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Une signature cérébrale du mensonge ?

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Academic year: 2022

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doi:10.1684/nrp.2018.0446

Rev Neuropsychol

2018 ; 10 (1) : 47-58

Une signature cérébrale du mensonge ?

A brain signature of lying?

Xavier Seron

Université catholique de Louvain, Institut de psychologie, place Cardinal-Mercier, 1348 Louvain-la-Neuve,Belgique

<xavier.seron@uclouvain.be>

Pour citer cet article : Seron X. Une signature cérébrale du mensonge ? Rev Neuropsychol 2018 ; 10 (1) : 47-58 doi:10.1684/nrp.2018.0446

Résumé Depuis de nombreuses années, les psychologues tentent de comprendre les mécanismes impliqués dans l’émission des conduites mensongères. Ces travaux ont été largement influencés par des demandes socié- tales en provenance de la justice en vue de détecter les coupables dans des affaires criminelles et de la sphère médicolégale en vue d’établir si des sujets ne simulaient pas une pathologie excessive en vue d’obtenir des bénéfices financiers ou sociaux non mérités. Avec l’apparition de l’imagerie cérébrale fonctionnelle, on a assisté au développement de recherches visant à identifier les structures cérébrales activées lorsqu’un sujet émet une conduite mensongère.

Dans cette revue non exhaustive, on discute de ces travaux en soulignant leurs principales limites à deux niveaux : celui de la validité écologique des situations créées en IRMf et celui de leur pertinence théorique. On conclut que, malgré le dynamisme de ce champ de recherches, d’importants progrès restent à accomplir du côté de l’analyse cognitive des tâches proposées et on souligne que, dans l’état actuel des recherches, l’usage de l’imagerie fonctionnelle dans des situations légales ou médicolégales nous paraît tout à fait prématurée.

Mots clés : mensonge·simulation-neuro-imagerie fonctionnelle·cognition sociale

Abstract For many years, psychologists tried to elucidate the mechanisms involved in lying. This research was largely influenced by societal demands from the judiciary for the detection of culprits and the forensic sphere to establish whether subjects were simulating an excessive pathology in order to obtain financial or social benefits. With the advent of functional brain imaging, researches have been developed to identify brain structures activated when a subject lies.

In our non-exhaustive review, we discuss these researches by highlighting their limitations at two levels: the ecological validity of the situations created in fMRI and their theoretical relevance. It is concluded that, despite the dynamism of this field of research, progress is to be made in the cognitive analysis of the proposed tasks and it is emphasized that, in the current state of the art, the use of functional imaging in legal or forensic situations is quite premature.

Key words: lying·malingering-functional neuroimaging·social cognition

Introduction

La détection du mensonge au moyen des méthodes de la psychologie est une tâche difficile aux résultats pro- metteurs mais qui restent incertains [1-3]. Les méthodes de la physiologie ne sont guère plus efficaces, les réac- tions physiologiques autonomes enregistrées au détecteur de mensonge ne se trouvant pas obligatoirement associées à la production de conduites mensongères [4]. On peut men- tir sans états d’âme [5, 6] ou à l’inverse se sentir effrayé à l’idée d’être déclaré coupable alors que l’on est innocent

Correspondance : X. Seron

[7]. Face à ces difficultés, les chercheurs se sont demandé s’il ne serait pas plus efficace d’essayer de détecter le men- songe directement au niveau de l’organe responsable de sa production, à savoir le cerveau !

Une voie de recherche s’est ainsi ouverte visant l’analyse du fonctionnement cérébral d’un sujet lorsqu’il est occupé à mentir. Dans une première direction, la recherche s’est cen- trée sur l’activité électrique du cerveau recueillie au niveau du scalp, ce qui conduira à l’étude des potentiels évoqués avec une onde particulièrement examinée : la P300 [8].

Dans une seconde direction, plus récente, liée à l’apparition des techniques d’imagerie cérébrale, on s’est proposé de lire l’activité cérébrale concomitante à la production de mensonges principalement au moyen de l’IRM fonction- nelle (IRMf) [9, 10] avec pour objectif d’identifier la

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«signature cérébrale» du mensonge. Les neurosciences poursuivent de la sorte un vieux rêve (ou cauchemar, c’est selon !) souvent évoqué dans les ouvrages de science-fiction qui permettrait de lire – à son insu et contre sa volonté – les pensées secrètes d’un sujet. Certains pensent que cet objec- tif est aujourd’hui à notre portée [11, 12] ; mais, comme on le verra par la suite, il reste du chemin à accomplir avant que ces techniques apportent des résultats fiables et exploi- tables hors du champ de la recherche [9]. Comme pour l’usage du polygraphe, le monde scientifique devra rester vigilant et mesuré dans ses annonces afin que l’utilisation de techniques non éprouvées ne se répande trop vite dans le domaine judiciaire et médicolégal, au risque d’influencer les décisions et de conduire à innocenter ou à condamner à tort des sujets. Enfin, si ces techniques devaient deve- nir fiables, leur usage éventuel devra nécessairement faire l’objet d’un large débat démocratique, car si un accusé a le droit de se taire, il n’est sans doute pas légitime qu’on puisse contraindre son cerveau à le trahir. Dans cet article, nous nous limiterons à un examen rapide, mais critique, de l’apport des techniques d’imagerie cérébrale.

Problèmes méthodologiques

La détection du mensonge implique une opération de comparaison entre l’activité cérébrale du sujet lorsqu’il ment et celle qu’il produit lorsqu’il dit la vérité. Cet objec- tif exige donc la mise au point de procédures permettant d’isoler les moments où sont produits des mensonges afin de les comparer à ceux où sont produits des propos vrais.

Les premières expériences en IRMf exigeront donc des sujets qu’ils mentent à un moment précisé à l’avance et qu’ils disent la vérité à d’autres moments prédéfinis également. Si cette comparaison génère une différence régulière et reproductible, on disposera «d’une signature cérébrale du mensonge» et il sera possible d’envisager l’utilisation de l’IRMf en situation réelle et de procéder à l’inférence inverse, c’est-à-dire déduire des activations céré- brales observées qu’un sujet est effectivement en train de mentir. Exprimé plus simplement, l’intérêt et la validité des travaux réalisés en IRMf dépendent nécessairement de la précision diagnostique des procédures comportementales utilisées. Il est ainsi prioritaire de procéder à un rapide examen des méthodes les plus fréquemment utilisées.

Deux procédures initialement créées dans le contexte du test polygraphique pour la détection des mensonges ont été transférées en IRMf : leControl Question Test(CQT) et leGuilty Knowledge Test(GKT) aussi appelé leConcealed Information Test(CIT).

Le CQT – « Test de comparaison de questions » [13]

Dans le protocole standard du CQT, le sujet est sou- mis à une succession de questions auxquelles il est invité à répondre par«oui»ou par«non».

