A NNALES DE L ’I. H. P., SECTION B
M ICHEL G ILLOIS
La relation de dépendance en génétique
Annales de l’I. H. P., section B, tome 2, n
o3 (1966), p. 261-278
<http://www.numdam.org/item?id=AIHPB_1966__2_3_261_0>
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261
La relation de dépendance
engénétique (1)
Michel GILLOIS
Station centrale de génétique animale, Jouy-en-Josas
(Seine-et-Oise),
France.Vol. II, n° 3, 1966, p. -278. Calcul des Probabilités et Statistique.
SOMMAIRE. - Le but de ce travail est l’introduction
logique
d’une nouvelle relation binaire entre deuxgènes :
la relation dedépendance,
définie pourses trois états : l’absolue
dépendance
isoactive ouhétéroactive,
ladépen-
dance en
probabilité, l’indépendance.
Uneanalyse
de la notationclassique
de mutation et de ses rapports avec la relation de
dépendance
permet d’enmontrer
l’ambiguïté.
Des calculssimples
permettent d’atteindrel’expression
de la variance a
priori
d’un zygotequelconque
en fonction des coefficients dedépendance.
Le mode de calcul des coefficients dedépendance
dans lecas des
pedigrees
estprésenté.
I. - INTRODUCTION
Nous avons
présenté (Gillois,
1964a-b)
une étudelogique
desobjets
del’interprétation génique
etchromosomique
de l’hérédité et des relationssusceptibles
d’exister entre cesobjets.
Legène
est unequantité
d’informationquasi
stable ayant un supportbiochimique chromosomique
dontl’hypo-
thèse d’existence est nécessaire et suffisante pour
expliquer
laségrégation
mendélienne. Soit S
l’ensemble, supposé fini,
desgènes
de tous les zygotes d’un groupe. Soit Gl’ensemble, supposé
fini de tous lesgènes
d’un zygote.(1) Communication faite aux Journées d’Études de la Commission de Génétique
de la Fédération européenne de Zootechnie, La Haye, juin 1965.
Le
premier
ensemble est legénotype général,
le second legénotype parti-
culier.
Quatre
relations binaires peuvent être définies entre deuxgènes
appartenant à l’un de ces ensembles.
1. La relation
d’homologie.
« Deux
gènes
sonthomologues si,
et seulementsi,
leurs descendants s’excluent dans les quatreproduits haploïdes
d’une méiose ». Cette relation binaire estréflexive, symétrique
et transitive. C’est donc une relationd’équi- valence ;
elle induit sur l’ensemble dugénoptype général
unepartition
ensous-ensembles
disjoints appelés :
classesd’homologues.
2. La relation d’isoaction.
« Deux
gènes
sont isoactifssi,
et seulementsi,
ils sonthomologues
etont la même action sur un même caractère ». Cette relation
d’équivalence
induit sur
chaque
classed’homologues
unepartition
en sous-ensemblesdisjoints appelés :
classes d’isoaction. La série obtenue pour une classed’homologues,
en prenant unreprésentant
dans chacune des sous-classesd’isoaction,
est une sérieallélique. L’expression
«fréquence
d’un allèle »recouvre en fait la
fréquence
d’une classe d’isoaction.3. La relation d’allélisme.
« Deux
gènes
sont allèlessi,
et seulementsi,
ils sonthomologues
et ontune action différente sur un même caractère ». Cette relation n’est pas une
relation
d’équivalence.
