ÉQUIPEMENT ENZYMATIQUE
DU PANCRÉAS EXOCRINE CHEZ LE LAPIN,
MISE EN PLACE ET ÉVOLUTION
DE LA NAISSANCE AU SEVRAGE.
RELATION AVEC LA COMPOSITION
DU RÉGIME ALIMENTAIRE
F. LEBAS, T. CORRING D. COURTOT
Anne-Marie GUEUGNEAU,, G. SARDI Y. COTTA Station de Recherches sur
l’Élevage
des Porcs,Centre national de Recherches zootechniques, I. N. R. A., 78 - Jouy-en-Josas
Département de Biologie,
Institut national des Sciences appliquées,
69 - Villeurbanne
RÉSUMÉ
L’étude a porté sur i2o lapereaux de race Californienne de la naissance au 32ejour d’âge.
Le poids vif, les quantités de lait et d’aliment complémentaire ingérées ont été régulièrement
contrôlées au niveau de chaque portée. Il a été procédé, à différents âges, sur broyat de
pancréas
entier à la détermination de la teneur en protéines totales de la glande et des activités enzyma-
tiques de l’amylase, la lipase, la trypsine et la chymotrypsine.
Les résultats montrent que la vitesse de croissance du pancréas est inférieure à celle de l’orga-
nisme jusqu’à l’âge de 14jours et lui devient égale par la suite.
Les diverses enzymes étudiées sont présentes dès la naissance et l’on assiste à une très forte augmentation des activités totales de la lipase, l’amylase et la chymotrypsine à partir du 2çejour d’âge, tandis que l’activité trypsique totale demeure constante durant toute la période étudiée.
La comparaison de ces variations à celles du régime alimentaire laisse supposer que la bio-
synthèse de l’amylase est fortement stimulée par l’alimentation, celle du chymotrypsinogène
l’est à un degré moindre tandis que celle du trypsinogène reste indifférente. La lipase enfin, montre
un comportement particulier qu’il est difficile d’expliquer et les variations de son activité semblent
indépendantes de la composition du régime et notamment de sa teneur en lipides.
INTRODUCTION
On sait que les
proportions respectives
des enzymes dupancréas
exocrine varientbeaucoup
d’uneespèce
animale à l’autre. Celle del’amylase,
parexemple,
est faiblechez le
boeuf,
moyenne chez le Porc et leChien,
forte chez le Rat.Chaque espèce
( 1
) Adresse actuelle : Laboratoire de Pharmacologie-Toxicologie, I. N. R. A., 180, Chemin de Tourne-
feuille, 31 - Toulouse.
semble donc
organiser
labiosynthèse
de ses enzymespancréatiques
selon unplan qui
lui estparticulier.
Au sein d’une mêmeespèce
lasynthèse
des différentes enzymesvarie
au cours dutemps principalement pendant
lejeune âge,
comme l’ont montréWA LK E
R
( I959 ),
IiARTMAN et al.( 19 6 1 )
sur lePorcelet,
CORRING et AUMAITR>!( 1970 a)
sur le Raton. Les travaux sur ce
sujet
restent malheureusement rares.D’autre
part
au cours de lapériode d’allaitement,
et au moment du sevrage, lerégime
alimentaire dujeune
estprofondément
modifié. On est tenté derapprocher
ces variations alimentaires de celles des enzymes
digestives d’origine pancréatique.
Il
s’agit
en fait dereprendre
dans le cas dujeune, l’hypothèse
d’uneadaptation
desenzymes
pancréatiques
formulée au cours des travauxdéjà
anciens de PAVLOV( 1913 )
et
précisés depuis
par GROSSMAN et ah( 1942 )
par REBOUD et al.(Ig6 2 ).
