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J OURNAL DE LA SOCIÉTÉ STATISTIQUE DE P ARIS

E UGÈNE B OISLANDRY D UBERN

Les établissements de crédit en France

Journal de la société statistique de Paris, tome 61 (1920), p. 267-281

<http://www.numdam.org/item?id=JSFS_1920__61__267_0>

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— 267 -

I I

LES ETABLISSEMENTS DE CRÉDIT EN FRANGE

LEUR ROLE, LEUR DÉVELOPPEMENT, LEURS OPÉRATIONS

EXPOSÉ

En 1909, dans la séance de la Société de Statistique du 17 février 1909, nous faisions une communication détaillée, avec chiffres et graphiques, sur les éta- blissements de crédit en France depuis cinquante ans : leur rôle, leur déve- loppement, leurs opérations (1). Peu de sociétés avaient subi et subissaient autant de critiques. Au lieu d'apprécier avec modération et justice les ser- vices que ces organismes» du crédit avaient pu rendre et rendaient au com- merce, à l'industrie, au public tout entier, on paraissait s'appliquer à mon- trer ce qu'ils n'avaient pas fait et ne faisaient pas, leurs imperfections, leurs défauts et leurs fautes. Nous avons voulu nous rendre compte de l'exactitude ou de l'inexactitude de ces critiques et, dans notre communication de 1909, nous avons passé, à tour de rôle, l'examen détaillé de la B'anque de France, du Crédit Foncier de France, de la Banque de Paris et des Pays-Bas, du Crédit Lyonnais, de la Société Générale, du Comptoir National d'Escompte, du Crédit Industriel et Commercial. Et dans le résumé général et les conclusions de cette statistique, nous avons condensé les critiques adressées à ces établisse- ments, rappelé les demandes qu'on leur adressait et répondu à ces critiques et demandes : ce sont des faits et des chiffres que nous avions exposés.

Ce travail, que nous avons constamment poursuivi dans le Rentier, complète notre statistique de 1909; il en fait, en quelque sorte la suite et montre les progrès constants et la situation prospère de nos grands établissements, malgié tous les événements survenus depuis 1909.

I

Situation d'ensemble de ces grandes Sociétés de crédit envisagées avant la guerre et aujourd'hui.

Les établissements de crédit envisagés dans cette situation d'ensemble sont : le Crédit Foncier, le Crédit Lyonnais, la Société Générale, le Comptoir National d'Escompte, le Crédit Industriel et Commercial

(1) Les Établissements de Crédit en France depuis cinquante ans : Leur rôle, leur développe rnenl, leurs opérations. In-4°, 28 graphiques, 43 pages. Frix : 4 fr., plus la majoration de librairie depuis la guerre, 2 fr., soit, au total, 6 fr. En vente dans les bureaux du Rentier,

33, rue Saint-Augustin, Paris; chez Perger-kevrault, à Nancy et Paris et chez Félix Alcan.

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- 268 -

Au \u Au Au 31 décembre 30 a u il 31 décembre 30 avril

1913 1914 1919 1920 Millions de fianc»

Encaisse et fonds en banque 497 . 514 Dépôts de fonds. ' 2.570 2.703 Portefeuille commercial 3.729 3 971 Reports, prêts, avances 1.188 1 222 Portefeuille de valeurs et participations . . 476 335 Comptes courants créditeur s 3.286 3.569

- débiteurs 1.499 1.623 1.096 4.721 8.749 804 640 7.760 2.613

1.357 5.274 8.920 942 997 8.548 3.457

Accroissement depuis 1880 des principaux chapitres.

Il résulte de ces chiffres que, du 31 décembre 1880 au 30 avril 1920, tes prin- cipaux chapitres des bilans au Crédit Foncier, Crédit Lyonnais, Comptoir National d'Escompte, Société Générale, Crédit Industriel et Commercial pré- sentaient les augmentations suivantes :

Capital versé

Encaisse et fonds en banque Dépôts de fonds

Portefeuille commercial. . . Reports et avances

Participations financières . . Comptes courants créditeurs .

— débiteurs .

Au 31 décembre

1880

300 142 713 458 344 282 405 355

Au 30 avril

1920 Millions de fiants

994 1.357 5.274 8.920 942 997 8.548 3.457

Augmentation

694 1.215 4.561 8.462 598 715 8.143 3.102

Les chiffres d'ensemble concernant le Crédit Foncier, le Crédit Lyonnais, le Comptoir National d'Escompte, la Société Générale, le Crédit Industriel et Commercial montrent le développement considérable des opérations de ces grands établissements. On s'en rendra compte encore en entrant dans le détail des principaux chapitres de leurs bilans : encaisse et fonds en banque; dépôts de fonds; portefeuille commercial; reports, prêts et avances; portefeuille de valeurs et participations; comptes courants créditeurs; comptes courants débiteurs; capital et réserves.

En voici le relevé :

II

Encaisse et fonds en banque.

L'ensemble dés encaisses disponibles au Crédit Foncier, Crédit Lyonnais, Comptoir National d'Escompte, Société Générale Crédit Industriel s'élevait :

F m décembre

1880, à.

188& à.

1890 à.

1895 à.

1900 à.

1904 à.

1905 à.

1906 a.

1907 à.

Millions Fin décembre

142 1908 à 148 1909 à 135 1910 à 208 1911 à 291 1912 à 306 1913 à

393 19Î4 (30 avril) à 393 1919 à

334 1920 (30 avril) à

Million»

408 388 376 555 501 497 514, 1.096 1.357

(4)

Au 30 avril 1920, l'ensemble des encaisses et Jonds en banque disponibles atteignait 1 milliard 357 millions.

