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Therapeutic education before Ramadan: Can it change the beliefs of the Moroccan diabetic patient and dissuade him from fasting? (Prospective study about 190 patients) [Éducation thérapeutique en pré-Ramadan: peut-elle changer les croyances du patient diab

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Texte intégral

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© 2017 - Elsevier Masson SAS - Tous droits réservés.

Correspondance Soukaina Laidi laidisoukaina@gmail.com

Résumé

Objectif : Déterminer les croyances qui poussent les patients diabétiques à jeûner, et évaluer l’effet de l’éducation thérapeutique en pré-ramadan sur la décision du jeûne.

Méthodes : Les patients ont répondu à un questionnaire concernant leurs croyances et leur désir de jeûner. Ensuite, ils ont bénéficié d’une séance d’éducation thérapeutique (ETP) animée par un médecin préalablement formé, en utilisant comme support la carte Ramadan du programme Conversation MAP™ : gestion du diabète pendant le Ramadan, et en expliquant clairement les risques du jeûne et la stratification de ce risque, ainsi que les précautions à prendre durant ce mois. Tous les patients ont été contactés pendant le mois du Ramadan pour vérifier s’ils ont jeûné.

Résultats : L’étude a comporté 190 patients diabétiques. Avant la séance éducative, 61 (32 %) patients pensaient que le jeûne améliore le diabète, et 63 (33 %) pensaient que le fait de ne pas jeûner est un équivalent d’abandon de la religion. En pré-Ramadan et avant toute éducation, 138 (72 %) patients comptaient jeûner. Après l’intervention d’ETP, ce taux s’est abaissé à 53 (27 %) patients. L’observance du jeûne était corrélée aux croyances religieuses des patients, au type de diabète – avec un taux de jeûne plus élevé chez les patients diabétiques de type 2 (DT2) : 50 patients DT2 versus trois patients diabétiques de type 1 dans le groupe jeûneurs –, et au type de traitement antidiabétique (79 % de patients jeûneurs sous antidiabétiques oraux versus 20 % de ceux sous insuline) ; p < 0,0001 pour les comparaisons.

Conclusion : Notre étude a démontré l’effet des croyances des patients sur la décision du jeûne, et l’intérêt de l’ETP pour les en dissuader.

Mots-clés : Ramadan – croyances – éducation thérapeutique – Conversation MAP™ – Maroc.

Summary

Objective: To determine the beliefs of the patients that induce them to fast, and to evaluate the effect of pre-medical therapeutic education on the decision of fasting.

Methods: Patients responded to a questionnaire about their beliefs. Then, they received a therapeutic education session, facilitated by a trained physician, using the Ramadan MAP Conversation Card as a support, and explaining the risks of fasting and the strati- fication of this risk, as well as the precautions to take during this month. All patients were contacted during the month of Ramadan to verify fasting adherence.

Results: The study population consisted of 190 patients with diabetes, 61 (32%) patients thought that fasting improved diabetes, and 63 (33%) patients that not fasting

Éducation thérapeutique en pré-Ramadan : peut-elle changer les croyances du patient

diabétique marocain et le dissuader de jeûner ?

(Étude prospective à propos de 190 patients)

Therapeutic education before Ramadan: Can it change the beliefs of the Moroccan diabetic patient and dissuade him from fasting?

(Prospective study about 190 patients)

S. Laidi, S. El Aziz, A. Chadli Service d’endocrinologie,

diabétologie et maladies métabolique, CHU Ibn Rochd, Casablanca ;

Laboratoire de neurosciences et santé mentale, Faculté de médecine et de pharmacie, Université Hassan II,

Casablanca, Maroc.

(2)

r Questionnaire patient et examens Après recueil du consentement éclairé, les patients ont répondu de manière individuelle à un questionnaire portant essentiellement sur les antécédents, les complications, le traitement, et les croyances. Un examen clinique a été effectué, un bilan complémentaire mini- mal a été demandé, incluant la fonction rénale, l’hémoglobine glyquée (HbA

1c

), une exploration cardiovasculaire (ECG

± échographie cardiaque ± épreuve de stress), et une exploration ophtalmolo- gique si disponible.

r Variables étudiées

r Caractéristiques sociodémogra- phiques  : âge, sexe, niveau scolaire, origine rurale ou urbaine ; l’entourage familial, professionnel ou scolaire est-il au courant du diabète ou pas.

r Caractéristiques du diabète : type de diabète, durée d’évolution, schéma thérapeutique, complications dégéné- ratives, HbA

1c

.

r Caractéristiques liées au jeûne  : nombre de jours jeûnés, antécédents de complications aiguës durant le jeûne, antécédents d’hospitalisation pendant le Ramadan, désir de jeûner, risque du jeûne selon le patient, et stratification du risque lié au fait de jeûner.

