A NNALES DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE T OULOUSE
H ENRI L EBESGUE
Exposé géométrique d’un mémoire de Cayley sur les polygones de Poncelet
Annales de la faculté des sciences de Toulouse 3
esérie, tome 13 (1921), p. 61-91
<http://www.numdam.org/item?id=AFST_1921_3_13__61_0>
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EXPOSÉ GÉOMÉTRIQUE D’UN MÉMOIRE DE CAYLEY
SUR LES POLYGONES DE PONCELET
Par HENRI LEBESGUE.
On doit à
Cayley (’)
l’un des mémoires lesplus élégants
et lesplus pénétrants qui
aient été écrits sur lespolygones
de Poncelet. Ce travail estcependant
assez peu.
connu en
France; peut-être
parce que l’Auteur y faitappel
incidemment à la théorie desintégrales abéliennes,
tandisqu’en
France onpréfère
voir traiter cesquestions algébriquement; peut-être
à cause de sa rédactionanalytique
très condensée.Je me suis
proposé
d’en faire unexposé qui
soit à laportée
des bons élèves demathématiques spéciales
et, pour le rendreplus intuitif, je
lui ai donné une forme entièrementgéométrique.
La traductiongéométrique
des résultats deCayley
estd’ailleurs
immédiate,
maisj’ai tenu
aussi àlégitimer géométriquement
ces résul-tats. Cela m’a conduit à écrire un
long
travailremplaçant simplement quatre
pages deCayley;
mon but est d’ailleurs d’inciter ceuxqui
s’intéressent à lagéométrie
àli re
complètement
et àtravailler
sérieusement le mémoire deCayley.
On ne trouvera presque rien ici
qui
ne soit connu;peut-être puis-je cependant
faire remarquer que, dans toutes les
questions
où interviennent des courbes de genre un,l’emploi
du théorème d’Abel comme moyen d’éliminationpeut toujours
être rein-placé,
commeje
le faisici,
parl’emploi
de la théoriealgébrique
de la résiduation deSylvester. J’appelle
aussi l’attention sur la méthode quej’ai employée
pour démon- trer le théorème de Poncelet. Leprincipe
en est dû au D Hart ; elleprésente,
encommun avec d’autres travaux du même
Auteur, l’avantage
de fournir des cons-tructions linéaires pour des éléments
qui
sont déterminés sansambiguïté.
Beaucoup
des travaux sur lespolygones
de Poncelet fontappel
à des considéra- tions de continuité pour ladistinction,
sonventimprécise,
entre lestangentes qu’il
faut mener pour aboutir à un
polygone
de Poncelet et cellesqui
n’en donnent pas(’)
Philosophical Transactionsof
the Royal Society of London, I86I. Voir aussi PhilosophicalMagazine,
t853.62
un. Toutes ces difficultés
disparaissent
par la méthode quej’ai adoptée.
Elle m’apermis
dedistinguer
avecplus
de nettetéqu’on
ne le fait d’habitude ceux despolygones
inscrits dans uneconique
h d’un faisceauponctuel,
et dont les côtéssont
tangents
à d’autresconiques Ci
dufaisceau, auxquels s’appliquent
le théorème de Poncelet et ceuxauxquels
il nes’applique
pas. Je les aiappelés respectivement
les
polygones
circon.scrits auxconiques Ci
et lespolygones ,tangents
auxconiques Ci .
I
[Z ]
Lemme. - Considérons nrzfaisceau ponctuel
F deconiques
et soit 0393 uneconique
de ce
faisceau.
Il existe desquadrangles
dont lesquatre
sommetsA, B, C,
D sont sur r et dont les troiscouples
de côtésopposés AB, CD; AC, RD;
;AD,
BC sontrespective-
ment
tangents
cc troisconiques
dufaisceau
F . Les sixpoints
de contact de ces troisconiques
et des six côtés sont sur une droite ~ .Le
quadrangle
est déterminéquand
on connaît deux côtés et lespoints
de contactcorrespondants.
,Donnons-nous d’abord deux côtés consécutifs AB et AC. Il y a deux
coniques de
F
tangentes
àAB ;
soit(I; qelle qui
esttangente
à AB aupoint
de contact Mqui
nousest donné. Soit
(II)
laconique
de l~’tangente
à AC aupoint
de contact P choisi. Ladroite ~1 est la droite MP. à coupe
(I)
en M et en un autrepoint N ; je
dis que la tan-gente
à(I)
en N passe par C .FIG. I. ..