4. La relation d’identité.
« Deux
gènes
sontidentiques si,
et seulementsi,
ils dérivent par descen- dancemendélienne,
en l’absence demutation,
d’un mêmegène
ancêtre ».Cette relation binaire
d’équivalence
induit sur tout ensemble degènes
unepartition
en sous-ensemblesdisjoints appelés
classes d’identité. Deuxgènes
appartenant à une même classe sont
identiques ;
la connaissance de la nature d’un seulpermet
de déterminer la nature de tous les autres, car il existeentre eux une relation
matérielle;
ils sont lacopie
non modifiée par lesmutations du
gène
ancêtre. Deuxgènes
appartenant à deux classes distinctes sontindépendants,
car la connaissance de la nature de l’un ne permet pas de déterminer avec certitude la nature de l’autre.Il n’est pas
logique d’accepter
sans réservel’implication réciproque
quenous avons définie entre la non-identité et
l’indépendance.
L’analyse
du rôle des mutationspermet
de montrerqu’il
existe des situa- tions pourlesquelles l’implication réciproque
entre non-identité etindépen-
dance n’existe pas.
Considérons une
population
danslaquelle
existe deux classes d’iso- action Al et A2 dereprésentants
A et a. Soient p et q lesprobabilités
atta-chées
respectivement
aux classes d’isoaction Al et A2. Soit par ailleurs v laprobabilité qu’un gène quelconque
mute. Soit vi~ laprobabilité qu’un gène
A mute en ungène
a, soit v21 laprobabilité
de la mutation inverse.Soient deux
gènes
Gl et G2 à l’instant ti. Gl et G2peuvent
êtreidentiques
avec la
probabilité f
et nonidentiques
avec laprobabilité
1 -f;
nous sup- posons que les deuxgènes
nonidentiques
sontindépendants.
Donc 1 -f
est aussi la
probabilité
de leurindépendance.
A l’instant t2 les deuxgènes
peuvent n’avoir muté ni l’un ni l’autre avec laprobabilité (1
-v)2,
l’un desdeux
gènes
peut avoir muté et pas l’autre avec laprobabilité 2(1 - v)v,
les deux
gènes
peuvent avoir muté avec laprobabilité
v2.A l’instant t2 la
probabilité
que les deuxgènes
soientidentiques
estf(1 - v)2,
et laprobabilité
que les deuxgènes
soient nonidentiques
est :Mais la
probabilité qu’à
l’instant t2 les deuxgènes
soient nonidentiques
n’est pas
égale
à laprobabilité
de leurindépendance.
Dansl’expression :
(1 - f )
est laprobabilité
que les deuxgènes
soientindépendants,
fv2
est laprobabilité
de leur absoluedépendance
isoactivepuisque
siles deux
gènes
étaient AA avec laprobabilité
conditionnelle p, à l’instant th ils sontaprès
mutation aa avec laprobabilité
conditionnelle 1 à l’instant t2,f 2(1 - v)v
est laprobabilité
de l’absoluehétéroactive, puisque
si lesdeux
gènes
étaient AA avec laprobabilité conditionnelle p
à l’instant ti, ils sont Aa avec laprobabilité
conditionnelle 1 à l’instant t2.Ainsi les notions de
dépendance
et d’identité ne se recouvrent pas.Ce travail étudie la relation de
dépendance
entregènes
sans référence àleurs états d’identité ou de non-identité. Une
cinquième
relation binaire entre deuxgènes
est ainsi définie.II. - LES RELATIONS DE
DÉPENDANCE
Deux
gènes
sont absolumentdépendants
si la connaissance de la nature de l’un nous apporte toute l’information nécessaire pour déterminer la nature de l’autre. Cette relation binaire est une relationd’équivalence symétrique, réflexive, transitive, qui
réalise sur un ensemble degènes
unepartition
en sous-ensemblesdisjoints
degènes
absolumentdépendants.
Une classe de
gènes
absolumentdépendants
n’est pas forcément un ensem-ble de
gènes isoactifs,
deuxgènes
hétéroactifs pouvant être absolumentdépendants.
Il est donc nécessaire de concevoir deux types d’absoluedépen- dance,
une absoluedépendance
isoactive et une absoluedépendance
hétéro-active.
L’emploi
de ces deux nouvelles notions ne peut pas se faire sanspréciser
le nombre de classes d’isoaction de lapopulation.