Les questions sont habituellement divisées en trois catégories :

– les questions neutres, par exemple : «Habitez-vous Paris ?»;

–les questions de contrôle :«Au cours de ces 15 dernières années, vous est-il déjà arrivé d’être violent à l’égard d’une autre personne ?». Les questions de contrôle concernent une période de temps assez étendue et sont construites de telle sorte que la probabilité que le sujet ait commis un acte répréhensible de cette nature soit très élevée ;

– les questions spécifiques en rapport avec l’incident qui fait l’objet de l’interrogatoire :«La nuit de Noël, avez-vous étranglé votre belle-mère ?».

La logique sous-jacente au CQT est que les questions les plus menac¸antes pour le sujet sont celles qui déclen- cheront l’activité cérébrale la plus importante. L’hypothèse principale est donc que la ou les questions spécifiques à l’incident sont les plus menac¸antes pour le sujet cou- pable, alors que les questions contrôles représentent la menace la plus importante pour les sujets innocents, car s’ils répondent OUI aux questions de contrôle, on risque d’imaginer qu’ils peuvent être coupables également du crime qui fait l’objet de l’interrogatoire. Les attentes sont alors les suivantes : les sujets innocents répondront OUI aux questions neutres et NON aux deux autres types de questions et leurs réponses aux questions de contrôle seront considérées comme des mensonges ; quant aux sujets cou- pables, ils vont répondre OUI aux questions neutres et NON aux questions spécifiques et aux questions de contrôle. Sur le plan psychologique, les créateurs de la méthode consi- dèrent que les sujets innocents vont se sentir davantage concernés par les questions de contrôle et, suite à la peur générée lors d’un entretien préliminaire, ils considéreront que s’ils disent la vérité à ces questions, alors on risque de considérer qu’ils sont des coupables potentiels. De leur côté, les sujets coupables se sentiront davantage concernés par leurs réponses aux questions spécifiques qui généreront une activation plus importante.

Comme l’indique ce descriptif, la procédure CQT est accompagnée de nombreux présupposés sur le comporte- ment attendu des sujets. Elle a de ce fait été régulièrement critiquée par les chercheurs et les spécialistes du domaine.

Parmi le point le plus critiqué, on trouve l’hypothèse que les sujets coupables et les sujets innocents répondront de manière différente aux questions spécifiques. Par ailleurs, rien ne garantit que les sujets innocents mentiront aux questions contrôles car leur comportement dépendra de l’influence que l’examinateur aura été capable d’exercer lors de la mise en condition qui précède la passation du test. On a ainsi souligné à juste titre que les méca- nismes mis en jeu dans ce paradigme ne sont pas précis et manquent de base théorique. Malgré ces faiblesses et les nombreuses critiques du monde scientifique, le test du poly- graphe (ou détecteur de mensonge) pratiqué aujourd’hui dans plusieurs pays continue à utiliser un paradigme de type CQT, qui assez heureusement n’a guère été utilisé en IRMf.

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Le GKT ou CIT – « Test des connaissances coupables »

Les limites de la procédure CQT, sa trop grande dépen- dance vis-à-vis de la force de conviction des examinateurs et de la suggestibilité des sujets ont amené David Lyk- ken à proposer une autre procédure : le GKT ou «Test des connaissances coupables» que l’on dénomme plus généralement aujourd’hui CIT ou «le Test des informa- tions cachées» [14, 15]. Cette méthode a l’avantage de reposer sur un mécanisme psychologique bien établi :«le réflexe d’orientation» qui apparaît lorsque nous sommes confrontés à un stimulus pertinent dans notre environne- ment [16]. L’idée est que lorsque l’on interroge un sujet sur une affaire criminelle ou un événement passé, si on lui pré- sente une information pertinente en rapport avec le délit, celle-ci mobilisera son attention.

Considérons par exemple le cas d’un sujet qui a assas- siné sa belle-mère en l’étranglant au moyen de l’écharpe qu’elle porte habituellement autour du cou et qu’une dizaine de suspects soient également pressentis. Si la police et la presse n’ont pas révélé les modalités et les circons- tances de l’assassinat, le GKT peut être utilisé. Dans cette procédure, les sujets innocents et le coupable seront sou- mis à une suite de questions auxquelles il leur est demandé de répondre. Une première liste de questions pourrait être dans le cas présent :

– Q1 : «Mme Dupont a-t-elle été assassinée avec un révolver ?»;

– Q2 : «A-t-elle été assassinée avec un couteau de cuisine ?»;

– Q3 :«. . .Un pavé ?»;

– Q4 :«. . .Une écharpe ?»:

• Qi. . .Une batte de base-ball ?»,

• Qi +1 :«. . .Du cyanure ?», etc.

Ou encore dans une autre série :

– Q1 :«Mme Dupont a-t-elle été étranglée ?»;

– Q2 :«. . .Empoisonnée ?»;

– Q3 :«. . .Battue ?»;

– Q4 :«. . .Jetée dans le vide ?», etc.

On peut poser d’autres questions à propos de l’heure, du lieu où a été perpétré le crime, voire présenter des images dont celle de l’objet ayant servi au crime. L’hypothèse est que seul le coupable présentera un«réflexe d’orientation» lorsqu’il sera confronté au bon objet ou au bon modus operandi; alors que pour les sujets innocents toutes les possibilités présentées onta priorila même valeur. En situa- tion réelle, cette méthode n’est praticable que si les sujets ignorent les circonstances et les caractéristiques du délit et si les différentes possibilités offertes sont de plausibilité égale1. En fait, le CIT n’est pas un test de détection du men- songe, ce test évalue si le sujet possède en mémoire des informations à propos du délit et/ou de faits associés.

1Par exemple, ne pas proposer une cuillère en bois parmi les armes du crime !

Le paradigme du jeu de cartes

Cette méthode a été utilisée en IRMf par Langlebenet al. [17]. Dans ce paradigme, on montre aux sujets avant qu’ils entrent dans le local d’enregistrement une carte à jouer qu’ils sont priés d’emporter avec eux – par exemple le 7 de carreau. En situation d’enregistrement, différentes cartes seront présentées au sujet dont le 7 de carreau et ils devront répondre NON à la présentation de chaque carte de telle sorte qu’ils mentiront lorsque le 7 de carreau leur sera présenté. Dans une analyse intra-sujet, il est possible de comparer les activations lorsque le sujet répond aux cartes inconnues à celles qu’il présente face à la carte qu’il a vue au préalable et, dans une analyse inter-sujets, on peut comparer la performance d’un groupe sujets qui ont vu une ou plusieurs cartes avant la séance d’activation à celle d’un groupe de sujets qui n’en ont vu aucune.

