r-v
S
J)E DÍNATIONS UNIES _
g fâft IDEP/ET/CS/2337-4
INSTITUT AFRICAIN E DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE
ET DE PLANIFICATION
DAKAR.
EXAMEN DU PHENOMENE DE MIGRATION DANS LES PAYS
DE L'O.E.R.S.
Par
B.S. FOFANA
IDEP/ET/' CS/
2337-4 Page 1.EXAMEN PU PHENOMENE DE MIGRATION DANS LES PAYS DE L'O.E.R.S.
Le regroupement des quatre Etats Africains indépendants du Mali,
de la Guinée, de la Mauritanie et du Sénégal traduit leur volonté de promouvoir un développement intégré sur la "base de la planification
des ressources naturelles communes.
De nombreux éléments favorisent ce regroupement, dont le fleuve Sénégal certes, mais plus profondément encore une
identité
culturelleet une communauté de langue et de civilisation que renforce la migra¬
tion traditionnelle des peuples de la région.
Il nous revient d'examiner ici les principaux aspects des échan¬
ges humains entre les quatre Etats unis par ailleurs par l'histoire.
On ne peut cependant que décrire le phénomène de la migration
dans cette région de l'Afrique Occidentale pour plusieurs raisons.
- La migration y est très ancienne et le brassage des groupes
ethniques a produit un type humain qu'il est parfois diffi-
1/
cile de définir par son faciès.
- La très grande perméabilité des frontières politiques favori¬
se des fréquents mouvements de populations d'amplitude
extrê¬
mement variées et, trop souvent imprévisibles qui s'inscri¬
vent difficilement dans un système logique.
j/ Le phénomène
y est devenu si familier qu'on dirait quo la migra¬tion a toujours existé. ' • ■ ' -
IDEP/ET/CS/2337-4
Page 2.
- Le volume d'un tel déplacement d'hommes à travers les fron¬
tières n'est pas connu. Des statistiques ont certes porté sur des cas spécifiques de mouvement de population comme le na-
vétanaty/mais
il a étéprouvé
que la méthode statistiquequi
ne s'appuie pas sur une période normalisée suffisamment éten¬
due et continue est inopérante en matière d'analyse migratoi-
re des populations de l'Afrique Occidentale-r Les seules
2/
esti¬mations chiffrées de mouvement de population émanant de acur¬
ve officielle et sont liées à une'politique de la migration dirigée de main d'oeuvre agricole ou industrielle.
Le contrôle systématique du - ~"t
de 1934 à "1955 s'ins-crit
dans la politique agricole coloniale d'expansion et de contrôle de la
culture de l'arachide au Sénégal.
Par contre il n'y a eu aucune étude de la migration des Maures
Mauritaniens détenant le monopole du petit commerce dans les centres
jJ Pendant longtemps la culture
de l'arachide a étéassociée
auphé¬
nomène migratoire de période saisonnière,qu'on appelle au Sénégal
le navétanat. Le navétane est un emigrant qui vient se mettre pen¬
dant l'hivernage à la disposition d'un employeur pour cultiver une
partie de ses terres, en arachide et selon différents types de con¬
trat qui le lient au possesseur de la torre* C'est ainsi qu'aux premières années du siècle Sarakollé et Bambara du Soudan et Malin- ké et Peul du Pouta de Guinée ont pris la route de l'Ouest pour venir se procurer au Sénégal les -signes monétaires que la pénétra¬
tion des échanges et l'établissement de l'impôt rendaient soudain indispensables. Les n':vétanes arrivent au Sénégal en avril et juin et repartent en novembre - décembre après avoir yendu leurs récol¬
tes.
2j Où les
mouvements sont permanents et de caractère spontané et dé¬sordonné.
IDEP/ET/CS/2337-4
Page 3.
urbains du Sénégal. Une enquête récente a été menée sur la migration
des Guinéens à Dakar
Le nnvetanat s'inscrit cependant dans le cadre de la migration traditionnelle des populations de la sous-région des Etats riverains du Sénégal. L'intervention coloniale dans ce type de mouvement sai¬
sonnier de la main d'oeuvre agricole du
Mali,
de la Guinée et du Sé¬négal aurait dû en faire un phénomène dynamique et opérationnel capa¬
ble de provoquer le processus d'accumulation du capital et des biens
2
/
dans le pays de départ et de développement intégre du pays d'accueil—
On sait ce qu'il a été et JL.es multiples contracdictions de la politique économique coloniale n'ont pas-permis 1- controle ni 1' ori-en-
tation rationnelle du navétanat.
