HAL Id: halshs-00452174
https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00452174
Submitted on 6 Oct 2020
HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers.
L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés.
Artifex, architecte, ingénieur : les conditions d’émergence du vocable à la Renaissance
Pascal Dubourg Glatigny
To cite this version:
Pascal Dubourg Glatigny. Artifex, architecte, ingénieur : les conditions d’émergence du vocable à la
Renaissance. Journal de la Renaissance, Brepols Publishers, 2005, III, pp.95-110. �halshs-00452174�
ARTIFEX, ARCHITECTE, INGÉNIEUR:
les conditions d'émergence du vocable à la Renaissance
Pascal
DUBOURG GLATIGNYQu'on soit dans le vrai ou non, on passe toute sa vie sans rien savoir de juste et de précis sur ce que l'on croit pourtant posséder le mieux.
[...J Pour ne parler que de l'architecture, si l'on excepte quelques règles de convenance et de goût qui appartiennent à la décoration, on a rien d'assez précis ni d'exact sur la plupart du reste. [ ... ] Les règles que les géomètres donneront ne pourront pas être entendues aussi aisément qu'on a coutume d'entendre les livres ordinaires de l'architecture, et il faudra absolument employer l'algèbre et la mécanique.
Bernard Bélidor, La
science des Ingénieurs,
Paris, ClaudeJombert, 1729.LA FRONTIÈRE
entre les arts et les métiers, entre les Muses qui guident les premiers et les
savoirs techniques qui régissent les autres, la catégorie dans laquelle les historiens invitent l'architecte de la Renaissance à s'insérer continue à nourrir incertitudes et ambiguïtés.
Qu'on replace l'architecte dans un contexte humaniste et il nous vient à l'esprit Alberti, archi- tecte sans chantier, Vitruve moderne qui précéda son modèle auprès du public'. L'architecture évoque alors avant tout un concept, une idea, et ses manifestations matérielles une personaficta, une composante institutionnelle de l'histoire jouant un rôle symbolique 2 . La conception ans-
i. Il est généralement admis qu'Alberti prend connaissance du manuscrit vitruvien lors de son séjour romain entre 1432 et 1434. Il achève son De Re ..Edficatoria en 1452 dont l'édi- tion, posthume, intervient en 1485. La première publication de Vitruve, celle du grammairien Giovanni Sulpicio a lieu à Rome en 1486, mais en dépit de deux rééditions en l'espace d'une décennie, elle ne parvient pas à susciter l'attention du milieu. Ainsi, la première édition ayant eu une incidence est la célèbre version illustrée de Fra Giocondo publiée à Venise
en 1511. À ce sujet, cf. H.-W. Kruft, Geschichte der Architektur-
theorie, Miinich, Beck, 1985, P. 44-45, 72-73. Sur Alberti et
la figure de l'ingénieur-philosophe, cf. P. Morachiello (avec A. Biral), Immagini dell'ingegnere tra Quattro e Settecento, Milan, Franco Angeli, 1985, P. II-39.
2. Cf. R. Krautheimer, « Alberti and Vitruvius
's,dans Stu-
dies in Early Christian, Medieval and Renaissance Art, NewYork,
Londres, 1969, P. 323-332.
Journal de la Renaissance —Volume III
- 2005- P.
95-110WW
Pascal Dubourg Glatigny
totélicienne selon laquelle l'architecture constitue l'eidos de la maison, c'est-à-dire la forme et l'idée à la fois', explique en partie ce phénomène de dédoublement; mais cette raison philolo- gique n'est certes pas suffisante. De leur côté, les historiens évoquent dans leur travail quotidien des documents montrant que les oppositions entre d'un côté l'art et de l'autre la science de bâtir ont produit un ensemble d'objets historiques pareillement équivoques; la condition de l'architecte comme acteur conflictuel du champ nous éclaire peut-être sur les raisons.
En effet, l'architecte défend sa place parmi tous les intervenants dans le travail matériel de réalisation commanditaires, fabriciens, ingénieurs et ouvriers. Lorsqu'une partie de la profes- sion prend cependant conscience des conséquences de la redécouverte du manuscrit vitruvien
« inventé » à Saint-Gall par Poggio Bracciolini en 1416, elle s'engage dans un profond travail de reconnaissance symbolique de sa fonction sociale, aidée dans cette entreprise par des polygra- phes et des lettrés bienveillants. Non sans peine, les architectes s'attachent à associer leur destin à celui d'une catégorie professionnelle émergente qui porte tant de noms qu'aucun ne suffit encore à la qualifier et qui s'appropriera vers le xvlle siècle le terme d'artiste
4.Ainsi « l'architecture » est la fois un concept déréalisé, un objet sans théorie mais pourvu de règles et le produit d'une profession désocialisée: ces niveaux de compréhension du terme interfèrent fréquemment dans les discours et dans les pratiques des différents acteurs.
Il faut attendre la fin du xvlle siècle pour trouver une distinction claire entre les deux sens du mot « architecture »: d'une part concept (disposition et ordonnance du bâtiment) et de l'autre action (art de construire, disposer, orner les édifices)'. La situation générale est d'autant plus complexe que l'architecte remplit également des fonctions d'ingénieur, de mécanicien et il est fort courant qu'il soit aussi employé dans les travaux d'hydraulique ou de poliorcétique 6. Tel est le cadre extrêmement large et aux limites confuses, où s'exposent débats d'idées, jugements des travaux des pairs et luttes pour la reconnaissance. Il repose cependant sur une série de consensus qui fondent la légitimité de chaque intervenant à agir, à discourir et lui permettent de prendre place sur l'échiquier. Que ces conflits, souvent latents, soient d'ordre linguistique, institutionnel, théorique ou socio-professionnel, leur trace est enregistrée dans les ouvrages que les hommes de la Renaissance consultent.
3. Métaphysique, Livre Z, chap. VII. Sur la sédimentation
latine de ces termes voir C. Auvray-Assayas, « Le lexique pla-
tonicien au contact de ses traductions latines : eidos-idea, species-
forma, exemplar-exemplum », Langues en contact dans l'Antiquité,
A. Blanc, A. Christol (eds), Paris, Boccard, 1999, p. 3-14.
4. Jusqu'à ce moment, l'artiste est soit une personne exer-
çant un art mécanique, soit un professeur de sciences (lettres, mathématiques, médecine, etc.) par opposition au professeur de droit.
5. Voir par exemple, les hésitations d'André Félibien (Des
principes de l'architecture, de la sculpture, de la peinture et des arts qui en dépendent..., Paris, Veuve Coignard, 1690 [1676], P. 481)
puis les affirmations du Dictionnaire de l'Académie (Paris, Smiths
et C", An VII (1798), P. 176). En revanche, certains praticiens
ne mentionnent même pas le concept • architecture • et sou- lignent la pratique et ses effets (Augustin-Charles d'Aviler, Dictionnaire d'architecture, Paris, Nicolas
Langlois, 1693,P. ii).
6. L'histoire des métiers constitue l'un des parents les plus
pauvres de l'histoire de l'art. Le récent volume collectif qui
est consacré à ce sujet n'en est
que plus précieux: L.Callebat,
Histoire de l'architecte, Paris, Flammarion. 1998 Les travaux his-
toriographiques sur la répartition
des tichcsdans
leschantiers
sont assez rares. Voir te à la section
<'Le rôle de l'architecte exemples en
Lombardie,
enCastille et en Écosse îtes du colloque
Les chantiers à la Renaiss.znce.J.
Gui IL: T.Paris, Picard,
1991,P.239-287.d
991 'igx'ijou2iuo
'au2010 'owv»o
aouwf p
auuop ajjaq
'iuozujii XIX np SUOI2I Xnp sal SUp aSR11pOW
qdiotpioj
'DupiA flO2 8t1-LtIau
'9E81
d
snq qnpiT
'SUVD aj
o
»--og ÀassaJ,V
~ip v4adojpp
oull ua$VD vp owuoçj ojavp ip oluatuvzz
.
