• Aucun résultat trouvé

Concepts limites en psychanalyse

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Concepts limites en psychanalyse"

Copied!
38
0
0

Texte intégral

(1)
(2)

Concepts limites

en psychanalyse

(3)
(4)

l f N t c - de.- brise

en psychanalyse

Concepts limites en psychanalyse

sous la direction de Elsa Schmid-Kitsikis

et

Ariel Sanzana S. Freud

C.Botella S. Botella F. Duparc S. Faure-Pragier

0. Flournoy A. Green F. Guignard

1. Melo N. Nicolaïdis

J. Press R. Roussillon

A. Sanzana E. Schmid-Kitsikis

T. Vergopoulo

delachaux

et niestlé

(5)

collection

textes de base en psychanalyse dirigée par

Elsa Schmid-Kitsikis

IISBN 2-603-01060-3

Cet ouvrage ne peut être reproduit, même partiellement et sous quelque forme que ce soit (photocopie, décalque, microfilm, duplicateur ou tout autre procédé analogique ou numérique) sans une autorisation de l'éditeur.

Composition: Montserrat Acarfn Maquette: K@

@ Delachaux et Niestlé S. A., Lausanne (Switzerland) Paris 1997.

79, route d'Oron - 1000 Lausanne 21 - Switzerland.

Tous droits d'adaptation, de reproduction-et de traduction . réservés pour tous pays.

(6)

SOMMAIRE

AVANT-PROPOS l)

Première partie En guise d'introduction CHAPITRE 1

Sigmitfid Freud

Pulsions et destins de pulsions îs

CHAPITRE 2 André Grccn

Concept(s) limite(s):

singulier ou pluriel n

Deuxième partie A propos de la pulsion CHAPITRE 3

Olivier FLoitmoy Les pulsions:

un concept figé ou en devenir 69

CHAPITRE 4 Ignacio JUdo

La pulsion sexuelle u r

Troisième partie A propos du perceptif CHAPITRE 5

César Botella Sara Botella

Le perceptif en t a n t que concept limite

en psychanalyse ... 137

(7)

CHAPITRE 6

E i s a Schtti i d - K i t s i k i s

P e r c e v o i r c h e z l ' a n a l y s t e H e

CHAPITRE 7

F l o r e l / c e G n i g n a r d

C h a s s e z l e p e r c e p t i f , il r e v i e n t a u g a l o p 211

Q u a t r i è m e p a r t i e A p r o p o s d e la p e n s é e CHAPITRE H

T k c d i a Fe l 'f..!, opo Il lu

La p e n s é e , c o n c e p t l i m i t e ? 223

CHAPITRE 9 R e n é R o u s s i l l o n

L e s p a r a d o x e s d e la p e n s é e j s 1

CHAPITRE 10 A ri ('/ S a n z a n a

A la r e c h e r c h e d e la l i m i t e :

c o n c e p t s e t p r o c e s s u s d e c o n c e p t u a l i s a t i o n . 20s

C i n q u i è m e p a r t i e E n t r e c o n c e p t s l i m i t e s CHAPITRE 11

Sylvie F a u r e - P m g i e r

Il n o u s f a u t f i n i r a v e c la s t é r i l i t é p s y c h o g è n e : p o u r u n e t h é o r i e d e l ' i n c o n c e p t i o n 2si CHAPITRE 12

F r a n ç o i s Diip(ii-c

L ' a p p é t i t d u n o u v e a u e t la f é c o n d i t é

( s t é r i l i t é e t c r é a t i o n ) 305

CHAPITRE 13 N i c o s N i c o l a ï d i s

D e la p e r c e p t i o n a u m o i - i d é a ) 329

(8)

CHAPITRE 14 J a c q u e s Press

C u l t u r e , m e s u r e e t d é m e s u r e 343 BIBLIOGRAPHIE ... 363

LES AUTEURS

Botella, C. Société Psychanalytique de Paris Botella, S. Société psychanalytique de Paris Duparc, F. Société Psychanalytique de Paris Nicolaïdis, N. Société Suisse de Psychanalyse Faure-Pragier, S. Société Psychanalytique de Paris Flournoy, 0. Société Suisse de Psychanalyse Green, A. Société Psychanalytique de Paris Guignard, F. Société Psychanalytique de Paris Melo, 1. Société Suisse de Psychanalyse

Press, J. Psychanalyste, membre de l'Institut de Psycho- somatique de Paris

Roussillon, R. Société Psychanalytique de Paris

Sanzana, A. Faculté de Psychologie et des Sciences de l'Education, Université de Genève

Schmid-Kitsikis, E. Société Psychanalytique de Paris Vergopoulo, Th. Société Suisse de Psychanalyse

(9)
(10)

Avant-propos

La pensée psychanalytique se penche de plus en plus de nos jours sur l'analyse métapsychologique de cer- tains concepts ou notions qui guident sa réflexion alors que ceux-ci ne font pas toujours partie du corpus métapsychologique freudien, ainsi que sur la significa- tion de ce qui pourrait leur être attribué comme posi- tion limite, d'un point de vue psychique.

En effet, à partir du concept freudien de pulsion, concept limite par excellence, un certain nombre d'autres notions telles que celles de perceptif, de pen- sée, de fonction du Moi, donnent lieu à une analyse théorico-clinique plus approfondie ainsi qu'à une recherche de définition plus précise de leur portée méta psychologique.

Cette orientation de la pensée psychanalytique est en partie due au nombre croissant de patients en analyse qui, en raison de la problématique psychique qu'ils présentent (on pourrait dire aux limites de la névrose)

(11)

interrogent à la fois la pratique de la cure et le corpus métapsychologique freudien.

Mais elle est également due à l'intérêt que présente cette notion de limite en tant que notion qui provoque l'édifice théorique freudien, constitué essentiellement, comme on le sait, à partir de l'analyse de la névrose.

