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FTM/12 /-3
Original Anglais
DES RELATIONS ECONOMIQUES EXTERIEURES ET LE PROCESSUS DU
DEVELOPPEMENT
OPTIQUE LATINO AMERICAINE
Par
OSVALDO BUSKEL
Août 1975.
Traduction provisoire.
FTM/12
Page 1
• •'< '
DES RELATIONS ECONOMIQUES EXTERIEURES ET LE PROCESSUS DU
DEVELOPPEMENT
OPTIQUE LATINO AMERICAINE
Bien que j'aie été un optimiste autrefois je dois maintenant prendre un ton pessimiste. Il paraît que mes idées oscillent comme celles du professeur Meier, mais apparemment nos cycles ne conïncident
pas. Je suis plutôt pessimiste sur les possibilités du développement
en Amérique Latine, c'est-à-dire de l'amélioration des
conditions
d'existence de la moitié la plus pauvre de la population Latino—
Américaine. Je conviens avec le professeur Meier que nous avons
beaucoup appris au cours de ces vingt dernières années, mais nous n'avons peut—être pas appris les choses les plus importantes. Je
pense qu'une des choses les plus importantes que certains n'ont pas
apprises est précisément le fait qu'il n'est pas possible de conti—-
nuer à analyser le processus du développement économique indépendam¬
ment de l'analyse des politiques de développement économique. Le Professeur Meier fait une distinction entre ce qu'il voit comjne la -
nature du processus du développement et les politiques du développe¬
ment. Il dit "c'est' vrai qu'il y avait des mauvaises"politiques
dans le passé mais nous avons beaucoup appris maintenant, et si
nous suivons à l'avenir les nouvelles pçlitiques plus justes nous
aurons un meilleur processus de développement". Je soutiens qu'on
ne 'peut pas vraiment faire une pareille
distinction.
Nous ne pouvons paë comprendre le processus du développement sans une explication complète des politiques qui ont été suivies et sans la connaissanoedes structures socio—politiques nationales et internationales qui
conditionnent l'élaboration et l'exécution des politiques de déve¬
loppement. Je ne crois pas qu'on puisse continuer à dire que "les
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i
pays en voie de développement doivent suivre telle ou telle politique,
et les pays développés doivent suivre à leur tour, telle ou telle politique, pour que les imperfections du marché national ou.interna¬
tional disparaissent et que l'affectation des ressources soit optimi¬
sée". Je pense qu'un grand nombre des problèmes auxquels se heurte l'Amérique Latine découlent du fait quo ce qu'on appelle "les imper¬
fections du marché" en analyse nêoclàssique'sont précisément les don¬
nées essentielles instittitionnelles, structurelles,
sociopolitiques
et culturelles qui expliquent la nature du sous-développement et la
nature frustrante du processus du développement. Nous ne pouvons plus espérer voir disparaître lés imperfections du marché simplement à cau¬
se du fait que quelques conseillers .étrangers intelligents et quelques politioiens de bonne volonté essayeront de les exorciser.■ Je pense que
nous devons commencer à revoir nos instruments d'analyse et essayer de comprendre la nature du rapport de forces qui engendre uné grande partie de ces "imperfections du marché" et qui en fait une partie iné¬
luctable du processus de développement et dos problèmes qui y sont liés.
Je suis donc dans une situation très difficile ici. Le titre de la session de cette première matinée est "les relations économiques,
extérieures et le processus de développement s un cadre de
discussion",
et le Professeur Meir a simplement indiqué dans la première partie de
son exposé que "le cadre de discussions est exact". La théorie économi¬
que classique est exacte. Et de là il a procédé à l'analyse exacte".
Et de là il a procédé à l'analyse des politiques qui de ce point de
vue étaient mauvaises dans le passé et qui doivent être corrigées à
l'avenir. Cela me pose un problème très difficile car je crois que c'est le cadre de discussion qui est inexact. Je dois donc essayer dans ce bref délai de proposer un autre cadre de discussion. Je ne pourrai pas rentrer dans une discussion détaillés des; politiques aar- je pense que ce qu'il nous'faut surtout^ c'est un autre cadre d'analyse
afin de pouvoir discutcmdes politiques d'une manière différente et plus significative.
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Page 3.
Je vais commencer par développer le titre de cotte conférence..