Ce paradigme a ensuite été développé en plac¸ant sys- tématiquement les sujets dans deux conditions : l’une où ils sont invités à répondre honnêtement et une autre dans laquelle ils doivent mentir. Une autre variante a également été introduite, dans laquelle les sujets sont invités à men- tir de deux fac¸ons différentes : en niant avoir pris la carte critique, mais aussi en affirmant en avoir pris une autre, ce qui permet de comparer un mensonge de dénégation et un mensonge d’invention [18]. Ce paradigme a également été utilisé avec des visages : un ensemble de visages sont pré- sentés au sujet avant la séance IRMf [19]. Ensuite, dans la condition mensonge il doit nier les avoir vus parmi d’autres et dans la condition vérité les reconnaître correctement. Ici à nouveau, la procédure peut être compliquée en compa- rant les activations observées lorsque le sujet ne reconnaît pas un visage connu à celles où le sujet prétend reconnaître un visage avec lequel il n’a pas été familiarisé au cours de la phase d’apprentissage. Dans une autre expérience, en vue d’évaluer le rôle de la charge émotionnelle liée aux sti- muli, les sujets sont exposés avant l’expérience à des images émotionnelles et non émotionnelles qu’ils doivent ensuite reconnaître ou nier avoir vues [20].

Le paradigme autobiographique

Un autre paradigme, initialement utilisé par Spenceet al., propose au sujet avant d’entrer dans l’expérience de répondre à un questionnaire portant sur les activités qu’il a accomplies dans la journée ; par exemple,«Ce matin, avez- vous fait votre lit ?», ou encore «Avez-vous bu une tasse de café ?»[21]. Les réponses du sujet sont notées. Ensuite, ces questions sont présentées en situation d’activation dans deux séries différentes et, selon la couleur dans laquelle elles sont écrites, le sujet est invité à mentir ou à dire la vérité en appuyant sur une clé réponse. Les séries sont construites de telle sorte que chaque question est associée à une réponse honnête et à une réponse mensongère. Afin d’en étendre l’application à des situations plus proches de

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conditions d’un interrogatoire, le paradigme a été utilisé à propos d’événements autobiographiques plus anciens [22]

ou encore à propos d’événements épisodiques particuliers et gênants à avouer en rapport avec des vacances ou des activités professionnelles anciennes [23].

Le mock crime ou « crime simulé »

Toujours dans le but de se rapprocher davantage des situations d’interrogatoire lors d’affaires criminelles, on a également soumis des sujets à des situations de «crime» ou de«délit simulé». Le sujet est invité avant l’expérience IRMf à perpétrer un délit comme par exemple voler de l’argent ou un bijou, il est ensuite soumis à des questions en rapport avec ce délit dans une procédure de type CKT [24]. Il n’est pas rare dans ces expériences lorsque le larcin est une modeste somme d’argent qu’il constitue ensuite le défraiement du sujet.

Résultats globaux

Nous n’entrerons pas dans le détail des résultats recueillis au moyen de ces différents paradigmes qui varient également selon le matériel utilisé et les modalités de réponse (verbale oui/non ou appui sur des clés de réponses).

On retiendra la tendance générale des principaux contrastes issus de ces travaux. Un premier résultat présent dans pratiquement toutes les expériences est le fait que la sous- traction entre les réponses vraies et les réponses fausses n’isole aucune aire cérébrale, ce qui conduit les auteurs à suggérer que les réponses vraies constituent une sorte de réponse par défaut, celles que l’on produit habituellement et de manière routinière. La soustraction inverse révèle au contraire la présence d’aires cérébrales davantage activées par les réponses mensongères. On observe pratiquement toujours des activations dans les régions préfrontales et aussi mais avec moins de régularité dans certaines régions pariétales. Les activations préfrontales s’observent cepen- dant avec des différences concernant les sites activés : les aires ventrolatérales préfrontales [17, 19, 20, 25-30, 36], le gyrus cingulaire antérieur [13, 17, 18, 20-22, 24-27, 31], et le cortex préfrontal dorsolatéral [18, 23-27, 36] et parfois aussi, mais plus rarement, des structures pariétales [36], ou le thalamus [24], le noyau caudé [24]. On notera qu’aucune aire cérébrale particulière n’apparaît avoir pour fonction spécifique la«production de mensonges». Toutes les aires évoquées ci-dessus sont activées dans de nombreuses autres situations. Leur activation ayant été régulièrement reliée à des opérations mentales telles que :

– la capacité de se représenter les états mentaux d’autrui en particulier leurs intentions et leurs croyances,

– la capacité d’inhiber des réponses inappropriées, – la réalisation d’opérations de contrôle émotionnel, – la mise en œuvre de processus de recherche en mémoire,

– l’évaluation des coûts bénéfices dans des situations de prise de décision notamment celles ayant un rôle dans les interactions sociales, etc.

Il a été également souligné que l’on retrouve des aires cérébrales impliquées dans le contrôle et la suppression de conduites inadéquates qui, lorsqu’elles sont lésées ou dysfonctionnelles, peuvent entraîner les patients à exprimer verbalement ou physiquement de manière moins contrôlée leurs émotions et leurs motivations comme cela a été décrit dans le syndrome pseudopsychopathique lors de lésions frontales et dont le faible développement anatomique a été associé à la présence de dispositions antisociales [32], il a également été montré qu’elles pouvaient se trouver impli- quées dans la production de faux souvenirs [33].

Évaluation critique

Plusieurs critiques ont été adressées à ces recherches ; les principales concernent leur validité écologique et leur pertinence théorique. Nous passerons brièvement en revue les principales d’entre elles, tout en soulignant au passage les efforts entrepris pour la mise au point de protocoles plus ingénieux et susceptibles de rencontrer certaines d’entre elles.

Les populations concernées

Pour l’essentiel, les recherches ont porté sur des sujets jeunes de niveau universitaire (d’âge moyen situé entre 20 et 35 ans) ne présentant pas de troubles comportemen- taux ou de traits de personnalité déviants. Cette sélection pose un problème particulièrement important si l’on désire utiliser ces techniques pour la détection de mensonges auprès de sujets tout-venant dans le domaine judiciaire.

Les rares incursions réalisées dans cette direction sou- lignent en effet les risques d’une telle extension. Ainsi, dans une étude IRMf récente menée à l’université de Chang- sha en Chine, on a soumis de jeunes adultes délinquants ayant rec¸u un diagnostic de personnalité antisociale et évalués avant l’expérience quant à leur habileté à pro- duire des mensonges2 à un paradigme de reconnaissance d’images [34]. Dans ce travail, le contraste des activa- tions préfrontales entre les réponses mensongères et les réponses vraies s’amenuise au fur et à mesure que les scores des sujets s’élèvent dans l’échelle d’habileté à mentir. En fait, plus le sujet est un menteur habile et moins les contrastes diagnostiques sont importants ! Dans une autre étude en IRMf, portant cette fois sur des étu- diants universitaires en éducation physique évalués sur différentes dimensions psychopathiques (machiavélisme, froideur, impulsivité, résistance au stress, etc.), on observe également un ensemble de corrélations négatives entre certains traits psychopathiques et le degré d’activation de

2 Évaluée sur une échelle mesurant la capacité à produire des mensonges :deceitfulness capacity mesurée au PDI-IV (Personality Diagnostic Interview).