C'est ainsi qu'il a semblé nécessaire, en raison de l'en- gouement qui s'est fait jour pour la notion de relation d'objet avec les travaux kleiniens et post-kleiniens, au détriment parfois de celle de pulsion, de représenta- tion et de leurs transformations, de (re)interroger les topiques freudiennes. Cet interêt a suscité des hypo- thèses, à partir des travaux de Green, de Marty et des Botella, sur la possible formulation d'une troisième topique. La notion de limite, par son inévitable charge pulsionnelle provocatrice, est ainsi porteuse de tout un ensemble d'ouvertures conceptuelles qui peuvent enri- chir et maintenir le mouvement créatif de la métapsy- chologie freudienne.

Parallèlement, il est apparu en cette autre "fin de siècle", que la psychanalyse, confrontée à des approches scientifiques et culturelles qui prétendent lui ôter son sens, cherche à trouver en elle-même, dans son itinéraire théorique et méthodologique, les ressources de sa propre transformation.

Les textes qui font partie de cet ouvrage sont issus d'un cycle de conférences organisées dans le cadre des études de 3ème cycle de psychologie clinique à l'Université de Genève.

Un certain nombre de psychanalystes de la Société Suisse de Psychanalyse et de la Société Psychanaly- tique de Paris ont pris part au débat sur les concepts

(12)

limites en psychanalyse. Cet ouvrage tente d'en rap- porter l'essentiel, sans prétendre toutefois, rendre compte d'une quelconque recherche exhaustive sur un tel sujet.

Cinq volets organisent cet ouvrage: ils traitent de la position et de la signification limite des concepts de pulsion, de perceptif, de pensée, ainsi que des liens entre le Moi-Idéal, la création et la culture. Ces concepts s'articulent, en filigrane, avec la notion même de concept, cette notion occupant déjà, à elle seule, une position limite au regard de la spécificité de la recherche théorique en psychanalyse.

(13)
(14)

Première partie

En guise d'introduction

(15)
(16)

C h a p i t r e 1

Pulsions et destins des pulsions

Sigmund Freud

Nous avons souvent entendu formuler l'exigence sui- vante: une science doit être construite sur des concepts fondamentaux clairs et nettement définis. En réalité, aucune science, même la plus exacte, ne commence par de telles définitions. Le véritable commencement de l'activité scientifique consiste plutôt dans la descrip- tion de phénomènes, qui sont ensuite rassemblés, ordonnés et insérés dans des relations. Dans la des- cription, déjà, on ne peut éviter d'appliquer au maté- riel certaines idées abstraites que l'on puise ici ou là et certainement pas dans la seule expérience actuelle. De telles idées - qui deviendront les concepts fondamen- taux de la science - sont dans l'élaboration ultérieure des matériaux, encore plus indispensables. Elles com- portent d'abord nécessairement un certain degré d'in- détermination; il ne peut être question de cerner clai- rement leur contenu. Aussi longtemps qu'elles sont dans cet état, on se met d'accord sur leur signification

(17)

en multipliant les références au matériel de l'expérien- ce, auquel elles semblent être empruntées mais qui, en réalité, leur est soumis. Elles ont donc, en toute rigueur, le caractère de conventions, encore que tout dépende du fait qu'elles ne soient pas choisies arbitrai- rement mais déterminées par leurs importantes rela- tions au matériel empirique; ces relations, on croit les avoir devinées avant même de pouvoir en avoir la connaissance et en fournir la preuve. Ce n'est qu'après un examen plus approfondi du domaine de phéno- mènes considérés que l'on peut aussi saisir plus préci- sément les concepts scientifiques fondamentaux qu'il requiert et les modifier progressivement pour les rendre largement utilisables ainsi que libres de toute contradiction. C'est alors qu'il peut être temps de les enfermer dans des définitions. Mais le progrès de la connaissance ne tolère pas non plus de rigidité dans les définitions. Comme l'exemple de la physique l'en- seigne de manière éclatante, même les "concepts fon- damentaux" qui ont été fixés dans des définitions voient leur contenu constamment modifié. Il y a un concept fondamental conventionnel de ce genre, enco- re assez confus pour l'instant, dont nous ne pouvons nous passer en psychologie: c'est celui de la pulsion.

Essayons de lui donner un contenu, en l'abordant par divers côtés. Par la physiologie d'abord. Celle-ci nous a fourni le concept de l'excitation et le schéma du réflexe, selon lequel une excitation apportée de l'exté- rieur au tissu vivant (la substance nerveuse) est déchargée vers l'extérieur sous forme d'action. Cette action devient appropriée dans la mesure où elle sous- trait la substance excitée à l'effet de l'excitation et

(18)

l'éloigné de son domaine d'influence. Quelle relation y a-t-il, maintenant, entre la "pulsion" et l"'excitation"?

Rien ne nous empêche de subsumer le concept de pulsion sous celui d'excitation: la pulsion serait une excitation pour le psychique. Mais nous devons aussi- tôt nous garder de tenir pour équivalentes pulsion et excitation psychique. Pour le psychique, il y a manifes- tement d'autres excitations que les excitations pulsion- nelles, celles qui se rapprochent davantage des excita- tions physiologiques. Par exemple, lorsqu'une forte lumière vient frapper l'œil, ce n'est pas là une excita- tion pulsionnelle; mais c'en est bien une lorsque le dessèchement de la muqueuse du pharynx ou bien l'ir- ritation de la muqueuse stomacale se font sentir1. Nous avons maintenant acquis du matériel pour distinguer l'excitation pulsionnelle des autres sortes d'excitations (physiologiques) qui agissent sur le psychique.

Premièrement, l'excitation pulsionnelle ne provient pas du monde extérieur, mais de l'intérieur de l'organisme lui-même. C'est pourquoi elle agit aussi de manière différente sur le psychique et exige, pour être élimi- née, d'autres actions. En second lieu: on a dit l'essen- tiel au sujet de l'excitation lorsque l'on a admis qu'elle agit comme un impact unique; elle peut alors être sup- primée aussi par une unique action appropriée, dont il faut voir le type dans la fuite motrice devant la source d'excitations. Naturellement ces impacts peuvent se répéter et s'additionner, mais cela ne change rien à la conception du processus et aux conditions de la sup- pression de l'excitation. La pulsion, au contraire, n'agit

1. En admettant, bien entendu, que ces processus internes sont les fondements organiques des besoins que sont la soif et la faim.

(19)

jamais comme une force d'impact momentanée mais toujours comme une force constante. Et comme elle n'attaque pas de l'extérieur mais de l'intérieur du corps, il n'y a pas de fuite qui puisse servir contre elle.

