OBSERVATIONS SUR LES QUALITÉS ORGANOLEPTIQUES
DE POULETS APPARTENANT A UNE MÊME SOUCHE
F. H. RICARD
Station de Recherches ft!’tf:0/M. Dontaine
expei·irnerttal
litllagneratid, .S’<-r!’f)-rf!’/<;M:!y!’/M!!<f-A7a;’/!’!!’’!.
SOMMAIRE
Les
(qualités organolepti’lues
de gocoquelets
appartenant, à la même souche ont été étudiées à l’aide des tests dedégustation.
Lejury
étaitcomposé
de ¢ hommes etfemmes
choisisparmi
34volontaires, d’après
leuraptitude
à déceler legoût
depoulet
dans unjus
dilué et la fidélité de leurjugement. apprécié
au cours de2 dégustations
d’entraînement. Les séancesportaient
chacune sur 4poulets.
Pour chacund’eux,
lesdégustateurs
devaientjuger
un morceau deblanc,
un morceau de cuisse et un morceau de peau. Ils en notaient la saveur, l’intensité dugoût,
latendreté,
lajutosité
etla texture, à l’aide d’échelles
descriptives.
Les 4poulets
étaient ensuite classés par ordre depréfé-
rence pour
chacun des
3 morceaux.Les résultats montrent eue les
caractéristiques
de la peau sontplu,
variables que celles de la cuisse et du blanc. Danschaque
cas, la saveurprésente
leplus
faible coefficient de variation. La va- leur rotative des morceauxdépend
du caractèreenvisagé, mais,
dansl’ensemble,
la cuisse est lemorceau le mieux
apprécié.
l,es corrélationsphénotvpiques
entre morceaux sontlégèrement positives
ou non
significatives.
Entre caractèresorganoteptiques
elles sont engénéral
assez fortes.Enfin,
laméthode utilisée n’a pas
permis
de mettre en évidence une variabilitégénétique
bien nette et aucunevaleur calculée pour l’héritabilité n’est
significative.
INTRODUCTION
Pcllmi les nombreux aspects de
laqualité du poulet, le plus important
est sansconteste celui concernant les caractères
organoleptiques. Depuis
fortlongtemps,
denombreux aviculteurs
français
ontcherché
à améliorer cettequalité,
d’unefaçon
fort
empirique,
cequi
aabouti
àde véritables
« crus» dont le plus
connu est sansdoute
lepoulet de
Bresse.Mais le
déterminisme
de laqualité organoleptique
reste très mal connu. D’unepart c’est
unequestion
trèscomplexe. Ainsi,
onconnaît mal les
substances respon-sables du goîit de poulet (PiPr!rr, CAMPBELL
etSTREETER, z95q).
Deplus, de
pro- fondesmodifications histologiques
etbiochimiques apparaissent après
lesacrifice
et influent sur les
caractéristiques de qualité (L OW E, r 94 S ;
DEPREMERY
etPOOL, 19
6 0
). D’autre part
laméthode directe de
mesure,qui
consiste àfaire juger
lesanimaux
par unjury de dégustateurs
est une méthode peuprécise, longue
etdélicate
à mettre en oeuvre. MARSDEN et
al. ( 1952 ) estiment
même que lesobservations
desdégustateurs
sonttrop
peuprécises
pourqu’on puisse
leurappliquer
lescalculs statistiques.
Jusqu’à présent,
on a surtoutétudié l’action
sur laqualité organoleptique
defacteurs tels
quel’alimentation,
lestechniques d’abattage
oude conditionnement.
Peu
de
travaux concernent lavariabilité
entresouches,
entrefamilles
ou entreindividus d’une
mêmesouche, alors
quec’est
labase
de touteamélioration génétique.
De
plus,
ces travauxconduisent
souvent à des résultats peuprobants. Ainsi
lacomparaison des poulets
etdes régimes utilisés
enAmérique respectivement
en1930
et en195 6
n’apermis
de mettre enévidence
desdifférences significatives
ni pour lasaveur
(H ANSON
etal., r9jc!)
ni pour la tendreté(G1LPIN
etal., 10 6 0 ).
Pour essayer
d’approfondir
ceproblème,
nous avonsanalysé
les observationsdonnées
par unjury de
8dégustateurs
à proposde go coquelets pris parmi
30familles
d’une
même soucheexpérimentale, puis
nous avonscomparé
nosrésultats
avecceux
d’autres
auteurs.MATÉRIEL
ETMÉTHODES
i - Choix et
pr/paration
des animaux.Les 90
coquelets
étaientissus,
enreproduction pédigrée,
de 10coqs et 30poules,
soient 3poules
par coq, 3 enfants
analysés
pour une mêmepoule
et 9 pour un même coq. La souche utilisée étaitune
population
encorehétérogène, d’où,
àpriori,
une variabilitégénétique
relativementimportante.