Dépôts de fonds.

Aux mêmes dates, dans les mêmes établissements de crédit, l'ensemble des dépôts de fonds à vue et à échéance était :

Fin décembre Million* Fin, décembre Millions

1880 de . . . 713 1908 de 2.168 1885 de 633 1909 de 2.267 1890 de 821 1910 de 2.213 1895 de 1.000 1911 de 2 .334

1900 de 1.400 1912 de 2 .386 1904 de 1.854 1913 de 2 .570 1905 de 1.903 1914 (30 avril) de. . 2 .703 1906 de 1.957 1919 de 4 .721 1907 de 1.964 1920 (30 avril) de. . 5 .274 Au 30 avril 1920, les dépôts de fonds dans ces cinq banques se chiffraient par 5 milliards 274 millions.

Portefeuille commercial.

Il s'élevait, le Crédit Foncier excepté, aux chiffres suivants :

Fin décembre Millions Fin décembre Millions

1880 à 458 1908 à 2.745 1885 à 573 1909 à 3.098 1890 à 834 1910 à 3.156 1895 à 959 1911 à 3.334 1900 à 1 497 1912 à 3.507 1904 à 2 168 1913 à 3.729 1905 à 2.153 1914 (30 avril) à. . . 3.971

1906 à 2.545 1919 à 8.749 1907 à 2.434 1920 (30 avril) à . . 8.920

Au 30 avfil 1920, le portefeuille commercial s'élevait à 8 milliards 920 mil- lions. Crédit Foncier excepté.

Reports, prêts et avances sur garanties.

Le total de ces chapitres dans les cinq grands établissements désignés ci- dessus était :

Fin décembre Millions Fin décembre Million»

1880 de 344 1908 de 935 1885 de 197 1909 de 1.076 1890 de . . . 352 1910 de 1.13&

1895 de . . . ' . . . 412 1911 de 1.0*7 1900 de 674 19124de 1.096 1904 de 1.012 1913 de 1.1&8 1905 de 885 1914 (30 avril) de. . 1.222

1906 de 1.040 1919 de 804 1907 de 820 1920 (30 avril) de. . 942

(5)

- 270 -

Au 30 avril 1920, les reports, prêts et avances se montaient à 942 millions.

Portefeuille'de valeurs et participations.

Les comptes s'élevaient :

Fin décembre Millions Fin décembre

1880 à.

1885 à.

1890 à.

1895 à.

1900 à.

1904 à.

1905 à.

1906 à.

1907 à.

282 1908 à 413 1909 à 437 1910 à 312 1911 à 388 1912 à 304 1913 à

371 1914 (30 avril) à 382 1919 a

339 1920 (30 avril) à

Million»

355 375 358 327 312 476 335 640 997

Au 30 avril 1920, les valeurs diverses et participations figuraient aux bilan»

des cinq sociétés envisagées pour 997 millions dont 815 millions pour le Crédit Foncier sous la rubrique Effets et valeurs diverses.

Comptes courants créditeurs.

L'ensemble de ces comptes s'élevait aux chiffres suivants :

Fin décembre Millions Fin décembre

1880 à.

1885 à.

1890 à.

1895 à.

1900 à.

1904 à.

1905 à.

1906 à.

1907 à.

405 1908 à 429 . 1909 à 616 1910 à 742 1911 à 1.112 1912 à 1.891 1913 à

1.812 1914 (30 avril) à 2 263 1919 à

1.859 1920 (30 avril) à

Million»

2.209 2.450 2.727 2.896 3.021 3.286 3.569 7.760 8.548

Au 30 avril 1920, les comptes courants créditeurs se chiffraient par 8 milliards 548 millions.

Ils étaient :

Fin décembre

1880 de 1885 de 1890 de 1895 de 1900 de 1904 de 1905 de 1906 de 1907 de

Comptes courants débiteurs.

Millions Fin décembre

355 1908 de 399 1909 de 457 1910 de 493 1911 de 635 1912 de 820 1913 de

"945 1914 (30 avril) de'.

975 1919 de

993 1920 (30 avril) de.

Millions

997 065 200 224 415 1.499 1.623 2.613 3.457

Au 30 avril 1920, les comptes courants débiteurs atteignaient S milliard»

457 millions.

(6)

— 274 -

III

Capital et réserves.

Le Crédit Foncier, -établissement hypothécaire, mis à part, voici comment se présentait, au 30 avril 1914, la situation du Crédit Lyonnais, de la Société Générale, du Comptoir National d'Escompte et du Crédit Industriel et Corn*- mercial au point de vue du capital et des réserves et telle qu'elle se présentait au 30 avril dernier :

Au .1 ) avril 1914 Au 30 avril 1920 Cnpital vorsé Réserves Capital versé R t o f t o s

Millions de francs

Crédit Lyonnais 250 175 250 200 Société Générale 250 127 250 52 Comptoir d'Escompte 200 41 200 45 Crédit Industriel et Commercial. . 26 26 32 28 Ces chiffres sont suggestifs.

Les quatre grands établissements de crédit ci-dessus avaient un capital versé de 726 millions au 30 avril 1914 et un montant de réserves s'élevarit à 369 millions, soit de plus de la moitié du capital. Au 30 avril 1920, leur capital versé s'élevait à 732 millions et le montant de leurs réserves à 325 millions, malgré les importantes diminutions qui, par prudence, ont été faites au lende- main de la guerre sur le montant des valeurs en portefeuille.

