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Quel suivi pour les patients survivant à un SDRA ?

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MISE AU POINT

Quel suivi pour les patients survivant à un SDRA ?

What follow-up for ARDS survivors?

F. Claudé1, 2, G. Capellier3, B. Degano2

1 Service de pneumologie, pôle cœur-poumons, CHRU de Besançon.

2 Service de physiologie-explorations fonctionnelles, pôle cœur-poumons, CHRU de Besançon.

3 Service de réanimation médicale, CHRU de Besançon.

L

e syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA) est une pathologie grave dont la morta- lité hospitalière, tous stades confondus, s’élève à 40 % (1). Chez les patients ayant survécu à un SDRA, les séquelles respiratoires et neurologiques sont importantes et fréquentes ; elles altèrent la qualité de vie et induisent des coûts financiers (rééducation, soins de suite et long séjour, retard de reprise du travail) et humains (conséquences pour la famille et les proches) [2]. L’altération de la qualité de vie est principalement associée à celle des capacités d’exercice. Si la place du pneumo- logue est bien établie dans l’aide au diagnostic de ces patients, elle reste à définir pour leur suivi : à quel moment faut-il revoir ces patients ? Quelles explorations faut-il réaliser ? Quelle est la place de la réhabilitation respiratoire ?

Après avoir fait le point sur les données de la lit- térature, nous tenterons de répondre au mieux à ces questions.

La fonction respiratoire

L’intérêt pour l’étude de la fonction pulmonaire au décours du SDRA s’est accru ces 10 dernières années. Après la première description de SDRA par D.G. Ashbaugh et al. en 1967 (3), de nombreux articles concernant le devenir des survivants sur le plan fonctionnel respiratoire ont été publiés (4-6).

Il s’agissait principalement de séries de cas ou de petites cohortes qui rapportaient une atteinte restrictive ou obstructive “légère” associée à une altération de la diffusion pulmonaire du monoxyde de carbone mesurée lors d’une apnée (DLCO) qua- lifiée de “légère à modérée”. Dans la plupart de ces travaux, la présence éventuelle d’une pathologie respiratoire sous-jacente n’était pas documentée.

À partir des années 1990, plusieurs équipes ont commencé à publier des travaux prospectifs sur de plus grandes cohortes. L.G. McHugh et al. ont ainsi évalué en 1994 la fonction respiratoire de 37 patients atteints de SDRA 3, 6 et 12 mois après leur extubation (7). Ils ont observé une altération des volumes pulmonaires à 3 mois, une amélioration de ces derniers jusqu’à 6 mois, puis une phase de plateau. La sévérité de l’atteinte initiale était asso- ciée à une moins bonne récupération de la fonction respiratoire. Les auteurs notaient également que le Sickness Impact Profile (SIP), un questionnaire évaluant l’état de santé, était corrélé à la fonction respiratoire ; la plupart des patients n’attribuaient cependant pas la limitation de leur activité à des difficultés d’ordre respiratoire.

En 2000, G. Schelling et al. ont étudié la fonction res- piratoire de 50 survivants d’Acute Lung Injury (ALI) à 4 puis 5,5 ans (8). Ces auteurs ont retrouvé une relation entre la sévérité de l’atteinte respiratoire (capacité pulmonaire totale [CPT] et DLCO) et l’altération de la qualité de vie évaluée par le questionnaire Health-Re- lated Quality of Life (HRQOL). Ces patients étaient également moins à même de reprendre le travail.

Dans cette étude, l’altération de la DLCO était le seul élément corrélé à l’HRQOL (p < 0,03).

En 2003, T.A. Neff et al. ont retrouvé une atteinte mixte restrictive et obstructive ainsi qu’une réduction de la DLCO chez 16 survivants de SDRA post-trauma- tique (9). La même année, J. Orme et al. ont noté des volumes pulmonaires ainsi qu’une spirométrie rela- tivement préservés, mais une altération de la DLCO dans leur cohorte de 66 patients ayant survécu à un SDRA (10). Dans cette étude, les auteurs ont comparé 2 stratégies de ventilation : haut versus bas volume courant ; ils n’ont pas mis en évidence de différence significative de la fonction respiratoire entre ces 2 groupes de patients.

