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Dès les premiers mois de la vie - Appétences alimentaires : tout se joue très tôt, parfois avant la
naissance
Sophie Nicklaus, Sylvie Issanchou
To cite this version:
Sophie Nicklaus, Sylvie Issanchou. Dès les premiers mois de la vie - Appétences alimentaires : tout se joue très tôt, parfois avant la naissance. lequotidiendumedecin.fr, 2012, 11 septembre 2012, pp.1-2.
�hal-01537763�
Appétences alimentaires : tout se joue très tôt, Dès les premiers mois de la vie,
parfois avant la naissance
Le Quotidien du Médecin 11/09/2012
Les préférences alimentaires s’établissent dès les premiers mois de vie. Et même peut-être avant, au cours de la période prénatale, au moins pour les flaveurs. La variété du répertoire alimentaire dépend en effet des premières expériences gustatives et olfactives.
2-6 ans : la mauvais période
On sait que le pourcentage d’enfants « difficiles » augmente à partir de l’âge de la diversification alimentaire, mais surtout autour de 2 ans, et diminue à partir de 6 ans. La période 2-6 ans paraît donc peu favorable à l’introduction de nouveaux aliments. Et mieux vaut tenter une grande diversité d’expériences avant 2 ans. Le répertoire culinaire de l’adolescence, puis de l’âge adulte, en dépend.
Liquide amniotique, lait
Les premiers apprentissages se font in utero et par le lait maternel. En fin de gestation, l’enfant qui avale le liquide amniotique vit ses premières expériences sensorielles, son système olfactif étant déjà fonctionnel. Cette exposition intra- utérine à des composés aromatiques (anis ou carotte par exemple) influence le comportement du nourrisson à 6 mois, dans le sens d’une acceptation plus facile des aliments qui en contiennent. On a constaté encore que les
expériences gustatives pendant la période lactée influent les préférences au moins jusqu’au début de la diversification.
La diversification, période clé
Goût
Le lait maternel (en raison de sa composition en arômes volatils différents d’un
jour à l’autre, voire d’une tétée à l’autre) et d’aliments variés chaque jour est,
semble-t-il, la combinaison la plus efficace pour l’acceptation de nouveaux
goûts. L’exposition à une variété de fruits améliore l’acceptabilité d’un nouveau
fruit mais pas celle d’un nouveau légume.
Textures
En ce qui concerne les textures, les enfants déjà exposés aux morceaux préfèrent les morceaux (même si tous raffolent de la purée). On a observé également que si les aliments nouveaux sont introduits après 9 mois, les
enfants sont plus « difficiles ». Une certitude : les réactions à la présentation de nouveaux aliments, légumes en particulier, entre 8 et 15 mois, seront d’autant plus positives que le nourrisson aura eu l’occasion de goûter un grand nombre d’aliments nouveaux entre 5 et 8 mois.
Le rôle décisif des parents
En cas de refus d’un aliment, les parents sont invités à persévérer et à proposer le légume (en l’occurrence) au moins 8 fois ; il sera alors accepté, et
durablement. Or la plupart des mères jettent l’éponge après trois tentatives. Et ce rejet peut « tatouer » les générations futures.
Une simple exposition permettrait à l’enfant de reconnaître et ainsi de dissiper la néophobie. L’absence d’effets gastro-intestinaux négatifs faciliterait la
reconnaissance de la sûreté de l’aliment et l’apport de calories, un
conditionnement associatif entre la flaveur et la sensation, positive, de satiété.
L’association entre une flaveur nouvelle et une ancienne, appréciée (comme le sucre), peut « faire passer en douceur la pilule ». Comme un contexte affectif chaleureux. Ou un modèle (parent ou pair) qui mange avec plaisir. Enfin, la valeur hédonique de l’aliment « test » chute si une récompense est offerte en cas d’ingestion…
› Dr BRIGITTE BLOND
D’après la communication de Sylvie Issanchou, INRA, Centre des sciences du
goût (Dijon).