Si deuxgènes
ne sont pas absolument
dépendants,
ils peuvent êtredépendants
enproba-
bilité ou
indépendants.
Deux
gènes
sontindépendants
si la connaissance de la nature de l’un ne nous apporte aucune information modifiant notredegré
d’incertitude quant à la nature de l’autre. Deuxgènes
sontdépendants
enprobabilité
si la connaissance de la nature de l’un nous permet de modifier notre
degré
d’incertitude quant à la nature de l’autre.
Il
s’agit
de la notionmathématique
de l’information. L’événement aléatoire est la détermination de la classe d’isoaction àlaquelle appartient
le
gène.
Cette détermination peut être faite apriori,
si pk est laprobabilité
attachée à la classe d’isoaction
Ak,
laquantité
d’incertitude apriori
estCette détermination peut être faite en connaissant la classe d’isoaction d’un autre
gène.
Si les deuxgènes
sont absolumentdépendants
laquantité
d’incertitude conditionnelle devient
Hc
=0,
si les deuxgènes
sontdépen-
dants
He 1= H,
si les deuxgènes
sontindépendants Hc
= H.III. - COEFFICIENTS DE
DÉPENDANCE
DANS LE CAS DE
BIALLÉLISME
Considérons une
population
danslaquelle
nous avons deux classes d’isoaction(Al)
et(A2) représentant
A et a. Dans cettepopulation désignons
au hasard un zygote H. Soient
GH
etG;
deuxgènes homologues
de cezygote.
1 ~ Ces deux
gènes homologues
peuvent être en absoluedépendance
iso-active avec la
probabilité Fi.
20 Ces deux
gènes
peuvent être en absoluedépendance
hétéroactive avecla
probabilité Fa.
Cequi
revient à dire que nous avons uneprobabilité
conditionnelle
égale
à 1 d’avoir unhétérozygote (Aa).
3~ Ces deux
gènes
peuvent êtreindépendants
avec laprobabilité Fa.
Le zygote H peut être
homozygote (AA)
ou(aa)
ethétérozygote (Aa)
avec les
probabilités respectives
suivantes : -Est-ce que dans le cas d’une
population
neprésentant
que deux classesd’isoaction,
on peuttoujours
s’affranchir de ladépendance
enprobabilité ? Jusqu’à présent
nous n’avons pas rencontré de schémas depopulation
ayant deux classesd’isoaction,
nécessitantl’usage
de ladépendance
enprobabilité.
Fi, F2, Fs
sontappelés
lescoefficients zygotiques
dedépendance.
Si les deux
gènes homologues
sontpris
au hasard chacun dans un zygotedifférent,
nous définissons de même lescoefficients
parentaux dedépen-
dance
IV. - CALCUL DES COEFFICIENTS DE
DÉPENDANCE
D’APRÈS
LES ASCENDANCES DANS LE CAS DEBIALLÉLISME
1. Coefficients
zygotiques
etparentaux
dedépendance.
Soit un zygote H et ses parents 1 et J.
Soit un taux de mutation moyen
égal
à u.Si deux
gènes homologues pris
au hasard l’un dans 1 et l’autre dans J sontindépendants, qu’il
y ait eu mutation ou non, ils restentindépendants lorsqu’ils
sont réunis dans le zygote H :ANN. INST. POINCARÉ, B-II-3 18
Les deux
gènes homologues
de H peuvent être absolumentdépendants
isoactifs
(isocontraints) :
- soit parce que les deux
gènes homologues pris
au hasard l’un dans 1 et l’autre dans J sont absolumentdépendants
isoactifs(isocontraints)
et n’ont pas
muté,
ou ont muté l’un et l’autre au cours de leur transfert àH,
- soit parce que les deuxgènes homologues pris
au hasard l’un dans 1 et l’autre dans H sont absolumentdépendants
hétéroactifs(hétérocontraints)
et que l’un d’entre eux,
seul,
a muté au cours de leur transfert à H :Les deux
gènes homologues
de H peuvent être absolumentdépendants
hétéroactifs
(hétérocontraints) :
- soit parce que les deux
gènes homologues pris
au hasard l’un dans 1 l’autre dans J sont absolumentdépendants
isoactifs(isocontraints)
et que l’un d’entre eux, seul amuté,
- soit parce que les deux
gènes homologues pris
au hasard l’un dans 1 et l’autre dans J sont absolumentdépendants
hétéroactifs(hétérocontraints)
et n’ont pas
muté,
ou ont muté tous les deux au cours de leur transfert àH :2. Calcul des coefficients
parentaux
dedépendance.