Il existe un meilleur terme que celui d'excitation pul- sionnelle: celui de "besoin"; ce qui supprime ce besoin, c'est la "satisfaction". Elle ne peut être obtenue que par une modification conforme au but visé (adé- quate) de la source interne d'excitation.

Plaçons-nous dans la situation d'un être vivant qui se trouve dans une détresse presque totale, qui n'est pas encore orienté dans le monde et qui reçoit des excita- tions dans sa substance nerveuse. Cet être sera très rapidement en mesure d'effectuer une première dis- tinction et de parvenir à une première orientation.

D'une part, il sentira des excitations auxquelles il peut se soustraire par une action musculaire (fuite): ces excitations, il les met au compte d'un monde extérieur;

mais, d'autre part, il sentira aussi des excitations contre lesquelles une telle action demeure vaine et qui conservent, malgré cette action, leur caractère de pous- sée constante; ces excitations sont l'indice d'un monde intérieur, la preuve des besoins pulsionnels. La sub- stance perceptive de l'être vivant aura ainsi acquis, dans l'efficacité de son activité musculaire, un point d'appui pour séparer un "dehors" d'un "dedans".

Nous découvrons donc l'essence de la pulsion d'abord dans ses caractères principaux: origine dans des sources d'excitation à l'intérieur de l'organisme, mani- festation comme force constante; nous en déduisons un de ses autres caractères: impossibilité d'en venir à bout par des actions de fuite. Mais, au cours de cette

(20)

discussion, quelque chose n'a pu manquer de nous frapper qui nous force à un aveu supplémentaire.

Nous n'appliquons pas seulement à notre matériel d'expérience certaines conventions, sous la forme de concepts fondamentaux, mais nous nous servons aussi de mainte présupposition compliquée pour nous guider dans l'élaboration du monde des phénomènes psycho- logiques. Nous avons déjà fait intervenir la plus impor- tante de ces présuppositions; il ne nous reste plus qu'à la mettre explicitement en évidence. Elle est de nature biologique, elle opère avec le concept de tendance (éventuellement celui d'adaptation) et s'énonce ainsi:

le système nerveux est un appareil auquel est impartie la fonction d'écarter les excitations à chaque fois qu'elles l'atteignent, de les ramener à un niveau aussi bas que possible; il voudrait même, si seulement cela était faisable, se maintenir rigoureusement dans un état de non-excitation. Ne nous laissons pas arrêter, pour le moment, par l'indétermination de cette idée et attri- buons au système nerveux, en termes généraux, la tâche de maîtriser les excitations. Nous voyons alors combien l'introduction des pulsions complique le sché- ma physiologique simple du réflexe. Les excitations externes n'imposent qu'une seule tâche: se soustraire à elles, ce qui se fait par des mouvements musculaires dont l'un finit par atteindre le but; ce mouvement, étant le plus approprié, deviendra par la suite une dis- position héréditaire. Les excitations pulsionnelles, qui ont leur origine à l'intérieur de l'organisme, ne peuvent être liquidées par ce mécanisme. Elles soumettent donc le système nerveux à des exigences beaucoup plus élevées, elles l'incitent à des activités compli-

(21)

quées, engrenées les unes dans les autres, qui appor- tent au monde extérieur ce qu'il faut de modification pour satisfaire la source interne des excitations; elles le forcent avant tout à renoncer à son intention idéale de tenir à l'écart l'excitation, puisqu'elles entretiennent un afflux d'excitations inévitable et continu. Nous pou- vons donc bien conclure que ce sont elles, les pul- sions, et non pas les excitations externes, qui sont les véritables moteurs des progrès qui ont porté le systè- me nerveux, avec toutes ses potentialités illimitées, au degré actuel de son développement. Naturellement, rien ne nous empêche d'admettre que les pulsions elles-mêmes, du moins pour une part, sont des sédi- mentations d'effets de l'excitation externe qui, au cours de la phylogenèse, ont agi sur la substance vivante et l'ont modifiée.

Lorsque, ensuite, nous constatons que l'activité des appareils psychiques les plus développés est égale- ment soumise au principe plaisir, à savoir, est réglée automatiquement par les sensations de la série plaisir- déplaisir, nous pouvons difficilement refuser une nou- velle présupposition: ces sensations reproduisent le processus de maîtrise des excitations. En ce sens, assu- rément, que la sensation de déplaisir est en rapport avec un accroissement de l'excitation, et la sensation de plaisir avec une diminution de celle-ci. Nous tenons néanmoins à maintenir le caractère hautement indéter- miné de cette hypothèse, tant que nous n'aurons pas réussi à déceler la nature de la relation entre plaisir- déplaisir et les variations dans les quantités d'excitation qui agissent sur la vie psychique. On peut assurément imaginer toutes sortes de relations, et des relations qui seraient assez complexes.

(22)

Si, en nous plaçant d'un point de vue biologique, nous considérons maintenant la vie psychique, le concept de "pulsion" nous apparaît comme un concept limite entre le psychique et le somatique, comme le repré- sentant psychique des excitations, issues de l'intérieur du corps et parvenant au psychisme, comme une mesure de l'exigence de travail qui est imposée au psychique en conséquence de sa liaison au corporel.

Nous pouvons maintenant discuter quelques termes qui sont utilisés en rapport avec le concept de pulsion, comme: poussée, but, objet, source de la pulsion. Par poussée d'une pulsion on entend le facteur moteur de celle-ci, la somme de force ou la mesure d'exigence de travail qu'elle représente. Le caractère "poussant" est une propriété générale des pulsions, et même l'essen- ce de celles-ci. Toute pulsion est un morceau d'activi- té; quand on parle, d'une façon relâchée, de pulsions passives, on ne peut rien vouloir dire d'autre que pul- sions à but passif.