11 Le montant des réserves représente 44 % du montant du capital versé.

C'est une situation d'autant plus brillante que si l'on entrait dans le détail de ces réserves, notamment des réserves immobilières, on verrait quelle plus- value énorme représentent aujourd'hui les immeubles sociaux et ce qu'il faudrait dépenser pour pouvoir édifier des constructions, faire les aménage- ments et installations comme ceux du Crédit Lyonnais, de la Société Générale, du Comptoir d'Escompte, du Crédit Industriel et Commercial.

Ces établissements peu\ent défier aujourd'hui toute concurrence étrangère.

Combien de temps faudrait-il, par exemple, à un établissement étranger, quel qu'il soit, qu'il vienne des États-Unis ou de la Grande-Bretagne, pour se créer une clientèle aussi nombreuse que celle de nos établissements français, avoir à Paris et en province des installations aussi bien appropriées aux goûts du public?

IV

Les bilans des grands établissements de crédit sont des indices économiques à suivre.

Nous venons de montrer la situation d'ensemble et de détail des grands établissements de Crédit, Crédit Foncier, Crédit Lyonnais, Comptoir National d'Escompte, Société Générale, Crédit Industriel et Commercial, comme nous le faisons depuis de longues années, dans notre statistique habituelle sur les établissements de crédit français. Les mouvements de leurs principaux comptes sont des indices économiques et financiers des plus sérieux qui permettent

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— 272 —

de suivre et d'apprécier, dans leurs grandes lignes, l'état général des affaires du pays par la somme de capitaux plus ou moins grande dont la clientèle ban- caire peut disposer; les états de situation mensuels, les bilans semestriels et annuels qui sont publiés sont toujours utiles à consulter. Les banques et les établissements de crédit reçoivent des fonds en dépôts et en comptes Courants, soit à vue, soit à échéance plus ou moins longue, escomptent les effets de com- merce, font des reports et avances sur titres, possèdent un portefeuille de valeurs, ont des participations dans de nombreuses affaires créées ou en for- mation; leur clientèle est considérable, elle est nombreuse à l'étranger et se trouve disséminée en France dans les villes et les campagnes.

Si les opérations de cette clientèle se développent, si les sociétés de crédit prospèrent, on peut en induire que, dans leur ensemble, les affaires, en général, sont en bonne voie; restent-elles, au contraire, languissantes ou décroissent- elles? On peut en induire que les affaires du pays sont, en général, moins actives ou languissantes.

Ces indices, qui s'appuient sur la situation des établissements de crédit et de leur clientèle, ne sont pas trompeurs; il serait désirable que ces statistiques fussent complétées par celles concernant les banques privées, n'ayant pas d'actionnaires ou ne publiant qu'une fois par an leurs états de situation : mais on voit immédiatement combien il serait impossible d'avoir dé tels renseigne- ments au complet, et surtout de pouvoir les contrôler.

Situation de plusieurs banques qui ne publient pas d'états mensuels de situation.

Nous nous bornerons à indiquer quelques statistiques concernant plusieurs de ces grandes banques qui ne publient pas d'états mensuels de situation comme les banques de dépôt.

Nous avons dressé le tableau suivant d'après les bilans au 31 décembre 1913 et au 31 décembre 1919, publiés pa*1 plusieurs de ces grandes banques et ins- titutions de crédit auxquelles nous pouvons ajouter, parmi celles de création récente et qui ont pns un grand essor, la Banque des Pays du Nord à la tête de laquelle se trouvait M. Charles Laurent, notre ambassadeur à Berlin.

Au 31 décembre Au 31 décembre 1919 Capital Capital Réatrvps

Millions de francs

Capital actuel

Banque de Paris 100 150 101 150 Banque Nationale de Crédit . . 100 300 59 5Q0 Banques de* province 100 100 17 2Ô0 Banque Union Parisienne. . . 80 100 68 150 Crédit Mobilier 80 80 3 100 Compagnie Algérienne . . . . 62 5 62 5 73 100 Banque Française „ 60 60 12 100 Société Marseillaise 50 75 25 75 Banque Privée : . 50' 50 6 50 Crédit Français 50 50 2 50 Banque Indo-Chine 48 48 23 72 Crédit Commercial 40 80 20 120 Banque des Pays du Nord . . 25 30 3 50

(8)

- 278 -

D'après ces relevés, le capital de ces banques au 31 décembre 1913 s'élevait à-845 millions; au 31 décembre 1919, le capital s'élevait à 1 milliard 185 mil- lions et les réserves à 412; le capital actuel se chiffre par 1 milliard 717 millions.

VI

Le capital social des banques et établissements de crédit français et celui des banques et établissements anglais et américains.

