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Formation sur l’appui aux aidants naturels: Préconiser la participation du médecin de famille

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Canadian Family PhysicianLe Médecin de famille canadien Vol 54:  october • octobre 2008

Commentaire

Formation sur l’appui aux aidants naturels

Préconiser la participation du médecin de famille

Mark J. Yaffe

MD CM MClSc CCFP FCFP

Barry J. Jacobs

PsyD

L

es aidants naturels s’occupent de 75 % à 80 % des  aînés  dans  les  pays  industrialisés1,2.  Les  victimes  d’AVC, de la maladie de Parkinson ou d’Alzheimer  ont aussi besoin d’assistance, et les ouvrages portant sur  l’appui aux aidants naturels concernent souvent ceux qui  s’occupent  de  démence3,  reflétant  la  prévalence  grandis- sante  de  ces  maladies  et  le  fardeau  particulier  qu’elles  imposent4.  

L’expression  « aidants  naturels »  risque  de  devenir  synonyme  de  soins  aux  aînés,  mais  leur  rôle  se  pro- longe  toute  la  vie  et  ne  se  limite  pas  aux  personnes  âgées.  Les  progrès  en  médecine,  en  pharmacologie,  en  technologie  et  en  prévention  peuvent  réduire  la  morta- lité  et  prolonger  la  vie.  L’insistance,  depuis  les  années  1970,  sur  de  plus  courts  séjours  à  l’hôpital  et  plus  de  soins en cliniques externes qu’en établissement a trans- formé  progressivement  les  soins  dans  la  communauté  en  soins  par  la  communauté5.  Un  nombre  grandissant  de malades chroniques ou d’handicapés ont besoin d’un  ou  plusieurs  aidants  naturels  sur  les  plans  physique,  émotionnel  et  financier,  dans  les  activités  quotidiennes,  comme  l’entretien  ménager  et  le  transport,  et  pour  les  interventions  médicales,  comme  les  cathéters  urinaires,  l’oxygène, les sondes d’alimentation et les médicaments  par intraveineuse.    

Il y a de plus en plus de soins non gériatriques: chez  les nouveau-nés, en raison du plus haut taux de survie  des prématurés ou de ceux atteints de maladies congéni- tales complexes; chez les adolescents et les jeunes adul- tes,  à  cause  des  progrès  en  traumatologie,  qui  laissent  souvent  les  victimes  dépendantes  de  leur  famille  pour  les  activités  quotidiennes.  À  cause  du  dépistage  pré- coce du cancer et des thérapies avancées en oncologie  médicale  et  chirurgicale,  on  perçoit  maintenant  le  can- cer  comme  une  maladie  chronique.  Les  meilleurs  trai- tements pour la cardiopathie ischémique, la défaillance  cardiaque,  le  diabète,  la  bronchopneumopathie  chro- nique  obstructive  et  l’AVC  alourdissent  la  tâche  des  aidants  naturels,  sans  compter  la  désinstitutionnalisa- tion des patients psychiatriques chroniques ou ayant des  troubles comportementaux.

Connaissances insuffisantes

Le  fardeau  global  des  aidants  naturels  est  un  facteur  de  risque  de  mortalité6  pour  différentes  raisons,  parmi  lesquelles le manque de connaissances et de formation  joue certainement un rôle. 

Les  médecins  ne  semblent  pas  toujours  bien  répon- dre  aux  besoins  des  aidants  naturels,  ce  que  confirme  une  étude  de  Cochrane  sur  les  renseignements  aux  aidants  de  victimes  d’AVC7,  un  sondage  de  l’American  Alzheimer  Association  auprès  d’aidants  s’occupant  de  proches atteints de démence8, une étude canadienne sur  les frêles personnes âgées et leurs aidants9 et un rapport  de  435  omnipraticiens  en  France10.  La  grande  diversité  des  milieux  et  des  maladies  en  cause  met  en  évidence  la  nécessité  que  les  médecins  de  famille  maîtrisent  un  large éventail de connaissances et de compétences pour  répondre  aux  besoins  des  aidants.  Les  besoins  se  res- semblent dans certaines maladies; d’autres exigent des  approches  spéciales  ou  différentes,  selon  l’étape  de  la  trajectoire longitudinale de la maladie. Ces changements  d’approche  doivent  s’adapter  aux  composantes  tempo- relles du rôle de l’aidant, à la longueur de la maladie, à  la durée et à la dynamique des soins, et à l’état clinique  du patient soigné11,12. 

Il  semblerait  nécessaire  et  bénéfique  que  les  facul- tés  de  médecine  enseignent  de  manière  structurée  les  questions  entourant  les  aidants  naturels.  Or,  selon  un  sondage  postal  effectué  par  l’un  des  auteurs  (MJY,  non  publié)  auprès  des  vice-doyens  des  études  médicales  prédoctorales  de  16  facultés  de  médecine  canadien- nes,  seulement  3  des  10  répondants  ont  indiqué  avoir  des  objectifs  éducatifs  écrits  concernant  les  aidants. 

Ces  facultés  n’y  consacrent  qu’un  temps  limité  (0,5  à  2  heures)  et  ont  peu  de  moyens  pour  assurer  que  les  enseignants  agissent  comme  modèles  d’implication  considérable auprès des aidants. La situation s’est peut- être  améliorée  depuis  et  pourrait  ne  pas  être  la  même  dans  d’autres  pays,  mais  ces  résultats  pointent  néan- moins vers la nécessité d’apporter des améliorations.   