Un travail surle
jeune permet
deplus
une étude duphénomène
dans desconditions
normales d’ali- mentation. En effet les variations decomposition du régime alimentaire, provoquées
par les auteurs
précités,
sont trèsbrutales, la
teneur enprotéines (caséine) passant
par
exemple
de I5à 7o p. 100dans l’alimentation de rats en croissance.Au cours du travail
présenté
nous avons donc tenté d’aborder la mise enplace
etl’évolution de
l’équipement enzymatique
dupancréas
delapin, espèce
peuétudiée,
de la naissance au sevrage. Nous avons de
plus
cherché à utiliser la variation naturelle réalisée chez lelapereau
dont lerégime
passe de 50p. 100deprotéines
à I5-2o p. 100 parexemple
au moment du sevrage(P RUD ’ HON
etB!>;, I g68 ; CO WIE , I g6g ; I,!sAS,
1970a)
pour testerl’hypothèse de l’adaptation
aurégime
dans des conditions normalesd’élevage.
MATÉRIEL
ETMÉTHODES
A. - Les animaux
L’expérience
a porté sur i2a lapereaux de race Californienne nés le même jour et abattus enio stades
répartis
au cours d’une période d’allaitement de 3o jours ou juste après le sevrage. Les conditions de logement et d’alimentation des lapines comme de leurs portées ontdéjà
été décrites par l’un d’entre nous (LEBAS, i968).Tous les lapereaux ont été identifiés à la naissance et leur ordre d’abattage tiré au sort au
sein de chaque portée. Sauf pour le premier et le dernier stade, un lapereau du même âge a été
introduit en remplacement des sujets abattus de manière à maintenir constant l’effectif de la portée à 8 individus.
Un aliment complémentaire du lait et riche en amidon est mis à la disposition des lapereaux
dès le I 5jour. Les consommations d’aliment sont contrôlées chaque jour par différence entre les
quantités distribuées et les refus. Les consommations de lait sont estimées par la perte de poids
de la lapine au cours de la tétée quotidienne (LEBAS, 1968 et 1969).
Les portées
expérimentales
y compris les animaux introduits au titre de remplacement sont pesées globalement avant chaque prélèvement pour analyses.B. - Abattages et prélèvements
Des essais préalables destinés à préciser les dates d’abattages ont montré une variation dans le développement du pancréas exocrine vers le i4e jour après la mise bas. Aussi les animaux ont-ils été abattus à l’âge de i, !, y, ir, nç, y, 21, 24, 30(sevrage) et 32jours. Les lapereaux ne tétant qu’une seule fois par 24heures, les prélèvements d’animaux ont été réalisés à chaque stade avant
la tétée quotidienne dans chacune des i2portées expérimentales sauf pour le 32ejour où les lape-
reaux sont prélevés au sein de 2 portées supplémentaires. Les animaux prélevés sous la mère
ont été pesés individuellement puis décapités entre 9 heures et 10 heures du matin, soit 2
6 heures en moyenne après la dernière tétée.
Un échantillon de lait de 4o à 80 g a été prélevé mécaniquement (LEBAS, 1970 b) à chaque
stade sur 6 des iz lapines en expérience, afin de déterminer la composition chimique de l’ingéré
des lapereaux. Un échantillonnage moyen a également été réalisé sur l’aliment
complémentaire
aux fins d’analyse.
C. - Dosages
Immédiatement après abattage, le pancréas est extrait, pesé frais et homogénéisé à l’aide
d’un ultra-turrax Staufen type TP i8/z dans de l’eau distillée glacée. Après homogénéisation des pancréas, il est procédé sur le broyat à la mesure de la teneur du tissu en protéines totales, à la détermination des activités de la chymotrypsine, trypsine, amylase et lipase. L’activation du
chymotrypsinogène et du trypsinogène est effectuée avec de la trypsine Sigma (2 X) à raison de
10mg et 5 mg respectivement pour 100 mg de protéines totales pancréatiques. Les méthodes utilisées sont décrites dans un précédent travail (CORRINGet AUMAITRE, 1970). Cependant, nous
en rappellerons brièvement le principe. Les activités trypsique et chymotrypsique sont déter- minées par titrimétrie après hydrolyse de substrat spécifique, respectivement du benzo-1-arginine- éthyl-ester (BAEE) et de l’acétyl-1-tyrosine-éthyl-ester (ATEE). Les activités amylasique et
lipasique
sont déterminées respectivement après hydrolyse de l’amidon et par titrimétrie aprèsaction de l’enzyme sur une huile d’olive standard.
