HAL Id: jpa-00231271
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Submitted on 1 Jan 1976
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Turbulence développée : intermittence et modèle n = - 2 des phénomènes critiques
M. Papoular
To cite this version:
M. Papoular. Turbulence développée : intermittence et modèle n = - 2 des phénomènes critiques.
Journal de Physique Lettres, Edp sciences, 1976, 37 (7-8), pp.191-192. �10.1051/jphyslet:01976003707-
8019100�. �jpa-00231271�
L-191
TURBULENCE DÉVELOPPÉE : INTERMITTENCE ET MODÈLE
n = -
2 DES PHÉNOMÈNES CRITIQUES
M. PAPOULAR
C.N.R.S.,
Centre de Recherches sur les très bassestempératures, B.P. 166,
38042 GrenobleCedex,
France(Re.Cu
le 12 avril1976,
revise le 27 avril1976, accepte
le 10 mai1976)
Résumé. 2014 On remarque que les exposants caractéristiques de la turbulence développée résultent
du modèle n = 2014 2 avec forces à longue distance de portée appropriée. Les implications de cette correspondance sont brièvement discutées.
Abstract. 2014 It is shown that the exponents for fully developed turbulence are given
by
the n = 2014 2model for critical phenomena, with appropriate long range forces. This correspondence is briefly
discussed.
LE JOURNAL DE PHYSIQUE - LETTRES TOME 37, JUILLET-AOI1T 1976,
Classification
Physics Abstracts
1.650 - 6.315 - 7.480
La
description
de la turbulencedeveloppee
commephenomene critique
avec exposantscaracteristiques
fait
probleme
dans la mesure ou ledegre
d’univer-salite de ces exposants n’est pas encore fermement etabli
experimentalement,
et surtout dans la mesureou cette
description
met encorrespondance
un etatfortement hors
d’equilibre
et desgrandeurs genera-
lement définies a
1’equilibre thermodynamique. Ici,
nous laissons d’emblee ce
probleme
decote,
et nous partons de ladescription
de Nelkin[1] qui relie,
par l’intermédiaire d’une loi d’echelle de typeJosephson, 1’exposant ~ caracteristique
de l’intermittence de ladissipation,
aux exposants ilet v
de la fonction de correlation(la
vorticité n = V x vjouant
le role deparametre d’ordre).
1. Dans Ie modele de
Nelkin,
ou la viscosite /.joue
le role de(T - 7~),
la fonction d’autocorrelation devorticite ~ ~(r) ~(0) ) (variant
en r-(2-I1) enregime inertiel)
et lalongueur
de correlation 1(echelle
internede
turbulence, proportionnelle
a/~),
ont pour expo- sants :~
est unepetite
correction(voir plus loin).
Dans lamesure ou
7~ correspond
A A =0,
seule laphase
haute
temperature
a un sens ici. Noter aussi que leregime
inertiel : r >I,
ou la viscosite nejoue
pas, est1’analogue
du domainecritique
des transitions dephase,
ou lalongueur
de correlation n’intervient pas.Bien
entendu,
toutetransposition : phenomene
cri-tique-turbulence, implique
unetransposition :
lon-gueur r-vecteurs d’onde q,
puisque (en
turbulencetridimensionnelle)
la cascaded’energie
descend versles
petites longueurs.
La loi d’echelle de Fisher : y =(2 - q) v est
bien verifiee pour7=1 (2)
en accord avec Navier-Stokes
qui
veut que :Q2_~-1.
Supposant,
pour les fluctuations dedissipation (inter- mittence)
unelongueur
de correlationidentique
al,
Nelkinobtient,
entre les exposants cx et J1 de 1’auto- correlation dedissipation ( S~2(r) S~2(0) ~ (~
r - JL enregime inertiel,
~ ~, ~a enregime dissipatif),
deuxnouvelles lois d’echelle
qui representent
en fait latransposition
des relations de Fisher et deJosephson :
Noter que, dans la deuxieme de ces
relations,
a est affecté dusigne
+. Cela tient d’abord a la definition de a : exposant de la chaleurspécifique
dans un cas,d’une fonction de correlation d’ordre
superieur
dansl’autre ;
il n’est pas aised’identifier,
pour la turbu-lence,
unegrandeur analogue
a1’energie
libre(voir
reserves
evoquees
au debut del’ article). Ensuite,
latransposition
r ~ q affecte la dimensionalite d’es-pace d
en tant queparametre : ainsi,
leregime
cri-tique
non trivialcorrespond
maintenant à d> d~ [1].
Pour d
dc (mais d
2exclu),
on obtient leregime
de
champ
moyenavec = 0, donc 11 = i et v = 4 (exposants
deKolmogorov)
et J.1 = a = 0(pas
d’in-termittence : turbulence
homogene).
La dimensio-nalite
caracteristique
s’obtient apartir
de la loi deJosephson (éq. (3b)) : d~ = 3 [ 1 ] .
Experimentalement [2],
on a, a 3 dimensions :~(3) ~ 0,5
et 0((3) 0,1. Ainsi,
la renormali- sation due aux fluctuations dedissipation
affectesurtout le spectre de
dissipation.
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphyslet:01976003707-8019100
L-192 JOURNAL DE PHYSIQUE - LETTRES
2.
L’objet
de cette note estprincipalement
defaire remarquer que tous ces resultats deriveraient formellement du modele n = - 2 de Balian et
Toulouse
[3],
avec interactions delongue portee
en r-(d+u) etou
~(3) 0,1
et~(d i)
= 0. Dans la theorie desphenomencs critiques, n
est le nombre de compo- santes duparametre
d’ordre dont on etudie les fluc- tuationscritiques. n
= - 2correspond
evidemmenta une continuation
analytique
apartir
de valeursentieres
positives.