IÀVLTIOA
'T.saI 01
'1
(Ç6Ç
d
ToA 'LL6i 'anrnsuI 1nq1E'sa1puo
'j -'u4n!qv 4aJ
o 'uu
Çg-i 'gÇ p)
su' 'uîssj-uoj,%J np aAqqy •6
Si *
d
'Ç661 'j 'uousa '(spa) ua;JH fo uioiq f -
'sauuuafsajqou la saap
'°H)
saa«nij
ainb
aindas un
apIUIIJ ["
ss
]i
ui e Dr[V iu e A r p S1UAflO Q
saj sanbDuopy
uacnjiunu erias aiap snjd aunuaj ajqou E
ll
3 'UIIUOU1 e ap 1ISflOU1 QS S111AflO sap 1 l
[ ..
] .
If
a
inoi ap z)aunuouai Euops apuotu ne iuQssnj rnb
lsiauno
sujaaxa
sn1d saj zQ ssnajpaw sQl iuDio
so rnb aipoaj
i-ourn.jJ
'axEug'adoS
iniaA isioi An1 uo anb
puunuo aja
S!U1
'U UajtiaS JUE1 5UflWU1O
S1T1AflO Sp au 1i1AflO unp
admauoD sEd inj as au
["•]asawatpiy
: ai1Anop amia »anb uuoD au iQ anbiojoDtxaj uounJoAj ap uousanb E
all
anbqauuaq isQ
ioti ap Qsrueij uounpx e5
i (iEz-zz d
'oL61 'uoppuojj 'ujij '(.
'do al anj
p)s1.svj3 'a nqualjnj4r açj »
'0 IDDEDD0 a D)
uxrnsnq
«aIaAEWIIJ
uuoj
E2ElpEnb nssrn auiai
ut'uio u i iAlDe aiIED i
wEndia1d
'wnsEu1qy pndE inii
Iaiqa1v [ .]
qspaid
uaisaiouadsuo slqlo snuoi oinas oa
sonb 'waioa-j
anb
iewnaqowiqj
w;)x ijg uwEdoDS
'at1E uauo
cau oun igu : apa.uoa » snjd uOislaA
aun ruinoj
'aUIE1odUIa-uoa Qnbu ja
iEd qq pnb
Ejja 'axa
Q-1-
oumb
ffimotu isD :) ,
'suom ii
msap mnauautj y -i6
oj '6çi 'snlEtdV
S1jEIAJ 'aulaa
'snqua.qnhlz
SI4VjJ '01 EOff
au
D uinoT tgi'i ua aqqnd
sda,uud
Euoqipj 'xnaiqtuou &
?ii i
swsnutu sai
uos•L
L6
Soi UO UOISIOA ES
iqnd ozuDuiA uuu1oJ al
iEj'aDuESSiEu)J ET UEJflQ
ossuiq'î ossid 'ipEnb ]
Euuoj
us umjods Ejpnb Eui2ai
EflP
O2uW
-EpunuoD Ip ouoipuoj uaiu'a'ui qnb nbun
iiqz
nid a u
soiioloEuuop BuDnb Ip EzuD
-iuEUI EJ 'usavunb ip EWEJ
Ej 12uAiQopuow JT o []
n ni ip !iv a H;)Djo nid
EAEndu
îE1
'odwai jnb utqEnb
DJo'o1Enb
tÇWEU
S E'o4savu4
ou'a'wjpp unp
E3U110
la u0U
p
OJEd QQuuoiiied inj
(igi)
uoiïpj i uop uunj O
p tnp
ossuiqy ossid ]
rir ipienb riuioj ut
EImJOcbS
Epnb ouoiuuo
utuIs.uJ
Ejpnb ip EzuJîuEwEl iiip
nid
le 01
-uA1p uau3a8u ijnb ip EuIEJ q iainu
opuoui [ ]
ji om
tid ip
EAEndu EIDaTOodwii pnb ut qEnb
ij 'usmoiEnb a
s E ÇWEI4D011S?vU4 ounp
ou'a'u! opp
EuauODUON
uissE-1uow np
6!nPD wop 'uoTSJA Op S2îlDsnuEw sinisn1d i
p
euuoD u
iflaflj
Op
HUE io ooloA oinuil op 1UESiflb1E.I9d liu t z uu
!IP qIV
OEUOU
IEd 61
SJA impirai isa I
l
j ... ] .
uirnsnq aianmij Ewioj ut wniElpEnb
nssnm xui m
s usin1D x
ie
iiuiEndt1d
D'wnsEu1EqEH pndE inT1 ipazp.iy
louEp E1uDJ1uEu1 2/puisuqnm EWEJ u4npjuv
3tq1in UIEN Eiij
[ ]
3EqEIpId saioipadsuoD smqio stipoi ojns oQ sonb 'maIEtpo-J
anblE
mnaipomij
'tuXEU 'WEdODS 'a3/jJ4V euQi i uoD IlEJfldOd DQu oun iQu [EpddE
suu91v]
uurnuow np
xnEAieii
sol iv ajoo mp
sind mb xnac
'snpiAlpum SOWW soj
iuisp inod
snvaiyp.w xafiuv som
sioj Aojdwp E
EuEAET
snou inod usid o2ussud imoD OD -apuow np Jiuui i d
s o
sp ounjij uij luop xnEq
-Woj sp nEq
sn1d a
imnisuo l
nJ i
iEAiE a
oi srm jV osnodo io
IflS ES
pnbj inod
!1
p E
moi
np mou
uniduio
flE'<
» iotu np oui 0 iio,l
UOJ SflOU DEDC)O 1
Snq4aflflU4 syvp
U
i 'siq sn1d s
o l
SUT2EJ S
o
MnaD SOS op Uflj SUEQ
uoissjoid iDqdinuJ o p
lqrqoid
II!T Op 011D9J I
Tici OS Q
OT
IMn
nA QO
url EJ Op UEAES o2
rsn l ,
SJA JIEJnA On
S
uicj
ET op
UOUEdEpE'
ai.!
Vifl4 dfl'UVj V/
!ldJVJ ap
jnaiuu!
'P1J5
"J!JV
98
PscaI Dubourg Glatigny
Ne contenta fo a chiamare accio fare uno maestro solo ma ordino che schopa Briapez Timoteo et Leocarem i quali in quel tempo Gretia reputava et giudicava li piu circumspecti et sommi
maestri de tutto il mondo. [ ... ] Reverdita la fama delli artfici et sera [ ... ] la magnificenza della
idita donna piu chiara li maestri & artfici delhopera. Icarnaso pricipale cita del Acharia per comandamento de la Regina venuti in quadrate forma formarono
[...]12.et le Vénitien Giovanni Betussi en 1545. Cette dernière est honorée de plusieurs rééditions:
Ne contenta d'un popolare, & comune artefice, mando a trovare, e far venire Scopha, Briaxe, Timotheo, et Leotare, j quali la Grecia allhora teneva per j piu singolari & perfetti di quella età [ ... ]. L'arteficio durera per la fama, & per la magnificenza della donna diverra piu famoso. Gli
architetti adunque appresso Helicarnaso principale citta di Caria secondo il comandamento della
regina formarono il corpo di quello in forma quadrata' 3
.Un bref tableau lexicologique récapitulatif fait apparaître qu'aux xive et xve siècles, on emploie indifféremment les termes de maestro, c'est-à-dire d'une personne dotée d'un savoir pratique
et d'ingegnere, bien qu'il ne soit nullement question d'ingenium dans le texte de Boccace qui
n'évoque pas la fabrication de machines 14. On le rencontre d'ailleurs sous la forme provisoire de la tournure périphrastique: ingegno di un maestro. En revanche, le réemploi du latin artjicium n'apparaît ici qu'au xvIe sous une forme qui hésite entre artefice et arteficio. Il côtoie le terme
architetto et marque l'abandon du terme ingegnere pour qualifier ceux qui réalisent une architec-
ture aussi prestigieuse.