Le but d'une pulsion est toujours la satisfaction, qui ne peut être obtenue qu'en supprimant l'état d'excitation à la source de la pulsion. Mais, quoique ce but final reste invariable pour chaque pulsion, diverses voies peuvent mener au même but final, en sorte que diffé- rents buts, plus proches ou intermédiaires, peuvent s'offrir pour une pulsion; ces buts se combinent ou s'échangent les uns avec les autres. L'expérience nous autorise aussi à parler de pulsions "inbibées quant au but", dans les cas de processus pour lesquels une cer- taine progression dans la voie de la satisfaction pul- sionnelle est tolérée, mais qui, ensuite, subissent une inhibition ou une dérivation. On peut supposer que

(23)

même de tels processus ne vont pas sans une satisfac- tion partielle.

L'objet de la pulsion est ce en quoi ou par quoi la pul- sion peut atteindre son but. Il est ce qu'il y a de plus variable dans la pulsion, il ne lui est pas originaire- ment lié: mais ce n'est qu'en raison de son aptitude particulière à rendre possible la satisfaction qu'il est adjoint. Ce n'est pas nécessairement un objet étranger, mais c'est tout aussi bien une partie du corps propre. Il peut être remplacé à volonté tout au long des destins que connaît la pulsion; c'est à ce déplacement de la pulsion que revient le rôle le plus important. Il peut arriver que le même objet serve simultanément à la satisfaction de plusieurs pulsions: c'est le cas de ce qu'Alfred Adler appelle l'entrecroisement des pulsions.

Lorsque la liaison de la pulsion à l'objet est particuliè- rement intime, nous la distinguons par le terme de .fixation. Elle se réalise souvent dans les périodes du tout début du développement de la pulsion et met fin à la mobilité de celle-ci en résistant intensément à toute dissolution.

Par source de la pulsion, on entend le processus soma- tique qui est localisé dans un organe ou une partie du corps et dont l'excitation est représentée dans la vie psychique par la pulsion. Nous ne savons pas si ce processus est régulièrement de nature chimique ou s'il peut aussi correspondre à une libération d'autres forces, mécaniques par exemple. L'étude des sources pulsionnelles déborde le champ de la psychologie;

bien que le fait d'être issu de la source somatique soit l'élément absolument déterminant pour la pulsion, elle

•ne nous est connue, dans la vie psychique, que par ses

(24)

buts. Etant donné ce que se propose la recherche psy- chologique, une connaissance plus exacte des sources pulsionnelles n'est pas rigoureusement indispensable.

Parfois on peut remonter avec certitude des buts de la pulsion à ses sources. Devons-nous admettre que les différentes pulsions issues du corporel et agissant sur le psychique se distinguent aussi par des qualités diffé- rentes et que c'est pour cette raison qu'elles se com- portent dans la vie psychique d'une façon qualitative- ment différente? Cela ne semble pas justifié; il nous suffit plutôt d'admettre simplement que les pulsions sont toutes semblables qualitativement et doivent leur effet uniquement aux quantités d'excitation qu'elles portent, et peut-être aussi à certaines fonctions de cette quantité. Ce qui distingue les unes des autres les opé- rations psychiques des diverses pulsions se laisse ramener à la différence des sources pulsionnelles. En tout cas, ce n'est que dans un autre contexte que nous pourrons ultérieurement élucider la signification du problème de la qualité des pulsions.

Combien peut-on proposer de pulsions? et lesquelles?

Ici, de toute évidence, l'arbitraire a le champ libre. On ne peut rien objecter à celui qui emploie le concept d'une pulsion de jeu, d'une pulsion de destruction, d'une pulsion grégaire quand l'objet l'exige et qu'on reste dans les limites de l'analyse psychologique. Mais on ne devrait pas négliger de se demander si ces moti- vations pulsionnelles, si spécialisées en un sens, n'ad- mettent pas une dissection plus poussée en direction des sources pulsionnelles, en sorte que seules les pul- sions originaires insécables pourraient prétendre avoir une importance.

(25)

J'ai proposé de distinguer deux groupes de ces pul- sions originaires, celui des pulsions du moi ou d'auto- conservation et celui des pulsions sexuelles. Mais cette distinction n'a pas l'importance d'une présupposition nécessaire comme, par exemple, l'hypothèse concer- nant la tendance biologique de l'appareil psychique (cf. supra); elle est une simple construction auxiliaire, qui ne sera conservée qu'aussi longtemps qu'elle s'avé- rera utile et qui pourra être remplacée par une autre sans que cela change grand-chose aux résultats de notre travail de description et de mise en ordre des faits. Le motif de cette distinction se trouve dans l'his- toire du développement de la psychanalyse, qui a pris comme premier objet les psychonévroses, ou, plus exactement, parmi celles-ci, le groupe que l'on peut désigner comme "névroses de transfert" (hystérie et névrose obsessionnelle): elles ont permis de com- prendre qu'à la racine de toute affection de ce genre on doit trouver un conflit entre les revendications de la sexualité et celles du moi. Il est toujours possible qu'une étude approfondie des autres affections névro- tiques (surtout des psychonévroses narcissiques: les schizophrénies) nous oblige à changer cette formule et, en même temps, à grouper autrement les pulsions originaires.

Mais pour l'instant nous ne connaissons pas cette nou- velle formule et nous n'avons même pas d'argument qui viendrait contredire notre opposition entre pul- sions du moi et pulsions sexuelles.

Tout compte fait, je doute qu'il soit possible un jour, en se fondant sur l'élaboration du matériel psycholo-

• gique, de recueillir des indices décisifs pour séparer et

(26)

classer les pulsions. Il serait plutôt nécessaire, pour élaborer ce matériel, de lui appliquer certaines hypo- thèses concernant la vie pulsionnelle, et il serait sou- haitable que l'on puisse emprunter ces hypothèses à un autre domaine pour les transférer en psychologie.

Sur ce point, ce que la biologie nous apporte ne contredit assurément pas la séparation des pulsions du moi et des pulsions sexuelles. La biologie nous enseigne que la sexualité ne saurait être mise sur le même plan que les autres fonctions de l'individu, car ses tendances dépassent l'individu et ont pour fin la production de nouveaux individus, c'est-à-dire la conservation de l'espèce. Elle nous montre en outre que deux conceptions du rapport entre le moi et la sexualité se côtoient, également justifiées; selon l'une, l'individu est l'essentiel: la sexualité est alors tenue pour une de ses activités, la satisfaction sexuelle pour un de ses besoins; selon l'autre, l'individu est un appendice temporaire et passager du plasma germina- tif, quasi immortel, qui lui a été confié par la généra- tion. L'hypothèse selon laquelle la fonction sexuelle diffère, par un chimisme particulier des autres proces- sus corporels constitue aussi, pour autant que je sache, une présupposition de la recherche biologique d'Ehrlich.