En rapprochant le montant du capital social des banques et établissements de crédit français de celui des banques et établissements de crédit anglais et américains, on verrait la grande infériorité du capital français investi dans les sociétés bancaires. Dans ces deux dernières années, il est vrai, des augmenta- tions de capital ont eu lieu à la Banque de Paris, au Comptoir d'Escompte, è l'Union Parisienne, à la Compagnie Algérienne, à la Société Marseillaise, au Crédit Commercial, à la Banque Nationale de Crédit, etc. Ces opérations ont obtenu un succès complet. Avant qu'il s'écoule beaucoup de temps, elles seront reconnues insuffisantes. Il faut aujourd'hui, en effet, à une société de crédit plus de capital qu'avant la guerre, parce que, d'une part, les opérations de crédit sont plus nécessaires que jamais pour reconstituer ce qui manque, développer ce qui existe, entreprendre de nouvelles affaires, mais aussi, d'autre part, parce que le prix de toutes choses ayant augmenté, il faut posséder un capital plus fort pour acquérir les mêmes objets qu'autrefois et satisfaire aux mêmes besoins qu'autrefois. Une nouvelle ou plutôt des nouvelles augmenta- tions de capital des sociétés de crédit et banques existantes; la création même de nouveaux établissements bancaires, doivent donc être envisagées. Les action- naires actuels des banques et établissements de crédit n'auront pas a s'en plaindre. La hausse, ou plutôt la reprise des cours des actions des vieilles et anciennes sociétés de crédit, que nous avions sans cesse fait prévoir, est donc entièrement justifiée; ces titres méritent toujours d'être suivis de très près avec la plus grande attention.

Faisons remarquer qu'en ajoutant aux chiffres que nous venons de donner, ceux concernant le Crédit Foncier, le Crédit Lyonnais, le Comptoir National d'Escompte, la Société Générale, le Crédit Industriel et Commercial, le capital social des banques dont les titres sont cotés et se négocient à la Bourse de Paris peut s'élever, en chiffres ronds, à 2 milliards 500 millions et le montant de leurs réserves dépasse 1 milliard. Dans ces totaux, pour éviter les doubles emplois, nbus ne comprenons pas la Banque de France, car grand nombre de ses comptes scteit ouverts aux autres banques et établissements de crédit. Compter d'un côté les dépôts de fonds dans la Banque de France et d'un autre côté ceux en dépôt dans les autres banques et établissements de crédit, serait inévitablement décompter deux fois les mêmes chiffres.

VII

Les banques locales de province et les banques privées.

Les banques locales de province, en commandite et en sociétés par actions, les«banque^ privées, tiennent une grande place jlans le mouvement des affaires

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- »74 —

et elles ont, elles aussi, pris un grand développement. Pour la plupart, tout en conservant leur indépendance et leur liberté d'action, comme administration et gestion, les unes ou les autres sont reliées par une participation d'intérêts avec d'autres banques et établissements financiers de Paris. Les banques de province se sont développées surtout dans l'Est et le Sud-Est, dans le Centre de la France; elles ont été les initiatrices ou commanditaires de beaucoup de sociétés et d'industries locales, manufacturières, minières, industrielles, métallurgiques, électriques, etc. Elles « travaillant » la plupart d'entre elles, avec leurs propres capitaux ou avec des capitaux « locaux », si nous pouvons ainsi désigner les capitaux qui leur ont été prêtés, dans les départements et villes où elles fonc- tionnent, par une clientèle qui leur confie la gestion de ses affaires de bourse, de placement, encaissements, souscriptions, régularisation de titres et, d'autre part, place des fonds à courte et à longue échéance et en commandite dans ces banques elles-mêmes qu'elle voit fonctionner quotidiennement, sous ses yeux, et dont elle connaît les administrateurs, gérants, principaux chefs de service et employés. Les banques de province, en relations quotidiennes avec le hionde des affaires de Paris, sont au courant des principaux faits financiers et écono- miques et opérations bancaires. Elles se rendent, ainsi, à elles-mêmes et aux banques de Pans, de mutuels services et profits.

VIII

La Banque de France et ses principaux comptes.

En nous gardant de totaliser les comptes des sociétés de crédit et baiiques diverses avec ceux de la Banque de France pour éviter, comme nous l'avons dit, des doubles et multiples emplois, nous relèverons seulement quelques chiffres qui ressortent éloquemment des seuls bilans de la Banque de France.

De 1880 à 1914 et 1920, 'a progression des principaux comptes de la Banque a été la suivante :

Fin 1880 l i a avril 1914 Fin avril 1920 'Millions de franc*

Encaisse 1.774 4.276 5.820 Comptes courants et dépôts 418 632 3.379 Portefeuille commercial s 1.025 1.648 2.308 Avances sur titres 170 71fr 1.784

<

La Banque de Fraïice qui est, suivant l'expression de Léon Say, la banque des banques parce qu'elle est la centralisation de tout le crédit et qu'elle pourrait liquider toutes les banques sans qu'aucune d'elles puisse la liquider

v elle-même, montre par l'accroissement des principaux chapitre^ de ses états hebdomadaires et bilans annuels, le développement général des affaires et des ressources du pays.

Depuis 1880, ces accroissements sont énormes : mais en rapprochant seule- ment les chiffres d'avant-guerre de ceux d'avril 1914, on voit que depuis cette époque les comptes courants et dépôts ont augmenté de 2 milliards 747 mil- lions; le portefeuille commercial de 1 milliard 660 millions; les avances stfr titres "de 1 milliard 174 millions.

La Banque de France distribuait, pour 1913, un drvidende de 200 francs;

(10)

~ 275 -

elle a distribué, pour 1919, 240 francs. Ses actions valaient, en 1913, 4.655 francs; elles sont aujourd'hui a 5.500 francs. Le nombre de ses actionnaires était de 32.251 fin 1913; elle comptait 17.961 porteurs de^une à deux actions:

fin 1919, elle avait 33.769 actionnaires, parmi lesquels 19.309 étaient por- teurs de une à deux actions. Ceux qu'on appelle les « gros » actionnaires déten- teurs de 100 actions et au-dessus, se chiffraient par 122 fin 1913 et par 104 fin 1920. Depuis la guerre, le nombre des '< grot* > actionnaires a diminué tandis que celui des oetits porteurs de une à deuy actions a augmenté. C'est donc une démocratie financière et non une ploutocratie financière qui possède la majo- rité des titres de la Banque de France. On ne saurait trop souvent répéter cette vérité.