Soit, en
effet, ~
le faisceauponctuel
deconiques
déterminé par(I)
et laconique
constituée par les droites AB et CN. F et 03A6 déterminent sur AC les mêmes
couples
de
points,
car tous deux donnent lecouple A,
C et laconique (1)
est commune auxdeux faisceaux.
Or,
dansF,
se trouve laconique (II) qui
coupe AC en deuxpoints
confondus en
P,
donc il existe dans ~ uneconique qui
coupe AC en deuxpoints
confondus en P. Et comme cette
conique,
comme toutes lesconiques de 1>,
passe par N et esttangente
à AB enM,
elle se réduit à la droite Aprise
double. Donc toutes lesconiques
de~,
et enparticulier
laconique (I),
sonttangentes
en N à CN .On voit de même que, si
Q
est le secondpoint
de rencontre de(Il)
et de~,
latangente
à(II)
enQ
passe par B et par le secondpoint
de rencontre D de r et de CN .Maintenant,
remarquons que les deux faisceaux F et 03A6 déterminent sur AD les mêmescouples
depoints, puisqu’ils
déterminent tous deux lecouple A,
D etque
laconique (1)
est commune aux deux faisceaux.Donc,
l’intersection R de A et de AD est lepoint
de contact de AD et d’uneconique
deF,
laconique (III).
En vertu desrésultats
précédents,
cetteconique (III)
est aussitangente
à BC aupoint
de rencontreS de BC et.de A.
,,
Supposons
maintenant que l’on nous ait donné les côtésopposés AB,
CDtangents
en M et N -à une
conique (I)
du faisceau F. Le raisonnement fait en dernier lieu prouve que R est lepoint
de contact de AD et d’uneconique
de F.Donc,
onpeut
. considérer le
quadrangle
comme déterminé par les côtés consécutifsAB,
AD et lespoints
de contact M etR;
nous sommes ramenés au casprécédent.
[2] Polygones
circonscrits etpolygones tangents.
- Letriangle
ABC du raison-nement
précédent
est untriangle quelconque
inscrit dans h; il vient donc d’êtreprouvé
que si une droite A coupe les côtés AB et AC de cetriangle
en deuxpoints
M et P de contact de ces côtés avec deux
coniques
deF,
elle coupe aussi le troisième côté BC en unpoint
S de contact avec uneconique
de F. . Les sixpoints
decontact,
avec des
coniques
deF,
des côtéstriangle
inscrit dans r sont situés trois à~ troissur
quatre,
droites.Si donc un
triangle
ABC est inscrit dans F et si ses côtés sonttangents respecti-
vement à trois
coniques ri, r2, r3
deF,
deux caspeuvent se_présenter :
ou bien lestrois
points
de contact sont enligne droite,
nous dirons alors que letriangle
est tan-gent
àr,, T~, I’~,
, ou bien la droite ~joignant
les deuxpoints
de contact M et Psitués sur AB et AC coupe BC au
point
Sconjugué harmonique,
parrapport
àBC,
du
point
de contact S’ considéré. Dans ce cas les droitesCl, BP,
AS’ concourent.Nous dirons alors
que le triangle
est circonscrit àr, h,, T;z .
.D’une
façon plus générale,
soit ABCD ... KL unpolygone
inscrit dans 1’ et dont les côtés successifs sonttangents
à desconiques r, , r2,
...h~z
du faisceau F. Soit(AC)
celle desconiques
de F telle que ABC soit circonscrit àh,, r2, (AC).
Soit(AD)
celle des
coniques
de F telle que ACD soit circonscrit à(AC), (AD).
Et ainsi desuite. Suivant que AKL est
tangent
à(AK), h?z_,, r n
ou leur estcirconscrit,
nous dirons que ABCD ... KL esttangent
ou circonscrit àri,
, ... ..La distinction entre ces deux cas se fait facilement par des relations
analogues à
celles de Menelaüs et de Jean deCeva,
cequi
montre d’ailleurs que cette distinction .ne
dépend
pas dit choix du sommet Aqui
nous aservi(’).