_l/ Grâce
au revenu numéraire de la vente des arachides.2/
M. DIALLO "L'immigration des Guinéens à Dakar" IDEP 1971»*
I^„r/ET/ Go/2337-4
Page 4»
EVOLUTION DE L'IMMIGRATION DE LA MAIN I)1 OEUVRE AGRICOLE SAISONNIERE D'ORIGINE MALIENNE
(3/5-
LES EFFECTIFSANNUELS)
•GtriHLEKJL. FT VOITAIQUE
ANNEE ENSEMBLE DU SENEGAL
X 1
!
NAVETANES INSTALLES DANS LE SINE SALOUM
1933 j 39.000
; 3O.5OO
1934 j 38.000
! 29.45O
1935 j 59.000
; 41 .618
1936 !
!
64.119
[ 41 .620
1937 45.307
! 32.685
1938
! 69«757
1 I I î 1 j
57.715 1939
1 1
64.460 46.173
1940 39.320 30.950
1941
I
!
!
!
;
1
!
! r
!
!
1
24.504 18.286
1942 22.623 17.000
1943 43.636 33.483
1944 41 -772
J 36.602
1945 35.000
J 28.556
1946 12.000
! 10.500
1947 24.884
J
18.000
1948 23.014
J 17.207
1949 54.332
l
;
4O.7OO
1950 34.100 26.076
1951 48.814
!
1
31.078
1952 30.215 19.006
1953
! 29.939
*
!
1
23.060 1954
1 42.736 37.071
1955
1
•
! 1
; I
40.125 23.007
1956 36.650 I 20,376
1957 38.7OO ! 26 .289
1958 17.850
t
!
—
1959 9.90O —
1960 1
t
7.186 ! -
1961 10.228 !
Source s "Les Paysans du Sénégal" de Paul Pelissien.
t
i
ICEP/ET/es/2337-4
Page 5•
Les chiffres du tableau traduisent l'importance énorme du volume de la main d'oeuvre saisonnière immigrant chaque année au Sénégal
et dans le Sine-Saloum en particulier. Mais les chiffres n'indiquent pas l'effectif réel de population agricole temporaire et ne traduisent pas
l'importance des structures d'accueil. L'indice de mobilité de la popula¬
tion agricole apporterait plus de précision sur la durée et l'amplitude
des mouvements.
Le caractère discontinu de l'évolution quantitative du navé-
tanat est davantage lie aux pressions extérieures qu'à un changement de
motivation des immigrants.
1°)
- La migration s'affaiblit en 1941-1942 à la veille del'entrée de l'A.O.P. dans la guerre et en 1946-1947- 1948 après la disparition de "l'effort de guerre" et la
loi sur la suppression du travail forcé.
2°)
- L'importance croissante dos effectifs d'immigrants sai¬sonniers est lié au soutien matériel de l'administration coloniale à la migration à une époque où la main d'oeuvre
était rare : elle accorda en effet aux immigrants Souda¬
nais, Guinéens et Voltaïques de nombreux avantages dont
la gratuité du voyage ou le tarif réduit par chemin de fer, les prêts de matériel et les dons de semences et de tissus
j/ La
"bataille del'arachide"
débute avec l'entrée de l'A.O.P. en guerreen 1943. Des ordres ont été donnés aux Gouverneurs de Guinée et du Soudan afin de procéder au recrutement massif de main d'oeuvre saison¬
nière dont le contingent a été fixé par Territoire de 1944»
L'immigration décroit à partir de 1954 à la suite
d'un changement de politique agricole de l'Adminis¬
tration coloniale 5 et trois séries de facteurs
concourent aujourd'hui à la disparition du navéta-
nat classique :
a)
le premier facteur est le développementdans le Cayor et le Baol de l'emploi du
semoir attelé évitant de faire appel à une main d'oeuvre d'appoint ;
h)
la suppression progressive de l'aide appor¬tée au navétanat liée au changement d'orien¬
tation de la politique agricole du Sénégal.