Ce sont les petits détenteurs de une à deux actions qui sont les plus nombreux!1

actionnaires. Ces petits actionnaires, en achetant une action qui coûte 5.500 francs, rapporte 240 francs, placent leur argent à 4,43 % — ce qui prouve leur confiance alors que les rentes 5 %, les obligations 5 % du crédit na- tional à lots rapportent davantage et que le prochain emprunt est émis à 100 rapportant 6, soit 6 %.

IX

Les banques, les établissements de crédit et l'emprunt Leur confiance et celle du pays.

Notre organisme bancaire est sain et prospère.

Ces constatations sur la situation générale de nos banques et établissements financiers français, l'abondance de leurs ressources, l'étendue croissante de leur clientèle, sont utiles au moment où s'effectue le prochain grand emprunt national auquel la Banque de France, les établissements de crédit, les banques privées, comme ils l'ont fait lors des emprunts précédents, apporteront tout leur concours et appui.

Cet ensemble de faits économiques et financiers qui s'appuie sur des faits et des chiffres qu'on ne peut contester et auxquels nous pourrions en ajouteT d'autres, beaucoup d'autres et non des moins importants — (et nous ne man- querons pas de le faire en temps et lieu) - montre sans doute les progrès accom- plis en France par l'industrie bancaire; mais ce qui en ressort, c'est la confiance que les banques françaises inspirent à tout le pays, à la moyenne et à la petite épargne. Cette confiance est justifiée et un seul fait la mettra en évidence en l'expliquant.

Depuis 1914, avant la guerre, jusqu'à 1920, après la guerre, pas un»* seul établissement de crédit français, pas une seule grande banque française, n'a manqué à ses engagements; pas un établissement financier, d»gne de ce nom, n'a été défaillante et cependant qui ne se rappelle la campagne ardente dirigée en 1913 et 1914 contre nos banques françaises, notamment contre la Société Générale! Nous l'avons dit et écrit à cette époque : c'était, disions-nous, la campagne de la guerre allemande qui commençait sur le terrain financier.

Quelle victoire éclatante Berlin et l'Allemagne tout entière n'auraient-il s pas célébrée, si un de nos grands établissements de crédit avait succombé, à la

(11)

- 276 -

veille ou au début des hostilités ! Notre organisme financier français était sain et les reptiles allemands ont en vain usé leurs crocs d'-or contre lui !

La guerre est ventie : tous nos établissements de crédit, nos grandes ban- ques de Paris et de province ont fait face à l'orage. Et aujourd'hui nous pou- vons constater qu'à aucune époque nos banques et établissements financiers de crédit n'ont été plus forts, plus solides, mieux outillés pour rendre au crédit public et privé tous les services qu'on attend d'eux.

Situation générale et résumé.

Années antérieures et situation actuelle.

Ces statistiques financières sur les mouvements des comptes et la situation de nos grands établissements de crédit et maisons de banque que nous éta- blissons depuis de longues années, d'après les mêmes cadres et méthodes', per- mettent d'apprécier si ces grands organismes du crédit restent stationnaires, prospèrent ou déclinent. Nous pouvons dire que jamais notre organisme ban- caire n'a été plus sain, plus prospère et brillant.

Que prouvent, en effet, ces chiffres?

1° A aucune époque, les dépôts de fonds dans les sociétés n'ont été aussi élevés, malgré les prélèvements énormes de leur clientèle pour souscrire à nos divers emprunts nationaux, municipaux, commerciaux, fonciers, industriels, etc.

2° Si la France se trouvait dans la situation alarmante dont chaque jour on entretient le public, au risque de le décourager et de détruire sa confiance, qu'on réponde a ces simples questions : D'où viennent ses disponibilités?

3° D'où viennent les capitaux sans cesse grossissants dans les caisses d'é- pargne?

4° D'où viennent les milliards du portefeuille commercial, des dépôts de fonds, du portefeuille mobilier et immobilier, dans les banques et établisse- ments de crédit?

5° Comment expliquer et" justifier le nombre sans cesse grossissant des déposants et des dépôts dans les établissements publics et privés?

6° Comment expliquer le succès de la plupart des émissions? (—bien trop nombreuses, disons-le, -- qui ont lieu depuis quelque temps, car l'attention du public devrait être concentrée uniquement sur nos fonds d'État et titres garahtis par l'État, tant que l'ère de nos grands emprunts n'est pas close).

On ne répondra pas à ces questions précises auxquelles les chiffres donnent des réponses péremptoires.

7° Cette situation prouve'encore une fois de plus la forte et saine situation de nos banques et établissements de crédit et la confiance qu'ils inspirent au public. Ils ont traversé les pires difficultés et événements <fue des banques puissent supporter; ils en sont sortis à leur honneur, leur clientèle ancienne leur est restée fidèle et une clientèle nouvelle leur est venue. On a parlé et on parle de temps 5 autre de la concurrence que pourraient leur faire des ban- ques étrangères qui viennent s'installer à Paris et dans toute la France; à Paris, notamment, où ces banques étrangères démolissent de superbe© immeu-

(12)

277

blés, (i éventrent » en quelque sorte tout un quartier de Paris et font des cons- tructions luxueuses pour s'y installer. Nos grands établissements de crédit, banques de dépôts et banques d'affaires, avec leur long passé, qui est le gage de leur avenir; possèdent une clientèle fidèle qui ne se laissera pas détourner.