[3]
Théorème de Poncelet. -Étant
données desconiques
I’,I’, ,
...faisant partie
d’un mêmefaisceau ponctuel,
s’il existe unpolygone
inscrit dans 0393 et circonscrit à1’, 03932
,... f’",
, il en existe uneinfinité
Pour déterminer un cle ces
polygones,
onpeut
se donner arbitrairement :I ° dans
lequel
lés Côtéssuccessifs
seronttangents
àh, , h, .... 0393n
; soitI", , I"~ ,
...I ""
.2° Celle des
tangentes
ÀI", qui portera
Ull côté dupolygone;
3° Celui des deux
points
de rencontre de cettetangente
et de f’ parlequel
passera le côté dupolygone tangent
à1"w .
_Cas du
triangle.
- Soit ABC nntriangle
inscrit dans I’ et circonscrit auxconiques h,, I’,,
soient x,;~, ~
lespoints
de contact situésrespectivement
surBC, CA.,
AB.Soit B’C’ une autre
tangente
àI’~ ;
B’ et C’ sont sur h et nous voulonsqu’ils jouent respectivement
les rôles de B et C ; soit a’ lepoint
de contact de B’C’ et deh1.
FIG. 2.
BCB’C’ est un
quadrangle auquel s’applique
notre lemme. La droite 3 est ici Elle rencontre BB’ en b, CC’ en c etil y
a uneconique S
de Fqui
esttangente
à BB’en b et à CC’ en c.
(t)
SiA, ,
A~ , ... An sont les sommets d’unpolygone
de n côtés inscrits dans l’ et si A A est tangent àri
aupoint
ai, on aura IlAiai
=+ I, si le polygone est circonscrit
~ ’ ~ ’
ai
’
aux coniques
ri,
et It - - I , s’il leur est tangent.’
Construisons maintenant le
quadrangle
inscrit dans F et déterminé parCA,
CC’et les
points
decontact
et c. Soit A’ lequatrième
sommet de cequadrangle,
soient~’
et a lespoints
de rencontrede yc
avec C’A’ etAA’. [1’
estpoint
de a estpoint
de S.
’
La
figure
BB’AA’ est unquadrangle
inscrit dans I’, pourlequel
la droite A est la droite ab. Cette droite rencontre AB et A’B’ en deuxpoints
,~1 ety’ appartenant
à unemême
conique
r de F. Je dis quecette conique
estFg,
c’est-à-dire que y, est lepoint
,j et non pas leconjugué harmonique
de ,, parrapport
à AB ’Les droitesAA’, BB’, CC’,
étanttangentes
àS,
ne sont pas concourantes, donc lestriangles
ABC et abcd’une
part, A’B’C’,
abc d’autrepart
ne sont pashomologiques.
Lespoints a, (3,
~,, d’unepart; ,,’,
d’autrepart,
ne sont donc pas enligne
droite. ABC et A’B’C’sont circonscrits à
1",, hn
etI1~.
Parsuite
est en y et letriangle
A’B’C’ est circons-crit aux
coniques l’,, ~’.,, r., .
-Le cas du
triangle
est entièrementtraité;
car,changer l’ordre de h~, l’,, I’3
enconservant
le côté B’C’tangent
à1~,,
reviendrait à intervertir les rôles despoints
B’et C’ dans notre raisonnement.
REMARQUES. -
Parl’emploi
de relationsanalogues
à celles dont il a étéparlé
auparagraphe précédent,
on aurait pu éviter le raisonnement par l’absurdequi
nous aservi.
Le fait que
BA’, BB’,
CC’ sont troistangentes
à uneconique
S dufaisceau,
le faitque les côtés
opposés
del’hexagone
AB’ CA’ BC’ sonttangents à
la mêmeconique
etles faits
analogues, qu’on
rencontre dans le casgénéral,
sontl’origine
depropriétés géométriques
variées queje
me contente designaler.
[4]
Casgénéral. -
Soit ABC ... KL unpolygone
inscrit dans h et circonscritaux
coniques r, , hs,
...ru, prises
dans cet ordre.Conservant
les notations utiliséesprécédemment,
on a destriangles ABC ;
ACD ; ... ; AKL circonscritsrespectivement
à
I’,, r2, (AC) ; (AC), h~, (AD) ;
... ;(AK), F,..