Le modele n = - 2 estapparente,
mais non
equivalent
au modelegaussien.
Les interac-tions de
longue portee
introduisent dans1’&nergie
libreF(q)
un terme enq.
Ce terme estpertinent
pour ~ 2 : il de6nit un nouveaupoint
fixe et de nouveaux expo- santscaracteristiques.
Le raccordement avec le casdes
forees
de courteportee
se fait pour 6 = 2.D’une part, on retrouve ici les valeurs
gaussiennes
des exposants Y, 11 et v, comme pour n = - 2 :
y = 1 , ~ = 2 - (7, v-6_~ (5) (a
est laisse de cote pour les raisonsevoquees plus haut).
Dans le modèle n = -2,
ces exposants ont meme valeur au-dedans et au-dehors de laregion critique.
Celle-ci est definie comme l’intervalle AT(ici 4~,)
ou tous les exposants prennent leur valeurasymptotique. Experimentalement
enturbulence,
ilsse
distinguent mal,
en raison de lapetitesse dc ~
des exposants deKolmogorov.
D’autre part, et surtout, il y a bien par contre,
comme pour n = -
2,
une renormalisation des exposantscaracteristiques
des correlations d’ordresupérieur [3],
enparticulier
pourQ2(r) ~2~(0) )> qui represente
ici le spectre dedissipation :
la valeurcritique
de1’exposant
1-t(,u
=0,5
à d =3)
se dis-tingue
bien de sa valeur enchamp
moyen(~
=0),
et aussi de sa valeur hors de la
region critique (c’est-a-
dire pour les nombres de
Reynolds
les moinseleves) :
celle-ci n’est pas clairement estimee dans la littera- ture ; elle est voisine de
zero,
sinon nulle.3. Comme 1’a montre Toulouse
[3, 4],
la condensa- tion de Bose-Einstein idéale apression
constantefournit une illustration du modele n = - 2. Alors y a-t-il une
correspondance
directe entre turbulencedeveloppee
et condensation de Bose ?L’analogie
estpeut-etre
a rechercherplutot
entre les effets des contraintesimposees
aux deuxsystèmes : pression
constante pour la
condensation,
condition d’incom-pressibilite
pour laturbulence,
ces contraintes entrai- nant descaracteristiques d’homogeneite spatiale [4]
qui
relevent du modèle n= - 2,
avec 6= ~ 2013 (Cd)
pour la turbulence.
La
longue portee
des interactions dans n = - 2correspond, partiellement,
a lalongue portee
deschamps hydrodynamiques (backflow) ,
compte tenu de la conditiond’incompressibilitc.
Dansl’equation
de
Navier-Stokes,
le terme enVp
tend ahomogeneiser
la turbulence
mais, pour d
>-i,
il serait contrecarre par les non-linearites convectives en(v.V)v [1].
D’ou les effets d’intermittence avec exposants fonc- tions
de d,
et dans lacorrespondance
avec n= - 2,
un exposant cr
egalement
fonction de d.Cette
dependance
en d souleve laquestion
de ladifference entre exposants en
champ
moyen(d 3 :
:Kolmogorov, ~
=0, ~
=0;
et o- =34)
et exposantsclassiques (au
sens : d >3 a,
mais hors de laregion critique).
II serait tres utile d’affiner les mesures a d = 3 pour determiner si les valeursclassiques
des exposants 11 et v(c’est
surtout 11qui
a faitl’objet
dela litterature
experimentale)
coincident avec leurs valeurs enchamp
moyen ou au contraire avec leurs valeurscritiques.
C’est seulement dans le deuxiemecas que
l’isomorphisme
avec le modele n = - 2 s’avererait vraiment interessant. Dememe,
la valeurclassique de J1
est-elle seulement voisine dezero,
oustrictement nulle comme en
champ moyen ?
Bienentendu,
la determination de lalargeur
de laregion critique
elle-meme(a
travers la variation deJ1)
consti-tuerait aussi un
objectif important.
4. Dans la
description statistique
moderne de la turbulencedeveloppee (voir
ref.[2]), 1’exposant p
gouverne la variance du
logarithme
de ladissipation :
(distribution
ditelog-normale ;
L est 1’echelle externede turbulence et r >
l).
Cette relation lineaire entre ,uet
61 Er
couvre un treslarge
domaine delongueurs
d’onde
[2].
II serait interessant derechercher,
pour lesphenomenes critiques
engeneral
et n = - 2 en par-ticulier,
des relationsequivalentes
entre fonctions de correlation d’ordresuperieur
et distributions de variables aleatoires. Dans cetteoptique,
la demarche aadopter
devrait certainements’inspirer
des ideesde Jona-Lasinio
[5]
sur uneapproche probabiliste
du groupe de renormalisation.
Je tiens a remercier G. Toulouse pour une discus- sion des remarques
presentees
ici.Bibliographie
[1] NELKIN, M., Phys. Rev. A (1975) 1737.
[2] GIBSON, C. H. et MASIELLO, P. J., Statistical Models and Tur-
bulence, éd. M. Rosenblatt et C. Van Atta (Springer) 1972, p. 427.
[3] BALIAN, R. et TOULOUSE, G., Ann. Phys. 83 (1974) 28; Phys.
Rev. Lett. 30 (1973) 544; v. aussi
TOULOUSE, G. et PFEUTY, P., Introduction au Groupe de Renor- malisation et à ses Applications (Presses Universitaires de Grenoble) 1975.
[4] LACOUR-GAYET, P. et TOULOUSE, G., J. Physique 35 (1974) 425.
[5] JONA-LASINIO, G., Nuovo Cimento B 26 (1975) 99 (Commu- nication privée de TOULOUSE, G.).