– Le fait de manger au travail ou à l’école est-il gênant pour le patient ?

r Croyances religieuses : le fait de ne pas jeûner est un équivalent d’abandon de la religion.

r Le risque lié au jeûne de chaque patient a été déterminé selon les critères de l’IDF-DAR Practical Guidelines 2016 (tableau I) [6].

r Éducation thérapeutique

r Les patients ont ensuite bénéficié d’une séance d’éducation thérapeutique (ETP) animée par des médecins préala- blement formés en matière d’ETP avec, comme matériel, la carte Conversation MAP™ Ramadan du programme Diabetes Conversations [7].

r La séance éducative a été réalisée en groupe avec, au début, une pré- sentation de chaque patient devant les autres patients tout en précisant le nom, prénom, âge, type et durée de diabète, complications dégénératives si elles existent, nature du traitement actuel. Ensuite, le médecin anima- teur a demandé à chaque patient de

Introduction

r Le patient diabétique est exposé lors du jeûne au cours du Ramadan à des complications aiguës, telles que l’hypoglycémie, l’acidocétose [1], la déshydratation, et la thrombose [2].

Ces complications sont fréquentes, et potentiellement graves, selon l’étude Epidemiology of Diabetes and Ramadan (EPIDIAR) [3].

Ainsi, selon les recommandations de l’International Diabetes Federation (IDF)-Diabetes and Ramadan (DAR) International Alliance 2016, une consul- tation en pré-Ramadan est souhaitable [4] afin de déterminer le risque lié au jeûne, d’ajuster le traitement antidiabé- tique pour minimiser les complications [5], et de tenter de convaincre les patients à haut risque de ne pas obser- ver ce jeûne du fait de leur diabète.

Toutefois, nombreux sont les patients qui observent le jeûne, quel qu’en soit le risque : 42,8 % des patients atteints de diabète de type 1 (DT1), et 78,7 % de ceux ayant un diabète de type 2 (DT2), avaient jeûné pendant au moins 15 jours pendant le Ramadan, selon l’étude EPIDIAR réalisée en 2001 [3], parfois sans concertation avec le méde- cin traitant.

Des croyances religieuses, des pratiques sociales et culturelles, et l’absence de symptômes dans cette affection, inci- tant le patient diabétique à jeûner. Une approche éducative renforcée per- mettrait-elle de dissuader ces patients de jeûner, notamment en cas de haut risque ?

r L’objectif de notre travail était de déterminer les croyances des patients qui les poussent à jeûner, et évaluer l’effet de l’éducation thérapeutique en pré-Ramadan sur la décision de jeûner.

Matériels et méthodes

Il s’agit d’une étude prospective de 3 mois, débutée le mois qui précède le Ramadan et terminée un mois après le Ramadan de 2016, à l’hôpital de jour du service d’endocrinologie et maladies métaboliques du CHU de Casablanca (Maroc).

r Critères d’inclusion

– Âge : DT2 > 18 ans ; DT1 > 14 ans ; – Patient diabétique suivi ou hospitalisé au sein de notre unité.

– Ont également été inclus les patients ayant présenté une complication méta- bolique aiguë le mois précédant le Ramadan.

is an equivalent of abandon of the religion. In pre-Ramadan and before any education, 138 (72%) patients planned to fast Ramadan. After the intervention of education this rate decreased to 53 (27%) patients. The decision of fasting was correlated with the religious beliefs, the type of diabetes (50 type 2 vs. 3 type 1 in the fast group), and with the type of antidiabetic treatment (79% fasting patients among those treated with oral antidiabetic vs. 20% of those treated with insulin); P <0.0001 for all comparisons.

Conclusion: Our study demonstrated the effect of the beliefs of patients on the deci- sion to fast during Ramadan, and the interest of therapeutic education to dissuade them from fasting.

