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De la Grèce au lignite à la Grèce verte? Le secteur énergétique en transition forcée

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Academic year: 2022

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Vol. 16 n° 2 | 2021

L'environnement dans les Balkans : enjeux historiques et contemporains

De la Grèce au lignite à la Grèce verte ? Le secteur énergétique en transition forcée

From a Greece of Lignite (Coal) to a Green Greece? The Energy Sector in Forced Transition

Chloé Vlassopoulos

Édition électronique

URL : https://journals.openedition.org/balkanologie/3589 DOI : 10.4000/balkanologie.3589

ISSN : 1965-0582 Éditeur

Association française d'études sur les Balkans (Afebalk) Référence électronique

Chloé Vlassopoulos, « De la Grèce au lignite à la Grèce verte ? Le secteur énergétique en transition forcée », Balkanologie [En ligne], Vol. 16 n° 2 | 2021, mis en ligne le 01 décembre 2021, consulté le 16 avril 2022. URL : http://journals.openedition.org/balkanologie/3589 ; DOI : https://doi.org/10.4000/

balkanologie.3589

Ce document a été généré automatiquement le 16 avril 2022.

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De la Grèce au lignite à la Grèce verte ? Le secteur énergétique en transition forcée

From a Greece of Lignite (Coal) to a Green Greece? The Energy Sector in Forced Transition

Chloé Vlassopoulos

1 Dans les sociétés industrielles, l’autosuffisance énergétique a toujours constitué un enjeu politique majeur et la présence d’une source énergétique locale était perçue comme une chance renforçant l’autonomie possible de l’approvisionnement. Les choix énergétiques commencent à être discutés en tant que problème et à faire l’objet de revendications sociales surtout à partir de l’émergence de l’ère environnementale et des nouveaux mouvements sociaux dans les années 19701. La Grèce s’est engagée dans l’utilisation d’un combustible fossile particulièrement polluant, le lignite, sans pour autant qu’un mouvement de contestation émerge au sein de la société civile, capable de contester ce choix et de déranger les équilibres établis.

2 Dans les années 2000, la montée en puissance de la lutte contre le changement climatique et le besoin de limiter les gaz à effet de serre ont placé la question énergétique au centre des revendications environnementales et l’Union européenne (UE) s’est engagée dans la voie de la transition énergétique. Dans le langage institutionnel, militant et journalistique, la transition énergétique actuelle est synonyme de transition (énergétique) écologique : il s’agit de passer d’un système énergétique qui repose sur les énergies fossiles, épuisables et polluantes, à un système énergétique basé sur les énergies renouvelables. La réalité du terrain grec montre pourtant que cette convergence n’est pas si évidente. La décision soudaine, en 2019, d’abandonner le lignite s’est faite sans la participation des organisations environnementales et semble plus guidée par des considérations politico-économiques que par des considérations écologiques.

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3 Ce qui suit vise à retracer l’histoire du secteur énergétique grec et à comprendre pourquoi et comment ce pays, d’une dépendance majeure au lignite local devenu le

« carburant national », cherche à s’afficher aujourd’hui en tant que leader du processus de décarbonisation de l’économie européenne. L’importance de ce changement, à première vue radical, sera relativisée par l’identification de certaines caractéristiques propres aux origines clientélistes du système politique grec qui perdurent et influencent plus spécifiquement le secteur de l’énergie.

4 La majorité des travaux sur la transition énergétique actuelle aborde la nécessité de changer de paradigme énergétique à travers le prisme de l’urgence climatique.

L’analyse qui suit cherche plutôt à situer la transition actuelle dans l’évolution historique du secteur énergétique grec. Cette recherche se fonde sur : l’analyse des archives de la Compagnie publique d’électricité (PPC)2 et de la Chambre technique de Grèce (TEE)3, la bibliographie existante, une revue de la presse spécialisée4 et 21 entretiens semi-directifs avec des acteurs du secteur énergétique tant au niveau national que dans la région minière de Macédoine occidentale (ingénieurs de PPC à la retraite et en activité, élus nationaux et locaux, hauts fonctionnaires ministériels et représentants associatifs). La collecte des données s’est déroulée de la manière suivante : nous avons tout d’abord examiné la littérature historique sur l’évolution du secteur énergétique pour comprendre les conditions du choix du lignite comme combustible national ; l’analyse des archives de PPC et du TEE nous ont ensuite permis de saisir les conditions de mise en place et du fonctionnement de la Compagnie publique d’électricité ; la revue de presse spécialisée a permis d’aborder le secteur dans sa progression et d’identifier certains événements à approfondir lors des entretiens ; enfin, une sélection a été faite de personnes à interroger sur les périodes passée et présente. Aux quelques acteurs de la période passée, nous avons demandé de nous expliquer les choix effectués dans le passé afin d’affiner notre interprétation a posteriori. S’agissant des acteurs contemporains, les questions ont varié en fonction du poste occupé par chaque interviewé, mais tous ont été invités à expliquer certains événements afin de pouvoir confronter les différentes perceptions en fonction du poste occupé.

5 La première partie présente la problématique de cet article qui vise à montrer comment le clientélisme politique, tel qu’il a été défini par les historiens de l’État grec, impose certaines continuités dans l’organisation et le fonctionnement du secteur de l’énergie, qui influencent le rapport entre la politique énergétique et les enjeux environnementaux et climatiques. La deuxième partie étudie les raisons de l’attachement, pendant sept décennies, à un combustible particulièrement polluant. La troisième partie traite des raisons de l’abandon du lignite en 2019. Comme dans le passé, plus que le besoin de se conformer à la politique énergétique et climatique européenne ou de répondre à des revendications écologiques, cette décision a été guidée par des considérations politico-économiques ; elle semble à l’heure actuelle profiter plus au gaz naturel qu’aux énergies propres, éloignant ainsi le pays de l’objectif européen de neutralité climatique.

Du clientélisme politique au clientélisme énergétique

6 Selon Rentier et al., les systèmes politiques centralisés, comme la Grèce, ont une grande difficulté à sortir de la dépendance aux énergies fossiles présentes sur leur territoire.

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Les auteurs expliquent principalement cette difficulté par les politiques de protection de l’emploi, le caractère public des infrastructures énergétiques et la recherche de consensus entre État et syndicats qui retarde ou bloque le changement5. Cette interprétation n’est qu’en partie pertinente dans le cas de la Grèce.

7 Retracer l’histoire de la fondation de l’État grec au début du XIXe siècle dépasserait les objectifs de cet article. Il est néanmoins important de noter que l’État grec s’est historiquement structuré sur la base d’échanges clientélistes entre partis au pouvoir et acteurs socioéconomiques puissants, et que cette structuration influence toujours les rapports entre sphères publique et privée ainsi que le mode d’élaboration des politiques publiques6. Ces échanges, réalisés à huis clos entre parties intéressées et loin de l’attention du public, faisaient passer l’intérêt des participants avant l’intérêt général. Le clientélisme politique a en effet comme principale caractéristique de transformer les biens publics (ici l’énergie) en un moyen d’échange – faveurs corporatistes et individuelles et soutiens politiques/électoraux7.