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structures cérébrales dans une tâche où les sujets sont invi- tés à mentir à propos d’événements vécus au cours de la journée. Par exemple, une corrélation inverse entre les acti- vations orbitofrontales droites et le degré d’intrépidité est observée. Les auteurs en déduisent que, plus les sujets sont audacieux, moins ils craignent les situations dangereuses et moins ils ont besoin d’activer lorsqu’ils mentent des aires réputées intervenir dans les comportements d’inhibition [35]. Bien d’autres relations sont observées dans cette étude que nous ne détaillerons pas, notre propos se limitant à sou- ligner l’importance de la prise en compte des différences interindividuelles (voir aussi à ce propos les références [25, 26]). Dans la même direction, dans une étude de chronométrie mentale lorsque des sujets sont placés dans des conditions où ils sont invités à mentir à haute fré- quence, les signes diagnostiques (pourcentage d’erreurs et temps de réaction) du mensonge ont tendance à diminuer [36] (voir aussi la référence [37]), autrement dit lorsqu’il devient la réponse dominante dans une situation expéri- mentale le mensonge devient plus difficile à détecter. Enfin, d’autres recherches suggèrent également que lorsque les sujets construisent un mensonge à propos d’événements passés et lorsqu’ils ont l’occasion de le raconter à autrui et de se le répéter à eux-mêmes à haute fréquence, ils peuvent finir par y croire, ce qui risque bien sûr de rendre le mensonge (qui n’en est plus un !) moins détectable.

En résumé, il n’est pas établi qu’un paradigme ayant démontré son efficacité au laboratoire chez des sujets jeunes, étudiants universitaires pour la plupart, réputés normaux et coopérants, soit applicable avec une fiabi- lité comparable à des sujets présentant potentiellement une personnalité déviante, ayant pour certains d’entre eux l’habitude de mentir à haute fréquence et ayant eu l’occasion de préparer à l’avance et de se répéter le récit mensonger qu’ils ont élaboré.

Les enjeux motivationnels et les paramètres émotionnels

Les enjeux accompagnant le mensonge dans les situa- tions à composante criminelle (être condamné, aller en prison) ou financière (cacher un vol ou des opérations financières douteuses) ne sont pas d’ampleur comparable à ceux mobilisés dans les expériences IRMf (obtenir la vali- dation de crédits dans un cursus ou quelques dollars en fin d’expérience). Cela a d’importantes conséquences sur la motivation des sujets et sur leurs réactions émotionnelles.

Dans la majorité des recherches, les sujets participent gra- tuitement aux expériences. Lorsqu’une récompense leur est proposée, elle est symbolique et ne dépasse guère les 20D3. Les motivations sous-jacentes au mensonge dans la vie quo- tidienne, dans le domaine médicolégal et dans les affaires criminelles, sont habituellement bien différentes et souvent plus importantes.

3À ma connaissance, la récompense maximale donnée à ce jour est de 100 $ [24, 25].

Dans la vie de tous les jours, le mensonge peut être accompagné d’un sentiment de culpabilité ou par la peur d’être découvert. Mais, dans la plupart des travaux réali- sés à ce jour en IRMf, le mensonge est «explicitement demandé»par les expérimentateurs. Le mensonge est donc

«la conduite attendue»et non la transgression d’un ordre moral et la peur d’être découvert est alors minimale. Une tentative pour rencontrer cette limite a été récemment réa- lisée dans une étude conduite au PETscan [31]. Dans ce travail, les sujets devaient répondre à des questions de mémoire autobiographique sémantique («Quel est le nom de votre école primaire, etc. ?») portant sur trois périodes de vie distinctes. Quatre conditions ont été présentées : deux conditions où le sujet était invité par l’examinateur à dire la vérité ou à mentir ; on reprenait ensuite ces deux conditions à l’identique à l’exception du fait qu’un second examinateur entrait dans le localjuste avant le début de l’enregistrement et il expliquait au sujet qu’il ne devait pas suivre les consignes données par le premier examinateur.

On lui expliquait qu’en fait l’expérience portait sur cet examinateur, mais à son insu. Les sujets étaient en outre avertis que l’examinateur ne serait pas mis au courant de leur attitude et que le but essentiel de l’expérience était d’arriver à tromper l’examinateur. L’expérience compor- tait donc quatre conditions : les conditions honnêtes – le sujet suit les instructions du premier expérimentateur : (1) il dit la vérité comme attendu : honnête-vrai (honest-truth [HT]), (2) il ment comme attendu : honnête-faux (honest-lie [HL]) ; et enfin les deux conditions manipulées où il trompe l’examinateur à son insu : (3) il dit la vérité alors qu’on lui a demandé de mentir malhonnête-faux (dishonest-lie[DL]), et (4) il ment alors qu’on lui a demandé de dire la vérité malhonnête-vrai (dishonest-truth[DT]). Cette manipulation avait pour objectif d’introduire la dimension sociale du mensonge qui est habituellement produit pour tromper la personne à qui il est destiné. L’expérience opposait donc en mémoire autobiographique des réponses vraies à des réponses fausses tout en manipulant de manière orthogo- nale l’intention de tromper l’examinateur en opposant les conduites honnêtes aux malhonnêtes. Afin d’augmenter le côté interactif de la situation, le PETscan a été préféré à la IRMf. L’examinateur se tenait près du sujet. Les questions posées oralement avaient été enregistrées avec la voix de l’examinateur et le sujet y répondait oralement également.

Une première analyse sur les temps de réponse montre qu’il y a un effet de l’intention de tromper l’examinateur ; les réponses malhonnêtes (vraies et fausses) sont plus lentes que les réponses honnêtes (vraies et fausses) ; il n’y a pas d’effet de la véridicité des réponses et pas d’interaction entre ces facteurs. En ce qui concerne les activations cérébrales, les deux manipulations conduisent à des résultats partiellement différents. Il y a un effet de la véridicité des réponses – le contraste L/T : (HL -HT) + (DL-DT) montre des activations significatives entre autres dans le cortex préfrontal dorsola- téral (BA 8/9), dans le cuneus gauche (BA 7) et dans le cortex préfrontal antérieur droit (BA 10). L’intention de trom- per l’examinateur – le contraste D/H : (DT-HT) + (DL–HL)

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produit des activations dans le cortex préfrontal ventromé- dian (BA 11), le précuneus gauche (sous-cortical) et des structures temporales droites (BA 20/38). Les auteurs ana- lysent ensuite la contribution de chacune de ces aires en rapport avec la falsification de la vérité versusl’intention de tromper le partenaire. En résumant les données, cette recherche montre que le cortex préfrontal dorsolatéral gauche et le cortex préfrontal antérieur droit sont activés lorsque l’on falsifie la vérité ; alors que le cortex préfrontal ventromédian et l’amygdale gauche sont activés lorsque les sujets tentent de tromper l’examinateur (le facteur de stress est sans doute plus élevé dans cette situation !). Enfin, dans cette étude, certaines régions comme le cortex préfrontal droit sont activées dans les deux situations.