Les 30familles ont été choisies
d’après
le nombre total depoussins
éclos et larégularité
deséclosions,
defaçon
à avoir sûrementplus
de 3 fils àl’âge d’abattage. A
l’intérieur desfamilles,
lesanimaux ont été
pris
auhasard,
deux restrictionsprès :
lespoulets
lesplus
beaux étaientgardés
en vue de la
reproduction
et n’ont pu être utiliaés ; lespoulets
troppetits (moins
de 600 g. à 8 se-maines)
ont étésystématiquement
écartés car ce sont engénéral
des animauxmalades,
peureprésen-
tatifs de la valeur réelle de la souche.
Le
prélèvement
s’est fait dans les 8lots,
éclos du 22juin
au io aoûtig6o, correspondant
à lasaison de
reproduction
normale de cette souche. Les lots ià
7 ont fourni chacun rzpoulets
et le lot8, 6.
Tous les animaux ont été élevés dans une mêmepoussinière.
Ils ont subi les mêmes traitements et reçu la même alimentation(type
basseénergie
et sansantibiotique).
Les 9o
poulets
ont été sacrifiés au mêmeâge ( 12
semaines etjours), après
environ r! heures dejeûne complet.
Ils ont étésaignés
par section des vaisseaux au fond de la gorge, échaudéspendant
une minute environ dans de l’eau à
53 °C
etplumés
avec uneplumeuse
àdoigts
de typeartisanal,
les restes de
plumage
étant enlevés à la main.Après
avoir étéeffilés,
on les a laissés refroidirpendant
environ 8 heures à la
température
du laboratoire. On les a alorsentreposés
dans unréfrigérateur
detype ménager
à unetempérature
voisine de +4 °C jusqu’à
leurutilisation,
soit 2, 3ou 4jours.
Avant la
cuisson,
tous les viscères étaient enlevés sauf les reins et les poumons. Les pattes étaientcoupées
au niveau de l’articulation tibia-tarsométatarse et le cou entre la onzième et la douzième ver-tèbre cervicale.
Le
poulet
était ensuite bridé etplacé
sur la broche d’une rotissoireélectrique
horizontale à air’
libre. La cuisson était arrêtée
quand
lepoulet paraissait
cuit àpoint.
Nous n’avons pas fait d’essais
préliminaires
pour voir si lesprocédés d’abattage,
de conservationou de cuisson utilisés avaient une influence favorable ou défavorable sur les
qualités organoleptiques.
Nous nous sommes seulement attaché à rendre aussi uniforme que
possible
l’action de ces divers facteurs sur tous lespoulets.
2 -
Organisation
desdégustations.
Les séances ont eu lieu 3 fois par semaine
(lundi,
mardi et mercredi à ir heures) pendant
8semaines
consécutives,
dans une salle différente de celle où avait lieu la cuisson. Chacuneportait
sur 4
poulets
fils de 4 coqs différents. Lesdégustateurs
recevaient successivement un échantillon de peau des 4poulets,
un morceau des 4blancs et un morceau des 4cuisses. La peau étaitprélevée
sur ledos de l’animal où elle se
présente
d’une façonhomogène
sur une assezgrande surface ;
le morceaude blanc était
découpé
dans le muscle Pectoralissuperficialis ;
la viande de la cuisse était un ensemble des 3 musclesBiceps je 1 1loris,
Semimembranosus et Se11lilendinosus(nomenclature
deC HAMBERLAIN , r
943
).
Les morceaux étaientdégustés chauds,
dans des assietteslégèrement
réchauffées.Chaque
échan-tillon était
désigné
par un numéro de code et l’ordre despoulets
était différent pour chacune des 3 séries.Après chaque
morceau, lesdégustateurs
devaient manger une tranche de ponune afin d’ !· ef- facer legoût
du morceauprécédent.
Ils avaient aussi à leurdisposition,
mais defaçon facultative,
de l’eau et dupain.
Cetteopération, également pratiquée
par BAKER et al.(i 95 6)
permet de mettre lepalais
dudégustateur
à peuprès
dans les mêmes conditions pour tous les morceauxanalysés
aucours d’une séance.
Une
correspondance morceau-dégustateur
a été établie defaçon
que, pour undégustateur donné,
les morceaux aient sur la carcasse la mêmeposition
relative pour les gopoulets.
3 - La N otatioll.
