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UROLOGIE PÉDIATRIQUE
Dérivations urinaires continentes trans-conduit selon Mitrofanoff chez l’enfant : suivi à long terme et
complications spécifiques
Appendicovesicostomy (Mitrofanoff procedure) in children: Long-term follow-up and specific complications
M. Lefèvre
∗, S. Faraj , C. Camby , A. Guinot , S. de Napoli Cocci , M.-D. Leclair
Servicedechirurgiepédiatriqueetd’urologie,CHUdeNantes,Hôtel-Dieu,1,place Alexis-Ricordeau,44000Nantes,France
Rec¸ule13d´ecembre2017 ;acceptéle18juin2018 DisponiblesurInternetle3aoˆut2018
MOTSCLÉS Cystostomie; Mitrofanoff; Enfant; Résultat thérapeutique
Résumé
Buts.—Chezl’enfant,lecathétérismevésicalintermittent(CI)parunecystostomiecontinente trans-conduit (CCTC) selonMitrofanoff est unealternativeà la voieurétrale.L’objectif de l’étudeétaitd’évaluerletauxdecomplicationsspécifiquesdecesCCTC.
Méthode.—Ontétérecueilliesdefac¸onrétrospectivelesdonnéesconcernantl’ensembledes enfantsopérésetsuivispouruneCCTCdansuncentrehospitalieruniversitaire,entre1997et 2017.LesdifférentescomplicationschirurgicalesrencontréesspécifiquementsurlaCCTC,leur délaidesurvenue,leurfréquenceetlesdifférentesréinterventionschirurgicalesnécessaires ontétérapportées.
Résultats.—Trente-quatrepatientsontétéopérésetsuivispendantunemédianede6,2ans [0,3—24].Cinquantepourcentonteuunecomplication,survenantàunemédianede8mois postopératoireset38%ontnécessitéaumoinsuneréinterventionchirurgicale.Encasdecompli- cation,unajustementdutraitementmédicaletdesCIPétaitsuffisantchez12%despatients, ungesteendoscopiqueouunechirurgiesus-aponévrotiqueétaitnécessairedans17%descaset uneréinterventionsous-aponévrotiquedans21%descas.Ledélaimédiandesurvenued’une complicationaprèslacréationouaprèsréinterventionsurlaCCTCétaitde4mois[1—90].On
∗Auteurcorrespondant.
Adressee-mail:maximlef@hotmail.fr(M.Lefèvre).
https://doi.org/10.1016/j.purol.2018.06.009 1166-7087/©2018Publi´eparElsevierMassonSAS.
rapportait38%dedifficultésdesondage,dont46%desténosessus-ousous-aponévrotiques.
Onretrouvait18%d’incontinenceurinaireinaugurale,etseulement9%encasd’utilisationde l’appendice.Àterme,97%desCCTCétaientcontinentes.
Conclusions.—LaCCTCresteuneinterventionàhautrisquedecomplicationsetderéinter- ventionspostopératoiresavantd’obtenirunconduitfonctionnel,sansincontinenceurinaireni difficultésdecathétérisme.
Niveaudepreuve.— 4.
©2018Publi´eparElsevierMassonSAS.
KEYWORDS Appendicovesico- stomy;
Urinarydiversion;
Child;
Treatmentoutcome
Summary
Objective.—Inchildren,intermittentcatheterizationby appendicovesicostomyaccordingto Mitrofanoffisaninterestingalternativetotheurethralapproach.Objectiveofthestudywas toevaluatetherateofappendicovesicostomy’sspecificcomplications.
Method.—From1997to2017,dataonchildrentreatedandfollowedforanappendicovesico- stomyinanacademicinstitutionwerecollectedretrospectively.Ratesofsurgicalcomplications specificallyencounteredonappendicovesicostomy,timeofonset,frequency,andnecessityof surgicalreinterventionshavebeenreported.
Results.—Thirty-four patients were operated on and followed for a median of 6.2 years [0.3—24].Fifty percent hada complication, occurring after amedian of8months [2—90], and38%requiredatleastonesurgicalrevision.Ifcomplicationoccurred,adjustmentofmedi- caltreatmentandintermittentcatheterizationwaseffectivein12%ofpatients,endoscopicor over-fascialsurgerywasnecessaryin17%ofcases,andunder-fascialrevisionin21%ofcases.