Considérons le
pedigree
suivant pourlequel il
existe un seulparent
commun A.
. Soient ni le nombre de chaînons entre 1 et
A,
et n2 le nombre de chaînonsentre J et A. Soit
l3o
laprobabilité qu’aucun
des deuxgènes
ne mutentau cours de leurs
(ni
+n2)
transferts. Soitl3i
laprobabilité qu’au
cours dutransfert des deux
gènes
les mutations se soientproduites
en nombreimpair.
Soit
~2
laprobabilité qu’au
cours du transfert des deuxgènes
les mutationsse soient
produites
en nombrepair.
Les
expressions
des coefficientsparentaux
dedépendance
sont les suivants :Si le
pedigree
estquelconque,
lesexpressions
ci-dessus des coefficientsparentaux
dedépendance
sont des sommesd’expression
semblables à celles écritesci-dessus,
la sommation étant étendue à tous lesparents
communs de 1 et deJ,
reliés à 1 et à J par une chaîne deparenté n’ayant
que ceparent
comme
point
commun.Les
expressions
deviennent alors :v. - VARIANCE
GÉNOTYPIQUE
A PRIORID’UN ZYGOTE DANS LE CAS DE
BIALLÉLISME
Soit un zygote H tiré au hasard dans une
population.
Les deuxgènes homologues On
etG:
de ce zygote peuvent être :- soit absolument
dépendants
isoactifs(isocontraints)
avec laprobabi-
lité
FI;
- soit absolument
dépendants
hétéroactifs(hétérocontraints)
avec laprobabilité F2 ;
- soit
indépendants (non contraints)
avec laprobabilité Fa.
Nous ne considérons que les variables aléatoires
génotypique Z, génique
Xet
X*,
de dominance D etzygotique Y,
telles que :Les
grandeurs s
et t de l’activité desgènes
A et a sont déterminées par la méthode des moindres carrés en rendant minimumEp(D2), espérance mathématique
du carré de la dominance et en posantEp(Z) nulle;
cesespérances mathématiques
étant calculées sousl’hypothèse
del’indépendance
réalisée entre les
gènes homologues On
etG*
" , ", n
A. CALCUL DE
E(Z2).
E(Z2) =
+D>i~ - E(Y2)
+EE(YD)
+a)
Calcul deE(Y2).
E(Y2) =
+ +=
4E(X2)
=E2(Y2)
=(s
+t)2
=Eh(Y2)
h est
pris
comme lesymbole
de la condition d’absoluedépendance
hétéro-active.
Es(ya)
=E(Y’)
=(2Fl
+ +b)
Calcul deE(YD).
E(YD) = F1El(YD)
+F2E2(YD)
+FsEs(YD) Ei(YD)
=p2s(i - 2s)
+q2t(k - 2t)
=Ec(YD) E2(YD) = (s
+t)(j
- s -t)
=Eh(YD)
Es(YD)
=pa2s(i - 2s)
+2pq(s
+t)( j - s - t)
+q22t(k - 2t)
= 0E(YD)
=FIEc(YD)
+F2Eh(YD).
c)
Calcul deE(D2).