8 Dans ce contexte, la protection de l’emploi, évoquée par Rentier et al., n’a été une préoccupation des partis au pouvoir que dans la mesure où elle leur permettait de bénéficier de recrutements politiques dans le secteur énergétique. Il en va de même pour le caractère public des infrastructures énergétiques. Suite à sa faillite, officiellement annoncée en 20198, la Compagnie publique d’électricité (PPC) n’est plus en mesure de satisfaire les intérêts de la classe politique (voir infra) ; elle devient dès lors plus un problème qu’un atout à préserver. La recherche d’un processus décisionnel consensuel est également peu adaptée au cas grec. Le clientélisme génère un État surdéveloppé, qualifié par les politistes-historiens de l’État grec de paternaliste/

autoritaire, qui intervient directement dans l’organisation des relations sociales plutôt que de rechercher le consensus9.

9 L’emprise du système clientéliste sur le secteur de l’énergie a eu trois principaux effets, qui seront abordés dans les parties suivantes. (1) D’abord, la constitution d’une coalition d’acteurs particulièrement fermée et stable. Tant que l’échange entre les acteurs était mutuellement bénéfique, cette coalition a freiné tout changement, perpétuant le rôle du lignite comme combustible national. Une fois cet équilibre rompu, du fait de la crise financière de PPC, la décision de 2019 d’abandonner le lignite a été prise unilatéralement par le gouvernement, sans concertation préalable.

(2) Ensuite, les impacts environnementaux et sanitaires de la combustion du lignite ont été ignorés. Comme l’observe J.-F. Médard, l’intégration entre le politique et le social dans un système clientéliste se fait au prix de l’utilisation des ressources de nature politique en tant que biens économiques10. Dans ces conditions, les biens qui ne sont pas économiquement échangeables – ici les émissions polluantes et/ou la santé publique – restent en dehors du rapport de l’offre et de la demande entre les deux sphères. Le rôle attribué à l’État est avant tout d’intervenir, non pas pour assurer le bien-être collectif, mais pour distribuer des privilèges. (3) Enfin, la vision de l’État comme agent de clientèle, très présente dans la population, pérennise l’emprise des règles particularistes sur le principe d’universalité, perpétue l’individualisation de la société et bloque l’émergence de revendications collectives. D’où l’impossible structuration d’un mouvement écologique puissant qui, en particulier dans le secteur énergétique, n’a ni su ni pu contester efficacement la toute-puissance du lignite ni, plus récemment, son remplacement par le gaz naturel.

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L’ère de la toute-puissance du lignite

10 Au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, tous les pays ont dû reconsidérer leur politique énergétique en vue de reconstruire leurs économies. Dans le cas de la Grèce, la question énergétique était d’autant plus importante qu’il s’agissait d’un pays non industrialisé, peu électrifié, qui importait la majeure partie de son énergie. Avec l’aide d’experts étrangers, le pays a choisi le lignite local comme source d’énergie nationale et son exploitation a été confiée à la Compagnie publique d’électricité (PPC), une entreprise d’État nouvellement fondée et ayant le monopole de la production et de la distribution de l’énergie (1). La construction d’un parc important de centrales thermique a permis d’électrifier le pays et de soutenir la croissance et l’emploi.

Simultanément, l’important monopole de PPC s’est transformé en plaque tournante d’échanges clientélistes entre partis au pouvoir, agents de PPC et régions minières (2).

Dans ce contexte, les importantes dégradations environnementales et les dangers sanitaires induits par l’extraction et l’exploitation du lignite dans les régions minières (3) sont passés sous silence faute d’acteur en mesure de les dénoncer publiquement (4).

Le choix de la source d’énergie nationale

11 La présence de lignite dans le sous-sol grec était connue depuis l’antiquité. Pausanias se réfère déjà au « charbon » d’Eubée, mais ses contemporains n’avaient pas l’expertise pour l’exploiter. La première opération d’extraction de lignite a commencé en 1833 à Kimi (île d’Eubée) en vue de son utilisation dans les fours des chantiers navals et dans les chaudières des premiers bateaux à vapeur. La première exploitation souterraine a été initiée par des investisseurs privés à Aliveri (également sur l’île d’Eubée) en 1896, mais n’a duré qu’une année car les tunnels ont été inondés par l’eau de mer. La mine a été réouverte après la Première Guerre mondiale, en 1918, par la Société anonyme des mines de charbon d’Aliveri. Après l’effondrement financier de cette dernière, les liquidateurs ont poursuivi son exploitation de 1934 à 1950, date à laquelle la mine a été nationalisée et confiée à PPC11.

12 Comme on le sait, la période de l’après Deuxième Guerre mondiale a été suivie d’une guerre civile, jusqu’en 1949, aggravant encore davantage l’état de dévastation du pays et retardant le développement qu’ont connu les autres pays européens après la guerre.

La reconstruction et la croissance sont ainsi devenues des priorités urgentes, auxquelles le gouvernement devait répondre. Dès 1948, un plan de reconstruction du pays est publié avec l’aide américaine, dans le cadre du plan Marshall, fondant la

« Compagnie publique d’électricité » chargée de l’immense tâche d’électrifier le pays.

13 Lors de la création de PPC, en 1950, deux écoles se sont affrontées quant à la source d’énergie à utiliser pour atteindre l’objectif de l’électrification : celle des Américains qui promouvait l’utilisation de l’eau et la construction de barrages hydroélectriques, et celle des Allemands qui soutenait l’extraction du lignite local et la construction de centrales thermiques.

14 En conformité avec le plan Marshall, le gouvernement grec a signé un accord avec la société américaine EBASCO Services (appartenant à General Electric) pour entreprendre le développement et l’exploitation du réseau électrique national et l’organisation de PPC. À cette époque, la production d’électricité était surtout basée sur

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des centrales hydroélectriques, qui couvraient 73 % de la faible production nationale.

Cette situation devait se poursuivre dans le projet élaboré par EBASCO, financé par le budget public, le plan Marshall et les compensations militaires italiennes12.

15 Ce projet, d’une durée de quinze ans, prévoyait : entre 1948 et 1953, la production de 91 000 kW par des centrales hydroélectriques (sur les fleuves Lason, Bodas et Acheloos) et de 55 000 kW par des centrales thermiques (Ptolemais, Volos, Patras et Kalamos) ; entre 1954 et 1959, 255 000 kW d’hydroélectricité (sur les fleuves Acheloos, Aliakmon et Louros) et 20 000 kW d’énergie thermique (Thessalonique) ; enfin, entre 1960 et 1965, 134 000 kW par des centrales hydroélectriques (sur les fleuves de Aliakmon et Nestos) et 60 000 kW par des centrales thermiques (Thessalonique, Serres et Alexandroupolis).

Pour le dire autrement, EBASCO visait un mix énergétique composé de 78 % d’hydroélectricité et de 22 % de centrales thermiques13.

16 Malgré l’importance du potentiel hydroélectrique, les gouvernements grecs avaient à plusieurs reprises examiné l’option de l’exploitation du lignite. Ainsi, en 1931, le Premier ministre E. Venizelos avait demandé à deux entreprises britanniques d’élaborer un plan de production d’électricité à base de lignite, mais la crise financière mondiale et l’opposition des intérêts belges, alors très présents dans le secteur énergétique grec, avaient bloqué sa réalisation14. De même, en 1939, des experts allemands ont réalisé un recensement des réserves de lignite grec mais la guerre a reporté tout investissement15. La faiblesse de l’Allemagne à la sortie de la guerre n’a pas empêché l’expertise allemande d’influencer les politiques, en promouvant l’option d’un mix énergétique basé sur le lignite local. C’est en effet cette option qui a finalement prévalu et les experts allemands, ainsi que les entreprises allemandes (surtout Siemens), sont devenus les principaux consultants des gouvernements grecs16.