Mediantimetocomplicationwas4months[1—90]aftercreationorrevisionofappendicove- sicostomy.Thirty-heightpercentofdifficultchannelcatheterizationwerereported,ofwhich 46%wereoverorunder-fascialstenosis.Inauguralurinaryincontinencewas18%,andonly9%if usingtheappendix.Attheend,97%ofappendicovesicostomywerecontinent.
Conclusions.—Appendicovesicostomyisahighriskofcomplicationsandpostoperativerevisions surgery,inordertohaveafunctionalcontinentchannel.
Levelofevidence.—4.
©2018PublishedbyElsevierMassonSAS.
Introduction
Denombreuxpatientsontrecours cathétérismesintermit- tents(CI)afindevidangerefficacementunréservoirvésical hypocontractile ou acontractile. Ses indications les plus courantesenpédiatrieseretrouventencasdevessieneu- rologique,decomplexeexstrophie-épispade,d’obstruction sous-vésicale.L’accèsà l’urètrepeut être difficile encas d’anomalieoudemodification del’anatomiepérinéale et vésicale, de sténose urétrale, ou quand la dextérité du patientestaltérée.Enfin,ilestsouventcomplexedefaire accepteràunenfantlepassaged’unesondeplusieursfois parjourdansunurètresensible.
En 1980, Paul Mitrofanoff [1] a proposé la réalisation d’unconduitétanchereliantlavessieàlaparoiabdominale (appendice,iléon,uretère)[2—4]pourpermettrelesauto- /hétéro-sondagesdesenfantsprésentantunevessieneuro- logique,enassociationavecunefermetureducol.Untrajet sous-muqueuxantirefluxestcréé,assurantlacontinence.
Bienquelacystostomiecontinentetrans-conduit(CCTC) ait permis de diminuer le taux de chirurgies urinaires noncontinentesetdoncd’améliorerlaqualité deviedes
patients, de nombreuses complications ont été décrites [5—7]. L’objectif principal de l’étude était d’évaluer le taux decomplications spécifiques desCCTC. Lesobjectifs secondairesétaientd’évaluerlesdifférentescomplications chirurgicales rencontrées, leur délai de survenue, leur fréquenceetlesdifférentescorrectionschirurgicalesappor- tées.
Matériel et méthodes
Il s’agit d’une étude de cohorte rétrospective, monocen- trique.Lerecueildelalistedespatientsétudiéscorrespond àl’ensembledesmineurssuivispourCCTCdansunservice universitairedechirurgiepédiatriqueentre1997et2017.
Lescritères d’exclusion étaient unantécédentde cys- tostomie continente dans un autre centre, un suivi dans notrecentre inférieurà4mois,etunmanquededonnées médicalesdansledossierpapierouinformatique.
Latechnique chirurgicale utilisée était celle de Mitro- fanoff. Lavoied’abordétaitunelaparotomietransversale selon Pfannenstiel ou une laparotomie médiane sous- ombilicale.
En cas d’hypocompliance vésicale au bilan urody- namique, une entérocystoplastie d’agrandissement était réalisée.
Encasd’incontinenceurinaireparinsuffisancesphincté- rienneassociée,unecervicoplastiedetypeYung-Deesétait réalisée.
Untrajetcontinentsous-muqueuxantirefluxdanslaves- sie native était créé par voie intra-vésicale. Au niveau cutané,leconduitétaitimplantésoitdanslafosseiliaque droite,parunlambeauenY-VinitialementouenVQZaprès 2004,soitdansl’ombilicparunlambeaudit«V-flap».
Le drainage urinaire était assuré pendant 14—28jours par une sonde vésicale trans-conduit, et par un cathé- ter sus-pubien et/ou une sonde trans-urétrale en cas d’entérocystoplastieoudecervicoplastie.
L’ensemble des données pour chaque patient a été recueilligrâceàl’outilinformatiqueCLINICOMoudansles dossierspapiers.
Les données étudiées étaient l’indication étiologique (vessie neurologique, complexe exstrophie-épispade, obstruction sous-vésicale, autres malformations pelvi- périnéales),l’âgeàla1rechirurgiedeCCTC.Onrapportait le type de chirurgie réalisé (CCTC seule, associée à un agrandissement vésical, une chirurgie du col vésical, une réimplantation urétérale), le tissu utilisé comme conduit(appendice,iléon,uretère),l’implantationcutanée ombilicaleou enfosse iliaque, le montage cutané (V-flap ombilical, plastieen Y-V,enVQZ), lafixation dela vessie etduconduitàlaparoiabdominaleantérieure.Enpériode postopératoire, on notait la présence de complications spécifiquesdelaCCTCetparpatient,leurtype(difficultés de sondage, sténoses cutanées et sus-aponévrotiques, sténoses du conduit, incontinence urinaire par la CCTC, fistule urinaire, bourgeon muqueux). Enfin, on décrivait le nombre de réinterventions chirurgicales et leur type (sondageendoscopique,ablation d’unbourgeonmuqueux, injectiond’agentcomblantsous-muqueux,correctiond’une
sténose sus-aponévrotique par lambeau VQZ, révision ou remplacementduconduit),lerecoursàl’artificedeMonti.