Une autre démarche visant à se rapprocher de condi- tions naturelles d’émission du mensonge a été réalisée dans une recherche sur le mensonge à propos de faits autobio- graphiques. Spenceet al. ont demandé lors d’un entretien préalable aux sujets de leur rapporter un événement de vie embarrassant, le genre d’événement que l’on n’a ni l’habitude, ni l’envie de partager avec d’autres [24], les sujets pouvant par la suite lors d’une séance IRMf men- tir à propos de cet événement, reproduisant de la sorte la tendance naturelle que nous avons à cacher aux autres les événements peu glorieux de notre existence.

Les variables contextuelles

Dans la vie de tous les jours, le sujet décide par lui- même de mentir et dans certains cas au moins il peut également décider à quel moment il a l’intention de le faire.

Dans les premières expériences de laboratoire, non seule- ment le contenu du mensonge est défini à l’avance mais le sujet est en outre invité à mentir au moment précis où se présente le stimulus pertinent.

Progressivement, cependant, on a vu apparaître des modifications dans les protocoles offrant davantage de liberté de choix aux sujets. Par exemple, dans l’expérience de Spenceet al. à propos d’événements épisodiques embar- rassants pour les sujets, ceux-ci sont invités à mentir aux questions autobiographiques un nombre équilibré de fois et sont laissés libres de choisir à quelles questions ils décident de mentir [24]. Cette liberté relative a également été utili- sée dans certaines expériences où les sujets simulent des troubles de mémoire [25, 27].

Dans la vie de tous les jours, à côté des mensonges proférés sous la forme d’une réponse oui/non, il en existe beaucoup d’autres qui impliquent la construction d’un récit et la production de réponses inventives, comme l’attestent par ailleurs les travaux qui indiquent l’existence de corréla- tions positives entre les habiletés mensongères, les capacités de créativité des sujets [38] et leur niveau d’intelligence fluide [39]. Les expériences en IRMf ne comportent pas la possibilité de produire des réponses structurées. La dis- tinction entre le«mensonge isolé»et le«mensonge sous forme de récit» a cependant été approchée dans une expérience IRMf où les auteurs ont en outre contrasté les

mensonges spontanés aux mensonges mémorisés. Dans cette étude, ils se sont limités à deux croisements de ces dimensions en comparant aux réponses vraies des men- songes«isolés-spontanés»et des mensonges à propos de

«récits-mémorisés»[23]. Comme on pouvait s’y attendre, ils observent un ensemble de structures cérébrales activées dans les deux situations mensongères en même temps que des différences associées à chaque type de mensonge en particulier. Par exemple, les mensonges récits-mémorisés activent davantage le cortex frontal inférieur droit (BA 10).

Le mensonge est une conduite sociale qui survient dans le cadre d’interactions avec d’autres personnes. Les situations de laboratoire n’ont jusqu’à présent pas mis d’interlocuteurs en relation, ni créé des situations dans les- quelles le mensonge est suivi d’un feedback suggérant que le récepteur doute de ce qui lui est dit. Le menteur doit alors ajouter des détails pour convaincre l’interlocuteur comme cela se peut se passer dans la vie quotidienne.

Dans la plupart des expériences, les sujets sont invités à indiquer s’ils ont vu ou s’ils ont participé à un événement qui s’est déroulé quelques instants auparavant. Dans la vie de tous les jours, on ment à propos d’événements géné- ralement plus anciens avec le problème de la distinction entre l’oubli en mémoire et le mensonge intentionnel. On a vu cependant que Spence a réalisé des recherches sur le mensonge à propos de faits autobiographiques anciens.

Une autre question délicate dans le transfert de proto- coles IRMf aux situations réelles d’interrogation de sujets dans un cadre légal est la faible résistance des protocoles en usage lorsque les sujets développent des contre-mesures.

À ma connaissance, une seule recherche a examiné cette question [40]. Dans une expérience utilisant un paradigme GKT, les sujets devaient réagir à des dates qui leur étaient proposées en indiquant qu’aucune ne présentait pour eux un intérêt particulier alors que se trouvait insérée dans la liste leur date de naissance. Dans les conditions habituelles, c’est-à-dire sans instruction particulière, la détection du mensonge était parfaite. La comparaison des activations préfrontales latérales et médianes droites permettait de clas- ser correctement 100 % des sujets. En revanche, dans une condition où les sujets étaient invités à produire subrepti- cement différents petits mouvements lors de la présentation de dates non pertinentes, la comparaison des activations dans les aires cérébrales pertinentes ne permettait plus que 33 % de détections correctes. Cette diminution importante de capacité diagnostique invite bien sûr à la plus grande prudence. Cela suggère, pour ce type de paradigme, que si les sujets ne sont pas coopératifs et s’ils développent des stratégies adéquates, la détection du mensonge devient singulièrement plus compliquée. L’importance des contre- mesures a d’ailleurs été plus largement étudiée dans le domaine de la détection du mensonge au moyen du réflexe psychogalvanique [41].

Enfin une dernière, mais importante, limitation des recherches actuelles qui sont stimulées par des demandes en provenance du domaine de la justice est le fait qu’elles portent quasi toutes sur des mensonges antisociaux ou

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égoïstes. Il existe cependant une autre catégorie de men- songes tout aussi intéressante sous l’angle psychologique ; il s’agit des mensonges prosociaux et aussi des mensonges altruistes que l’on commet régulièrement dans de nom- breuses situations d’interaction sociale afin d’aider à ce que les échanges soient harmonieux et non blessants pour autrui. Il s’agit des mensonges qui permettent à chacun de ne pas perdre la face [42-44].

Il est important de garder ces limites à l’esprit, car elles soulignent l’étendue du travail qui reste à accomplir pour avoir une idée plus claire des activations cérébrales associées à la production de mensonges. Ainsi, même l’observation principale issue de la majorité des recherches, à savoir que les réponses mensongères engendrent plus d’activations que les réponses vraies, semble résulter du type de mensonges étudié et des contextes mis en place dans les expériences. On a vu en effet apparaître récemment des travaux dans lesquels«ce sont les réponses honnêtes qui génèrent davantage d’activation par rapport aux réponses mensongères !». Cela a été observé dans des recherches relevant de la psychologie de la prise de décision ou de la neuroéconomie impliquant des situations de jeux et où les réponses des sujets sont suivies de consé- quences financières. Par exemple, dans une recherche conduite par Yinet al. [45], des sujets sont amenés dans une condition à prédire avantla présentation du résultat d’un jet de dés sur un écran si la somme des dés sera supérieure ou inférieure à une certaine valeur. Chaque pari est accom- pagné d’un gain possible. Une fois son choix effectué, pour recevoir son gain, le sujet doit indiquer si son choix a été correct ou non. Il lui est indiqué avant l’expérience qu’il lui est possible de mentir en donnant cette réponse. Dans une

«condition spontanée», le sujet est libre de mentir comme il l’entend et, dans une «condition instruction», le sujet rec¸oit des consignes précises à chaque essai lui suggérant tantôt de mentir et tantôt de dire la vérité. L’expérience génère donc huit situations-réponses possibles : quatre en

«situation spontanée»: (1) un choix correct suivi d’une réponse honnête ; (2) choix incorrect→réponse honnête ; (3) choix correct→réponse malhonnête ; (4) choix incorrect→réponse malhonnête ; et en «situation instruction», les mêmes situations sont possibles mais les réponses honnêtes et malhonnêtes sont dictées au sujet.