Les
caractéristiques organoleptiques
leplus
souvent étudiées dans les mémoires traitant de laqualité
dupoulet
sont la saveur, latendreté,
et lajutosité.
Puis viennentl’arôme,
la texture etquel- quefois
la couleur de la viande. Nous avons laissé de côté couleur et arôme. Par contre, nous avons demandé auxdégustateurs d’apprécier
l’intensité de cequ’on
peutappeler
« legoût
depoulet
&dquo;.L’expérience présente portait
donc sur 5caractéristiques qui
peuvent se définir de lafaçon
suivante :Saveur :
propriété générale
pour un échantillon d’être bon ou mauvais.Intensité du
goût: propriété
pour le morceaudégusté
d’être fade ou deprésenter plus
ou moinsle
goût
que les gens ont l’habitude deprêter
au bonspoulets.
Jugez
ce morceau depoulet d’après
leplaisir
que vous avez à le mander. ilettez une croix en face du motqui
vousparaît
convenir le mieux, pour cliaciiii des caractèresindiqués.
Tendret,’ :
propriété
pour le morceau d’êtreplus
ou moins résistant il la mastication.Jutositr· : Propriété
d’êtrejuteux
ou sec. Rend compte de laquantité
dejus qui
semble se sé.parer du morceau au cours de la mastication mais
n’implique
aucunjugement
simultané sur la qua- lité de cejus (dans
ce dernier cas, le terme « succulence » seraitglus correct).
1’eatu y
e :
propriété
liée à la finesse du «grain
», c’est-à-dire la structure fine ougrossière
du mor-ceau, provoquant au contact des muqueuses bucales une sensation
physique agréable
oudésagréable.
Pour matérialiser leur
jugement,
lesdégustateurs disposaient
defeuilles,
une pourchaque
morceau de
chaque poulet,
comprenant une échelledescriptive
pour chacun des caractères à noter,sur
lesquelles
ils cochaientl’adjectif correspondant
à leurappréciation (fig. i).
Leproblème
deséchelles
descriptives
a été discuté par PLANK( 194 8) :
le choix des termes doit être tel que de l’un à l’autre il y aittoujours
uneégale
différence de sensation. Notre échelle des saveurs a été directementadaptée de
2exemples
que donne cet auteur(échelle
deRaI: I Vttot,v,
ig4o, pour les fruits etlégumes ;
échelle de
RAMS B O T TON,
IG4i, pour laviande).
Pour les autrescaractéristiques,
nous avonsessayé
de suivre des directives de PLANKen utilisant un
simple
étalement des dualités :goût
fort oufaible,
morceau tendre ou
ferme, juteux
ou sec, à texture fine ougrossière.
Pour avoir un
complément
d’information, nous avons demandé auxdégustateurs
de classerpar ordre de
préférence
sur une feuilleséparée
les 4morceaux de peau, les 4blancs etles cuisses.
Les observations obtenues ont été transformées en notes chiffrées de la
façon
suivante :1
° pour la saveur,
chaque adjectif
a été affecté d’une note allant de zéro pour« inacceptable
»à 10 pour «
parfait
», en passant par pour « moyen», système
en accord avec lacritique
de l’I,ANK(1948) ;
2
° pour les autres
caractéristiques,
les notes allaientégalement
de zéro pour leplus
mauvaisà io pour le
meilleur,
mais seuls les nombrespairs
ont étéutilisés ; 3
°
pour les rangs declassement,
chacun a été transformé en note normale selon la table XX de FiSHER et YATES( 194 8)
àlaquelle
on ajouté
pour éviter lamanipulation
de nombresnégatifs.
Enfin,
pourchaque poulet
on a calculé la moyenne desappréciations
des 8dégustateurs
pour chacundes caractères des
3 morceaux, la moyennearithmétique
de toutes les notes par morceau et la moyenne des notes de rang par morceau.4- Le choix des
f7<’’!M!<a<fHr!.
a) Principes
directeurs.L’appréciation subjective
d’unecaractéristique organoleptique
est peuprécise
et soumise auxvariations
psychologiques
individuelles. Lesexpérimentateurs
font doncappel
auplus grand
nombrede
dégustateurs possible
afin de limiter l’incidence d’une erreur dejugement
et d’obtenir un résultatvalable pour une
large
couche de lapopulation
consommatrice duproduit
étudié. D’un autrecôté,
le nombre de morceauxqu’on
peutdécouper
dans un blanc ou une cuisse depoulet
est limité.Pour la
présente expérience,
nous avons fixé a 8 le nombre desdégustateurs, pris également
dansles 2sexes et si
possible
de diverses conditions sociales.Au
point
de vueméthodologie,
la sélection desdégustateurs
estprobablement
leproblème
leplus
délicat. Nous avons donc réalisé uneexpérimentation préliminaire
en suivant les directives de(!IRARDOT,
.’t<:RYAM et SnAPiRO( I9 j 2 ),
directivesqui
peuvent se résumer de lafaçon
suivante :1
° Il faut faire les tests de sélection avec le même matériel
qui
doit être utilisé dans les testsexpérimentaux
futurs et il estimportant
que les candidats soient animés de bonne volonté.2
° On peut effectuer une
première
sélectiond’après l’aptitude
àséparer
deux échantillons peudifférents,
en utilisant un test de différencesimple.