"L'interaction économique entre l'Amérique Latine et les
Etats-Unis"»
Selon la théorie néo-classique du commerce international, toutes
les interactions sont égales 5 mais selon le cadre que je voudrais
proposer, certaines interactions internationales sont plus égales
que d'autreSo Je voudrais utiliser deux diagrammes simples qui ne sont pas très conventionnels en sciences économiques et d'essayer
■brièvement d'exposer ce que je crois
être
un cadre d'analyse plus significatif. L'hypothèse de hase du premier • diagramme(et
ici jesuis de l'avis du professeur
Meier)
est qu'il faut voir le systèmeinternational comme un tout plutôt que d'étudier le développement
national en isolement comme on 1'a -généralement fait dans l'analyse
des problèmes de développement. Admettons que le p'ius grand cercle du pre¬
mier diagramme représente le système capitaliste international qui
est le seul qui nous intéresse en ce moment, et admettons que les
deux plus petits cercles à l'intérieur du plus grand représentent respectivement un pays dit développé et un pays dit sous-développé s deux sous—systèmes nationaux au sein du système capitaliste interna¬
tional.
C'est la représentation classique du système capitaliste internatio*
nal partagé entre économies développées et économies sous-dévoloppées»
Elle peut—Gtre utile à certaines fins fmois pour mieux comprendre les problèmes du développement il est peut—$t-r.e plus juste,plus
utile de
penser en termes différents en des termes qui divisent l;l économie
internationale non squlement entre économies nationales mais aussi
entre d'une part le centre dynamique de l'économie internationale plus
dynamique,
productif,plus'innovateur,
et diautre part les segments et parties de l'économie capitaliste internationale moins productifs, plus stagnants qui constituent sa périphérie. Mais lecentre et la périphérie ne coïncident pas avec les économies déve¬
loppées et les économies sous-dévoloppées respectivement, comme dans
le modèle Prebisch. Au contraire, comme le montre le diagramme 2
FIM/12
Pago 4
le centre dynamique ou noyau de l'économie capitaliste chevauche
les économies nationales et devient transnational 5 et les péri¬
phéries, tout en demeurant nationales, apparaissent aussi
Mon
dans les économies développées que dans les économies sous-déve- loppées. En d'autres termes, nous avons une économie internationa¬
le et en son soin nous avons un noyau interne transnational de caractère très dynamique, très innovateur,
très
productifet très
accumulateur. Ce noyau est transnational, d'ahord parce
qu'il
chevauche les économies nationale^ ensuite parce qu'il constitue
la partie essentielle du système global.
La croissance do ce noyau transnational a transformé le système capitaliste international en système capitaliste trans—
national.
Considérons ce système transnational sous l'optique
de la consommation et de la production. Lu point de vue de la consommation, vous allez trouver
(certainement
tous ceuxqui
parmi vous ont beaucoup
voyagé)
qu'il existe une structure trèssemblable de consommation 5 un style et un niveau de vie
très
semblables chez les groupes, les secteurs ©t les zones à revenus élevés tant dans les pays développés que dans les pays squs—
développés. Je ne vois aucun Latino-Américain pauvre présent à
cette session s vous les trouverez que rarement parmi les reprt
sentants de* la région dans.des conférences internationales. Si l'on cherche dans les revues qui s'adressent à ce marché trans¬
national, on constatera que la publicité a trouvé des moyens
magnifiques pour exprimer le-fait qu'il y a une seule,communauté transnationale dos opulents y des innovateurs, des gens qui con¬
somment et qui vivent selon lo style commun aux classes moyennes des pays dits développés.
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Page 5.
Diagramme 1. Le Système Internationale
Diagramme II. Le Système Transnational
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Page 6.