Key-words: Ramadan – beliefs – therapeutic education – Conversation MAP™

– Morocco.

(3)

décrire la partie qu’il préfère de la carte Conversation MAP™ Ramadan [7], afin d’avoir une idée sur les intérêts de chaque patient. Ensuite, a été expliquée la stratification des risques du jeûne [6], et il a été demandé à chaque patient de classer son cas dans une catégorie.

Le médecin a ensuite détaillé la phy- siopathologie de chaque complication du jeûne (déshydratation, hypogly- cémie, hyperglycémie, acidocétose, thrombose…) de façon facilitée, tout en utilisant des exemples de la vie cou- rante, et des métaphores populaires parfois, pour mieux convaincre les patients.

– À la fin de la première partie de cette séance éducative, le médecin a demandé à chaque patient ce qu’il a retenu, et quels sont les risques possibles en cas

de jeûne selon son cas, ainsi que sa décision finale par rapport au jeûne et les raisons de son choix.

– La deuxième partie de cette séance a consisté à éduquer les patients sur les précautions à prendre en cas de décision de jeûner.

Les patients étaient autorisés à poser leurs questions tout au long de la séance éducative interactive.

r Les conduites à tenir suivantes ont été préconisées :

- Chez les patients à risque modéré à faible, un ajustement thérapeutique a été réalisé, l’autosurveillance glycémique (ASG) a été encouragée si les moyens économiques le permettaient.

– Chez les patients à haut et à très haut risque, la non observance du jeûne a fortement été conseillée par le médecin

réalisant l’éducation, sans change- ment de traitement dans l’optique du jeûne. Toutefois, une intensification du traitement a été préconisée en cas de déséquilibre glycémique.

r Les patients ont été contactés durant le mois du Ramadan (au 15

e

jour, et immédiatement après le Ramadan [J3- J7]) pour quantifier l’observance du jeûne, ainsi que les complications chez ceux qui l’avaient pratiqué.

r Analyse statistique

r Elle a été réalisée par le logiciel SPSS

®

(SPSS Inc., Chicago, IL, USA).

Résultats

r Caractéristiques générales de la population

r L’étude a porté sur 190 patients, avec une forte prédominance féminine : 141 femmes et 49 hommes (sexe ratio F/H : 3/1). L’âge moyen des patients était de 50,7 ± 20,0 ans.

r L’ancienneté moyenne du diabète était de 7,9 ans (extrêmes : 15 jours- 36 ans). Le DT2 était le plus représenté (83  %), alors que 17  % des patients étaient atteints de DT1.

L’indice de masse corporelle (IMC) moyen était de 27,9 kg/m

2

(extrêmes : 18-47  kg/m

2

), avec une moyenne de 22,90  kg/m

2

chez les DT1, et de 28,97 kg/m

2

chez les DT2.

r Équilibre glycémique  : la moyenne d’HbA

1c

était de 8,7  % (extrêmes  : 5,3 %-15,0 %), avec une moyenne de 9,28 % chez les DT1 et 8,62 % chez les DT2.

r Traitements reçus :

– Parmi les patients DT1, 19 (59  %) étaient sous schéma insulinique basal- bolus, 12 sous schéma PréMix, et un seul sous schéma basal.

– Concernant les patients DT2 :

¾ Les patients sous antidiabétiques oraux (ADO) seuls représentaient 48 % (76 patients) : monothérapie à base de metformine (33 patients), ou d’un sulfamide hypoglycémiant (cinq patients) ; bithérapie metfor- mine +  sulfamide hypoglycémiant (37 patients)  ; trithérapie à base de metformine +  inhibiteur de la dipeptidyl peptidase 4 + sulfamide hypoglycémiant, chez une patiente.

Tableau I. Stratification du risque du jeûne [6].