Comme l'étude de la vie pulsionnelle à partir de la conscience offre des difficultés à peine surmontables, l'investigation psychanalytique des troubles psychiques demeure la source principale de nos connaissances.

Mais, en fonction de son développement, la psychana- lyse, jusqu'à maintenant, n'a pu nous apporter de ren- seignements relativement satisfaisants que sur les

(27)

pulsions sexuelles, précisément parce que dans les psychonévroses elle ne pouvait observer, pour ainsi dire à l'état isolé, que ce groupe de pulsions. Avec l'extension de la psychanalyse aux autres affections névrotiques, notre connaissance des pulsions du moi se trouvera assurément fondée, elle aussi, bien qu'il semble téméraire d'attendre de ce nouveau domaine de recherche des conditions aussi favorables à l'obser- vation.

Touchant la caractéristique générale des pulsions sexuelles, voici ce que l'on peut dire: elles sont nom- breuses, issues de sources organiques multiples, elles se manifestent d'abord indépendamment les unes des autres et ne sont rassemblées en une synthèse plus ou moins complète que tardivement. Le but que chacune d'elles poursuit est l'obtention du plaisir d'organe; c'est seulement la synthèse une fois accomplie qu'elles entrent au service de la fonction de reproduction, et c'est ainsi qu'elles se font alors généralement connaître comme pulsions sexuelles. A leur première apparition elles s'étayent d'abord sur les pulsions de conservation, dont elles ne se détachent que progressivement, et sui- vent également, dans la découverte de l'objet, les voies que leur montrent les pulsions du moi. Une partie d'entre elles restent associées aux pulsions du moi tout au long de la vie et les dotent de composantes libidi- nales qui dans le fonctionnement normal échappent facilement au regard et ne sont dévoilées que par la maladie. Ce qui les distingue, c'est leur possibilité, dans une large mesure, de se remplacer l'une l'autre, de façon vicariante, et d'échanger facilement leurs . objets. De ces dernières propriétés il résulte qu'elles

(28)

sont capables d'opérations éloignées des actions impo- sées par les buts originaires (Sublimation).

Quels destins les pulsions peuvent-elles connaître au cours du développement et de la vie? Nous devons limiter cette investigation aux pulsions sexuelles, qui nous sont mieux connues. L'observation nous apprend que les destins des pulsions sont les suivants:

le renversement dans le contraire;

le retournement sur la personne propre;

le refoulement;

la sublimation.

Comme je n'ai pas l'intention de traiter ici de la subli- mation et que d'autre part le refoulement exige un chapitre particulier, il ne nous reste qu'à décrire et dis- cuter les deux premiers points. Si l'on tient compte des motifs dont l'action s'oppose à ce que les pulsions sui- vent leur voie de façon directe, on peut aussi présenter les destins pulsionnels comme des modes de la défen- se contre les pulsions.

Le renversement dans le contraire, à y regarder de plus près, se résout en deux processus différents: le retour- nement d'une pulsion de l'activité à la passivité et le renversement du contenu. Les deux processus, étant essentiellement différents, doivent être traités séparé- ment.

Des exemples du premier processus sont fournis par les couples d'opposés sadisme-masochisme et voyeu- risme-exhibitionnisme. Le renversement ne concerne que les buts de la pulsion; le but actif: tourmenter, regarder est remplacé par le but passif: être tourmenté, être regardé. Le renversement du contenu ne se trouve que dans un cas: la transformation de l'amour en haine.

(29)

Le retournement sur la personne propre se laisse mieux saisir dès que l'on considère que le masochisme est précisément un sadisme retourné sur le moi propre et que l'exhibition inclut le fait de regarder son propre corps. L'observation analytique ne laisse aucun doute sur ce point: le masochiste jouit, lui aussi, de la fureur dirigée sur sa propre personne, l'exhibitionniste parta- ge la jouissance de celui qui le regarde se dénuder.

L'essentiel dans le processus est donc le changement de l'objet, le but demeurant inchangé. Il ne peut cependant nous échapper que retournement sur la personne propre et retournement de l'activité à la pas- sivité. dans ces exemples, se rejoignent ou se confon- dent. Pour élucider ces relations, une recherche plus approfondie est indispensable.

Pour le couple d'opposés sadisme-masochisme, on peut représenter le processus de la manière suivante:

a) Le sadisme consiste en une activité de violence, une manifestation de puissance à l'encontre d'une autre personne prise comme objet.

b) Cet objet est abandonné et remplacé par la person- ne propre. En même temps que le retournement sur la personne propre, s'accomplit une transformation du but pulsionnel actif en but passif.

c) De nouveau est cherchée comme objet une person- ne étrangère, qui, en raison de la transformation de but intervenue, doit assumer le rôie du sujet.

Le cas c) est ce qu'on appelle communément maso- chisme. La satisfaction passe, également dans ce cas, par la voie du sadisme originaire, dans la mesure où le moi passif reprend, sur le mode fantasmatique, sa . place antérieure, qui est maintenant cédée au sujet

(30)

étranger. Qu'il existe aussi une satisfaction masochiste plus directe, c'est ce qui est on ne peut plus douteux.

Un masochisme originaire qui ne serait pas issu du sadisme, de la façon que j'ai décrite, semble ne pas se rencontrer2. L'hypothèse du stade b) n'est pas super- flue si on la rapporte au comportement de la pulsion sadique dans la névrose obsessionnelle. On y trouve le retournement sur la personne propre sans qu'il y ait passivité vis-à-vis d'une autre personne. La transforma- tion ne va pas au-delà du stade b). Le besoin de tour- menter devient tourment infligé à soi-même, autopuni- tion et non masochisme. De la voix active le verbe passe non pas à la voix passive mais à la voix moyen- ne réfléchie.