Si, par contre, vous regardez de près les périphéries
du système
transnational,
vous trouverez que certains des secteurs des pays développés sont aussi misérables, par rapport au reste de leur pays, que la majorité de la population des pays sous-déve- loppés. Par exemple(et
cela est une expérience que jen'avais
par.vécue
auparavant)
je viens de voyager à travers los Etats-Unis par train. Je vous propose de faire de même pour changer d'ambianceet vous verrez les Etats—Unis, vous verrez d'un autre oeil {Vous ver»»
rez la partie pauvre des
Etats-Unis,
très différente de oe que vous voyez lorsque vous voyagez d'un aéroport moderne à un autre, ou bien lorsque vous prenez les super-autoroutes.Si vous considérez maintenant ce système transnational du côté productif, vous trouverez que son noyau dynamique, la
structure productive
transnationale,
est constituée par la conjonc¬ture d'un petit nombre de grandes sociétés transnationales avec leurs sièges sociaux dans les pays développés et leurs filiales dans les pays sous-développés voilà la nature essentielle de la deuxième Révolution Industrielle dont parlait le Professeur Meier:
la spécialisation mondiale de la production industrielle qui se réalise grâce à l'institution de la société multinationale. La société multinationale so spécialise dans la production de
"software" et des biens
d'équipement
dans les zonesdéveloppées,
et dans les différentes étapes de montage des biens terminaux
dans les zones sous-développées profitant — entre autres facteurs —
de la main-d'oeuvre bon marché qui existe dans ces économies à cause
de leur situation essentiellement- périphérique.Go processus ost connu
sous le nom•de "Worlwide
Sourcing"(recherche;de
sources'mondiales)la
spécialisation do la produotien au sein du noyau transnational est à
la base de la relation do dépendance entre les pays développes et les
pays sous-développés.-Mals bien que l'association des firmes transna¬
tionales constitue 1'infrastructure de oe système transnational,
la relation de dépendance est renforcée par une superstructure
é
FTM/12
Pago 7•
d'institutions internationales. Elles ont pour fonction d'établir
les règles de conduite transnationale de veiller sur leur exécu¬
tion et de promouvoir les idéologies du transnationalisme. En
d'autres termes l'ensemble des dispositions institutionnelles bilatérales, régionales et mondiales entre pays qui constituent
le système des organisations internationales, a tendance à repro¬
duire et renforcer au niveau de la superstructure, le processus de transnationalisation décrit ci-dessus..
Permettez-moi d'ajouter, entre
parenthèses,
que jecrois que cette vision des rapports contemporains entre pays développés et pays sous-développés permet aussi d'expliquer la manière dans laquelle le développement et le sous-développement
évoluent historiquement. En d'autres termes on peut appliquer
le même cadre d'analyse à la période coloniale quand les empires espagnol et portugais ont lié des segments des économies, dos
sociétés et dos cultures de la Péninsule Ibériquo à certaines parties
de l'économie la société et la culture Latino-américaine à tra¬
vers un réseau central d'institutions de règlements et do politi¬
ques mercantilistoc on laissant la plus
grande partie des doux.,
régions comme des périphéries au sein du système impérail. Cette approche est également utile si on
otamine
les relations qui existaient entre la Grande-Bretagne et l'Amérique-Latine et leur spécialisation d'une part dans l'exportation des produits manufac¬turés, et d'autre'part dans
des denrées alimentaires ot des matières
premières. En effet au cours de cette période, les investissements internationaux, les migrations et le commerce ont joué le rôle primordial, engendrant simultanément un nouveau noyau international
et des périphéries
nationales,
aussi bien en Grande-Bretagne qu'on Amérique-Latine. Ce qui est arrivé au fil des ans c'est l'expan¬sion de ce noyau central 5 mais son expansion a été plus grande
et il a développé de plus grandes parties de la société, de l'é¬
conomie, de la politique et de la culture des pays aujourd'hui dits développés. Dans les pays dits sous-développés d'aujourd'hui sa
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Page 8,
croissance a été restreinte, concentrée, limitée à des activités
à des régions et à des groupes sociaux privilégiés sans réaliser beaucoup d'incorporation ou d'intégration des activités, à des régions et à des groupes sociaux privilégiés sans réaliser d'incor¬
poration ou d'intégration des activités, des régions et des groupes sociaux périphériques et quelquefois même contribuant davantage
1
/
à leur dislocation et marginalisation.—
Un dernier mot sur le tableau d'ensemble présenté jusqu'ici. Les imperfections et les écheos du marché entre les
pays développés et les pays sous—développés cités par le Professeur
Meir résultent en grande partie de la structure des relations
de dépendance entre ces doux genres de pays, aboutissement histo¬
rique de la façon dont l'économie internationale a été organisée
par les pays développés dominants et leurs groupes internationaux d'intérêt socio-économiques et politiques dominantes. Los écheos
et les imperfections des marchés intérieurs sont en majorité la conséquence de ce genre de développement partiel et concentré qui
a eu lieu dans notre segment restreint de la société sous-dévelop—
pce et qui a transformé sans
développer(qui
a au contraire :disloqué, désorganisé,
sous-développé)
les autres secteurs sociauxet les activités économiques périphériques des pays sous—développés.