17 Depuis lors, le lignite est devenu la principale source d’énergie nationale, et ce malgré sa valeur thermique très faible (trois à sept fois plus faible que celle du charbon). Le contrat de PPC avec EBASCO a pris fin en 1955, même si le potentiel hydrique promu par les Américains a été reconnu et les centrales hydroélectriques plus ou moins exploitées aux heures de pointe17.

18 Certaines hypothèses peuvent être avancées pour expliquer cette évolution. D’un côté, la préférence des Américains pour l’hydroélectricité peut s’expliquer par le fait que les États-Unis ont été le premier et le plus important expert en production hydroélectrique (la première centrale hydroélectrique a été construite à Niagara Falls en 1879) et EBASCO était chargé d’exporter cette technologie, de concevoir et de construire les infrastructures nécessaires. La Grèce représentait un contexte adéquat pour le développement de l’énergie hydraulique puisque, jusque dans les années 1930, la majorité des rares investissements énergétiques concernait l’exploitation des ressources en eau et la première loi énergétique de 1922 portait sur la production hydroélectrique18. Par ailleurs, l’implication américaine dans la politique énergétique grecque émanait du plan Marshall, qui finançait des initiatives visant à convertir les systèmes énergétiques européens basés sur le charbon en des systèmes basés sur le pétrole. Comme l’écrit T. Mitchell19, il s’agissait d’une stratégie qui visait à affaiblir la puissance des mineurs et leur capacité à interrompre le flux d’énergie par des grèves à répétition. En ce sens, la planification énergétique d’EBASCO répondait à différents objectifs : éviter la création d’un État dépendant des mines de charbon et des mineurs ; exporter l’expertise et les engins américains ; créer un nouveau marché pétrolier,

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notamment dans la mesure où la plupart des centrales thermiques programmées ne seraient pas construites dans les régions minières.

19 D’un autre côté, l’influence allemande peut s’expliquer par l’expertise de ce pays en matière de mines de charbon et son intérêt à exporter sa technologie. S’il n’existe pas suffisamment de preuves pour expliquer le choix final du lignite comme principale source de production d’électricité en Grèce, cela semble en partie lié au fait qu’une part importante de l’élite technocratique grecque s’était formée dans les universités allemandes et entretenait des relations avec l’élite de ce pays20. Notons qu’au cours de la même période, General Electric s’est lancée dans l’étude et la promotion de l’énergie nucléaire, peu adaptée au marché grec de l’électricité, trop petit pour attirer l’attention de GE21. Enfin, les communautés disposant de réserves de lignite exerçaient de fortes pressions sur le gouvernement car la construction des centrales thermiques et l’activité minière généraient beaucoup plus d’emplois que l’hydroélectricité. Le gouvernement était très sensible à ce thème en période de reconstruction du pays après-guerre et se souvenait également que les projets hydroélectriques avaient suscité, par le passé, des oppositions fortes, notamment du monde agricole22. Dans tous les cas, l’exploitation d’une source d’énergie locale, plutôt que l’importation de pétrole comme suggérée par le plan Marshall, était un choix raisonnable de la part du gouvernement grec même s’il coïncidait avec une période où les autres pays européens commençaient à réduire leur dépendance au charbon.

Les centrales thermiques au service de la croissance

20 Depuis sa fondation jusqu’en 1960, PPC a acheté toutes les compagnies privées d’électricité pour devenir le seul producteur d’électricité, monopolisant les stocks de lignite. Entre 1951 et 1996, vingt centrales thermiques ont été construites, principalement sur trois régions minières23 (voir figure 1). En 1973, le lignite représentait 32,71 % de la production d’électricité nationale pour culminer en 1990-1991 à 71,2 % (voir figure 2). Cette utilisation croissante d’une source énergétique locale a généré de nombreux bénéfices : l’électrification du pays, qui a non seulement amélioré les conditions de vie de la population mais aussi soutenu l’industrialisation ; le renforcement de l’autosuffisance énergétique, avec un impact significatif sur la balance commerciale (en particulier après les deux crises pétrolières des années 1970) ; une offre d’énergie bon marché ; et la création d’emplois.

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Figure 1. Répartition géographique des principales réserves de lignite restantes en Grèce (01/01/2018)

Source : C. Roumpos, F. Pavloudakis, « Utilisation of Lignite Resources within the Context of a Changing Electricity Generation Mix », Conference Paper, avril 2018, https://www.researchgate.net/

publication/

328107172_Utilisation_of_Lignite_Resources_within_the_Context_of_a_Changing_Electricity_Generation_Mix.

Figure 2. Production brute d'électricité par combustible

Source: Greek Energy Market Report 2019, HAEE, https://www.haee.gr/media/4858/haees-greek- energy-market-report-2019-upload-version.pdf. 

21 En 1939, 7,94 % des communes et 47,75 % seulement de la population avaient accès à l’électricité. En 1964, ces chiffres passent à 18 % et 69 %, réciproquement. En 1973,

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76,45 % des communes et 98,07 % de la population étaient connectés au réseau électrique. En 1980, la totalité du territoire national était électrifié.

22 Si l’autosuffisance énergétique n’a jamais été très élevée en Grèce, la participation d’une source d’énergie locale a contribué à son renforcement. Ainsi, de 12,6 % en 1960, elle a atteint son maximum (39,8 %) en 1991 lorsque l’énergie produite à base de lignite atteignait son niveau record. En ce qui concerne le prix de l'électricité, en 1983, deux ans après l’adhésion du pays à l’UE, la Grèce affichait le prix le plus bas parmi les pays de l’UE pour les consommateurs domestiques et industriels24. En 2003, alors que PPC est devenue une société anonyme, la Grèce avait toujours, selon Eurostat, le deuxième meilleur prix de l’électricité en Europe, après l’Estonie. Cependant, comme nous le verrons plus loin, le gouvernement est toujours intervenu dans la formation du prix du KWh dans le cadre de sa politique de soutien aux plus bas revenus, et ce aux dépens de la situation financière de PPC25. Il faut attendre la libéralisation du marché énergétique et l’augmentation du prix de la tonne de CO2, dans le cadre de la politique énergétique et climatique européenne, pour assister au début de la fin de l’énergie fossile bon marché en Grèce.

