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L'exercice est un remède

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Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XX - n° 4 - avril 2016 84

É d i t o r i a l

L’exercice est un remède

Exercise as medicine

P

arce qu’il était confronté à bien d’autres tracasseries quotidiennes, l’Homme du paléolithique moyen ou supérieur se souciait finalement assez peu de son niveau d’activité physique. Celui-ci était pourtant colossal en comparaison de celui mesuré chez la plupart de nos contemporains. Il a été estimé à environ un semi- marathon par jour, sans compter les activités de force qui venaient ponctuer la recherche incessante de nourriture et de territoires. Plus qu’un mode de vie, l’activité physique était un mode de survie. À l’instar d’Homo sapiens sapiens qui a remplacé l’Homme du paléolithique, l’avènement des ères industrielle puis numérique a fait reculer, un peu plus à chaque génération, l’activité physique.

Bien entendu, les progrès techniques ont permis d’im- menses avancées sanitaires et l’accroissement de l’espé- rance de vie. Cependant, ces progrès portent également en leur sein l’essence même de la sédentarité − cette sédentarité aujourd’hui reconnue par les épidémio- logistes comme un facteur de risque à part entière.

Pour autant, cette modification des comportements est-elle l’apanage des XXe et XXIe siècles ? Probablement pas, si l’on en croit les écrits d’auteurs tels Hippocrate qui préconisait déjà, 4 siècles avant Jésus-Christ, “l’exer- cice comme un facteur d’équilibre entre la force que l’on dépense et celle que l’on absorbe” ou Juvénal au 1er siècle après Jésus-Christ : “Mens sana in corpore sano.”

Plus près de nous (1873), j’aime à me rappeler la citation du 15e comte de Derby, Edward Stanley : “Those who think they have not time for bodily exercise will sooner or later have to find time for illness.”

Il apparaît donc que, de l’Antiquité à l’Angleterre vic- torienne, le défaut d’activité physique a régulièrement menacé certaines classes sociales, probablement les plus aisées. Aujourd’hui, l’épidémie de sédentarité sévit sur tous les continents et affecte toutes les classes sociales.

Face à ce fléau, la résistance s’organise tant bien que mal et selon les sensibilités culturelles et religieuses de chacun. En France, l’amendement de la loi santé voté le 10 avril 2015 autorise les médecins à prescrire des activités physiques et sportives (APS) aux patients souffrant d’affections de longue durée.

Cette décision tant attendue est un tournant, car elle donne enfin aux APS leur statut de remède. Si ce remède est censé compléter, voire dans certains cas se sub- stituer à certains traitements médicamenteux, il n’en obéit pas moins aux mêmes règles.

Afin de mesurer le chemin qui reste cependant à parcou- rir tant pour les patients que pour les prescripteurs de l’APS, je vous propose de vous livrer à un exercice inédit.

Ouvrez donc le dictionnaire Vidal à une page (pour les dinosaures comme moi qui utilisent encore la version imprimée !) au hasard et remplacez le médicament que le hasard vient de désigner par “activité physique et sportive”. Voici à peu près ce que cela pourrait donner.

Forme et présentations : sports collectifs, individuels, petits terrains, grands terrains, environnements hostiles, sports aquatiques, loisir, compétition, etc.

Composition : aérobie, anaérobie, mixte, régime de contraction musculaire à dominance concentrique, excentrique, isométrique, coordination, souplesse, concentration, etc.

Indications : même les moins au fait de la physiologie de l’exercice ou de la médecine du sport comprennent ici l’importance de cette rubrique. Il existe effective- ment des recommandations de sociétés savantes ou conférences de consensus, mais gare aux indications mal posées. Que dire encore des messages troublants de certains lobbies (agro-alimentaires par exemple) ? Pour preuve, la controverse récente (1) sur l’intérêt (limité) des APS dans la réduction pondérale des sujets en surpoids et obèses. Dans ce numéro des Correspondances en MHDN, Patrice Flore, Anna Borowik et Hervé Dubouchaud nous rappellent de manière fort argumentée que les APS font partie intégrante du trai- tement du diabète de type 2.

Posologie et mode d’administration : à l’instar d’un médicament, les APS possèdent leurs propres poso- logies qui se déclinent (pour rester simple) en durée (le temps passé ou les kilomètres parcourus par exemple), en intensité (le niveau de difficulté perçu ou mesuré au moyen de la fréquence cardiaque, ou la vitesse de déplacement par exemple), et en fréquence (le nombre

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Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XX - n° 4 - avril 2016 85

Éditorial

L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts .

de séances hebdomadaires par exemple). Pour établir ce schéma posologique, le médecin, s’il n’est pas un spécialiste de médecine du sport, peut se faire aider d’un professionnel de l’entraînement physique.

Contre-indications, mises en garde et précautions d’emploi : elles sont importantes et doivent être connues des médecins prescripteurs ainsi que de tous ceux qui aident à l’exécution de la prescription, notamment des diplômés des sciences et techniques des activités physiques et sportives.

Interactions : les APS interagissent avec bien d’autres fonctions physiologiques. Gautier Zunquin nous explique par exemple comment la nutrition doit être harmonisée en fonction du type d’exercice physique de manière à obtenir un eff et optimal sur la performance sportive.

Eff ets indésirables : même si les eff ets bénéfi ques de l’APS sont nombreux et en font le médicament le plus puissant et le plus polyvalent qui n’ait jamais existé (2) , ils ne doivent pas faire oublier l’existence d’eff ets indési- rables le plus souvent traumatologiques (3) , mais parfois malheureusement cardiovasculaires.

Surdosage : tous les pratiquants réguliers ou non d’une APS peuvent être exposés à l’augmentation drastique de l’entraînement. Cependant, l’APS a ceci de diff érent de la plupart des traitements pharmacologiques qu’elle peut voir ses doses augmentées au fi l du temps afi n de faire face aux adaptations liées à l’entraînement et garantir ainsi un niveau de stimulation toujours optimal.

Martine Duclos et Yves Le Bouc nous rappellent tou- tefois que certaines populations juvéniles notamment féminines peuvent s’avérer particulièrement sensibles à ce surdosage.

Enfi n, pour mes consœurs et confrères encore scep- tiques ou timorés face à la prescription de l’APS, envi- sagez que vous puissiez être votre premier patient et réalisez également qu’il y a peu de chances que vous ayez un jour à déclarer un confl it d’intérêts avec un équipementier sportif…

Stéphane Bermon Institut monégasque de médecine et chirurgie du sport, Monaco ; Laboratoire LAMHESS EA 6312, Université de Nice Sophia Antipolis.

1. Malhotra A, Noakes T,

Phinney S. It is time to bust the myth of physical inacti- vity and obesity: you cannot outrun a bad diet. Br J Sports Med 2015;49(15):967-8.

2. Pedersen BK, Saltin B.

Exercise as medicine - evi- dence for prescribing exercise as therapy in 26 diff erent chro- nic diseases. Scand J Med Sci Sports 2015;25Suppl 3:1-72.

3. Thélot B, Pédrono G, Perrine

AL, et al. Épidémiologie des accidents traumatiques en pratique sportive en France.

Bull Epidémiol Hebd 2015;30- 31:580-9.

R é f é r e n c e s

American Diabetes Association

La Nouvelle-Orléans 10-14 juin 2016

Coordonnateur : Pr Pierre Gourdy (Toulouse)

Rédacteurs : Pr Emmanuel Cosson (Bondy)

Pr Patrice Darmon (Marseille) Dr Jean-Philippe Madiou (Paris)

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