux extrémités
avec assez d’exactitude pour éliminer, de façon à peu près complète, les erreurs dues aux
défauts de pointage.
Si l’on a vérifié avec soin le pointage du canon et celui de l’appareil, l’angle que fait
la trace avec les grands bords de la fente est égal à l’angle de relèvement. L’appareil fournit donc, à chaque coup, une mesure de cet angle.
9. La mesure du temps. - Nous avons utilisé, pour enregistrer le temps sur la plaque mobile, un diapason entretenu électriquement. Grâce à l’entretien électrique, on peut mettre le diapason en marche bien avant le départ du coup et le laisser fonctionner ensuite tout le temps voulu, ce qui facilite la prise des clichés. Malheureusement, le diapa-
son entretenu ne permet pas d’obtenir des résultats très précis. Au cours d’une séance de
tir, la période se maintient constante à quelques dix-millièmes près, à condition de conser- ver au courant d’entretien une intensité invariable. Mais d’une séance à l’autre, il se produit
des changements de période qui peuvent atteindre 2 ou 3 millièmes en valeur relative (’).
La précision de l’appareil actuel est limitée par cette circonstance Il se trouve, en effets, que, dans les séances de tir qui suivent immédiatement le tarage du diapason, il n’existe
(1) M. PAUL, J/élnorial de l’Artillerie Française, t. 4 ( 1923), p. 32 î.
aucun écart systématique entre les vitesses mesurées par photographie et celles que don- nent les chronographes Leboulengé. Par exemple, le diapason ayant été étalonné le 28 juillet les vitesses mesurées le 31 juillet et le 4 août ont été, en mètres par seconde:
Les écarts entre la moyenne des chronographes et la photographie ne sont pas supérieurs
à ceux que les chronographes présentent entre eux. Au contraire, dans les séances de tir
éloignées de la séance de tarage, il existe des écarts systématiques entre les résultats donnés par les deux méthodes. Par exemple, dans la séance du 14 août :
Ces écarts systématiques paraissent dus, au moins en partie, à un changement de période
du diapason.
Dans la séance du 28 juillet, le diapason avait été étalonné au moyen de l’appareil de
chute Bréger, qui coupe deux circuits électriques à 1/10 seconde d’intervalle; cet appareil
sert à vérifier le fonctionnement des chronographes. Les mesures photographiques de la vitesse, effectuées avec un diapason taré comme il vient d’être dit, ne fournissent donc pas un contrôle de la valeur absolue des vitesses déterminées avec les chronographes (’). Elles ont
été entreprises dans un but tout différent: étudier la méthode photographique et la com-
parer avec les méthodes précédemment utilisées.
~ ,On ne peut pas songer à étalonner le diapason au cours de chaque séance de tîr ; il serait
donc préférable de remplacer le diapason entretenu par un diapason libre que l’on lancerait à la main un peu avant le départ du coup au moment où l’officier de tir commande
«Feu ».
10. Quelques données sur l’appareil de mesure. - L’objectif est un Tes~ar de Zeiss, de 25 ci de distance focale. Son ouverture est égale à £, 3,5. Dans l’étendue du champ
que l’on utilise (au plus 2 X 13 cm2), les aberrations et, en particulier, la distorsion rcstent faibles. Elles n’ont aucune influence sur l’exactitude des résultats, puisqu’elles intervien-
nent de la même manière dans la photographie qui sert à établir l’échelle du cliché et dans
l’enregistrement du mouvement de l’obus. La plaque est du format 15 cm X 25 cm. Elle est portée par un chariot construit de manière à éviter tout déplacement de la plaque par
rapport à lui et tout bris de plaque au cours des accélérations très fortes subies par la partie
mobile de l’appareil.
Le grand bord de la fente a 130 mm de long, son ouverture peut être portée à 15 mm
pour les réglages. On peut la réduire à moins de 0,.1 mm sans que ses bords cessent d’être parallèles entre eux, gràce à la précision du mécanisme de fermeture, imaginé par 1B1. Mesnard.
(i) L’incertitude
surl’intervalle de temps mesuré par l’appareil de chute Bréger peut dépasser 2 milliè-
mes en