Catégorie de risque Caractéristiques des patients Très haut risque Un ou plusieurs critères :

r)ZQPHMZDÊNJFTÊWÍSFEBOTMFTNPJTQSÊDÊEBOUMF3BNBEBO r"DJEPDÊUPTFPVDPNBIZQFSPTNPMBJSFEBOTMFTNPJT r)ZQPHMZDÊNJFSÊDVSSFOUFPVOPOSFTTFOUJT

r%JBCÍUFEFUZQF %5NBMDPOUSÔMÊ r.BMBEJFBJHVÌ

r(SPTTFTTFEJBCÊUJRVFQSÊFYJTUBOUFPVEJBCÍUFHFTUBUJPOOFM %(

traité par de l'insuline ou des sulfamides hypoglycémiants.

r%JBMZTFDISPOJRVFPVTUBEFPVEFNBMBEJFSÊOBMFDISPOJRVF (MRC).

r$PNQMJDBUJPOTNBDSPWBTDVMBJSFTBWBODÊFT r4VKFUÄHÊGSBHJMF

Haut risque Un ou plusieurs des éléments suivants : r%JBCÍUFEFUZQF %5NBMDPOUSÔMÊ r%5CJFODPOUSÔMÊ

r%5CJFODPOUSÔMÊQBSNVMUJQMFTJOKFDUJPOTEJOTVMJOFPVJOTVMJOF mixte.

r(SPTTFTTFBWFD%5PV%(DPOUSÔMÊQBSMFTSÍHMFTIZHJÊOP diététiques (RHD) ou la metformine.

r4UBEFEF.3$

r$PNQMJDBUJPOTNBDSPWBTDVMBJSFTTUBCMFT

r1BUJFOUTQSÊTFOUBOUEFTDPNPSCJEJUÊTRVJQFVWFOUBVHNFOUFSMF risque.

r1FSTPOOFTEJBCÊUJRVFTBWFDBDUJWJUÊ TQIZTJRVFJOUFOTF r5SBJUFNFOUQBSEFTNÊEJDBNFOUTJOGMVFOÉBOUMBGPODUJPODPHOJUJWF Risque modéré

ou faible

DT2 bien contrôlé sous un ou plusieurs des traitements suivants : - RHD.

- Metformine.

- Acarbose.

- Thiazolidinediones (glitazones)

- Sulfamides hypoglycémiants de deuxième génération.

- Molécules agissant sur les hormones incrétines.

- Inhibiteurs des co-transporteurs sodium-glucose de type 2 (SGLT2).

- Insuline basale.

(4)

ceux à haut et très haut risque, et peut aussi avoir des effets bénéfiques chez certains patients [8, 9], tandis que les études sur les complications macro- et microangiopathiques ne sont pas concluantes [10, 11]. Malgré ce risque élevé, nombreux sont les patients qui insistent pour pratiquer ce jeûne, consi- déré comme un des piliers de l’Islam, et ce, sans concertation préalable avec leurs médecins traitants.

r Notre étude souligne l’utilité de l’ap- proche éducative avant le Ramadan.

L’information éclairée des patients à propos des risques du jeûne a permis de dissuader 85 d’entre eux ; en effet, 138 patients comptaient jeûner avant l’intervention thérapeutique, et seu- lement 53 l’ont observé après cette séance éducative.

Malgré l’effet démontré de cette ETP dans notre étude, une partie des patients ont malgré tout maintenu leur décision de jeûner. En effet, 53 patients ont observé le jeûne. Ceci nous porte à rechercher les facteurs déterminants qui motiveraient le patient diabétique à jeûner, quoique conscient des risques encourus.

¾ L e s p a t i e n t s s o u s i n s u l i n e seule  étaient au nombre de 53 (33  %)  : schéma basal-bolus (31 patients), prémix (15 patients), basal (six patients), et un patient était sous insuline rapide seule.

¾ Un traitement mixte associait insu- line et ADO chez 23 patients.

¾ Six patients étaient sous règles hygièno-diététiques seules.

r Parmi les patients de l’étude, 116 (61 %) avaient précédemment observé le jeûne du Ramadan, en moyenne 22 jours par patient. Et parmi eux, 45 patients avaient présenté des complica- tions durant le jeûne : une hypoglycémie modérée chez 40 patients, une hypogly- cémie sévère chez trois patients, et trois cas de cétose diabétique.

r Stratification du risque

Selon les critères de l’IDF-DAR Practical Guidelines 2016 [6], 40 patients ont été classés à très haut risque, 111 patients à haut risque, et 39 patients à risque modéré à faible.

r Croyances et caractéristiques sociales des patients

r Selon les données recueillies, 82 (43 %) patients étaient analphabètes, 42 (22  %) patients avaient un niveau scolaire primaire, 60 (31  %) patients étaient issus du milieu rural.

r À la question « le jeûne améliore-t-il le diabète ? », la réponse était oui pour 61 (32 %) patients.