Les durées d’utilisation de la CCTC et de suivi étaient notées(enmois).
Lesdonnéesontétéprésentéesennombresetenpour- centages, avec calcul des médianes. Pour les courbes de Kaplan-Meier, le logiciel software utilisé était GraphPad Prism7®.
Résultats
Caractéristiques de la population
Sur une période de 20 ans, 38 patients ont été suivis, 4 patients ont été exclus de l’étude (3 patients opérés dans un autre centre, 1 patient avec un suivi<4 mois dans notre centre), soit un total de 34 patients inclus (Fig.1).
24garc¸ons(71%)et10filles(29%)ontétéopérésàun âgemédiande5,5ans[2—16],etsuivispendantunedurée médianede6,2ans[0,3—24](1erquartile1,8ans,3equartile 11,4ans).Lesdifférentespathologiesindiquantlacréation d’uneCCTCsontrésuméesdansleTableau1.
Les procédures chirurgicales réalisées sont résumées danslediagrammedeflux(Fig.1).Letissuutiliséenpre- mièreintentionétaitl’appendice(91%,n=31),puisl’iléon (6 %, n=2) et l’uretère (3 %, n=1). La CCTC était réali- séeenfosseiliaquedroitechez26patients(77%),avecun montageY-Vdans31%descas(n=8/26)etVQZdans69% descas (n=18/26). Sila CCTCétaitplacéedans l’ombilic (n=8, 24 %), un V-Flap était réalisé (n=6/8, 75 %) plu- tôt qu’un lambeau Y-V (n=2/8, 25 %). Le conduit et la face antérieure de vessie étaient fixés à la face posté- rieure dela paroiabdominale antérieure chez 14enfants (41%).Laduréedudrainagevésicalétaitde14,5±6joursen moyenne.
Figure1. Diagrammedeflux.
Tableau1 Étiologie des cystostomies continentes trans-conduit.
IndicationsdeCCTC n,(%)
Vessieneurologique 13(38)
Spinabifida 1
Agénésiesacrée 4
Post-traumatiqueouchirurgicale 4 Vessieneurologiquenonneurogène 4 Complexeextrophie-épispade 10(29)
Épispadias 1
Extrophievésicale 8
Extrophiecloacale 1
Valvesdel’urètrepostérieur 6(18)
Autresétiologies 5(15)
Cloaque 3
Malformationcervico-trigonale 1 Uretèresectopiquesbilatéraux 1
Complications postopératoires
Parmiles34patients,17(50%)onteuaumoinsunecompli- cationspécifiquedelaCCTC.Sixpatients(18%)onteuau moins 2 complications. Treize patients (38 %) ont néces- sité au moins une réintervention chirurgicale. Au total, 32 réinterventions ont été réalisées sur ces 13 patients (moyenne=2,5±2,1;médiane=1[1—7]),soitunemoyenne de0,9±1,7réinterventionparpatientopéréd’uneCCTC.
Chez 4 patients, unajustement des traitements médi- caux (anticholinergique, diurétique) et des techniques de CI étaient suffisants. Six patients ont été améliorés par un traitement endoscopique et/ou une chirurgie sus- aponévrotique, 7 patients ont nécessité une ou plusieurs chirurgiessous-aponévrotiques(Tableau2).
Cescomplicationssurvenaientàunemédianede8mois postopératoire[2—90](Fig.2).
Ledélaimédiandesurvenued’unecomplicationaprèsla créationd’uneCCTC,ouaprèsréinterventionsurlaCCTC, étaitde4mois[1—90](Fig.3).
Soixante-dix pour cent des complexes exstrophie- épispade(n=7/10) ontunecomplication,contre46 %des
Figure2. Survenuedela1re complicationaprèscréationd’une cystostomiecontinentetrans-conduit.