,Nous nous donnons une droite A’B’
tangente
à1B
et celui A’ de sespoints
de ren-contre avec r
qui jouera
le rôle de A dans la construction d’unpolygone analogue
à ABC ... KL.
Or,
nous avonsappris
à construire destriangles A’B’C’ ; A’C’D’;
... ; AJK’L’ circonscritsrespectivement
àhi; I’~, (AC) ; (AC), (AD) ;
... ;(AK),
donc les sommets
A’, B’, C’,
...K’,
L’ de cestriangles sont
aussi ceux dupolygone
cherché.
Montrons
qu’on peut
intervertir l’ordre deI’,
etI’~,
parexemple.
Eneffet,
siB,
est le
quatrième
sommet duquadrangle
déterminé parAB,
BC et lespoints
de contactde ces droites avec
I’1
et lepolygone AB,
CD ... KL est circonscrit àI’~, I~3, ...
Et comme toute
permutation
effectuée sur lesconiques I’s, r2,
...peut
être rem-’
placée
par une suite detranspositions
de deuxconiques consécutives,
le théorèmeest entièrement démontré..
REMARQUE. -
On notera que, dans tous les cas, la démonstration résulte del’ap- plication répétée
de cette sorte detransposition
dont le lemme nous aappris
la pos- sibilité.Malgré
la forme un peu artificielle dé~ sonénoncé,
ce lemmeapparaît
ainsicomme intimement lié au théorème de Poncelet.
[5]
Le théorème de Poncelet nouspermet
de déduire de la connaissance d’unpoly-
gone inscrit dans ret circonscrit à
h1, r2,
...rn, prises
dans cetordre,
l’existence depolygones analogues
formant une famille. Si l’on modifiel’ordre,
ona I (n - r) !
2familles. Mais il
peut
y avoird’autres polygones
satisfaisant aux mêmesconditions;
l’existence
supposée
connue d’un telpolygone
ne rentrant dans aucune des2(n
-1)
1familles
prévues
entraînerait l’existenceI ) !
nouvelles familles.’
2 ’ -
Le
qui
vient d’être donné suppose que lesconiques r, , h~ ,
...hn
soient toutes
différentes,
tandis que les raisonnements antérieurs nesupposaient
riende semblable. D’une
façon générale,
si l’onpeut
avecrt, r2,
...r n
former N per- mutationscirculaires,
de sensdéterminé, qui
soientdifférentes,
le théorème dePoncelet fournit
~
familles depolygones
inscrits à l’et circonscrits àh ~ ~ h 2 ...
"dès que l’on connaît un tel
polygone.
II
[6 ] Représentation
desconiques
d’un faisceau à l’aide despoints
d’unecubique.
-
Si,
d’unpoint A,
on mène destangentes
auxconiques
d’un faisceauponctuel C +
Àr = o, lelieu (5
despoints
de contact, dontl’équation
s’obtient par élimination de x entre la relationprécédente
etl’équation
de lapolaire P +
ÀI1 == o deA,
est,comme l’on
sait,.la cubique
CII - J1P = o.Remarquons,
enpassant,
que notre lemme nous donne le moyen de fixergéomé- triquement
ledegré
de(5.
Soient M et P deuxpoints
ded,
le lemme nous aappris
à trouver sur MP un autre
point
Rappartenant
àd ( fig. ~).
Je disqu’il n’y en
a pasd’autre; en effet, soit R’ un
point de 6
situé sur MP et différent de M et de P. Avec les droites AR’ et AM comme côtés et lespoints
de contact R’ etM,
on détermineun
quadrangle
inscrit dans laconique
I~passant
par A, le côté de cequadrangle opposé
à AM seratangent
à laconique (I)
aupoint
de rencontre de MR’ etde (I).
Cecôté sera donc CD
tangent
à(I)
enN ;
lequadrangle
ne diffère donc pas deABCD;
§R’ est en R.
. Sur la
cubique e, chaque conique
du faisceau estreprésentée
par deuxpoints,
savoir les
points
de contact destangentes
menées à cetteconique
par lepoint A.
Ladroite
qui joint
ces deuxpoints
passe par lepoint
fixe P = o, II =-= o commun àtoutes les
polaires
de A parrapport
auxconiques
du faisceau. Cepoint,
quej’appel-
lerai
Z,
est sur latangente
en A à h et il est lepoint conjugué
de A parrapport
aufaisceau,
c’est-à-dire lepoint
de contact avec AZ de celle desconiques
dufaisceau,
autre que
r, qui
esttangente
à AZ.9
FIG, 3.