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» La réhabilitation doit être discutée cas par cas. respiratoire aiguë Suivi après réanimation

Highlights

»Patients surviving acute respi- ratory distress syndrome should receive a complete respira- tory function assessment at 3 months.

»Follow-up of these patients requires multidisciplinary care in which the pulmonologist plays a major role.

»Rehabilitation must be decided on a case by case basis.

Keywords

Pulmonary function test Acute respiratory distress syndrome

Post-resuscitation follow-up En 2005, D.K. Heyland et al. ont rapporté les résul-

tats de l’analyse d’une cohorte de 73 survivants de SDRA suivis à 3, 6 et 12 mois (11). Les auteurs ont mis en évidence une forte corrélation entre la baisse du VEMS et l’altération de l’item “fonction physique” du score de qualité de vie SF-36. De même que dans le travail de L.G. McHugh et al., les données de D.K. Heyland et al. suggèrent que l’atteinte pulmonaire initiale était associée à l’al- tération des tests fonctionnels respiratoires au cours du suivi. J.R. Masclans et al. ont montré plus récemment une restriction légère (CPT à 83 % de la valeur théorique) chez 36 survivants 6 mois après un SDRA (12). Cette équipe est la seule, à notre connaissance, à avoir étudié la fonction neuro- musculaire à l’aide des pressions inspiratoires et expiratoires maximales (PIM et PEM) ; elle n’a pas mis en évidence d’altération significative à ce niveau.

Les plus grandes séries analysant les caractéris- tiques des patients ayant survécu à un SDRA ont été publiées par l’équipe canadienne de M. Herridge.

Cette équipe a suivi 109 survivants de SDRA à 3, 6 et 12 mois, puis tous les ans pendant 5 ans (13, 14).

Les résultats à 6 mois révèlent une tendance à la restriction (CPT à 92 %) ainsi qu’une altération modérée de la DLCO (70 %). Les auteurs ont observé une stabilité globale de tous ces paramètres au cours des 5 années de suivi. Quarante pour cent des patients de cette cohorte étaient vus à domicile ; de ce fait, les données de DLCO et de pléthysmo- graphie étaient incomplètes. De plus, il s’agissait de patients relativement jeunes qui ne rapportaient que peu de pathologies sous-jacentes, bien que la moitié aient été des fumeurs actifs. Les auteurs ont pu identifier certains facteurs prédictifs d’une fonction pulmonaire préservée à 1 an : l’absence de corticothérapie au cours du SDRA, l’absence de pathologie acquise durant le séjour en réanimation et la résolution rapide de la défaillance multiple d’organes.

De ces différents résultats, on retient que la prin- cipale atteinte pulmonaire au décours d’un SDRA est une altération de la DLCO, cette dernière étant voisine de 70 % de sa valeur théorique. Ce phénomène s’associe souvent à un syndrome res- trictif modéré.

La fonction neuromusculaire

Les symptômes respiratoires subjectifs, tels que la dyspnée et la tolérance à l’effort, sont souvent intimement liés à la fonction musculosquelettique globale, et pas seulement à la réserve pulmo- naire (2). Une brève vue d’ensemble des résultats chez les survivants de SDRA serait donc utile pour notre compréhension des résultats à long terme.

La cohorte de M.S. Herridge et al. a révélé que les patients perdaient en moyenne 18 % de leur poids corporel en soins intensifs (13). Les survivants ont montré une faiblesse musculaire persistante et pro- fonde ainsi qu’une émaciation. À 1 an, ils ne pou- vaient atteindre que 66 % de leur capacité d’effort prévue. L’incapacité fonctionnelle était reflétée par de faibles scores de SF-36 dans les domaines de la fonction et du rôle physiques. Les déterminants précis de l’émaciation et de la faiblesse observées n’étaient pas clairs dans cette étude, mais la capa- cité d’exercice réduite était liée à l’importance de la morbidité à l’exposition aux corticostéroïdes systé- miques pendant le séjour en unité de soins intensifs (USI) et à la rapidité de résolution des lésions pul- monaires et des dysfonctionnements multiples (14).