E’(D2)
=FiEi(D2)
+FaE2(D2)
+FsEs(DS) El(D2) 2S)2 + q(k - 2t)2
=Ec(D2)
(j
- s -t)2
=(pi
+qk)2
= =
Ep(Da) E3(D2)
=F1Ec(Da)
+(FI
+d) Expression
deE(za).
E(Z2) = (2Ft
+ + +2F1Ec(YD)
++
F1Ec(D2) = (F2
+B. CALCUL DE
E(Z)
= + +*
El(Z)
=Ei(Y
+D)
= +El(D)
or
= 0
E1(D)
=Ec(D)
donc
El(Z)
=Ec(D)
*
Ea(Z)
=E~(Y
+D)
= +E2(D)
or
E2(Y)
=(s
+t)
=Eh(Y)
E2(D) = (j
- s -t)
=pi + qk
=Eé(D)
*
Eg(Z)
= 0 parconvention,
E(Z)
= +(F~
+F2)Ec(D)
[E(Z)]2
=(F~ + F~ + + + + 2F:)Eh(YD).
Ce résultat est obtenu en utilisant les relations :
=
Ep(D2)
=
E(S
+ +qk)
=Eh(YD).
C. CALCUL DE VAR
(Z).
VAR
(Z)
=E(Z2) - [E(Z)]2
=
(2Fl + + (F2
-F:)Eh(Y2)
+ 2F1Ec(YD) + (2F2 - 2F1F2 - 2F:)Eh(YD)
+ FiEc(D2) + (F2 + Fi - F2 - 2F1F2)Ep(D2).
D.
ÉTUDE
DE QUELQUES CAS LIMITES.1° Posons :
Fi=/; F,=0, F3=(1 -.Î)
f
ayant le sens d’un coefficient deconsanguinité,
c’est-à-dire que les deuxgènes homologues GH
etG;
sont en état d’identité avec uneprobabilité f,
et que cet état entraîne leur absolue
dépendance
isoactive(isocontrainte).
Il vient :
VAR
(Z)
=2( 1
+f)E(X2)
+4fEc(XD)
+fEc(D2) ( 1
-f -
Expression
que nous avionsdéjà
obtenue dans le cas où noussupposions
une
implication réciproque
entre non-identité etindépendance
desgènes.
2° Posons :
Fi == Fa = 0
etFg == 1
VAR
(Z)
=2E(X2)
+Ep(D2)
=Ep(Y2)
+Ep(D2).
3° Posons :
Fi
= 1 et F2 =Fa
= 0.VAR
(Z)
=4E(X2)
+4Ec(XD)
+Ec(D2) - Ep(D2)
VAR
(Z)
=2Ep(Y2)
+2Ec(YD)
+Ec(D2) - Ep(D2).
4° Posons :
F2 = 1
etFi=F3=0.
.
VAR(Z)=0.
Ce résultat
s’explique puisqu’il n’y
aqu’un
seul étatpossible.
VI. -
AMBIGUITÉ
DE LA NOTION
CLASSIQUE
DE MUTATIONLa notion de mutation est
expérimentale;
c’est lechangement
d’activitéd’un
gène.
Dans le cadre del’analyse logique
desobjets
de la théoriegénique
et
chromosomique
de l’hérédité et des relationssusceptibles
d’exister entreces
objets,
la mutation d’ungène
est sonchangement
de classe d’isoaction.Tout
changement
de classe d’isoactionimplique
pour ungène
la rupture de sa relation d’identité avec tous lesgènes
de la classe d’identité àlaquelle
il
appartenait.
Si entre deuxgènes
la relation d’identité est rompue, la rela- tion d’absoluedépendance
isoactivequi
les liaitdisparaît. Quelle
nouvellerelation de
dépendance
oud’indépendance
s’établit alors entre les deuxgènes
devenus non
identiques ?
La mutation - cause de la rupture de l’identité entre deuxgènes
- nousintéresse,
dupoint
de vuelogique, précisément
parce
qu’elle
rompt l’identité de deuxgènes.