Il existe
quatre coniques
du faisceau dont les deuxpoints représentatifs
sontconfondus : la
conique
F dont lespoints représentatifs
sont enA,
et lesconiques décomposables
dont lespoints représentatifs
sont aux sommets dutriangle autopolaire
commun à toutes lesconiques
du faisceau.ZA, Zoe, Zy
sont les tan-gentes à ~
issues de Z. Latangente à ~
en Z est lapolaire
de A parrapport
à laconique
du faisceauqui
passe en Z .~ ~
~
.
[7]
Condition pourqu’il
existe destriangles
inscrits dans r et circonscrits àIB, h~, Fg.
- Le raisonnement faitplus
haut montre clairement que s’il existeun
triangle
ABC de sommet A inscrit dans F ettangent
à troisconiques (1), (II), (III)
du
faisceau,
trois despoints représentatifs
de cesconiques.sont
enligne
droite. Avecnos
notations,
ces troispoints
étaient lespoints
M, P, R .Nous
nous proposons de caractériser d’une manièreanalogue
le lienqui
doit exister entre lesconiques ïB h,,
’
r~, r3
du faisceau pourqu’il
existe destriangles
inscrits dans r et circonscrits à1B, h~,1,3.
Troisconiques I’,, h$, I~3 remplissant
cette condition seront ditesassociées,
ou mieux associées par
rapport
à r .S’il existe de tels
triangles,
le théorème de Poncelet nousapprend qu’il
en existesix
ayant
lepoint
A pour sommet. Soit ABC un de cestriangles.
Le côtéAB,
quej’appellerai
i, esttangent
en mi àh,
et en M à une autreconique
dufaisceau,
laconique (I).
Le côtéAC,
quej’appellerai 2’,
esttangent
enm’~
àr,.
Considérons lequadrangle
ABCD défini par AB et AC et lespoints
de contact M etm’~ .
La droitecoupe BC en son
point
decontact ,~3
avech3
et par suiteAD,
quej’appellerai 3’,
est
tangent
à en unpoint m’:
situé surMm’2.
Letriangle
ABD est circonscrit àh,, h~,1:; ’
°FlG:4.
On obtiendra encore un
triangle
ACErépondant
à laquestion
en construisant lequadrangle
ABCE déterminé par AB et BC et lespoints
de contact m, et AE esttangente
àfa
en unpoint
deet
nepourraient
être confondus que pour m1 et M confondus en B ou pour 3 enB,
cequi exigerait
que B soit l’un despoints
communs à toutes lesconiques
dufaisceau ;
mais ce cas,qu’on
examinerait faci-lement, peut toujours
être écarté par un choix convenable de A surr ;
nous admettronsque
M u
3 et t sont distinctes. Dès lors coupe1B
en unpoint
différentde
m’3
et la droiteAma
est différentede 3’ ; j’appellerai
cette droite 3 . On verrait de. même que le second
triangle répondant
à laquestion
etayant
pour côté 3’(ou 3)
apour autre côté issu de A la
tangente
2(ou i’)
àr~ (ou
àr,)
que nous n’avions pasencore
rencontrée.
Finalement nous avons
partagé
les sixtangentes
àh,, 1B, I’3 qui
sont issues de Aen deux groupes
ï, 2, 3
et~’, 2’, 3’.
Deuxtangentes, portant
des numéros différentset
n’appartenant
pas au même groupe, définissent untriangle répondant
à la ques- tion.[8]
Nous pouvons maintenantpréciser :
c’est par unepropriété
des troispoints représentatifs
m, , m~, m.; situés sur lestangentes
i, 2, 3 d’un même groupe, que nous allons caractériser la situation desconiques h, >,, , ra.