Les idées présentées ci—dessus dans une forme très synthéti¬
ques avaient été élaborées par l'auteur dans nombre de publica¬
tions mais surtout dans l'article "Transnational Capitalism
and National Désintégration in Lan America" parue dans Social
and Economie Studies, Institute of Social and Economique
Research, University of the West Indies, Vol. 22 N° 1 Mars 1973, Mona, Kingston, Jamaica.
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Pago "9,
Dans la douzième partie de mon exposé je veux me concen¬
trer sur ce réseau interne de rapports entre la manifestation
locale du noyau transnational et les activités et les groupes sociaux périphériques. Pour faciliter ma présentation je me servirai
—sohématiquement d'un cadre analytique semblable, au tableau
bien connu de relations interindustrielles
("entrées-sorties")
de Léontieff» Le tableau conventionnel de Léontief
(diagramme)})
se compose a fondamentalement de trois parties. La partie A repré¬
sente l'activité productive comme un réseau d'opérations des
"entrées" et des "sorties" intermédiaires entre différentes bran¬
ches de l'activité économique
(agriculture,
industrie extractive,industrie do transformation, les banques
etc),
la partie "B"représente la répartition.du revenu payé aux entrepreneurs, aux propriétaires de capitaux,aux employés, aux travailleurs et aux gouvernements sous forme do bénéfices, de rentes, de dividendes
et
d'intérêts,
de salaires do traitements etd'impôts
onrémuné¬
ration de leur participation au processus de production, également
par branches d'activité économique ; la partie "C" représente la
manière selon laquelle los détenteurs - de revenus dépensent leurs
revenus sur les différentes sortes de biens et services fournis par les différentes activités économiques classées selon que les
biens et les services sont destinés à la consommation, l'investis¬
sement,
à
l'usage du gouvernement ou à l'exportation.L'avantage
principal de ce tableau est qu'il démontre d'une façon intégrée
trois aspects fondamentaux du système économique : la structure
-de la production, la rép-artit-ion du revenu et-la- structure de3 dépenses, chacun d'eux étant ventilé par branche d'activité éco¬
nomique.
Le critère fondamental de classification des branches de l'activité économique selon le modèle de Lëontieff est celui de
1
'homogénéité
technologique. Mais 'comme on le sait, et comme jel'ai suggéré dans la première partie de mon exposé, un trait fondamental des pays dits sous-développés est la coexistence et l'interdépendance d'un segment du noyau transnational et des péri¬
phéries ns-tionales. Cette hétérogénéité s'étend à travers chaque
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Page 10.
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iDiagramme 3 ' ébauche du
Léontieff.
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Page 11.
branche de l'activité économique. La gamme s'étend d'une économie
locale — primitivo à uno extrémité traditionnelle à uno
économie transnationale moderne à l'autre, en passant par des
nuances variées de modernité nationale autant dans l'industrie, l'agriculture, les mines, les transports, les activités "bancaires
que dans le commerce et les services gouvernementaux. Nous devons
donc nous éloigner des modèles dualistes conventionnels qui assimi¬
lent le moderne à l'urbain — l'industriel et le traditionnel ou le primitif au rural
(agricole).
Plus particulièrement dans lespays Latino—Américains qui sont relativement plus
développés,
cette conceptualisation est trompeuse car elle ne peut pas saisir l'hétérogénéité des niveaux technologiques et des rapports sociaux
à l'intérieur dos différents secteurs de l'économie plutôt qu'entr,
eux.
Il suffit de réaménager lo tableau entrées—sorties pour dé¬
nioait ëirCL*héiërogénéi'té structurelle de ces économies,S'il est vrai que dans chacune des branches de l'activité économique nous pouvons
trouver différentes catégories et niveaux de technologie, et d'organisation, nous pouvons réaménager le tableau en réunissant
sous ces différentes catégories homogènes, les segments correspon¬
dants des diverses activités économiques. Le critère de l'établis¬
sement de ces catégories sera un critère socio-politique plutôt
que le critère technologique du système de Léontieff, bien que
ce dernier puisse être maintenu à l'intérieur des catégories socin- politiques.