Nous considérerons deux types demutations,
lesalpha-mutations correspondant
auxchangements
declasse d’isoaction et les bêta-mutations
correspondant
auxchangements
declasses d’identité. Si toute
alpha-mutation implique
unebêta-mutation,
laréciproque
n’est pas nécessairement vraie. Une bêta-mutation romptune relation d’identité sans
imposer
commeconséquence
inéluctable unchangement
de classe d’isoaction.Toute mutation du
gène, qui
modifie le site actif de laprotéine
que cegène détermine,
est unealpha-mutation,
si cette modification entraîne unchangement
d’activité. Toute mutation dugène qui
modifie laprotéine
que ce
gène détermine,
en dehors du site actif et sans modificationobliga-
toire de sa
spécificité fonctionnelle,
est une bêta-mutation. La connaissance desséquences
d’acides aminés d’uneprotéine permettrait
de différencierces deux types de mutations.
Soit pi
laprobabilité
apriori qu’un gène
soit a~, c’est-à-direappartienne
à la classe d’isoaction AI. Soit u la
probabilité
de bêta-mutation d’ungène quelconque.
Soit ut; laprobabilité qu’un gène ai
mute en ungène
aj.J
La
probabilité qu’un gène
bêta-mutéappartienne
à la classe d’iso- action AK est:Si et seulement si ek = pk
(pour
toutk)
la bêta-mutation entraîne l’indé-pendance
entre deuxgènes qui
étaientidentiques.
Dans tous les autres caspour
lesquels
pk il y adépendance
enprobabilité,
car la bêta-mutation modifie notredegré
d’incertitudequant
à la nature dugène
muté.Considérons deux
gènes homologues identiques On
etG;.
Laprobabilité
que l’un d’eux mute et que l’autre ne mute pas est
2u(1 - u).
Laprobabilité
que ce
couple
degènes
soit aia: sachantqu’étant identiques
l’un d’eux seula muté est
2p;p:,
sil’hypothèse
ek = pk(pour
toutk)
est satisfaite.La
bêta-mutation,
utilisée avecl’hypothèse
ek = pk(pour
toutk), hypo-
thèse .réalisée
asymptotiquement,
estimplicitement employée
engénétique
de
population (Malécot, 1948).
Cette notion de mutation utilisée engénétique
de
population
n’est pas conforme à son modèleexpérimental.
L’alpha-mutation
conduittoujours
à unedépendance
enprobabilité puisqu’un gène qui
subit unealpha-mutation
ne peut rester dans la classe d’isoactionqui
était la sienne avant mutation. Soit v laprobabilité
d’unealpha-mutation.
Soit vj laprobabilité qu’un gène ai
mute en ungène
%.Il est immédiat que la
probabilité
vi~ est nulle pour tout i.avec v~~ = 0 pour tout i.
La
probabilité qu’un gène alpha-muté appartienne
à la classe d’iso- action AK est :Considérons deux
gènes homologues identiques On
etG:.
Laprobabilité
que l’un d’eux ne mute pas est
2u(1
-u).
Laprobabilité
que cecouple
degènes
soit ala; sachantqu’identiques
un seul d’entre eux a muté est :vu, étant la
probabilité
queparmi
tous lesgènes mutés,
ungène pris
au hasardsoit ai.