L’intérêt de ce paradigme et d’autres du même genre, c’est qu’ici le mensonge et la vérité sont accompagnés selon le contexte de conséquences différentes. Si le sujet a fait une prédiction correcte, il n’a aucun intérêt à mentir et d’ailleurs très peu de sujets mentent dans cette situation. De plus, si le sujet a fait un choix incorrect et qu’il donne ensuite une réponse honnête il perd de l’argent ; dans ce cas, la réponse malhonnête est celle qui lui apporte un bénéfice alors que la réponse honnête l’empêche de gagner de l’argent. Sans entrer dans le détail des activations, on observe dans ce paradigme que les réponses honnêtes émises après un choix incorrect (2) entraînent davantage d’activations que les autres réponses en situation spontanée et cela au niveau des structures

ventrolatérales et dorsolatérales préfrontales droites et au niveau de lobule pariétal inférieur. Soit précisément les structures impliquées dans d’autres expériences, mais lors de la production de mensonges. Il apparaît ainsi que demander à un sujet de ne pas mentir alors qu’il a l’occasion – sans se faire prendre – d’obtenir un bénéfice implique très probablement la nécessité de réprimer la réponse la plus tentante qui est ici le mensonge. Enfin, l’émission d’un mensonge après un choix incorrect active davantage le genou antérieur du cortex angulaire que les autres conditions. Les auteurs expliquent ce résultat en suggérant que la réponse honnête lorsqu’elle est produite au détriment des intérêts du sujet implique des opérations de contrôle qui engagent un réseau frontotemporal alors que la réponse malhonnête pour obtenir un gain génère des émotions négatives. Sans détailler ces résultats plus avant, on retiendra aussi dans ce travail que dans les différentes

«conditions instructions» les auteurs n’observent pas, lorsque le sujet ment, les activations frontales observées dans d’autres travaux. Il est enfin intéressant de noter que dans la «condition instruction» les aires cérébrales activées par le mensonge ne correspondent pas à celles observées dans la«condition spontanée».

Les recherches pertinentes

pour l’expertise en neuropsychologie

À côté des recherches assez directement inspirées par le souhait d’arriver à détecter la production de mensonges dans des affaires criminelles, une partie plus modeste des recherches concerne le domaine de l’évaluation neuro- psychologique dans le cadre de l’expertise médicolégale.

La question est ici d’arriver à déterminer si l’évaluation neuropsychologique rend correctement compte des défi- cits résultant d’une lésion, ce qui nécessite d’être en mesure d’identifier l’exagération ou la simulation de troubles. Les recherches en IRMf sont fort peu nombreuses dans ce domaine ; elles ont principalement porté sur la simulation de troubles mnésiques.

Un premier groupe de travaux a repris en l’adaptant à la situation IRMf la logique desSymptom Validity Tests, c’est-à-dire la présentation de tâches simples et habituelle- ment bien réussies par des sujets même lorsqu’ils présentent des déficits mnésiques avérés [46]. Dans cette direction, Lee et al. ont présenté aux sujets deux situations : dans la première, deux stimuli (une ligne de trois chiffres) sont présentés en succession à quelques secondes d’intervalle : le premier est à mémoriser et le sujet doit indiquer si le second est identique ou différent du précédent ; dans une seconde condition dite «autobiographique», le premier stimulus est une question – par exemple :«Où êtes-vous né ?»– et le sujet doit indiquer si la réponse proposée

«Londres» est exacte ou pas [33]. Les sujets sont invi- tés dans des blocs séparés à répondre en adoptant quatre stratégies différentes :

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– répondre correctement ;

– répondre systématiquement incorrectement ; – répondre au hasard ;

– répondre en essayant de se comporter au mieux, comme si l’on voulait convaincre autrui qu’on présente des troubles de mémoire, c’est la condition desimulation.

Une autre dimension intéressante de cette recherche est le fait d’offrir au sujet un temps de réflexion, car, avant d’effectuer les tâches, le sujet est invité à réfléchir à la meilleure fac¸on de s’y prendre pour feindre de manière plausible un trouble mnésique. Les auteurs retrouvent dans ce travail en contrastant la condition de simulation à la condition réponse correcte, les sites habituellement isolés dans les recherches sur le mensonge à savoir le cortex pré- frontal bilatéral (BA 9/10/46), mais également les aires BA6 en frontal, BA 21 en temporal et BA 23 au niveau du cingu- laire. Cette première recherche ne portait que sur cinq sujets et dans une étude ultérieure conduite avec un nombre plus élevé de sujets ; les auteurs ont réutilisé ce paradigme mais en comparant les performances de sujets chinois à des sujets caucasiens, les performances de femmes à celles d’hommes et enfin pour les sujets chinois en comparant leurs perfor- mances pour le matériel chiffré et pour des mots écrits en chinois [30]. Au terme de ce travail, ils retrouvent des résul- tats quasi identiques à ceux de la première expérience et plus spécifiquement ils montrent qu’il n’y a pas de diffé- rence dans les activations selon le genre (garc¸ons/filles), la langue utilisée (chinois/anglais) et le type de matériel employé (motsversuschiffres). Un résultat également inté- ressant est le fait qu’il n’y a pas de différence au niveau des activations entre la condition réponse correcte et la condi- tion réponse systématiquement incorrecte. Un paradigme du même genre a été réutilisé par Liang et al., mais dans une expérience où les sujets rec¸oivent en outre un incitant financier et les auteurs sont en mesure d’isoler un pattern d’activations propres à la condition de mémoire simulée avec des activations plus importantes en pariétal droit et dans les régions préfrontales gauches [47].

Enfin, dans une étude ultérieure, une question parti- culièrement pertinente a été examinée : est-il possible de distinguer les activations cérébrales associées à une erreur de mémoire volontaire résultant d’une simulation d’une erreur de mémoire involontaire résultant d’un défaut de récupération. Dans ce but, les sujets ont été soumis à un paradigme de reconnaissance de longues listes de mots qui génère habituellement un taux de 70 % de réponses correctes [48]. Dans ce paradigme, deux types d’erreurs sont possibles : les faux positifs : la reconnaissance erro- née d’un item étranger comme appartenant à la liste et les faux négatifs : le rejet d’un item qui faisait partie de la liste à apprendre. La tâche est réalisée dans deux conditions, l’une où les sujets sont invités à essayer de se souve- nir au mieux (condition vérité) et l’autre où il leur est demandé de feindre un trouble de mémoire sans se faire repérer. Ces deux conditions permettent aux auteurs, d’une part, de comparer les vraies erreurs aux réponses cor- rectes, les erreurs volontaires aux réponses correctes et enfin

les erreurs vraies aux erreurs volontaires dans un design intra-sujet conduit sur sept participants mâles. Les auteurs observent effectivement une activation plus importante au niveau des aires frontales inférieures gauches (BA 47), dans le cortex cingulaire postérieur droit (BA 23) et dans le précu- neus gauche en cas d’erreurs volontaires par comparaison aux erreurs de reconnaissance ; la soustraction inverse ne laissant entrevoir aucune activation significative. L’analyse des performances en chronométrie mentale indique éga- lement une différence selon la nature des réponses avec les réponses correctes les plus rapides, les réponses simu- lées les plus lentes, les erreurs occupant une position intermédiaire. Selon les auteurs, ces résultats confirment l’hypothèse selon laquelle pour produire intentionnelle- ment une erreur en mémoire, on doit d’abord récupérer l’information en mémoire, ensuite inhiber la réponse qui lui est associée et enfin produire le mensonge. Il a aussi été observé que les troubles de mémoire simulés activent des aires cérébrales différentes selon que l’on simule un trouble de mémoire à propos d’un matériel appris une semaine auparavant ou quelques secondes plus tôt [49].