La polyneuropathie et la myopathie de réanima- tion sont des facteurs clés de la faiblesse observée après la sortie de l’hôpital. Le taux de prévalence rapporté de la polyneuropathie est de 70 % dans les populations de survivants (15). L’étiologie précise de ce processus complexe de dégénérescence axonale motrice et sensorielle primaire est inconnue, mais peut représenter une lésion nerveuse ischémique consécutive à une perturbation de la microcircu- lation (16).

L’incidence d’une myopathie acquise en réani- mation et son retentissement sur l’invalidité et la réadaptation prolongée sont également incer- tains. Un rapport a décrit une incidence de 25 % de parésie acquise en réanimation chez les patients sous ventilation mécanique durant plus de 7 jours (17).

Quatre patients de la cohorte de M.S. Herridge et al. ont subi une biopsie musculaire 1 an après la sortie de réanimation : tous présentaient des signes histo pathologiques d’un processus myopathique chronique (18). Une atteinte musculaire peut sur- venir très tôt au cours de la maladie. Une étude a

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MISE AU POINT

Quel suivi pour les patients survivant à un SDRA ?

démontré que l’atrophie musculaire survient dans les heures qui suivent l’instauration de la ventilation mécanique (19). Ces auteurs ont étudié des échan- tillons de biopsies prélevés sur des diaphragmes de 14 donneurs d’organes et les ont comparés à 8 échantillons peropératoires ventilés respective- ment pendant 18 à 69 heures et 2 à 3 heures (19).

Les spécimens de la population donneuse d’organes se sont atrophiés et présentent une diminution significative de la section transversale des fibres à contraction rapide. L’atteinte musculaire, révélée par une atrophie diaphragmatique, pourrait être un déterminant important de l’altération de la fonction respiratoire à long terme.

L’aspect tomodensitométrique pulmonaire

Plusieurs publications concernant l’analyse tomo- densitométrique à distance d’un SDRA ont permis de mieux comprendre les anomalies constatées aux épreuves fonctionnelles respiratoires (EFR).

I.M. Nöbauer-Huhmann et al. ont été les premiers à rapporter les résultats d’un suivi par tomodensito- métrie d’une cohorte de 15 patients 6 et 10 mois après leur SDRA (20). Les auteurs ont mis en évi- dence des lésions de fibrose dans 87 % des cas avec une prédominance antérieure (zone “non dépen- dante”). De plus, ils retrouvaient une corrélation entre l’importance des lésions, d’une part, et la durée de la ventilation mécanique ainsi que le taux de FiO2, d’autre part, ce qui suggère un effet profibrosant de l’oxygénothérapie chez ces patients.

S.R. Desai et al. ont ensuite rapporté des données tomodensito métriques à partir d’une cohorte de 27 patients 3 ans après leur SDRA (21). Les lésions les plus fréquentes étaient des réticulations, suivies par la présence d’infiltrats en verre dépoli et d’em- physème. Ces lésions prédominaient également dans les zones pulmonaires antérieures. Leur importance était, là encore, corrélée à la durée de la ventilation mécanique. Vingt-cinq patients de la cohorte de M.S. Herridge et al. ont bénéficié d’un suivi par tomodensito métrie à 5 ans (22). La plupart des scanners révélaient de la fibrose attribuée à des lésions induites par la ventilation mécanique (Ven- tilator-Induced Lung Injury [VILI]).

V.B. Lindén et al. ont décrit une prédominance de réticulations (25 %) chez 21 survivants 5 ans après leur SDRA (23). Ces patients avaient tous bénéficié d’une assistance artérioveineuse (ECMO) et, donc, d’une ventilation à bas volume courant. Les auteurs

remarquaient qu’il n’existait pas dans leur cohorte de prédominance antérieure des lésions, ce qui pourrait s’expliquer par la ventilation ultraprotectrice chez ces patients. Enfin, la durée d’assistance était corrélée à l’importance du trouble ventilatoire restrictif (p < 0,01).

L’ensemble de ces résultats suggère que la fibrose pul- monaire séquellaire, observée à distance d’un SDRA, est probablement plus en lien avec la VILI qu’avec la pathologie initiale. Ces lésions pourraient expliquer en partie l’altération de la DLCO ainsi que le trouble ventilatoire restrictif constatés chez ces patients.

