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Rendement scolaire selon le niveau de qualification du répétiteur et le type de famille chez les élèves du groupe scolaire « Les cannetons » de Koumassi pp. 39-52.

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Academic year: 2022

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RENDEMENT SCOLAIRE SELON LE NIVEAU DE QUALIFICATION DU REPETITEUR ET LE TYPE DE FAMILLE

CHEZ LES ELEVES DU GROUPE SCOLAIRE

« LES CANNETONS » DE KOUMASSI

YAO René Yao

Assistant au Département de Psychologie Université Félix Houphouët Boigny

01 BPV 34 Abidjan Email:yryt01@yahoo.fr

RESUME

L’objectif visé à travers cette étude est de mettre en évidence l’effet du niveau de qualification du répétiteur (qualifié ou non qualifié) et du type de famille (naturelle ou d’accueil) sur le rendement scolaire chez les enfants du primaire. Une enquête a été réalisée par questionnaire auprès d’un échantillon de 72 élèves du primaire de 10 à 12 ans des deux sexes. Les résultats montrent que le rendement scolaire des élèves du primaire est fortement tributaire du niveau de qualification du répétiteur et non du type de famille d’origine. Autrement dit, les élèves suivis par un répétiteur qualifié ont un rendement scolaire plus élevé que celui de leurs homologues travaillant avec un répétiteur non qualifié. Par contre le type de famille n’introduit aucune différence dans la performance scolaire des élèves du primaire.

Mots-clés : Qualification du répétiteur, type de famille, rendement scolaire ABSTRACT

Objective aimed across this study is to highlight the effect of the qualification level of the (skilled or not skilled) coach and the type of family (natural or reception) on school output at the children of the primary. An inquiry was accomplished by questionnaire to a sample of 72 pupils of primary from 10 to 12 years of both sexes. Results show that the school output of the pupils of the primary is strongly tributary on the qualification level of the coach and not of the type of family of origin. In other words, the pupils followed by a skilled coach have a school higher output than that of their counterparts working with a not skilled coach. On the contrary the type of family introduces no difference into the school performance of the pupils of the primary.

Keys words: qualification level of coach, the type of family, school output (efficiency)

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INTRODUCTION : PROBLEMATIQUE

Depuis la fin des années 1990, l’école ivoirienne rencontre d’énormes difficultés parmi lesquelles les redoublements internes et les fortes déper- ditions scolaires. Malgré les efforts consentis par le ministère en charge de l’éducation nationale en vue de relever le niveau des élèves de l’enseignement primaire et secondaire en Côte d’Ivoire (distributions de kits scolaires, gratuité de l’école, recrutement d’enseignants formés dans les structures d’animation pédagogique…)et en dépit des investissements des parents (fournitures sco- laires, recours à une pédagogie de soutien…), les taux d’échec restent assez révélateurs. A titre d’exemples, les résultats scolaires des années 2012 et 2013 se présentent, en termes d’échec scolaire, de la façon suivante : 43,05%

au Cepe (Certificat d’ ; 82,97% au Bepcet 74,63% au Bac en 2012. Les taux d’échec scolaire en 2013 sont aussi élevés, 33 % au Cepe, 59,83% au Bepc et 62,42% au Bac et en 2013.

Par ailleurs, publiant les chiffres d’un rapport de l’UNESCO relatif à la Côte d’Ivoire, TAPE et KOFFI (2001) révèlent des taux de redoublement assez alarmants, surtout en début et en fin de cycle primaire : 21,50% au CP1, 26,20% au CM1, 43% au CM2. De l’ordre de 26,55% en 1995, le taux moyen de déperdition dans le système éducatif ivoirien selon le Ministère de l’Education Nationale, avoisine à ce jour environ 33%.

