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Découvrir Keynes

Michel Husson, La revue internationale des livres & des idées, juillet-août 2009

Il y a peu d’économistes dont la vie extra-économique est aussi fascinante que celle de Keynes. Et, pas plus que Marx n’était marxiste, Keynes n’était sans doute pas keynésien.

Voilà pourquoi les livres sur Keynes, sa vie et son œuvre, peuvent différer dans leur approche, du manuel d’économie à la biographie romancée de cette sorte de diable, pour reprendre le titre du livre d’Alain Minc (Une sorte de diable : Les vies de John Maynard Keynes, Grasset, 2007). Il faut, à l’instar du New Palgrave Dictionary of Economics, distinguer Keynes du keynésianisme. C’est d’autant plus vrai que les successeurs de Keynes se disputent son héritage : d’un côté, les partisans de la « synthèse néo-classique » cherchent, depuis Hicks, à le récupérer, et on est en droit de parler de détournement d’héritage à propos de l’enseignement officiel. En face, l’école de la nouvelle macroéconomie keynésienne conteste la possibilité d’une telle absorption et fonde ses élaborations sur les notions d’imperfection des marchés et d’incertitude.

Le mieux est sans doute de lire Keynes dans le texte, ce qui est possible grâce aux traductions disponibles et à leur mise en ligne sur le site « Les classiques des sciences sociales ». Mais une œuvre aussi foisonnante a aussi besoin de visites guidées. Les livres de Michel Herland (Keynes, 10/18, 1981 ; et Keynes et la macroéconomie, Economica, 1999) constituaient des introductions remarquables - le second plus centré sur la théorie macroéconomique - mais il est malheureusement devenu difficile de se les procurer.

L’ouvrage de référence le plus récent est celui de Gilles Dostaler (Keynes et ses combats, Albin Michel, « Bibliothèque de l’Evolution de l’Humanité », 2009 [2005]). Il fournit un tableau des multiples facettes de ce que l’on peut appeler la philosophie sociale de Keynes. Ses contributions à la théorie de la monnaie et de l’emploi, ou à la conception d’un nouvel ordre économique mondial, sont mises en relation avec ses idées sur l’art, et avec la nécessité pour l’homme de se libérer de ses rapports névrotiques à l’argent. Ces réflexions trouvent leur prolongement dans un livre original écrit à deux mains (Bernard Maris, Gilles Dostaler, Capitalisme et pulsion de mort : Freud et Keynes, Albin Michel, 2009) Si l’on préfère s’en tenir à la théorie économique, on trouvera dans le petit livre de Pascal Combemale (Introduction à Keynes, La Découverte, « Repères », 2006) une synthèse claire et utile. Cette lecture incontournable pourra être complétée par celle de deux ouvrages plus savants. Celui de Franck Van de Velde (Monnaie, chômage et capitalisme, Presses Universitaire du Septentrion, 2005) est en quelque sorte un manuel d’économie keynésienne. Michel de Vroey (Keynes, Lucas : d'une macroéconomie à l'autre, Dalloz, 2009) oppose Keynes au théoricien des anticipations rationnelles pour montrer que la société peut être autre chose, pour reprendre une formule de Keynes, qu’une « rubrique de la table de multiplication ».

La crise a évidemment réactualisé la pensée de Keynes, comme en témoignent deux livres en anglais. Le premier est la réédition du livre de Hyman P. Minsky de 1975 (John Maynard Keynes, Columbus, McGraw-Hill, 2008). Minsky, qui s’inscrit clairement dans la filiation post-keynésienne est en effet le grand théoricien de l’instabilité financière, lui aussi remis au goût du jour. Robert Skidelsky est l’auteur d’une monumentale biographie de Keynes en trois volumes (1983, 1992 et 2000). Il publie à l’automne un livre au titre significatif (Keynes: The Return of the Master, Londres, Allen Lane, 2009) qui insiste sur trois idées d’actualité : les crises financières font partie du fonctionnement normal du marché, les économies ne sortent pas spontanément de ces crises, et la quête de l’efficience à tout prix ne peut pas être le seul fondement d’une société.

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