Position d’influence

Les  médecins  de  famille  suivent  les  patients  et  leur  famille  sur  une  longue  période  et  occupent  donc  une  position  privilégiée  pour  préconiser  activement  une  meilleure  formation  sur  les  aidants  et  y  participer.  Les  membres  des  départements  de  médecine  familiale  font  de  plus  en  plus  partie  des  comités  sur  les  curriculums  ou agissent en tant que vice-doyens aux études prédoc- torales,  du  perfectionnement  professoral  et  de  la  FMC. 

Dans  ces  contextes,  ils  peuvent  sensibiliser  leurs  col- lègues à l’importance d’enseigner ce sujet, peut-être au  même titre que les étapes de la vie, les relations méde- cins-patients,  l’entrevue,  l’éthique  et  les  sciences  com- portementales, durant des cours, des séminaires ou des  This article is also in English on page 1359.

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Vol 54:  october • octobre 2008 Canadian Family PhysicianLe Médecin de famille canadien

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Commentaire

tournées où la discussion porterait sur les répercussions  des maladies sur le patient aussi bien que sur sa famille. 

Les  stages  cliniques  en  médecine  familiale  se  prêtent  aussi à une telle formation.   

La  concurrence  est  forte  pour  le  temps  d’enseigne- ment au premier cycle, les programmes de résidence en  médecine  familiale  devraient  donc  envisager  d’inclure  les soins aux aidants. Le CMFC, reconnaissant le poten- tiel  des  aidants  naturels  au  cours  de  leur  vie,  pourrait  ajouter  un  énoncé  au  3e  principe  de  la  médecine  fami- liale («Le médecin de famille est une ressource pour une  population  définie  de  patients»),  affirmant  que  les  MF  doivent  acquérir  les  connaissances,  les  attitudes  et  les  habiletés  voulues  pour  bien  soutenir  les  aidants  natu- rels.  Parallèlement,  les  équipes  d’agrément  devraient  examiner  spécifiquement  la  qualité  de  cette  formation. 

L’ajout d’une question précise lors de la visite préalable  à l’agrément (p.ex. «Comment votre programme traite-t- il des questions relatives aux aidants naturels au cours  de  la  vie?»)  pourrait  favoriser  une  révision  interne  du  programme.

Les  précepteurs  en  médecine  familiale  devraient  analyser,  à  partir  de  leurs  rencontres  avec  des  aidants  naturels, ce qu’il faut pour bien préparer les résidents à  ces  interactions  complexes.  Cela  justifierait  l’ajout  d’un  objectif  d’apprentissage  distinct  (au  lieu  de  l’incorpo- rer avec d’autres sujets comme les soins aux aînés).  La  formation  serait  donnée  sous  forme  didactique  et  d’ap- prentissage  expérientiel.  On  devrait  aussi  imposer  aux  programmes de résidence de produire une liste de lectu- res pour les résidents sur le soutien aux aidants.   

Agir

Les  études  sur  les  besoins  non  satisfaits  des  aidants  alimentent  le  contenu  d’un  programme  sur  le  sujet  en  médecine familiale, notamment: changements sociétaux  et en médecine qui favorisent l’accroissement des soins  par les familles; maladie chronique; problèmes des soins  par les aidants à toutes les étapes de la vie; influence sur  la solution de problèmes des croyances familiales en ce  qui a trait à la demande ou à l’acceptation d’aide; théorie  des systèmes familiaux (enchevêtrement et habitudes de  communication); expérience de la maladie par le patient  et  la  famille;  différences  entre  hommes  et  femmes  en  tant qu’aidants; conséquences physiques, émotionnelles,  financières,  familiales  et  professionnelles  des  soins  par  les aidants; symptômes somatiques de la détresse; tech- niques  d’évaluation  du  fardeau  de  l’aidant;  rôles,  inter- actions,  forces  et  faiblesses  des  professionnels  de  la  santé  qui  travaillent  avec  les  aidants;  obstacles  posés  par  les  interactions  tripartites  patient-aidant-médecin 

(p. ex. confidentialité). Le «théâtre médical» se prête bien  à la présentation et à la discussion de ces sujets13.  

En  adoptant  des  objectifs  d’apprentissage  rigoureux,  on  oblige  les  résidents  à  faire  preuve  de  compétence. 

On  peut  évaluer  ces  compétences  par  la  supervision  directe et par l’administration d’examens écrits et prati- ques  (simulations  d’entrevue).  Une  formation  prédocto- rale et postdoctorale plus approfondie relativement aux  aidants naturels ouvre la voie de la recherche. D’autres  études  permettront  de  savoir  si  une  meilleure  forma- tion  des  médecins  accroît  la  satisfaction  des  aidants  et  leur  capacité  de  faire  face  à  la  situation,  et  réduit  les  taux  d’épuisement  et  de  mortalité  chez  les  aidants.  Il  y  a du chemin à faire, mais la médecine familiale peut et  devrait être en tête de file. 

Dr Yaffe est professeur agrégé de médecine familiale à l’Université McGill et au  Centre hospitalier St Mary’s à Montréal, au Québec. M. Jacobs est directeur des  Sciences comportementales au Programme de résidence en médecine familiale  Crozer-Keystone à Springfield, en Pennsylvanie.

Intérêts concurrents Aucun déclaré correspondance

Dr Mark J. Yaffe, Centre hospitalier St Mary’s, Université McGill,  3830,   avenue Lacombe, Montréal, QC H3T 1M5; téléphone 514 734-2676;  

courriel mark.yaffe@mcgill.ca références

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Références

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