8° Cette statistique prouve enfin que l'épargne française est touiours aussi abondante malgré les emprunts publics et appels au crédit considérables qui ont eu lieu depuis 1914. Cette épargne est et sera toujours prête pour les em- prunts nécessaires à l'État, pour les besoins du pays, pour la consolidation de

la dette flottante, son atténuation et le remboursement de tout ou partie des avances de la Banque de France.

XI

Les ressources du pays.

Les chiffres que nous avons donnés ont donc répondu, par eux-mêmes, aux alarmistes qui disent que notre pays est ruiné, anéanti, que le crédit de la France, sa puissance d'épargne sont intacts.

Ajoutons encore que la France n'a aliéné aucune de ses ressources budgé- taires, propriétés domaniales, fiscales, etc.

Elle n'a pas besoin d'affermer à l'étranger tel ou tel de ses monopoles d'État, comme le tabac, ou quelques-unes de ses contributions sur les propriétés bâties ou non bâties, propriétés domaniales, bois, forêts, canaux, etc.; elle a fait face et fera face à toutes ses charges; si la guerre lui a coûté plus qu à aucune autre nation, elle peut répondre qu'elle a combattu pour le droit, la justice, l'huma- nité et non... pour les écus. Et nous répéterons encore ce que nous n'avons cessé de dire et d'écrire ici même dès le premier jour de la guerre, alors que nous prenions l'initiative de recommander la création et l'émission des bons de la Défense nationale (1), puis des obligations de la Défense nationale (2) qui ont eu le succès prodigieux que nous avions fait prévoir : « C3nfiance et courage! »

Nous répéterons enfin ce que nous écrivions il y a un an au lendemain de la signature de la paix, sous ce titre :

« Les capitaux et le crédit.

« Les affaires vont toujours et ont toujours été du côté des pays victorieux.

La France ne manquera ni des uns ni des autres et elle verra ses affaires prendre un essor et un développement jusqu'ici inconnus. »

XII

Orientation nouvelle et affaires nouvelles.

La politique pure et celle nies intérêts.

11 est enfin une modification considérable qui, pendant les hostilités, s'est produite dans les esprits et qui,, depuis l'armistice, a trouvé son application : là politique des intérêts, celle des capitauxr se substituant à la politique pure, idéaliste, dans les relations internationales.

(1) Rentier di. 13-17 août 1914.

(2) Rentier de février 1915.

lre séant, file r0 ï i. — s0 12 &»

(13)

— 278 —

Notre chère et douce France a toujours été, c'est entendu, le champion du droit et du bon droit, de la justice et de la liberté, le défenseur et Je soutien des nationaHtés opprimées, de l'unité des peuples. L'unité italienne, « l'Italie libre des Alpes à l'Adriatique » suivant la proclamation de Napoléon TU, en

18o9, nous a conduits de la guerre d'Italie à celle austro-prussienne, à Sadowa, à la chute de la confédération allemande du Nord, à la formation de l'unité allemande et de l'Empire allemand; Bismarck, Guillaume Ier, ont pro- voqué la guerre de 1870 : nous avons subi des désastres immérités, la perte de TAlsace-Lorraine, puis la guerre de 19l4 est venue! Nous avons gagné la vic- toire finale et nos chères provinces d'Alsace-Lorraine sont de retour dans la mère patrie !

Nos grands alliés et amis ont'été et sont plus terre à terre : et à 'a politique idéaliste ils ont toujours préféré la politique pratique. Ils calculent ce que peut leur coûter ou leur rapporter ce qu'ils entreprennent. Ils ont pensé qu'après le bouleversement mondial causé par la guerre, il faudrait quand même et avant tout « faire des affaires »; cette pensée a été leur direction dès l'armistice, pen- dant les longues conférences de la paix, ils ont montré qu'ils voulaient du positif, du réel, nous laissant à nous l'idéal.

11 n'en sera pas ainsi, heureusement.

- XIII

La France et l'Europe Centrale. — Politique d'affaires.

La France a fait naître et renaître à la lumière et à la vie la Pologne et la Bohême, les Croates et les Slovènes, la Roumanie et la Serbie. Elle a aidé de jeunes peuples à se libérer d'un joug qui leur pesait. Dantzig et#la Haute- Silésie n'appartiennent plus à l'Allemagne; la Galicie Orientale appartient à la Pologne; la Roumanie et la Bessarabie, la Bukovine et la Transylvanie sont transférées à la Roumanie; aux Yougo-Slaves sont attribués, dans la plus grande p^rt, les territoires qu'ils revendiquaient légitimement.

Nos d^iomates ont fait, à notre profit, une politique d'affaires, d'intérêts économiques, commerciaux, industriels et financiers dans l'Europe Centrale;

ainsi s'expliquent et se justifient les créations de puissantes sociétés, sous les auspices de la Banque de Paris, de la Société Générale, du Greusot, en Tchéquo- Slovaquie, et notamment la fondation de la Société Européenne sous les âus pices de l'Union Parisienne, du Creusot et de leurs groupes et participants financiers.

Le traité de Versailles si violemment attaqué, surtout par ceux qui n'ont pu en suivre l'élaboration et les difficultés dans les travaux de la Conférence de la paix, assure à la France, à son commerce, à son industrie, avec des débouchés nouveaux, une prépondérance économique dans l'Europe Centrale; c'est donc une orientation nouvelle qui est ouverte a l'activité et à l'esprit d'initiative de notre pays; c'est une augmentation de travail, de salaire et de profits pour ceux qui travaillent, inévitablement nos grands établissements financiers, nos banques sauront en profiter.