La
cubique d
et lacubique
constituée par les trois droites ni, ~1~Z; ; ont en commun, enplus
des sixpoints
m,M,
nzz,m’~~, m’~,
lepoint
A et enfinle
point
Zpris
deux fois.Dans le faisceau
ponctuel
déterminé par ces deuxcubiques,
il s’en trouve unequi
sedécompose
en la droite et uneconique,
donc : les troispoints
m3 sont les
points
de rencontre, autres que A etZ,
de~
ar~ec uneconique
pas- sant par A et Z eltangente
en Z àd
.La
réciproque
est vraie et résulte dumême
raisonnement fait en sensinverse;
car
puisque
sont enligne droite,
ABCD est unquadrangle
dont le côté BCest
tangent
àh3
en unpoint 3
de Mm’2m’3
et les côtés de ABC sontrespectivement tangents
àI1,, I’~,1,3
en troispoints
non enligne
droite.On
définit
donc tousles
groupes de troisconiques
associées par la considération dessystèmes
de troispoints
de rencontr~e variables ded
avec lesconiques
duréseau
ponctuel
deconiques qui passent
par A et Z et sonttangentes
àC
en Z .Chaque
groupeh,, I’2, I1~
est d’ailleurs défini par lesystème
ma et par lesystème ~n’~, rr~’~, rn’;.
19] ]
Lacubique
deCayley.
- Iln’y
aurait aucune difficulté à utiliser lacubique C
pou r traiter le cas
général
du théorème de Poncelet et pour en déduire les relations que l’on doit àCayley;
mais on gagnera en clarté à passer de lacubique C
à celleintroduite par
Cayley.
’
R,
etRs
étant deux fonctions rationnelles de X etY,
les formulesfont
correspondre,
aux deuxpoints
md etm’~ représentatifs
d’uneconique h~,
deuxnouveaux
points représentatifs 1~~
etMB qui, quand r. varie,
décrivent unecourbe Pour
qu’un point
de(’~
ne soitreprésentatif
que d’une seuleconique
dufaisceau,
il faut que la transformationentre 6
et(~o
soit birationnelle de courbe àcourbe;
ce que nous supposerons.Les points
m1, ln2,représentatifs
de trois co-niques h,; r2, T.j
associées parrapport
à1’,
sont les intersections avecC
d’un réseau deconiques
la transformation considérée
remplace
ce réseau par un autre, formé de courbes dont chacune coupeeo
en troispoints
variables seulement et, parsuite, quelle
que soit~~~,
la relation entre lespoints représentatifs
seratoujours analogue.
Si
C +
î,I’ = o estl’équation
du faisceau deconiques
donné(I’ = o
étant cellequi
passe par lespoints représentatifs sur C
de cetteconique
sont obtenus en lacoupant par
lapolaire
P + î, ( I = o de A. Ceci conduit à la résolution d’uneéqua-
tion du second
degré
et l’on trouve, pour les coordonnées x, y despoints représenta- tifs,
deuxcouples
de valeurs données par deux fonctions rationnelles de 1, et d’un radical du seconddegré portant
sur unpolynôme
en î, Cepolynôme
en î, ne s’annuleque
si lespoints représentatifs
se confondent :donc,
pour laconique
l’,(î,--. oo),
et pour les
coniques décomposables;
par suite cepolynôme
est toutsimplement
lediscriminant de la
conique C + î,I’=o,
et l’on a :°
.,
R{
etR,
étant deux fonctions rationnelles que l’onpeut
naturellementprendre
dupremier degré
en~D(î,) .
’
~
,
D’ailleurs, çonnaissant
x ety, ’ P. + i,II = o
donne X et on en déduitensuite
~D(),)
par la résolution de l’une ou l’autre deséquations x =1~,, y==R,
du pre- mierdegré
eny/D(1,) .
’
. Donc le
point
décrit une courbe cette courbe est la
cubique
deCayley
D,Q, (~, A
sont les invariants simultanésdes
deuxconiques
C et r.La
conique polaire
de Z parrapport à ~ passe
par lespoints
de contact des tan-gentes ZA, Zx, Z~, Zy à ~
issues de Z et elle esttangente
àC
en Z ; donc les som-mets y du
triangle autopolaire
constituent un groupe depoints représentatifs
de trois
coniques
associéesqui
sont évidemmentici
lesconiques décomposables
dufaisceau.
Directement,
il est facile de voir queles triangles
dont le théorème de Pon- celet affirmel’existence,
sont, pour cesystème
de troisconiques associées,
destriangles
inscrits dans h et dont les côtéspassent respectivement
par oc,6,
y. Direqu’il
existe de telstriangles,
c’est dire quel’homologie
depôle
y, transformant enelle-même
chaque conique
dufaisceau,
est leproduit
des deuxhomologies analogues
de
pôles
« etp.