On éliminera ainsi ceuxqui
manquent de sensi- bilité ou de mémoire des saveurs.Il
faut ensuite testerl’aptitude
àreproduire
unjugement
dequalité
en faisantjuger,pourdes
échantillons
différents, plusieurs
morceaux du même échantillon et en calculant le rapport :Il
s’agit
d’uneanalyse
de variancesimple
et du calcul du F(S NEI ) ECOR , iQ;)6).
Ce deuxième test permet d’éliminer ceuxqui
manquent de fidélité dans leurjugement
ouqui
ne comprennent par le mécanisme desdégustations.
b) Organisation
iiiatérielle.Pour constituer notre
jury,
nous avons d’abord demandé des volontaires dans tous les services du Domaine duMagneraud. 3 ¢
personnes ont fait acte decandidature,
cequi représentait
environ50p. 100du
personnel.
Dans un deuxième
temps
la sensibilité des candidats augoût
depoulet
a été étudiée à l’aide de teststriangles ( 10
à i5répétitions
selon lescandidats)
au coursdesquels
onprésentait
aux candidats2
gobelets
contenant de l’eau du robinet et un troisième dujus
depoulet
très dilué( 2 , 5
p.100 ). Le jus
a été obtenu en faisant cuire au bain-marie bouillantpendant
r heures les muscles de la cuisse etde la
poitrine
d’unpoulet.
La viande cuite a été ensuite laissée auréfrigérateur pendant 3 6
heuresavec une
quantité
d’eauégale
à une fois et demie lepoids
des muscles frais.Après
filtration et dilu-tion,
on a obtenu unepréparation
sans aucune différenced’aspect
ni de couleur avec l’eau.12 personnes ayant donné moins de 45p. 100 de bonnes
réponses
ont été éliminées. Dans untroisième
temps
les 22autres ont été invitées àparticiper
à 2dégustations
d’entraînementorganisées
sur le même modèle que les
dégustations expérimentales,
à 2exceptions près :
la peau n’a pas étédégustée
et l’intensité dugoût
n’était pas notée. A chacune des 2séances,
les candidats devaient noter 2morceaux voisins du même blanc et 2 morceaux voisins de la
même cuisse,
ceci pour 2poulets
d’ori-gine
différente : uncoquelet
type Cornish xSussex, âgé
de 8semaines,
provenant d’unélevage privé ;
un
coquelet
de notre propreélevage, âgé
de 14semaines,
ayant reçu un aliment à basseénergie
etsans
antibiotique. Chaque
candidat a doncdégusté
2 fois un blanc et une cuisse de 2poulets âgés
et de 2
poulets jeunes.
Nous avons fait uneanalyse
de variance sur lesappréciations
transforméesen notes
chiffrées,
en considérant que nous avions 2répétitions
de 8 traitements différents et nous avons calculé :le nombre de
degrés
de liberté étantrespectivement
de 7 et 8(SN ENE COR, 195 6).
Nous avons enfincaractérisé
chaque
candidat par la moyenne des F obtenus pour les 4caractéristiques analysées (saveur, tendreté, jutosité, texture).
Le tableau 1
indique
les résultats de nos tests de sélection. Les candidats ont été choisisd’après
la valeur du F moyen. Mais pour
garder
le mêmejury
tout aulong
des 8 semainesd’expérience,
nous avons dû éliminer ceux
qui
nepouvaient matériellement
pas satisfaire à la condition d’assister à toutes lesdégustations.
Ainsi nous avons dûremplacer
les candidats n° i et i par les les n° 8 et 18. Deplus,
par suite d’une absence nonprévisible
audépart,
ledégustateur
n° 13 a étéremplacé
par le n° 15
pendant
lacinquième
semaine.RÉSULTATS
i. -
Traviabilité
etcorrélations phénotypiqttes
Le tableau
2donne la
moyenne sur 10(m), l’écart-type (s)
et lecoefficient de variation (C.