Les échantillons de lait sont analysés en vue de la détermination de la matière sèche (à 6o°C
sous vide) des cendres (12heures à 55o°C) des protéines totales (Kjeldhal N X 6,38) du lactose (méthode de SOMOGYI). Les matières grasses sont estimées par différence. Un échantillon moyen d’aliment a été utilisé pour la détermination de la teneur en protéines, en matières grasses, en cendres, en cellulose, de la matière sèche.
RÉSULTATS
A. -
Évolution pondérale
La croissance
pondérale
deslapereaux
est linéaire durant les 3premières
semainespuis
elle s’accélère entre 20et 30jours d’âge (tabl.
i,fig. i).
Lepancréas
suit un déve-loppement comparable. Cependant,
l’étude de l’évolution dulogarithme
dupoids
dupancréas
frais(Y)
en fonction de celui dupoids
vif(X) permet
de définir 2 droites successives au cours dutemps (fig. 2 ).
I,e développement
relatif dupancréas,
de la naissance au 30ejour,
estmarqué
par un
changement d’allométrie,
le coefficientpassant
de 0,70 à 1,07.En comparant
les deuxpentes
à lapente théorique : I,
onpeut préciser
que lepancréas
passe d’unephase
d’allométrie minorante(a
= 0,70 P !o,oi)
à unephase
d’isométrie(a
= i,o!NS), lorsque
lepoids
vif se situe entre1 6 5
et2 6 5
g. Cette zonecorrespond approximativement
à deslapereaux
au début de leur troisième semaine. Leslapereaux présentent
donc une croissance accélérée dès la fin de la 3semaine,
lephénomène
étant
plus marqué
pour lepancréas
que pour lepoids
vif.B. -
Com!osition
des alimentsLa
composition chimique
du lait n’est pas stable au cours dutemps (tabl. 2 ).
Après
laphase
colostrale on assiste à une relative constance des teneurs pour les différents éléments durant 3 semaines environ. Entre 21et 2q.jours,
par contre, le lait s’enrichit en matièressèches,
enprotéines,
en matières grasses et en cendres tandis que la teneur en lactosediminue,
ce dernier tendant àdisparaître
vers le30e jour.
Ilfaut
également
remarquer que l’extractif non azotéprincipalement composé
d’amidonreprésente
45p. 100de l’alimentcomplémentaire
du lait.C. -
Quantités
consomméesLa consommation
de laitprésente
un maximum en fin de troisième semaine(tabl. 3 ),
au moment même où leslapereaux
commencent à consommer l’alimentcomplémentaire. L’ingestion
de ce dernier croît d’une manière extrêmementrapide jusqu’à
32jours.
A
partir
de la mesure desquantités
de lait et d’alimentcomplémentaire ingérées
ainsi que de leurs éléments
constitutifs,
nous avons calculé lacomposition
de la ration moyenne deslapereaux (fig. 3 ).
Il nous aégalement
étépossible
de suivre l’évolution desquantités ingérées
de matièresèche,
deprotéines
et delipides (fig. 4).
Grâce à lamesure du
poids
des animaux nous avons estimé la consommation destrois
nutri- mentsprécédents
par unitéde poids
vif(fig. 5 ) :
L’étude
de ces différentes courbes montre une diminution de la teneur en protéines,
enlipides
et en lactose de la ration moyenne(fig. 3 )
dès le début de la consom-mation d’aliment
complémentaire ( 17 jours).
Cecicorrespond
àl’apparition
dans lerégime
des animaux d’uneproportion
croissante degranulé complémentaire
richeen amidon et en cellulose. Par contre, la
quantité
deprotéines ingérées augmente
alorsrapidement
suivant en cela l’évolution del’ingestion
de matière sèche. Cephéno-
mène est
plus
net pourl’apport
par unité depoids
vif(fig. 5 )
que pour lesquantités
absolues
(fig. q.).