23 L’électrification a également permis une croissance exponentielle du secteur secondaire. Si, en 1951, les besoins énergétiques de l’industrie se limitaient à environ 250 GWh, en 1966 ils atteignaient 4 800 GWh et 27 000 GWh en 199126. De surcroît, l’industrie du lignite a créé de nombreux nouveaux emplois, avant tout dans les régions minières (île d’Eubée, Macédoine occidentale et Péloponnèse), mais également à travers tout le pays pour renforcer les services administratifs de la compagnie d’électricité. À Aliveri (une ville sur l’île d’Eubée, qui comptait 3 258 habitants en 1951), en 1955, alors que la mine de lignite était en pleine exploitation (souterraine et de surface), elle employait quelques 1 300 mineurs. Du fait de l’existence de la mine, Aliveri a connu un fort développement. Les offres d’emploi se sont multipliées, de nouveaux secteurs d’activité ont émergé, notamment dans la construction, avec la hausse des demandes de logements, et le chômage a été drastiquement réduit. Il en va de même pour la Macédoine occidentale, qui a connu une croissance rapide et un boom économique. Les principales villes de Ptolémaïs, Kozani et Florina, contrairement à la tendance des autres villes de province en Grèce, ont vu leur population augmenter grâce aux emplois offerts par l’industrie du lignite (32 127, 41 066 et 17 686 habitants, respectivement, en 2011, avant de commencer à décliner depuis). Les habitants ont abandonné les activités agricoles traditionnelles pour commencer à travailler comme ouvriers dans les mines, les centrales thermiques et la construction, avec des salaires élevés. Les villes ont prospéré avec un impact sur le secteur de la construction. Avant la crise financière de 2008, les seuls mineurs dépassaient le chiffre de 6 000, auxquels s’ajoutent le personnel administratif et un très grand nombre de travailleurs recrutés dans des entreprises liées à l’activité minière. À Mégalopolis (une ville du Péloponnèse, qui comptait 5 748 habitants en 2011), 1 300 travailleurs étaient directement employés dans les mines, auxquels s’ajoutent le personnel administratif et celui travaillant dans les industries liées au secteur minier et dans la construction. Mais, à partir de 2011, deux des quatre usines ont fermé27.

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L’entreprise PPC, pièce maîtresse du clientélisme énergétique

24 Forte de son monopole dans le secteur de l’énergie, PPC est devenue le pilier du développement économique du pays et son attachement au lignite a placé la Grèce au deuxième rang des producteurs de lignite de l’UE et au sixième rang mondial28. Le nombre de ses employés n’a cessé de croître pour atteindre, en 2000, son maximum, proche de 31 600. PPC est ainsi devenue le premier employeur du pays.

25 La puissance de ce monopole d’État n’a pas laissé indifférents les partis au pouvoir, qui ont intégré la compagnie dans leurs pratiques clientélistes29. Ainsi s’est progressivement construit un réseau d’acteurs extrêmement durable qui récompensait ses membres en continuant à exploiter le lignite sans considération des changements successifs survenus dans le marché énergétique européen. Les principaux protagonistes de ce réseau clientéliste ont été les gouvernements successifs, les employés de PPC (surtout via le puissant syndicat Genop), des industriels puissants proches du pouvoir, les autorités locales et les populations des régions minières.

26 En tant qu’entreprise publique, PPC a obtenu de l’État l’autorisation d’exploiter le lignite gratuitement, sans être facturée pour l’usage d’une ressource naturelle non renouvelable, ni pour les effets externes générés. Dans ces circonstances, le prix de l’électricité produite à partir du lignite était largement inférieur au coût d’autres combustibles, comme le gaz ou le pétrole30. Les gouvernements se vantaient ainsi d’offrir aux citoyens de l’énergie à un prix parmi les plus compétitifs d’Europe, aux dépens de la qualité environnementale et sanitaire. Parallèlement, tout au long de son histoire, PPC a servi aux gouvernements pour recruter du personnel surnuméraire, satisfaisant ainsi une clientèle électorale changeante selon les partis au pouvoir. De surcroît, PPC était devenue un médiateur au service des intérêts industriels proches du pouvoir à qui elle devait vendre son électricité au-dessous du coût de production31.

27 PPC a également bénéficié de sa proximité avec la classe politique. Ses employés recevaient des avantages inégalés (salaires élevés, retraites anticipées, avantages divers pour les membres de leur famille…), obtenus grâce au puissant pouvoir de négociation de Genop. Cette situation était pourtant très préjudiciable tant pour l’économie nationale que pour la santé financière de PPC32.

28 Au niveau territorial, les élus et les populations des régions minières ont aussi profité de PPC. La compagnie soutenait financièrement ces régions par le paiement d’une taxe locale et la réalisation de projets d’intérêt commun. Plus l’activité d’extraction et de combustion de lignite était grande, plus la contribution financière était importante. De même, PPC recrutait en priorité parmi les habitants des régions où elle opérait. Toutes les familles comptaient au moins un de leur membre travaillant comme agent de l’entreprise et les jeunes ne concevaient leur avenir qu’en tant qu’employé de PPC33. En échange, PPC s’est assurée du silence des autorités locales et de la population quant aux impacts négatifs de son activité sur la santé et l’environnement, leur principale préoccupation étant la perpétuation de l’activité minière et la capacité de l’entreprise à absorber la main d’œuvre, et non la qualité de vie dans leur région.

Une pollution persistante faute de lanceurs d’alerte

29 Le recul historique permet donc de comprendre pourquoi et comment le secteur énergétique grec s’est engagé dans la voie du lignite local. Si les avantages

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socioéconomiques de ce choix sont évidents, comme nous venons de le voir, les conséquences néfastes de l’activité d’extraction et de combustion de cette source énergétique pour l’environnement et la santé sont rarement évoquées et jamais officiellement prises en charge. La principale raison du silence entourant cette pollution grave est liée à l’absence d’acteurs capables de la dénoncer en fonctionnant comme des lanceurs d’alerte34.

30 Il faut attendre le programme territorial de développement de la région de Macédoine occidentale 2012-2016 pour voir apparaître une référence aux impacts environnementaux liés à la présence de l’industrie fossile. Il y est surtout fait référence à la pollution de l’air et du sol, ainsi qu’au « manque de personnel et d’équipement des services compétents pour garantir le respect de la réglementation environnementale »35. L’extraction, le transport et la combustion du lignite ainsi que le transport et le dépôt des déchets sont des facteurs importants de dégradation de la qualité de l’atmosphère. De même, le sol présente une érosion significative due au dépôt des cendres volatiles, qui dégradent aussi la qualité des eaux : ces dépôts acides endommagent le sol et rendent l’eau de surface non potable et inadaptée à l’irrigation, tandis qu’ils atteignent l’eau souterraine par absorption. Dans le même temps, les centrales déversent dans la nature des eaux usées chaudes qui perturbent l’équilibre de l’écosystème. Un autre aspect est l’énorme quantité d’eau nécessaire pour nettoyer le lignite après l’extraction mais surtout pour les besoins de refroidissement des centrales36. Par ailleurs, le sol est également altéré par le dépôt des polluants via la pluie et le vent.

31 Il en va de même des impacts sanitaires, au sujet desquels le programme reconnaît

« l’insuffisance des services de santé » et appelle à « renforcer la surveillance sanitaire et réduire les dommages causés à la santé publique par l’exploitation des mines de lignite »37. Les usines et les mines ont fonctionné depuis plus de soixante-dix ans, mais aucune étude épidémiologique officielle n’a été menée sur leurs impacts sanitaires. Des analyses scientifiques et hospitalières existent pourtant, mais les experts n’ont jamais été sollicités pour suggérer des mesures de protection de la santé publique. Une étude, menée par une équipe de scientifique grecs, sur les enfants vivant en Macédoine occidentale a observé une fréquence accrue d’asthme, de rhinite chronique et de bronchite infectieuse38. L’association WWF a également identifié deux études hospitalières non publiées. Selon la première, réalisée par l’hôpital universitaire AHEPA dans trois villages près de la ville de Kozani, au cours de la période 1992-2007, les décès dus à des événements thromboemboliques et à des cancers ont augmenté de 43 % et 55 %, respectivement. Une deuxième étude, de l’hôpital Bodossakeio à Ptolemaïs, révèle que le pourcentage de rhinite allergique y est trois fois plus élevé que la moyenne nationale39.