Plussimplement
encore,si,
par une transformationhomographi-
que, on a ramené les
coniques
à avoir le même centre, c’est dire que leproduit
des
symétries obliques
parrapport
aux deux diamètresconjugués
communs donnela
symétrie
parrapport
au centre.Donc,
les troisconiques décomposables
sontassociées;
mais les valeurs de X cor-respondantes
annulentD(~,),
doncles
trois;’points représentatifs
sont sur l’axeY=o de En utilisant la théorie de la résiduation de
Sylvester,
queje rappel-
lerai
plus loin,
on en conclut de suite que, sur lacubique
deCayley,
lespoints représentatifs de
troisconiques associées, correspondant
auxtangentes
d’un mêmegroupe, sont en
ligne
droite.[10]
Pour passer de(.~
a~~
onpeut
aussi raisonnergéométriquement.
Les coni-ques
découpant sur d
lessystèmes
de troispoints
mi,, m~_, ni~ que nousconsidérons,
ont trois
points
fixes. Une transformation du second ordre convenablement choisieremplacera
cesconiques
par des droitesquelconques,
donctransformera d
en unenouvelle
cubique
surlaquelle
lescorrespondants
despoints
m,j seront enligne droite.
Lespoints
fixes desconiques
n’étant pas tous troisdistincts,
la trans- formation àemployer
serasingulière.
Soit t X = o
l’équation
deAZ,
soit Z = ol’équation
de latangente â ~
enZ,
soitY = o
l’équation
d’une droitequelconque
issue de A..La transformation
remplace
lesconiques
qui
définissent lessystèmes
de troispoints
associéssur 6.
par les droitespar suite elle transforme
e
comme nous le désirons. On voit que deuxpoints
trans-formés m
et M sont enligne
droite avec A et que les deux droites Zm et ZM se cor-respondent
dans une involutionqui
admet X _--. o et Z = o comme rayons corres-pondants.
La
conique
x$ = o se transforme en la droiteZ = o;
or cetteconique
détermi-nait
sur C
troispoints m
confondus en A et pourlesquels
laposition
limite de Am était latangente
AZ à r. Donc les troistransformés
de ces troispoints
confondusen A sont confondus en
Z;
Z est donc unpoint
d’inflexion de latangente
en cepoint
est Z = o.La
conique polaire
dupoint
Z parrapport
à~o
se compose de latangente
Z = o à cette courbe et d’unedroite, D = o, qui
passe par lespoints
de contact ao,~a,
,~ades
tangentes
à(5.
issues de Z.~o,
y sont les transformés de 0(,p,
y ; D = o est donc la transformée de laconique polaire
de Z parrapport
Soit E= o la droiteportant
lespoints caractéristiques
de C = o sur lacubique ~~ .
Prenant Z=o pour droite de
l’infini,
posonsC.s
aura uneéquation
de la forme :quant c’est,
pourchaque point
defo’
une fonctionhomographique
de î,qui
de-vient nulle ou infinie en même
temps
que À . En choisissant ll, onpeut
doncprendre
x = 1, . Lepolynôme
en ~c s’annule alors pour les trois valeurs de î,qui
donnent ~o,
~~o,
c’est-à-dire pour cellesqui
donnent lesconiques décomposables.
Donc,
enchoisissant v, 1 équation
deto
sera :Remarquons
encore que lepoint
Z’ autre queZ,
obtenu en menant par A unetangente
à laconique (Z)
du faisceauqui
passe parZ,
se transforme en lepoint
A.Ceci
étant,
nous pouvonspréciser
la relation entre le faisceau deconiques
et la cu-bique Co
deCayley supposée
tracée parrapport
à des axes de coordonnées cartésiennesquelconques x
et y,grâce
àl’équation : y"
=J(x);
soit~~o
l’un despoints
deCo, caractéristique
de(Z);
onpeut
effectuer sur le faisceau donné une transformationhomographique
amenant A en Z aupoint
à l’infini de l’axe des y et telle quechaque tangente
à uneconique
du faisceau issue de Aporte
lepoint
M corres-pondant
à cetteconique
surAprès
cettetransformation,
entre l’abscisse x dupoint
de contact m de cetteta-ngente
et l’abscisse X de M on a une relation involu- tive danslaquelle
l’abscisse deAo
et l’abscisse infinie secorrespondent.