Albanzani (xiv) Albanzani
(xIVe)Boccacczo Bagh Betussi
Codex Cassino Codex Turin
(1539) (1o6) (1545)
ingegno de uno ingegno d'un
Maestro
artifice artefice
maestro maestro
artifici ingegneri maestri Maestri
&artifici arteficio
architecti ingegneri architetti
La normalisation académique du langage
Dans un premier temps, et avant d'employer ces mots indifféremment dans les deux langues, il convient de prendre garde à la différence entre la tradition française et l'italienne. De Nicot
).
12. G.
Boccaccio, De Claris Mulieribus, V. Bagli (trad.), Venise, Zuanne de Trino,
1506,non paginé.
13. G.
Boccaccio, Libro delle donne illustri,
G.Betussi (trad.), Venise,
1545, f' 7117°-72r".
14. «
Maestro: dotto, che sa operare » ( Vocabolario degli Acca- demici della Crusca, Venise, Sarzina,
1623, P. 488).En revanche,
le sens moderne d'ingegno, non plus seulement comme esprit
et talent mais comme vertu et art, la capacité à inventer des
solutions à des problèmes pratiques sans recourir à l'imitation,
l'habileté à découvrir ce que l'on a pas appris, n'apparaît qu'au
cours du xvii'.
(9Ld'1g91 1
.
1p do
ovoqvo '1nuip
« snpvzpv 'ovuppvu
) wj O11-i4DIE Q
iqD
OSSS0J
'uupEm ip'tu8uip
1OEAO1211osou2 .12
-u1 : » (19L d
'L8Çi '0suuuo5'smA 'qiqou'1
pqou p
!uosafwd ai azn p al vsi a n zn vzzvid v-j
' IuozlED
i)
« !UET,\J
'U1tIUJ ODUE OuEpuEUlIp 2!s ljEnb s '4Çsjipp
11sm o
'iitjaiy » (uid
uou '9EÇi 'qqzjn
'sIdEN
aqq uno uaw uou iqjsol qnqvoa vjzudnbup p oyvnqvofl
'Euni
« am Pllip Q
j)ir io P e sip p D oismidos : o1iq
»
(zi d
1 1891 'IuEs 'iqus'acu1oJ 'ou'asza iap a4vlpp
cs ouv ol osvioqvon '1xrnu1pJE
«
) rntuion tjp osnje omissiuq
-1EOWOE cliuorp uuiO UoD ouossod ii
'idio ip tuui
-EssEtutuE a ium1uniuoD
'isd !P
t1UUIiA0UI omul uI po
'i1cnb oj 'so jjnb Pum P
ug E ParDai
E1doJ uoD is 'isiAsp
OWIUEJ UOZI a QIU IU EJ UOD 15 'EjOi a 01101 Q
M ESoq1AE1W 2
EpD uoD Es QiqD 'in Jocs ioPIqxIE EUIEfl : oio i
ii lqDIE 'oIPI i
» '(iL d
't191 'n1q IUUEAO1'
'v
smsniD
3 Vjjdpuapvv !l1'aP oyvoqv,oA) « ijip
!IP Piuioj P
iodsip
l.IEIUAUI Ofl Eifli T4DIEJ mim
P
sâ â P
qD
OPNDIV -
» (09 -
d 1[8E91]
tt9i
'U0SSlU iUiflE'J'uok1 1u4nusw
-olvij vizpvuwuo vaqjvwy
'sniu1nE11) « oiau'd'u1
'ojplpsv
'sduud mnIoIqEJ wnoicnns isEnb '1oEunpEm 'snmE1pm
'SEODHJDIE VJnJdIj3W
/ 'EIdO
JnuntD1yd
snq!:)ijpie Si1Dœnb
'EiuuiO lrnuEqold oIcstpnI snrnD 'ipuEcnJIpœ Esd!
51E 'Elni
-31tJD1E ' YuopND1
/ o.sau8a8ui 'osavuodv
E 'uIn1oIÏjIpsunpnis us 'uinpijip
'wnlolqEJ sduud 'smpiE
/SUE
'1oIqzuE qE a,
,iv tjqvj 'ainsuo
i uEp1T.p1E:
» S3UEA-tus SJ WOS uIJEi1j lnod sAo1dmo suowuipp si
919E- 61 d 'E66i 'ptpq uIq 'suEd 'SSnIu?8u/
anoj3 v7 'UI1A H p amjQi np inbi
utui
ls U0IflI0Aj
Qp i2
sn1d
julnbiuonpip a
un rno
nA Piidw » i
l
,IT.I »
inod
SIEWIsai
o
olouqDDI onb j
up sud uou 'Apds1d
uqEt
p snbqEmtpEuI
sol sio;ino uuuotiuw «p 'snbsuw
S1IATPE Sj iu iPf ii j b
SJUDII0
S.IflflED S
!S •(919 -
d 'I
1OA'iÇLx
'uossEiig'S1.IEd
'S4a0?U Sap 4 Sj.W j»
sap
'1»IU»VS
sap
?UU0 SW4
aivuuosp no a!p?dopA7u) « iq j
tub suuosd sp
uoja DurguoD ET
i
u z mi q'iiqosd
uIEj 29
audi»dxT 'i»EdE1
EJ U0p o
unuoTI
unD
]:âiilqDjV »
ai(0EL
-
d
'86LI 'p -do
'aima V) ap a»vuuopyj) « onbi1w9qEm op
suwnisuisol
snod »n,uu,
1550E1p u sssnEtp » suodsp 1n1uuJ
soJ1rtu-u0u s2ino
nE snbpnb impuoD mb injPD »p smi
1550E iip as jj [-] -sDE1d
ijwo; sJ
no 'spujp 'PnbE1E
inod
SE1A11Os»p
i.» XOEAEP sp iinpuoD!flb
p ' oDmb
uji'UAUI
mob
mnp »nsuuj» (E Ei -d 'E691 do ""aiwuuolj
'jv-»!u
'p'vi
D-v)
«
XflE1»AT s
imnpuoJ »nod »nb
'XnEp»EJ sol PAjU»
, p 1UTE11
inod i
umnu '5UEAfl0W 5)jOJsoi Qi
u D ui2nu' z) iu Qpnb
Aui5UUEW
sj »Ed 'job 'snbrnEj
u» »u»ijpui »uxtuoq Un
'»fsAi »inp»jiqaiyj
poddm lEd
29 '»11E1J1W
'P-'V un »s» :in1u»uJ
(9L1
»d
'[6Li] lIA P
UljS4RU
''»M 'supv»y
»P a4
!vuu0 Pa)
u05Em unnb 1s»u » «
'»Po1quE un
sud s»u »D
»»
-upuE xn»WEJ 'u»jj»x» 'uEAEs '»p»iIqaIE pUEI iuq u»Iq
»p iie , 1 '»1nPZ1qD1El »p ijt
,
»ai»x» mob
ltuT»D : »
'd 'E691 'smoJuEI SEIOflN 'suEd
(ii'a»npaJ!q»Jvp auvuuoipla
'»pvu D--v)
« z»Aoidw» iuos A mb
SPIIAOQ sol SflO E»uuopio mob rnpuo s» rob 'sà
i
Dijs»p um»ss»u
pq
»j rj tub
rnl» is» : »p»mqai
» (E d
'9091 'ifl»fl0Q'sIlEd '?s,(o5uv4f
an'uv1 vl ap 4osnj
'I0j) «
DIN»ujp unp »iIflU0)
ET Aos .ins
puasd tub u»w»pu»iu» uoq »p »unuoq : itpiy » s»u
-tus sol iuos
S1EUE1J»i anod s»»Ao1dm»
suouru9p
s»jSi
-oaJYptP
95mi(uou!s un o
uTmoD
aÀau8a'u,i
oainsuo
onbipui
snbis!kqd JoTInDnJd I
u snbiupo suaijJtp sop (sosn sp uou si _u) umuuonuoj "P
npui âmiessi
E
uuoD El i
u p r ssod ?