Pour concevoir le sadisme, on se heurte également à cette circonstance: cette pulsion semble, à côté de son but général (ou, pour mieux dire peut-être: à l'intérieur de celui-ci), poursuivre une action commandée par un but tout à fait spécial. Il faut humilier, dominer, mais aussi infliger de la douleur. Or la psychanalyse semble montrer qu'infliger de la douleur ne joue aucun rôle dans les buts originairement poursuivis par la pulsion.

Pour l'enfant sadique, infliger de la douleur n'entre pas en ligne de compte, ce n'est pas ce qu'il vise. Mais, une fois que la transformation en masochisme s'est accomplie, les douleurs se prêtent parfaitement à four- nir un but passif masochiste; nous avons en effet toutes raisons d'admettre que les sensations de dou- leur, comme d'autres sensations de déplaisir, débor- dent sur le domaine de l'excitation sexuelle et provo-

2. [Addition de 1924]: Dans des travaux ultérieurs (voir: Le problème économique du masochisme, 1924) j'ai soutenu, en ce qui concerne les problèmes de la vie pulsionnelle, une thèse opposée.

(31)

quent un état de plaisir; voilà pourquoi on peut aussi consentir au déplaisir de la douleur. Une fois qu'éprouver de la douleur est devenu un but maso- chiste, le but sadique, infliger des douleurs, peut aussi apparaître, rétroactivement: alors, provoquant ces dou- leurs pour d'autres, on jouit soi-même de façon maso- chiste dans l'identification avec l'objet souffrant.

Naturellement, on jouit, dans les deux cas, non de la douleur elle-même, mais de l'excitation sexuelle qui l'accompagne, ce qui est particulièrement commode dans la position de sadique. Jouir de la douleur serait donc un but originairement masochiste, mais qui ne peut devenir un but pulsionnel que chez celui qui est originairement sadique.

J'ajouterai, dans le souci d'être complet, que la pitié ne saurait être décrite comme un résultat de la transforma- tion pulsionnelle au sein du sadisme, mais exige la notion de formation réactionnelle contre la pulsion (pour la différence, voir plus loin).

Des résultats assez différents et plus simples nous sont fournis par l'étude d'un autre couple d'opposés: les pulsions qui ont. pour but regarder et se montrer (voyeur et exhibitionniste dans le langage des perver- sions). Ici aussi on peut proposer les mêmes stades que dans le cas précédent.

a) Regarder, comme activité dirigée sur un objet étranger.

b) Abandon de l'objet, retournement de la pulsion de regarder sur une partie du corps propre; en même temps: renversement en passivité et instauration d'un nouveau but: être regardé.

c) Introduction d'un nouveau sujet auquel on se montre pour être regardé par lui.

(32)

Il n'est guère douteux, ici aussi, que le but actif apparaît avant le but passif, que le regarder précède l'être regar- dé. Mais il y a une différence importante par rapport au sadisme: pour la pulsion de regarder, on découvre un stade encore antérieur à celui décrit sous a). La pulsion de regarder est en effet, au début de son activité, auto- érotique; elle a bien un objet, mais elle le trouve dans le corps propre. C'est plus tard seulement qu'elle est conduite (par la voie de la comparaison) à échanger cet objet avec un objet analogue du corps étranger (stade a). Or ce stade préliminaire est intéressant en ce que c'est de lui que proviennent les deux situations du couple d'opposés résultant, selon que le changement est entrepris à l'un ou l'autre endroit. On pourrait pro- poser ce schéma pour la pulsion de regarder.

a) Regarder soi-même = membre sexuel être regardé un membre sexuel: par la personne propre

1

b) Regarder soi-même c) objet propre être regardé objet étranger (plaisir par personne étrangère de regarder actif) (plaisir de montrer, exhibition

Un tel stade préliminaire manque dans le cas du sadis- me, qui, d'emblée, se dirige sur un objet étranger;

pourtant il ne serait pas, à proprement parler, absurde de le construire à partir des efforts de l'enfant voulant se rendre maître de ses propres membres3.

En ce qui concerne les deux exemples de pulsions ici considérés, on peut remarquer que la transformation de la pulsion par le renversement de l'activité en passi- vité et le retournement sur la personne propre ne por- tent jamais, à strictement parler, sur tout le quantum de la motion pulsionnelle. La première direction, acti-

3. Voir la note 2 (note ajoutée en 1924).

(33)

ve, persiste, dans une certaine proportion, à côté de la seconde, passive, même quand le processus de trans- formation de la pulsion est très largement accompli.

L'unique énoncé correct sur la pulsion de regarder devrait être: tous les stades de développement de la pulsion, le stade préliminaire auto-érotique aussi bien que les formations finales active et passive, persistent l'un à côté de l'autre; ce que nous avançons là devient évident si nous nous fondons, non plus sur les actions auxquelles conduit la pulsion, mais sur le mécanisme de la satisfaction. D'ailleurs, il est peut-être légitime de concevoir et de présenter les choses d'une autre façon encore. On pourrait décomposer la vie de toute pul- sion en vagues isolées, séparées dans le temps, homo- gènes à l'intérieur d'une unité donnée de temps et ayant entre elles à peu près le même rapport que des éruptions successives de lave. On peut alors se repré- senter approximativement les choses ainsi: l'éruption pulsionnelle première, la plus originaire, se perpétue- rait sans changement et ne subirait absolument aucun développement. Une vague suivante serait soumise, dès le début, à une modification, par exemple le retournement en passivité, et s'ajouterait alors, avec ce nouveau caractère, à la vague antérieure et ainsi de suite. Si l'on jette ensuite un regard d'ensemble sur la motion pulsionnelle, depuis son début jusqu'à un point d'arrêt donné, la succession de vagues qui vient d'être décrite ne peut que fournir l'image d'un déve- loppement déterminé de la pulsion.

Le fait qu'à ce moment avancé de l'évolution on puisse observer, à côté d'une motion pulsionnelle, son contrai- re (passif) mérite d'être mis en valeur par l'excellent

• terme qu'a introduit Bleuler, celui d'ambivalence.

(34)

On progresserait beaucoup dans la compréhension du développement de la pulsion si on se référait à l'histoi- re du développement de la pulsion et à la permanence des stades intermédiaires. L'expérience montre que la quantité d'ambivalence décelable varie sur une large échelle, selon les individus, les groupes ou les races.