– Le jeûne était considéré comme pos- sible responsable de risque par 133 (70 %) patients. Concernant la nature du risque, la réponse a été l’hypogly- cémie (88 patients), l’hyperglycémie (20 patients), la déshydratation (huit patients), la cétose diabétique (trois patients), et l’aggravation de la micro- ou de la macroangiopathie (six patients).

– Le fait de manger devant l’entourage pen- dant ce mois était gênant pour 98 (51 %) patients. Des cas similaires de probléma- tique de diabète et Ramadan dans la famille étaient retrouvés chez 51 patients.

r À propos des croyances religieuses, 63 (33 %) patients, dont 50 patients sont analphabètes, pensaient que le fait de ne pas jeûner est un équivalent d’abandon de la religion, et qu’ils seront puni par Dieu s’ils n’observent pas le jeûne.

Ces croyances ont été comparées pour les deux groupes jeûnant et non-jeûnant

pour étudier l’effet de chacune de ces croyances sur la décision de jeûner (tableau II).

r Effet de l’ETP sur la décision du jeûne – En pré-Ramadan et avant toute session d’ETP, 138 (72 %) patients comptaient jeûner durant le Ramadan. Suite à notre intervention éducative, 53 (27 %) patients ont observé le jeûne ; 23 patients ont été perdus de vue. Aucun des patients jeû- nant n’a présenté de complication aiguë.

– Chez les patients considérés à très haut risque avant le Ramadan, le jeûne a été observé par 20 % d’entre eux ; chez ceux à haut risque, par 22  % d’entre eux ; chez ceux à risque modéré à faible, par 50 % d’entre eux.

Une comparaison entre les deux groupes jeûneurs et non-jeûneurs a été réalisée, et corrélée au risque, ainsi qu’au statut social et au traitement (tableau III).

Discussion

r L’observance du jeûne par le patient diabétique peut engendrer plusieurs complications aiguës [2, 3], surtout chez

Tableau II. Taux de jeûne selon les croyances et les caractéristiques sociales des patients.

Croyances des patients Groupe jeûneur (j+)

Groupe non- jeûneur (j-)

p

Nombre 53 114

- Cas similaire dans la famille 11 (20 %) 36 (31 %) 0,14 - Entourage au courant du diabète 38 (71 %) 84 (73 %) 0,78 - Manger devant l’entourage est gênant 27 (50 %) 54 (47 %) 0,66 - Ne pas jeûner est un équivalent

d’abandon de la religion

22 (41 %) 31 (27 %) 0,06

r Le jeûne du mois du Ramadan chez les patients diabétiques peut entrainer différentes complications ; toutefois, dans notre contexte, malgré les risques encourus, un grand nombre d’entre eux choisissent de jeûner.

r La décision du jeûne par le patient diabétique marocain est liée surtout aux croyances religieuses, puisque ne pas jeûner est un équivalent d’abandon de la religion pour certains patients.

r Une éducation thérapeutique adaptée au niveau social et intellectuel de nos patients en pré-Ramadan, fondée sur une explication éclairée des risques du jeûne, a permis de convaincre plus de la moitié de nos patients diabétiques de ne pas jeûner.

r La participation occasionnelle d’un représentant des autorités religieuses dans la séance éducative est souhaitable pour pouvoir dissuader un nombre plus important de patients de jeûner, en ciblant chez le diabétique, d’abord les croyances religieuses, tout en expliquant le point de vue de la religion par rapport au jeûne du Ramadan.