nTATU!j ounuoD iiuij
g
p (1891) TnuJpjH
'ssrJEids snjd snbix1 sp oui mop o r suj spuuoissjod oircj-noAs sol onb SHrnDOHW l
stdD s l snjd iu o uffilnos 'uiioq ipi u
osi
(z191) ic:)sniD El op auuuonip
ionuaid
uos j
oÀauX9Xu! 'ojpjypiv j o1puAaI id
uo iinpn jinb
(sTE5uEJJ u 'rnoiuui)
sn1uvqw 'npdJqaw lo oÀauXu 'oÀlsavtuodvi id iinp
ii 1inb (siuij u 'pi)
eiuivoqvf
sdaud 'npajnpw âj uâ uoJPuisTp untjq (tt9I) snivatnrT p uïji-uij 1iuuonDip 'i
~opis » IIAX ol i
noi suioux ni iurpu d o u ainpd uri
aiauXa'uyoiajipw
niqurq
0m J0TqxIp
XflAfl S0j
uomop
IUOUUOIAOJ
spnbxn smnoiuui xnr soursop iuos mb sonbium i 0 uomo
sn1d no sonbmutpa jul S911A11
-p uousonb nos pnb smo1e iso I oim
xnoiisomd snjd sol sonjip sop siâiiniel sol uomssojoid l
s op ipn nie ivaiiod 'mnoai uo 'mb ouj np smnosipuimou so mtd ouuuo so 'sojtos
souo xnop omuo aireTpmmouT
0jqlTJA '0mT>J u0!DuVJ op SiouUp
soi mns
soiqa1Tq
sop UOtAO5UOD ij sup
odnxo 1inb ;)I uoD uoun4is rii uouîjddi osnCmnoi op j
o sompio sop uomssuusun op 3uownmsum
âurmoD 11uoTAm0uI I
0JIIpUEUnUOD np 0U1TJUOD E l
l
osodom 1onbo1 mns
<
mouno jdiuud » op tjnb uo o o!qDij op oijouuomssojomd iiqsuodsoa
J oDUopIA U0 JnOl JUEAE iom uo
(86Li) o no
op pvi
avuuopiu
n (909!)
JflO!UU!
'»pow.pJe
'xJuJv
100
Pascal Dubourg Glatigny
Le métier d'architecte
« Platon dit que l'architecte ne fait aucun métier mais est au-dessus de tous les autres arts
»17,cette affirmation péremptoire se trouve régulièrement dans les traités d'architecture de la Renaissance. Mais il est plus étonnant qu'elle inaugure le traité publié en 1620 par le Milanais Pietro Antonio Barca, « ingénieur du roi Philippe III », comme il se définit lui-même"'. On peut s'étonner qu'il préfère le titre d'ingénieur à celui d'architecte; soit il reste dans la confusion entre les deux professions que l'on connaît à la Renaissance - une situation improbable au regard de son propre parcours -, soit il entérine la séparation des deux et souligne le détachement qu'éprouvent désormais les architectes pour les questions techniques. A travers l'ardue distinc- tion terminologique, transparaît la diversité des situations individuelles: plus qu'une catégorie, les architectes de la Renaissance constituent un ensemble de parcours individuels reposant sur le capital social de chacun d'entre eux. On les trouve tantôt dans la compagnie des Fabbri et ailleurs, tantôt au service direct des princes. Lorsque Francesco di Giorgio Martini, cherche à fonder un champ théorique spécifique à la construction, s'opposant ainsi fortement à Alberti, il ne se pose pas la question des métiers, mais seulement celle des disciplines. L'excellence de l'archi- tecture suffit à forger son indépendance intellectuelle, voilà le syllogisme qu'avance en dernier recours Scamozzi dans un accès anti-vitruvie& 9 . La question qui est enjeu dans les débats sur le caractère libéral de la profession relève en réalité de la hiérarchie sociale des activités et vise à déterminer si le terme d'architecte désigne une profession, donc une fonction dans un corps de métiers, ou bien un titre. Un métier est lié à un certain nombre de savoirs destinés à des appli- cations pratiques; son exercice est caractérisé par le salariat quel que soit sa forme. La délivrance d'un titre vise à une ascension sociale par la distinction d'un individu à l'intérieur d'un groupe de pairs; lorsqu'il est associé à une rétribution quelconque, le plus souvent sous la forme d'une pension, celle-ci n'est pas liée directement à sa productivité professionnelle mais vise à établir un rapport d'allégeance. Pour cette raison, l'historiographie considère parfois les architectes ayant en charge la Fabrique de Saint-Pierre comme des professionnels salariés 20 . L'attrait social du rôle de « principal ouvrier » pousse un nombre croissant d'individus à s'y intéresser, sans réclamer même de salaire comme l'indique Scamozzi 21 . Plus avant, nous reviendrons sur l'évolution de cette profession qui s'accompagne d'une institutionnalisation croissante, et induit en retour une baisse moyenne des compétences techniques.
17. «
Platone dice, che l'Architetto non là mestiero alcuno,
ma è soprastante à tutte le altre Arti » (P. A. Barca, Avvertimenti
e regole circa l'architettura civile, pittura, scultura, prospettiva e archi- tettura militare, Milan, Malatesta, Pandolfo,
1620, P. 4).18. Barca est actif à Milan jusqu'en
1639.Sa carrière cons-
titue l'archétype de l'ingénieur à la recherche d'une plus grande reconnaissance sociale à travers l'architecture. Dans ce domaine, il réalise les prisons du Capitaine de Justice (1586)
et l'église Saint-Sébastien
(1598-1603),mais il est définitive-
ment évincé de ce type de travaux à la suite d'une polémique sur les sculptures de la façade de la cathédrale. Il continue en revanche à diriger de nombreux travaux publics, notamment dans le domaine hydraulique.
19. « Essendo l'architettura scientia tanto prestante &
eccellente percià dia non ha i suoi termini communi all'altre
scientie » (V Scamozzi, L'idea dell'architettura universale, Venise,
[expensis auctoris],
161, vol. I, P. 43).20. Sur cette idée intéressante, à laquelle il manque toutefois
une définition du salariat à la Renaissance, cf. C. Wilkinson,
« The new professionalism in the Renaissance », The Architect:
Chapters in the History of the Profession, Oxford, Oxford Univer-
sity Press,
1977, P. 128-129et F. Piola Caselli, « Public finances
and the arts in Rome », Economic History and the Arts, Cologne,
Bôhlau,
1996, P. 57.Il va de soi que l'on entend ici par salariat
la condition générique du travail rétribué à la tâche.
21. V. Scamozzi, L'idea..., op. cit.,
1615, vol. I, P. 20-21.Slfl*W S21 SIOI
sj anb iiuijp Qp aijnos as Qu QUQ stem 'suoissjoid s.i3nep iQ
s.tj10
sp iuoiuojag uts uos uQ i7jjionxe inuipeDy,1 onb
ZZON t091 'I01
eq °°'d ''d
'VWO)J ip WVIJ2W
JOflIS 'l4oflldp ouasp pp vjituapv»VIlap oss48o4d la auurj 't1qy snssi iuos iwpeyj ans suoiewioJut s'1 Lz
ooi d 'LL6i 'u do '"Lio
-siri
ayi ut ssadvq : panpiy
'< i(inu çi tp upnp
tjPI4te D
Qlqi
U1JODUO2
JO1Q UIQ Qllj,»
'1Uip3
61 d 'I
'Çi9i 'i., do '"vapi
1OA'izzoute A. •ç
8Z0E 'd 'III JoA 'LL6i 'rpteixtrj
'ouanbuij iap a4Vp vis 't
Doteq stiep j J3
II
EEt-Lg d
'8L61 'opJrjojl'utIT 'V4flvdvtpw
jA' p 1 suep '»
8' 4 OUOI3-b i' ruzLinmiA tpms tOUT1S3 ijusDD » 'Ut,
j jAJ
iQ Ç961
'i(2isIAiufl 3I1OÀMN 'j1oÀMN
'cNd 'rgÇi fo uoivp?