Ces données nous invitent de façon impérative à la recherche de solutions à cette situation. Au nombre de celles-ci figure la pédagogie de soutien qui selon MIALARET (1989),a pour but de venir en aide aux élèves qui sont en difficulté devant le programme de formation car, pour lui, lorsque les pratiques pédagogiques ne répondent pas aux difficultés individuelles, l’échec est iné- vitable. Plus spécifiquement, le besoin d’être accompagné est encore plus crucial pour les élèves en difficulté. Dans cette optique, les cours de répétition à domicile en tant que accompagnement pédagogique proposé aux élèves en dehors des classes formelles, dans un contexte sociologique où l’encadre- ment scolaire parental n’est pas forcément intégré dans les habitudes, sont à priori positifs. Pour un pédagogue ou un éducateur, l’objectif intrinsèque de l’activité de répétition peut être double : d’abord, accompagner en pratique ou en méthodes les élèves dans leurs exercices scolaires en dehors des classes formelles et, ensuite, analyser les causes des difficultés différentielles qu’ils éprouvent souvent dans les différents apprentissages. La conduite de ces enseignements s’avère très importante pour les élèves. Cela impose donc une certaine qualification de la part du répétiteur

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Mais, compte tenu des difficultés de la vie actuelle, certaines personnes s’improvisent répétiteur sans avoir forcement la compétence nécessaire pour enseigner. Il y a donc lieu de s’interroger sur l’impact de cette pratique sur le rendement des élèves?

La présente étude se situe donc dans le cadre de la lutte contre l’échec scolaire qui se définit comme l’incapacité du système éducatif à atteindre les finalités à lui assignées, celles de former le citoyen pour son développement personnel en vue de faciliter son intégration socioprofessionnelle et, garantir l’égalité des chances pour chaque individu. Plus précisément, l’échec scolaire s’entend ici comme l’incapacité de l’apprenant à accéder en classe supérieure pour n’avoir pas rempli les normes conventionnelles de passage retenues.

A y voir de près, les facteurs d’insuccès scolaires sont nombreux et divers.

Ils se répartissent en différentes catégories. Les uns sont liés à l’apprenant lui- même comme son degré de motivation, ses automatismes scolaires de base, ses facultés cognitives, etc. Les autres concernent l’institution scolaire elle-même : hyper sélectivité du système éducatif, critères d’admission en année supérieure très rigides, sureffectifs scolaires, aires d’encadrement élevées, inadéquation des programmes et manuels scolaires. D’autres encore relèvent des responsabilités familiales et parentales. : Insuffisance des moyens financiers, dissociations et mésententes familiales, manque d’encadrement parental des taches scolaires, peu d’intérêt accordé aux études des enfants par les parents, etc. L’on n’oubliera pas la part de l’état dans ces insuccès scolaires : insuffisance des capacités d’accueil, mauvaises orientations pédagogiques d’apprenants, insuffisances des personnels enseignants, problèmes de la formation des formateurs, etc.

Dans ces conditions, certains enfants sont aidés dans leurs taches scolaires à domicile par une pédagogie de renforcement ou de soutien communément appelée « cours à domicile » ou encore « CD ». Ceux-ci tendent à se géné- raliser dans une société ivoirienne moderne ou les parents sont obligés, pour faire face aux difficultés quotidiennes, de vider le foyer du matin au soir, à la recherche de gains monétaires. Il se trouve même des cas de parents qui, pour être analphabètes ou peu instruits, ne sont pas capables de suivre personnel- lement à la maison les taches scolaires de leur progéniture.

Toutefois, l’on oublie que la répétition n’aurait d’effet bénéfique sur le résultat des enfants en classe que si elle est de qualité. En d’autres termes, un répétiteur lui-même émanant du corps enseignant, très outillé par une solide formation pédagogique adossée à une longue expérience professionnelle, ne serait-il pas plus efficace qu’un autre encore en formation initiale (élève ou étudiant)

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ou venu d’un autre horizon professionnel (ingénieur, commerçant, médecin, etc.), peu au fait des normes et exigences académiques ?

Ce problème est d’autant plus préoccupant que, de nos jours, pour arrondir leurs salaires de fin de mois ou disposer de quelques ressources financières pour faire face aux difficultés existentielles, certains salariés, élèves et étudiants s’improvisent répétiteurs à domicile. L’extension d’une telle pratique conduit à s’interroger sur l’effet de la répétition à domicile sur la performance en classe chez les élèves bénéficiaires. En fait, tout se passe comme s’il suffit, pour de nombreux parents, d’engager un répétiteur à domicile pour sa progéniture pour mettre celle-ci à l’abri de contre-performances scolaires.

Ces observations conduisent à cette question : la qualité de répétiteur, notamment son niveau de qualification n’influence-t-il pas significativement les résultats scolaires des apprenants ?