Les points essentiels

(5)

r Les résultats de notre étude ont mon- tré que l’âge, le sexe, le niveau scolaire, la durée de diabète, le niveau du risque lié au jeûne, n’étaient pas liés à la déci- sion de jeûner. L’observance du jeûne était corrélée surtout à des croyances religieuses. En effet, 60 % des patients qui pensaient que le fait de ne pas jeû- ner est un équivalent d’abandon de la religion, ont observé le jeûne malgré les efforts des médecins pour les en dissuader. La pratique du jeûne était également liée au type de diabète, avec un taux de jeûne plus élevé chez les DT2 (50 patients DT2 versus trois patients

DT1 dans le groupe jeûneur), ainsi qu’au traitement antidiabétique, les patients sous insuline observant moins le jeûne du Ramadan que ceux sous ADO (79 % des patients jeûneurs sous ADO versus 20 % de ceux sous insuline).

r L’ETP avant le Ramadan a fait l’objet de plusieurs publications scientifiques, mais rares sont celles qui se sont inté- ressées aux croyances des patients diabétiques et aux facteurs liés à la décision de jeûner.

– Jamoussi et al. [12] ont montré les effets de l’éducation nutritionnelle en pré- Ramadan sur la prise du poids durant le

mois de jeûne, l’équilibre glycémique, ainsi que sur le bilan lipidique, dans une étude réalisée le mois du Ramadan de 2013, incluant 54 patients DT2 sous ADO, ayant l’autorisation de jeûner, dont 27 % des patients à risque faible à modéré, et 72 % à haut risque. Les patients ayant bénéficié d’une éducation ont eu une perte de poids, en moyenne de 1,05 kg, tandis que chez le groupe témoin, la perte de poids moyenne était de 0,58  kg (différence non significa- tive). Une baisse de l’HbA

1c

de 0,27 % et du LDL-cholestérol de 0,14  mg/dL ont également été observées chez les patients ayant bénéficié d’une session d’éducation.

– McEwen et al. [13] ont également démontré l’effet bénéfique de l’édu- cation nutritionnelle individuelle chez le patient DT2 autorisé de jeûner : sur l’IMC (-1,1 ± 2,4 kg/m

2

dans le groupe interventionnel versus -0,2 ±  1,7  kg/

m2 dans le groupe témoin ; p < 0,0001), et sur l’HbA

1c

(-0,7 ± 1,1 % versus -0,1

± 1,3 %, respectivement ; p < 0,0001) pendant le Ramadan. Dans cette étude, le programme éducatif s’est basé sur des séances personnalisées individuelles de 30 min à 1 h, réalisées par des diététi- ciens et des infirmières spécialisées. Ce programme a abordé les problèmes liés à la planification des repas, à l’activité physique, à la surveillance de la glycé- mie, à la reconnaissance et la gestion des complications métaboliques aiguës, avant et pendant le Ramadan.

– L’étude Ramadan Education and Awareness in Diabetes (READ) [14], incluant 111 patients DT2 sous ADO, a montré une diminution significative des hypoglycémies dans le groupe des patients ayant bénéficié d’une éduca- tion thérapeutique avant le Ramadan (les séances ont été présentées en quatre langues, l’anglais, la somalienne, l’our- dou et l’arabe, afin de répondre aux besoins ethnique de la population, avec des groupes de 15 patients chacun, les thèmes abordés étaient l’éducation sur la planification des repas, l’activité phy- sique, l’ASG, l’hypoglycémie, la dose et le délai des médicaments). Il a été observé neuf épisodes d’hypoglycé- mie avant Ramadan versus cinq durant le mois de Ramadan. Par ailleurs, le nombre d’hypoglycémies a augmenté Tableau III. Caractéristiques des patients jeûneurs et non-jeûneurs.

Caractéristiques Groupe jeûneur (j+)

Groupe non-jeûneur (j-)

p

Nombre 53 114

Âge (ans) t t t t t t

1 2 4 10 18 18

4 12 16 19 30 31

NS

Sexe t'FNNF t)PNNF

41 12

83 31

NS Statut marital

t$ÏMJCBUBJSF t.BSJÏ F t%JWPSDÏ F t7FVGWFVWF

5 38

0 10

31 66 2 15

0,009 0,08

Type de diabète (%) t5ZQF

t5ZQF

3 50

27 87

0,008 0,01

HbA

D

(%) 8,10 ± 3,28 7,77 ± 3,28 0,44

%VSÏFEFEJBCÒUF (années)

6,68 ± 6,68 8,50 ± 8,15 0,13

Stratification du risque*

t3JTRVFNPEÏSÏPV faible

t)BVUSJTRVF t5SÒTIBVUSJTRVF

20 25 8

13 75 26

0,02 0,24 Niveau scolaire

t"OBMQIBCÒUF t1SJNBJSF t$PMMÒHF t-ZDÏF t6OJWFSTJUBJSF

20 12 4 10

7

52 23 18 16 5

0,33 0,71 0,14 0,42 0,03 Traitement

t"OUJEJBCÏUJRVFTPSBVY t*OTVMJOF

42 11

44 82

0,000001 0,00001

* cf. Tableau I pour les critères de stratification du risque de jeûne.