Ajoutons
queA~, peut
êtrepris
au hasard surfo’
à condition de faire varier Asur F.
Le passage de
(5
àeo peut
aussi se faire en n’utilisant que la transformation ordinaire du second ordre.Soient,
eneffet, m~,
m,, //~ lespoints caractéristiques,
rela-tifs à un même groupe, de trois
coniques
associées; menons par ces troispoints
uneconique.
Ellecoupera (5
en troispoints 0, I,
J. De la théorie de larésiduation,
il résulte de suite que le réseau desconiques passant
par0,1,
Jdécoupe
lui aussisur C
lessystèmes
de troispoints
variables que nous cherchons.Dès
lors,
une transformation du second ordre admettant0, I,
J commepoints singuliers transformera (?
en unecubique
surlaquelle
lessystèmes
de troispoints
associés sont formés de
points alignés.
Si l’onprend
1 et J pourpoints cycliques,
onemploiera
une transformation par rayons vecteurs depôle
0.Pour démontrer que la
cubique èo
obtenue est bien celle deCayley,
remarquons que l’onpeut toujours prendre
pourF,, I’~, F,
lesystème
formé par I~ et deux foisl’une
quelconque
desconiques
du faisceau. SoitA,
le transformé dupoint A, point
tcaractéristique
der sur~.
Associons r et uneconique particulière
I" du faisceauprise double,
letriangle
ABCcorrespondant
aura, parexemple,
AB et AC con-fondus suivant une même
tangente
à F’. Lespoints caractéristiques
de T’qu’on
devra considérer comme d’un même groupe seront donc les deux
points
différentset les transformés de ces deux
points
seront enligne
droite avecAi.
Enprenant
1"confondue avec
I’,
on voit queA,
est unpoint
d’inflexion deC~.
Achaque
valeurde À est associée une droite issue de
Ai
etportant
les deuxpoints caractéristiques
de la
conique
relative à cette valeur a. A une droite issue deA,
necorrespond qu’une
valeur
de).,
car cette droite ne coupe~~ qu’en
deuxpoints
en dehors deA, .
Cesdroites
correspondent homographiquement
àa.
’
’ Enfin les
points
transformés de a,6,
y sont troispoints
enligne
droite en les-quels
les troistangentes
à~~o
concourent enA,, puisque
les deuxpoints
caractéristi- ques d’uneconique décomposable
sont confondus.Donc,
enprenant
la droite aa 0 comme axe des x etAt pourpoint
à l’infini de l’axe des y, la droite de l’infini étant latàngente
àeo
enA~,
on pourra bien ramenerl’équation
deeo
à la formeyj= ~(x).
[12] Lorsqu’il s’agit
d’un faisceau decirconférences,
lacubique d, qui
passetoujours
par lespoints
de base dufaisceau,
est unecubique
circulaire. Laproposi-
tion démontrée au numéro 8
prend
alors la forme suivante : :Si d’un
point
A de lacirconférence
h on mène destangentes
auxcirconférences
dufaisceau donné,
lacirconférence
circonscrite autriangle
des troispoints
de contactrelati fs
à descirconférences
associées parrapport
à r et à destangentes
d’un mêmegroupe passe par un
point fixe.
On reconnaît facilement que ce
point
est lepied
o de laperpendiculaire A A~
abaissée
de A sur l’axe du faisceau. _Cette
proposition
estsusceptible
d’une vérification très élémentaire(voir plus .loin, [18J).
.
[13]
La théorie de la résiduation deSylvester.
- Pour ne pasinterrompre
leraisonnement, j’ai rejeté
icil’exposé
de cette théorie trèssimple, qui
n’est quel’ap- plication
au cas descubiques
des théorèmesgénéraux,
relatifs aux courbesalgébri-
.ques, que l’on doit à
Gergonne, Jacobi,
Plücker. Onpeut
résumer la théorie en disant :Si, parmi
les3 (m
+n) points
de rencontre d’unecubique
et d’une courbe dedegré
m + n, ,il y en a 3m
qui
sont sur une courbe dedegré
m, les 3n autres sont sur une courbe dedegré
n .La démonstration repose sur les faits suivants : deux courbes de