On a en effet constaté que le navétane con¬
tribuait à l'accroissement du déficit vi- vrier à la suite de la monoproduction de
l'arachide et que son action intervenait
dans des régions suffisamment peuplées.
Les navétanes furent soumis par la suite
au contrôle sanitaire et policier qui en¬
trave le mouvement ;
c)
le troisième facteur désigne les mesurespolitico-administratives prises par le Mali et la Guinée en vue do retenir leur main d'oeuvre au lendemain de leur indé¬
pendance. Le navétane rentre dans la clan¬
destinité !
IDEP/ET/ Co/
2337-gl Page 7»4°)
- Enfin certains courants migratoires ont subi une sor¬te de déviation ; celui par exemple qui venait du Mali
s'est largement orienté vers la France.
Il reste que l'immigration des travailleurs saisonniers a profondément marqué la géographie humaine des pays situés entre le Saloum
et la Gambie, qui portent dans leur paysage et dans leur peuplement
"l'empreinte laissée par un mouvement qui, pendant un demi-siècle leur
a chaque année procuré un renfort de main d'oeuvre singulièrement effi¬
cace"
Si le navétanat a pu représenter à une période de l'histoire
coloniale un type de migration organisée de main d'oeuvre agricole dans
la zone Soudano—Sahélienne - quand bien même il s'est agi d'une migration
peu structurée - il ne traduit pas toute l'ampleur, la complexité et l'o¬
riginalité des mouvements de population dans la sous région de l'O.E.R.S.
Les échanges permanents de population de tous âges et des
deux sexes entre la Mauritanie et le Sénégal dans la vallée du fleuve
par exemple sont impossibles à évaluer par le fait qu'il s'agit d'un
même peuple à cheval sur une frontière artificielle.
Dans les départements de Matam et de Podor par exemple, des
paysans Mauritaniens ont leurs champs de mil et de maïs au Sénégal, de
l'autre côté du fleuve et les déplacements sont quotidiens. Par ailleurs
les multiples relations sociales favorisent des transferts de populations de part et d'autre du fleuve. De jeunes diplômés Sénégalais du Fleuve émigrent en Mauritanie où ils occupent des postes de secrétaires, compta¬
bles ou d'enseignants...
jj Paul
PELISSIER. "Les paysans du Sénégal",1966.
idep/et/cs/2337-4
Page
8
.De nombreux foyers d'immigration â? main d'oeuvre sont en voie
de création dans les centres miniers de la Mauritanie s industrie extrac¬
tive du fer de la MIFERMA à Zouar et celle du cuivre d'Akjout.
Mais les populations des Etats Riverains du Sénégal sont davan¬
tage draines vers les centres urbains du Sénégal où Dakar joue le pôle
d'attraction.
2/
La répartition de la population africaine de Dakar traduxten effet l'importance des immigrants des pays de l'O.S.R.S. dans la capi-
taie de l'ancienne Fédération Française de l'Afrique Occidentale.
3/
! ! !
tGuinée (Mauritanie 1
i i
1.I !
Mali jCôte d'Ivoire1 Eté Voltai Dahomey ; Tiger jTotal
i 46,6 26,
i
!
! .1.
!
22,7/o; 3,7/ 2,7/>
2,5^dde l'O.E.R.S., la
des 3 autres Etats tra¬
ja—
j/
Au cours des récentes rencontres des ministresMauritanie a fait état de dossiers de citoyens
vaillant dans les centres miniers Mauritaniens = 938 dossiers de tr vailleurs Séné¬
galais
64 dossiers Maliens
- 51 dossiers Guinéens Dakar a été favorisé par les conditions historiques, politiques et économiques. Elle a été la capitale de l'ancienne AOF.
3/
D'après une enquête de M. DIALLO - "L'immigration des Guinéens àDakar".
(IDEP).
IDEP/
ET/
Cs/
233 7-4 Page 9•Il est evident que les motivations économiques orientent la migration urbaine de Dakar où les structures d'accueil les mieux
adé¬
quates ont été mises en place sous le régime colonial.