32 Aux impacts environnementaux et sanitaires, il faut ajouter la destruction de villages entiers et le déplacement forcé des habitants en vue de l’ouverture de nouvelles mines de lignite. Neuf villages ont disparu de la carte en Macédoine occidentale et quatre au Péloponnèse. Plus de 7 000 personnes ont ainsi perdu leur lieu d’origine, leurs traditions et leurs liens sociaux40. Ils n’ont en outre pas obtenu d’indemnisation suffisante ni été assurés de conditions de réinstallation satisfaisantes.

33 L’échange de bénéfices mutuels entre participants au clientélisme énergétique a permis la perpétuation de la dépendance au lignite et la dissimulation de ses effets externes.

Les populations locales, premières concernées par la pollution générée par son

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extraction et sa combustion, se sont de prime abord principalement intéressées aux avantages financiers que leur procurait l’activité de PPC, sous-estimant ses conséquences catastrophiques pour leur lieu de vie. Quant à la population générale, elle s’est montrée relativement indifférente aux choix énergétiques du pays, tant qu’elle bénéficiait d’une énergie bon marché et n’était pas concernée par les effets externes de l’exploitation du lignite. La diffusion d’une image positive de ce combustible, présenté comme le combustible national sur lequel se fonde l’électrification et l’industrialisation à bas coût du pays, a également participé à cette indifférence générale qui dissimulait les effets externes de l’industrie du lignite.

34 Dans ces conditions, les associations environnementales apparaissent comme le seul groupe en mesure de jouer le rôle de lanceur d’alerte s’agissant des graves dégradations écologiques causées par le lignite. Or, elles sont restées tout aussi silencieuses. En Grèce, le mouvement écologiste est toujours resté faible face à un État clientéliste s’appuyant sur la partitocratie et une société civile atone41. Les problèmes sociaux n’existent que dans la mesure où ils sont reconnus par les partis au pouvoir, ce qui limite à la fois la structuration des mouvements sociaux et leur capacité à s’exprimer de manière autonome.

35 D’après Alexandropoulos et ses co-auteurs, les premiers signes de l’émergence d’un mouvement environnemental en Grèce sont apparus dans les années 1970 avec des groupements locaux de citoyens contestant la dégradation de l’environnement causée par l’installation de nouvelles industries dans leur voisinage. Or, ces mobilisations n’ont émergé que lorsque l’industrie s’est avérée incapable d’offrir des avantages significatifs directs aux habitants des zones concernées42.

36 Selon Sakiotis, la contestation du modèle de croissance et le débat autour du besoin de se développer de manière soutenable ne débutent dans les cercles écologistes grecs qu’à partir de 199543, avec la diffusion de la notion de « développement durable » et la Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement, lors de la Conférence des Nations Unies de 1992. Liant environnement et développement, cette notion questionne inévitablement les sources d’énergie sur lesquelles un développement durable doit se fonder. Les intellectuels de l’écologisme grec commencent alors à formuler des propositions en matière énergétique, mais elles portent davantage sur les économies d’énergie et le développement des énergies renouvelables que sur la contestation directe du « combustible national », qui semble demeurer intouchable. En outre, ils utilisent comme moyen d’expression les ouvrages scientifiques ou la presse écologiste à faible diffusion, qui ont peu d’impact sur l’opinion publique44.

37 Ainsi, les intérêts des populations locales et des gouvernements à poursuivre l’activité minière, l’indifférence du grand public et la faiblesse du mouvement environnemental font qu’aucune revendication n’a pu être exprimée, ni aucune manifestation organisée contre l’extraction et l’exploitation du lignite, pourtant responsable du tiers des émissions de CO2 du pays...

Vers un nouveau modèle énergétique « vert pâle »

38 Lorsqu’un système s’isole de son environnement, il est incapable d’appréhender les changements en cours. C’est ce qui est survenu au réseau d’acteurs construit autour du lignite. Le clientélisme énergétique s’est toujours battu pour préserver les équilibres institués contre les évolutions introduites par l’UE, qui ont progressivement rendu la

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poursuite de l’exploitation du lignite financièrement problématique. Le parti de droite (Néa Dimocratía) qui a pris le pouvoir en juillet 2019 a ainsi trouvé le secteur de l’énergie au bord de l’effondrement (1). Contraint de réformer le secteur en urgence, et suivant la pratique paternaliste/autoritaire propre à l’État clientéliste, le gouvernement s’est unilatéralement désolidarisé de ses alliés du passé pour en trouver d’autres et reconfigurer le marché énergétique. Or, derrière le discours officiel annonçant une transition verte respectueuse du climat, c’est le remplacement d’une source fossile (le lignite) par une autre (le gaz naturel) qui commence à se profiler, laissant planer le doute quant à la compatibilité de la transition énergétique actuelle avec l’objectif européen de décarbonisation de l’économie d’ici 2050 (2). À la faible sensibilisation écologique de la classe politique s’ajoute l’atonie chronique des associations environnementales qui se transforment, ces dernières années, en organisations professionnelles, sollicitées par les gouvernants en tant qu’expertes, plus pour verdir leur image que pour codécider du contenu à donner à la transition énergétique en cours (3).

Résistance au changement et effondrement de PPC

39 Depuis l’adoption du premier programme Altener, en 1993, la politique énergétique européenne commence à promouvoir les énergies renouvelables au sein de l’UE. Cette orientation fait partie des efforts de lutte contre le changement climatique du début des années 2000, qui se sont considérablement renforcés à partir de 2015, avec la signature des Accords de Paris. De plus en plus de pays membres s’engagent ainsi dans la Feuille de route pour l’énergie à l’horizon 2050, qui prévoit la décarbonisation de l’économie européenne d’ici 2050.

40 Dans ce contexte, la production d’électricité à base de combustibles fossiles dominante en Grèce s’est trouvée en grande difficulté. Or, les évolutions poussées au niveau européen, à la fois au plan énergétique, climatique et environnemental, ont rencontré la forte opposition du puissant syndicat de PPC (Genop) qui, soutenu par le pouvoir politique, a retardé l’adaptation du secteur à la nouvelle réalité, mettant ainsi en péril sa viabilité45.