Laquantité
de matières grassesingérées chaque jour
suit une évolu-tion
plus régulière : légère augmentation
pour la consommationabsolue,
diminutionconstante pour la
quantité
par unité depoids
vif.On assiste donc au cours de l’allaitement à une réduction de la teneur en
protéines
de la ration
qui
passe de 50à 25p. 100de la matière sèche en une douzaine dejours.
Parallèlement les
quantités
consommées deprotéines,
comme cellesd’amidon,
aug- mentent,qu’on
lesexprime globalement
ou par unité depoids
vif.D. - Activités
enzymatiques
dupancréas
r. Activités
enzymatiques
totales.L’évolution
des activitésenzymatiques
étudiées montre une variationprésen-
tant deux
phases
distinctes(fig.
6 et7 ).
Ainsi ilapparaît
une tendance àl’augmen- tation,
faible maisrégulière,
de lalipase
et del’amylase jusqu’à
la fin de la 3e semaine et uneaugmentation
trèsimportante
par la suite.L’activité lipasique
est en effetmultipliée
par 4entre la naissance et 20jours,
par 28 entre la naissance et 30jours.
L’activité amylasique
estmultipliée
par 5 et 30pendant
les mêmespériodes.
En ce
qui
concerne les enzymesprotéolytiques,
seule l’activitéchymotrypsique
suit une évolution semblable aux deux
précédentes
enzymes. Eneffet,
elle est multi-pliée
par 1,4 entre la naissance et 20jours
et par 10 entre la naissance et 30jours.
L’activité trypsique,
par contre demeure constantependant
toute l’étude.On assiste donc pour 3des 4enzymes étudiées à un
démarrage, puis
à une accé-lération de l’activité totale à
partir
du 2oejour
environ.2
. Activités
enzymatiques spécifiques.
Lorsque
l’on considère les diverses activitésspécifiques exprimées
en fonctiondu
poids
frais del’organe,
ou parrapport
auxprotéines
totales(tabl. 4 ),
ilapparaît
une différence de
comportement
entre lalipase
etl’amylase
d’unepart
et les enzymes sprotéolytiques
d’autrepart.
Nous retrouvonsainsi,
pour les activitéslipasique
etamylolytique
une évolutionidentique
à celle observée avec les activités totales. Par contre, l’activitéspécifique
de latrypsine
décroîtrégulièrement
de la naissance au30
e
jour,
alors que l’activitéspécifique
de lachymotrypsine
décroît entre la naissance et le nejour puis
demeure sensiblement constante par la suite.L’étude
de l’évolution durapport chymotrypsine/trypsine (tabl. 4 )
montre que le niveau duchymotrypsinogène
dans lepancréas
d’abord sensiblementégal
à celuidu
trypsinogène,
lui devientsupérieur,
lerapport passant
de i à 2 au cours dela 4esemaine
d’âge.
DISCUSSION
La traite de la moitié des
lapines
pour l’obtention des échantillons de lait aurait pu introduire une variationsupplémentaire
dans la croissance et ledéveloppement
des jeunes. L’analyse statistique
n’apermis
de déceler de différencesignificative
pour aucun des critères de la
présente étude ;
aussi avons-nous réalisé les calculs et fourni tous les résultats moyens pour l’ensemble deslapereaux
issus des 12portées
que leur mère ait été traite ou non.
La croissance
pondérale
deslapereaux
estcomparable
à celleenregistrée
par VENGE(1963),
SANTORO( 19 67)
etLE B AS ( 19 6 9 ).
Laproduction
laitière deslapines
est
analogue
à cellementionnée
par I,!Bes en196 8.
Lacomposition chimique
du laitsuit une
évolution proche
de celleenregistrée
par CowiF,(i 9 6 9 ).
Ledépart
trèsrapide
de la consommation d’aliment
complémentaire
àpartir
du 17ejour
est unphénomène remarquable qui
avaitdéjà
été mentionné par LEBAS( 1970 a).