fli4flJV4 0U403 Ip pUte OUVyVJ
'PF'!i HD JD
'3d 'L961 'OJIJtjOd
u
'(,pi) 'vquavv
a vuau''ui 'vAnn?nqiw ip ownvij
tIp.te oIIoio
d) « 2nd n'
is azunujoi otzjip oun nb ej ezus 'ejpnb ip osusuo
tis ti_noiuoQO rUQp.IJ oiuenb *
pis
np utj e issn
Ax1tIqrqj oi2ioi ip osuei
'IzÇi 'uepJ
'(pEii)
oueitesD 'j 'v4npvzp4y
«j 'Aniij\)
«iimnuenb alcuowodoid eqenb sioip ap umq . id zuw
-iodioz uuqewpdns QsuQqmdiuoD ein8isse ouos
utiiemu
2 UUI[SJAiUfl
opunw PP
» SO
ollii sjuEiop SIE suriio op !IdtuoDDr siwiosp ilos ol oiuuo op sud onbsii
ou 'suoTuv sop siimo sonbpnb sup tmîi Es iurAnoai uoiido oqou
'o.rnP iqaij onb
uj 'auo'v.svd ol ins
qp moi sns sos sup aIIp1ouip uios puoid :)n-1-iules op ouiEmoi onu
-pvi
'oomoiioq soj1Eq jEuiplED np uoi2DaoTd Ej SflOS UøUEUOj 0AflOU ES op
S1O1
•UOtflflSUOD op SJflOO sonuip?DV
U0SUEp OAflOIO1
SOJsinoÉui SaiE sol mnrd ojiij
OSo aIiuounu uoi,sod oo 9o.ssavw
odv
ouuuo itpsofloUnT sanofhoi iuiuOisQp
onbuqr
op suouinop soj '<( s OIqXIE » sop ioruioid oj ounuo 3 oIqmE ojoui oipisuo UESE/ï Ip
's sop soiiou SO4 op uonipo) IIESEA (0ÇÇ1
Qi ouoqq op SQUQD sup 'pifl snd opois un '% ii (zt91)
sop % L : oinpoi suiouj oj inod isQ sonbus,pE sodod s;)puleiO sol sup sopoiqcuE sop oEJd El
uoissafcud vl op anbnuapvdv uoiJvszvuiou v7
•çz«oAniiTA op suoiuido sainapaw sol DOAE sud uop1oo»s ou »
souiOpow SUEAPD soi onb U0W010AflO 10
W
IJE 5OP03R1E sol ITOA inod op!s
1 IIAX0JU0E 1 101 .
flEJ jj nzxo s!EmEflJ ou iooid oJ i 'qqnd sud iso,u o1xii ol s!EAJ -tz doai uo uioqjynb
iTpo 'ZOSSE sud uou OAnUIA
iTponb 'UoiAnUiA OflEUOUflUO3 op iofoid 3uEsoduii uos r luo-Lua2ruolu
SUES 0DEJ1d oun SUER 'o1Epp ounof oj OITE2UES vp
OIUOU1j
OUIWOD OEUUOS1Od un is ouiui
'so3iIJduxi suoi,soddo sol o nbsEw IUOAflOS ojquios IEduToJ opouimo o oiuiop °'T
sojpuuosiod suoTdoDuoJ sinoj ioioid E iuou-T;)IqunbuturmT
iuiqDioilD '
soouoJoATp sinoj iuoios
sopuo;o.id onbjonb 'S1flOflE SOj moi TED 'oflbiuOuED zxo UOiAflODOJ mb sUotE1dJouuns OZ)
sop
sosolO sop O
JnoSSiEd1 iomiiso-snos sud flEJ
Ou [ '
OuUOIAflLUIA OIXEJE E! op otpoiddEj y
0AflIiA op suoijm 51flODflE1 sionuoid Uflj 'OuEUESO3 OIESO3 0UUIj4EJ OUTUTOD « opuoui Sop
np sosoip sol soinoi op uomsuoqiduioo El OlflSSE snou ouq » IEJ 'sowoix sonbjonb ins opuoj
OE&IEI un lEd iuossed 0DEdsOf ins sqp sol onb o oDEdsoJ op uoqdoDuoc, oun ir âoTI OiAuE
OUfl iso
;)jniDâiTTIDjle,l
op oiiioxoj onb iiuonos inod uopios moi onb iulepu;DdoD ijossm
uo Il olTpauuoD os op oww onbsu flE 'TDO5 El
suEp 10flUi5tp
OS O
U!JE OUOE) oun ird
o(o1dmo
ITOS
sjouuoisso;oid SITOAES sop iofai op io sUOuEm1fflEp ODUEUIOET
onb OIEI sied sou
soaToiTiiii » sino1 op uoTmuIJp op snssODold sol DEr iuusTA S1nOSp sop oimnpoid 101
uo,ojdwos sj iuowonbipuods uossoip os 1iU0A0 uo 0UOE3 00D op sriEiq so'
Jfl0iUU!
ap
'31
'xdJ.wv
pJe102
Pascal Dubourg Glatigny
s'agit également d'éviter les outrecuidances vers lesquelles s'est orientée l'Académie vitruvienne, animée à Rome dès la fin des années 1530 par Claudio Tolomei, personnage qui soutenait, dans la tradition du Timée de Platon, que l'architecture possède une origine divine 2". Par ailleurs, on sait que depuis l'époque où Alberti dirigeait le chantier du temple malatestien par correspon- dance, le nombre des architectes limitant leur intervention à diriger des projets par l'intermé- diaire de leurs assistants s'est multiplié. Ils restent minoritaires, mais parmi eux, on compte les noms les plus célèbres; leur comportement, plus visible aux yeux des classes dirigeantes, a donc pour fonction d'accélérer la refonte académique des champs sémantiques.
Les séances de l'académie de Saint-Luc de février 1593 sont consacrées à ce sujet; elles auraient dû être conduites par Giacomo della Porta, alors absent, et qui s'était déjà dérobé plusieurs fois à son devoir pour une raison certainement pleine de diplomatie. En l'absence des principaux architectes-artistes aspirant à une plus grande reconnaissance, l'assemblée put affirmer avec force que l'architecte est en premier lieu détenteur de savoirs techniques, quelque peu différents de ceux qu'enseigne Vitruve, et qu'il lui revient de commander directement les différents corps de métiers artisanaux au moment de la réalisation. Cela ne pouvait que satisfaire la masse des architectes de l'Académie, heureux de se voir conférer un rôle de direction plus que d'exécution et d'affirmer leur autonomie par rapport aux commanditaires, même si celle- ci reste parfaitement illusoire. La nouvelle définition, que le Prince Federico Zuccaro soutient avec vigueur après avoir appelé à plusieurs reprises à la remise en cause des préceptes vitruviens, n'entre toutefois en aucune manière en accord avec les stratégies personnelles de reconnaissance libérale des sonmutés de la profession. Zuccaro formule trois objections principales s'appuyant sur le commentaire vitruvien de Daniele Barbaro 29 . En premier lieu, la liste des onze disciplines citées par Vitruve n'est pas spécifique à l'architecture, deuxièmement, la somme immense des connaissances qu'elles recouvrent n'est pas accessible à un seul homme mais tend à l'omnis- cience divine, enfin, l'exercice d'une telle profession nécessiterait la pratique des deux disciplines soeurs, le dessin et la sculpture. Comme nous le savons, cette dernière condition n'est plus res- pectée à l'époque que par un nombre infime d'individus. Il conclut ainsi que la spécificité de la profession réside dans la capacité à distribuer les directives et les commandements sur le chantier, à réaliser des objets composés de matériaux hétérogènes et que les instruments essentiels de l'architecte restent l'équerre et le compas. Lorsqu'une volée de protestations s'élève parmi les architectes de l'assemblée pour défendre une interprétation plus valorisante de Vitruve, il leur est répondu qu'on ne pourrait tolérer qu'ils veuillent s'approprier toutes ces disciplines comme un individu monopoliserait illégitimement « les biens de la République ». La définition est donc adoptée et les architectes sont renvoyés à leurs chantiers ayant pu arracher peu d'avancées: les
« artistes » les confinent dans leurs règles et instruments mathématiques. Leur sauvegarde dans l'Académie n'est due qu'au disegno, mère des trois soeurs, peinture, sculpture et architecture,
28. Tolomei éprouve une telle résistance à la transmission appliquée du savoir architectural qu'il exprime le jugement qu'il est plus aisé de comprendre Vitruve dans le texte latin que dans toutes les traductions qui en ont été faites: Fabio Calvo, Cesare Cesariano, Giovanni Battista Caporali (cf. C.