Aux fins de cette discussion je distinguerai quatre catégo¬
ries principales à l'intérieur du système économique s
(a)
le sec¬teur contrôlé par l'étranger
(pas
nécessairement identique avec la propriétéétrangère) (b)
le secteur public(c)
le secteur nationalmoderne et
(d)
le secteur primitif -traditionnel(diagramme 4')ohacun
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Pago 12.
cf U). 3 C/2
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12Page 13.
de cob..secteurs sera...subdivisé par branches -de- 1*activité économique l'industrie, secteur minier, l'agriculture etc. comme dans le
système conventionnel de Léontieff«La sous-matrice
A^^représentera
alors le réseau des transactions entre les filiales étrangères dans
les différents secteurs de l'économie | la sous matrice
A22rePr®~
fera les transactions entre les entreprises d'état dans las dif¬
férentes branches de l'économie $ la eous««matrice
A^représeritera
les transactions ontre les entrepreneurs nationaux — modernes,et
la sous-matrice
A^les transactions parmi les producteurs primitifs
- traditionnels dos diverses branches de l'activité économique.
.Si l'économie est très primitive la plupart des opérations
auront lieu dans la sous-matrioo A . Si l'on a établi une activi- „ 44
té étrangère dans l'industrie minière ou dans 1'agriculture il y au¬
ra quelques transactions à l'intérieur de la sous-matrice A , pas beaucoup dans
A^puisqu*il s'agit surtout d'exportations, et pas
beaucoup nonplus dans
A^-j étant donné que la plupart de leurs
"inputs" sont d'origine étrangère.
Le secteur de l'état sera petit avec très peu de transac¬
tions entre les activités publiques
(A^) 5 ^-e secteur public n'achè¬
tera presque rien au:secteur
étranger,-sauf los importations
fournies par les commerçants étrangers
(a^)» ®ais lui fournira
une quantité considérable de services publics
(A^^). Dans
cegenre d'économie d'exportation primitive et primaire il y aurait
très peu d'entreprise nationale— moderne
(A33), et d^nc très
peude liaisons entre ce secteur et les autres.
Au oours dos dernières trente ou quarante années en
Amérique Latine avec l'industrialisation par substitution aux
importations, cette structure s'est
modifiée considérablement.
Un secteur national - moderno s'est développé, lo secteur
public
s'est élargi considérablement et les filiales étrangères ont fini
par pénétrer la plupart dos activités économiques tandis que lo
secteur primitif traditionnel"" est resté très substantiel. Le
secteur contrôlé par l'étranger est apparu comme la force motrice
«
FTM/12
Page 14.
de l' économie, rémplissant progressivement la sous»*matrlce •]
à
mesure qu'il s'étend à travers les différentes branches de l'écono¬
mie et devient de plus en plus
intégré
et cohésif. Le secteur con¬trôlé par l'étranger devient aussi
(peu
àpeu)
le principal four¬nisseur des autres secteurs productifs de l'économie | le secteur public
(a^2 )le secteur national—moderne'(a^'-j)
,et même le sec¬
teur
primitif-traditionnel (A'j^). Etant constitué par quelques
entreprises relativement grandes vis-à-vis d'un grand nombre do pe¬
tits et moyens acheteurs, le secteur
contrôlé
par 1'étranger se trouve dans une situation do monppole. Le secteur A.devient aussiun acheteur principal de la production des autres secteurs do l'économie
{^2^ ^31°^ ^41^ développant une position pligopooniste
vis—à—vis d'eux.