Cependant, il est à noter que l’échec scolaire ne peut recevoir d’explication unicausale. Autrement dit, ce phénomène ne peut s’expliquer que par une plu- ralité de facteurs qui le rendent complexe. L’un de ces facteurs parmi les plus déterminants nous semble être le type de famille quand on sait que le premier agent socialisant est constitué par les parents. Ceux-ci laissent les premières traces, durables et profondes, à leurs enfants, prédéterminant ainsi en partie leur réussite ou leur échec à l’école.

Par « type de famille », nous entendons soit la famille naturelle, soit la famille d’accueil. La première désigne la cellule familiale dont les principaux membres sont les parents géniteurs de l’enfant. Celui-ci vit avec les siens qui sont à ses soins, veillent sur lui pour prévenir toute difficulté, réduisent les frustrations sociales éventuelles, l’aident à faire face aux difficultés d’adaptation scolaire.

La seconde, la famille d’accueil ou adoptive, est celle dans laquelle l’enfant vit avec des parents collatéraux (oncles, tantes, cousins, frères, sœurs, etc.), des amis ou connaissances des parents. Ici, il devient un membre adoptif des principaux responsables de cette entité familiale.

A l’analyse, ces deux types de famille ne nous semblent pas exercer les mêmes influences sur le destin scolaire des enfants qui en sont issus. La raison est qu’elles n’offrent pas les mêmes caractéristiques familiales, le même investissement affectif, le même intérêt porté aux enfants surtout chez les enfants adoptifs. Si les apprenants vivant dans une famille naturelle sont souvent accompagnés tout au long de leur vie et soutenus par leurs géniteurs pour résoudre les difficultés d’adaptation scolaire, il se peut qu’il n’en soit pas

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toujours ainsi chez leurs homologues venant d’une famille d’accueil. Dans celle-ci, les apprenants peuvent être souvent occupés par le tuteur ou la tutrice à des tâches domestiques qui ne leur laissent pas toujours assez de temps pour leurs études. De même, ils ne seraient pas toujours prêts à révéler à leurs logeurs les problèmes qu’ils rencontreraient à l’école ou en classe. Il n’est pas sûr qu’ils bénéficient du temps ou d’un encadrement pour la réalisation de leurs devoirs scolaires à la maison.

Dès lors, l’interrogation suivante s’impose à nous: le résultat scolaire des enfants ne différerait-il pas selon que ces derniers vivent avec leurs parents géniteurs (biologiques) ou dans une famille d’accueil ?

Ce sont ces considérations qui sont à la base de nos hypothèses de travail ainsi libellées :

a- Le rendement scolaire des élèves qui bénéficient des services d’un répétiteur qualifié est plus élevé que celui de leurs homologues ayant un répétiteur non qualifié.

b- Les élèves venant d’une famille adoptive ont un rendement scolaire moins élevé que celui des élèves issus d’une famille naturelle

Pour soumettre ces hypothèses de recherche à l’épreuve des faits, diffé- rentes opérations méthodologiques sont mises en œuvre. L’examen de ces opérations et procédures conditionnent la qualité des données à collecter pour la vérification de ces hypothèses.

METHODOLOGIE

1. Variables de la recherche

Les variables impliquées dans les hypothèses de travail précédemment énoncées sont de deux types, deux variables indépendantes et une variable dépendante. Il s’agit, d’un côté, du niveau de qualification du répétiteur et du type de famille, de l’autre, du rendement scolaire. Ces variables sont toutes de nature qualitative.

La première variable indépendante est le « niveau de qualification du répétiteur». Elle comporte deux modalités :

- le répétiteur qualifié (expérimenté) ; - le répétiteur non qualifié.

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Par répétiteur « qualifié ou expérimenté» il faut entendre celui qui a reçu une formation d’enseignant (instituteur, professeur…) donc possédant des aptitudes pédagogiques à même de relever le niveau de l’enfant. Les autres répétiteurs (étudiants, élèves, sans emploi…), sont considérés comme non qualifiés puisque sans connaissances pédagogiques académiquement reconnues ou exerçant d’autres fonctions que celle d’éducateur scolaire.

La seconde variable indépendante, le type de famille présente aussi deux modalités :

- la famille biologique (naturelle) où l’enfant vit ensemble avec les deux parents géniteurs ou l’un des deux ; - la famille d’accueil (adoptive) est toute famille autre que biologique c’est- à-dire constituée d’amis ou de connaissances.