Autre article de la chercheuse : 2005
Fiche de Presse Info. 01/01/2005
Préférences alimentaires : de l'importance de la petite enfance
Une étude originale menée par des chercheurs1 de l'INRA et de la Faculté de médecine de Dijon, a permis de montrer l’importance de la petite enfance pour l’acquisition des préférences alimentaires. Les préférences acquises à 2-3 ans se répercutent ultérieurement, même si une légère évolution apparaît, notamment après l'adolescence, pour certains aliments. Dans le contexte actuel d’augmentation de l’obésité, il est important d’acquérir des connaissances sur l’évolution des préférences individuelles et sur les
déterminants de cette évolution. Peu de travaux pourtant y sont consacrés.
L'étude a permis de comparer, pour un grand nombre d’enfants et à long terme, les caractéristiques du comportement alimentaire. Les choix alimentaires de 418 enfants entre 2 et 3 ans ont été observés entre 1982 et 1999 dans un repas de crèche organisé en libre service, permettant ainsi d’évaluer préférences et répertoire alimentaires. Cette situation de choix en libre service constitue l’originalité de l’étude et son caractère unique. Les enfants ont été revus à un âge variant de 4 à 22 ans (82% de l’échantillon initial) ; leurs préférences et leur répertoire alimentaires actuels ont été évalués au moyen de questionnaires.
Comment évoluent les préférences alimentaires ?
Les choix à 2-3 ans sont un facteur prédictif des préférences ultérieures. Pour les fromages par exemple, un petit groupe d’enfants n’en consommaient pas du tout à 2-3 ans. Ils n’en consomment toujours pas quelques années plus tard. A l’inverse, les jeunes amateurs continuent à les apprécier au début de l’âge adulte…
Cependant, certaines préférences évoluent avec l’âge, positivement (légumes cuits, crudités, fruits et plats composés) ou négativement (féculents, produits animaux chez les filles : viande, œufs,
saucisses, poisson). Le cas des frites est intéressant : il figure parmi les choix les plus élevés à 2-3
ans, puis la préférence reste élevée mais diminue avec l’âge et elle est plus faible chez les filles. Les
perceptions sensorielles évoluent au cours de l'enfance et de l'adolescence. Ceci pourrait expliquer en
partie que les préférences puissent augmenter pour des aliments tels que des légumes acides : tomates, choucroute, etc.
Le rôle de l'allaitement dans l'évolution du comportement alimentaire
L'étude montre que les enfants qui ont été allaités plus longtemps ont des préférences plus stables et consomment une plus grande variété d’aliments, notamment une plus grande variété de légumes. Cet effet est peut-être lié à l'influence des flaveurs du lait, plus diversifiées dans le lait maternel que dans un lait industriel, ou à l’effet d’attitudes concernant l’alimentation infantile différentes chez les mères qui allaitent plus longtemps.
Plus de légumes…..
La faible valeur énergétique des légumes et leurs propriétés sensorielles peu attractives pour les enfants (acidité, amertume, texture fibreuse) entraînent leur rejet chez le jeune enfant. Le fait d’expérimenter les légumes entre 2 et 3 ans influence les préférences (chez les filles) et la variété ultérieures. A partir de l'adolescence, l'information sur le bénéfice des légumes pour la santé influencerait leurs représentations ; ce qui aurait un effet positif sur les consommations.
…. et moins de viande pour les filles
La viande est bien acceptée dans l'enfance malgré les difficultés de mastication qu’elle implique ; son contenu protéique expliquerait
cette forte préférence. Toutefois, cet attrait précoce pour la viande diminue chez les filles au moment de l’adolescence. Cette évolution est probablement liée à une évolution des représentations de la viande, et notamment à sa valeur symbolique associée à la force, valeur masculine. De plus, la viande est souvent perçue comme un aliment gras ce qui pourrait jouer négativement sur sa consommation.
Pour prolonger les résultats de cette étude qui met en évidence le rôle de la petite enfance dans l’acquisition des comportement alimentaires, les travaux des chercheurs vont s’orienter maintenant vers l’étude de l’émergence des préférences alimentaires avant 2 ans, et des conséquences des pratiques alimentaires précoces comme le mode d’allaitement sur la recherche de variété alimentaire.
"Les chercheurs s'orientent vers l'étude de l'émergence des
préférences alimentaires avant 2 ans"