G ERGONNE
Géométrie élémentaire. Réflexions d’un anonyme, sur l’article de M. Bouvier, inséré à la page 115 du présent volume
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 15 (1824-1825), p. 265-270
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GÉOMÉTRIE ÉLÉMENTAIRE.
Réflexions d’un ANONYME,
surl’article de M. BOUVIER,
inséré
àla page II5 du présent volume ; ( Extrait ; par M. GERGONNE. )
PROPRIÉTÉ CARRÉ
UN Anonyme
nous a adresséd’Allemagne ,
nousignorons
dequelle contrée ,
des réflexionscritiques
sur la démonstration donnée par M. Bouvier de lapropriété
de minimum dontjouissent
lepé-
rimètre du carré et la surface du
cube,
entre lespérimètres
etsurfaces des
parallélogrammes rectangles
de même surface et desparallélipipèdes
de même volume.L’auteur
de
ces réflexions neprétend
pas infirmer la démons- tration de M.Bouvier , qu’il
trouve tout-à-fait exacte ; mais il enattaque
la formequ’il
trouve peu naturelle et peu d’accord avec letitre
d’élémentaire que M. Bouvier lui a donnée. Pour des raisonslogiques
dans le détaildesquelles
il estsuperflu d’entrer ,
il pense ,I.e que M. Bouvier aurait dû démontrer d’abord ses deux corol-
laires,
commepropositions principales,
et neprésenter
ensuite cellesqu’il
considère commeprincipales
que comme des corollaires decelles-là ;
2.. que , pourexprimer
que deuxquantités
sontinégales,
il est
plus
convenabled’exprimer
que laplus grande
diminuée dela
plus petite
donne un resteplus grand
quezéro,
qued’exprimer
266
PROPRIÉTÉ
DE MAXIMUMque la
plus grande
divisée par laplus petite
donne unquotient plus grand
quel’unité ;
et c’estprincipalement
àreproduire
ladémonstration
d’après
ces basesqu’il
consacre la lettrequ’il
nousfait l’honneur de nous adresser.
Si
l’Anonyme
ne tenaitqu’au premier
de ces deuxpoints,
ladémonstration serait tout aussi
simple
que celle de M.Bouvier,
et on retomberait même exactement sur les résultats
déjà
obtenuspar ce
géomètre;
mais on ne peut accorder le secondqiten
sacri-fiant
beaucoup
de labrièveté ;
et c’est ce dont le lecteur demeurerasans doute
convaincu , lorsque
nous lui aurons mis sous les yeuxune démonstration conforme au voeu du
critique
t bienqu’un
peuplus simple
que lasienne ;
démonstrationqui,
ausurplus ,
setrouvera
peut-être pareille
à celle de M. leprofesseur Lhuilier, qui
ne nous est pas connue.THÉORÉME
I. Parmi tous lesparallélogrammes rectangles
de même
périmètre ,
le carré est celui deplus grande surface.
Démonstration.
Quel
que soit unparallélogramme rectangle donné ,
ses deux dimensionspeuvent toujours
êtrereprésentées
par a et
a+b,
de manièrequ’aucune
d’es deuxquantités a
et bne soit
négative.
Seutement b devra êtresupposé nul,
si les deux dimensions sontégales.
La surface de ce
parallélogramme
seraa2+ba,
et sonpérimètre 4a+2b.
Si,
sous le mêmepérimètre,
on veutconstruire
uncarré,
soncôté devra être
4a+2b 4
or,2a+b 2;
et sa surfacesera (2a+b 2)2.
’Toutse réduit donc à prouver
qu’on
doit avoir.ou
inégalité qui devient ,
par ledéveloppement
dont l’exactitude est
manifeste y
tantque b
n’est pasnul ,
c’est-à-dire ,
tant -que lerectangle
donne n’estpoint
un carré.COROLLAIRE. Parmi tous les
parallélogrammes rectangles
demême
surface,
le carré a le moindrepérimètre.
Démonstration.
Soient,
eneffet ,
R unrectangle
et C uncarré
équivalent ;
et supposons s’il estpossible ,
que ce carrén’ait pas un moindre
périmètre ;
en construisant unrectangle R’,
seniblable à
R ,
et de mêmepérimètre
queC ,
R/ ne serait pas moindreque R,
niconséqliemment
moindre queC ,
contraire-ment à ce
qui
vient d’être démontré.THÉORÈME
II. Parmi tous lesparallélipipèdes rectangles
demême
surface ,
le cube est celui deplus grand
volume.Démonstration.
Quel
que soit unparallélipipède rectangle donné,
ses trois dimensions peuvent
toujours
êtrereprésentées
par a ,a+b, a+b+c,
de manièrequ’aucune
des troisquantités
a,b ,
c ne soit
négative.
Seulement c seranul,
si les deuxplus grandes
dimensions sont de même
longueur ;
cesera b
si ce sont les deuxplus petites ; enfin , b
et c seront tous deuxnuls ,
si les troisdimensions sont
égales.
La surface de ce
parallélipipède
sera268
PROPRIÉTÉ
DE MAXIMUMc’est-à-dire ,
et son volume
c’est-à-dire ,
Si,
sous la mêmesurface ,
on veut construire uncube,
l’unede ses faces devra être le sixième de la surface totale du
paral- lélipipède , c’est-à-dire;
son arête sera donc
et son volume
et tout se réduira à prouver
qu’on
doit avoirou bien
or, en
développant,
on trouve, pour lapremière partie ,
et pour la
seconde ,
substituant donc dans
l’inégalité ci-dessus ,
il viendraou, en
développan
t etréduisant,
Tom. XV. 36
270
PROPRIÉTÉ
DE MAXIMUM DUCARRÉ
ET DU CUBE.inégalité
dont l’exactitude estmanifeste ,
tantque b
et c ne sontpas tous deux
nuls , c’est-à-dire,
tant que leparallélipipède
donnén’est
point
un cube.COROLLAIRE, Parmi tous les
parallélipipèdes rectangles
de mêmevolume ,
le cube a la moindresurface.
Démonstration. Soient en effet P un
parallélipipède rectangle
etC un cube
équivalent ;
et supposons , s’il estpossible ,
quece
cube n’ait pas une moindre surface. En construisant un
paralléli- pipède P’,
semblable àP,
et de même surface queC ,
P’ neserait pas moindre que
P ,
niconséquemment
moindreque C,
contrairement à ce
qui
vient d’être démontré.Voilà des démonstrations terre à terre, telles que
l’Anonyme paraît
lesaimer 3
et telles que tout le mondepeut
les trouver ; tandis que M. Bouvier les avaitabrégées
par un coupd’adresse ;
et, dans notre
opinion ,
les coups d’adressequi abrègent
consti-tuent le talent. Du reste, nous remercions sincèrement ce
critique
pour nous avoir fait remarquer, I.°
qu’à
la pageII6, ligne I8,
il eût été
plus
court,plus
clair etplus
correct deremplacer
cesmots :
ayant
unesurface
moindre que lasienne,
par ceux-ci :sous une
surface moindre ;
2.°qu’an
bas de la page II7, nousavons laissé mettre minimum pour maximum.
Lui-même,
danssa