Une forte ambivalence pulsionnelle chez un être vivant aujourd'hui peut être conçue comme un héritage archaïque, puisque nous sommes fondés à admettre que la part des motions actives non transformées dans la vie pulsionnelle a été plus grande aux temps origi- naires qu'elle ne l'est en moyenne aujourd'hui.

Nous avons pris l'habitude d'appeler narcissisme cette phase du début du développement du moi, pendant laquelle ses pulsions sexuelles trouvent une satisfac- tion auto-érotique, sans soumettre d'abord à la discus- sion la relation entre auto-érotisme et narcissisme. Il faut donc dire que le stade préliminaire de la pulsion de regarder, pendant lequel le plaisir de regarder a pour objet le corps propre, appartient au narcissisme, est une formation narcissique. A partir d'elle, la pulsion de regarder active se développe, en abandonnant le narcissisme; mais la pulsion de regarder passive, elle, maintiendrait l'objet narcissique. De même, la transfor- mation du sadisme en masochisme signifierait un retour à l'objet narcissique, tandis que dans les deux cas le sujet narcissique est échangé par identification avec un autre moi étranger. Si nous tenons compte du stade préliminaire narcissique que nous avons construit dans le cas du sadisme, nous approchons de la conception plus générale, selon laquelle ces destins pulsionnels que sont le retournement sur le moi

(35)

propre et le renversement de l'activité en passivité dépendent de l'organisation narcissique du moi et por- tent la marque de cette phase. Ils correspondent peut- être aux tentatives de défense qui, à des stades supé- rieurs du développement du moi sont réalisées par d'autres moyens.

Ici, nous avons bien conscience de n'avoir soumis à la discussion, jusqu'à présent, que les deux couples d'op- posés pulsionnels: sadisme-masochisme et plaisir de regarder-plaisir de montrer. Ce sont là les mieux connues des pulsions sexuelles qui se manifestent comme ambivalentes. Les autres composantes de ce qui deviendra la fonction sexuelle ne sont pas encore suffisamment accessibles à l'analyse pour pouvoir être discutées de la même manière. D'un point de vue général, nous pouvons affirmer qu'elles fonctionnent sur un mode auto-érotique, c'est-à-dire que leur objet s'efface au profit de l'organe qui est leur source, et, en règle générale, ne fait qu'un avec lui. L'objet de la pul- sion de regarder, bien qu'il soit aussi d'abord une par- tie du corps propre, n'est pas l'oeil lui-même, et, dans le sadisme, la source organique, probablement la mus- culature en tant qu'elle est capable d'action, se réfère directement à un autre objet, même si cet objet appar- tient au corps propre. Dans les pulsions auto-éro- tiques, le rôle de la source organique est si détermi- nant que, d'après une hypothèse séduisante de P.

Federn et L. Jekels', la forme et la fonction de l'organe décideraient de l'activité et de la passivité du but pul- sionnel.

4. Internationale Zeitschrift für Psychoanalyse, 1, 1913.

(36)

La transformation d'une pulsion en son contraire (matériel) ne s'observe que dans un cas, celui de la transposition de l'amour en haine. Amour et haine se dirigeant très souvent simultanément sur le même objet, cette coexistence fournit aussi l'exemple le plus important d'une ambivalence du sentiment.

Ce qui donne au cas de l'amour et de la haine un inté- rêt particulier, c'est qu'il s'accorde difficilement avec notre représentation des pulsions. On ne peut pas douter de la relation intime entre ces deux sentiments opposés et la vie sexuelle, mais on ne peut, naturelle- ment, que se refuser à concevoir l'amour comme une simple pulsion partielle de la sexualité, au même titre que les autres. On préférerait voir dans l'amour l'ex- pression de la tendance sexuelle totale, mais on n'est pas pour autant tiré d'embarras et l'on ne sait comment concevoir un contraire matériel à cette tendance.

Aimer est susceptible d'entrer non pas dans une mais dans trois oppositions. A l'opposition: aimer-haïr.

s'ajoute cette autre: aimer-être aimé, et, en outre, aimer et haïr pris ensemble s'opposent à l'état d'indifférence ou insensibilité. Parmi ces trois oppositions, la deuxiè- me: aimer-être aimé correspond exactement au retour- nement de l'activité en passivité et se laisse ramener à une situation fondamentale, tout comme dans le cas de la pulsion de regarder. Cette situation s'énonce: s'ai- 1ner soi-même, ce qui est pour nous la caractéristique du narcissisme. Selon que l'objet ou le sujet est échan- gé contre un objet ou un sujet étranger, on a la ten- dance vers un but actif: "aimer" ou vers un but passif:

"être aimé"; des deux, c'est la seconde qui reste la plus proche du narcissisme.

(37)

DUPARC, F. (1986). La peur des sirènes (de la violence à l'angoisse de castration chez la femme). Revue française de Psychanalyse.

50, p. 697-725.

DUPARC, F. (1986). Les paradoxes de l'identité. Psychanalyse à l'Université, 44, p. 665.

DUPARC, F. (1989). Publicité et mythologies de la maternité.

Synapses, 53, p. 33.

DUPARC, F. (1989). D'un manque à l'autre, de la position dépressive au complexe d'Oedipe. Rel.'ue française de Psychanalyse, 53, p.

825-842.

DUPARC, F. (1992). La bouche d'ombre (Angoisse de la castration fémi- nine et position dépressive dans les deux sexes). Colloque franco- italien, Rome, 1991. Psychanalyse à l'Université, 68, p. 99-122.

DUPARC, F. (1995). Féminité primaire et appétit de la différence.

Bulletin du Groupe Lyonnais de Psychanalyse, 35.

DUPARC, F. (1995). L'image sur le divan. Paris: L'Harmattan.

DUPUY, J.-P. (1994). Aux origines des sciences cognitives. Paris:

Editions de La Découverte.

ECCLES, J.-C. (1992). Evolution du cerveau et création de la conscience. Paris: Fayard.

EDELMAN, G.M. (1992). Biologie de la conscience. Paris: Odile Jacob.

ENGEL, P. (1994). Introduction à la philosophie de l'esprit. Paris:

Editions La Découverte.