V.exprimé
en p.100 )
pourchacune des caractéristiques étudiées.
Les
morceaux ont étécomparés
2 à 2 enappliquant
aux moyennesindiquées
dans
le tableau 2 le test t deStudent-Fischer :
t =d ’ Is, l
où dexprime
la différence entre 2 moyennes.L’écart type de la différence,
S,¡, aété calculé
en tenantcompte des corrélations
entre morceaux, selon laformule :
Pour
les corrélations significatives,
on apris les valeurs indiquées
autableau
4. Pourles corrélations
nonsignificatives
on apris
r = o.Le tableau
3donne les différences
etles valeurs de
tcorrespondantes. Toutes,
sauf
trois,
sontsignificatives.
Le tableau 4 donne
lescorrélations phénotypiques
entre morceaux, pour un caractèreorganoleptique donné. Les valeurs
trouvées sontlégèrement positives
ounon
significatives.
Le
tableau5 donne,
pourchaque
morceau,les
corrélationsphénotypiques
entrecaractères
organoleptiques pris
2 à 2.Les valeurs obtenues
sont nettementplus grandes,
uneseule n’étant
passignificative.
2
. -
Variabilité d’o y igine génétique
Elle
aété appréciée
enfaisant
uneanalyse de variance
surles 90 poulets
pourchaque caractère étudié. La variabilité
« entrecoqs
» etla variabilité
« entrepoules-
intra
coqs » ont étécomparées
àvariabilité
« entrepleins frères
»à l’aide
dutest F
de Fischer-Snedecor (S XEDECOR , 195 6). Le tableau
6 donne les valeurs de F obte-nues.
I,’organisation de l’expérience permettait le calcul
del’héritabilité des différents
caractèresétudiés
et onétait dans
le cassimple où les subclasses
sontégales. Le
tableau 7 donne les résultats obtenus
pourl’héritabilité
moyenne :ainsi
quel’écart-type
sde
cette valeur moyenne. Nous avonsutilisé les techniques
de calcul indiquées
parG R A YBILL
et RoB!RTSOw(1957).
Pour
obtenir l’intervalle
de confiancecorrespondant
auseuil de probabilité
5
p. 100, il suffit de former laquantité h 2 + r,c!6
s. Pour toutes les valeurspositives
du
tableau7
cetintervalle comprend zéro :
aucune valeurtrouvée
pourl’héritabilité n’est
doncsignificative.
Ce résultat est uneconséquence logique des chiffres consignés
dans
le tableau 6.DISCUSSION
I
. -
Comparaison
des aariahilftésphéllotvpiqlles
Les coefficients de variation indiqués dans
le tableau 2 montrent que, d’unefaçon générale, les caractéristiques de
la peau sontplus variables
quecelles du blanc
etde
lacuisse, principalement
pourles
caractèresphysiques de tendreté, de jutosité
et
de
texture. Blanc etcuisse
ont unevariabilité analogue
pourla
saveur,l’intensité du goût
et la texture. Pourla tendreté,
lacuisse présente
unevariabilité plus grande
que le
blanc ;
c’estle contraire
pour lajutosité. Chez
lesdindons,
:!i.!xnsEa et al.( 1952
)
onttrouvé
unrésultat analogue.
Pour nospoulets,
onobserve dans
les 2 casque
l’écart-type
leplus
faible est lié à laplus
forte moyenne :le jury semble
fairemoins de différence si
laqualité qu’il juge
a une moyenneélevée.
La
saveurprésente
unevariabilité
assez faible parrapport
aux autres caractères.Or les
discussions qui avaient
lieuaprès les séances de dégustation faisaient ressortir
que lespoulets étaient
tous bons et peu différents les uns des autres.La
remarqueci-dessus semble
encorevalable ici.
2
. -
Valeiir relative
des morceauxIl n’est
paspossible de
comparer, pour un morceaudonné, les
moyennes entre caractèresorganoleptiques
carles jugements, orientés
par lesfeuilles de
note à échellesdescriptives, portent
surdes caractéristiques
peucomparables.
Il estplus logique
de
comparer les morceaux pour un caractèredonné (tableaux
2 et3 ).
La
saveurde la cuisse
estsignificativement supérieure
à celle dublanc
etde
la peau.La cuisse
estégalement mieux notée
que le blanc parle jury de F RONXING , SwAKSON
et BENSON(ig6o)
etcelui de K AHL E NB E RG , PUDEI,KEii:icz
et Voss(ig6i).