La fonction d’exercice

La capacité d’exercice des patients ayant survécu à un SDRA a été évaluée dans la plupart des travaux grâce à un test de marche de 6 mn. M.S. Herridge et al. rapportent une diminution de la distance par- courue d’environ 50 % à 3 mois. Cette altération persistait dans le temps, avec toutefois une tendance à l’amélioration (66 % de la valeur théorique à 1 an, 67 % à 3 ans et 76 % à 5 ans) [14].

Le test de marche de 6 mn a l’avantage d’être stan- dardisé, facile à réaliser et reproductible, mais il ne permet pas de préciser l’étiologie de la limitation de ces patients. C’est pourquoi la réalisation d’une épreuve d’effort cardiorespiratoire (EFX) a été pro- posée, et ce dès que l’état du patient l’autorise. En effet, le recueil d’un certain nombre de données, telles que le pouls d’oxygène, le VO2max et les seuils ventilatoires, permet d’affiner l’analyse de la limita- tion et d’en préciser la cause prépondérante (mus- culaire, cardiaque ou respiratoire). Cet examen est, par ailleurs, très utile pour définir les modalités d’un éventuel programme de réhabilitation.

Luyt et al. ont été les premiers à proposer la réalisa- tion d’une EFX au décours d’un SDRA. Il s’agissait de 37 patients ayant contracté une grippe H1N1, dont une partie avait bénéficié d’une ECMO. Les auteurs n’ont pas mis en évidence de différence significative entre le groupe ECMO et le groupe témoin.

Notre équipe a récemment commencé l’étude LOCO2, un travail multicentrique prospectif rando- misé visant à évaluer l’effet du niveau d’oxygénation au cours du SDRA sur la mortalité (NCT02713451).

Nous avons obtenu un financement par un pro- gramme hospitalier de recherche clinique (PHRC) national pour mener une étude annexe (LTO BLOXY) qui portera sur la comparaison entre ces 2 groupes d’un certain nombre de paramètres, dont la fonction d’exercice.

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Qualité de vie et fonction cognitive des patients

Les altérations de la qualité de vie chez les patients ayant survécu à un SDRA sont connues depuis une quinzaine d’années. Une méta-analyse montre que, 6 mois après la sortie du service de soins intensifs, les patients présentent une altération de leur qualité vie, et ce, quelle que soit la pathologie les ayant conduits en réanimation (24). Elle est principalement liée à une dégradation de la santé physique et mentale dans toutes leurs dimensions (vitalité, humeur, vie sociale).

En 2003, R. Kvåle et al. ont montré que toutes les dimensions de la qualité de vie des patients commen- çaient à s’améliorer dès 6 mois après la sortie de réani- mation ; cette amélioration se confirmait à 2 ans (25).

Une étude néerlandaise monocentrique a montré que les patients retrouvaient rapidement des scores de santé mentale identiques à ceux qu’ils avaient avant leur hospitalisation, mais que leurs scores de santé physique étaient fortement altérés et ne s’amélioraient que très lentement (26).

Récemment, M.S. Herridge et al. ont mis en évidence que la diminution importante de la qualité de vie est en lien avec la réduction des capacités physiques, l’absence de retour au statut social antérieur et l’altération de l’humeur (2). La même équipe avait montré que, 1 an après un SDRA, 20 % des patients souffrent de dépression, et 18 %, d’un syndrome de stress post-traumatique (13). La présence d’une dépression à la sortie de réanimation est un facteur de risque indépendant d’une altération de la qualité de vie à long terme. Le degré de dépendance 7 jours après la sortie de réanimation semble être corrélé au devenir à long terme des patients, le risque de dépendance augmentant lorsque la durée de séjour en réanimation dépasse 14 jours.

Malgré ces données relatives à l’altération de la qualité de vie, si l’on interroge des patients à dis- tance de leur hospitalisation, 85 % d’entre eux restent favorables à une prise en charge en réani- mation malgré les suites possibles (27).

Le rôle du pneumologue dans le devenir des patients

Mesurer la fonction pulmonaire pour mieux prévenir les anomalies Il n’existe pas à ce jour de recommandations sur le bilan complémentaire à effectuer après un SDRA.

La réalisation d’EFR complètes reste une pratique

probablement peu répandue et réservée aux patients inclus dans des protocoles de recherche.