FAIN, M. (1971). Prélude à la vie fantasmatique. Revue Française de Psychanalyse, 35, 290-364.

FAIN, M. (1982). Le désir de l'inteiprète. Paris: Aubier-Montaigne.

FAURE-PRAGIER, S. & PRAGIER, G. (1987). Les enjeux d'une recherche psychanalytique sur la stérilité féminine. Revue fran- çaise de Psychanalyse, 51, p. 1543-1566.

FAURE-PRAGIER, S. & PRAGIER, G. (1990). Un siècle après l'Esquisse: Nouvelles métaphores? Métaphores du nouveau (Congrès de Madrid). Revue française de Psychanalyse, 54, p.

1391-1530.

FAURE-PRAGIER, S. & PRAGIER, G. (1994). Dialectique de l'amour et de l'identification: comment l'inconception éclaire la féminité.

Revue française de Psychanalyse, 58, p. 41-53.

FLOURNOY, O. (1994). Défense de toucher ou la jouissance du dit.

Essai de métapsychanalyse. Paris: Calmann-Lévy.

FODOR, J. A. (1983). La modularité de l'esprit. Paris: Editions de Minuit.

FREUD, S. (1899). Les souvenirs-écrans. Oeuvres Complètes III. Paris:

P.U.F.

FREUD, S. (1900). L'interprétation des rêves. Paris: P.U.F.

FREUD, S. (1905). Trois essais sur la sexualité. Paris: Gallimard, 1962.

FREUD, S. (1911). Formulation sur les deux principes du cours des événements psychiques. In Résultats, Idées, Problèmes, vol. 1.

Paris: P.U.F., 1984.

(38)

FREUD, S. (1912). Totem et tabobi. Paris: Gallimard.

FREUD, S. (1915). Métapsychologie. Paris: Gallimard, 1968.

FREUD, S. (1920). Essais de psychanalyse. Paris: Payot, 1981.

FREUD, S. (1925). La négation. Oeuvres Complètes XVII. Paris: P.U.F.

FREUD, S. (1929). Malaise dans la culture. OCP tome XVIII. Paris: P.U.F.

FREUD, S. (1932). Pourquoi la gueire? OCP tome XIX. Paris: P.U.F.

FREUD, S. (1939). Abrégé de psychanalyse. Paris: P.U.F, 1978.

GAGNEBIN, M. (1994). Pour une esthétique psychanalytique. Paris: P.U.F.

GLEICK, J. (1989). La théorie du chaos. Paris: Albin Michel.

GREEN, A. (1967). Métapsychologie de la névrose obsessionnelle.

Revue française de Psychanalyse, 31.

GREEN, A. (1992). Révélations de l'inachèvement. Léonard de Vinci.

Paris: Flammarion.

GREEN A. (1993). Le travail du négatif. Paris: Editions de Minuit.

GREEN, A. (1994). Psychique, somatique, psychosomatique. In Somatisation. psychanalyse et sciences du vivant. Paris: Eshel.

GREEN, A. (1995). Propédeutique. la métapsychologie revisitée.

Seyssel; Éd. Champ Vallon.

GREEN, A. (1996). Cognitivisme, neurosciences, psychanalyse: un dia- logue difficile, et Philosophie de l'esprit et psychanalyse. Débats de psychanalyse Collection de la Revue française de Psychanalyse.

GRINBERG, L.; SOR, D. & TABAK DE BIANCHEDI, E. (1996).

Nouvelle introduction à la pensée de Bion. Lyon: Césura.

GRUNBERGER, B. (i960). Etude sur la relation objectale anale.

Revue française de Psychanalyse, 24, p.137-168.

GRUNBERGER, B. (1989). Narcisse et Anubis, Paris: Editions des Femmes.

GUILLAUMIN, J. (1989). L'objet de la perte dans la pensée de Freud.

Revue française de Psychanalyse. 1, p. 303-397.

HERITIER, F. (1996). Masculin /féminin, la pensée de la différence.

Paris: Odile Jacob.

LOSEE, J. (1972). A Historical Introduction to the Philosophy of Science. Oxford: Clarendon Press. "*

MAGRIS, C. (1994). L'autre mer. Paris:Rivages.

MARTY, P. (1966). La dépression essentielle. Revue française de Psychanalyse, 3.

MARTY, P. (1976). Les mouvements individuels de vie et de mon.

Paris: Payot.

MARTY, P. (1980). L'ordre psychosomatique. Paris: Payot.

MARTY, P. (1990). La psychosomatique de l'adulte. Paris: P.U.F. (Que sais-je?).

MORIN, E. (1986). La méthode. Vol. 4 La connaissance de la connais- sance. Paris: Seuil.

M'UZAN, Michel de (1977). De l'art à la mort. Paris: Gallimard.

MUSIL, R. (1956). L'homme sans qualités. Trad. française Ph. Jacottet.

Paris: Seuil.

Références

Documents relatifs

glucose, (glycolyse en aérobie, oxydation du pyruvate, cycle de l'acide citrique, de la chaîne respiratoire). – Perte d'intégrité des cellules musculaires, dégénérescence

Aux 1/3 et 2/3 de la longueur du fil, deux masses identiques m sont accrochées, dont on étudie les oscillations transverses dans un plan donné, qui est le plan de la figure.. Les

L’intérieur d’une pièce est séparée de l’extérieur par une paroi vitrée de surface S, orthogonale à l’axe Ox, et dont le verre a une conductivité thermique k v.. Par un

7.3 Les partenaires relais du Prix : sont des organisa- tions de la société civile ou des personnes ressources (experts, consultants etc.) engagées dans la défense des droits

Il est en effet possible de montrer que la valeur qui met en d´ efaut la terminaison ne peut survenir que lorsque le jour correspond au 31 d´ ecembre d’une ann´ ee

La psychanalyse utilise de nombreux concepts pour exprimer des éléments qui ne sont pas signifié ou signifiable par les mots du langage courants. Des mots ou expression sont

Vous vivez tout ce que vous avez à vivre avec cette gêne et cette douleur dans les premiers temps, puis au fil du temps et peut être au fil des jours comme le bruit du train qui

 On  parle  d’investissement