Ainsi les différentesmanipulations
nécessitées parl’expérimentation
n’ont pas altéré lesperformances
des animaux.
A. -
Développement relatif
dupancréas
Le
développement pondéral
dupancréas
se traduit par le passage d’unephase
d’allométrie minorante à une
phase
d’isométrie. Ce résultat est àrapprocher
desobservations
histologiques
de ComtTOT et al.(i 97 o).
Eneffet,
à l’aide de latechnique d’immuno-fluorescence,
la détection des enzymesprotéolytiques
dans les cellulespancréatiques
dulapereau permet
aux auteurs de conclure que les cellules observéesne deviennent
identiques
à celles de l’adultequ’aux
environs du 14’jour
date duchangement
du coefficient d’allométrie.De
même,
ilapparaît
à cettepériode
une réaction de fluorescence dans la lumière desacini,
cequi indique
le début de l’excrétionenzymatique,
donc le fonctionnement effectif dupancréas
dans son rôle deglande digestive.
B. - Activités
enzymatiques et régime
alimentairei. Activités
enzymatiques
totales et consommationspar lapereau.
On constate
parallèlement
auphénomène
dudéveloppement pondéral
de laglande pancréatique,
et au début de la consommation d’alimentcomplémentaire
uneaugmentation
du niveau desprincipales
enzymes :lipase, amylase, chymotrypsine.
I,’activité trypsique
seule ne varie pas. La différence entre ces deux enzymesprotéo- lytiques
ne doit passurprendre ;
en effet d’autres résultats mettent en évidence lecomportement
semble-t-ilindépendant,
de ces deux enzymes et notamment lagrande
faculté
d’adaptation
de lachymotrypsine
à toute stimulationpancréatique.
Unetelle
propriété
avaitdéjà
étésoulignée
à l’occasion de travauxportant
sur le taux deprotéines
dans la ration du rat, par BENA BD U IJIM
et DESNUELLE(rg6 4 ),
REBOUDet al.
( 19 66)
et sur la nature decelles-ci,
par Srroog et 1VI!Y!R(( 19 6 4 )
chez le rat,P EKAS
et al.
( 19 6 4 )
chez leporcelet.
De même cette facultéd’adaptation
de lachymo- trypsine
a été montrée chez le Rat en croissance(CoxiurrG
etA UM ruTxE,
1970b)
aucours d’une étude sur l’effet du traitement
thermique
du tourteau desoja.
Ainsi doncnous constatons un
parallélisme
entrel’augmentation
del’ingéré (hydrates
de car-bone, protéines
etlipides)
et ledéveloppement
dupancréas qui
se traduit par uneaugmentation
dupotentiel enzymatique
total.2
. Activités
enzymatiques spécifiques
et consommation relative.De nombreux résultats
d’expérience
désormaisclassiques
démontrent uneadap-
tation des enzymes
pancréatiques
à une variation de lacomposition
durégime
ali-mentaire
(R!soun et al., ig62 ;
MARCHIS-MOUREN !al., ig6 3 ;
BENAsnEr. J r,m,
etD
ESNU E LLE
, ig6q.).
C’est ainsi que selon ces auteurs :- l’activité
chymotrypsique
varie dans le même sens que la teneur enprotéines
du
régime
alors que l’activitétrypsique
varie très peu;- l’activité
amylasique
suit la teneur durégime
enamidon ;
- l’activité
lipasique
sembleindépendante
de la teneur en matières grasses.a)
Les activitésprotéolytiques.!
/Durant les deux
premières
semaines de vie deslapereaux,
les activitésspécifiques
de la
trypsine
et de lachymotrypsine,
élevées à la naissance décroissentrégulière-
ment. Pendant cette même
période
la teneur enprotéines
dulait,
seulaliment,
estrelativement stable tandis que diminue la
quantité ingérée
par unité depoids
vif.En fin d’allaitement l’activité
trypsique spécifique
continue à décroître tandis que l’activitéchymotrypsique
se stabilise. Simultanément la teneur enprotéines
de la ration moyenne diminue
rapidement
alors que laquantité
deprotéines ingérée
par unité de
poids
vifaugmente.