Dans un travail récent, on s’est également demandé s’il ne serait pas possible d’identifier les activations cérébrales associées à«la préparation d’un mensonge»[50]. Dans cette expérience, les sujets sont placés dans trois condi- tions différentes avantla présentation d’une image qu’ils ont mémorisée au préalable. Ces conditions sont indicées par trois signaux différents : un signal leur indique qu’ils devront mentir, un autre qu’ils devront dire la vérité ou un troisième qu’il y a incertitude et dans ce cas le signal ne sera délivré qu’au moment de la présentation du stimu- lus. Lorsqu’on compare entre elles les trois conditions, les auteurs observent des activations dans le cortex préfrontal dorsolatéral gauche, l’aire motrice supplémentaire gauche et le gyrus supramarginal gauche dans les conditions où une préparation est possible par rapport à la condition où il y a incertitude. Mais on n’observe pas de différence entre la préparation à mentir et la préparation à la vérité. Dans ce type de paradigme, il n’est donc pas possible de pré- voir si un sujet s’apprête à mentir ou à dire la vérité. Les auteurs en déduisent que l’activation observée correspond à un mécanisme général de préparation d’une réponse.

Neuromodulation du mensonge ?

Une limitation des études en imagerie cérébrale fonc- tionnelle est la nature corrélationnelle des observations : on observe que certaines structures sont activées lorsque les sujets produisent une activité, mais cela ne garantit pas que cette structure soit indispensable à la réalisation de la fonction. Un complément naturel aux travaux d’imagerie cérébrale fonctionnelle (outre les données de la patholo- gie que nous ne discuterons pas ici) est la stimulation ou l’inhibition d’aires cérébrales dont on désire comprendre la fonction et cela, soit par la stimulation magnétique transcrâ- nienne (TMS) soit par la délivrance d’un courant électrique

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de bas voltage (tDCS). Quelques recherches ont été réalisées à ce jour dans le domaine du mensonge. Dans une étude de Prioriet al. une stimulation tDCS anodale appliquée sur le cortex préfrontal dorsolatéral bilatéralement allonge le temps mis à mentir chez les sujets dans un paradigme où ils sont libres de mentir, la stimulation étant sans effet pour les mensonges imposés [51]. Dans un autre travail, des sujets volontaires ont été soumis à un jeu de rôle dans lequel ils sont invités à voler de l’argent et ensuite à mentir lors d’un interrogatoire de type GKT pendant lequel une stimu- lation électrique était ou pas délivrée au niveau du cortex préfrontal antérieur [52]. Afin de donner plus de vraisem- blance à ce protocole, les sujets étaient invités à mentir avec intelligence : c’est-à-dire à essayer de ne pas se faire repérer ; ils étaient donc laissés libres de choisir à quelles questions ils allaient mentir. La stimulation électrique catho- dale qui inhibe le gyrus préfrontal antérieur conduit à une amélioration des conduites de mensonge. Cet effet se mani- feste par un temps de réaction plus court pour produire des mensonges, mais pas pour dire la vérité, par une diminution de la réaction psychogalvanique, par une diminution des sentiments de culpabilité et par un accroissement du score stratégique. Enfin, l’accroissement d’excitabilité du gyrus préfrontal antérieur n’affecte pas les conduites de men- songes. Mais la situation se complique un peu lorsque l’on compare des mensonges de nature différente. Ainsi, dans un travail mené par Mameliet al., la stimulation anodale du cortex préfrontal dorsolatéral dans une tâche de type GKT entraîne une diminution des réponses mensongères mais seulement à propos de mensonges portant sur des informa- tions générales («La pomme est-elle un fruit ?») sans avoir d’influence sur les informations personnelles («Êtes-vous à Milan ?») [53].

D’autres recherches ont porté sur la dimension du risque impliqué dans le mensonge. Il existe en effet des données indiquant que, dans des tâches de prise de risque [54], les sujets dont on inhibe par rTMS le cortex préfrontal droit prennent davantage de décisions à haut risque par compa- raison aux sujets chez qui l’inhibition porte sur le cortex préfrontal gauche. Cette question a été reprise pour le men- songe dans des expériences où les sujets sont laissés libres de mentir ou pas. Il a été observé que la stimulation du cor- tex dorsolatéral droit diminue la fréquence des mensonges, laquelle est au contraire augmentée lors de la stimulation hémisphérique gauche [55]. Enfin, une stimulation anodale de la jonction temporopariétale droite a également pour effet de diminuer l’habileté à mentir dans un jeu à enjeux monétaires, cette région étant supposée fournir une éva- luation négative des conduites mensongères [56] et il a été également montré que la stimulation anodale de cette jonction augmente la capacité de détection du mensonge [57], observation qui a été mise en relation avec le rôle supposé de cette structure dans les capacités d’adoption du point de vue d’autrui et d’inhibition de sa propre perspective.

On retiendra de ceci qu’aucune synthèse n’est possible pour l’instant à propos des rares études de stimulation ;

les protocoles comportementaux, le type de stimulation, les paramètres de stimulation et les aires ciblées sont trop différents et les données trop peu nombreuses.

Mensonge ou trouble somatoforme ?

Enfin, avant d’envisager un éventuel transfert des tech- niques d’imagerie cérébrale fonctionnelle dans le domaine légal et médicolégal, il reste encore un écueil important : la distinction à opérer entre la simulation volontaire et les troubles somatoformes. Nous n’aborderons pas ici cette question qui fait aujourd’hui l’objet de recherches au sein desquelles les auteurs tentent de voir s’il est possible de discriminer les activations cérébrales présentes chez des sujets présentant des troubles d’origine psychogène (amné- sie, paralysie, épilepsie)versuschez ceux manifestant des conduites de simulation [58-60]. La question se complique encore davantage si on postule qu’il existe un continuum entre «se mentir à soi-même» et «mentir aux autres», et si l’on se rappelle qu’il s’agit souvent dans les tra- vaux d’expertises neuropsychologiques moins de conduites explicites de simulation que d’une présentation exagérée de déficits par ailleurs existants.