Dans cet espace interurbain où la concentralisation humaine
croit rapidement, les immigrants Africains et les ruraux;
(migration interne)
s'affrontent et se disputent le marché du travailnational.
Une étude comparative des migrations Guinéenne et Toucouleure
à Dakar illustrerait bien cette concurrence.
A/
Motivations en vue de la migration.Tableau A
(Source
A. DIOP Société Toucouleur et Migration,IFAN
1965).
S ?
! Chercher ï j du tra- 1 I vail sa- j
1_1§rié j_
!
Faire du com¬
merce
Chercher j Rejoin-
de quoi ? dre des
ncus nour-r- parents
rir r
Chercher des habits
iGuinéens ! 31,75 ! - 1 3 ! - !
18,75
! 34,5 ! 1 ! !
! ! ! ! !
! Toucou- ! 9,7oui!
80,6 %
! 7,1 oui ! 90i°
ouiIleurs
%
IIdes oui ! Ines inter-! I
I 79,7 ! Irogées I I
I I I I I
1 _i
I I
S'instruire ; lApprendre 1 poursuivre les jun metier ]
études ï
6,25
I I 4,9 oui I
I
«
«
IDEP/ET/CS/2337-4
Page 10.
B/ Catégories
socio-professionnelles.Tableau B
! ! ! !
! ! ! !
! Pays !
Agri-
jArti-
!Patrons
! ! cultu-! sans ! et com-
! I re l isolés! merçants
! I Pêche ï !
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!_ ! ! I
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Ou- ï Fonc-
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! naires î
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Domes¬
tiques
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Employés
,
Sans profes¬
sion
Io
I ! ! !
] Guinéej 2,9# j 8,1 | 9,6
| Mali [ 2,5 j 2,7 J 4,8
! Mauri-! ! !
! tanie I 1,1 ! 7,5 I 26
| I I 1
!
7,2} 6,2
6,2; 5,2
!
3,8!
3,8
i
L=_
=-=!—=
12,3 7,6
3,8
25
5,5
3,4
3,8
5 28.2
4.3
Les pourcentages ont été calculés en tenant compte des Sénégalais qui complètent les chiffres ci-dessus.
Toucouleurs de DAKAR
(enquête
A. DIOP1965)
CATEGORIES SOCIO-PROFESSIOEHELLES ITombre de personnes
Artisans... 65 10,3
Commerçants - Cadres des entreprises
eoooonoc OOO OO0OCO»OO»OOOOOO 107 17,1
Ouvriers - Chauffeurs... 32 5,1
Domestiques ». 43
6,8
Manoeuvres - gardiens - plantons -
cireurs 249
39,6
Gardiens de la paix - Gendarmes - .
Pompiers 6 1
Sans profession. 127 20,1
IDE
P/ET/
OS/' 2337-4 Page 11.Observations générales :
Il apparaît dans le tableau A que les Guinéens et les Tou- couleurs viennent à Dakar chercher un travail salarié, source de ré¬
munération stable, facteur de progrès économique social et culturel»
Le tableau B révèle des secteurs d'activités communs aux
Toucouleurs et aux immigrants de l'O.E.R.S. :
- Artisanat
- Commerce de détail
(les
Maures et lesToucouleurs)
- Maneouvres, gardiens, plantons»
Les secteurs d'activité où les citoyens immigrants de l'O.E.R.S» sont les plus influents sont extrêmement vulnérables.
Ainsi 26
$
de petits commerçants détaillants sont des Mauri¬taniens et 25
fo
les domestiques de Dakar, des Guinéens. De mémo le pourcentage des artisans isolés est relativement élevé parmi les Guinéens et les Mauritaniens.Les perspectives :
Elles sont dominées par des contradictions» Les politiques démographiques nationales s'opposent dans la pratique à la profession de foi d'une intégration à court terme des quatre Etats de la sous
région.
Cependant, l'intégration effective des hommes qui partici¬
pent à la même civilisation est la condition de l'unification des moyens de production dos Etats riverains du Sénégal.