Comme les auteurs
précités,
nous trouvons donc une évolution de l’activitéspécifique
de latrypsine indépendante
de celle de lachymotrypsine
ou desprotéines
alimentaires. Mais contrairement à leurs résultats nous observons une évolution
opposée
de l’activitéchymotrypsique spécifique
et de la teneur enprotéines
durégime.
Dans notre cas iln’y
aurait pasadaptation
de lachymotrypsine
à la teneuren
protéines
durégime
mais à laquantité
deprotéines ingérée globale
ou mieux à laquantité
deprotéines ingérée
par unité depoids
vif.On
peut
penserqu’à
lanaissance,
lepancréas dispose
d’un « stock » de molécules detrypsinogène
et dechymotrypsinogène.
Parsuite, malgré l’augmentation
de laquantité
totale desprotéines pancréatiques
et ledéveloppement pondéral
de laglande,
ce
potentiel
deprécurseurs protéolytiques
ne varie pas en cequi
concerne letrypsi- nogène,
d’où la diminution de l’activitéspécifique,
les enzymesprotéolytiques
nejouant qu’un
rôle faible dans ladigestion
du lait. Lors de la consommation de l’alimentcomplémentaire,
la stimulation de la croissanceglobale
dupancréas
éventuellement induite par la modification durégime
alimentaire serait suffisante pour obtenir le tauxoptimum d’enzymes protéolytiques,
enparticulier
dechymotrypsinogène.
Cettehypothèse
est en accord avec des résultatscomparables
trouvés chez lejeune
rat par CORRIN
G et AUMAITRE
( 1970 a),
sachant toutefois que dans cesobservations,
labiosynthèse
des deuxprécurseurs protéolytiques
reste absolumentparallèle.
b)
Les activitésamylasique et lipasique.
Durant la
première partie
de l’allaitement et tant que le lait reste le seulaliment,
l’activitéspécifique
del’amylase augmente régulièrement,
mais faiblement. Dès que lelapereau
consomme de l’alimentcomplémentaire
donc dèsl’apparition
d’amidondans la ration
(teneur
etquantité ingérée)
l’activité del’amylase
s’accroîtrapidement.
L’activité amylasique
suit donc l’accroissement de la teneur en amidon dans lerégime,
maiségalement l’augmentation
concomitante desquantités ingérées (brutes
ou par unité de
poids).
Ces résultats sont donc en accord avec les données
classiques
obtenues par d’autres auteurs, sur de nombreuses autresespèces
animales.Si l’on considère maintenant l’activité
spécifique
de lalipase
dans lepancréas
du
lapereau,
nous obtenons une évolution semblable à celle del’amylase.
Durant lapremière phase
del’allaitement,
l’activitélipasique augmente légèrement
tandis que la teneur enlipides
eststable,
que lesquantités ingérées
totalesaugmentent
et que lesquantités ingérées
par unité depoids
vif diminuent. Au cours de la seconde moitié del’allaitement,
l’activitéspécifique
de lalipase augmente rapidement
alors que lateneur en
lipides
durégime,
comme laquantité
delipides ingérée
par unité depoids vif,
diminuent et que seule laquantité
totale delipides ingérée
par lelapereau
aug-mente.
Contrairement aux résultats de DESNUEUEet al.
( 19 6 2 )
sur le Rataprès
sevragenous
observons
donc sur lelapereau
une variationimportante
de l’activitéspécifique
de la
lipase.
