Récapitulons …
Augustin, dans sa jeunesse, « aimait aimer ». Mais, l’amour charnel auquel il goûte, s’il lui apporte une satisfaction passagère, plonge néanmoins son être dans la souffrance ; souffrance dans laquelle il se complaît…
A ce stade-ci, on a pu établir un parallèle avec Catulle : deux êtres en proie au paradoxe de la passion amoureuse et deux êtres en souffrance. Catulle mourra jeune et tourmenté.
Augustin, quant à lui, est conscient de son addiction « uinculum fruendi », « conligabar », et cherche à s’en sortir. Aimer, oui ! Mais aimer quoi ? « Quaerebam quid amarem. » Il cherche une réponse…
Dans sa quête, il se tourne vers le manichéisme sans y trouver de réponse. Il lit alors les philosophes grecs. Et, grâce à la lecture de Platon, il prend conscience que la réponse qu’il cherche ne se trouve pas « à l’extérieur de lui », mais qu’il doit chercher une réponse en son for intérieur. Il fait alors un retour sur lui-même, dans un chemin d’introspection.
Un jour, qu’il se sentait encore tiraillé entre les désirs charnels et cette quête d’ordre plus spirituel, un jour qu’il était en proie à un grand tumulte intérieur, Augustin se couche sous un figuier et là, il entend une voix lui dire « Tolle et lege ! », « Prends et lis ! ». Il prend alors la Bible – sa mère Monique était une fervente catholique – et lit un passage au hasard. Or, ce passage exhorte les hommes à se défaire d’une vie de débauche : « Ne vivez pas dans la ripaille et l’ivrognerie, ni dans les plaisirs impudiques du lit, ni dans les querelles et les jalousies ; mais revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ et ne pourvoyez pas à la
concupiscence de la chair. »
C’est le « déclic » pour Augustin ! Il y voit une réponse à ses tourments. Il entame alors un chemin de conversion (conuertere = tourner entièrement), un véritable « retournement intérieur ».
Dans ses Confessions, après avoir avoué ses erreurs de jeunesse, sa vie de débauche, il décrit sa recherche et enfin la conversion qu’il a faite pour se réconcilier avec lui-même.
La version qui suit en reprend les traits principaux de cette conversion.
Fais-en la traduction.
Analyse et justifie les mots en gras, selon la grille d’analyse (page 58)
AUGUSTIN, Confessions Conversion
Ambulabam per tenebras et lubricum et quaerebam te foris a me, et non
inueniebam …(VI, 1)
Et inde admonitus redire ad memet ipsum, intraui in intima mea … Intraui et
uidi qualicumque oculo animae meae … lucem incommutabilem, non
hanc uulgarem et conspicuam omni carni … Non hoc illa erat sed aliud, … erat
superior quia ipsa fecit me. … Qui nouit ueritatem nouit eam et qui nouit eam
nouit aeternitatem ; caritas nouit eam. Ô aeterna ueritas et uera aeternitas et
cara aeternitas, tu es deus meus, tibi suspiro die ac nocte ! (VII, 10)
Augustin d’Hippone, Boticelli, 1480
AUGUSTIN, Confessions Conversion
tenebrae,arum, f.pl. les ténèbres, l’obscurité
lubricum,i, nt. le chemin glissant
te = Deum
foris, adv. à l’extérieur
inde, adv. de là
admonere,eo,monui,monitum rappeler à l’ordre, avertir memet : renforcement de « me »
intima,orum, nt.pl. l’intimité (de l’âme)
qualiscumque, qualecumque, dét. indéf. quel qu’il soit
incommutabilis,is,e immuable
uulgaris,is,e commun, général, ordinaire
conspicuus,a,um visible
caro, carnis, f. la chair (par opposition à l’esprit)
Qui = Is qui
aeternitas,atis, f. l’éternité
caritas,atis, f. l’amour, l’affection, la tendresse ; la
charité (amour de Dieu et du prochain)
carus,a,um cher, aimé, estimé
suspirare,o,aui,atum + dat. souspirer pour