Les résultats de M ARGOLF
etal. (ic) 5 6)
montrentqu’il
y a peu ou pasde différences
entre cuisse et blanc alors quedans d’autres expériences
lesdégustateurs préfèrent
la saveur
du blanc : S TEWAR T,
HANSON etL OW E ( 1943 ),
MORRISON etal. (1954),
Lmns
etal. (i 95 6). KAHI!EN!BERG,
PUDFLKFWICZet Vosspensent
que cesdifférences
sontdues
à laméthode de cuisson qui n’est
pas la même pour tous :les poulets
de1,Ewis
et ceuxde
MORISSONont étéenveloppés d’une feuille
d’aluminium avant d’êtreplacés
aufour,
les autres ont étécuit soit
au four soit sur rôtissoireélectrique.
Ilest
probable
qued’autres facteurs
sont en cause tels quel’origine des poulets
etpeut-être
uncomportement différent des jurys de dégustation, question qui
méri-terait
uneétude approfondie.
Pour
l’intensité du goût,
cuisse et peau sevalent
etdominent
le blanc.P IPPE N, C.x>I
PB E
LL
etS’rx!!’rER ( 1954 )
ont obtenu avec lejus de dialyse préparé
àpartir
de la
viande
seule une saveur nettementplus
fortequ’avec celui préparé
àpartir de
la peau,
mais ils n’ont
pastrouvé de différence significative
entreviande
rouge etviande
blanche.En faisant également
uneextraction
à l’eau de différentesfractions
de la carcasse, PETER SON( 1957 )
trouve que les muscles de lacuisse
donnent unjus
àsaveur très
intense,
lapoitrine
unjus moyennement intense
et la peau unjus qui
n’aqu’un faible goût de poulet. La forte intensité de goût trouvée dans
la peaude
nospoulets
apeut-être été acquise
au coursde la cuisson
parsuite
detransformations
physicochimiques particulièrement importantes
à ce niveau ou d’un mouvementcentrifuge des
suhstancesresponsables du goût.
Les
moyennes de tendreté fontapparaître l’ordre décroissant suivant : blanc, cuisse,
peau, lesdifférences
étant très hautementsignificatives. Ces résultats
sonten
accord
avec ceuxde
nombreux auteurs :H A N’ SON ,
STEWART etL OW E ( 194 2),
MORRISON et al.
( 1954 ),
BAKER( 1957 ), G ILP IN
et al.(i 9 6o).
I>emême,
enétudiant individuellement
12 musclesdu poulet, STRwDm!,
Koo!rz et R!MSBOTTOM(1949)
observent
queles plus tendres
sont ceux de lapoitrine (pectoralis superficialis
et
pectoralis profondus). K AHLEXBERG ,
PuDELKEwicz et Voss( 19 6 1 )
onttrouvé
quela
cuisse
étaitplus
tendre que leblanc,
mais ils n’ontpris dans
lacuisse qu’un muscle,
le
Semimsmbranosus,
alors que laplupart
desexpérimentateurs
utilisent un échan-tillon complexe comprenant
au moins 3 musclesélémentaires.
La jutosité
de nospoulets
secomporte
comme la saveur : lacuisse
estsigni-
ficativement plus juteuse
que le blanc et la peau.Les
animaux deS TEWART ,
HAXSOXet
L O WE (1943)
ainsi que ceux deKnHt,!xB!xG, PUDELKEW I C Z
et Voss(196 1 )
avaient
eux aussi la cuisseplus juteuse
que le blanc.Les tableaux
2 et 3 montrentenfin
que pour la texture et la moyennedes
notesl’ordre préférentiel
est lesuivant : cuisse, blanc,
peau.Il est
intéressant
de remarquer quedans
laplupart des
cas, lacuisse
est lemorceau
qui
obtient les meilleures notes. Uneenquête faite indépendamment des expériences de dégustation parmi
nos 34 volontaires amontré
que lesdeux
tiersde ceux-ci avaient
unepréférence plus
oumoins marquée
pourla cuisse (la question posée était :
«dans
unpoulet, préférez-vous
le blanc ou lacuisse ? ») :
pourbeaucoup
de
gens, aumoins
enFrance,
lacuisse
semble être le meilleur morceaudu poulet.
3
. - Intérêl des relations entre morceaux et entre
caractéristiq.tes
Les corrélations
entre morceaux sontrelativement
peuimportante
et aucunevaleur trouvée entre blanc et peau n’est
significative (tableau 4 ).
Il semble doncnécessaire
detenir compte
à lafois des
3morceauxpour contrôler la qualité d’ensemble
du poulet.
Au
contraire,
pour un morceaudonné,
toutes lesvaleurs
sontpositives
etsignificatives,
àl’exception
de la corrélation entreintensité du goîit
et tendreté dublanc (tableau 5 ).