Cephénomène,
semble-t-il propre aulapin, pourrait
être lié àl’augmen-
tation des
quantités
delipides ingérées
mais il restecertainement,
dans nosconditions, indépendant
de la teneur enlipides
durégime
ou de laquantité
delipides ingérée
par unité depoids
vif.En
résumé,
les résultats obtenus ne sont pas exactementcomparables
aux obser-vations
classiques
surl’adaptation
dupancréas
à lacomposition
durégime,
effectuéeschez le Rat. Mais il faut noter d’une
part
que lesespèces
étudiées sont différentes et d’autrepart
que lesconditions expérimentales divergent
sur unpoint
fondamental : la nature durégime
alimentaire. Eneffet,
la modification durégime
alimentaire àpartir
du I7ejour
est fortcomplexe,
car à uneaugmentation
de laquantité ingérée
vient
s’ajouter
unchangement
de la nature des divers constituants durégime.
Il est difficile à la suite de ce travail de déterminer les causes exactes des varia- tions observées. Est-ce la consommation d’aliment solide
qui induit, soit
par effetmécanique,
soit par effetbiochimique,
ledéveloppement
del’activité
fonctionnellepancréatique,
ou ledéveloppement
de cette activité(sous
l’effet del’âge
parexemple)
entraîne-t-il la
prise
et laconsommation d’aliment
solide ?Signalons qu’en
cultureorganotypique,
isolée de tout stimulusalimentaire,
l’activité desynthèse
demeuretrès
réduite,
cequi
feraitplutôt
admettre lapremière hypothèse. L’alimentation
activerait et modulerait labiosynthèse
desprotéines enzymatiques
par lepancréas,
lerelai
entre l’alimentation et l’activitépancréatique
restant trèscomplexe.
Les tra-vaux de PROCHAZKAet al.
( 19 6 4 )
et YAIOWSKIet al.( 19 6 9 )
laissent supposer que les substances corticoïdes seraientimpliquées
dans ce relai.CONCLUSION
L’ensemble
de nos résultats nous conduit àsouligner
lesparticularités
de lasécrétion
enzymatique
dupancréas
dulapin placé
dans les conditions naturelles de sevrage. Lepancréas
dulapereau
de 3 semainesréagit
aux stimuli alimentaires parune
augmentation
de son activitéenzymatique.
Il y aurait uneadaptation
aux varia-tions
quantitatives plus
quequalitatives
durégime alimentaire.
La
biosynthèse
del’amylase
est stimuléefortement,
celle duchymotrypsinogène
l’est à un
degré moindre,
tandis que celle dutrypsinogène
est indifférente. Lalipase
a un
comportement particulier qui
restedifficile
àexpliquer
et ses variations semblent bienindépendantes
de lacomposition
durégime
et notamment de la teneur enlipides.
Des
expérimentations complémentaires (sevrage
total deplus
enplus précoce, élevage
deslapereaux jusqu’au
30ejour d’âge
nourrisuniquement
du lait delapine)
nous
permettront
de savoir s’ils’agit
réellement d’uneadaptation
aurégime
alimen-taire ou d’une évolution en fonction de
l’âge (ou
dupoids)
deslapereaux.
Reçu pour publication en mars 1971.
SUMMARY
FORMATION AND DEVELOPMENT OF THE ENZYME APPARATUS OF THE EXOCRINE PANCREAS OF YOUNG RABBITS FROM BIRTH TO WEANING
INFLUENCE OF THE COMPOSITION OF THE DIET
The current investigation was carried out on 120 young Caifornian rabbits from birth to 32
days
of age. Live weights and amounts of milk and supplemental feed ingested were recordedfor each litter. The rate of total protein and the enzyme activity of amylase,
lipase,
trypsin and chymotrypsin were estimated from samples of whole pancreas at various ages.Growth rate of the pancreas was found to be lower than that of the animal up to day 14 and
parallel to it after that age.
The various investigated enzymes were present from birth. A marked increase in lipase, amylase and chymotrypsin total activities was observed from day 24on, whereas trypsin total activity remained constant throughout the range of the experiment.
A comparison of these variations with dietary changes inclined us to the view that the feed
greatly stimulates amylase biosynthesis, chymotrypsinogen biosynthesis to a lesser extent, and
is ineffectual on trypsinogen. The variations of lipase were rather peculiar and seem to be irres-
pective of the diet and its lipid constituents.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
B
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