Tolomei, « Lettera al conte Agostino de Lardi, di Roma, il
14
novembre
1543», Lettere, Venise, Giolitto de' Ferrari,
5554,P. 104-110).
29. Cf la traduction et le commentaire de ce texte publié en
16
dans P. Caye, Les Savoirs de Palladio, Paris, Klincksiek,1995.
d '8ÇÇ1
(Ç9'suinoj ip uzf'uok-j 'vqauioa8,p
oijvj wijluvp ozuud 'prntzi jpvfa taajq ana 'uo1Ad
'Vi D) « [ ... ] ui4QiuoQS zj uoD esoD moisi zun isznb Q (zwisui zuzuoD jassa ip DzuQiDs al op z.inzu z wo) ojznb zj
'zimqt1z zi » (z ,d 186Çi 'z1rnuA
'urz.IH 'a)v)ij,n unwv
suwvvwaqww au 'ouioîu D) « oiouzu
qqaizs uou
'oiguinu i ssnj non as tpid 'uoniuo
zi1T.uo
suo
moilDur AOflUIU os 'z3nuJtpi1z OpUAOnT.uiJ
zjpnb
zzus aims ond Esso
z.irnzu zjz
ip oUrpio
id Qjoiid
uwnu D[]
p ztuiDs ziuiquy»
E
-z8 -d'[9961]
tL61
'Nid
'!AOSA
'(pzl2) S I I
W D
sag Q
y D 'snaqay f
wapopij saqsayfo C4
OS!H
jznsnu.I la
pnbtounpiiz 'nbuwo92 suoiiiodoid anuâ uoouossp el
lau1q izd suuiDi1ozqAd suotp sp UWjpAnOUZ al
.inS z961'uuzlTj 's1puoT[ 'u4s!uvu4nHfo a'v azp us sajdpuu.j
jwnpaypy j p snbiuowjzq suotp sol ins suzsisi sp IanuoDu1 r Quimu DuwuxoD alla !snb
-siz XfliIiW SI
SUp UOiWS U
'sUzAz uiq IP
uos spzjnds swuzpuoj sol wop 'uo isod iruip
iila Qnbn;)Wqllju D UEr
ilui
suoipziui sp
ivawQDjojuai unpijoid nu aipnossip as r puai uou.xodoid ID iuoux.rzi.j imuD arzj op zpmiquiq,l no siojznbsnU,uo uet
p suiuotp sol anb urj i 'uzssrzuJ zj op
ni; elzf y
.(LL d 'Ez91
'p do 'wsnaj vj,ap
... ] E
ouvjoqvio) « Çdiuiid ions Qp ouoiziusoD zIA
vp Divapuidip'ris aip Qip ip lnjâD zizoou : zzuis »
d 'Ez91 08 d 'Z191
(6Ldo 'vJsn.ç vjjap [] o!avjoqv)on) « ziqDruEDDQw al a'qmaqr ' nie alias Di iuio:>'Eijaluuj EOA ii 1znb z ouuoui 'uoi2e.0 uo
.uzido iod p 'z uds zJ[ep OtAEI oiqz : uz »
(LLz
d 'Ez91 '8v d 'vi9i 'p
do 'vgnj
v,jap [•] ouvjoqtlo) « oiriado,pu ztzzi 'ou2ui aIAC
'uond p iunuiDi pp .lonJ 'tpuz
: uoizuAuz izupio
uodsup Qivamcicui
idzs 'uouidp p utuu 'ou
P1O-sip iy (z olppow op OAIJU
zinij u! zusiddza
Ipi oqD o1pnb ztqdziouqui 'supi 'ssqdzi8 zi Ic
a
oiej QiDdo.1
zusiddei ay ziozuz ojpnb a 'zido w iiaiiaiu opom oiz
ui o 'uuojoz z zqs ip 'opnb zxsowup tp '.iquuop Q,
Qluqououurnodiuou Q zrnij
Ip(i :
ousup 'outuzusup »
of
EOL
uo sojjo 'cdso1 ap suoiDs anb iulci u puos lel p uosiw a
un isa ainuid j onb 'uiuo
mm rl iuo inpnpij la Qin?uioQoq ;)nb Qpuojoid sinijr .iEd is;) uOt!AUOD 'J
«juiu p sd imine À u t
'1quiou ap sd ITEAE IT ku
S» :
iq Qppajd oiqwou al
'ouloDtufl addQsniq nbsEw1H uii j iioi uo uoj is la snbnupi onbsid luos
SOU1JdIDSIp XflOp S 'UO1AOd ODSDUE1J
STEUOU1Id j flO UOj IS 11?.J 1I4DUJJ
IS
sud isQ,u sud inu.id aiqj id sind iimo
Ej JEd snbuwq1iJE sonbiiEld sp ivamas
-supuuj iamaad mb 4Uj su snssDo1d un 'inpiqxr u 'ios uQ jinb monb
nbisnui
EJ ap oiuxoj SOIJ sonbil.Diuqiiit , sapoâqi me airmil as olja 'nbido sup srm 'wnyi
-upvnb np susstEuuo xnt loddle si IEJ mapictu airnip
0u03 iii.uA.s
nutpXin)
suoiuodoid ap 'wisnuaa ip
(souipow la
suotu) la
sipio sp uousmiou ap swjqoid
sj ans uoiu in uuuauo sp la snisuoi snbuu sijrpp smip spni xnq
ioj Qp uos UOJDflD mb ainp mqu1p sautai sp iilednld -j suoiiuIjp SJAflOU op umosq
al la sauuapur sounos xnie inoi j 'msmumnq iuuid ne suiji
sj QiiuQ a0leprui iulcArs
un sinofnoi aAnoaiuo'saaint sal sup ammoD SOnbTEU1OI.pEUT sp uiuiop al suj
usid mpn iiosiqj anb umddopAp unp qiqissod El apais 3IAX np uIJ iel op oin ouqxnuqdmDsmp el iuâuuop mb snbTJuutDs sumpuoj sj zmop iuos spnb
ans ivapuoj os sic SOJ onb soj 'ijsnupnb ul ans sopni1oJ sop iilqtig oDuots
•i stEm'ilq!siA opuom np souwouqd sop oJquiosuoJ ivanbilddic soTDioxo xnop soJ
-uo OD su omixiin OOD i
uomoJEmoJ1oD oimisnos iuQileijnod o3uEssuuo.J icl op sinoin 501
juaido sj.iv
sa, 'Jua!nd?d- sa'uaiis
szI
OuIJ2
0np
unuiuio D
iAr pioa npEd u oinz EddopAp nb nuuo uiq uotp
uops
• JflO!U UI 'pa!1pJe
'Xfl,lPç
Pascal Dubourg Glatigny
pour objet de le mesurer et donc d'organiser sa compréhension. « Combien la géométrie est utile, est une chose très claire - déclare Giovanni Canula, un médecin gênois - elle conduit nos sens à une plus grande connaissance: ainsi dans les arts comme l'architecture, elle trouve la manière de construire, elle connaît et contemple la machine du monde entier, si bien faite et disposée, car elle juge et connaît à la fois lorsqu'elle peut circonscrire et contenir »34 . Le savoir trouve donc ici sa validité dans la conjonction des aptitudes à comprendre et à estimer. Le processus cognitif connaît un double mouvement. Il vise d'abord à comprendre de manière déductive, mais l'analyse ainsi obtenue n'est confirmée que lorsque le jugement moral peut réaliser une sélection, une censure rétrospective. Voilà ce qui précisément constitue l'analogie entre les deux disciplines.
Selon Vitruve et Alberti, l'architecte doit prendre en compte les conditions de fabrication de l'objet. Il doit tout d'abord observer le site (sens des vents, ensoleillement, qualité de l'air, point de vue, perspective, etc.), mais aussi garantir la stabilité par une enquête des terrains et par une connaissance de physique des matériaux qui, à la Renaissance, est encore largement issue de la philosophie naturelle. Il ne se met qu'ensuite en quête d'un modèle adapté à sa mission.