HbA

1c

: hémoglobine glyquée.

(6)

[5] Mudher Mikhael E. Effectiveness and safety of newer antidiabetic medications for Ramadan fasting diabetic patients. J Diabetes Res 2016:6962574.

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chez les patients naïfs d’éducation : neuf avant le Ramadan versus 36 durant le Ramadan.

– Dans l’étude de Gaborit et al. [15], incluant 20 patients DT1 et 81 patients DT2, 52 patients ont observé le jeûne sans autorisation du médecin traitant. En outre, les patients ayant observé le jeûne versus les non-jeûneurs, étaient plus souvent traités par des ADO (52 % des patients dans le groupe ayant observé le jeûne étaient sous ADO, alors que dans le groupe des non-jeûneurs, les patients sous ADO ne représentaient que 28 % ; p < 0,001), et étaient moins fréquem- ment traités par l’insuline (44  % des patients dans le groupe ayant observé le jeûne étaient sous insuline versus 72 % sous insuline dans le groupe des non- jeûneurs ; p = 0,007).

– Fatim et al. [16] ont rapporté dans leur étude, menée en 2011, un bon contrôle du diabète chez 96 patients DT2 qui ont suivi un programme éducationnel de 15 jours.

– Ahmedani et al. [17] ont retrouvé, dans une étude prospective incluant 110 patients, la diminution de nombre de complications aiguës du diabète grâce à l’ASG, à l’ajustement thérapeutique, et à l’éducation des patients.

r Selon ces études, nous constatons que le rôle de l’ETP en pré-Ramadan est primordial, avec une première étape qui consiste en une explication éclai- rée, adaptée au niveau intellectuel des patients, des risques de jeûne et, une deuxième étape ciblant les patients autorisés à jeûner, incluant différents thèmes, tel que l’éducation nutrition- nelle - dont les effets ont été démontrés chez les sujets à risque faible à modéré [12, 13], les précautions à prendre en cas de jeûne, et l’ASG durant le mois du Ramadan.

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Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêt en lien avec cet article.

Références

[1] Abdelgadir EI, Hassanein MM, Bashier AM, et al. A prospective multi-country observational trial to compare the incidences of diabetic ketoaci- dosis in the month of Ramadan, the preceding month, and the following month (DKAR interna- tional). J Diabetes Metab Disord 2016;15:50.

[2] Langford EJ, Ishaque MA, Fothergill J, Touquet R. The effect of the fast of Ramadan on acci- dent and emergency attendances. J R Soc Med 1994;87:517-8.

[3] Salti I, Bénard E, Detournay B, et al; EPIDIAR study group. A population-based study of dia- betes and its characteristics during the fasting month of Ramadan in 13 countries: results of the epidemiology of diabetes and Ramadan 1422/2001 (EPIDIAR) study. Diabetes Care 2004;27:2306-11.

[4] Ouhdouch F, Adarmouch L, Errajraji A, et al.

Absence d’effets délétères du jeûne du Ramadan sur l’équilibre glycémique chez des patients dia- bétiques : rôle des consultations de préparation au jeûne. Médecine des maladies Métaboliques 2011;5:448-52.

r Le comportement du patient diabé- tique pendant le mois du Ramadan, fondé sur ses croyances, peut engen- drer des complications redoutables, principalement métaboliques, voire cardiovasculaires.

r L’ETP réalisée en pré-Ramadan peut dissuader les patients diabétiques de jeûner le Ramadan, surtout chez ceux à très haut risque.

r Ceci justifie un programme d’édu- cation thérapeutique intensifié en relation avec ce mois de jeûne, en ciblant particulièrement les patients à haut risque ainsi que leur entourage, avec, bien entendu, la participation du corps médical, paramédical, ainsi que celle des autorités religieuses, en incluant plusieurs variables, en parti- culier la foi de chaque patient et son contexte social.

Conclusion

Références

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