Pour lesdindes,
MARsnEx et al.( 1952 ) indiquent
quela jutosité
est en
relation
avec latendreté
et la saveur.Avec la viande de boeuf,
KROPF etG
RAF ( 1959 )
trouvent unecorrélation significative
entretendreté
etjutosité,
unecorrélation
positive mais
nonsignificative
entre saveur ettendreté,
saveur etjutosité.
Il
estdifficile de savoir si
lesfortes valeurs
que nous avonsobtenues
sontdues
à unerelation
réelle entre les caractèresétudiés
ou biensi elles traduisent
latendance des dégustateurs
à utiliser la même zone denotation
sur les5 échelles d’une
mêmefeuille. Quoi qu’il
ensoit,
l’existencede
tellescorrélations suggère
lapossibilité
desimplifier la feuille de note. A
lalimite, le seul jugement de
la saveurpermettrait
d’avoir
encore unebonne estimation de la qualité d’ensemble du
morceaudégusté.
Le tableau 5 permet de
constaterqu’en
moyennela
saveurprésente
lesplus
fortes corrélations
avecles
autrescaractéristiques
etl’intensité du goîit les plus faibles, principalement
en cequi
concerne leblanc. L’intensité du goût
seprésente
donc
comme un caractèrerelativement indépendant des
caractèresphysiques (ten- dreté, jutosité, texture).
Aucontraire,
la saveur leur estfortement liée,
enparticulier
avec
la jutosité du blanc. Tout
se passe commesi la méthode utilisée
pourjuger
lasaveur
aboutissait
enfait
àdonner
une note enrelation
avec tous les autrescaractères,
comme
le ferait
une notede
«qualité globale». Cette
observationparaît
trèsgénérale : PI
P
PEX, CanzYB!r.r,
etSTREETE R ( 1954 )
ainsi que PILGRIN et SCHUTZ(1957) consi-
dèrent
que la saveur est larésultante d’un complexe de sensations
perçues auniveau
de tous lesrécepteurs sensitifs
de labouche
etdu
nez. Il est donc normal que lasaveur soit en
corrélation aussi bien
avecles qualités gustatives proprement dites qu’avec les caractéristiques physiques
perçues au moment dela mastication de l’échantillon.
4
. -
Etude génétique
descaractères orga ll o1eptiques
L’étude de
lavariabilité génétique donne des
résultats peusignificatifs, malgré l’hétérogénéité
actuellede
lasouche utilisée. En effet,
lavariabilité
« entreplein-
frères
» estgrande
parrapport
à la variabilité « entre coqs et « entrepoules intra-coqs ».
Le calcul de F (tableau 6)
nedonne des valeurs significatives
que pourla
tendreté et laqualité globale de
lacuisse (entre coqs)
et la texture de la peau(entre mères).
En conséquence,
le calculde l’héritabilité donne des
valeurs faibles et nonsignifi-
catives (tableau 7 ).
Ces résultats concordent
avec ceux de lalittérature :
11 estdifficile de
mettre desdifférences
en évidence pour les caractèresorganoleptiques
entre groupes depoulets d’origine génétique
différente.Ainsi dans
une mêmesouche de New-Hampshire PA
UL
, S OR E NSON
et BPLANALP ( 1959 )
onttrouvé
que latendreté présentait
unevariabilité aussi grande
entredemi-frères,
fils d’une mêmepoule, qu’entre individus
non
parents. Entre poulets de
raceNew-Hamsphire
et7 croisements,
tous à basede New-Hampshire,
MoxRisoV et al.( 1954 ) n’ont trouvé de différences significatives
nipour la saveur ni pour la
tendreté.
Même entre races,LoBB-F - ( 194 8)
note queles
différences de
saveurdoivent
êtretrop faibles
pour être décelables par la méthodehabituelle des
testsde dégustation. C’est
cequ’on effectivement observé
pour lasaveur HAXSOx et
al. (ig 5 g)
et pour latendreté Gm, P m et al. (m!6o) qui étudiaient pourtant des Plymouth-Rock barrés
et uncroisement New-Hampshire
XCornish.
Au contraire, comparant les
racesSussex, Rhode-Island
rouge,Leghorn blanche,
Polonaise
àpattes
vertes etleurs croisements,
CHRZ.!szcz( 1957 )
observequ’au point
de
vuegoût de la viande, les Sussex,
les Sussex xRhode
et les Sussex xPolonaise
sontmeilleurs
que les autres groupes.Peut-on
expliquer
cesrésultats
souventnégatifs ? En
cequi
nous concerne, lefaible nombre de poulets dégustés pouvait conduire
à une erreurd’échantillonnage
très
importante.
