La série apto-albienne du bassin marginal de Tarfaya (Maroc méridional)

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La série apto-albienne du bassin marginal de Tarfaya

(Maroc méridional)

Danièle Grosheny, Nourrisaid Icame, Serge Ferry, Luc Bulot, Moussa Masrour,

Ismaïl Bettar, Mohamed Aoutem, Badre Essafraoui

To cite this version:

Danièle Grosheny, Nourrisaid Icame, Serge Ferry, Luc Bulot, Moussa Masrour, et al.. La série apto-albienne du bassin marginal de Tarfaya (Maroc méridional). Réunion Thématique du groupe Français du Cétacé : ”Evénements de l’Aptien-Albien”, Paris, 3-4/12/2012, Dec 2012, Paris, France. �hal-02013157�

Réunion Thématique du groupe Français du Cétacé : "Evénements de l'Aptien-Albien", Paris, 3-4/12/2012.

La série apto-albienne du bassin marginal de Tarfaya (Maroc méridional)

Danièle Grosheny1 , Nourrisaid Içame2 , Serge Ferry3 , Luc Bulot4 , Moussa Masrour2 , Ismaïl Bettar2 , Mohamed Aoutem2 , Badre Essafraoui2

1, Université de Strasbourg ; 2, Université d'Agadir ; 3, Université de Lyon ; 4, Université d'Aix-Marseille

Sur l'ensemble du segment Ifni-Tarfaya de la côte atlantique marocaine (Fig. 1), des dépôts fluviatiles se mettent en place sur la plate-forme carbonatée marginale jurassique. Ces dépôts atteignent une épaisseur de l'ordre de 1300 mètres (forage de Puerto-Cansado). Ils passent en offshore (forage Tan-Tan), à une série marine à caractère peu profond,

sensiblement de même épaisseur, faite d'un très grand nombre de petites séquences transgression-régression (T/R) à argiles grises, calcaires lumachelliques et grès côtiers. Le passage latéral entre ces deux types de dépôts devrait s'effectuer à l'aplomb du proche offhore actuel (Fig. 1) et n'est donc pas visible.

La série fluviatile est surmontée par des dépôts marins côtiers (Fig. 2) qui marquent une transgression dont le début n'est pas daté (Barrémien ? Aptien ?), les prélèvements des premiers niveaux marneux s'étant révélés stériles (dinoflagellés) ou ayant fourni des microfaunes benthiques pauvres et sans valeur biostratigraphique. Cette série marine peu profonde se termine à l'extrème sommet de l'Albien daté par ammonites. Elle a été levée dans la partie inférieure de l'Oued Draa, au droit de la ville de Tan-Tan, puis le long de la côte, depuis l'embouchure de l'oued Draa jusqu'à l'embouchure de l'oued Laaguig, à 85 km au S-W. La bonne continuité latérale des bancs le long de la côte indique une progression du levé de coupe sensiblement parallèle à la direction du système de dépôt, ce qui rend la coupe parfaitement représentative, en dépit de la très grande distance sur laquelle elle a été levée (pendage très faible). Cette série marine apto-albienne atteint une épaisseur mesurée de près de 600 mètres, conforme à l'épaisseur rencontrée dans le forage de Puerto Cansado. La nature des dépôts change avec la base du Cénomanien daté par de nombreuses ammonites (Kuhnt et al. 2009). Des marno-calcaires plus ou moins riches en matière organique (MO) s'installent alors et perdurent jusque dans le Sénonien. Un maximum de teneur en MO est rencontré dans les black shales du passage Cénomanien-Turonien (Kuhnt et al. 2005).

La série apto-albienne (Fig. 2) n'a jamais été décrite en détail, ni au plan des faciès, ni au plan de la stratigraphie séquentielle. Elle est constituée, comme la série néocomienne du

forage offshore de Tan-Tan, d'un grand nombre de séquences T/R à argiles grises, calcaires lumachelliques et grès côtiers. Elle témoigne d'un empiètement de plus en plus prononcé de l'océan sur le craton anti-atlasique, au-dessus des grès fluviatiles inférieurs (subsidence thermique de la marge).

Les premières séquences de dépôt marines ont été levées par coupes sériées corrélées, sur la rive gauche de l'Oued Draa, entre Tan-Tan et l'embouchure de l'oued, soit sur environ 15 km à vol d'oiseau. Ces séquences présentent des caractéristiques particulières que l'on ne retrouvera plus dans les séquences supérieures, à partir du port d'El Ouatia (Tan-Tan-Plage). Le suivi continu des séquences de dépôt le long de l'Oued Draa permet de bâtir un schéma séquentiel amont-aval (Fig. 3B) où les surfaces de transgression et de première inondation marine, habituellement confondues dans les séquences T/R classiques, sont ici séparées en remontant vers l'amont du système de dépôt. Sur les grès moyens à grossiers, bien calibrés, à dominance de houle (HCS, faciès de plage) de la partie supérieure du demi-cycle régressif, apparaissent des grès très grossiers, au grains mal arrondis, à structure de dépôt purement tidales (mégarides). Ces grès disparaissent vers l'aval et s'épaississent vers l'amont. Nous les interprétons comme un faciès estuarien d'oued côtier, bloqué par un système de cheniers transgressifs (Fig. 3A). Ceux-ci ne seront pas préservés par le ravinement des vagues au cours de la transgression qui se poursuit. Cette interprétation permet de comprendre la grande différence entre les caractéristiques de l'apport local et celles des grès côtiers homogénéisés et calibrés par la dérive littorale.

A partir du port d'El Ouatia, en direction du SW, le long de la côte, les séquences T/R albiennes ne comportent plus de ces grès très grossiers aux grains mal arrondis. En revanche, apparaissent de temps à autre des remplissages de vallées incisées qui soulignent des

accentuation de chute importantes du niveau marin relatif en fin de régression. Il existe donc deux types de séquences, des séquences T/R limitées par des surfaces de ravinement de transgression et des séquences limitées par des limites de séquence de type I (Fig. 4). Les grès régressifs sont toujours à dominance de houle (pas de structures tidales préservées), alors que les grès des vallées incisées sont à structures tidales exclusives. Par ailleurs, les inondations marines sont maintenant soulignées par des calcaires lumachelliques de plateau continental peu profond. L'existence de portions de série où alternent argiles et calcaires lumachelliques, sans grès côtiers, indique des inondations marines plus accentuées où les grès côtiers

L'analyse de cette série montre que, si sa base est bien d'âge aptien, compte-tenu de ce qui est connu plus au nord sur le segment Agadir-Essaouira, l'empiètement côtier apto-albien atlantique a été globalement progressif, abstraction faite des oscillations à haute fréquence du niveau marin relatif. Il n'y a pas de trace apparente des grandes régressions fini-gargasiennes connues dans d'autres bassins.

Résultats obtenus dans le cadre du programme coopératif interuniversitaire Volubilis Strasbourg-Agadir n° MA/09/208

Références citées

Kuhnt, W., Luderer, F., Nederbragt, S., Thurow, J., Wagner, T. (2005) - Orbital-scale record of the late Cenomanian–Turonian oceanic anoxic event (OAE-2) in the Tarfaya Basin (Morocco). International Journal of Earth Sciences, 94, 1, 147-159.

Kuhnt,W., Holbourn, A., Gale, A., Chellai, E.H., Kennedy, W.J. (2009) - Cenomanian sequence stratigraphy and sea-level fluctuations in the Tarfaya Basin (SW Morocco). Geol. Soc. Amer. Bull., 121, 11-12, 1695-1710.