La manière dont les outils mathématiques doivent intervenir dans l'architecture n'est
104
cependant pas toujours clarifiée. C'est la question du lien entre l'instrument et son résultat qui constitue l'obstacle. Unicorno l'exprime dans un tableau montrant la distribution des différentes branches de la discipline, un schéma en arborescence dans l'esprit de ceux de Ramon Luil qu'il annexe à son traité sur l'utilité (formelle et non fonctionnelle) des mathématiques (Fig. i). Il n'y relie ni la gnomonique (partie substantielle) ni l'eurythmie, ni la symétrie, ni la distribution (parties accidentelles) à un quelconque produit de la fabrique. Les mathématiques de la ligne ne sont pas considérées comme la conceptualisation de la grandeur d'un objet mais comme un élément constitutif de sa nature, comme une composante immanente. La diffusion de la théorie des ordres nous procure un exemple pratique de ce phénomène. Les tables de chapi- teaux fournies par Alberti montrent, en superposant leurs images, les correspondances entre un réseau géométrique et une forme architecturale (Livre VII). Quant à lui, Serlio est plus attaché à donner des indications de relations proportionnelles. Mais c'est Vignole (1562) qui fournit un véritable outil de modélisation des différents éléments, permettant ainsi une reproduction par combinaison bien plus riche. Toutefois, le succès que l'ouvrage a remporté sans répit jusqu'au xlxe siècle, notamment à travers la fameuse planche résumant les cinq ordres, montre qu'on en a fait le plus souvent un usage contraire, employant comme une taxinomie figurative ce qui se voulait une méthode modulaire 35 . Ainsi, l'emploi d'une règle met en évidence qu'il n'est plus nécessaire de recourir à la mémoire ou à la connaissance des ordres, mais qu'il suffit d'utiliser un modèle transposable et adaptable au moyen d'un savoir. Au xvIe siècle, pour la grande majorité des architectes italiens, l'adaptation des pratiques pseudo-intuitives, comme celle de l'applica- tion de la section dorée par exemple, à l'emploi d'un savoir géométrique commun et universel
34. « L'utilità della Geometria quanta sia, è cosa assai ben dicando e sapendo insieme, quando ella circondi e contenga»
chiara; essendo, che per suo mezo siano condotti j nostri sensi (G. Camilla, Enthosiasmo et meravigliose cause della compositione
a maggior cognitione: percioche nelle arti corne nell'Archi- de! mondo, Venise, Giolito, 1564, P. 80).
tettura, trova il modo da fabricare, conosce & contempla 35. Cf. C. Thoenes, «Vignolas Regola delli cinque ordini »,
questa si ben fatta & disposta macchina di tutto il mondo, giu- RômischesJahrbuchftr Kunstgeschichte, 1983, P. 358-360.
OuuIAouuu uotzipu eIlop oidnui musitpq op
oz-69I d L86i 'ViSAI
'SrnA 'OUadflbUJ'J » 'qpquoAJ j\
-WW'qui
IIOA 'piS IAX
3 : n
VIZMA
pp vipu a»piuii a
azuap 'v4njn sup '» ocJuu»Ds
anbrqe,l ap initis np io snuuo sp UOuflIOAI inS
siÀV sop iiEilxQ unp
(08Ç1
uo ia 0ÇÇ1 uo sind) Qj7Ç1
uo uoutpaoi r-1.9 sopoqm
o op S1JOJSUEU sol ioipi; oinu op in2 sou 'onbEqEJ op sonbicid xn onbuiuipiij UEI1 'oinj p 'o ussnuuo op uownusui un cuop 'oDEdsoJ op ouois oun aunuoD oiimo q
oo unp iuie5ujd io sonbiWOiEW souqdiDsrp xnop so ouuo wnaupvnb
np 1nouuij oido
UoisIAip
OJAS q onb iœ:) isa II 'suouiodoid
soinsoui iâ
so1 ioi 1Q SOE1AO sop osuodp q
iDr inod opn isQ onbiwtpuEJ onb saolic sEduJo3 nie ia aiionb1 suom op
o suomouq soj oipuoicT op uoiuoJ q
oumo q anclpiiie mb UOiAfl1iA aixai np amnoj
qiEj op puoldmoD u Ju1i2uEnb n jiipnb np uoiisuru q p
!suituoni
-rsuoo (uoipnisuoD iQ uonuosidoi auuo uournbQp-c ii ajint un le uouuosidoi op opoum unp oEssEd) soqcumj sas o (onbuuotuo oi1uio) sqpom souoJip so ouoiDs q
opuoj mb oDuoudxoJ oimnpoidoi op qmqissod q sup opmsi opnmioD q
op ouiqoid
T '!°P
Ilxnop E sinouodns no slnouoJuT iuos oIOutTji unp solOule so is no xis suioui no snjd luoj sioi
xnop is
IIOAES
op sEd isz),u'paruoaj iTEATmaouiuio 'iJA q op owqoid o ojqqid oumuio
JnE2nuEnb np onbmsÀqdEw ainu q op uoinjosi q
iomxo sues 'sJuEqEnb samiii uo osod os
IS la OS sd s, ajjua ajq 'i'gçi 'owi 'wnilie
WflJeD1rWaqPW a 'OUJOJWfl D
I '1d -
j , CL Nve
i
Z /7
xxzj S
1RoI dQ
U M fi __________
u
i i
s
jp fl2
1VU Od
o
VL go1
car
L
iWhW kt
'Va
z7à . tuI4iSL
n
ts LY.N J lit:
l'tiO
.0 u •
TŒ
Lz
' 012 C'VU I
J W H9
Z1
UdY OlO c4I
n I
) II
,
ow JflO!UU! 'oPa!L.pJe
'XJ!,uy
106
Pascal Dubourg Glatigny
Libéraux de Cassiodore concernant ce sujet particulier témoigne de l'apparition d'une réaction.
Toutefois, dans son commentaire à Vitruve publié en
1536,le Pérugin Giambattista Caporali, quelque peu hésitant il est vrai, enregistre bien les termes du débat 37 . Ce présupposé restera longtemps un obstacle à la modélisation de règles algébriques dans les pratiques architecturales.
Il faut ajouter que le statut accordé aux savoirs dits techniques souffre des préjugés que les défen- seurs des Anciens nourrissent envers les mécaniciens de la nouvelle génération, ces architectes que Tolomei qualifie de « vulgaires », car ne manifestant pas de comportement que l'on pour- rait qualifier de « vétéro-référentiel », c'est-à-dire citant en abondance un corpus dogmatique issu de l'Antiquité 38 . Selon lui, les mathématiques ne sont vues que sous l'aspect d'une activité d'imitation, elles ne sont donc pas reconnues aptes à élever le niveau de l'architecture; il convient d'en réduire l'importance et de remplacer ces savoirs par des connaissances fiables dignes du gentilhomme, comme la connaissance de l'histoire (antique, il va sans dire) ou des modèles « à la mode ». Dans le grand ouvrage de Serlio, les connaissances géométriques ne constituent pas une priorité (le premier livre est publié après le livre des antiquités) et sont recensées à la hâte avant l'exposition de quelques règles de perspective qui ont suscité bien des réactions tant leur auteur ne parvient pas à choisir entre la perspective des peintres et celle desarchitectes, entre un mode figuratif et un outil conceptuel. Il n'est pas question de mettre en doute leur conscience du problème du chantier, mais d'évaluer les réponses qu'ils lui apportent. Tolomei, en évoquant la nécessité pour l'architecte d'atteindre l'excellence non seulement spéculative mais surtout opératoire, recommande pour cela l'étude des monuments antiques.
La venustas comme nouvelle concinnitas
Lorsqu'Alberti définit la beauté d'un édifice (Livre VI), il pense surtout au concept de concinni- tas, à savoir l'harmonie entre les parties, l'unité et la cohérence d'un ensemble. Il fait là référence au bâtiment comme corps. Lorsqu'il expose sa théorie des ordres, il préfère faire référence au
décorum (Livre VII).