Si
l’hypothèse
1Ck = pk(pour
toutk), hypothèse
réaliséeasymptotique-
ment,
alorsl’expression
ci-dessus devient :L’alpha-mutation
ne conduitjamais
àl’indépendance
entregènes identiques
dont un seul mute. Si nous supposons que le nombre de classes d’isoaction est trèsgrand,
et que lesprobabilités qui
leur sont attachéessont du même ordre de
grandeur
alors :Mais même dans ce cas il
n’y
a pasd’indépendance puisque
cecouple
de
gènes
ne peut être isoactif.Remarquons
que dans le cas où iln’y
a que deux classes d’isoaction :VII. - LES RELATIONS DE
DÉPENDANCE
DANS LES CAS DEMULTIALLÉLISME
Les
précédentes
définitions de l’absoluedépendance
isoactive(isocon- trainte)
et del’indépendance
restent valables dans le cas de multiallélisme.Par contre la définition de l’absolue
dépendance
hétéroactive(hétéro- contrainte)
ne peut êtretransposée
de biallélisme au multiallélisme sansmodification.
Deux voies de
généralisation
sontpossibles.
Lapremière
consiste à définir desprobabilités,
desymbole F2,ij,
attachées à toutcouple
degènes
hétéroactifs aiaj
qui
sont deplus dépendants.
La somme desprobabilités
est
égale
àF2, probabilité
que deuxgènes
soient absolumentdépendants
hétéroactifs. S’il n’existe que deux classes d’isoaction
F 2,ij
=F2.
La seconde
généralisation
définit « l’absoluedépendance
hétéroactive »comme la
négation
simultanée de l’absoluedépendance
isoactive et del’indépendance.
Ils’agit
en fait d’unedépendance
enprobabilité.
Nous
appellerons
une telle situation une «dépendance
hétéroactive enprobabilité
». SoitF2
laprobabilité
que deuxgènes
soient endépendance
hétéroactive en
probabilité,
laprobabilité qu’alors
cecouple
degènes homologues
soit aiaj est :S’il n’existe que deux classes d’isoaction cette
probabilité
conditionnelle estégale
à 1. C’est cette deuxièmegénéralisation
que nous utiliserons dans la suite de ce travail.VIII. - CALCUL DES COEFFICIENTS DE
DÉPENDANCE D’APRÈS
LES ASCENDANCESDANS LE CAS DE
MULTIALLÉLISME
1. Les coefficients de
dépendance zygotiques
et parentaux.Soit un zygote H et soient 1 et J ses parents.
1° Soit v la
probabilité
d’unealpha-mutation.
par
convention, puisqu’il s’agit d’alpha-mutation
1 ~j,
1# 1, 1
~j.
Les
expressions
de ces coefficients dedépendance zygotiques
en fonctiondes coefficients de
dépendance
parentaux ne sont pas utilisablespuisqu’il
est
toujours
difficile d’avoir desrenseignements
sur lesprobabilités
desalpha-mutations.
Nous allons montrer,ci-après,
commentl’emploi
de lanotion de bêta-mutation
permet
d’atteindre desexpressions plus simples.
2° Soit u la
probabilité
d’unebêta-mutation,
nous considérons le cas oùune bêta-mutation entraîne
l’indépendance, hypothèse simplificatrice qu’il
est
impossible
de faire dans le cas desalpha-mutations.
CALCUL DES COEFFICIENTS PARENTAUX DE DÉPENDANCE D’APRÈS LES ASCEN-
DANCES. - Ce calcul n’est fait que dans le cas des
bêta-mutations,
dont la.
probabilité
est : _IX. - VARIANCE
GÉNOTYPIQUE
A PRIORID’UN ZYGOTE DANS LE CAS DU
MULTIALLÉLISME
A. CALCUL DE
E(Z2).
Seul le calcul du terme
E2(Z2) présente
une difficulté : posons :en
conséquence :
B. CALCUL DE
[E(Z)]2,
TERME CORRECTEUR.donc : O O
d’où
C.
ÉTUDE
DE QUELQUES CAS LIMITES.VAR
(Z)
=Eh(Y2)
+Eh(YD)
+Eh(D2) + Eh(Y)2
+Eh(D2)
+2Eh(Y)Eh(D).