La variable dépendante, le rendement scolaire, est de caractère quantitatif.

Elle est exprimée par la note moyenne obtenue par l’élève en fin d’année sco- laire. Elle concerne la note globale de l’élève dans les différentes matières.

Ainsi, sur la base des notes obtenues sur un total de 10 points, la note 0 est la limite inférieure et la note 10 en est la limite supérieure.

2. Echantillonnage

La population d’étude est constituée par l’ensemble des élèves de l’ensei- gnement primaire du groupe scolaire « les cannetons » sis dans la Commune de Koumassi du District d’Abidjan. La forte hétérogénéité de cette entité nous oblige à l’extraction d’un échantillon représentatif de cette population après le contrôle des variables parasites de l’étude.

L’échantillon d’étude est élaboré à l’aide de la technique d’échantillonnage aléatoire. Celle-ci consiste, dans son principe, à sélectionner de la population des sujets devant faire partie de l’échantillon d’une manière aléatoire de telle sorte que chacun de ces derniers ait la même probabilité qu’un autre d’être retenu.

L’échantillon constitué comprend 72 élèves répartis en deux groupes équivalents par rapport au niveau d’étude, à la fréquence de redoublement, au sexe, à l’âge et à l’origine sociale des élèves. Il s’agit là de critères permettant de caractériser les sujets de l’échantillon à partir desquels ces derniers sont retenus.

L’échantillon comprend autant de filles que de garçons (50% des sujets de chaque sexe). Ces derniers sont tous du cycle primaire et non doublant. Leur âge varie de 10 à 12 ans. Nous avons choisi cet intervalle d’âge parce qu’à

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ce stade, la structure cognitive de l’enfant est en plein développement. C’est aussi l’âge des principales acquisitions de base exigeant de l’enfant concen- tration, application et effort. A ce stade des opérations formelles, l’enfant capte, traite, acquiert et consolide des connaissances nécessaires à son adaptation à l’environnement actuel et futur.

Ainsi, sont mis en place deux groupes d’élèves dont l’un travaille avec un répétiteur qualifié et l’autre avec un répétiteur non qualifié. De même, nous avons construit deux groupes d’élèves dont l’un vit dans sa famille naturelle et l’autre dans une famille adoptive.

3. Matériel

Pour les investigations sur le terrain, la méthode d’enquête par questionnaire a été choisie. Le matériel est élaboré à partir d’un entretien semi dirigé à l’issu duquel les items ont été sélectionnés pour être soumis au procédé des juges destiné à éliminer les items ambigus.

A l’issue de ces opérations, le questionnaire définitif a été élaboré. Il s’arti- cule autour de trois volets :

- le premier, récence les caractéristiques personnelles des enquêtés (âges, niveau d’étude, etc.) ;

- le deuxième, évalue les différentes notes obtenues par chaque sujet au cours de l’année à partir desquelles une moyenne est établie ;

- le dernier, s’adresse au répétiteur dont il relève certaines informations sur certains paramètres de sa fonction comme son ancienneté, sa date de prise de service, etc.

L’administration du questionnaire s’est faite au sein du groupe scolaire

« les cannetons » de Koumassi-Abidjan sur la base duquel l’échantillon a été construit. Elle s’est déroulée selon le mode de passation individuelle. Chaque élève de l’échantillon recevait un exemplaire du questionnaire qu’il remplissait, laissant au répétiteur le soin de remplir le volet le concernant. Le questionnaire nous était restitué le lendemain après que l’enquêté l’ait soumis à son répétiteur.

4. Technique d’analyse statistique des données

Les données recueillies ont été dépouillées et traitées statistiquement au moyen de la technique du T de student. Le choix de cette épreuve de signification tient à deux raisons. D’une part, il est adapté aux études quantitatives comme la nôtre.

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D’autre part, il offre l’avantage de permettre la comparaison de scores sur des groupes indépendants comme ceux constitués ici dans le cadre de l’échantillon- nage. Enfin, son emploi est d’autant plus justifié que que les scores de rendement scolaire obéissent à la loi normale. Les trois paramètres de tendance centrale que sont la moyenne, la médiane et le mode sont de valeurs sensiblement identiques.

Le traitement statistique s’est effectué par rapport aux hypothèses émises.

Il a abouti à des enseignements qu’il convient d’examiner.

