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ANNEXE I.
La convivialité selon Ivan ILLICH.
Nous avons trouvé dans la littérature, sous la rubrique de l’écologie politique, des références à une « convivialité », développée dans un sens différent et parallèle au concept de convivialité que nous avons entrepris de développer dans notre thèse. Il s’agit des écrits de Ivan Illich, penseur de l’écologie politique et figure symbolique de la critique de la société industrielle contemporaine.
Ivan Illich est né à Vienne en Autriche, le 4 septembre 1926 et décédé à Brême en Allemagne le 2 décembre 2002.
« Il travailla à créer des pistes vers d’autres possibilités, qui s’expriment selon lui par un retour à des outils conviviaux, qu’il opposent aux machines. L’outil accepte plusieurs utilisations, parfois détournés du sens original, et donc l’expression libre de celui qui l’utilise. Avec une machine l’homme devient serviteur, son rôle se limitant à faire fonctionner une machine construite dans un but précis.
On peut avoir une idée de la convivialité chez Illich avec la relation autonomie et hétéronomie reliée aux valeurs d’usage et d’échange marxiennes et à l’idée d’union-au- monde d’Erich Fromm.
On peut le considérer, avec son ami Jacques Ellul, comme l’un des principaux inspirateurs des concepts d’ « après-développement » (diffusé notamment par des auteurs qui ont travaillé avec Illich, tels Majid Rahnema ou Gustave Esteva), de « simplicité volontaire » et plus récemment de « décroissance soutenable ».
Dans le livre River north of the future : the testament of Yvan Illich as told to David Caryley, Illich relate dans des entretiens oraux une vision particulière de l’histoire. Pour lui, les institutions d’aujourd’hui qui se veulent universelles et établissent un monopole radical sont héritées du catholicisme.
A propos notamment de l’école : « Chaque peuple eut ses danses de la pluie et ses rites d’initiations, mais jamais un rituel qui clamait sa validité universelle, une procédure se présentant elle-même comme destination inévitable pour tout le monde, dans tous les pays. » L’école est devenue selon Illich une religion universelle, et en tant que telle, témoigne de son héritage de la première institution qui déclarait ses services et ses ministères comme l’unique voie vers le salut : l’Eglise catholique romaine.
Pour Illich, selon l’adage coruptio optimi quae est pessima (« la corruption du meilleur devient le pire »), le monde moderne n’est ni l’accomplissement du christianisme ni sa négation, mais plutôt sa perversion. Les nouvelles libertés que Jésus nous a apportées ont rendu possibles de nouveaux excès. En libérant l’homme des anciennes traditions et des coutumes ethniques (liberté manifestée selon Illich dans la parabole du samaritain, qui transgresse les clivages) pour aider et donc choisir son prochain, l’homme perd également les garde-fous que ceux-ci pouvaient représenter. » (1)
C’est apparemment une coïncidence que deux approches aussi éloignées d’un concept de convivialité aient adopté la même désignation conceptuelle.
(1) : http://fr.wikipedia.org/Wiki/Ivan_Illich
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ANNEXE 2.
Un exemple de « pauvreté conviviale »
(1)au niveau d’un village rural d’environ 300 personnes, fut sélectionné dans le cadre d’un séminaire dirigé par Anne-Marie Vuillemenot, sous la direction du « Soco 051 relatif aux aspects socio-culturels du développement » de Madame F. Nahavandi.
(2)Le choix du sujet de ce séminaire devait être aussi concret et actif que possible. Nous avons porté notre choix sur l’observation d’un groupe d’habitants d’un village dépourvu de richesses naturelles autres que les rochers des collines avoisinantes et l’eau de pluie récoltée. Les hommes s’y spécialisent depuis des générations dans la taille des pierres et les femmes dans le lavage du linge de la ville voisine.
La définition de « pauvreté conviviale » chère au poète iranien Jalâluddîn Mowlânârûmi dit « Roumi » nous a paru bien convenir à ce village.
Le travail fut orienté à partir d’un questionnaire adapté et suite à des interviews auprès d’une douzaine d’habitants du village de Malveira da Serra, à une vingtaine de kilomètres de Lisbonne.
En conclusion de notre recherche, nous avons pu constater, puis confirmer et conclure qu’un équilibre apparemment stable et convivial, selon les critères développés dans notre thèse à propos d’un niveau de société d’environ 300 personnes, pouvait se vérifier.
Conclusions de cette recherche de pauvreté conviviale :
L’équilibre actuel constaté dans le village de Malveira da Serra se situe à notre avis, en dessous des normes européennes, mais nettement au-dessus de la moyenne mondiale.
Il nous paraît « raisonnable » et bien vécu, depuis les grandes améliorations récentes et ce par comparaison avec la pauvreté conviviale des espaces vernaculaires cités par J.
Rahmena. Le grand problème actuel semble être de rester raisonnable, sans sombrer dans les faubourgs inhumains à la française, ni dans la recherche statique d’hyper- sécurité sociale destructrice d’emplois comme on peut le constater en Belgique.
Un danger supplémentaire pour le Portugal est le grand déplacement relatif de toute la population, vers la côte, avec désertification de l’intérieur ; ou un excès de tourisme, encouragé par la qualité de vie souriante récemment améliorée conquise après mille ans d’efforts !
Il faut peut-être remarquer à ce propos que le Portugal, sans tradition industrielle et sans tradition démocratique, est aujourd’hui dans un moment « heureux ».
a. Il est « à jour » quant à la société post-industrielle des services délocalisés (petites usines dans la campagne-information accélérée-télécommunications au point depuis peu)
b. Il est dans la pente ascendante des sociétés, anciennement à tradition autocratique, et récemment démocratisées (trente ans à peine) : nous citerons par exemple :
- un intérêt encore vif pour la politique et la vie sociale
- une fierté nationale conservée et le rejet momentané des sous-
régionalisations partisanes, proposées par certains partis et rejetées par un
vote récent.
355 c. Les nouveaux « maux » de la société post-industrielle arrivent (corruption, drogue,
violence) mais paraissent encore sous contrôle des autorités locales et nationales.
d. Toutes ces conditions ne correspondent pas aux traditions des anciens marchands d’esclaves et pilleurs de colonies portugais ! Elles n’ont rien de définitif et pourraient basculer au prochain déséquilibre général de l’Occident actuel.
Cependant, le rattachement renforcé à la nouvelle Union Européenne avec liens privilégiés avec les 77 du groupe des ACP, renouvelé à Cotonou, sont certainement des facteurs de progrès pour ce petit pays à l’extrême ouest de l’Europe, car le Portugal reste très proche de son ancien « empire » qui parle toujours sa langue et qui lui appartint durant 400 ans !
Mais aujourd’hui le Portugal vit en paix et en sécurité et a tourné la page de ses colonies avec les guerres et leurs multiples privations et souffrances pour les jeunes hommes en particulier.
(1) « Pauvretés conviviales » dans Pauvretés de Majio RAHMENA, chap. 8 , pp. 1 à 36 (2) Séminaire n° SOCO 051 de la faculté de sociologie, ULB, Bruxelles , 2000