Conclusion

Ce survol d’une partie des recherches consacrées à l’examen du fonctionnement cérébral de sujets occupés à mentir peut faire l’objet de deux regards différents.

Celui de cliniciens ou d’acteurs de terrain qui désirent améliorer leurs outils de diagnostic afin d’aider la jus- tice à identifier des sujets coupables de délits ou espérant bénéficier d’avantages auxquels ils n’ont pas droit. Dans cette direction, certains chercheurs, pressés d’être efficaces, soulignent qu’il n’est pas utile pour les besoins d’une appli- cation à des situations réelles, de déterminer avec précision le rôle précis accompli par les aires cérébrales impliquées dans l’émission de conduites mensongères. L’objectif à atteindre est de disposer d’un outil de diagnostic différentiel sous la forme d’un algorithme classificateur capable pour une tâche donnée de différencier le réseau des structures cérébrales accompagnant le mensonge de ceux associés aux propos vrais. Mais, compte tenu de la quantité de variables en jeu au niveau des procédures, de la variabi- lité des sujets et des situations, cet objectif pragmatique est aujourd’hui hors de portée. Par ailleurs, s’il n’est pas accom- pagné d’une analyse précise des mécanismes mis en jeu, nous pensons que l’usage d’un tel algorithme restera dange- reux, car il n’apportera au mieux que des certitudes d’ordre statistique. L’usage de l’IRMf dans le domaine médicolégal nous paraît ainsi très largement prématuré. Cet instrument risque en outre de bénéficier malgré son niveau actuel d’incertitudes de l’aura de scientificité qui entoure les neu- rosciences en général et qui font que lors de la comparaison de résultats identiques issus de recherches en neurosciences cognitives, ceux accompagnés d’une image du cerveau sont

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considérés comme plus crédibles et plus scientifiques que ceux présentés sans imagerie [61]. Il a en outre été récem- ment établi lors de la présentation à des jurés de dossiers fictifs de sujets se déclarant innocents, mais présentant des signes de culpabilité extraits soit de données issues d’un test au polygraphe, soit d’une analyse thermique du visage, soit de données d’une IRMf, que ce sont les dossiers soutenus par les données d’IRMf qui conduisent au nombre le plus élevé de décisions de culpabilité [62]. Cet avantage dis- paraît cependant si on accompagne les données de l’IRMf d’un commentaire qui en souligne les limites.

À côté de cet objectif pragmatique, l’évaluation des don- nées actuelles est un peu différente si l’on se place dans une perspective de recherche fondamentale avec pour objec- tif de comprendre le fonctionnement cérébral de sujets lorsqu’ils sont occupés à mentir. Dans cette direction, les travaux réalisés à ce jour sur le mensonge en IRMf paraissent très hétérogènes dans les paradigmes comporte- mentaux et les types de mensonges examinés. La majorité des recherches ne repose pas sur un ensemble coordonné d’hypothèses à propos des mécanismes cognitifs, émotion- nels et motivationnels mis en jeu dans les tâches proposées aux sujets. Cela est en grande partie lié à la démarche adoptée par les auteurs qui, plutôt que de s’appuyer sur un cadre théorique précis définissant à l’avance les processus impliqués dans les tâches soumises à activation, procèdent a posteriori à l’interprétation cognitive des tâches qu’ils utilisent sur la base des activations observées. Lors de la discussion des résultats, on est très régulièrement confronté à un ensemble d’hypothèses post-hoc du genre : «notre expérience met en œuvre des processus d’inhibition,parce que telle structure cérébrale se trouve activée et qu’elle a été signalée comme intervenant dans des processus d’inhibition dans d’autres travaux, etc.». La difficulté de cette approche c’est que les mécanismes en question sont souvent très largement définis et qu’ils sont d’une très grande diversité. Exprimé autrement, on met la charrue avant les bœufs : on espère comprendre la tâche à partir des activations observées plutôt que d’émettre au préalable des hypothèses fonctionnelles précises sur les mécanismes mis en jeu et de procéder ensuite à un examen systématique des activations correspondantes.

Une approche davantage argumentée au plan théo- rique impliquera sans doute de faire un ensemble de distinctions sur les types de mensonges, d’abandonner l’illusion que le mensonge peut s’examiner au singulier et de s’inspirer de propositions théoriques existantes sur les mécanismes à examiner. Il existe aujourd’hui plusieurs pistes possibles, mais le modèle théorique le plus élaboré

à ce jour est sans doute le modèle sociocognitif ADCAT (activation-decision-construction-action theory) de Walc- zyk et al. [63] qui proposent pour chaque moment de l’émission d’une conduite mensongère à haut risque une description des mécanismes mis en jeu qui se laisse décom- poser comme suit ADCAT : (A) l’analyse de la situation (Que veut savoir mon interlocuteur ? Dans quel but, y- a-t-il menace ? Quelles questions va-t-il me poser ?) qui mobilise des processus relevant de la théorie de l’esprit (Que sait l’interlocuteur, qu’ignore-t-il, que croit-il à mon propos ?) ; (D) la prise de décision (Mentir ou ne pas mentir ?) avec l’intervention de processus stratégiques ou heuristiques pour l’évaluation des coûts-bénéfices qu’il y a à mentirversusdire la vérité (Quels sont les risques ?) ; (C)la construction du mensongequi peut impliquer l’inhibition des informations que l’on désire ne pas dévoiler et des opérations de construction et de sélection d’un scénario plausible fabriqué à partir de l’activation de scripts en mémoire ou de l’agencement de fragments vécus ; (A) enfin, laproduction du mensonge et le contrôle on linedes effets qu’il a sur l’interlocuteur en même temps que des opé- rations de contrôle de son expressivité émotionnelle afin d’apparaître convainquant et crédible. À chacune de ces étapes plus ou moins séquentielles selon la situation, il y a une mobilisation de ressources cognitives qui varie- ront selon tout un ensemble de paramètres exerc¸ant leur influence sur les différents composants de l’activité, de même que l’intervention de variables motivationnelles et émotionnelles qui s’ajusteront en fonction de l’importance de l’enjeu et de l’évaluation des risques (menace en cas d’échec, bénéfices escomptés, autoperception par le sujet de ses compétences, etc.).

Ce modèle souligne combien le mensonge renvoie à une multitude de situations et de conduites. Pour l’analyse psychologique du mensonge, il convient sans doute d’abandonner à son propos le singulier et considé- rer plutôt«les conduites mensongères». Leur analyse reste encore largement à faire. Et s’il paraît évident qu’il s’agit de conduites qui peuvent être complexes en termes de pro- cessus et de ressources mobilisées, à ce jour aucun des processus impliqués ne paraît spécifique.In fine, les condui- tes mensongères font partie d’un très vaste ensemble de stratégies utilisées si nécessaire par un sujet dans la pour- suite de ses buts.

Liens d’intérêts

l’auteur déclare ne pas avoir de lien d’intérêt en rapport avec cet article.

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