Le secteur public croît substantiellement mais surtout
en tant que producteur des biens et services nécessaires à l'expan¬
sion du secteur étranger et du secteur national - moderne. Cela explique la grande difficulté que rencontre l'Amérique Lc?„tine lors¬
qu'elle tente de réaliser la planification intégrée et la coordina¬
tion des politiques du secteur public, tentative entreprise sou¬
vent, sans grand succès, pendant cette dernière décennie. Le à'ècteur
national moderne a également connu une expansion considérable^
notamment pendant les décennies de la crise et de la deuxième
guerre mondiale, et pendant les années 50. Mais au cours de la dernière décennie, l'expansion formidable du noyau transnational
de l'économie capitaliste notée
ci-ides
sus, s'est traduite par la pénétration massive dès filiales étrangères dans toutes les bran¬ches de l'activité économique des pays de l'Amérique Latine. Cette pénétration a souvent abouti à 1'absorption de l'entreprise natio¬
nale - locale par la société multinationale ou bien
(son
éclate¬ment)
et son déplacement par la filiale étrangère. L'érosion pro¬gressive du secteur des entreprises nationales va de pair avec,
l'expansion du secteur contrôlé par l'étranger et, au moins en termes d'emploi — ou plutôt de sous—emploi — avec la croissance du
FTÏi/1
2 Page 15.secteur public et le secteur primitif - traditionnel. Ce remplace¬
ment du secteur national-moderne par la technologie et l'organisa¬
tion transnationales donne lieu à l'insertion d'une partie de la main—d'oeuvre professionnelle et qualifiée dans le secteur
transnational tout on déplaçant le reste, clont une
partie
sera incorporée dans le secteur public tandis que la majorité sera refoulée dans le secteur primitif - traditionnel ou bien restera
sans emploi. Le secteur primitif - traditionnel
lui—même,
bienentendu est sous une pression sévère, puisqu'il
subit les effets
disruptifs de l'introduction en masse des processus technologiques nouveaux, des biens des services nouveaux et des formes d'organi¬sation nouvelles.
Jusqu'ici nous étions en train d'examiner le processus simultané de l'intégration transnationale, et de la désintégration
nationale qui a lieu dans la structure productive de l'économie sous—développée. Mais le môme processus explique aussi quelques
autres caractéristiques structurelles de ces économies. Considérons
la répartition des revenus et l'emploi. Dans la partie B de notre tableau nous avons les paiements effectués par les différents
secteurs de l'économie aux groupes sociaux qui ont participé à
leur processus do production. Plutôt que le classement tradition¬
nel selon les parts des facteurs qui n'a aucun sens socio-politique,
nous allons utiliser un système de classement représentant des
groupes sociaux et des classes significatives. Puis à la matrice
de paiement de revenus nous ajoutons une matrioe de..l'emploi nem¬
portant le même classement.
Enfin, en divisant la matrice du revenu par la matrice
de l'emploi, nous obtiendrons une matrice indiquant la répartition
du revenu moyen par groupes sociaux et secteurs économiques princi¬
paux. La comparaison de ces trois matrices donnerait des résultats très intéressants. Une proportion significative du revenu engendré dans cette économie serait payé par le secteur contrôlé par l'é¬
tranger, mais ce secteur représenterait une proportion mineure
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Page 16
de l'emploi "total, donnant un revenu très élevé par personne employée
Une partie importante de ce revenu
partirait
à l'étranger étantdonné qu'il appartient à ces étrangers, mais le niveau local
des salaires et des traitements serait toujours comparativement élevé
par rapport au reste cle
'l'économie,
tendant 'vers les niveaux prati¬qués dans le noyau transnational particulièrement en ce sui concerne le personnel transnational technique et de direction des sociétés
multinationales mais pas pour l'ouvrier peu qualifié*
Le revenu engendré par le secteur public serait aussi rela¬
tivement important, une partie significative des recettes de l'état
émanant du secteur très productif des exportations et les salaires et
traitements payés seraient très inégaux» Les professionnels et techni
cicns organisés de la classe moyenne particulièrement dans les acti¬
vités gouvernementales les plus modernes, seront, relativement bien rémunéré tandis que les bureaucrates et les employés moins organisés
dans le secteur des activités gouvernementalos plus traditiônnelles qui absorbe une grande partie de sous—emploi seront très mal payés.
Dans le secteur national — moderne qui engendre sans doute toujours la proportion la plus élevée du revenu total, on trouve les pires inégalités, car le niveau des salaires dans ce secteur est beau-
coup influonoé par la pression de la demande d'emploi de la part-des
chômeurs et dos travailleurs à bas salaires du secteur primitif
traditionnel. L'on doit se rappeler que c'est un secteur relativement stagnant et que le bas niveau des salaires est probablement une con¬
dition pour que les entreprises dans 'ce secteur restent relativement concurrentielles avec le secteur sous contrôle étranger.