La question de la beauté et de la noblesse se trouve ainsi au coeur des systèmes de classification des différents bâtiments. Sont-ils dus à des facteurs immanents ou à des éléments d'identification? À ce propos, on observe une division très nette entre le discours des archi- tectes dits savants qu'ils travaillent dans la République de Venise ou au Royaume de France comme Palladio ou Serlio, et la conception générale du public 39 . Les premiers cherchent une
37. «Vogliono aichum che la geometria sia produtta con
la dottrina dell'arithmetica » (Vitruve, De Architectura, G. B.
Caporali (trad.), Pérouse, lano Bigazzini, 1536, fb 5r0).
38. « Meccanico: è latino mechanicus, & presso noi vale
volgare & vile. » (A. Accarisio, Vocabolario, grammatica et ortho-
graphia de la lingua volgare, Cento, [l'auttore], 1543, fo 187v0).
C'est la raison pour laquelle une partie des traités entendent défendre la noblesse de l'activité « Non sarà per aventura fluor di proposito il ricordare, che Mechanico è vocabolo honora-
tissimo, dimostrando [ ... ] mestiero alla militia pertinente, et convenevole ad huomo d'alto affare; et che sappia con le sue mani, et col senno mandat ad essecutione opre maravigliose a
singolare utilità e diletto del viver humano. » (T. Garzoni, La
piazza universale..., op. cit., 1587, P. 761).
39. La qualité et la fonction didactique du traité de Serlio
ont été discutées à maintes reprises par la critique (c£ la biblio-
graphie récente dans M. Carpo, Metodo ed ordini nella teoria
architettonica dei primi moderni, Genève, Droz, 1993, P. 187, 199-
qppoui .icj e ID 'oiunu czus uctd 1eu2s!p e oos oucrp -rus 'uuojp npuuc q2 p ouciuo je opupDo1d qenb
r.usou t p runpic rj2 op z.tcd .ioi22cw ejjc Q u
QiA
Ae
uiuued 1so3 d ers puis
oucis oAo
'oq2onjunje pe
it2 ouues eznueid rd tp 'equ Q A ujom
(es isuo) qenbi
p 'enueid jQd r t ouuej uio 'u0j0tpe1q o 'mou e
ouucA ouiqo 0.tA p oueizscj 'elqmojjc oueq2
-iddes lodwDi ousou ip (um isp 9id oq2o uou) izstpie
q2p zi md ioi22eiu el ["] 1A iod tuoruido 0101 al rord tp
'pipnp ezuzuos eunje Djinppr ouues uou iiueid I
»zt
(16 d Ç86i 'olijilod jj 'uzjejj '(pi) isseq 'iwvL 'oicuio y)
«ourpcwi su2o ep soD Q uou a 'esds
uzi2 ip vos uuureuiopc ID rai qenb î 'oizuuo u 'osuoi
u 'ouop ouquo au 'ounqe ouuicuiope ouucq uou md
'uuîssqpq uqjip ujz EAOPEd ip oiuouy oucs ip csnp
ej opusso 'ido je ip aunile q s ut eq uou uq os 'ejpq iss
essod uou euqcj eun Qqa eiicssu esoD id oq uou
-id '(snbuuc saipto s
ol) euuoj je ip 9 1
alimi UOU 01
»98Ç1 uO iejpAe 11!d si1ej
e
s'uaossp p sw sap la£i a a
.tun J:oiiy al oDimpul Q SEJ
Ano
ielp osre
5ut, uoiiinpriiun irlqnd e si(nddcqD juqe(g d
`t9Çi 'tSii2jEj
''A 'avs43Inun vzuos ip oiads o-j 'PucAej
-oi )
«oppa9 ep 2p opje ep 'esc1ui ep 'UA ep 'i28oid
jjep is1puIp id Dsm al i iu
Diiqtj e ouioiDurLuOD ruruionq
q2 opucnb 'issu ep auiS110 eInnpIcJ oqq
»o1'
scqp sp SUOSSEI Sj ID flUU0D a
lip
-uiduxo SUES 1flDSi U ltOAflOd epuu
suousnb sp oi u
tiouSi iumq uo inoi'inb
SiEur 'U1W0J jutp un uesi pnb isud S1flflTE icd zuoj
no:) uos ID iSm
Ano,j op injduici sipj xne tu 'sonp1e
xne tu iiuss
ajpe
,s au oiji p ieu al Dnb ijqwos i nd p
'surezodi.uuoD s;) sild
anuâ S13flE xne iurmdwoD al u (oo
LOI
S
II «
zt,! j
`~I1uel OUJOiD op nojtp a l OUiOUI3 UQ QUJUJOZ) doi ufliAeJ3 )
sonbumpEm SJ uqu SAI sn1d saijds sp SUER UffiEA1I mb « sonJjoD » sin nb
uwuso 'sJrijIm sD mq:xr s
ol ouimoc 'uomssjod e l o p ssqids squq s
ol 'umoux uiux nv 1»noq p iuuoAii inod sonbTuE suuiu1op umosq iuo , u sip s nb nbi1dx (iuwnuom jnaitpij uommsoddo id) uoniqtjp in mqD1;1 ic âsodx Q
uos isuo 'wJj uoj j nbijids uim unp p uoi2snb id UJOD
-uo Euuos1d un 'oIEuLIo3 smAw uiiuA ol '09Ç1 S.TO S2OJU!p OnUO
-oqDTp ajai suwuq op i mic i TpuEunuoJ aAin3 ssqou e l op Qpn i m r [j xnEIploUIUd SITOAES SS 3Uds u 'Jn3mqD1Ej op IJLIm nbmid el i sTi:) uQ i u ;) m Q puojo i d im siojno nqiLIuoD uomuisIp i' oT qjQS zqD flA suoAJ snou uiuio 'sjusuic snbiid s i l
ii snburmqm SIIOAES sol inod uipp ui1 unp uduIoDDEs 'sio1noq no aug1ndod
ios opnb 'aInuJui o1npnp1E Q un , p su pi solins ui mb DUjtS nb
-pue o uTouim ie d nt, iu ,.) mâltdTDuTid iuiji as sjiqq SUESStEUUOD op un io o1qou
'inudns
~Dani:)iiTtl:)ile , l Q nuo pinjnIE uq un slojE ido u sJqETJnupm xn1idEqD op us unnb isuir puuoo nblonb iusidiop JIpj '1dwx 1M - s -el SODUEUOAUO
sinomsnjd ins opu0j 'in iqaij p ixe oliddE siEuxIosp 'JnD H1E imi np UOiJnUpi
un uoiwEpo1d pu le ig np SflUE s 'inq p auiDs j p JETpIowud uonijusnC
qqno nd nbpnb i u eÀ V »» pmoij np p 'dmai e l p 'SUA Sp 'smnjd sp s inod 'suostEm sop aun.nsuoj E 11119511.11UMOD Uâ IUo.I O Ano i dQ suxuioq s o l o nb i ns
-su 1j sup — p-mi — i m0wo uosina inpitpij » : nbsoid sn uofj p uomAniiti o i xoi np sssrwid sop iimid e l ins momej aiw ijid ji smw 'noins sumuioi sp
op 'nbuu uudxj op upuu si:) sos inautpij 'tUEAEIOIj SŒ uiainiiip
al uxwo ssipdopÀzu SJ iflo auoisix uos op iiuid o snED Ej OTOAUOJ io
p mb ojiom Qin Eo q Ej 1joddE uQ Qllo 'ipio m i ne, unp isumE isQ svsnua E'J inpap1EI p uEsijEsJAmun uonmuIjp Qune iu o puoi SIflE S
smnn9p siEw1osp saininus sini p sjosi s;nioap suwj sp unuq S
'UOpUEdP msnpx nbsoid uondxj 'mb âiinbilur , l op sjm sEuiouI s o lins spuoj 'sJnE1id -1ui umioj onbiio i sill uontpj op smss sp S1AEL jEiDos in iri s i n âj op uom2EuiuI2j
JflUU! 'xbj,pv
108
Pascal Dubourg Glatigny