(1) Peta Parisien, 10 septembie 1920.

(14)

- 279 - XIV

Politique utilitaire.

Développement nouveau pour le Crédit et les établissements de crédit.

C'est une politique « utilitaire » inaugurée par notre diplomatie. Elle a pensé que les leçons de la guerre ne doivent plus être, comme jusqu'à ce jour, des « conquêtes et annexions », mais l'accroissement du commerce et des affaires, la mise en valeur des richesses et productions du pays. Qu'on ne vienne pas parler, comme l'écrivait avec raison M. André Tardieu(l), ad'une politique française qui oubliant les leçons de la guerre compromettrait les fruits delà paix».

Ces « fruits de la paix » n'ont pas été oubliés par les négociations du traité de Versailles; nos commençants, nos industriels, nos financiers les feront mûrir et sauront en tirer profit pour le pays. Nos établissements de crédit prendront un large développement dans les pays nouveadx qui s'ouvrent à leur activité.

I I I

LA MOBILISATION DES VALEURS ÉTRANGÈRES EN ANGLETERRE L'évaluation des valeurs mobilières existant dans les divers pays a fait l'objet de remarquables communications à la Société de Statistique et à l'Institut international de Statistique. L'étude pourra être reprise d'une manière intéressante. On trouvera ci-dessous l'indication de quelques éléments qui pourront être utilisés dans ce but et que nous nous contentons de résumer d'après diverses publications.

Au commencement de la guerre, le montant des valeurs étrangères possédées par les citoyens du Royaume-Uni n'était que présumé d'une manière très conjecturale.

On possède aujourd'hui des données beaucoup plus précises à ce sujet : le rapport que le « Comité des Valeurs américaines exprimées en dollars » vient de présenter au Chancelier de l'Échiquier, au commencement de décembre 1919, a éclairé les aspects les plus importants de cette question. Ce Comité, dont le titre n'indique pas suffisam- ment le rôle très étendu, a été l'organe administratif qui, de la fin de 1915 à la fin de

1919, a pris charge des valeurs étrangères, et non pas seulement américaines, remises au Trésor par les particuliers, soit pour cession définitive, soit comme prêt en vue de permettre à la nation britannique de soutenir son change pendant la guerre.

Il a été constitué, à la fin de décembre 1915, pour réaliser le projet gouvernemental tendant à vendre ou à déposer en nantissement des valeurs étrangères et à obtenir du change américain par ce moyen. Le rapport déclare que le total des titres achetés s'est élevé à £ 216.644.396 et que le total- des titres prêtés au Trésor a atteint

£ 405.951.189. L'addition de ces deux sommes donne £ 622.595.585 (1).

On sait qu'en 1915 le cours de la livre sterling à New-York a commencé à baisser et qu'au mois de juillet il était tombé à 4,77. C'est alors que le Trésor invita la Banque d'Angleterre à acheter à Londres des titres représentant des dollars améri- cains et à transmettre ces valeurs, pour les vendre, à New-York. Les opérations, ainsi traitées à la seule Banque d'Angleterre se poursuivirent jusqu'à la fin de l'année,

„ \ .

(1) Tirms du 4 décembre 1919.

(15)

— 280 —

époque à laquelle le montant des titres achetés par la Banque atteignait en valeur nominale £ 223 mill ons.

Cette organisation semi-officielle fut remplacée, en janvier 1916, par l'entrée en fonction du « Comité des Valeurs libellées en dollars américains », qui publia une liste de 54 valeurs américaines dont le Comité désirait faire l'acquisition. Le prix qu'il offrait correspondait au cours moyen de New-York câblé le soir précédent.

Peu à peu la liste des actions et obligations américaines se développa, de telle sorte que, au 17 mars 1916, 256 catégories de valeurs pouvaient être vendue» au Trésor par l'intermédiaire du Comité, à des prix officiellement fixés par celui-ci. Le mon- tant des titres ainsi obtenus à cette date était de £ 40.500.000.

Le mécanisme de ces achats avait été indiqué dans ses grandes lignes, le 13 dé- cembre 1915, par un discours de M. Mac Kenna aux Communes. Voici les principales dispositions de ce premier système qui fut appelé, par la suite, « Plan A » : le Trésor proposait aux porteurs de valeurs américaines de leur payer celles-ci au cours moyen (de New-York pour les valeurs cotées à la Bourse de cette place), soit en espèces, soit en bons à.& l'Échiquier 5 %, remboursables le 1er décembre 1920. Le paiement était fait en livres sterling au cours du change du jour.

Pour les porteurs qui ne pouvaient ou ne voulaient vendre leurs valeurs, mais qui, cependant, étaient désireux de venir en aide au Gouvernement, le « Plan A » com- prenait une deuxième partie : e l l e du prêt au Trésor. Ce prêt était fait pour une durée de deux ans. En plus des intérêts et dividendes, le porteur recevait une bonification de 0,50 % l'an, calculée sur la valeur nominale des titres. Il avait la fjculté soit de réa- liser ces titres en cours de prêt, soit de les offrir en vente au Trésor. Dans l'un et l'autre cas, la contre-valeur lui en était versée à Londres en livres sterling, au cours du change du jour.