41 La plus importante décision ayant ébranlé les équilibres institués est l’instauration au niveau européen du système ETS (Emission Trading System ou système d’échange de quotas d’émissions), qui fixe un prix aux émissions de CO2. Depuis 2013, les usines de production d’électricité n’ont plus le droit de recevoir des quotas gratuits et doivent payer pour la totalité de leurs émissions de CO2. Les centrales de PPC se sont trouvées en grande difficulté, en particulier parce que le lignite local a un très faible pouvoir calorifique, ce qui augmente les émissions de CO2. À cela s’ajoute la vétusté technologique de ces centrales, qui les rend davantage polluantes. Le prix du KWh est ainsi devenu non compétitif. Ensemble, la direction de PPC, Genop et le gouvernement ont exercé des pressions, durant deux ans et demi, en direction de la Commission européenne afin d’inclure l’entreprise dans l’article 10C de la directive européenne qui définit les exceptions pouvant continuer de bénéficier de quotas d’émission gratuits. Le ministre de l’Environnement a ainsi rencontré à plusieurs reprises le commissaire à l’énergie et au climat, Miguel Cañete, pour exprimer la demande de PPC, qui n’a finalement pas été satisfaite.

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42 L’objectif européen de libéralisation du marché de l’énergie, fixé en 1996, est venu se conjuguer à l’objectif de transition vers les sources d’énergies renouvelables, mais le marché énergétique grec n’a pas suivi, préservant le monopole de PPC. Bien que la législation nationale ait intégré les directives européennes, la libéralisation du marché a été très lente car ni les gouvernants, ni PPC ne souhaitaient le changement, et ce jusqu’à la publication en 2019 du rapport de l’expert-comptable indépendant aux actionnaires de la Compagnie publique d’électricité annonçant la faillite de l’entreprise46. L’UE s’est donc vue obligée de contraindre PPC à mener deux réformes en vue de réduire progressivement ses parts de marché en dessous de 50 % d’ici 2020 (loi 4336/2015).

43 La première réforme porte sur l’adoption du mécanisme NOME (nouvelle organisation du marché de l’électricité), basé sur le modèle français de contrats bilatéraux entre producteurs et fournisseurs d’électricité. ΝΟΜΕ a imposé à PPC de vendre, mettre à disposition ou accorder l’accès à une certaine quantité de son électricité aux autres fournisseurs afin de limiter sa prédominance sur le marché énergétique (loi 4389/2016).

Afin de protéger l’entreprise des pressions exercées sur elle par la Commission et vu le coût élevé de l’énergie produite par les centrales au lignite, le gouvernement a encouragé PPC à accorder l’accès à son énergie au-dessous du coût de production.

Simultanément, il a maintenu sa politique d’assistance aux plus faibles en interdisant à PPC de couper l’électricité aux mauvais payeurs, mais sans compenser le manque à gagner pour l’entreprise. Par conséquent, les consommateurs n’avaient aucune raison de changer de fournisseur et PPC fonctionnait à perte. En 2017, 86,7 % des consommateurs d’électricité étaient liés à PPC, qui contrôlait encore 60 % de la capacité totale installée sur le réseau électrique grec47.

44 La deuxième réforme visait à mettre fin au monopole de PPC sur l’exploitation du lignite. En 2013, la Cour européenne a condamné le pays, arguant que l’octroi de droits exclusif d’extraction et d’exploitation du lignite local à PPC créait une inégalité des chances sur le marché de l’énergie et maintenait ou renforçait la position dominante de l’entreprise. Afin de briser cette position monopolistique, la Direction générale de la concurrence a demandé à l’État grec, en tant que principal actionnaire de PPC, de procéder à la vente de 40 % du portefeuille de lignite à des investisseurs privés. Mais l’opposition résolue du syndicat Genop, par des mobilisations, des grèves et des pressions exercées sur le président de l’entreprise, a empêché l’avancement du projet de vente.

45 Enfin, la crise du secteur énergétique grec s’est aggravée avec l’entrée en vigueur de nouvelles mesures antipollution. En 2017, la révision du document européen BREFs (Best available techniques REFerence documents) pour les centrales thermiques de plus de 50 MW a imposé des limites d’émission plus strictes pour les polluants SO2, NOx, PM10 et Hg. Représentant les intérêts de PPC, le gouvernement grec a exercé des pressions persistantes pendant deux ans, sans succès, afin de garantir des normes environnementales plus basses pour les centrales de PPC. La vétusté de ces centrales rendait le coût de leur modernisation impossible à assumer pour l’entreprise.

46 En 2019, 71 % de la production d’électricité de PPC reposait encore sur les centrales thermiques et 50 % provenait du lignite brûlé dans ses 14 centrales thermiques. Cette dépendance, dans un contexte européen hostile à l’utilisation des combustibles fossiles, a généré une crise financière sans précédent au sein de la compagnie nationale d’électricité, confirmant les pires prédictions du rapport de l'expert-comptable

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indépendant aux actionnaires de la société publique d’électricité qui annonçait en avril 2019 : « …les données indiquent l’existence d’une incertitude substantielle qui peut soulever des doutes importants sur la capacité de la Société et du Groupe à poursuivre leurs activités »48. Ses dettes ont atteint 3,957 milliards d’euros. Le prix de base de l’électricité sur le marché grec est devenu le plus élevé d’Europe (65,5 euros/

MWh), interdisant l’exportation et favorisant l’importation d’électricité, ce qui a alourdi le déficit de la balance commerciale du pays49. Tous les acteurs du secteur savaient que la faillite de l’entreprise signifierait l’effondrement du secteur dans son ensemble. Le nouveau gouvernement s’est donc trouvé face à une situation d’urgence, l’obligeant à tourner le dos au combustible national.

Une transition énergétique forcée, sans dimension écologique

47 Le nouveau gouvernement, au pouvoir depuis juillet 2019, a hérité d’un secteur énergétique en état d’effondrement. PPC continuait à dominer le marché en fonctionnant à perte du fait de sa dépendance à un lignite non rentable. Dans ce contexte, et sans concertation ni débats publics préalables, le Premier ministre a annoncé, lors d’une allocution aux Nations Unies en septembre de la même année, que la Grèce s’engageait à abandonner le lignite à l’horizon 202850. Mais force est de constater que ce tournant radical n’a rien à voir avec une prise de conscience environnementale tardive de la société grecque ou de ses dirigeants. Ce sont des raisons proprement économiques, et non écologiques, qui ont amené le gouvernement grec à se désolidariser pour la première fois de PPC – dont le syndicat continue aujourd’hui encore à se battre pour la survie du lignite51 – et à chercher de nouveaux alliés dans le secteur.

48 L’abandon du lignite a officiellement été présenté comme le choix de la Grèce pour entamer la transition énergétique en se conformant à la politique de l’UE. Or, la fermeture des centrales au lignite nécessite de programmer par quoi le lignite sera remplacé afin de couvrir les besoins énergétiques du pays. Cette programmation dévoile les limites de la sensibilisation écologique des gouvernants. Si l’on observe le mix énergétique du pays, on constate que l’indiscutable réduction de la contribution du lignite a plus profité au gaz naturel qu’aux énergies renouvelables. Ainsi, en 2019, la part du lignite passe de 29,28 % à 21,7 %, alors que celle du gaz naturel passe de 29,95 %, à 36 %, une hausse plus importante que celle observée pour les sources renouvelables (qui évoluent de 20,43 % à 24,3 %)52. Cette tendance est d’ailleurs confirmée dans le Plan national intégré pour l’énergie et le climat 2021-2030 (PNEC) qui accorde la part du lion aux nouveaux investissements de gaz naturel, au point que certains experts évoquent un PNEC qui « vise la “délignitisation” plutôt que la “décarbonisation” » car « il donne une place considérable au gaz naturel qui cesse d’être un combustible de transition et devient le combustible dominant »53.