IDEP/et/es/2337-4
Page 12.
L'harmonisation et la valorisation du phénomène migratoire
se réalisent dans les grands ^naamblos aménages on fonction d'une politique concertée de planification des ressources huamines. Com-*
ment donc expliquer les entraves à la migration spontanée des popu¬
lations de la sous région ?
Les institutions mises en place dans chacun des quatre Etats
visent à pertuber l'intégration des ressources humaines par suite du
1
j
contrôle de la migration traditionnelle. Une analyse suffisamment
exhaustive - impossible à mener dans le cadre trop étroit de cet arti¬
cle - pourrait dégager très certainement les exigences des politiques démographiques nationales qui traduisent une certaine volonté de pré¬
servation des intérêts nationaux immédiats, le souci d'une éventuel¬
le répartition équilibrée des ressources humaines et matérielles dans
le cadre de l'intégration régionale, et la pression des problèmes dé¬
mographiques et sociaux liés à la politique nationale de l'emploi.
J/ D'après l'enquête
de M, DIALLO, la procédure d'obtention de l'au¬torisation de se rendre au Sénégal est longue et pénible : "il
faut tout d'abord obtenir l'autorisation écrite d'une cellule du Parti Démocratique de Guinée ; puis l'intéressé doit obtenir l'au¬
torisation du Gouverneur de sa région, enfin se présenter aux au¬
torités de la Sûreté Nationale".
Au Mali la sortie du territoire national est subordonnée à
un "laisser passer" délivre par les services de la Sûreté et au versement d'une caution
(même
si l'intéressé à l'intention de se rendre dans l'un des Etats de l'O.E.R.S.Au Sénégal s promulgation de lois restrictives et de contrôle
de la migration en direction notamment des Pays Européens.
IDEP/ET/CS/
2337-4 Page 13.Le contrôle de la migration spontanée ne s'exerce plus en contradiction avec les efforts de planification des ressources humai¬
nes des Etats.
Cependant les migrants ont réagi aux mesures coercitives et
le mouvement a subi de profondes modifications dans ses structures et dans son orientation.
- Les réseaux traditionnelles de migration
internationale^
et inter—régionale ont survécu tout ci: fonctionnant clandestinement7
Le ralentissement de la migration des navétanes Maliens au
Sénégal de 1967 à 1970 par exemple est lié au relèvement du prix de l'arachide au Mali et la libéralisation du commerce, par ailleurs à
la persistance de la sécheresse et aux maigres pluies des précédents hivernages au Sénégal.
Quant aux Guinéens, ils émigrent davantage aujourd'hui à Dakar qu'autrefois dans la zone arachidière du Sénégal. La migra¬
tion Guinéenne s'urbanise de plus en plus 5 et ce caractère urbain
des déplacements des Guinéens au Sénégal est renforcé par l'émigra¬
tion spécifique des élèves et des étudiants
(18?
5fo
des personnesinterrogées par DIALLO viennent s'instruire et poursuivre les études à
DAKAR).
\]
"90%
des Guinéens sont en situation irrégulière à Dakar car ilsne sont porteurs d'aucun papier de séjour
(limité
oudéfinitif)
;en venant, ils traversent la frontière guinéo-sénégalaise en évi¬
tant le plus possible la garde douanière...ceux qui viennent par auto sont obligés de parcourir au moins 20 à 30 km à pied dans la brousse fuyant l'attention des gardes frontalières".
M. DIALLO
(Enquête
sur les Guinéens àDakar).
IDEE/ET/CS/2337-4
Page 14.
- De nombreux réseaux migratoires se sont ouverts aux
populations Africaines de l'O.E.R.S. et de nouveaux circuits sont empruntés grâce à des points de relais clandestins.
Les Guineens emigrants au Sénégal empruntent les circuits
Sierra Leone - Gambie. Et les Maliens se rendant en France passent par Dakar ou Abidjan, Las Palmas ou Casablanca.
Pour toutes ces raisons, la migration demeure au phénomène permanent et l'on s'étonne que le Mali et la Guinée qui ont pu met¬
tre en place d'importantes industries de transformation susceptibles
de retenir les hommes continuent d'alimenter les réseaux de départ.