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Page 17.
Enfin le secteur primitif - traditionnel se caractérisera par la création d'une très faille proportion du revenu global tout en représentant une très forte proportion de l'ensemble de la popula¬
tion active. Ici on trouvera les chômeurs, les sous-employés et
les
misérables pauvres aussi bien ruraux qu'urbains, mais aussi quelques
groupes oligarchiques.
Il me semble qu'un tableau de ce genre nous donnerait une image
plus évocatrice de la répartition du revenu que les tableaux conven¬
tionnels de répartition de revenu par parts de facteur ou par volume, qu'on utilise normalement en économie. En effet, cette présentation
ouvre une possibilité intéressante d'étudier la corrélation entre, la
structure productive et la structure sociale, ou entre le
degré de
développement des forces productives et les rapports sociaux de production correspondant selon les termes de Marx. Par exemple lastructure sociale correspondant au secteur sous contrôle étranger — le capitalisme transnational serait constitué essentiellement par
une bureaucratie technocratique et de direction, en partie
étrangère,
et par une main-d'oeuvre relativement qualifiée 5 il n'y aurait une classe d'entrepreneurs ni un vrai prolétariat. Le secteur public
consisterait essentiellement en pna une importance bureaucratique- tradi¬
tionnelle avec quelques groupes de technocrates dans ses activités
les plus modernes. Le secteur national - moderne révélerait l'image
plus traditionnelle de la société capitaliste classique composée fondamentalement des entrepreneurs de la classe moyenne et du prolé¬
tariat. Le secteur primitif traditionnel contiendrait au contraire
certains groupes oligarchiques, une grande masse de petits
proprié-,
taires
(surtout
dans l'agriculture mais aussi dans le commerce, l'ar¬tisanat, les transports et les
services)
-et un vastesous-proléttarir.t
aussi bien-rural qu'rubain. Il me semble qu'un tableau socio-économique
de ce genre qui permet l'identification des classes et des groupes sociaux par secteurs principaux de 1'économie et par branches indi¬
viduelles ou par l'activité économique au sein de ces secteurs là,
•ffre un potentiel considérable pour l'analyse politique,, pour l'in¬
tégration de l'analyse économique sociale et politique 'et donc.pour
l'étude et explication de l'élaboration et l'exécution dos politiques.
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Une connaissance adéquate suffisante de la structure
de la répartition de revenu serait aussi très utile pour la compréhen¬
sion des modèles de dépenses privées et publiques en matière de consom¬
mation et d'investissement. Dans la partie C de-notre système nous uti¬
liserions par exemple le même classement de stratification sociale que pour la distribution du revenu dans la partie B, afin de distinguer
les groupes de consommateurs. Nous obtiendrons donc la distribution des dépenses de consommation par groupes sociaux
(ouvriers,
bureaucra¬tes, directeurs,
etc.)
et par secteur économique(étranger,
national,etc.).
Ce tableau indiquerait clairement quo la plupart des dépensesdos groupes sociaux à revenus élevés porteraient sur les biens et les
services fournis par le secteur sous contrôle étranger ceci étant un des facteurs qui explique le dynamisme de ce secteur. Mais étant donné
que ces groupes sociaux constituent aussi une force politique, il ne serait pas étonnant de constater que les dépenses publiques - plus particulièrement l'investissement sont aussi fondamentalement orientées
vers la fourniture de l'infrastructure économique et sociale nécessaire
à l'expansion du secteur transnational. Et si ce secteur a la demande la plus dynamique ainsi que l'appui du secteur public,
l'investissement
privé ira sans doute essentiellement vers la production des genres de
biens et de services qui sont caractéristiques du modèle transnational
de consommation. Le secteur national — moderne sera donc très incité à acquérir de la technologie et des marques de fabrique étrangères,
ce qui, coïncident avec l'expansion des affaires transnationales,
mène¬
ra naturellement à l'association de l'entreprise locale avec l'entre¬
prise transnationale, et finalement au déplacement de l'entrepreneur local. Le secteur transnational en pleine croissance, se trouvant dans
une situation si privilégiée - avec une demande dynamique, l'encourage¬
ment du gouvernement, une technologie avancée et une situation de mono¬
pole - dégagera des bénéfices élevés à la fois des consommateurs 5 dos producteurs locaux et do l'Etat. Ces bénéfices ne paraîtront pas néces¬
sairement dans les bilans des filiales,
grâce
a la pratique des "prifcde transfert" mais ils seront suffisants pour permettre le rapatriement
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de "bénéfices substantiels, tout en finançant l'expansion locale. Les conséquences pour la balance des paiements sont claires, surtout si
l'on tient compte du fait que la structure des exportations de ces pays continue d'être basée sur la spécialisation dans les exportations primaires, tandis que les importations et paiements
à
l'étrangerde
toutes sortes de
(redevances,
assistance technique, rapatriement de bénéfices, personnel étranger,etc)
deviennent de plus en plusdyna¬
miques avec la croissance du secteur transnational local.