Ce résultat ne s’identifie pas avec celui du
point
D3 duparagraphe
V.X. - CONCLUSION
La connaissance de la nature exacte des relations de
dépendance
et d’indé-pendance qui
existent entre les variables aléatoiresgénétiques
est absolumentnécessaire pour
pouvoir
établir un modèlemathématique susceptible
dedécrire l’évolution
probable
d’unepopulation.
C’est dans ce sens
qu’est
utilisée la relation d’identité. Si deuxgènes homologues
sontidentiques,
les variables aléatoiresgénétiques qui
leursont attachées suivent la même loi et sont absolument
dépendantes.
Malheu- reusement, la non-identité de deuxgènes
nepermet
pas de déduirequelles
sont les relations de
dépendance
oud’indépendance
des variables aléatoiresgénétiques qui
leur sont attachées.Supposer
uneimplication réciproque
entre la non-identité des
gènes
et leurindépendance
est une fautelogique qui
restreintparticulièrement
laportée
du nouveaulangage génétique
quenous avions introduit
(Gillois M., 1964).
Les relations de
dépendance
que nous avons définiescomplètent
et achè-vent cette étude
logique.
Ellespermettent
l’étudesimple
despopulations homogames
et d’effectif limité.RÉSUMÉ
L’étude
logique
desobjets
del’interprétation génique
etchromosomique
de l’hérédité et des relations
susceptibles
d’exister entre cesobjets (Gillois M., 1964)
étaitperfectible,
cetteprécédente
étude nepermettant
pas de traiter de
façon
cohérente le cas despopulations homogames.
Uneanalyse plus poussée
montrel’ambiguïté
de la relation d’identité. Le fait que la non-identité de deuxgènes
entraîne leurindépendance
n’est pas unepropriété intrinsèque
de la relation d’identité. Cettepropriété
est relativeà la structure de la
population.
Pour atteindreplus
degénéralité,
nous intro-duisons la relation de
dépendance
sous ses trois aspects(absolue dépendance
isoactive ou
isocontrainte, dépendance
enprobabilité
hétéroactive ou hétéro-contrainte, indépendance
ounon-contrainte).
Comme
application
de ces nouvellesdéfinitions,
nous donnonsl’expres-
sion de la variance a
priori
d’un zygotequelconque,
le mode de calcul des coefficients dedépendance d’après
lesascendances,
dans le cas de biallé-lisme, puis
de multiallélisme.Pour
pouvoir
atteindre cesrésultats,
uneanalyse
trèspoussée
du rôledes mutations en
génétique
despopulations
apermis
dedistinguer
leschange-
ments de classes d’isoaction
(alpha-mutations),
deschangements
de classesd’identité
(bêta-mutations).
REMERCIEMENTS
Nous adressons à M. Malécot
G.,
Professeur deMathématiques
à laFaculté des Sciences de
Lyon, France,
notregratitude
respectueuse pour l’aide attentivequ’il
nous atoujours apportée
au cours de nos travaux.M. Malécot G. a établi à propos de ce travail que les
hypothèses
~ck = pk(dans
le cas desalpha-mutations)
et que ek = pk(dans
le cas des bêta-muta-tions)
sontasymptotiquement réalisées,
caravec
et
BIBLIOGRAPHIE
GILLOIS M., 1964 a, La relation d’identité en génétique. Thèse Fac. Sciences, Paris, 294 pages.
GILLOIS M., 1964 b, Logique d’un langage
génétique :
la relation d’identité.Journées d’Études de la Commission de Génétique de la Fédération européenne
de Zootechnie, Lisbonne, octobre 1964.
GILLOIS M., 1964 c, Corrélation génotypique entre apparentés. Journées
d’Études
de la Commission de Génétique de la Fédération européenne de Zootechnie, Lisbonne, octobre 1964.
GILLOIS M., 1964 d, Calcul des corrélations d’identité d’après les liens de
parenté.
Journées d’Études de la Commission de Génétique de la Fédération européenne
de Zootechnie, Lisbonne, octobre 1964.
Déposé le 22