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La religion des <i>Vici</i> : présentation

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Academic year: 2021

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Submitted on 5 Jan 2020

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La religion des Vici : présentation

John Scheid

To cite this version:

John Scheid. La religion des Vici : présentation. Gallia - Archéologie de la France antique, CNRS

Éditions, 2011, 68 (2), pp.249-251. �hal-01930859�

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© CNRS ÉDITIONS, Paris, 2011 Gallia, 68-2, 2011, p. 249-251

* Professeur au Collège de France, 11 place Marcelin-Berthelot, F-75005 Paris. Courriel : john.scheid@college-de-france.fr

L a reLigion des V ici : présentation

John s cheid

*

Les lieux de culte publics des cités romaines de Gaule qui sont situés sur le territoire, in agro, sont généralement défavorisés par la documentation, car ils sont peu fouillés ou même connus. Il n’est pas rare non plus qu’ils soient en outre mal compris sous l’influence de contresens ins- titutionnels et de théories anachroniques s’inspirant des nationalismes et indigénismes du monde contemporain. La publication de trois études précises de textes et d’images relatives à des cultes officiels provenant de vici est donc à saluer d’autant plus qu’il s’agit dans un cas de textes et de monuments inédits, dans les autres de la première publica- tion scientifique de ces documents, généralement difficiles car très lacunaires.

Avec les vici, nous ne quittons pas le centre politique et administratif des cités. Un vicus, il ne faut pas l’oublier, est une « portion d’espace urbanisée, détachée topographi- quement, mais non structurellement de l’agglomération centrale », pour citer P. Le Roux 1. Le vicus est une structure primaire, et nullement secondaire, de la vie institutionnelle des cités, et les lieux de culte collectifs qui y sont installés reflètent évidemment les intentions de la cité, même si elles sont relayées par les vicani, qui constituent sur place l’auto- rité officielle.

Les exemples que ces études rassemblent sont de natures diverses. À Vendœuvres-en-Brenne, les inscriptions et bas- reliefs examinés constituent les seuls témoignages de l’exis- tence de ce vicus et de son temple situé sur le territoire de la cité des Bituriges Cubes, dont aucune trace archéologique exploitable n’a été identifiée. Les documents provenant du sanctuaire des Tours Mirandes, dans la cité des Pictons, s’insèrent en revanche dans un ensemble archéologique connu. Enfin, les nouvelles inscriptions du vicus Riccius ou 1. Le Roux, 1992-1993, p. 156 ; également Le Roux, 1998, p. 44 sq.

Ce statut est confirmé par l’organisation religieuse spécifique des vici, Van Andringa, 2002, p. 246 sq. qui rejoint des conclusions déjà avancées dans Scheid, 1991, p. 42-57.

Ricciacus (Dalheim), dans la colonie Auguste des Trévires, apportent un éclairage nouveau sur les lieux de culte de cette agglomération fouillée depuis longtemps, et des infor- mations spectaculaires sur le front rhénan et les difficultés qu’il connaissait à l’époque de Gallien. Donc des contextes archéologiques divers, des régions différentes de la Gaule, et aussi une colonie latine d’un côté, des cités pérégrines de l’autre. Néanmoins, les études prouvent qu’à l’époque impériale, les cités et leurs vici se comportaient de la même manière. Malgré les différences de leurs « panthéons » respectifs, ce qui correspond à la nature des religions antiques, les cités et les vici concernés sont impliqués dans les mêmes activités et cultes qu’en Italie ou ailleurs dans le monde romain, avec des mutations que les sites récemment explorés peuvent mettre au jour. Ainsi le principal temple du vicus de Dalheim témoigne-t-il d’une présence de mili- taires au milieu de la crise du iiie s., non seulement par les divinités invoquées mais encore par le type de restes révélés par les fosses à offrandes découvertes près du plus grand temple.

Les documents étudiés s’étendent de l’époque julio- claudienne au iiie s. apr. J.-C. et montrent que pendant toute cette période, et dès le début de l’époque impériale, les cités organisent, monumentalisent et entretiennent un cercle de grands sanctuaires autour du chef-lieu, en des points choisis du territoire. Les divinités honorées dans ces sanctuaires appartiennent toujours aux panthéons poliades – comme Apollon aux Tours Mirandes et à Vendœuvres-en-Brenne, Jupiter et Minerve à Dalheim – et présentent des traits très

« romains ». Dans chaque cas, nous voyons la collectivité des vicani ou la cité par l’intermédiaire de ses élites intervenir pour construire, reconstruire ou amplifier l’équipement architectural du lieu, dans un cas même en association avec des militaires appelés à réparer les destructions causées par des incursions barbares. À Vendœuvres-en-Brenne, les monuments figurés associent à Apollon la divinité gauloise

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de Cernunnos, témoignant ainsi de l’intégration des figures divines traditionnelles dans les représentations monumen- tales et religieuses des Bituriges.

Ces documents illustrent ainsi de façon éclatante les formes prises sous l’Empire par les religions des cités de Gaule. Ils le font d’autant mieux que les sites concernés appartiennent au territoire des cités, mais sont particu- liers dans la mesure où ils attestent monumentalement la présence, sur ce territoire des cités, de leurs magistrats et élites ou de leurs remplaçants locaux. Nous constatons que les vicani et les magistrats ou grands personnages de ces cités, dans le cadre de leurs responsabilités politiques ou par évergétisme, équipent les lieux de culte de monuments qui

sont souvent les mêmes : des théâtres, des thermes ou lieux de réunion couverts et chauffés, autant de bâtiments qui traduisent à côté des temples la destination publique de ces équipements. À l’exception du Cernunnos de Vendœuvres- en-Brenne, qui permet d’engager une réflexion sur les correspondances entre grandes divinités poliades d’époque romaine et divinités gauloises, tous ces documents figurés et inscrits ne nous apprennent malheureusement rien sur l’organisation religieuse du territoire des cités concernées avant la conquête romaine. Ils permettent toutefois aux savants qui veulent élucider cette question difficile de partir de sources d’époque romaine qui sont correctement publiées et interprétées, ce qui n’est pas un bénéfice négligeable.

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