RESULTATS

1. Niveau de qualification du répétiteur etrendement scolaire

La technique statistique du T de student est appliquée aux données quantita- tives des deux groupes d’élèves formant l’échantillon. Les sujets travaillant avec un répétiteur qualifié et ceux soumis à l’encadrement d’un répétiteur non qualifié.

Il s’agit là de groupes indépendants à comparer sous l’angle des moyennes obtenues en fin d’année et dont la distribution sur la loi normale. L’épreuve du T de student est donc adaptée pour tester l’effet du niveau de qualification du répétiteur sur le rendement scolaire. L’emploi de cette technique aboutit à une valeur de 12,23 significative au risque d’erreur de 01%. Il indique donc une différence significative entre les moyennes des deux groupes en présence.

En se référant aux performances de ces groupes, on s’aperçoit que le ren- dement moyen des élèves bénéficiant des prestations d’un répétiteur qualifié est supérieur à celui de leurs camarades encadrés par un répétiteur non qualifié (M1=13,48 contre M2=10,12).Il en ressort que notre première hypothèse de travail est confirmée par les faits. Plus précisément, nous pouvons soutenir qu’il est bénéfique, pour les élèves, de travailler avec un répétiteur expérimenté doté d’une solide formation pédagogique dans les matières dans lesquelles il offre ses services pour une pédagogie de soutien ou de renforcement.

La théorie cognitive de PIAGET(1975) permet une explication pertinente de ce résultat. Selon cette théorie, les réponses fournies par l’élève aux diffé- rentes situations d’apprentissage ne sont plus le fait de l’habitude mais plutôt celui de connaissances acquises au cours des séances d’entraînement. Il y a ainsi un effet de facilitation dû à la mise en œuvre d’apprentissages déjà réalisés. C’est cette facilitation qui permet à l’élève encadré par un répétiteur de pouvoir résoudre en classe des problèmes qui ne sont pas forcément ceux qu’il a appris à résoudre à la maison.

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Cette théorie fournit des modèles permettant de comprendre et d’expliquer l’influence de la répétition sur le rendement des élèves, et de saisir l’importance des facteurs individuels et environnementaux dans l’échec ou la réussite scolaire.

En effet, le rôle de répétiteur vise à améliorer les apprentissages réalisés à l’école. Sous cet angle, on peut présumer qu’il est nécessairement bénéfique- dans la mesure où il consolide les acquis chez l’élève ou prépare ce dernier à l’assimilation aisée des apprentissages ultérieurs.

Mais, il est erroné de considérer que l’emploi d’un répétiteur est suffisant pour l’amélioration des performances scolaires. C’est dans ce sens que le résultat obtenu ici clarifie le débat public sur l’incidence heureuse de la fonction de répétiteur sur le rendement scolaire des élèves. Si celui-ci joue un rôle positif auprès de l’élève, il va s’en dire que la qualité de sa formation et ses compétences spécifiques peuvent différer d’un répétiteur à un autre, et partant, jouer différemment sur les apprenants soumis à son influence. Un répétiteur dont la formation initiale est tournée vers l’enseignement et qui dispose d’une solide formation pédagogique est plus au fait de réalités éducatives qu’un autre converti à la fonction de répétiteur selon des circonstances particulières (quête de gain monétaire, suivi des taches scolaires par des parents non enseignants, etc.) Ce répétiteur non qualifié peut détenir une compétence technique certaine dans telle ou telle discipline scolaire et mettra à la disposition de l’apprenant qu’il suit son expertise. Mais, l’absence d’une formation pédagogique peut réduire l’efficacité de sa tache de répétiteur. Ignorant les lois biologiques et psychologiques du développement de l’élève, n’étant pas au fait des techniques pédagogiques dans le déroulement d’un enseignement, le répétiteur non qualifié peut éprouver des difficultés réelles dans l’exercice de sa fonction. Les apprenants soumis à ses actions éducatives peuvent donc être moins performants que ceux de leurs homologues déjà rompus à la fonction enseignante de par leur formation initiale et de solides connaissances pédagogiques apprises durant ses stages de perfectionnement.