Figure3. Survenued’unenouvellecomplicationaprèsréalisation d’ungestechirurgicalsurunecystostomiecontinentetrans-conduit.
vessiesneurologiques(n=6/13),17%desvalvesdel’urètre postérieur(n=1/6),et60%desautresétiologies(n=3/5).
Les complications survenaient chez 25 % des patients avecCCTCseule(n=2/8),contre54%encasd’association de la CCTC à d’autres gestes peropératoires. Le nombre de réinterventions nécessaires en fonctionde l’indication étiologiqueestillustrésurlaFig.4.
Tableau2 Répartitiondescomplicationsliéesauconduitetdeleursprisesencharge.
Traitementsdescomplications n(%)
Absencedecomplications 17(50)
Ajustementmédical/techniquedecathétérismeuniquement 4(12)
Traitementendoscopique/chirurgiesus-aponévrotiqueuniquement 6(17)
Nécessitédesondageendoscopique 1
Injectionsous-muqueused’agentcomblant 2
Ablationd’unbourgeonmuqueuxisolé 1
Sténosecutanée:lambeauVQZ 2
Chirurgiesous-aponévrotiqueisoléeouassociéeàd’autrestraitements 7(21)
Révisionduconduitsansremplacement 2
Remplacementduconduit 5
Figure4. Nombrederéinterventionschirurgicalesnécessairesàunconduitfonctionnel,enfonctiondel’indicationétiologique.
On retrouvait 45 % (n=14) de complications en cas d’utilisationdel’appendice,et100%decomplicationsavec tubeiléalselonMonti(n=2),etdel’uretère(n=1).
Lorsquelastomieétaitplacéeenfosseiliaquedroite,on rapportait54%decomplicationsglobales(n=14/26):75% (n=6/8)encasdelambeauenV-Y,et50%(n=9/18)encas de lambeau enVQZ. Si la stomie était placée à l’ombilic (n=8),onnotait 2complications(25%),1avecunY-V,et une avecunV-Flap. Unbourgeon muqueuxa été observé chez3(9%)patients,etapuêtreréséquésansrécidive.
L’incontinenceurinaireparlaCCTCaétéobservéechez 8 patients (24 %). Elle était inaugurale dans 6 cas (18 %, médiane d’apparition : 7 mois [2—20], dont 3 cas avec montage initial différent de celui de Mitrofanoff). Elle concernait2vessiesneurologiques,3exstrophie-épispades, 1obstructionsous-vésicale.L’incontinenceétaitsecondaire à une révision du conduit dans 2 cas. Un patient a été guéri par l’optimisationdes cathétérismes etles anticho- linergiques,2patientsparinjectionsous-muqueused’agent comblant.Les5autrespatientsontnécessitéunerévision (n=1)ouunremplacementduconduit(n=4).Leconduitini- tialétaitl’iléonchez2patients,etl’uretèrechez1patient.
Encasd’utilisationdel’appendice(n=31/34),ilexistait 13%d’incontinenceinaugurale(n=4).Unpatientavaitun agrandissementvésicalparducæcumaveccréationd’une valveantirefluxautourd’un appendicelaisséenplace.En casderéimplantationdel’appendiceselonMitrofanoff,on notait3incontinencesinaugurales(9%),dont1avecréso- lutiondesfuites partraitementmédicalseul,les2autres parinjectiond’agentcomblantsous-muqueux.Autermede l’étude,le taux de continence dela CCTC étaitde 97 %.
Lescomplications liées à l’utilisation de l’appendicesont résuméessurlaFig.5.
Treizepatientsontrapportédesdifficultésdecathétéri- sationduconduit(38%).
Dans 54 % descas (n=7/13), ils’agissait dedifficultés lorsquelavessieétaittroppleineoudetrajetsenchicane.
Descathétérismesplusréguliersouunchangementdesonde
étaientsuffisants.UnpatientavectubedeMontianéces- sitéuneréintervention. Ànoter que 86% deces patients n’avaient pas de fixation de la vessie et du conduit à la paroiabdominaleantérieure. Lorsqueleconduitétaitfixé àlaparoiabdominaleantérieure(n=14),onneretrouvait que3difficultésdesondage,dont1seulehorssténose.
Chez6patients(18%),ils’agissaitdesténoses:3sous- aponévrotiques, 2 sus-aponévrotiques, et 1 mixte. Les sténoses orificielles sus-aponévrotiques n’étaient retrou- véesquechez3 patients (9%) :2sténoses à3 et4 mois postopératoire,surunappendiceaveclambeauY-V,etcor- rigéesparunlambeau VQZsansrécidive;unesténosesur unlambeauVQZassociéàuntubedeMonti,60moisaprès chirurgie.Iln’yapaseudetraitementparauto-dilatations répétées.