La concentration du système tout entier sur le déve¬
loppement du secteur transnational, ainsi que l'abandon du
secteur
national moderne et surtout du secteur primitif — traditionnel,
mènent
a une sorte de désintégration de l'économie nationale. Nous assistons
au "développement" en même temps qu'au "sous—développement",
à
mesu¬re que les ressources sont drainées du secteur national — moderne et
du secteur primitif traditionnel - ce qui entraîne l'éclatement et
la stagnation de ce dernier — et acheminées vers le secteur transna¬
tional en expansion, tandis que des ressources
supplémentaires sont
réservées pour contribuer à l'expansion de l'économie transnationale
dans son ensemble. Ce processus de
développement/
sous développementau lieu de créer les effets de propagation .honrhgénéïsant dans 1
'-éeeno—
mie nationale, auxquels on devait s'attendre selon la
théorie néoclas¬
sique ou macrodynamique, mène à un tout autre genre d'évolution dans laquelle une partie de l'économie fait preuve de développement
(ac¬
croissement du revenu per capita, expansion de la production,
moder¬
nisation, innovation,- adoption de technologie et structures
de
consom¬mation de production très sophistiquées,
etc)
et attiredans cette
partie de l'économie la plupart des dépenses de consommation et d'in¬
vestissement tant publiques que privées, en laissant l'autre partie
de l'économie désintégrée et stagnante sans aucune capacité sociw- politique véritable d'engendrer des politiques pour son amélioration.
A mon avis, ce processus, qui a lieu essentiellement dans les pays sous-développés, en fait a lieu également dans les pays
développés.
FTM/I
2 Page 20les zones stagnantes de vos pays développés s'expliquent dans une
certaine mesure par ce genre d'analyse : par le fait que tant qu'une
si grande partie des dépenses publiques et privées s'orientent vers les industries qui ont la croissance la plus dynamique, il reste trè
peu de fonds pour être dépensé sur l'amélioration des activités pro¬
ductives dans les autres secteurs de l'économie. Certes, le
problème
ne devient pas aussi traumatique, que dans nos pays sous-dévoloppés
car la petite partie développée de l'économie développée est la plus importante, et l'on peut adopter des politiques de redistribution
du revenu qui, en prélevant un peu sur le secteur transnational peut
améliorer considérablement le secteur périphérique qui est relative¬
ment petit. Dans les économies sous—développées, au contraire le
fait d'une simple redistribution du revenu du petit secteur de l'qco
nomie qui, est très productif aux autres secteurs de l'économie n'a
pas beaucoup d'effet, et le plus souvent ne fait que renforcer à la longue la position des groupes des secteurs moyens de l'économie.
Je dois des excuses au lecteur d'avoir présenté un exposé compliqué et quelque peu technique d'une manière décisive dans la rigueur analytique nécessaire, mais mon problème est que
j'ai besoin
d'une explication des processus qui se déroulent en Amérique—Latine qui puisse relier les politiques suivies au cadre structurel de l'éc
nomie et de la société Latino—Américaine. Je pense que si nous consi
dérons ce cadre dans l'optique dans laquelle je l'ai présenté, nous
aurons une meilleure idée de la nature hétérogène de la structure économique de 1'Amérique—Latine. Cette structure économique est la
base de la structure sociale de ces pays, qui à son tour est la
base
du système de la politique et du pouvoir. Et c'est le système du pou voir politique qui explique la nature des politiques suivies par
les gouvernements. Je pense que c'est seulement quand on étudie à
l'ensemble du système de cette façon que l'on arrive vraiment à le