Ces réflexions indiquent que tout individu ne peut s’ériger en répétiteur sur la seule base de sa compétence technique dans tel ou tel domaine de la connaissance. Il se doit, pour l’efficacité de ses actes de répétiteur, de se former préalablement et personnellement aux techniques pédagogiques, de renforcer ses connaissances didactiques, de s’initier à l’animation d’une classe, de se familiariser avec quelques lois psychologiques et psychobiologiques du développement du jeune être. C’est alors que ses lacunes dans la fonction de répétiteur pourront être comblées et qu’il pourra se présenter comme un répétiteur quelque peu qualifié.

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En somme, la structuration cognitive des opérations scolaires à faire acquérir aux enfants et le suivi didactique de ceux-ci ne s’improvisent pas. Ils résultent d’un apprentissage spécifique dont le répétiteur ne peut en faire l’économie.

Les parents doivent donc comprendre que l’emploi d’un répétiteur pour les taches scolaires de leurs enfants à la maison peut être nécessaire dans le sens d’une pédagogie de soutien mais n’est pas une condition suffisante de l’efficacité de ces actes pédagogiques et, par conséquent, de l’amélioration des performances de leur progéniture.

2. Type de famille et rendement scolaire

Le test statistique du T de Student est également utilisé ici pour évaluer l’incidence du type de famille (naturelle ou adoptive) sur la performance des sujets interrogés.

Il permet d’obtenir un résultat de 02,13. Celui-ci n’est significatif à aucun seuil de probabilité. De ce fait, notre seconde hypothèse de travail n’est pas corrobo- rée. En d’autres termes, les élèves provenant d’une famille naturelle ne sont pas plus performants que ceux issus d’une famille d’accueil (adoptive). A preuve, le rendement moyen des premiers est de 11,33 contre 10, 89 pour les seconds.

Un tel résultat ne peut s’expliquer aisément. Il peut cependant donner lieu à quelques considérations hypothétiques. Celles-ci nous semblent tenir, les unes, aux réalités de terrain, les autres, à des questions méthodologiques. Il est possible que le rendement moyen des élèves provenant d’une famille d’accueil ou famille adoptive ne diffère point de celui de leurs camarades issus d’une famille naturelle. Cela peut s’expliquer par le fait que les premiers peuvent être très vite confrontés, comme les seconds, aux réalités de la vie pour avoir vécu leurs expériences initiales auprès de leurs parents géniteurs ou muris par les difficultés rencontrées chez leurs tuteurs. Ils tendraient alors à être précocement préparés à affronter les difficultés de la vie quotidienne. Ayant pris suffisamment tôt conscience de ce qu’ils ne doivent compter que sur eux-mêmes, ils redouble- raient d’ardeur dans leurs études et obtiendraient des performances au moins égales à celles de sujets vivant dans leur famille biologique.

Une autre explication possible peut être liée à l’influence des tuteurs à qui sont confiés ces enfants. Les familles adoptives peuvent être pleinement conscientes de leurs responsabilités à l’égard des élèves qui leur sont confiés.

Elles tendront donc à les traiter comme leurs propres enfants biologiques.

Craignant que l’échec de ces élèves adoptifs ne les discréditent aux yeux des

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parents biologiques de ces derniers ou ne mettent à mal leurs relations avec eux, les tuteurs n’hésiteraient pas à un suivi adéquat des enfants qui leur sont confiés qu’ils se sentiraient obligés de faire réussir. Ceci est d’autant plus vrai- semblable que certains élèves, vivant avec leurs parents géniteurs ne font aucun effort pour réussir à l’école. Ayant déjà l’appui de ces derniers, ne craignent pas tellement leurs réactions à la suite de contres performances scolaires, se sentant choyés ou en complicité avec leurs géniteurs, ils ne s’adonneront pas à des sacrifices importants pour obtenir un bon rendement scolaire. Ils pourraient même se convaincre que leurs parents les comprendraient si leurs études ne s’accompagnaient pas toujours de succès. Leurs performances ne seraient donc pas meilleures que celles de leurs camarades vivant dans des familles d’accueil.

Toutefois, l’absence d’une différence significative entre enfants de famille naturelle et enfants de famille adoptive en ce qui concerne le rendement scolaire peut résulter d’une insuffisance dans le contrôle des variables parasites de cette étude. En d’autres termes certaines variables perturbatrices (éducation présco- laire, stimulations socioculturelles diverses, …) n’ont pu être identifiées pour être neutralisées alors qu’elles sont manifestes. Dans ce cas, une autre recherche s’impose sur cet aspect de notre travail pour mieux se préciser les idées et se situer par rapport à la réalité. C’est là une piste de recherche ultérieure à exploiter.