Les4sténosesduconduitsous-aponévrotique(12%)sont apparues après un délai médian de 4 mois [1—15]. Deux sténoses survenaient sur l’appendice, 1 sur l’uretère, et 1 sur un tube de Monti. Trois de ces patients ont eu de multiplescorrectionschirurgicalespoursténosesetinconti- nence,dont2avecremplacementparconduitiléal.
Discussion
LaCCTC permet les CIchez l’enfant avec unurètre sen- sible, ouen cas de difficultés à accéder à l’urètre natif.
Cependant,lacréationdelaCCTCestassociéeàunnombre significatifdecomplicationsàcourt,moyenetlongterme [5—10]:50%dansnotresérie,etàhautrisquederéinter- ventionschirurgicales(38%)chezl’enfant.
L’informationdelafamilleetdel’enfantsurlesbénéfices attendus,lescomplicationspotentielles,etlamodification duschémacorporelsontfondamentales.Lanécessitéd’un suivià long terme etd’une transition progressiveversun servicedechirurgieadultedoitêtreclairementexposée.
Les résultats de notre série sont similaires à ceux de Jacobson[6].Dansleursériede81patients suivissurune
Figure5. Utilisationdel’appendicepourlacréationd’unecystostomiecontinentetrans-conduit:fréquenceettypedecomplications rencontrées.
moyennede80,1mois,50%despatientsavaientaumoins unecomplication,dont12,6%desténoses(18%dansnotre étude).Enrevanche,nousretrouvionsplusdedifficultésde sondage(38%vs20,1%).
Ledélaid’apparitiondescomplicationsdansnotreétude étaitmaximaldansles6premiers mois,etsemblaitdimi- nueraprès2anspostopératoires.Thomasetal.en2006[5], surunesériede117stomiesdedérivationcontinentes(vési- calesetcæcales),rapportait23%decomplicationsdansles vingtpremiersmois.Surlamêmesériemiseàjouren2017 [6],ilenconcluaitque lamajoritédes complicationssto- mialessurvenaientdansles2anspostopératoires.Dansune étudesimilaireincluant 67 CCTC,Welk [7]décrivait 21 % decomplications dela stomie survenant majoritairement dans les2 anspostopératoires. Sur une moyenne desuivi de28mois,Leslieetal.en2011[8]rapportaitunesériede 169patientsavecunemoyennedesuivide5,8ans.Defac¸on similaireaux autresétudes,lamajorité descomplications survenaientdansles2anspostopératoires,etilrapportait 69 % de sténoses du conduit et 65 % d’incontinence uri- nairedans les3anssuivantl’interventioninitiale.Ensuite s’installaitune période dite de « lune de miel » de plu- sieursannéesdénuéedecomplications.Maislesuiviàlong terme a permis de démasquer la survenue de nouvelles complicationsaprèscettepériodederelativestabilité.Les auteursontémisl’hypothèsequelescomplicationsinitiales étaientdirectementliéesauxmécanismesdecicatrisation postopératoire, et que les complications tardives étaient liéesàuneusurenormale duconduitetauxmodifications anatomiquesliéesàlacroissancedel’enfant.Aufinal,39% deleurspatientsnécessitaientuneréinterventionchirurgi- cale.Ces résultats sont comparablesà notre étude(38 % deréintervention).L’absencededégradationdesstomiesà long terme peut être liée au manquede suivià très long termedelamajoritédespatientsdenotreétude.
Lefaiblenombrede tubesdeMonti denotreétude ne permetpas de lescomparer aux appendicovésicostomies.
Cependant Szysmanski [11] sur sa série de 510 conduits continents, rapportait 2,09 fois plus de réinterventions chirurgicales sous-aponévrotiques en cas de Monti que d’appendicovésicostomie.