49 L’idée de remplacer le lignite par le gaz naturel n’est pourtant pas propre au gouvernement grec. Le gaz naturel a été présenté comme le combustible « de transition » vers une économie bas carbone dans un rapport de l’Agence internationale de l’énergie en 201154. La thèse soutenue est que ce combustible comporte plusieurs avantages, comme son abondance, sa large répartition géographique, ses plus faibles émissions de gaz à effet de serre, comparativement au charbon/lignite, et sa fiabilité d’approvisionnement55. Or, depuis 2011, la technologie du stockage de l’énergie a

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fortement évolué, rendant les énergies renouvelables tout aussi fiables et rentables, sans aucune émission de polluants atmosphériques. Pour le dire autrement, la décision de promouvoir aujourd’hui ce combustible fossile, dans un pays riche en soleil et en vent, est loin de constituer un choix guidé par des considérations écologiques. Et ce d’autant plus que les nouvelles infrastructures au gaz, en phase d’autorisation ou de construction, auront une durée de vie d’au moins vingt ans, et les grands gazoducs et installations de gaz naturel liquéfié sont conçus pour fonctionner plus longtemps encore56. En ajoutant à cela le coût très élevé de ces investissements énergétiques, il est fort probable que ces installations perdurent et que le gaz occupe une part importante du mix énergétique. Le gouvernement ne s’est d’ailleurs pas engagé quant à l’évolution du mix énergétique pour la période 2030-2050.

50 Le choix du gaz naturel pour remplacer le lignite peut s’expliquer de différentes façons.

D’abord, un petit groupe puissant d’investisseurs gaziers était déjà constitué en 2019 et l’annonce de la fin du lignite a représenté pour eux une fenêtre d’opportunité pour accroître leur part dans le mix énergétique du pays. Des capitaux privés étant disponibles, le gouvernement a vu en eux un nouveau partenaire pour remplacer PPC, devenue d’ores et déjà plus un fardeau qu’un allié dans le secteur. De surcroît, les centrales au gaz se construisent assez rapidement pour remplacer l’arrêt précipité des centrales au lignite. Enfin, elles s’installent dans des zones industrielles, ce qui évite ainsi la survenue de protestations locales.

51 La situation est plus complexe en ce qui concerne les énergies renouvelables (sources d’énergie renouvelables, SER). Les investisseurs sont multiples et divisés : il y a, d’une part, la concurrence entre l’énergie solaire et l’énergie éolienne ; et la concurrence entre petits et grands investisseurs d’autre part. Par ailleurs, les parcs SER s’installent potentiellement partout, à condition qu’il y ait du vent, du soleil, de l’eau… ce qui suscite des oppositions sociales souvent insurmontables. De surcroît, les choix gouvernementaux ont rendu difficiles les investissements dans les SER. Il n’a ainsi toujours pas adopté le cadre d’aménagement des parcs SER qui clarifierait les zones où l’installation des parcs est autorisée et celles où elle est interdite. Il a également donné la priorité aux grandes entreprises d’énergies renouvelables qui privilégient la construction de parcs industriels, en limitant la possibilité des communes et des petits investisseurs d’installer des parcs de taille réduite adaptés aux besoins territoriaux.

Cumulés, ces deux choix aboutissent à la multiplication des projets d’installation de grande ampleur, élaborés dans leur grande majorité sans concertation avec les populations concernées, ce qui alimente les tensions en termes d’acceptabilité sociale.

On observe en effet la montée en force des contestations locales, qui rappellent les mobilisations que la campagne grecque avait connus dans les années 1970 contre les installations industrielles n’offrant pas un avantage immédiat aux habitants du voisinage. Ces tensions participent à la diffusion d’une image négative des technologies renouvelables (surtout éolienne) dans l’opinion publique, qui tend à exprimer son opposition à la transition écologique. En effet, des slogans comme « les investissements verts sont faits pour enrichir les entreprises étrangères » ou « l’énergie verte détruit notre environnement » sont monnaie courante lors des manifestations locales contre des projets SER57.

52 Le PNEC 2021-2030 promeut pourtant, en application de la réglementation européenne, des projets de communautés énergétiques, auxquelles peuvent participer des personnes physiques, des collectivités territoriales et des petites et moyennes

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entreprises. Leur objectif principal est de proposer des avantages communautaires environnementaux, économiques ou sociaux à leurs membres et/ou aux territoires locaux où elles sont implantées, plutôt que de générer des profits financiers. Il est précisé dans le PNEC que les communautés énergétiques, entre autres, « auront pour fonction la participation plus active de la communauté locale et, en fin de compte, le renforcement du rôle des citoyens dans les choix énergétiques »58. Il s’agit en effet d’un instrument de politique publique très précieux car il permet aux citoyens de se familiariser avec les nouvelles énergies, et donc les accepter, mais aussi d’en tirer avantage. Or, le partage du marché énergétique entre grandes entreprises et communautés énergétiques n’a finalement pas eu lieu car un décret récent du ministère de l’Environnement et de l’Énergie a annulé les facilités réglementaires initialement prévues pour soutenir l’entrée des petits investisseurs dans le marché énergétique59.

53 La promotion du gaz naturel, qui confisque une part importante du marché énergétique aux investissements dans les SER, d’une part, et la priorisation des grands investissements SER face aux petits, de l’autre, laissent transparaître les nouveaux rapports de force au sein du secteur énergétique, résultat d’un compromis entre les nouveaux acteurs en présence. La domination de PPC dans le secteur a pris fin, ce qui amène le gouvernement à rechercher de nouveaux alliés. Dans un marché libéralisé, les intérêts du gaz naturel semblent l’emporter sur ceux de l’industrie des SER, et cette dernière domine face aux petits investisseurs. Face à ces choix gouvernementaux, qui ne semblent pas conduire le pays vers une transition verte, les associations environnementales éprouvent la même difficulté que par le passé à influencer la politique en cours et à sensibiliser l’opinion aux enjeux énergétiques en cours.

Les associations environnementales devenues experts gouvernementaux

54 Les associations de protection de l’environnement ont progressivement mûri et leur présence est plus tangible dans le débat public, cependant pas au point d’influencer l’opinion et l’agenda énergétique du pays. Des mobilisations collectives, plus ou moins réussies, contre le changement climatique s’organisent depuis les années 2000 et des articles dans la presse nationale promeuvent les énergies renouvelables. Cependant, ces initiatives abordent rarement la dépendance diachronique du pays aux énergies fossiles60.

55 Le champ écologique grec commence à s’organiser au tournant du XXIe siècle, autour de grandes ONG, en nombre limité, représentant et collaborant avec des organisations internationales comme Greenpeace et WWF. Alexandropoulos et al. observent que leur caractéristique principale est de s’orienter vers une sorte de professionnalisation qui, au nom de « l’efficacité », sacrifie l’expansion de leur base organisationnelle61. Elles se composent de petits groupes de professionnels, dotés de connaissances spécialisées et d’un niveau éducatif élevé62. Ces organisations disposent d’experts en énergie, qui publient des textes documentés sur la crise du secteur, souvent grâce à des financements européens, et exercent un lobbying soutenu auprès de la Commission pour bloquer les tentatives récurrentes du pouvoir politique d’obtenir des exceptions à la réglementation de l’UE.