DISCUSSION

L’objectif visé à travers cette étude est de mettre en évidence l’effet du niveau de qualification du répétiteur (qualifié ou non qualifié) et du type de famille (naturelle ou d’accueil) sur le rendement scolaire chez les enfants du primaire.

Les résultats obtenus sont contrastés. D’une part, le type de famille, naturelle ou d’accueil ne semble pas exercer d’effet significatif sur le rendement scolaire des enfants. D’autre part, la qualité, c’est-à-dire le niveau de qualification du répétiteur a une influence bénéfique sur la performance scolaire des élèves.

Autrement dit, les élèves suivis par un répétiteur qualifié enregistrent un ren- dement scolaire supérieur à celui de de leurs homologues travaillant avec des répétiteurs non qualifiés.

Ce dernier résultat est corroboré par d’autres travaux scientifiques. Le rôle positif de répétiteur, surtout lorsque celui-ci est qualifié, sur les résultats sco- laires est attesté par une étude de N’GUESSAN in CIP (2013). Le répétiteur, écrit cet auteur, à travers les explications qu’il fournit, en plus d’aider l’élève à faire ses exercices, favorise également la compréhension des notions impliquées dans l’apprentissage des matières de son niveau d’étude et l’aide à renforcer

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ses connaissances, mais également à développer de nouvelles méthodes de travail applicables aux autres matières.

Sur un autre plan, poursuit NGUESSAN (op. cit, p12), « la présence du répétiteur aux cotés de l’élève en situation d’apprentissage, peut constituer un soutien indéniable sur le plan socio affectif, ce qui peut créer ou renforcer chez celui-ci, la motivation pour les études ». Le répétiteur tient donc de renforcement à l’apprenant dont il peut réduire certains flottements ou difficultés affectifs.

En ce sens, il consolide chez lui le sentiment de sécurité et de confiance en soi dont on sait qu’il constitue un élément indispensable à la réussite scolaire.

C’est ce que traduit PIAGET (1967) en affirmant que comportement intellectuel et affectivité sont étroitement liés. Autrement dit, iln’y a pas de comportement intellectuel sans affectivité et vice versa.

Par ailleurs, selon ANGELO cité par MUSAFIRI (2010), «l’action d’occuper un enfant après les cours sous forme du cours du soir aide l’enfant à l’assimi- lation de la matière enseignée parce que le répétiteur explique clairement la matière en donnant plusieurs exemples et exercices. En plus, les enfants se familiarisent avec les adultes, ce qui extirpe la peur de poser les questions en classe sur le sujet non compris»

Sur la même problématique, une étude réalisée à Lomé au Togo chez les élèves de CM2 met en évidence une corrélation significative entre les cours de répétition (nombre de séances hebdomadaires des cours de répétition)et les résultats à l’examen de fin de cycle primaire. Cette étude révèle qu’il existe bien une influence positive des cours de répétition sur la performance des élèves à travers surtout la bonne mention qu’ils obtiennent (YABOURI N. et Col., 2010)

CONCLUSION

Au terme de ce travail, il parait opportun de formuler quelques recomman- dations à même d’aider les partenaires de l’école en général et les parents en particulier, à réaliser une prise en charge adéquate de leur progéniture en vue de sa réussite scolaire. Les parents doivent être vigilants dans le choix d’un répétiteur pour leur progéniture. Ils doivent veiller à ce que le répétiteur soit :

• de préférence un enseignant de formation ;

• une personne différente de celle qui s’en occupe en classe pour évi- ter le favoritisme et permettre à l’élève de profiter de cette diversité de messages pédagogiques en vue d’une meilleure assimilation des connaissances ;

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• un agent renforçateur disponible pour l’enfant et respectueux du pro- gramme de répétition ;

• une personne de bonne moralité et d’une conscience professionnelle avérée ;

• régulièrement et correctement rémunérée ;

• un sujet en contact régulier avec l’enseignant de l’enfant et placé sous surveillance étroite des parents.

Sur ce dernier point, il est important que les parents n’abandonnent pas totalement le suivi de leur progéniture à une tierce personne même si celle-ci est un enseignant de formation, qualifié et expérimenté.

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