Notre étude retrouvait 18 % de sténoses de la CCTC, dont 9 % de sténoses cutanées et sus-aponévrotiques, et 9 % de sténoses sous-aponévrotiques. Avec une série de 54patients,Faureetal.[10]rapportaient50%desténoses cutanéeset14,7 %desténoses sous-aponévrotiques,pour un nombre similaire de plasties en VQZ en fosse iliaque droite, et d’implantationsombilicales. Un des pointsclés del’opérationestlechoixdusitedelastomie.L’accèsdoit êtrefacile,sipossibleaveclamaindominante,etletrajet doitêtrele plusdirectpossible,sans coudure.Dansnotre étude, les stomies ombilicales n’avaient aucune sténose sus-aponévrotiqueousous-aponévrotique,contrairementà cellesenfosseiliaquedroite.Cependant,quelastomiesoit placéeàl’ombilicouenfosseiliaquedroite,Leslie[8]ne retrouvait pasdedifférencesignificativesurlenombrede réinterventions chirurgicales.Plusieurs études ontmontré unetendanceenfaveurdelatechniqueVQZenfosseiliaque droite car ellesemblediminuerle taux desténosesde la cystostomie[12—13].
L’incontinenceurinaireétaitladeuxièmecomplicationla plusfréquentedansnotreétude,avec24%d’incontinence urinaireconstatéeencoursdepriseenchargedespatients, et18%d’incontinenceurinaireinaugurale.Onnotaitnéan- moins que le taux d’incontinence postopératoire était inférieur à 10 % en cas d’utilisation de l’appendice.
L’évaluation urodynamique cystomanométrique et profilo- métriqueurétraledoitêtreréaliséeenpréopératoire[13].
Silavessien’estnihyperactive,nihypocompliante,laconti- nence est assurée par la résistance le long du conduit, amélioréeparletrajetsous-muqueux.Lalongueurfonction- nelleduconduitsembleêtreunfacteurdéterminantpour lacontinence. Watson[14] amenéune étudeprospective sur21enfantsopérésd’uneCCTC,avecbilanurodynamique
pré-etpostopératoire.Lalongueurfonctionnellemédiane des montages continents était de 3,4cm contre 1,8cm pour lesmontagesnoncontinents. Lebilanurodynamique aconfirmécettecontinencecliniqueavecdespressionsde clôture deuxfois plus élevées pour lesconduitsmesurant plusde2cm.Cependantcesconduitslongsontdestrajets moinsdirectsetsontdoncplusdifficilementcathétérisables etplusàrisquesdefaussesroutes.
Letraitementdepremièreintentionestd’augmenterces résistancesparl’injectiond’agentcomblantsous-muqueux àlajonctionvésico-appendiculaire[15].Cetteprocédurea étédéfinitivementefficacechez33%denospatients.
L’évolutionnaturelledelapathologie,notammentencas devessieneurologique,ainsiquelacroissancedel’enfant, peuvent dégrader la continence à moyen ou long terme, cequinécessiteunsuivirégulier.Unéquilibrefragiledela continencepeut s’installerentreunmanquederésistance dansleconduit,etl’augmentationdelarésistanceinduite parunesténosesus-aponévrotique.
Bienquelesindicationsetlesinterventionsaienttoutes étéréaliséesparlesdeuxmêmes chirurgiens,cetteétude présenteunbiaisdesélectiondeparsoncaractèrerétros- pectifetmonocentrique.Lestauxdecontinencedansnotre étudesont ceux delaCCTC, maisneprésagent pasde la continenceurétraleetdelasécuritéduhautappareiluri- naire.Enoutre,la survenuedenombreusescomplications rapprochéeschezunnombrelimité depatientspeut limi- terl’interprétationdelasurvenuedescomplications.Une autrelimiteestlapertedusuividespatientsàl’âgeadulte, dufait dusuivi enservice médicald’adulte,etdedémé- nagementsfréquentsàcettepériodedelavie.Onpourrait ainsicroireque lesenfantsopérésplus jeunessontplus à risquedecomplicationsetderéinterventionschirurgicales, puisqu’ilssontsuivispluslongtemps.
Conclusion
La CCTC est associée à des taux de complications et de réinterventionsimportants,quelqu’ensoitl’indicationétio- logique.L’appendicedoitresterlaréférencedutissuservant àlacréationduconduit,etdoitêtreimplantédanslaves- sie selon la technique de Mitrofanoff, afin de limiter les sténosesetl’incontinence urinaire.Lamoitiédespatients aurontaumoinsunecomplication,survenantclassiquement danslesdeuxans,etleplussouventdanslessixmoispost- opératoires.Plusd’untiersnécessiterontuneréintervention chirurgicale.Malgréces limites,laCCTCest fonctionnelle dans 97 % des cas, et reste une technique de choix afin d’améliorerlaqualitédevied’enfantssélectionnés,infor- mésetpréparés.
Déclaration de liens d’intérêts
Lesauteursdéclarentnepasavoirdeliensd’intérêts.
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