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56 Au niveau interne, leur expertise ne semble influencer ni les choix gouvernementaux, qui se font malgré eux, ni l’opinion publique. Un de ces expert, qui a quitté le WWF pour fonder un think tank environnemental, a publié en septembre 2019, peu avant l’annonce officielle de la fermeture des centrales thermiques, un rapport intitulé « La situation économique des centrales grecques au lignite. La fin d’une ère »63. Il avance que, si les usines de lignite continuent de fonctionner, dans trois ans et demi, la situation se détériorera et PPC accumulera des pertes de l’ordre de 1,3 milliard d’euros.

Ce rapport semble avoir influencé la décision gouvernementale et son rédacteur a été invité à participer au nouveau comité de coordination du plan pour une « transition juste ». Or, en réalité, le plan de « délignitisation » et de promotion du gaz naturel avait été élaboré en cercle fermé bien avant les élections, pendant que le nouveau parti au pouvoir était encore dans l’opposition64. Certains experts associatifs sont donc reconnus comme conseillers du pouvoir politique pour soutenir les initiatives prises sans pour autant intervenir a priori pour influencer leur contenu. Le pouvoir politique semble plutôt se servir de leur expertise pour « écologiser » son image.

57 Si l’évolution vers une organisation plus experte et plus institutionnalisée permet ainsi l’accès des environnementalistes à l’espace décisionnel, elle les éloigne en même temps de leur contact avec la société, au point que l’utilisation du terme « mouvement » peut être remise en question. Les associations environnementales commencent ainsi à bénéficier d’un droit d’expression et jouent le rôle de contrepoids vis-à-vis des intérêts des énergies fossiles, mais sans disposer de base militante pour pouvoir peser sur les arbitrages qui se font à huis clos. Cette situation place les experts associatifs dans une position ambivalente. D’un côté, ils condamnent sur leurs sites les choix politiques ; de l’autre, ils participent à l’élaboration des politiques introduites par le gouvernement65. Il n’est ainsi guère étonnant que les petits groupes locaux de citoyens mobilisés contre des projets de parcs industriels SER apparaissent très méfiants vis-à-vis des grandes associations institutionnalisées : « Elles ne sont pas fiables. Elles jouent le jeu du gouvernement »66.

Conclusion

58 La transition énergétique, perçue comme synonyme de transition écologique, constitue de nos jours l’une des priorités de l’UE pour lutter contre le changement climatique. Le retour historique sur les choix énergétiques en Grèce montre que cette convergence des concepts n’est pas évidente. Le secteur énergétique grec a évolué dans un contexte privilégiant les considérations politiques, économiques et sociales aux dépens des considérations écologiques.

59 Le choix initial du lignite a pu se justifier dans la mesure où il s’agissait d’un combustible local qui a offert, pendant longtemps, de l’énergie à bas prix et limité la dépendance énergétique du pays. La non-prise en considération, pendant soixante-dix ans, des effets externes engendrés par sa combustion et son exploitation s’explique par les pratiques clientélistes de l’État grec, qui ont transformé l’énergie en un moyen d’échange de faveurs au sein d’un groupe fermé d’acteurs et écarté toute contestation possible des équilibres institués.

60 La Grèce a été contrainte d’entrer dans le processus de transition énergétique suite à l’évolution de la réglementation européenne, qui a rendu l’exploitation du lignite non rentable et conduit la compagnie nationale d’électricité au bord de la faillite. Malgré

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cette évolution, somme toute tardive, les nouveaux rapports de force ne semblent pas orienter le secteur de l’énergie vers la voie de la décarbonisation. Telle qu’elle se dessine aujourd’hui, la transition énergétique en Grèce ne s’apparente pas à une transition écologique. Les nouvelles infrastructures au gaz limitent les investissements dans les SER et cette réalité risque de se prolonger. La promotion de grands parcs SER, décidés sans concertation préalable avec les populations locales dans un pays qui manque de grandes étendues géographiques et dont un tiers de la superficie est composé d’aires protégées (Natura 2000)67, génère de sérieux conflits territoriaux qui retardent et parfois annulent leur construction. La sous-estimation de l’outil européen de « communautés énergétiques » freine par ailleurs la sensibilisation et la participation active des citoyens, qui demeure atone car, dans son rôle autoritaire/

paternaliste, l’État clientéliste a constamment freiné la structuration des mouvements sociaux et privilégié, comme interlocuteurs valables, les groupes adaptés aux échanges de faveurs politiques et corporatistes. Les organisations environnementales, ainsi marginalisées et affaiblies, se transforment aujourd’hui en experts gouvernementaux, sans pouvoir influencer les évolutions en cours afin que la transition énergétique devienne un levier de croissance verte.

NOTES

1.KALAORA Bernard, VLASSOPOULOS Chloé, Environnement, société et politique. Pour une sociologie de l’environnement, Seyssel, éd. Champ Vallon, 2013, p. 136-148.

2. Δημόσια Επιχείρηση Ηλεκτρισμού (ΔΕΗ) [Compagnie publique d’électricité].

3. En particulier, la revue Τεχνικά Χρονικά (Technica chronica) de 1932 à nos jours.

4. Ont été en particulier consultés : l’insert « Oikonomiki » du journal Kathimerini, Oikonomikos Tachidromos, EnergyPress et Energia depuis les années 1970.

5.RENTIER Gerrit, LELIEVELDT Herman, JAN KRAMER Gert, « Varieties of Coal-Fired Power Phase-Out Across Europe », Energy Policy, no 132, 2019, p. 620-632.

6. LYRINTZIS Christos, « Political Parties in the Post-Junta Greece: A Case of “Bureaucratic Clientelism” », West European Politics, vol. 7, no 2, 1984, p. 99-118 ; MOUZELIS Nikos, Κοινοβουλευτισμός και εκβιομηχάνιση στην ημι-περιφέρεια. Ελλάδα, Βαλκάνια, Λατινική Αμερική [Parlementarisme et industrialisation dans la semi-périphérie. Grèce, Balkans, Amérique latine], Athènes, éd. Themelio, 1987 ; SOTIROPOULOS Dimitris, « The Remains of Authoritarianism:

Bureaucracy and Civil Society in Post-Authoritarian Greece », Cahiers d’études sur la Méditerranée orientale et le monde turco-iranien, no 20, 1995, en ligne : https://journals.openedition.org/cemoti/

1674 (consulté en décembre 2020).

7.TSOUKALAS Konstantinos, Κράτος, κοινωνία, εργασία στη μεταπολεμική Ελλάδα [État, société. Travail dans la Grèce de l’après-guerre], Athènes, éd. Themelio, 1986.

8.Έκθεση Ανεξάρτητου Ορκωτού Ελεγκτή Λογιστή Προς τους Μετόχους της εταιρείας Δημόσια ΕπιχείρησηΗλεκτρισμού Α.Ε. [Rapport de l’expert-comptable indépendant aux actionnaires de la société publique d’électricité SA], en ligne : https://www.worldenergynews.gr/index.php?

id=32871 (consulté en novembre 2021).

9.MOUZELIS Nikos, Κοινοβουλευτισμός και βιομηχανοποίηση…, op. cit.

Références

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