Les titres prêtés à l'État devant être affectés à la garantie de crédits obtenus de banques américaines, il était nécessaire d'envisager le cas où le Trésor serait forcé de vendre. Dans cette éventualité, le déposant devait être avisé du fait et recevoir la valeur des titres calculée au cours de clôture du Stock-Exchange de New-York le jour de l'envoi de l'avis, augmentée de 2 1/2 % de ladite valeur; le paiement serait fait à Londres au cours du change du jour, dès le lendemain. Si, au moment du prêt, le déposant en avait exprimé le désir, un délai de quatorze jours lui serait accordé pour reprendre la disposition de ses titres, à condition qu'il en fournît la valeur en dollars à New-York. En réalité, cette deuxième partie du «plan A» de mobilisation ne fut appliquée qu'à partir du 27 mars 1916. Elle fut modifiée et complétée ensuite.

Au mois d'août 1916, une seconde combinaison, dite « Plan B », étendit l'opéra- tion à des valeurs d'autres pays, notamment de l'Argentine, du Brésil, du Chili, de l'Egypte, du Japon, de la Hollande, de la Suisse et des pays Scandinaves. D'après ce nouveau système le prêt des titres était fait pour cinq ans au lieu de deux ans;

toutefois, le Trésor se réservait la faculté de dénoncer le contrat après le 31 mars 1919, moyennant préavis de trois mois. Les conditions du prêt étaient aussi quelque peu différentes.

Ces deux systèmes ont fonctionné concurremment pendant quelques mois, avec leurs avantages respectifs. Une dérision du Trésor, en date du 16 décembre 1916, unifia les deux modalités. Le d *oit de vente, tel qu'il était prévu dans la deuxième partie du « Plan A », fut étendu aux valeurs en dollars prévues sous le règlement du « Plan B », ainsi qu'à toutes autres valeurs déposées que le Trésor désirerait acheter après que la demande en aurait été faite. La combinaison « A » fut alors supprimée pour les dépôts de titres et ne subsista que pour la vente directe au Trésor.

Le prêt donnait lieu à la délivrance d'un certificat négociable au Stock-Exchange

(16)

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de Londres, où les dispositions avaient été prises pour c*éer un marché de ces certi- ficats. Ce marché prit assez vite une importante activité.

Gomme il restait encore beaucoup de porteurs en reta*d pour offrir leurs titres au Trésor et comme les événements s'aggravaient, un OM^e en Conseil, publié le 25 janvier 1917, autorisa le Chancelier de l'Échiquier à réquisitionner toutes les valeurs étrangères dont on pourrait avoir besoin pour fortifier la position financière du pays. Pour faciliter cette réquisition, il fut prescrit aux possesseurs de certaines catégories de valeurs de déclarer celles-ci, même si elles étaient déposées à l'étranger, et la sortie des titres ainsi visés fut prohibée sauf autorisation spéciale du Trésor.

De même leur vente était interdite, à moins que l'acheteur ne résidât ordinairement dans le Royaume-Uni, l'Ordre en Conseil ne s'appliquant pas aux valeurs qui appar- tenaient à des personnes ne résidant pas ordinairement dans le Royaume-Uni. On voit combien l'exécution de ces mesures a dû faciliter l'évaluation du portefeuille anglais en valeurs mobilières.

* * *

Le régime de la réquisition a subsisté jusqu'au dernier jour de 1918. Il était natu- rel, après la conclusion de l'armistice, de ranimer par un traitement plus libéral le marché des titres dont les principaux aliments avaient été retirés au profit du Trésor. Le 2 janvier 1919, fut abrogée l'interdiction de vendre des titres à l'étranger sans autorisation spéciale du Trésor. Ces autorisations, et le contrôle de l'interdiction, avaient dépendu jusque-là du « Comité des Valeurs exprimées en dollars américains ».

Le rôle de celui-ci devait se réduire désormais à accorder des permis d'importation pour les mouvements de valeurs. A la même date, le Trésor cessa d'acheter des titres, sauf ceux qui étaient sujets à réquisition (car les listes de réquisition étaient limitatives) et sauf ceux qui se trouvaient déjà en dépôt. Le 28 avril 1919, l'achat des titres déposés eux-mêmes fut suspendu. Dès le 1er avril, après un préavis de troiB mois, la restitution des titres avait commencé.

Le résultat de ces mesures tendant à maintenir le cours du change anglais à New- York, a été la stabilité de la livre sterling à £ 4,76 7/16 jusqu'au 21 mars 1919, date à laquelle le Gouvernement a décidé de renoncer à sa maîtrise sur le change.

Le tableau ci-dessous donne quelques détails sur des opérations traitées par le Comité :

Obligations en dollars . . . . Actions en dollars. . . . Total . . . A déduire valeurs canadiennes Total des valeurs des États-Unis,

Titres achetés Titres emprunté* Total

136.002.988 39.571.276 175.574.264 48.263.552 60.718.776 108.982.328 184.266.540 100.290.052 284.556.592 6.651.836 27.361.344 34.013.180 177.614.704 72.928.708 250.543.412

Ce tableau montre, dit le rapport auquel nous empruntons ces données, que sur le total des £ 250.543.000 de valeurs des États-Unis remises au Trésor, £ 177.614.000, ou 71 %, ont été achetées pour être revendues à NewrYork, et que £ 72.92 J.000,

ou 29 %, de ces valeurs sont restées en Angleterre.

On conçoit quel énorme travail représente cette mobilisation des titres étrangers.

Il paraît qu'elle a été faite avec un tel soin qu'aucun titre ne s'est égaré. Ce qui importe davantage, c'est l'influence qu'elle a exercé sur les possibilités de crédit extérieur,

Eugène BOISL^NPRY DUBERN.

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