Les différents travaux cités dans cet article ont permis de préciser l’état des patients ayant survécu à un SDRA et d’émettre des hypothèses quant aux facteurs en cause. Il reste cependant des incertitudes, notamment dans le domaine de la limitation à l’effort chez ces patients. Il est donc fondamental de poursuivre la réali- sation d’essais prospectifs, tels que LTO BLOXY, afin de mieux comprendre les mécanismes responsables des lésions constatées et, ainsi, de tenter de les prévenir.

Mesurer la fonction pulmonaire pour traiter une anomalie

L’étude de la fonction pulmonaire permet de dépister d’éventuelles pathologies respiratoires présentes avant le passage en réanimation (bronchopneumo- pathie chronique obstructive, syndrome obésité- hypoventilation, pathologie interstitielle, etc.) et ainsi d’inscrire le patient dans une filière de soins pneumologiques. À l’issue d’une réanimation, la mesure de la fonction pulmonaire permet d’identifier les patients nécessitant une prescription d’oxygène ou de ventilation non invasive.

Mettre en route une réhabilitation La perte musculaire squelettique est associée au degré de gravité du SDRA et aux périodes de mobi- lité réduite pendant la ventilation mécanique. Elle contribue aux déficits physiques et fonctionnels observés chez les survivants. Ces déficiences peuvent persister de nombreuses années après la sortie de l’hôpital et peuvent avoir une influence marquée sur la qualité de vie (28). La réadaptation semble donc être une stratégie cruciale pour le rétablissement de ces patients. La réhabilitation pratiquée pendant le séjour en réanimation a été évaluée et s’est révélée bénéfique (29). Cependant, son efficacité lors- qu’elle est instaurée après la sortie n’a pas encore été clairement établie.

En effet, dans une récente méta-analyse de la Cochrane évaluant les effets d’un programme de réhabilitation après un séjour en réanimation, les auteurs soulignaient le caractère controversé des résultats et ne parvenaient pas à établir un bénéfice net (30). Il est cependant important de noter qu’il s’agissait de patients de réanimation non sélectionnés et non spécifiquement de survivants de SDRA. De plus, les auteurs de cette méta-analyse précisent

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MISE AU POINT

Quel suivi pour les patients survivant à un SDRA ?

bien dans la discussion que la méthodologie variait selon les articles analysés, ce qui a pu contribuer à l’absence de bénéfice démontré. De toutes les causes de limitation à l’effort que nous avons détaillées, l’atteinte musculaire est probablement la plus sus- ceptible de tirer profit d’une réhabilitation ; aucun travail à ce jour ne permet de le savoir, mais l’étude LTO BLOXY devrait nous faire progresser. Au sein de cette population hétérogène, il faut probablement cibler les patients qui bénéficieraient le plus d’un programme de réentraînement. M.S. Herridge et al.

ont ainsi proposé de stratifier le risque des patients en fonction de leur âge et de la durée de la ventilation mécanique afin de mieux guider la prise en charge à la sortie de réanimation (2).

Conclusion

Les survivants de SDRA présentent des dysfonctions diverses qui justifient un suivi multidisciplinaire au

sein duquel le pneumologue doit avoir une place centrale.

À la sortie de réanimation après un SDRA, le patient est souvent orienté vers un service de pneumologie, ce qui doit faciliter l’organisation de ce suivi.

La réalisation d’une imagerie et d’explorations fonctionnelles respiratoires 3 mois après un SDRA permet d’évaluer l’importance des séquelles, de dépister une éventuelle pathologie respiratoire chronique préexistante et de réévaluer l’intérêt et les modalités d’une oxygénothérapie ou d’une ven- tilation non invasive.

La question de l’intérêt d’une réhabilitation n’est pas encore résolue. Le SDRA regroupe des étiologies et des terrains extrêmement variés, et la prise en charge ne peut donc être standardisée et doit être adaptée cas par cas. Dans tous les cas, l’épreuve d’effort cardiorespiratoire nous semble être un outil intéressant pour identifier la cause d’une limitation et proposer un programme de réentraînement per-

sonnalisé. ■

F. Claudé, G. Capellier et B. Degano déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.

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