Ilétait peut-être présomptueux d’étudierla variabilité génétique
d’une souche,
pourdes
caractèresaussi complexes
que lesqualités organoleptiques,
avec
seulement go poulets. Mais la méthode de dégustation directe
nepermet
pasd’analyser
ungrand
nombre depoulets
etceci
posele problème de la recherche d’autres systèmes de
mesure.D’autre part, les résultats de l’analyse de variance (tableau 6), laissent
penser que lemilieu joue
unplus grand
rôle que legénotype. Les poulets avaient déjà subi
toutes
les influences de l’environnement jusqu’à leur abattage.
Deplus, malgré
lesoin pris
pouruniformiser les conditions
depréparation des animaux, il
estpossible
que de
faibles variations
au cours del’abattage,
de la conservation oude
lacuisson
puissent
suffire à masquerles différences d’origine génétique.
Enfin,
onpeut
se poserla question de
la valeurde la méthode de dégustation
pour
de
tellesexpériences.
Notrejury a.fait des différences
entrepoulets, puisque
les coefficients
devariation
ne sont pasnégligeables (tableau 2 ). Mais l’expérience
a
duré
8 semaines et il est difficilede
prouver que les réactionsdes juges
ontété les
mêmes
audébut qu’à
la fin ou bienqu’elles
ontévoluées
avec le déroulement del’expérience.
I>’autrepart,
laprécision
et la fidélité desjugements
sontsujettes
àcaution
car les valeurs moyennesde F, qui caractérisent chaque dégustateur,
sontassez
faibles (tableau i). O VER lB1 AX
etLi ( 194 8)
ontobservé
un Fvariant
de5, 14
à6
0 , 7
8
en faisantdéguster
10fois
à 10personnes(une fois
parjour pendant
10jours)
5
séries de gâteaux confectionnés selon
la même recettemais
avecdes
matières grasses trèsdifférentes. Les
conditions de cetteexpérience
étaient trèséloignées des
nôtres smais
lacomparaison des
résultats montre que ladégustation du poulet
est chose peuprécise,
d’oùles conclusions
àpriori
peusignificatives d’une analyse de
variance.La
méthodedes
tests dedégustation
restecependant
trèsutilisée
et il estdifficile
de l’abandonner
carelle
mesuredirectement
ce que pense et ce quedésire le
consom-mateur,
but final de toute rechercheagronomique.
Il fautplutôt
chercher àaméliorer
sa
précision
etmultiplier
lesexpériences analogues
àcelle-ci.
On pourraalors discuter
sur
des données plus nombreuses et, peut-être, promouvoir
des méthodesd’amélio- ration
de laqualité organoleptique des
souchesde poulet.
REMERCIEMENTS
I,’auteur tient
particulièrement
à remercier lepersounel
du Domaine duMagneraud qui
a bienvoulu
participer
auxépreuves éliminatoires, puis
aux différentes séances dedégustation,
et sanslequel
cetteexpérience
n’aurait pu êtreentreprise.
Reçu
ens(,pieinbre
1961.SUMMARY
OBSERVATIONS OV ORGANOLEPTI(-’ CHARACTERtSTtCS OF CHICKENS FRO It THE SAME STRAIN.
Palatability
tests wereperformed
on gotwelve-weeks-and-three-days
old roasted cockerels from the same strain. 8judges ( 4
menaud 4 w·owcn)
were selected among 34volunteers on theirability
to detect chicken flavor in a diluted solution and theirconsistency during
2training
sessions.Results of these
preliminary
selection tests are s!.Im!n mizecl in table I.D ll rin g the experim!nt,
4birds,
were tested in each session. Skin taken on the
back,
breast andthigh
meat were noted for flavorquality,
taste
intensity, tenderness, juiciness
and texture,by using
a score card withdescriptive
scales(fig. I ). ).
The ¢ chickens were also ranked for over-all
quality of skin,
breast andthigh.
Our results aregiven
in tables 2 to 7.Table 2
gives
means, standard deviations and variation coefficients.Phenotypic variability
isgreater for skin than for breast or
thigh
meat, lower for flavor than other characteristics.Table 3 giwes
thesignificance
of differences between breast andthigh, thigh
andskin,
skin andbreast for each characteristic. The t-test was used. The
thigh
appears to bê the best part of the chi- cken.Table 4 gives phenotypic
correlations between parts of the chicken.They
aremoderately posi-
tive or not
significant.
Table gives phenotypic
correlations betweenorganoleptic characteristics, intra-parts
of thechicken. Most of them are
highly significant.
Table 6